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fiuIIetiQ de recherehes, obserTations et decooTiertes se rapportant
à rilUtoire Naturelle da Canada.
TOIWCE TJaEIZIE3i:E
L'ABBE I. PROVANCHER, REDACTEUR-PROPRIETAIRE
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QUEBEC :
C. DARVEAU, IMPRIMEUR-EDITEUB.
Ko. 82, Rue de la Moutague.
1882.
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'^WrW'vw^Yf'^^Y''^^' ^W'W^-^'WWIW^^-
Vol. Xllf CapRouge, Q., JANVIER 1882. No. 145.
Rédacteur : M. l'AbbC PROVANCIÏER.
NOTRS TREIZIEME VOLUMF.
Nous allons enfin reprendre nos publications men-
suelles comme ci-devant, et nous espérons n'avoir plus à
l'avenir à leur faire souffrir ni d^'-lai ni suspension. Nous
reconnaissons que cette publication de tous les deux mois
seulement, jointe à une interruption de plus de cinq mois
pour notre voyage d'Orient, était bien propre à dégoûter
ceux qui nous suivent sans être véritablement animés du
feu sacré, qui y mettent presque autant de complaisance
que do véritable zèle. Aussi nous proposons-nous pour
l'avenir de faire tous nos efforts pour que le zèle des débu-
tants ne trouve de notre part aucune cause de refroidisse-
ment, et que l'intérêt des naturalistes pratiques puisse tou-
jours se soutenir sinon s'augmenter.
Nous espérons, dans le cours du présent volume, voir
la fin de l'Ordre des Hyménoptères, qui nous occupent de-
puis si longtemps. Nous pourrions même y parvenir avec
quelques livraisons seulement ; mais la longue durée de
notre revue de cet Ordre nous a permis de recueillir de
nombreux spécimens nouveaux, dont la description devra
Z LE NATURALISTE CANADIEN
nécessairement prendre place dans un appendice ; et cet
appendice est déjà considérable.
Qu'il est regrettable qu'il n'y ait pas un plus grand
nombre de naturalistes pratiques en divers endroits de
notre territoire. Si du moins il s'y trouvait des amateurs
collectionneurs, ou simplement des chasseurs qui nous
mettraient au fait de leurs captures ; quel secours ne reti-
rerions-nous pas d'une telle collaboration ! Mais nous nous
trouvons dans un isolement qui parfois nous décourage ; et
loin de voir le nombre de nos adeptes aug-menter, nous
avons peine à le sauver de la diminution, car la soustrac-
tion à ces études, pour des devoirs d'état plus importants,
de partisans dévoués ou de chasseurs heureux, vient sou-
souvent faire équilibre aux quelques recrues que nous
pouvons obtenir de temps à autre.
C'est ainsi que nous avons t-u tout dernièrement M.
l'abbé Burque laisser le professorat au séminaire de St-
Hyacinthç, pour passer à l'exercice du saint-ministère.
Espérons toutefois que ses connaissances acquises et ses
heureuses dispositions ne seront pas pour longtemps sous-
traites au progrès de la science ; que bientôt iixé dans une
situation stable, il pourra, sans rien négliger de ses devoirs,
reprendre ses études premières, et les poursuivre peut-être
plus facilement encore qu'en premier lieu.
Nul doute qu'avec des collaborateurs plus nombreux,
nous aurions pu donner une faune bien plus complète que
celle que nous consignons dans les pages de notre pnbli-
cation. Dans un envoi que vient de nous faire M. l'abbé
Huart, de Chicoutimi, résultat des chasses de quelques
élèves de son collège dans la dernière saison, il ne s'est
pas trouvé moins de 12 Hyménoptères nouveaux pour nous,
et la plupart encore inconnus à la science. Quel immense
avantage ne serait-ce pas si on pouvait compter 10 à 12
chasseurs de cette sorte en différents endroits du pays ?
Mais si le nombre des adeptes est restreint, d'un autre
côté, l'intérêt qu'ils portent à ces études paraît toujours
très vif et soutenu, et rien autre chose que des devoirs
d'état multiples, ou le manque du matériel nécessaire, ne
NOTRE TREIZIÈME VOLUME 3
les empêche de s'y livrer davantage et de se rendre plus
effectifs, llïen de plus agréable à des écoliers, par ex-
emple, que la chasse aux insectes; mais pour s'y livrer, il
ftiut avoir le matériel nécessaire ; il faut filet, pincettes,
épingles, liège, etc., et ces objets matériels, manquent pres-
que partout, ne peuvent pas même se trouver dans toutes
nos villes ! Ajoutons que la gent écolière, qui toujours
aime courses, chasses, distractions de tout genre, n'est pas
celle qui d'ordinaire a la bourse la mieux garnie. Mais les
lettres nombreuses que nous recevons de toutes parts, pour
s'enquérir si nos Tableaux d'histoire naturelle vont bientôt
paraître, nous sont une preuve que l'attention du public
lettré, et surtout des directeurs de maisons d'éducation, est
réveillée sur ce point ; qu'on sent chez les promoteurs du
progrès intellectuel en ce pays, notre infériorité sous ce
rapport, et qu'on voudrait y remédier aussitôt que possible.
Mous ne pouvons qu'applaudir à de si bonnes dispo-
sitions, mais malheureusement, pour ce qui en est de nos
Tableaux, nous ne nous sentons nullement décidé encore
à entreprendre une publication de $1000 à $1200, lorsque
nous n'avons pour tout appoint que 40 souscripteurs à
$8 chaque.
Le gouvernement ne devrait-il pas, par une aide suf-
fisante, faire en sorte que cette publication voie le jour ?
Il le devrait, suivant nous ; cependant, nous n'osons
encore croire qu'il le fasse, parce que nous savons que là,
ce n'est pas l'intérêt de la science qui l'emporte ; on recon-
naît bien qu'aucun progrès ne s'effectue sans avoir la
scieîice pour base, mais on est habitué h profiter de son
secours lorsqu'il est offert, sans se mettre en peine d'activer
sa poursuite pour qu'elle devienne encore plus efficace. Fai-
sons des chemins de fer, des ponts, des canaux ; établissons
des usines, des manufactures; favorisons le commerce;
développons l'industrie; et la science viendra à nous si
elle le peut; nous avons des bi^soins trop pressants pour
aller la chercher. Voilà ce que proclament nos politiques,
sinon de paroles, du moins par leurs actes.
Nos dessius ont été jugés à Paris fort bien exécutés,
4 LE NATURALISTE CANADIEN
et ponvant avoir nn très bon effet, mais le coût de l'exé-
cution nous a découriigé. Quand on peut compter, comme
dans ces viens pays, des milliers de souscripteurs à des
œuvres de ce genre, leur publication devient facile ; mais
quand après des appels réitérés, il faut fermer la liste à la
quarantaine, il n'y a plus à hésiter, le projet tombe de lui-
même.
Mais 150 à 200 souscripteurs pour une œuvre sem-
blable ne peuvent-ils se trouver en ce pays? La chose est-
elle impossible ?
La chose est très possible ; ce ne sont pas les moyens
qui manquent, mais la volonté ; le goût, l'affection ne se
portent pas de ce côté. $800, $1000, un faiseur do grimaces
les réalisera dans nue seule soirée à Montréel ou à Québec !
Mais personne n'ignore que les badauds sont partout plus
nombreux que les gens d'esprit ; et allez donc parlor
d'œuvres intellectuelles à ces chercheurs d'amusements ?
Ils n'entendent rien à cette gamme là !
FADNE CANADIENSE
CContinué de la page 362 du vol. XII.)
Fam. XII. SCOLIADIDES. Scoliadidœ.
Tête grosse et courte ; yeux petits et échancrés.
Antennes courtes, épaisses, et courbées au 2e article
dans les ?, tandis qu'elles sont longues et s'épaississant
vers l'extrémité dans les cf.
Chaperon large, en carré irrégulier, labre à peine visi-
ble. Mandibules grandes et largess dans les $.
Prothoiax en forme d'arc prolongé sur les côtés jus-
qu'aux ailes, ou en forme de nœud.
XII. — SCOLIADIDES. 5
Ailes dans les 2 sexes, les antérieures avec 3 cubitales.
Abdomen généralement large et déprimé, plus long à
lui seul que le, reste du corps, avec un puissant aiguillon
dans les ç et des stylets le plus souvent apparents dans
les c?.
Pattes moyennes, généralement poilues aussi bien,
que le reste du corps; le premier article du tarse aussi long
que la jambe.
Ces insectes, dont quelques espèces dans les climats
chauds prennent une très forte taille, vivent solitairement,
contrairement aux guêpes et aux fourmis. On les ren-
contre d'ordinaire sur les fleurs. Les femelles se creusent
des trous dans le sol souvent très profonds, où elles en-
fouissent un autre insecte, araignée, larve de coléoptère,
etc., qu'elles ont paralysé par le venin de leur aiguillon,
et sur lequel elles déposent un œuf; la larve éclosant de
cet œuf, trouve à sa portée, au moment de son éclosion, la
nourriture qui lui convient, elle s'en repaît pour subir ses
différentes mues ; le temps de sa transformation arrivé,
elle se lile un cocon à double enveloppe, dans lequel elle
«ubit sa métamorphose, n'en sortant qu'à l'état parfait.
Nous n'avons encore rencontré que les 3 genres qui
■suivent auxquels nous en ajoutons un nouveau.
Ailes antérieures avec une seule i-écurrentc 1. ScoLiA.
Ailes antérieures avec deux récurrentes ;
Pattes hispides ou fortement poilues ;
Hanches postérieures Ç inermes 2. TlPHiA
Hanches postérieures $ munies d'un mucron en
dessus près de la base 3. Ischioceras, n. g.
Pattes ni hispidcs, ni fortement poilues, à peine pubes-
centcs 4. Sapyga.
1. Gren. ScoLiE. Scolia, Latr.
Tête transverse. Antennes courtes, le premier article
le plus long, les articles terminaux plus forts. Thorax
robuste, le prothorax en forme d'arc s'étendant sur les
côtés jusqu'aux ailes ; les flancs concaves. Ailes avec la
cellule radiale courte et arrondie à sou extrémité, 2 cubi"
6 LE NATURALISTE CANADIEN
taies, dont l'extérieure allongée et retrécie à sa base, reçoit
l'uniqne récurrente en avant de son milieu. Pattes courtes,
cuisses fortes et arquées près du genoux, jambes courtes et
fortes, fortement hispides. Abdomen plus long que le reste
du corps, cilié de poils raides ou fortement hispide, muni
d'un puissant aiguillon dans les ç et terminé dans les J*
par 2 ou 3 épines.
Insectes de forte taille, à ailes plus ou moins obscures
et à abdomen plus ou moins taché de jaune ou de roux ;
nous n'avons encore rencontré que l'espèce suivante que
nous croyons nouvelles.
Scolie à-une-seule-eeinture. Scolia unicincta, nov. sp.
cf — Long. .40 pee. D'un noir foncé avec le 2e segment abdo.
minai rouge. Tout le corps hérissé de poils raides ; la tête, le thorax,
avec le 1er segment abdominal rugueux par des gros points enfoncés.
Antennes assez longues, fortes, brunes. Métathorax arrondi posté-
rieurement. Ailes fortement enfumées, la radiale courte, conpée pres-
que carrée à son extrémité, la 2e cubitale courie, en triangle, recevant
la récurrepte près de son milieu. Pattes poilues ; cuisses non renflées.
Abdomen à segments terminés par un rang de cils noirs, d .nses et
dressés, fort apparents, le 2e ponctué et entièrement roux, excepté sa
marge terminale de poils noirs, les autres glabres et brillants, noirs, le
dernier terminé en dessous par 2 épines.
Ç — Avec l'abdomen entièrement rouge à part le premier segment
et les cils noirs des marges. Ailes avec 3 cellules cubitales et 2 récur-
rentes, bien que la 2e soit moins prononcée que la première. Pour
tout le reste semblable au (^.
Capturé un c? et une ?. Les rangs de cils dressés de
l'abdomen de celte espèce, la rendent bien remarquable.
2. Gen. TlPHiE. Tiphia, Latr.
Tête courte, transversale. Palpes maxillaires longs,
composés d'articles inégaux. Antennes courtes et fortes,
plus ou moins enroulées dans les ç . Ailes avec une radiale
le plus souvent incomplète, 2 cubitales, recevant chacune
une nervure récurrente. Abdomen large et déprimé, coni-
que à l'extrémité, le premier segment plus petit, le dernier
dans les c? terminé par une longue queue recourbée.
XII. — S0OLIADIDE8. 7
Pattes courtes, plus ou moins hispides, les cuisses élargies
et arquées près du genoux, les hanches inermes.
Le principal caractère de ce genre paraît consister
dans la nervation des ailes des ç et l'épine recourbée de
l'abdomen des (J. Une seule espèce rencontrée.
Tiphie sans-ornements. Tiphia inornata, Say, Say's
Ent. i, p. 223 ?; T. Irans versa J i, p. 385.
Ç — Long. .68 pce. Noire sans aucune tache, avec poils jaunâtres
plus ou moins abondants. Antennes courtes, fortes, à articles courts,
enroulées à l'extrémité, leur premier article cylindrique et fortement
villeux, surtout en dessous. Prothorax en forme d'arc, ponctué et
villeux, son bord postérieur avec l'antérieur du mésotborax, lisses et
glabres. Métathorax en carré, portant 3 lignes longitudinales soule-
vées au milieu, son bord postérieur avec aussi une ligne soulevée. Ailes
hyalines-jaunâtres, plus ou moins enfumées, avec une radiale ouverte
en arrière et du côté de la côte, 2 cubitales fermées, la première
longue recevant la Ire récurrente vers son milieu; la 2e plus longue que
large, élaigie en arrière et recevant la 2e récurrente au delà de soa
milieu, la cellule diseoïdale extérieure fort grande, cependant fermée.
Flancs du prothorax concaves et luisants, ceux du métathorax striés
stransversalement en arrière. Pattes courtes, les jambes élargies et
fortement hispides en dehors. Abdomen brièvement pédicule, à 1er
segment plus petit et marginé d'une ligne rousse au sommet, le 2e
avec un rang de fines crenel ures à sa base, tous les segments avec une
bande plus fortement ponctuée au sommet, et ciliés de poils jaunâtres
en dessous. — C.
(^ — Long. ,43 pce. Avec les antennes plus allongées, les pattes
plus grêles et moins hispides, les ailes avec la radiale fermée carrément
à l'extérieur, les autres cellules comme dans la $. L'abdomen plus
grêle et terminé par une épine aiguë et redressée. — C.
Say avait pris ce c? pour une espèce distincte qu'il a
décrite sous le nom de transversa. Dans les ç l'abdomen
prend souvent une teinte bleuâtre. Nous avons tout lieu
de croire que ces insectes sont parasites des larves de nos
Hannetons, iesLachnostertia fusca, car nous trouvons d'or-
dinaire leurs coques fort abondantes au printemps, dans
les terrains fraîchement fumés où abondent les larves des
premiers insectes. Ces coques ont une double enveloppe,
l'intérieure à fils soyeux, tenaces, retenus par une espèce
8 LE NATURALISTE CANADIEN
de comme qui en fait un tissu très résistant, l'extérieure à
tissu plus serré constituant une espèce d'écaillé. La fe-
melle déposerait ses œufs sur la larve du coléoptère qui
servirait de nourriture au ver de la Tiphie, et lorque le
temps de la métamorphose serait arrivé pour cette der-
nière, elle se filerait sa coque là même, dans le sol.
3. Geii. IsCHioCÈRE. Ischioccras, nov. jren»
Tête cubique ; antennes fortes, à articles courts, non
enroulées, p. us courtes que la tète et le thorax réunis;
mandibules dentées. Prothorax assez étroit, en arc, se
prolongeant jusqu'aux ailes ; métathorax court, sans lignes-
soulevées. Ailes : Ç avec une radiale parfaite, allongée,
4 cubitales, la 2e et la 3e recevant chacune une récurrente
en avant de leur milieu ; la 2e en triangle, sessile, n'étant
point pédiculée sur la radiale ; (^ avec la 2e cubitale beau-
coup plus longue que large et recevant la 1ère récurrente
au delà de son milieu, la nervure qui la divise d'avec la
1ère cubitale plus ou moins obsolète. Les antennes c?
beaucoup plus longues et plus grêles et comme festonnées
en dessous. Pattes courtes et assez grêles, ni épinenses., ni
fortement hispides, les hanches postérieures Ç avec un
mucron bien distinct en dessus, près do leur base. Abdo-
men a premier segment plus petit, le 2e avec un rang de
stries à sa base, et tous avec une marge lisse au sommet
plus ou moins ciliée, le dernier courbé brusquement, de
manière à présenter une face presque verticale en arrière.
Abdomen d beaucoup plus allongé et plus grêle que dans
la Ç, le dernier segment à stylets de 1 arceau dorsal pro-^
longé en arrière et à arceau ventral terminé par une longue
épine redressée, comme dans les Tiphies.
Le principal caractère qui sépare ces insectes des Ti-
phies est le mucron des hanches postérieures de la femelle
joint à la nervation des ailes. Une seule espèce rencontrée.
Ischioeère rugueuse. Ischiuceras rugosa, nov. sp.
9 — Long, .40 pce. Noire, sans aucune tache, avec poils blan-
châtres plus ou moins abondants, tous les téguments rugueux-chagri-
nés. Face courte, avec poils allongés ; vertex fortement rugueux.
Antenoes Idgùreinent épaissies au milieu et plus grêles à l'extréuàté.
XII. — SCOLIADIDES. y
Métn thorax court, avrc une fossette médiane nur le disque. Ailes
légèrement enfamées, hyalines à la base, les nervures et le stij^ma,
noir ; la 2e cubitale en triangle et paraissant comme pédiculée par
la nervure inférieure de la première. Pattes moyennes, non dilatées,
simplement pubescentes, hanches postérieures avec un.mucron bien
distinct en dessus près de leur base. Abdomen oval aire, à premier
segment plus petit, tous les segments ponctués avec une marge lisse au
sommet et fortement resserrés à la suture.
(^ — Moins robuste, plus allongé et plus grêle ; la 2e cubitale non
en triangle, beaucoup plus longue que large, la nervure la séparant do
la lère peu distincte. Hanches postérieures inernies. AbJomen ter-
miné par une longue épine aiguë et redressée.
Capturé au Cap-Rouge 3 ç et 1 cf ; un c? pris aussi à
8t-Hyacinthe.
[■4. G-en. SapyGE. Sapyfça, Latr.
Tète courte, transverse ; yeux échancrés. Antennes
presque aussi longues que la tête et le thorax réunis, plus
grosses vers l'extrémité, quelquefois t^i massue. Prothorax
en l'orme d'arc s'étendant jusqu'aux ailes. Pattes courtes,
ni renflées, ni fortement ciliées. Corps ni rugueux, ni
hispide. Ailes présentant une radiale, 4 cubitales et 3 dis-
coïdales toutes parfaites, la 2e cnbital-e la plus petite, pres-
que en carré, recevant la 1ère récurrente on avant de son
milieu, la oe recevant la 2e récurrente aussi en avant de
son milieu. Abdomen en ovale allongé, ni rugueux, ni
contracté aux sutures, et souvent orné de taches jaunes. ■
Les antennes de ces insectes qui sont plus longues que
dans les genres qui précèdent et qui vont en s'épaississint
de la base à l'extrémité, à l'exception des derniers articles
qui sont un peu plus grêles, les distinguent particulière-
ment. Une seule espèce rencontrée.
Sapyge tachée. S'ipyga maculata, nov. sp.
Ç — Long. .45 pco. Noire, opa(jue, une tache jaune semi-circulaire
au dessus du chaperon crénelée à son bord antérieur ; les or})ites anté-
rieurs jusque dans l'échancurc des yeux, une petite ligne de chaque côté
en arrière de la tête, jaune. Antennes fortes, plus grêles à la base, à
articles courts, noires, rous^âtres en dessous près de la base. Thorax
densément ponctué de même que la tête, le prothorax avec une tache
jaune en avant, de chaque côté ; uiétathorax court, arrcndi. Ailes
10 LE NATURALISTE CANADIEN
légèrement enfumées, les nervures et le stigma, noir ; 2e cubitale avec
sa nervure antérieure courbe, la nervure la divisant de la 3e droite.
Pattes rousses, les hanches avec les cuisses, noir, les jambes avec une
ligne blanche en dehors. Abdomen uni, les segments 3 et 4 avec un
ceinture jaune vers leur milieu, 5 avec une petite tache de chaque côté
6 presque entièrement jaune avec un point noir de chaque côté; en.
dessous les segments 3 et 4 avec une bande jaune interrompue au
milieu. — PC.
Capturé un spécimen au Cap Kouge et un autre pris
à St-Hyacinthe.
Fam. XIII. SPHÉGIDES. Sphégidœ.
Tête tranversale ; mandibules striées, avec ou sans
dentelures.
Antennes grêles, peu allongées, filiformes.
Prothorax non prolongé postérieurement jusqu'à l'in-
sertion des ailes, et rétréci antérieurement en une sorte de
cou.
Ailes avec une radiale reculée vers l'extrémité de
l'aile par l'allongement delà 1ère cubitale, les cubitales
au nombre de 4 et les 3 discoïdales toutes complètes.
Pattes postérieures très longues, les antérieures dans
les ? avec les articles des tarses dilatés et épineux, disposés
pour fouir.
Abdomen ovalaire, fusiforme, et quelquefois subglo-
buleux, toujours pédicule et souvent très longuement.
Ç munies d'un aiguillon.
Ces insectes, qui sont tous de forte taille, creusent leurs
nids dans le sol ou les construisent de boue qu'ils attachent
aux murs, clôtures, etc. Une fois le nid construit, la femelle
cherche la proie qui convient à ses larves, chenille, arai-
gnée, criquet, etc. Elle pique cette proie de son aiguillon
et le venin qui s'en échappe a la vertu de paralyser l'insecte
ainsi piqué sans lui donner la mort, de sorte qu'il se con-
serve frais dans le nid jusqu'à ce que la nouvelle larve
éclose puisse l'attaquer pour s'en nourrir.
Cette lamille dans notre faune, n'est représentée que
par les 2 genres qui suivent. Il pourrait se faire que le
XIII. — SPHÉGIOES. 11 .
genre Sphex se trouverait aussi dans notre Province
cependant nous n'en avons encore rencontré aucun repré-
sentant.
Mandibules sans dentelutes ; jambes et tarses à épines
peu nombreuses, chaperon plus large que long, an-
tennes insérées au dessus du milieu de la face 1. Pelopœus.
Mandibules dentées; jambes et tarses munis d'un grand
nombre d'épines ou de cils raides ; chaperon plus
long que large ; antennes insérées au milieu de la
face 2. Ammophila.
1. (ji-en. Pélope. Pelopœus, Latr.
Antennes assez longues, filiformes, insérées au dessus
du milieu de la face, le premier article subglobuleux, le 2e
très petit, noduleux, les autres allongés. Mandibules striées,
sans dents. Labre plus large que long. Prothorax rétréci
en une espèce de cou. Ailes avec une radiale petite, 4 cu-
bitales et 3 discoïdales fermées, la 2e cubitale rétrécie en
haut, recevant les 2 nervures récurrentes. Pattes à épines
on cils raides peu nombreux. Abdomen en massue fusi.
forme, longuement pédicule.
Insectes de bonne taille, à couleurs foncées, brillantes,
qu'on trouve ordinairement sur les fleurs. Deux espèces
rencontrées.
Plus ou moins taché de jaune 1. cementarius.
Noir-bleuâtre sans aucune tache 1. caBi'UleuS.
1. Pélope maçon. Felopœus cementarius, Drury ; P.
lunaius, Fabr. !St-Farg. Hym. iii, p. 312.
Ç — Long. .82 pce. Noir; le scape des antennes, le dessus du
prothorax, les écailles alaires, une tache au dessous, i'écusson et le
post-écusson, une tache sur la face postérieure du métathorax, une
demi lune sur le 2e segment abdominal, avec les pattes en partie
jaune. Face avec duvet argenté, le chaperon avancé dans sa partie
médiane et coohé de manière à former 2 dents. Antennes noires, le
premier article jaune, quelquefois noir en dessus. Prothorax divisé
par une ligne enfoncée au milieu. Thorax fortement ponctué, le dos du
métuthorax finement strié transversalement. Ailes enfumées-iaunàtres
l'extrémité plus foncée, 3e cubitale fortement élargie sur la 1ère cellule
du limbe, la 2e recevant les 2 récurrentes. Pattes, les 4 antérieures
12 L3 NATDRALISTB CANADIEN
jaunes, avec les hanches, les trochantins et la base des cuisses, noir;
les postérieures noires avec les tarses et la moitié basilaire des jambes,
jaune. Abdomen fasiforuie, à pédicule fort long, noir, le 23 segment
.avec une demi lune jaune sur sa partie dilatée. — CC.
(J' — Plus grêle et plus petit, le plus souvent sans tache jaune au
profhorax.
Var. Le prothorax sans tache, l'écusson seul jaune ; le 2ô seg-
ment abdominal sans tache, etc.
Cette espèce construit ses nids de boue, appliquée le
pins souvent sur des murs ; ses cases, qui sont assez longues,
sont partagées en plusieurs chambres, dans chacune des-
quelles est renfermée une araignée pour la nourriture de
la larve, et le tout est recouvert d'une nouvelle couche de
boue
2. Pélope bleuâtre. Felopœus cœruleus, Linn. St. Farg.
Hym« iii, p. 320, ? d .
o — Long, .75 pce. Noir changeant en un beau bleu, avec poils
noirs. Chaperon aussi large que lonj;, denté en avant, triangulaire
supérieurement. Antennes noires. Prothorax avec un sillon longi-
tudinal le pavtiigeant en 2 lobes ; métathorax canalicalé au milieu et
de chaque côté. Tout le thorax et la tête d'un beau bleu avec poils
noirs longs mais peu denses. Ailes opaques, noires, bleuâtres à la
base, la cellule radiale arrondie à son extrémité. Pattes noires chan-
"•eant en bleu. Abdomen à pédicule grêle, aussi long que le reste qui
est fusiforme, d'un beau bleu metallic. — C.
Le ^ est en tout semblable à la Ç, cette dernière se
distingue surtout par le dernier arceau ventral qui est al-
iono-é, plus grand que les autres, tandis que dans les cJ* il
est semblable aux autres. La femelle construit son nid de
boue qu'elle attache à un mur, une clôture, etc., et dans
lequel elle renferme le plus souvent des araignées pour
la nourriture de ses larves. Ces nids sont ordinairement
beaucoup plus longs que larges et partagés par un grand
nombre de cloisons.
2 Gen. Ammophile. Ammophiia.
Antennes insérées vers le milieu de la face. Mandi-
dibules dentées. Chaperon plus long que large. Ailes
avec une radiale sans appendice, 4 cubitales dont la 1ère
XriT. — PPHFGIDES. 13
longue, la 2e presque en carré et recevant les 2 nervures
récurrentes ; la 1ère cellule discoïdale est de même que dans
les Pélopes très longue. Pattes avec les tarses armés
d'épines et de cils raides, les postérieures très longues.
Abdomen en massue fusiforme, le pédicule très long.
Ces insectes, souvent de fort grande taille, creusent
leurs nids dans le sol pour y renfermer des araignées, des
chenilles, etc,, pour la nourriture de leurs larves, 5 espèces
rencontrées.
Pédicule de l'abdomen se composant du 1er segment seulement;
Abdomen noir, sans aucune tache 1. ïuCÎUOôa.
Abdomen avec les segments 2 et 3 roux 2. comnilinis.
Pédicule de l'abdomen se composant des segments 1 et 2 ;
Abdomen noir, sans aucune tache 3. gracilis.
Abdomen taché de roux ;
3e cubitale élargie seulement au milieu 4. gryphis,
3e cubitale élargie sur la 1ère cellule du limbe. 5. COIlditor.
1. Ammophile en-deuil. Ammophila luctuosa, Smith,
Brit. Mus. Cat. Hym. iv, p. 224.
9 — Long. 70 pce. Entièrement noire avec poils noirs, l'abdomen
Je plus souvent avec teinte bleuâtre. Face fortement ponctuée, à cha.
peron à peine sinué an milieu. Tout le thorax finement ponctué, les
côtés du métatborax striés stransversalement. Ailes fortement enfu-
mées, à réflexion violette, la 2e cubitale presque carrée, la 3e élargie
sur la 1ère cellule du limbe. Pattes noires, les tarses et les jambes
antérieurs fortement ciliés-épineux. Abdomen en ovale allongé, le pé-
dicule formé du 1er segment seulement. — PC.
2. Ammophile commune. Ammophila communis, Cress,
Proc. Ent. Soc. Phil. iv, p. 462, d>.
9 — Long, .65 pce. Noire avec poils noirs, les antennes quelques
peu soyeuses. Thorax ponctué, le métatborax tant sur le disque que
sur les côtés strié transversalement, le mésothorax avec un sillon mé-
dian. Ailes plus ou moins fuligineuses, à réflexion violette, la 2e cu-
bitale rétrécic à la radiale, la 3e peu élargie à la 1ère cellule du limbe.
Pattes noires, les tarses fortement ciliés-épineux. Abdomen robuste,
à pédicule assez court, formé du 1er segment seulement, la partie di-
latée du 1er segment, le 28 entièrement avec le 3e excepté au sommet,
roux, le reste noir, quelquefois bleuâtre. — PC.
14 LE NATURALISTE CANADIEN
^ — Avec le cliaperon beaucoup plus allon2;é et couvert d'un
duvet argenté, les pattes aussi plus ou moins cendrées.
Le pédicule plus court de cette espèce la fait facile-
ment distinguer»
3. Amraophiie grêle. Ammophila gracilis, St-Fargeau,
Hyra. iii, p. 381.
Ç — Lono;. .75 pce. Noire, avec quelques poils blanchâtres; une
tache sur le chaperon, une autre de chaque côt(> près des y^ux, les
tubercules calleux du niésothorax, une tache triangulaire sur les flancs,
une autre do chaque côté à l'extrémité du métathorax, d'un duvet
argenté. Le prothorax avec une impression semi-circulaire au milieu ;
le raésothorax avec un sillon médian, ses côtés striés transversalement ;
le métathorax tant sur son disque que sur ses côtés strié transversale-
ment. Ailes subhyalines, les nervures et le stigma, brun plus ou moins
foncé, la 2e cellule rétrécie à la radiale, la 3e élargie au milieu. Pattes
noires, les jambes et les tarses fortement ciliés-epineux, les hanches
postérieures avec duvet argenté en dessus. Abdomen en ovale, très
longuement pédicule, ce pédicule se composant des 2 premiers segments,
entièreiuent noir, le 2e segDjent plus fort que le 1er et obscurément
roussâtre en dessous. — PC.
(5^ — Avec toute la face couverte de duvet argenté, le chaperon
prolongé en une pointe bien distincte, le 3e segment abdominal dis-
tinctement rousisâtre en dessous.
Espèce bien remarquable par ses taches argentées et
la pointe de son chaperon dans le cf.
4. Ammophile gryphon. Jimmophila gryphus, Smith,
Brit. Mus Cat. iv, p. 222.
Ç — Long. 1. 87 pce. Noire, avec un duvet argenté formant des
taches aux côtés delà face, en arrière des yeux, sur les bords antérieur
et postérieur du prothorax, les tubercules calleux, 2 bandes obliques
sur les flincs, l'extrémité du métathorax et le dessus des cuisses. Tout
le thorax fortement strié transversalement, l'écusson avec ces stries
longitudinales. Ailes sub-hyalines, les nervures et le stigma, noir; la
2e cellule cubitale rétrécie à la radiale, la 3e élargie au milieu. Ab^lo-
men en ovale, le 2; segment à peine plus fort que le premier et for-
mant le pélicule avec celui-ci, le 33 excepté au sommet et le sommet
du 2e, roux, le reste noir. — PC.
Cette espèce, bien remarquable par sa forte taille, se
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM 15
djstincjue surtout de la précédente par son thorax forte-
ment strié, et les taches de son abdomen.
5. Ammophile charpentier. Ammophila condilor,
Smith, Brit. Cat. Hym. iv, p. 222.
c? — Long. .75 pce. Noir, avec quelques taches de duvet argen-
tée sur les flancs. Thorax densément ponctué, les pro et mésothorax
avec une ligne enfoncée au milieu. L'écusson strié longitudinalenient,
le dos du niétathorax avec les côtés et la face postérieure finement striés
transversalement. Ailes hyalines, un peu plus obscures à l'extrémité, les
nervures et le stigma, noir, les cellules cubitales 2 et 3 rétrécies à la
radiale. Pattes entièrement noires. Abdomen en ovale, les segments
1 et 2 formant le pédicule, 2 un peu plus fort que 1, 3 entièrement
avec le sommet de 2, roux, le reste noir. — CC.
(^ — Avec la face argentée et le thorax avec poils blanchâtres, le
2e segment abdominal roux avec la ligne dorsale noire, quelquefois le
2e segment à toute l'extrémité rousse.
La plus commune de toutes nos espèces qu'on trouve
trouve partout occupée è creuser ses trous sur les bords
des chemins,
(A Continuer.)
DE QUEBEC A JERUSALEM.
[Continué de la page 333, dn vol. xil.)
A peine avons-nous laissé Tarbes, que nous tombons
en plein pays vinicole. Partout, à gauche, à droite, ce ne
sont que champs de vignes. Les vignerons sont actuelle-
ment occupés à la taille. On voit derrière eux les ceps
tout dépouillés de leur végétation de l'année précédente,
et les sarments retranchés réunis en petits tas pour être
utilisés au foyer. Souvent des femmes sont ainsi occupées
à réunir ces sarments par tas.
Aucune ville bien remarquable ne se rencontre entre
16 LE NATUHALIPTE CANADIEN
Tarbes et Toulouse. A Saint-G-audens, nous coupons de
nouveau la Garonne que nous avions traversée à Bordeaux.
A 4 heures précises nous entrons dans Toulouse, chef-lieu
du département de la Haute-Garonne.
Toulouse est une bien jolie ville, de 115,000 habitants,
bâtie sur le bord de la Garonne et traversée par le canal
du midi qui fait communiquer l'Atlantique avec la Médi-
terrannée. Toulouse est une ville très ancienne ; on fait
remonter à Galba la construction de son capitole. C'était
une ville des plus importantes de la Gaule méridionale.
Pour ceux qui ne sont pas des Crésus, l'économie dans
le voyage est un item très important. Sans vouloir rien
nous refuser de ce qui peut nous intéresser, nous avons,
dès le départ de Paris, réglé notre programme, pour dimi-
nuer les dépenses autant que possible. Et voici comment
nous procédons. En arrivant dans une ville, nous laissons
nos malles à la consigne, et ne prenant qu'un tout-petit
porte-manteau, que nous portons à la main, nous allons
faire choix d'un hôtel un peu distant de la gare, pour
n'être pas dérangés par le bruit des trains. Nous louons
des chambres seulement pour la nuit ; ce qui nous coûte
d'ordinaire 2 francs, et nous prenons nos repas dans les
restaurants. Nous y payons moins cher et avons plus à
notre goût, sans compter l'économie de temps que nous
savons fort bi^n mettre à prolit.
Laissant donc la gare de Toulouse, nous traversons
le canal, et nous arrêtons à l'hôtel de Bordeaux, l'un des
premiers que nous rencontrons. Les réparations conve-
nables à la toilette étant faites, nous nous mettons de suite
à la visite de la ville, en longeant la grande place publique
qui cou.pe le canal à angle droit. Notre première visite est
à l'église S. Sernin, si renommée pour ses précieuses re-
liques. Cette église, très ancienne et de vastes dimen-
sions, était alors (4 heures) remplie de monde, surtout de
femmes, pour le salut qu'on y chante à la suite d'un ser-
mon. Nous rencontrons le curé à la sacristie qui nous
accueille fort courtoisement, nous questionne beaucoup
sur notre pays, et nous invite à célébrer le lendemain. Ce
DE QUÉBKC A JÉRUSALEM 17
curé est lui-même rédacteur de la Semaine Religieuse pu-
bliée à Toulouse et qui passe pour l'une des plus impor-
tantes de la France.
En revenant, nous entrons à l'église du Taur, très an-
ci.Mine aussi, mais petite ; elle fut bâtie à l'endroit même
ou y. Sernin fut massacré par un taureau ; de là son nom.
Nous remarquons que le peuple, par son accoutre-
ment, paraît beaucoup plus à l'aise ici qu'à Tarbos et à
Lourdes. Cependant, comme nous l'avions observé à Paris,
Orléans, Bordeaux, et^,, la mise des gens est partout assez
simple, et bien au-dessous de ce dévergondage de toilettes
qu'on étale dans les rues de Québec et de Montréal II n'y a
pas à se le dissimuler, le luxe prend chez nous un tel dé-
veloppem-'nt chez le peuple, qu'il est devenu une véritable
plaie nationale. Il a déjà causé bien des désastres, et il
en amènera de plus grands encore, si l'on ne se hâte d"y
apporter un remède, d'y mettre un frein. Nos cultiva-
teurs mènent un train de vie, parleur accoutrement, leurs
A'oitures, leurs habits, sans proportions avec leurs res-
sources. Aussi que de biens-fonds sont déjà passés eu
draps lins, voitures, ameublement, et ces mille colifichets
qu'affectionnent tant les personnes du sexe ! Que nous
voudrions, l^ur offrir une leçon pour leur propre gou-
verne, en leur faisant voir la mise simple et peu dispen-
dieuse des paysans français, malgré les éconoffnies que
tous savent mettre de côté.
Nous trouvons partout dans les rues le peuple en
habits de fête, et ne remarquons nulle part comme à Paris,
presque des ouvriers à l'ouvrage.
Le patois qui résonnait sans cesse à nos oreilles à
Tarbes et a Lourdes, est ici moins fréqnent, bien qu'on
l'entende encore à chaque instant.
Sur la place S. Georges, nous remarquons une statue
colossale de Ste-Germaine de Pibrac, dont le tombeau n'est
pas éloigné de Toulouse.
Revenant de nouveau sur la grande place, nous tra-
versons le pont du canal et faisons une marche de l'autre
côté, avant de rentrer à notre hôtel. Nous prenons une
18 LE N^TtJRALISTE CA.NAOIEV
nouvelle Sialis injuraata avfc quelques autres Névroptères
peu remarquaVjJes de la division des Trichoptèr«^'S. Les
pruniers, les amaîidiers sont ici en pleine floraison.
Lundi 14 Mars — î^ous allons célébrer à S. Sernin, et
profitons de l'obilîTeance du sacristain pour visiter la crypte
et y vénérer les précieuses reliques qu'elle renferme.
L'éî^lise de S. Serniu passe avec droit pour l'une des plus
riches du monde en l'ait de reliques. Mous y voyons entre
autres : une épine de la couronne de Jésus, un morceau de
vêtement de la 8te Vierge, le corps du docteur angéJique
kS- Thomas d'Aquin, ceux de S. Edmond, S. G-iles, S. Grau-
dens, martyr, dont on nous montre une mâchoire {)ortant
encore une dent, des statues miraculeuses des apôtres, les
corps de S. Simon, S. .Tude et S. Barnabe; nous vénérons
une partie du crân«j de ce dernier apôtre encore bien con-
servée, le corps de Ste Susanne, etc. Depuis quelques
années, nous dit M, le curé, la dévotion h l'apôtre S. .Jude
s'est développée ici d'une manière toute particulière, et a
été récompensée par des faveurs signalées obtenues parson
intercession. On nous montre encore une chasuble de S.
Dominique, la mitre et les gants d'un évêque du 4e siècle,
dont nous avons oublié le nom, un superbe coffret renfer-
mant un morceau de la table de la cône, etc., etc.
A 10 h., nous reprenons le convoi qui de ce point prend
une direction bien plus prononcée vers le sud.
Nous remarquons des oiseaux nombreux dvns les
champs, entre autres des cailles et des corbeaux. Partout
on est au travail de la terre ; h? plus communément c'est
avec des bœul's qu'on laboure;. L<*s ch;im[)s, des deux
côtés de la voie, sont partout plantés de viujnes. IMous fai-
sons ici en passant, la con)iaissance de l'olivier pour la
première lois. C'est un arbre à tronc difforme et souvent
do forte dimension, mais généralement avec une fort
belle tête. ►îa fcniile étroite et pointue ressemble beau-
coup à celle de nos saules. Sa hauteur ne dépasse pas 20 à
. 25 pieds, sa cioissance est très lent»; et son bois très dur.
Une autre ])lanlo, avec laquelle nous faisons encore
connaissance est l'artichaul, Cinara acolymus, Linnée ; cest
be.QtrEBEO A JÉRUSALEM 19
uno planto de la fnmille des Composées, à fouilles radicales
grandes, épineuses, penuilobées. A plusieurs stations, de
notre fenêtre même du char, nous en remarquons de
superbes carrés dans des jardins ; ses a^randes feuilles à
bords lobés et sinueux s'étalent sur le sol en rosettes mons-
trueuses, montrant déjà au centre la tète qui commence à
s'élever. Nous ne connaissions l'articliaut que pour eu
avoir vu des tètes sur les marchés de Paris. Un certain
jour, à table d'hôte d;nis un hotel, nous entendons une gaie
lille d'Eve crier à ses compagnes, qui croquaient avec grande
avidité un certain légume verdàtre nouveau pour nous,
qu'elles eussent à prendre garde, qu'elle venait de trouver
un ver dans son artichaut. Nous voulûmes en goûter, en
y joignant le sel, comme nous le voyions faire ar.x autres.
— Comment trouvez-vous ça? nous demanda notre voisin,
— Détestable, répondimes-iious; la saveur est presque nulle,
et ça n'a rien du piquant du céleri. Et, de tait, nous
ne nous ex[diquons l'alFeclion qu'on parait lui mon-
trer, que par ce goût pour le vert que font voir ceux
qui ont été mis au sec depuis trop longtemps. Ce ne
sont ni les feuilles, ni les tiges qu'on mange dans l'artichaut,
mais uniquement les écailles qui forment l'involucre, et qui
par la cidture deviennent fort épaisses, charnues et plus
ou moins tendres.
A Ségala, distance de 13 lieues de Toulonse, nous pas-
sons la hauteur des terres entre l'Atlantique et la Mé-
diterrannée.
A midi, nous passons à Caste hlaudar5^ Petite ville de
9000 à 10,000 âmes, bâtie sur le canal du midi ; c'est uu
chef lieu d'arrondissement ; et à 1 h. 17 m. nous descen-
dons dans la gare de Carcassonne,où nous avons 20 minutes
pour le diner.
Carcassonne, qui compte aujourd'hui une vingtaine de
mille âmes, est une ville très ancienne, bâtie sur l'Aude,
rivière qui prend sa source dans les Pyrénées et se dé»
charge dans la Méditerrannée. Cette ville est divisée eu
basse et haute, cette dernière partie occupant une colline
couronnée par un château et des tours qui datent de l'oc-
cupation des Visigoths.
20 LE NATVRALISTE CANADIEN
A 4 h. nous descfiiidous dan? la g^re de Narbonne, où
nous avons un arrêt de 10 minutes. Cette ville, qui ren-
ferme aujourd'hui 16,000 habitants, était autrefois la métro-
pole de la Gaule Méridionale qu'on appelait Nnrbonnaise.
Les abeilles paraissent cultivées ici f^ur une grande échelle,
aussi les miels de Narbonne sonl-ils particulièrement
estimés,
A 5 h. nous passons à Béziers, où nous avons encore
un arrêt de 15 minutes. Cette ville qui nous parait un
peu plus considérable que Carcassoniif^, est bâtie sur i'Orb
que traverse ici le canal du midi. Eéziers est le lieu de
naissance de Riquet, celui-là même qui construisit ce fa-
meux [canal.
Nous poursuivons toujours notre route verr le Sud-
Est et passons les stations de Villenouve-lee-bains, Vias,
Agde, les Onglons etc. qui n'ont rien de remarquable. De-
puis assez longtemps déjà nous avions vue sur la Médi-
terrannée, mais un ciel chargé de gros nuages, qui de
temps en temps nous donnaient d'abondantes averses, nous
avait empêché de la distinguer plus tôt, les nuagi's con-
fondant à l'horizon leur couleur avec celle pas eau.^ de la
mer. Enlin à 6 41, nous entrons dans la gare de Cette, sur le
bord même de la mer.
Cette qui compte un peu plus de 20,000 habitants, est
une ville forte et un port de commerce très i-.nportant. Le
terrain est ici très bas, car la ville môme est bâtit3 sur une
langue de terre qui sépare un immense étang, celui de
Thau, de la mer même.
Nous aimons à croire que Cette, telle que nous l'avons
vue, n'a pas toujours la même physionomie, car nous la
proclamerions rien moins qu'agréable. C'est avec le para-
pluie sur la tête, et en pataugeant dans la boue que nous
avons pu la visiter, car la 'pluie augmenta encore après
notre arrivée. La seule chose qui nous intéressa particu-
lièrement fut des piniers remplis d'un petit bivalve que
nous remarquâmes à plusieurs ]->ortes d'hôtels. Ce bi-
valve, de forme régulière, est court, bombé, presque
sphérique, avec côtes sub-épineuses sur les côtés. Nous
DE QUÉBFC A JÉRUSALKM 21
l'avons trouvé excellent, et pour nous, bien préférable aux
huîtres ordinaires. Son nom scientifique est Venus verru-
cosa. Lin. de la famille des Vénérides; on lui donne ici le
nom de clovisse. •
Nous traversons sur un pont un large canal bordé des
deux côtés de quais couverts de futailles de vin, car il s'en
fait ici une exportation considérable, et allons prendre
notre rrlie au centre même de la ville, à l'hôtel de la
Souche, aussi modeste de ton que de nom, mais du reste
servi par des gens très civils et fort complaisants.
Mardi 15 Mars. — Le vent, ce matin, tient encore du
Sud-Est comme la veille, et le temps est couvert quoique
sans pluie. Nous prenons à la gare notre billet directe-
ment pour Marseille, où nous devons arriver à 3.55 h. p.m.;
nous j)ayons 14.85 fr. pour le trajet. Nous traversons de
nouveau le grand étang du Thau, et prenons une direc-
tion presque parallèle avec le bord de la mer. Partout
les terres sont très basses et presque entièrement couvertes
de vignobles. A 11 h, nous passons Montpellier, et à 11.53 h.
nous descendons à Lunel, où nous prenons le dîner. A
1.6 h. nous coupons le bras principal du Rhone en face
d'Arles, dont le nom nous est devenu familier par le mar-
tyre de son vénérable archevêque, au massacre des Carmes
lors de la grande révolution, et enfin à 4 h. nous entrons
dans la gare de Marseille.
Nous nous dirigeons de suite à l'hôtel du Petit-Louvre,
qu'un aimable et fort respectable compagnon de route
nous avait particulièrement recommandé. Cet hôtel, sur
nu excellent ton, est situé sur la Cannebière, la principale
rue de Marseille, et à quelques pas seulement de l'hôtel
du Grand-Louvre, où le comité de direction à Paris vou-
lait nous diriger, mais dont nous avions lieu de suspec-
ter le tarif et la bonne administration. Et de fait, nos com-
pagnons de route qui s'y étaient arrêtés, se plaignirent forte-
ment plus tard de plusieurs surcharges qu'on avait su leur
imposer, malgré la réduction apparente de leurs prix.
Mercredi, 163'Iars — Enfin nous voici rendus à Marseille
pour prendre de nouveau la mer. Il y a aujourd'hui 28
jours que nous avons laissé Québec ; nous en avons passé
l'Ji en vaisseaux, 9 en chemins de fer, et 7 dans les hôtels
22 LE NATURALISTE CANADIEN
en différents endroits. Comme on !e voit, nous n'avons
guère connu le repos durant tout ce temps ; aussi sommes-
nous un peu fatigué et nourrissons-nous l'espoir de nous
reposer à bord du vaisseau, si toutefois le mai de mer ne
vient de nouveau nour tourmenter. Notre santé, depuis
notre départ, a toujours été excellente, à part ces deux der-
niers jours où nous avons été menacé d'une attaque
de dyssenterie ; mais M. Bolduc, qui est un homme
de beaucoup de précautions, nous a fourni des gouttes qui
nous ont en peu temps délivré de notre indisposition.
Marseille est une bien jolie ville, possédant un bon
port sur la Méditerrannée, à l'Est du golfe de Lyon. Sa
population est d'environ 800,000 âmes. La Cannt'bière,
qui est sa rue principale, nous rappelle Paris par les ma-
gnifiques boutiques qui la bordent et le mouvement conti-
nuel qu'on y remarque. La partie de la ville où s'étend cette
rue s'élève à peine de quelques pieds au dessus des quais
dont elle est peu éloignée, mais la partie au Nord-Est, qui
constitue l'ancienne ville, est bien plus élevée et acciden-
tée. Nous profitons de cette journée })our faire nos der-
niers préparatifs de voyage, tout en visitant la ville» Nous
achetons de grandes lunettes brun-foncé que nous payons
5 fr. ; elles sont indispensables en Orient pour préserver de
la réflexion des rayons solaires , puis un chapeau de paille
de riz que nous payons 3.50 fr., car comme on nous en a pré-
venus, il faut faire la plus grande part au blanc dans nos
vêtements pour ces contrées. Comme on nous avait aussi
avertis que les selles arabes qu'on nous fournit en Orient
sont tri s incommodes, nous avions acheté a Paris 2 selles
d'occasion ; nous allons les recevoir à l'hôtel du G-rand-
Louvre, où l'on nous les avait adressées. Nous payons 16
francs pour leur transport, parce qu'il avait fallu les exi)é-
dier par grande vitesse. Les selles mêmes nous coûtaient
52 francs chacune.
Nous faisons à ce même hôtel la connaissance de la
plupart de nos compagnons de pèlerinage. C'est d'abord
notre Président, M. de Coniac, chef d'escadron de cava-
lerie, notre aumônier, M. Baron, ancien aumônier militaire,
qui a fuit la guerre de Prusse, a passé qLiatre mois et demi
DE QUÉBRG A JÉRUSALEM 23
sur le terrifoive Allemand comme prisonnier de guerre, a
été pris ensuite par la Commune, condamné à mort et dé-
livré comme par miracle, etc., etc. Mous allons dans l'après-
midi faire en corps, une visite à l'Evêque, Mgr Robert.
C'est un homme d'une cinquantaine d'années environ,
d'une forte stature, d'un aboi'd assez facile, mais qui parais-
sait embarrassé de notre presence. La rencontre de deux
prêtres canadiens a })aru lui fournir presque exclusivement
la matière des quelques paroles. qu'il nous a adressées. Il
nous a parlé surtout de Mgr Eourget, qu'il avait connu
dans l'un de ses précédents voyages.
De i'évêclié nous sommes passés à la nouvelle cathé-
drale, maintenant en construction, et qui terminée, sera l'une
des pins l)elles de la France Elle est dans le style roman ;
il y a déjà 1400 colonnes de placées, et on doit y en mettre
encore plus de 400. Le dôme de la coupole est à 240 pieds
de hauteur. T)t-s marbres de toute couleur et de toute pro-
venance s'y rencoutrent en quantité.
Mais il est une visite qu'il nous tardait de faire à Mar-
seille, et pour laquelle nous aurions sacriîié volontiers
l'inspection de la ville, c'est celle de l'un de nos correspon-
dants depuis plusieurs années, un confrère eu entomologie.
Nous dirions pins exactement de trois confrères en histoire
lîjiturelle ; car bien que nous n'eussions échangé de cor-
respondances qu'avt c M. Ancey, nous savions que M.
Abeille, aussi un entomologiste, et M. Ancey, fils, un con-
chyliologiste, habitaient sous le même toit. Aussi dès les
3 h. de l'après midi, nous rendons-nous au No. 56, grande
rue Marengo, pour y rencontrer nos naturalistes. Mais, ô
déception ! aucun des trois ne se trouve alors à la maison ;
et le soir même nous devions avoir une assemblée des
membres de notre caravane, en présence du Grand Vicaire
du diocèse, qui devait nous donner des instructions spé-
ciales, surtout aux prêtres, pour notre voyage. Nous lais-
sons donc notre carte à la concierge, et revenons à notre
hôtel avec uu bien vif chagrin de notre mécompte.
Comme nous avions remarqué un étalage de coquil-
lages près du port, nous nous y rendons dans l'espoir d'y
faire peut-être quelque acquisition nouvelle pour no'.re
24 LE N VTRBAMSTE CANADIEN
musée. Mais ces coquilles n'étaient que de celles d'appa-
rat pour les corniches, et à des prix tout aussi élevés que
ceux dos magasins des Etats-Unis. Nous nous bornons à
faire emplette de quelques Harpes seulement, d'un Peigne
et de deux Trophons.
Mais à peine avions-nous laissé notre hôtel pour cette
nouvelle course, que M. Ancey, junior, y entrait pour nous
rencontrer. Déçu de la même manière que nous, il nous
laisse de même sa carte avec prière de reprendre notre vi-
site Nous nous décidâmes donc à omettre notre réunion
de la caravane, pour reprendre le coup manqué,
M. C. F. Ancey est un manufactureur de produits chi-
miques et un coléoptérologiste distingué, qui a fait plus
d'une découverte dans cet ordre d'insectes. M Abeille
est aussi un entomologiste, et avec un tel nom, il aurait
grandement tort de ne pas s'occuper d'Hyménoptères ;
aussi les Apides ont-ils particulièrement fixé son attention.
Il était 6J heures lorsque nous allâmes de nouveau
frapper au No. 56 de la grande rue Marengo. Mous
trouvâmes cette fois toute la famille réunie. Après quel-
ques instants de conversation, on nous invita à descendre
au réfectoire pour le souper. — Nous vous sommes très
obligé, dîmes-nous, pour nous, c'est déjà fait. — Mais
nous comptions sur ce plaisir ; cependant, comme c'est en
carême, nous n'insistons pas ; si vous voulez bien nous le
permettre, nous serons à vous dans quelques instants.—
Nous serions fâché de vous déranger ; si vous voulez bien
nous permettre de vous attendre ici, nous allons nous anin-
ser avec quelques journaux ou quelques livres que vous
voudrez bien mettre à notre disposition.
Là dessus il nous ouvre sa bibliothèque et nous laisse
seul. Nous voyons parmi divers ouvrages d'entomologie,
les Annales de la Propagation de la Fui, puis La Croix, un
journal religieux que nous nous mîmes de suite à parcou-
rir. La collation dura à peine un quart d'heure, et aussi-
tôt toute la famille se réunit au salon. On nous présenta
M. et Mde Abeille, qui, comme nous l'avons dit plus
haut, habitent sous le même toit.
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM 25
— Il pnrait, dîmes-nous à M. Ancpy, en Ini montrant
les brochuivs religieuses, que le prêtre n'est pas en pays
étranger dans cette maison !— Oh ! quant à cela, nous
sommes catholiques de croyance et de pratique, et de plus
nous vsomires tous légitimistes ici, — Tant mieux, ce sera un
point de plus de conformité dans nos idées.
M. Ancey a une charmante et nombreuse famille, et
tous, garçons et filles, laissent percer dans leurs paroles la
bonne éducation chrétienne qu'ils ont reçue ; mais ce qui
ajoutait encore un nouvel intérêt pour nous, c'est que tous
sont plus ou moins initiés à l'histoire naturelle. Deux
jeunes demoiselles surtout nous ont plus d'une fois étonné
par leurs connaissances des noms spéoiliques des spéci-
mens, dans le rapide examen que nous fimes d'un certain
n(;mbre de cases de notre ami. Quant à M. Abeille, que
nous ne connaissions encore que de réputation, il nous
parut aussi distingué par sa piété que par ses connaissances
en histoire naturelle, et la jeune dame qu'il a prise l'an
dernier siMilement à Jafîa, ne parail pas vouloir lui céder
la supériorité pour les sentiments religieux, si elle consent
à le laisser marcher seul dans les sentiers de la science.
Tous deux ont fait un séjour plus ou moins prolongé en
Orient, et ont su conserver leurs sentiments à l'unisson
avec la vénération et le respect que commandent les saints
lieux qu'ils ont visités à plusieurs reprises.
Nous ne pûmes que jeter un coup d'oeil rapide sur les
collections de notre ami ; elles nous parurent très considé-
rables et de premier choix, surtout pour les Coléoptères
des climats tropicaux. La conversation passant à tout
instant de la .'cience à la religion, nous fit trouver bien
trop courtes les quelques heures que nous écoulâmes dans
cette intéressante famille, et c'est avec un bien vif regret
que nous leur fîmes nos adieux sur les 10 heures, sans
espoir bien fondé de jamais nous revoir en ce monde.
La rencontre d'une personne qui partage nos goûts et
notre afiection pour une étude quelconque est toujours
agréable, mais lorsqu'avec cette communauté de goûts, il
se rencontre encore une conformité de principes philoso-
phiques et religieux, le commerce entre tels amis devient
26 LE NATURALISTE CAN\DIEN
doublement attrayant et iîitéressant, aus-i le souvenir de
nos amis de Marseille ne s'effacera t-il jamais de notre mé-
moire.
Jeudi 17 mars.—Te\ qu'il avait été réglé la veille, tons
les pèlerins se rendent ce matinàN.D. de la Garde, les
prêtres pour y célébrer la messe avant le.départ, et les laïcs
pour y faire la sainte communion.
La chapelle de N. D. de la Garde, que surmonte une
m:ignifique statue de celle que l'Eglise appelle l'ICtoile de
la Mer, dominant tout le port, est bâtie sur an rocher fort
élevé, à rampe raide et escarpée. M. le Grand-Vicaire
Ptiyan célébra la messe du départ, à la suite de laquelle il
nous adressa une pathétique exhortation avant d'attacher
à la poitrine de chacun de nous la croix de pèlerin, que
nous dt^vions jiorter jusqu'à notre retour. Cette croix est
en argent, dans la forme latine ordinaire, avec la croix
du S. tSépulcre incrustée en émail au milieu.
La messe terminée avec la tradition des croix, nous
n'avons que le temps de retourner à nos hôtels pour y
prendre noire déjeuner, et nous rendre au vaisseau qui
doit laisser le quai à midi précis.
A continuer.
M. F.-X. BELANGER
Décédé à Québec, le 19 du courant, M. François-Xa-
vier Bélanger, taxidermiste et curateur des musées de
l'Université- Laval.
M. Bélanger était né à S. Valier en 1833, il était par
conséquent âgé de 49 ans. Après un cours brillant d'études
au séminaire de Québec, M. Bélanger se livra d'abord à
l'ens^'igiiement. Mais son isolement dans une campagne
le mettant dans l'impossibilité, par le manque de biblio-
M. P. X. BflLANGER 27
thènne, de satisfaire son goût, ou plutôt sa passion pour
l'étude, il cherch;!, après quelques années, une situation
d«ns une ville, et entra comme correcteur d'épreuves et
assistant rédacteur au Courrier du Canada. î^J'nyant jamais
connu l'ambition, et d'une très grande timidité de carac-
tère, il végéta durant plusieurs années dans cette humble
position, avec un salaire qui lui permettait à peine de subve-
nir aux besoins de sa petite famille et lui interdisait toute
dépense que son amour de l'étude aurait pu lui suggérer.
Cependant, grâce à de complaisants amis, et à la faveur de la
bibliothèque du parlement, il commença de suite ses études
d'histoire naturelle, pour lesquelles il s'était toujours senti
un attrait tout particulier. A peine avait-il laissé chaque
soir le bureau de rédaction, qu'on le voyait aussitôt sortir
de la ville, armé du filet de l'entomoloiïiste, ou du fut-il de
chasse, pour mettre à profit, à la recherche de spécimens,
les quelcjues heures de clarté qu'il lai restait encore.
C'était tantôt les grèves de la Canardière et de Beauport,
et tantôt la route de Bell ou celle du Belvédère, ou le bois
de Gomin qui devenaient le plus communément ses
champs d'excursion ; et il ne s'en revenait jamais sans eu
rapporter de nombreux spécimens pour la poursuite de
ses études, et surtout, sans avoir pu faire quelque minu-
tieuse observation pour la contirmation de ce qu'il avait
vu consigné dans les auteurs et qui jusque la avait
échappé à ses recherches.
C'est dans cette humble situation que nous trouvâmes
ce modeste savant en 1870, A peine quelques articles
signés de lui, surtout sur certains insectes, l'avait-ils fait
connaître alors ; mais des amis nous en avaient parlé
si avantageusement, que nous voulûmes aussitôt faire sa
connaissance. Esprit éminemment sérieux, observateur
sagace, travailleur infatigable, sa trop grande timidité le
})rivait de tout secours étranger qu'il aurait pu solliciter
îivec avantage. Aussi, sans se l'avouer probablement à
lui-même, avait-il pris le parti de n'avoir d'autre maître que
lui-même dans toutes ses entreprises, et de ne chercher que
dans l'étude et l'observation la solutiou des difhculté? qui
pouvaient l'arrêter dans la poursuite de ses projets. C'est
28 LE NATURALISTK CANADIEN
ainsi qne sans ancnn enseignement, il s'était rendu taxi-
dermiste habile et de fort bon goût. Il alla plus loin : des-
sinateur distingué, il entreprit de graver sur bois la plupart
des animaux de notre province, .sans autre outil qu'une
alêne de cordonnier qu'il aiguisa sur une meule, et sans
avoir jamais rien su de cet art difficile que ce qu'il en avait
lu dans des articles d'encyclopédie. Plusieurs de ses
ébauches, sans avoir sans doute la perfection des œuvres
des maîtres, purent cependant paraître avec avantage dans
les pages du Naturaliste.
A notre sollicitation, les directeurs de Laval le pré-
posèrent à la garde de leurs musées; et nous avons tout
lieu de croire qu'ils ont été très satisfaits de ses services;
ils avaient dans leur taxidermiste, non un simple manou-
vrier, mais un savant, qui dans plus d'une circonstance a
pu étonner des visiteurs étrangers. Aussi leurs nom-
breuses collections ont-elles toutes été rangées d'après les
classiticationsscientiliques, et le nombre des spécimens con-
sidérablement augmenté.
M. Bélanger était doué de la mémoire la plus heu-
reuse ; la facilité avec laquelle il retenait les noms baro-
ques des spécimens, nous étonnait toujours, vu surtout le
peu do temps que sou travail manuel lui laissait pour se
liver à l'étude.
A toutes ces heureuses dispositions de l'esprit, M.
Bélanger joignait les plus nobles qualités du cœur. Nous
croyons que réellement il est passé sans avoir jamais
offensé qui que ce soit. Les rares disciples de Liunée en
cette Provinct! regretteront d'autant plus la perte de M.
Bélanger, qu'il en était un de plus dévoués et des plus
heureux dans ses observations et ses chasses. Nous lui
devons la découverte de plusieurs insectes due à ses cons-
tantes recherches. — R. I. P.
CHAMPIGNON 29
CHAMPIGNON
On nous écrit d'Arthabaskaville, en date du 27 janvier.
Cher Monmi ur,
Je vous envoie dans la présente un écliantillnn trouvé dans un
morceau d'épinette, bols de chauffige, un peu pourri. Ça formait
connue un â^c du bois, dans l'épaisseur du tronc. Connue pareil pro-
duit n'avait pas encore été vu ici, je vons l'envoie, afin que vous nous
disiez dans le Naturaliste ce que c'est, c'est-à-dire comment cela s'est
formé.
T.
L'échantillon en question était en effet bien capable
d'attirer l'attention de toute personne tant soit peu accou-
tumée à remarquer ce qui lui passe sous les yeux. C'est
en apparence un morceau de chamois, de quatre pouces
carrés ; même couleur, même consistance, même épais-
seur, et tout près aussi môme ténacité que dans le cuir du
léger quadrupède. Or un morceau de cuir rencontré dans
l'intérieur d'une bûche d'épinette, était bien capable d'é-
tonner ceux qui en faisaient la trouvaille. jNous avons
déjà plusieurs fois rencontré de semblables productions,
mais jamais d'aussi parfaites et de pareilles dimensions.
Bien que les plantes cryptogames, (Algues, Champi-
gnons, Fougères, etc.,) diffèrent grandement des phanéro-
games (Plantain, Chardon, Rose, etc.,) cependant, comme
celles-ci, elles se reproduisent de semences, ont une racine
ou un organe anologue pour leur servir de base, et un
corps quelconque pour porter leur fructification. Or l'é-
chantillon en que.-tion n'est rien autre chose que la racine
ou mycélium d'un champignon. On sait que les champi-
gnons ne croissent pas tous sur le sol comme les Agarics, les
Bolets, etc., mais qu'un grand nombre se montrent sur les
feuilles, les tiges, les rameaux des plantes et le tronc des
arbres, lorsque surtout ceux-ci sont plus ou moins pourris.
Tout le monde connaît ces excroissances que portent pres-
que paitout les sotiehes tant soit peu vieilles ou les troncs
d'arbres malades, qu'on désigne vulgairement sous le nom de
30 LE NATURALISTE OAN/.DIEN
loitpeii, or ces prétendues loupes ne sont que de véritabl^»s
champignons. Mais c^s channpignons, pour se faire ainsi
jour à travers l'écorce des arbres qui les portent, ont dû
avoir leur semence dans l'intérieur même du tronc ? Et
c'est précisément le cas. Cette semence, extrêmement
ténue, en suspension dans l'air ou éparse dans 1m sol, a été
tranî^portée avec l'humidité qui a pénétré ces troncs, et s'y
est dcvelopjîée, lorsqu'elle a rencontré les conditions de
chaleur et d'humidité qui lui convenaient.
Maintenant si la semence qui produit d'abord la ra-
cine, mycélium ou blanc de champignon, trouve une résis-
tance trop forte pour s'échapper au dehors, elle se répand
d'un côté ou de l'autre suivant que le bois, plus ou moins
pourri, lui offrira une moindre résistance. De là la couche
de faux chamois trouvée entre les différentes couches d'un
tronc d'épinette plus ou moins décomposé.
Le nom de ce charapig-non est Polyporns ig-iiiari/ts,
Fries ; on lui donne communément le nom d'Amadouvier,
par ce qu'on l'utilise dans la fabrication de l'amadou. C'est
ce champignon qui forme ces excroissances coriaces, bru-
nes, àj surface supérieure plane, semi circulaire, qu'on
trouve sur les souches et les troncs malades des épinettes,
pruches, hêtres, etc., et que le vulgaire désigne générale,
ment par le nom de loupes. Ce champignon est commun
à l'Europe et à l'Amérique»
A PROl^OS DE FOUI^JIIS
On nous écrit de St-Roch de Québec.
A propos des fourmis nieilifères, je me suis laissé dire plusieurs
fois, par des bûcherons que je rencontre assez souvent à la campaj^ne,
qu'il leur arrive souvent d'-ibattre des «rbres, dans le creux desquels ils
trouvent im grand nombre de fouruii.s geldos ou simplement engour-
dies; qu'ils les niangent alors avec délices, leur trouvant le goût du
meilleur miel. Ces insectes ne seruieat ils pas les mêmes que ceux dont
FAITS DIVERS 31
VOUS faites mention dans le dernier nmiic^ro du NuturaUnte^oxi si toutes
les fourmis (jue mangent les bûcherons ont le goût de niiel ?
Je crois (jue le fait m(5rite d être constate.
F. E. J.
Il nous fait plaisir de constater en passant que des per.
sonnes aussi intelligente* qtie notre honorable correspon-
dant, prennent intérêt à la lecture dn Naturaliste ; beau-
coup d'autres pourraient l'imiter avec proiit, pensons-nous.
Pour ce qui est des fourmis, nous lui dirons que la sa-
veur que les bûcherons trouvent à celles qu'ils rencontrent
en hiver dans les arbres creux, tient plus de l'acide formi-
que, particulier à ces insectes, que du véritable miel. Quand
à la véritable fourmi mellifère, myrmecocyslus, elle ne se
rencontre pas dans notre province. Nous avons vu, nous
aussi, manger de nos fourmis avec avidité. Passant à So-
merset en novembre 1876, nous remarquâmes quelques en-
fants occupés à gratter dans les racines d'une vieille souche-
JNous nous rapprochons d'eux, et les trouvons ramassant
de fourmis sous l'écorce des racines et se disputant à qui eu
aurait la plus large part, pour les dévorer de suite. C'était
notre fourmi noire, Formica Pensijlvanica.
FAITS I>IVEE£S
CONSERVKZ vos NUMÉROS. — Il n'arrive encore que trop souvent
que des abonnés à des revues scientiûijues ne veillent pas avec assez do
soin à la conservation de leurs livraisons. Les servantes, sans y enten-
dre malice et inconscientes du crime doit elles se rendent coupables,
trouvant souvent, dans les pages de ces revues, des pa[)iers tout taillés
pour envelopper leur épices et leur réserves, ne se font pas scrupule
de les détacher; et lorsque après 2 ou 3 ans on veut réunir la série, on
remarque de? lacunes que souvent il est imi-ossible de remplir. C'est
à un accident de ce genre que nous devons la perie de notre volume IX,
qui manque de ses deux dernières livraisons. Nous allons les faire ré-
32 LE NATURALISTB CANADIEN
imprimer pour ne pas trop dépareiller la série du N^rikiraUxfp, mnissans
toutefois la compléter encore, car les 3 premiers volumes sont déjà
épuisés depuis longtemps. La série complète de nos 12 volmiies
ne se trouve jilus que chez quelques rares amateurs soigneux, et vaut
aujourd'hui le double de son prix d'abonnement. On a offert jusqu'à
$4 piastres pour le premier volume seul.
On offre en vente à Paris la série complète des Annales de hi So-
ciété Eutomologique de France au prix de 1,400 fiancs. Comme on
peut le voir, ceux qui n'ont pas eu le soin de conserver leurs numéros
Ont fait là une perte considérable.
PUBLICATION. — Sixth Report of the Montréal HorficuUnrnl So _
ciefi/ and Fruit Growers Association of the Province of Quehic, for
the 1/ear ISSO. Ce sixième Rapport l'emporte encore en intéiêt sur
tous ses devanciers. Il forme une superbe brochure in -8 de 1"20 pages,
et sans prendre la forme d'un traité sp'cialde culture jardinière, il ren-
ferme les topiques les plus préeieux sur la culture de toutes les plantes qui
peuvent être l'objet de l'horticulture, le tout traité au point de vue Je \:i
science. Il' s'y tiouve une revue de nos plantes indigènes les plus remar-
quables, par le Dr McConnell, du Bishop's College, qui ne manquera
pas d'intéresser vivement les débutants dans l'étude de la Botanique.
La même brochure contient aussi un rapport de la Société d'Hor-
ticulture de rislet, dont natre habile pépiniériste, M. Auguste Dupuis,
est l'âme dirigeante, ainsi que des rapports de la Fruit Growern Asso-
ciation o/ J/i's.s/sç'îfoi, et de celle d'Abbotsford. Cette dernière paraît
accorder une attention spéciale à la culture de la Vigne, mais malgré
tous les succès que l'on se plaît à prôner, nous confessons encore notre
incrédulité à se sujet, surtout pour les environs de Québec. Il nous
faudra des preuves encore plus convainquantes pour opérer notre con-
version.
LE CHF.VREUIL. — Les statistiques donnent le chiffre de 70 000
chevreuils tués dans une seule année dans l'Etat de Michigan, formant
à peu près 10,000,000 délivres de venaison. En continuant la des-
truction sur le même pied durant seulement cinq ans, on parviendra à
sa complète extinction. Là comme ici il faudrait que les lois de la
chasse fussent plus exactement observées, si on ne veut pas totalement
dépeupler les forêts en quelques années seulement.
LE
Vol. XIIÏ-2. CapRouge, Q., FÉVRIER 1882. No. 146.
Rédacteur: M. l'Abbe PROVANCHER,
FAUNE CANADIENNE
(^Continué de la page 15.)
Fam. XIV. POMPILIDES. Pompiltdœ.
Tête transversale, chaperon tronqué, arrondi ou fai-
blement sinué. Mandibules dentées.
Antennes le plus souvent à articles lâches, filiformes,
quelquefois épaissies, souvent contournées dans les fe-
melles.
Yeux grands, entiers, ovales-oblongs, latéraux ; trois
ocelles.
Thorax robuste, assez court ; le prothorax en carré,
ne formant point un cou, son bord postérieur arqué, quel-
fois anguleux ; le métathorax uni, sans lignes saillantes.
Ailes grandes, avec une cellu leradiale moyenne, 3 ou
4 cubitales, la 2e et la 3e chacune avec une nervure ré-
currente.
34 LE NATURALISTE CANADIEN
Pattes longues, les postérieures beaucoup plus que les
autres, les tarses tantôt munis d'épines ou de cils raides
allongés, et tantôt inermes.
Abdomen sessile, robuste, aussi long que le thorax et
la tête pris ensemble, atténué 'en pointe fine à son extré-
mité, le plus souvent légèrement comprimé, variable dans
sa forme, mais le plus communément ovale.
Ces insectes, de taille au moins moyenne, sont ordi-
nairement à couleur noire foncée, quelquefois avec taches
Tousses ou jaunes à l'abdomen. Ils ont les mêmes habi-
tudes que les Spht'^gides, avec cette différence toutefois
que les femelles au lieu de creuser leurs nids dans le sol, les
creusent dans le bois déterrioré, elles les approvisionnent
de même d'insectes, araignées, chenilles, etc., qu'elles pa-
ralysent de leur aiguillon. Ce sont des insectes très agiles,
et la piqûre des femelles est très douloureuse. Nous n'a-
vons encore rencontré que les 4 genres qui suivent ; il est
bien piobable cependant qu'il s'en trouve encore d'autres
dans notre province.
Pattes munies de cils épineux ;
Jambes postérieure* avec cils seulement 1. Pompilus.
Jambes postérieures en scie sur leur tranche ex-
terne 2. Prioonemis.
Pattes inermes, sans épines ni cils raides ;
Antennes atténuées à l'extrémité 3. Agenia.
Antennes épaisses, non atténuées à l'extrémité. 4. Ceropalls.
1. Gen. PoMPiLE. Pomfilus, Fabr.
Tête plus ou moins comprimée transversalement.
Prothorax généralement assez court, son bord postérieur
le plus souvent arqué, quelquefois anguleux. Antennes à
articles lâches, enroulées dans les femelles. Tarses anté-
rieurs des femelles plus ou moins ciliés d'épines, les 4
jambes postérieures plus ou moins épineuses, mais non
dentées en scie. Ailes avec une cellule radiale, 3 cubi-
tales et 3 discoïdales complètes, les cubitales 2 et 3 cha-
cune avec une nervure récurrente. Abdomen atténué en
pointe à l'extrémité, à efflorescence plus ou moins pro-
uoucée.
XIV. — POMPILIDES. 35
Insectes de bonne taille, le plus souvent complètement
noirs, à ailes plus ou moins enfumées et violacées, fort
agiles et assez difficiles à capturer.
15 espèces rencontrées, dont 3 nouvelles.
Abdomen noir, ou noir-bleuâtre, sans aucune tache ;
3e cellule cubitale non en triangle ni pédiculée ;
Chaperon brièvement échrancré à son bord
antérieur 1, SBthlopS
Chaperon arrondi ou largement échancré en avant;
Nervure séparant les cubitales 2 et 3 verticale ;
Prothorax nu ou à peu près ;
Chaperon marginé en avant 2. SCeleStUS.
Chaperon non marginé en avant 3. luCtUOSUS»
Prothorax couvert d'une forte pubescence
grisâtre 4. gdseUS, n. sp.
Nervure séparant les cubitales 2 et 3 plus ou moins
inclinée ;
2e cubitale en carré oblique ;
Bord postérieur du prothorax fortement
arqué 5. Fhiladelphîcus.
Bord postérieur du prothorax presque
droit 6. hyacinîhinus.
Bord postérieur du prothorax anguleux. 7. VirgîaiensiS.
2e et 3e cubitales fortement rètrécies sur la
radiale;
Bord postérieur du prothorax anguleux, 8. apicatUS, n. sp.
Bord postérieur du prothorax simplement
arqué 9. angustatus.
3e cellule cubitale en triangle sessile ou pédicule ;
3e cubitale en triangle sessile 10. mauruS.
3e cubitale en triangle pédicule ;
Face sans pubescence argentée. .,.. 11. tonebrOSllS.
Face à pubescence argentée 12. CylindriCUS.
Abdomen noirâtre avec bandes soyeuses-blan-
châtres 13. castaneus, «. sp.
Abdomen noir avec bandes ou taches jaunes 14. bigUttatUS.
Abdomen noir avec une large bande rousse 15. marginatUS.
1. Pompile nègre. Pompilus œthiops^ Cress. Froc.
Ent. Soc. Phil. V, p. 451.
9 — Long. .76 pce. Noir foncé avec poils noirs, l'abdomen plus
1^ LE NATURALISTE CANADIEN
OU moins bleuâtre. Chaperon profondément échancré au milieu. Pro-
thorax à bord postérieur arqué, métathoras arrondi, tronqué posté
rieurement. Ailes noires, à réflexion purpurine, la 2e cubitale en
carré oblique, la 3e rétrécie à la radiale. Abdomen robuste, convexe,
sessile, à réflexion bleuâtre. — PC.
Capturé à St-Hyacinthe. Bien remarquable par ses
ailes foncées à réflexion purpurine.
2. Pompile nuisible, Pompilus scelestus, Cress. Proc.
Ent. Soc. Phil, iv, p. 451, ?.
Ç — Long. .45 pce. Noir foncé, sans taches, avec efflorescence
bleuâtre. Chaperon légèrement convexe, marginé. Bord postérieur
du prothoras anguleux ; métathorax avec une ligne enfoncée au mi-
lieu. Ailes enfumées, à réflexion violacée, plus foncées à l'extrémité^
la cellule radiale large, la 2e cubitale recevant la 1ère récurrente près
de son extrémité, rétrécie à la radiale de même que la 3e. La ner-
vure de séparation entre elles, droite. Abdomen robuste, à efflores-
cence bleuâtre. — PC.
s
Capturé à St-Hyacinthe. Ailes moins foncées que dan
le précédent.
8. Pompile en-deuil, Pompilus luctuosus, Cress. Proc.
Ent. Soc. Phil, iv, p. p. 452, $.
$ — Long. .35 pce. Noir foncé, à efflorescence légèrement
bleuâtre. Chaperon légèrement échancré à son bord antérieur, non
marginé. Proihoras anguleux à son bord post'irieur. Ailes enfumées,
plus foncées à l'extrémité, la cellule radiale peu allongée, large, oblique
à son extrémité, la 2o cubitale un peu plus étroite supérieurement, la
nervure la séparant de la 3e droite ou très légèrement inclinée, celle-ci
fortement rétrécie à la radiale. Pattes peu épineuses. Abdomen
ovale oblong, à efflorescence légèrement bleuâtre.— PC.
Rapproché du scelestus, mais plus petit, plus brillant,
les ailes plus pâles, et les pattes moins épineuses.
4. Pompile grisâtre. Pompilus griseus, no y. sp.
Ç — Long. .23 pce. Noir, avec une pubescence grisâtre très re-
marquable sur le prothorax et la face. Chaperon coupé presque carré
en avant. Antennes fortes, tiliforraes, droites ; le vertex avec poils
noirs. Prothorax couvert d'une longue pubescence dense et grisâtre,
Bon bord postérieur concave sans être anguleux. Métathorax avec une
courte pubescence argentée, plus apparente sur les côtés. Ailes sub-
hyalincs, avec l'extrémité obscurcie, la 3e cellulQ cubitale eu carra
XIV. — POMPILIDES. Éi
presque régulier, peu rétrëcie vers la radiale. Pattes sans aocune
tache, médiocrement épineuses. Abdomen sessile, court, ovoïde,
convexe, le 1er segment avec poils grisâtres mais peu denses.
Capturé à Chicontimi ; voisin de Vargentevs, Cress.,
mais s'en distinguant surtout par la longue pubescence de
de son prothorax et la forme de sa 3e cellule cubitale.
5. Pompile de-Philadelphie. PompUus Philadelphi'
eus, Cress. Trans. Am. Ent. Soc. i, p. 87, Ç cf.
$ — Long. .58 pce. D'un noir velouté sans tacbe, avec reflets
bleuâtres. Chaperon obtusément échancré. Bord postérieur du pro-
thorax anguleux ; métathcrax arrondi, avec une ligne médiane enfon-
cée. Ailes d'un beau violet brun, l'extrémité plus foncée, la cellule
radiale longue, lancéolée, son extrémité oblique, aiguë, la 2e cellule
cubitale grande, en carré oblique, la 3e rétréeie à la radiale. Abdo-
men ovale-oblong, avec efflorescence bleuâtre surtout à la base des
segments. — PC.
Bien distinct du précédent par les cellules de ses
ailes.
6. Pompile hyacinthe. PompUus hyacinthinus, Cress.
Trans. Am. Ent. Soc. i, p. 90, ?.
$ — Long. .38 pce. Bleu noirâtre, à réflexions purpurines sous
un certain jour. Chaperon tronqué en avant. Tête fortement com-
primée. Antennes courtes, soyeuses. Prothorax à bord postérieur
faiblement échancré. Ailes enfumées, à réflexion violette, la cellule
radiale sublancéolée, large et un peu courte, la 2e cubitale en carré
oblique, la 3e plus longue, fortement rétréeie sur la radiale. Tarses
antérieurs fortement ciliés. Abdomen ovale-oblong, convexe, sessile,
à efflorescence bleue fortement prononcée, avec réflexion purpurine
sous un certain jour. — C.
7. Pomipile de- Virginie. PompUus Virginiensis, Cress.
Trans. Am. Ent. Soc. i. p. 92, c?
c? — Long. .28 pce. Noir avec une fine pubescence brillante, ar-
gentée, plus apparente sur la face et le métathorax. Chaperon à bord
antérieur subtronqué ou légèrement arqué. Bord postérieur du pro-
thorax anguleux. Antennes fortes, noires ; la face soyeuse-argentée,
de même que le métathorax. Ailes subhyalines, iridescontes, le sommet
traversé par une bande plus obscure ; la cellule radiale longue et lan-
céolée, la 2e cubitale en carré oblique, la 3e plus petite, subtriangulaire,
très rétréeie à la radiale. Pattes peu épineuses, lea hanches
38 LB NATURALISTE CANADIEN
soyeuses-argentées. Abdomen allongé, subcylindrique, rétréci à la
base, les segments basilaires à pubescence argentée plus ou moins
apparente. — R.
Sa forme grêle et allongée le rapproche beaucoup du
cylindricus, mais il s'en distiiig*ue surtout par la forme de
ses cellules radiale et cubitales et par sa pubescence ar-
gentée,
8. Pompile à-eeintures-apicales. Pompihis apicaius,
nov. sp.
Ç — Long. .34 pce. D'un noir velouté. Le chaperon court et
tronqué en avant. Prothorax à bord postérieur anguleux, le niéta-
thorax court, arrondi, avec une ligne médiane enfoncée. Ailes légère-
ment enfumées, plus fortement à l'extrémité, la cellule radiale courte
et large, la 2e cubitale rétrécie des 2 côtés supérieurement, la 3e ré-
trécie à la radiale par la courbe de sa nervure extérieure. Abdomen
ovale-oblong, assez robuste, convexe, sessile, peu eflflore¢, noir avec
les segments marginés au sommet de roux-obscur, plus apparent sur le
2e, ceux de l'extrémité légèrement villeux. — R.
Capturé à St-Hyacinthe. Rapproché du hi/acinfhinus,
mais à abdomen plus allongé, et s'en distinguant surtout
par les marges roussâtres de ses segments abdominaux.
9. Pompile resserré. Pompilus angustatiis, Cress.
Proc. Eut. Soc. Phil. lY, p. 452, d>$ .
Ç — Long. .35 pce. Forme allongée et étroite, noir foncé avec
réflexion bleuâtre ou purpurine sous certain jour. Chaperon à bord
antérieur largement arrondi Bord postérieur du prothorax arqué-
le métathorax obtusément arrondi avec une ligne enfoncée au milieu.
Ailes fuligineuses, plus foncées à l'extrémité, la cellule radiale courte
et large, en pointe à l'extrémité, les cubitales 2 et 3 rétrécies supé-
rieurement, la nervure les divisant un peu courbée vers la base do
l'aile. Pattes faiblement épineuses. Abdomen étroit, allongé, sessile,
à reflets purpurins. — C.
Bien distinct des précédents par sa forme plus étroite
et plus allongée.
10. Pompile maure. Pompilus maurus, Cress. Trans.
Am. Ent. Soc. i, p, 88, $c?.
Ç —Long. .45 pce. D'un noir foncé opaque, avec réflexion pur-
purine. Chaperon petit, son bord antérieur arqué. Prothorax proé-
minent, convexe, sou bord postérieur anguleux. Ailes foncées, plus
XIV — POMPILIDKS. 39
fortement encore à l'extréuiitô, à réflexion violacée, la cellule radiale
courte, subtriangulaire, un peu étroite, la 2e cubitale en carré oblique,
bien plus largo que la 8e, celle-ci rétrécie en un point à la radiale.
Pattes d'un noir velouté, à épines peu nombreuses. Abdomen robuste,
ovaleoblonir, convexe, plus au moins comprimé à l'extrémité. — PC.
11. Pompile ténélDreux. Pompilus tenebrosus, Cress,
Proc. Elit. Soc. Phil, iv, p. 453, ç.
Ç — Long, .43 pce. D'un noir foncé, à réflexions purpurines sous
un certain jour. Le chuperon tronqué en avant ; la face noire, sans
pubescence. Le prothorax à bord postérieur arqué ; le métathorax
opaque, arrondi. Ailes fortement enfumées, avec l'extrémité encore
plus foncée, à réflexion violette, la cellule radiale courte, assez large,
aiguë au sommet, la 2e cubitale la plus grande, oblique, rétrécie à la
radiale, la 3e pédiculée. Pattes soyeuses, fortement épineuses. Ab-
domen convexe, brillant, se&sile. — C.
Sa 3e cellule cubitale pédiculée le distingue de tous
les précédents, et le luanque de pubescence argentée, du
suivant.
12. Pompile cylindrique. Pompilus ci/tindricus, Cress,
Trans. Am. Eut. Soc. i, p. 92, c^.
(^ — Long. .30 pce. Noir avec une pubescence argentée particu.
lièrement apparente sur la face, le métathorax et le dessus des hanches.
Forme grêle, étroite, allongée. Chaperon avec le bord antérieur sub-
tronqué. Le bord postérieur du prothorax sub-anguleux ; métathorax
cylindrique, avec une ligne enfoncée médiane plus ou moins apparente.
Ailes étroites, hyalines, avec une large bande brune au sommet, la
cellule radiale courte, subtriangulaire, la 2e cubitale plus grande, ré-
trécie à la radiale, la 3e pédiculée. Abdomen allongé, cylindrique,
sans tache, quelque peu déprimé, obscurément soyeux. — PC.
Capturé à St-Hacinthe ; a toute l'apparence de Van-
gustaius, mais s en distingue surtout par la nervation de
ses ailes.
13. Pompile châtain. Pompilus castaneus, uov. sp.
(^ — Long. .25 pce. D'un noir velouté marron avec un duvet
argenté particulièrement abondant sur la face, le métathorax, les
hanches et l'abdomen. Chaperon tronqué antérieurement. Antennes
noires, courtes, fortes, opaques. Tête fortement comprimée. Thorax
gibbeux, le prothorax allongé, échancré postérieurement, noir avec une
bande pubesceate-argeatée à sou bord antérieur ; le métathorax ar-
40 LE NATURALISTE CANADIEN
genté, brillant. Ailes médiocrement enfumées, l'extrémité plus fon-
cée, cellule radiale courte et large, la 2e cubitale plus grande, en
oarré un peu rétréci au sommet, la 3e plus petite, fortement rétrécie
à la radiale. Pattes à pubescence cendrée, plus brillante sur les
hanches ; le dedans des cuisses avec les tarses, noir ; les jambes anté-
rieures sans épines, les 4 autres fortement épineuses. Abdomen al-
longé, cylindrique, les segments 1 et 2 argentés, n'ayant qu'une bande
veloutée marron au sommet, les autres veloutés marrons avec une
bande noire plus ou moins étroite à la base. — R,
Capturé à St-Hyacinth.e ; très rapproché de Vunieus,
Cress., mais s'en distinguant surtout par le brun marron
de son abdomen.
14. Pompile à-2-taehes. Pompilus biguitaius. Fabr. ;
P'5-notatus, Say. Trans. Am. Ent. Soc. i, p. 96, $ d".
Ç — Long. .50 pce. Noir, la tête avec des lignes orbitales blanches
(manquant quelquefois) interrompues en dessus. Chaperon à bord
antérieur arrondi et relevé. Le bord postérieur du prothorax arqué,
quelquefois marginé de blanc ; métathorax court, tronqué postérieure-
ment. Ailes plus ou moins enfumées, avec une bande plus foncée à
l'extrémité, la 3e cubitale presque carrée, plus petite que la 2e qui est
rétrécie fortement à la radiale. Pattes noires avec une pubescence
grisâtre, les jambes postérieures avec une tache blanche en dehors,
près de la base. Abdomen robuste, convexe, subsessiie, noir, avec une
tache blanche de chaque côté sur les segments 2 et 3, ces taohes plus
ou moins allongées transversalement, l'extrémité plus ou moins
poilue. — G.
çJ^ — Plus petit, plus grêle, plus soyeux, à antennes fortes et sub-
crénelées en dessous. Le prothorax souvent marginé de blanc posté-
rieurement. L'abdomen souvent avec une seule ligne blanche inter-
rompue au milieu, à la base des segments 2 et 3.
Cette espèce est très variable dans sa coloration, por-
tant quelquefois des taches blanches sur l'écusson, les
écailles alaires, le prothorax, les jambes et l'abdomen, et
d'autrefois en étant presque entièrement dépourvue.
15. Pompile marginé. Pompilus marginaius, Say.
Trans. Am. Ent. Soc. i, p. 98, $ d,
Ç — Long. .35 pce. Noir avec une bande rousse cDuvrant en plus
ou moins grande partie les segments 1 et 2 de l'abdomen. Chaperon
à bord antérieur arrondi. Prothorax à bord postérieur subangulcux;
métathorax tronqué brusquement en arrière. Ail«s uniformémen
XIV. — P0MPILIDE8. 41
enfumées, la 2e cellule cubitale oblique, fortement rdtrécie à la ra-
diale, la 3c pétiolée. Abdomen robuste, convexe, noir avec la tache
rousse à la base plus ou moins développée, tantôt couvrant entière,
ment l'un des segments 1 et 2, et tantôt se distribuant sur les deux en
plus ou moins grande partie. — AC.
Espèce bien reconnaissable par la tache rousse de son
abdomen.
2. Gen. Priocnème. Priocnemis, Cress,
Ce sont des Pompiles avec ce caractère particulier que
la tranche extérieure de leurs 4 jambes postérieures est
dentée en scie et que les an'.érieures sont dépourvues d'é-
pines. Leur cellule radiale est aussi quelquefois arrondie
à son extrémité. Les différences spécifiques sont d'ordi-
naire mieux caractérisées que chez les Pompiles. L'ab-
domen des Priocnèmes est aussi, le plus souvent, plus
brillant, étant dépourvu de cette efflorescence si appa-
rente chez certains Pompiles.
Trois espèces rencontrées.
Noir sans aucune tache ;
Ailes non fasciées de bandes brunes 1. COniCUS.
Ailes traversées vers le milieu par une large bande
brune 2. germanus.
Noir avec l'abdomen plue ou moins roux 3. alien&tus.
1. Priocnème conique. Priocnemis conicus, Say. Trans.
Am. Eut. Soc. i, p. 115, ç cf.
Ç — Long. .48 pce. Noir opaque à l'exception de l'abdomen qui
est poli et brillant. Chaperon subéchancré à son bord antérieur. Le
bord postérieur du prothorax anguleux, le métathorax arrondi. Ailes
légèrement fuligineuses, les cellules cubitales 2 et 3 avec la 3e disco-
ïdale portant chacune une tache plus foncée, la 1ère cubitale avec une
strie hyaline oblique au dessous du stigina ; la cellule radiale allongée,
en pointe à l'extrémité, la 2e cubitale arrondie au sommet et fortement
allongée en pointe à sa base du côté de la base de l'ailo, la 3e plus
large, presque en carré, légèrement rétrécie à la radiale et aussi allon-
gée en pointe à sa base par la nervure de séparation qui se courbe du
côté de la base de l'aile. Pattes soyeuses-grisâtres, les 4 jambes pos-
térieures dentées en scie. Abdoajcn en ovale, rétréci à la base, poli,
brillant, poilu au sommet. — C.
42 LE NATURALISTE CANADIEN
(^ — Plus grêle, plus soyeux, avec le ailes plus claires.
2. Priocnème cousin. Priocnemis germanus, !Say,
Trans. Eut. Soc. i, 116.
Ç — Lorifj. .24 pee. Noir, soyeux-grisâtre excepté sur l'abdo-
men qui est poli et brillant. Face courte et large, le chaperon sub-
tronqué à son bord antcl^rieur. Thorax allongé, peu robuste, le pro-
thorax avec son bord postérieur anguleux, le métathorax long, arrondi.
Ailes subhy;ilines, avec la première série de nervures transverses
ombragée, et une grande bunde obscure vis-à-vis la radiale, cette bande
suivie d'une tache hyaline bien apparente dans la 4e cubitale; les
cubitales 2 et 3 avec la 3e discoïdale portant encore ch;icune une
tache plus foncée. Radiale allongée, lancéolée, la 2e cubitale pro-
ionsiéc en pointe vers son milieu du côté de la base de l'aile, la 3e plus
grande, aussi prolongée en pointe à sa base vers la base de l'aile.
Pattes soyeuses, presque entièrement dépourvue d'épines, les anté-
rieures avec les jîimbes et les tarses roussdtres, les jambes postérieures
dentées en scie. Abdomen poli, brillant, très convexe, sub-globuleux
avec son extrémité en pointe. — PC.
3 Priocnème troublé. Priocnemis a/ienatus, Smith,
Brit. Mus. Cat. iii, 159. Pompilus fascipennis. Say, i, 224.
$ — Long. .32 pce. Noir avec pubescence soyeuse-cendrée plus
apparente sur la face et le métathorax, l'abdomen plus ou moins roux.
Chaperon à bord antérieur poli, tronqué. Bord postérieur du protho-
rax subanguleux, métathorax court, arrondi, les côtés à pubescence-
brillante. Ailes hyalines, avec 4 cellules cubitales, traversées par 2
bandes brunes, l'une à la première série de nervures transverses et
l'autre vis-à-vis la radiale, celle-ci longue et aiguë au sommet, la 2o
cubitale en carré oblique, la 3e fortement rétrécie à la radiale. Pattes
noires, les 4 jambes antérieures avec leurs tarses plus ou moins rouges,
leurs extrémités noires, les cuisses postérieures de même rousses au
milieu, noires aux extrémités, leurs jambes fortement dentées en scie,
les hanches soyeuses-blanchâtres. Abdomen en ovale, poli, fortement
convexe, rouge avec les 3 ou 4 segments terminaux noirs. — C.
Espèce bien distincte par sa coloration.
3. G-en. Agénie. Agenia, Cresson.
Ce genre distrait aussi des Pompiles s'en distingue
surtout par ses pattes qui sont destituées d'épines et de
cils raides, ces pattes sont ordinairement aussi plus grêles
et plus longues. Les ailes ont très souvent 4 cellules eu-
XIV. — P0MPILIDE8. 43
bitales parfaites. Les antennes sont enroulées dans les ç,
ce qui les distingue des Céropalos chez lesquelles les an-
tennes fortes ne sont jamais enroulées. De même que chez
les précédents, les ailes sont souvent plus ou moins tachées.
Cinq espèces rencontrées, dont une nouvelle.
Ailes hyalines, traversées par 2 bandes obscures. 1, pulchripennis.
Ailes sans bandes obscures;
Face blanche ^ 2. mellipes.
Face noire cf ;
Abdomon subsessile ;
Thorax noir 3. perfecta,". sp.
Thorax blea 4. architectus.
Abdomen distinctement pétiol6 5. petiolata.
1. Agénie pulchripenne. Jig-enia pulchripennis, (Jress.
Trans. Am. Ent. Soc. i, p. 123, $d*.
Ç — Long. .25 pce. Noire, brillante; lo chaperon très légère-
ment échancré. Le prothorax court, son bord postérieur arqué, sub-
anguleux ; le prothorax arrondi avec une ligne médiane enfoncée
bien distincte, soyeux-blanchâtre, surtout au sommet. Ailes étroites,
hyalines, traversées de 2 bandes obscures, la 1ère à la série basilaire
des nervures transverses, la 2o couvrant la cellule radiale excepté à
l'extrémité, les cubitales 2 et 3 ainsi que la plus grande partie de la
2e discuidale ; la radiale allongée, aiguë au sommet, les cubitales 2 et
3 en carrés obliques, la 3e beaucoup plus large à la base. Pattes
noires, soyeuses, sans épines. Abdomen en ovale, court, robuste,
convexe, brillant, noir, le dernier segment avec une tache blant-he en
dessus. — AC.
Espèce bien distincte par la coloration de ses ailes.
2. Agénie pieds-jaunes. JJgeiiia mellipes, Say. Trans.
Am. Ent. Soc. i, 128.
(^ — Long. .35 pce. Noir avec une pubescence soyeuse-blanchâtre.
La face au dessous des antennes, excepté une bande noire médiane se
prolongeant jusque sur le chaperon, le scape des antennes en dessous
avec le dernier segment abdominal en dessus, blunc. Chuperon tron-
qué à son bord antérieur, les mandibules rous'âtres. Antennes lon-
gues, filiformes, noires. Prothorax court, à bord postérieur arqué, le
métathorax arrondi, soyeux-blanchâtre. Ailes longues, parfaitement
hyalines, sans bande brune à l'extrémité, la cellule radiale grande,
lancéolée, à pointe aiguë, les cubitales 2 & 3 rétrécies toutes deux à la
radiale, la 3e plus grande que la 2e, la 4e incomplète. Pattes inermes,
44 LE NATURALISTE CANADIEN
d'un brun fauve, surtout les antérieures, les postérieures noires. Ab-
domen fusiforme, subpédiculé, noir avec une taolie blanche sur le
segment terminal — R,
Rapprochée de la pulchrinus, Cress, mais s^en distin-
guant surtout par ses ailes parfaitement hyalines. Cap-
turée à St-Hyacinthe,
3. Agé nie parfaite. Agenia perfecta, nov. sp.
(f — Lon^. .24 pee. Noire, soyeuse, de forme grêle ; les mandi-
bules, les écailles alaires, les pattes, avec la base de l'abdomen en des-
sous, d'un brun roussâtre plus ou moins clair. Chaperon court, tron-
qué en avant. Antennes longues, filiformes, noires. Thorax dépri-
mé, allongé, à pubescence soyeuse-blanchâtre, le prothorax arqué à
son bord postérieur, le métathorax peu convexe. Ailes hyalines avec
l'extrémité légèrement fuligineuse, la cellule radiale lancéolée, à
pointe aiguë, la 2e cubitale en carré oblique, la Seiétrécieà la ra-
diale, la 4e parfaite. Pattes d'un roux obscur, les cuisses postérieures
avec l'extrémité et une ligne en dessus, noir. Abdomen fusiforme,
subpédiculé, d'un roux obscur à la base, noir à l'extrémité, sans tache
blanche à son dernier segment— -E..
Bien distincte de la précédente par sa plus faible
taille, sa face noire etc.
4. Agénie architecte. Agenia architectus, Say, Trans.
Am. Ent. Soc. i, 116.
$ — Long. .30 pce. Noire, le thorax d'un beau bleu plus ou
moins prononcé. La tête et les antennes, noir, le chaperon étroite-
mont marginé, faiblement arrondi. Thorax à reflets d'un beau bleu,
finement ponctué, le prothorax faiblement arqué, le métathorax fine-
ment aciculé transversalement, avec une faible pubescence blanchâtre.
Ailes très faiblement obscurcies. Pattes entièrement noires: Abdo-
men noir, poli, brillant, avec poils jaunâtres à l'extrémité.
Un seul spécimen capturé à Chicoutimi.
5. Agénie pétiolée. Agenia petiolata, Cress. Trans.
Am.. Ent. Soc. i, 127.
d^ — Long. .22 pee. Petite, grêle, noire, densément couverte d'une
pubescence blanchâtre, plus af parente sur la face, le métathorax et
les hanches. Chaperon tronqué en avant. Mandibules rougeâtres au
sommet. Antennes fortes, modérément longues. Ailes hyalines, légè-
rement obscurcie? à l'extrémité; la cellule radiale oblique à l'extré-
mité, la seconde cubitale recevant la 1ère récurrente avant sou milieu,
XIV, — POMPILIDES. 45
la 3e presque en carré, légèrement rétrécie à la radiale. L'extrémité
des cuisses antoiieures, leurs jambes et la base de leurs tarses, testacé ;
les éperons des jambes noirs. Abdomen allongé, très grêle, foitemcnt
pétiole, les segments terminaux tachés do blanc.
Bien distincte par son abdomen pétiole.
4. G-en. Céropale. Cer opales, Latr.
Tête transversale, plus large que le thorax, souvent
comprimée. Antennes épaisses, non contournées ; labre sail-
lant. Thorax gibbeux ; écusson saillant ; métathorax incli-
né. Ailes avec une cellule radiale longue, lancéolée, 4 cu-
bitales, les 2e et Se recevant chacune une nervure récur-
rente. Pattes longues, particulièrement les postérieures,
sans épines. Abdomen ovale, convexe, subsessile.
Le manque d'épines aux pattes de ces insectes les
rapprochent des Agénies, mais leurs antennes peuvent
toujours les faire distinguer. Une seule espèce rencontrée.
Céropale sœur. Ceropales fraierna, Smith ; Trans.
Am. Ent. Soc. i, p. 140, ? cf.
9 — Long. .32 pce. Noire; les orbites interrompus sur le vertex,
les antérieurs se dessinant en 2 larges bandes descendant jusque sur
le labre, le scape des antennes en dessous, le bord postérieur du pro-
thorax, une tache sur chacun des angles antérieurs, une ligne sur le
post écusson, une tache sur les angles postérieurs du métathorax en
forme de virgule, une tache sur les flancs, une ligne sur les 4 hanches
antérieures en dessous, et en dessus sur les postérieures avec une
bande sur chacun des segments abdominaux, blanc. Antennes fortes,
à articles courts, dressées, un peu plus minces à la base, noires. Thorax
opaque, à ponctuations nombreuses et profondes, la ligne blanche du
post écusson avec un petit sillon au milieu. Ailes hyalines, le stigma
jaune ; la 2ù cubitale en carré, la 3e plus longue, mais fortement ré-
trécie vers la radiale. Pattes roussdtres, les cuisses plus ou moins
noires. Abdomen ovale, avec une bande transversale blanche sur les
4 premiers segments, et une tache couvrant plus ou moins les segments
5 et 6 ; ventre sans taches. — AC.
Espèce très variable dans la forme et la disposition de
ses taches, de même que dans sa taille.
46 LE NATURALISTE CANADIEN
Fam. XV. BEMBÉCIDES. Bembecidœ.
Tête transversale, très comprimée. Yeux grands, par-
venant jusqu'au bord postérieur de la tête. Labre entiè-
rement découvert et souvent fort allongé.
Mandibules presque sans dents ou en ayant trois au
côté interne, se croisant l'une sur l'autre au dessous du
labre.
Antennes peu allongées, s'épaississant un peu vers
l'extrémité, le premier article allongé.
Prothorax ne formant qu'un rebord linéaire et trans-
versal, n'atteignant pas l'insertion des ailes.
Pattes ordinaires, les postérieures épineuses.
Ailes avec une cellule radiale plus ou moins arrondie
à son extrémité, 3 cubitales dont la 1ère fort longue, la 2e
la plus petite et recevant les 2 nervures récurrentes, la 3e
fermée et n'atteignant pas l'extrémité de l'aile.
Abdomen fort, robuste, subsessile, terminé par des
épines dans certains genres.
Cette famille n'est représentée dans notre Province
que par le genre qui suit, dont on a capturé un individu à
St-Hyacinthe.
G-en. MoNÉDULE. Monedula, Latr.
Labre en triangle allongé. xMâchoires et labre formant
par leur prolongement une promuscide. Ailes avec la cellule
radiale arrondie à l'extrémité et s'écartant faiblement de
la côte, la 2e cubitale rétrécie ver-s la radiale et recevant
les 2 nervures récurrentes, la 3e cubitale grande, oblique,
rétrécie vers la radiale et prolongée extérieurement, pédi-
cellée sur la 3e discoidale. Jambes et tarses médiocrement,
épineux. Thorax court, robuste; écusson large; méta-
thorax dilaté sur les côtés postérieurement. Abdomen
sessile, terminé par 3 épines dans les c?.
Une seule espèce capturée à ISt-Hyacinthe.
Monédule ventrale. Monedula ventralis, Say, Say's
Ent. i, p. 227, cf.
XVI. — LARRIDES. 47
Ç — Long. .50 pee. Noire; les orbites antérieur', le premier
premier article des antennes excepté une ligne noire en dessus, une
grande tache sur le chaperon, le bord supérieur du prothorax avec les
tubercules calleux, une ligne courbe à l'extrémité de l'écusson, un
gros point de chique côté à sa base, les angles carénés de la face pos-
térieure du métathorax, les pattes avec des bandes sur les segments
abdominaux, jaune. Tout le corps finement ponctué. Ailes plus ou
moins enfumées au milieu, surtout près de la côte. Patte jaune?, les
hanches, les cuisses excepté à l'extrémité, avec une ligne en dehors des
4 jambes postérieures, noir. Abdomen avec une bande j lune inter-
rompue au milieu sur les 5 premiers segments, celle du 1er plus large-
ment interrompue que les autres. Les segments ventraux excepté le
1er avec une tache jaune triangulaire de chaque côté.
c^ — Avec tout le chaperon noir, sans aucune tache ; les ailes
totalement hyalines, l'abdomen avec 6 bandes jaunes, tt terminé par
3 épines.
Une Ç capturée à St-Hyacinthe.
Les Bembex qui se distinguent des Monédules par
leur métathorax sans dilatation aux angles postérieurs,
pourraient aussi peut-être se rencontrer en notre Province.
Tam. XVI. LARRIDES. Larridœ.
Tète transversale ; labre totalement caché on très peu
saillant ; mandibules sans dents au côté interne ou avec
une seulement.
Yeux grands, ovales, n'atteignant pas <out-à-fait le
bord postérieur de la tête, rapprochés sur le vertex, et sou-
vent contigus|;dans les cT.
Antennes filiformes, leur premier article obconique,
insérées au dessous du milieu de la face, près de la base
du chaperon qui est lui-même très court et large.
Ocelles en triangle equilateral ou allongé.
Thorax assez robuste, le prothorax court, non toutefois
un simple rebord comme chez les Bembex, en forme de
nœud, moins haut que le mésothorax, ses côtés ne se pro-
longeant point en arrière jusqu'aux ailes.
Ailes^avec une cellule radiale assez courte, le plus
souvent appendiculée ; 3 cubitales fermées, la 2e fort ré-
48 LE NATURALISTE CANADIEN
trécie vers la radiale et recevant les 2 nervures récurrentes,
3 discoïdales complètes.
Pattes moyennes, les tarses antérieurs avec les jambes
postérieures, ciliés-épineux.
Abdomen sessile, ovoïde-conique.
Les épines des jambes et des tarses de ces insectes in-
diquent de suite que ce sont aussi des fouisseurs, et plutôt
dans le sol que dans le bois mort, d'après la disposition de
leurs tarses antérieurs. Nous n'avons encore rencontré
que des représentants des 3 genres qui suivent.
Bord extérieur des mandibules à peine échancré; 1ère
cellule cubitale incomplètement divisée par une
nervure ; yeux des c^ contigus sur 1© vertex.... 1. Astata.
Bord extérieur des mandibules avec une forte échanerure près de la
base ;
Trois ocelles distincts. 2. Lyroda.
Les 2 ocelles postérieurs obsolètes ; cellule radiale
tronquée 3. Larra.
1. Gen. AsTATE. Astata, Latr.
Antennes filiformes, assez longues, le 1er article ob-
conique. Mandibules sans dent au côté interne. Ocelles
en triangle equilateral, l'antérieur plus gros. Ailes avec la
cellule radiale tronquée au bout et portant un appendice
non terminé, la 2e cubitale recevant les 2 nervures récur-
rentes, la 3e grande, en carré oblique. Pattes ciliées-épi-
neuses. Abdomen court, ovoïde-conique.
Une seule espèce rencontrée.
Astate unioolore. Astata unicolor, Say, i, 228.
$ — Long. .30 pce. Entièrement noire, avec de longs poils blancs
particulièrement abondants sur la face, le derrière de la tête et les
flancs. Thorax avec des points clair-semés, le mésothorax avec une
ligne enfoncée de chaque côté, l'écusson poli, brillant, avec l'appa-
rence d'un petit sillon au milieu ; le métathorax rugueux chagriné.
Pattes noire?, les jaiiibes fortetiient épineuses, les postérieures avec une
ligne pubescente blanche sur leur face interne. Ailes hyalines, leur
moitié apicale plus ou moins obscure. Abdomen poli, brillant, sans
aucune tache. — PC,
XVI — LAÎlRtDES. 49
çf — S^mlïLt'blc à la ?, m:\h avec ics y3ux conU3;ss siîr îe vertes
<t les :int:jnncs plus longues.
Capturé-c au Cap Roiigc et à St-Hyaciiîth-o.
2. Geii, LyroiîE, Lyrodn, Sny.
Tête transversale; you^: entiers, rapproch's sur 1<5
Tcrtex ; S octales de même grosseur, en triangle equila-
teral. Mantlibuies avec uite écli;nicrur(î A l'extérieur, près
■do îa base. Antennes raoyoune-?, à artiales obcoaiques.
Frolîiorax transversal, un peu allongé en cou. Ailes avec
une cellule radii^ie courte, troiîquée à l'extrémité et por-
tant un ai">pendi'ce se reioruîaut sur \\ côte ; «3 cubitales
fermées, dont la 2e reçoit Ivs 2 nervures récurrentes, la 33
oblique, courbée en d 'iiii lune. Abdomen sessile, quoique
attéîîué à sa base, jirabes et tarses ciliés-épineux-
La position et la forme des ocelles distinguent surtout
ces insectes des 2 autr<}s genres,
1. Lyrode trilobée. Lyroda triloba^ Say, Lyrops tri"
(loba, Say, îSay's Eut. ii, [). 755.
9 — Long, ,40, Noire, s;ms ImcIicp, maïs portant nn duvet soyons
qui devient at-^CHté en ccrtaitu's partio?, L:i face, rcxtréiuité du
îuctatkorus:, j<vcc ht Hrirjçc ajic:tIo des 3 iirciuicrs pcgucuts <ij l'abij"
îucn, 4 duvet arçcnté, ProîkoMK ù bsri jOàti.'rteiii" écliincrij de
"CIi^uiuG coté du «lilicu, faisant de ce iniijcu avec les angles latéraux 3
foiiites luoHSses bien appiirciitcs, Mitiihorax à côtés p:traUèlcs, por-
t»nt nu îiiiliou une petite carène à laq icllu se rattachent des stries
obliques siiiiuUrat uhc plume, sa tacJ po.stéiîcurc prc-fi[iic civr-ie et à
duvet arpenté; uîésotkoras avec un silloit au mi ieu eu av.mt. Ailes
îiyalinc?, légèreuicut cnruujces à l'cstrémlté, leurs écailles voussâtrcs.
Abdouieu sufe^cssilc, ovoï le-couifjic, les 3 prentiers soguioiîts avec la
marge apicalc argentée, les derniers à duvet doré. — U,
2. Lyrode prompte. Lyroda aubiln. Say, ii, p. 755.
$ — Notre; la tête cr avant avec nue réflexion argentée peu ap-
parente; le collier avec un a«glc soulevé au milieu; ailes obscuicies à
l'estivuiitt', les 2 nervures rtcuncntes distantes ù leur entrée duos la
2c cellule cubitale, la 3c cubitale fiiblcuient rétrécie supérieureiueut ;
n.ctatlîoraK fineujent ckagriné sur le disque de uicajc (juc sur les
côtes i le bord pO;Âtéiiour des scgiueuts abdominaux à réflexion ui-gcaté^.
50 lÈ NATUnALISTE CANADIEN
Montic'nl fConpor). Nous trndnisoiis la description de
Srty, n'eu possédant pas de specimen.
8 Gen. Larhe. Lana, Latr.
Tête trnnsveTsnI(\ Yerx srands. entiers, mppTochT's
snr le vertex. 7\ ntennes nuiycmies, lililoimi's, le premier
article ()bconi(|ne. Oce'les en tiiangle alloniié, l'antérieur
}>lus gros, ('tant distant des 2 antris. cenx-ci rapj^rochés
l'un do l'antre et pou distiiict<. Ailes avec nnc radiale
étroite, tronquée à l'extrûxiité, (M j orfant nn njNperdice tic5
petit, jermé en ])()inte sur la côte, ;> cubitales fermées dont
la 2e grat de r<'ço!l le«; 2 nervnres récnri'entes, la 3e étroite,
posée ol>'i(jUiin Mit en demi ce;cle. Les tartres aiitéiienrs
aV(>c les 4 jambes postériee.res lorlement niliés-épivienx,
Abdrmen sessile^ ovcide-conicj ne. Manilibules ])ortant une
dent sur leur tranche ini'érienre.
Ces insectes (pii ont tonte l'apparence extérieure des
Asiates, ont aussi les mêmes habiuule,-.
1. Larre-de-Québ3c. harm Qricbecensi:;, nov. sp.
? — JiOiiL"". .40 pcc. Noiio :iv c l:i Lm.'^c de l';ibi].m!Cii lOMiro; la
f.ico, le>! fliîic", lis |(;iiÎL!.«, nVfC ni> dur. \ court, nr^cnté, plu? on ûinins
app:iiciit. OcL'Tc ;ui!c'i ievir :m b:is l'une })l.tr|Uî pioéinirtente, cor-
difoinie, piliomiéo lnntiitiKl}n;i!cii>cnt »li»s «on a)ilicii. B iid posté-
rieur (lu protlior.ix ;irnH) li, sans udi^'cs ni i'fli:iiicniic.-. Tout le thoriix
finement ponct lé, o; aquc, ri5e!JSi-on bii.l.iHt. Ailes uu.f niiiéimiit
fuligineuse.", subliy.iHiieS; les nervarcs riuires. P.ittes noites, soyousc,".
l'cxtrénvité des tai&js rous.sltro, les cui-.ses fortes, renflées. Abdomen
sessile, conique, poli, brillant, noir, avec la b.ise d'un rouge sanguin^
le rouire ne coin prenant <}uel(]Ucfois que le premier segiivent, et d'autre-
fois couvrant aussi tojt le 2iJ avec partie d'i ;>:•, Ic.-J segiueut-i 2 et 3
avec une lunule de duvet argcatc sur les côté.-- j les segments lerini,
niiux noirs. — C.
çf — Avec Ict tar.^es voHS>iitres, lo premier scg iient obJotisinr)! est
cscavé comme jour recevoir le métathor.ix, pour tout le reste seru-
blubleàla ?.
llapproché du fulvivcntris, Gress., mais en diflérant
par lu coloration de ses ailes, sa bien pins petite taille etc.
2. Larre terminée. L-tfju Cerutinala, Saiitli, JBiit.
Mus. Cat. iv, p. 201 d^.
DE QrÉBF.C A JÉRUSALEM 51
cf — Xoirc; la IGfc ilon«i'niciit «:t as=;tz fortcinctit ponct'iéo ; nno
lisno ciifiiiic'c court do la proôuiiiicncc des ocelles j'isquo sur le vi-rtcx ;
f.ice à pitbcsconcc arL^cutéo. Môsotliorax biiilant et poiictiu- ; nictu-
tluirax clrij^riné^ le dessus du ilmr ix à iubt>c:ncc C-'udrec, co uto ;
ailos hyiliiics et iiidcscotifcs, les nervures testacJos; les anicics tnrmi-
Tiaiix des tarsis, rout- test nci'. Abdouicn brillant, fi:jenicnt ponctué ;
ies bonis tunniunus dos sc^uionts ié^ùrcuieiit dJ'.ritnes et roussûtres
les 2 seprnients terminaux fjrru;^incux ; l'abJouicn porte en dessus dj3
poils courts cl épars.
]\Iontrénl d'après ISr. Conpcr; point vue; traduit la
descriptix))! de M. Smith.
(.1 Continuer.)
DE QUEBEC A JKRUSALBi.
t)ép\rtcle Murseille. — L? Sciniin Ir?. — La croix (le pèlerin. — La Mé liter
raMiiôe. — Notre ciravane. — Un mini-lrc protestant. — Le beau ciel
d'Italie. — Lsi juicre du f-oir. — Uw ciiapitre de contrariétés. — Une
religieuse nuire. — M. de Lcsseps. — Naples.
Marsei/fe, 17 J\Iars.—\]uc chose surtout nous chagrine
on reprenant l;i mer, c'est do laisser Ki Franco sans avoir
oncoro eu un mot du pays. En vain avons-nous cherché
i\ Paris, à MarsoiUe, à renconirer desjournaux du Canada,
nous n'en trouvâmes nulle part ; et quant aux lettres, quo
ceitainement on a dii nous é:riie, bien que nous eussions
donné des adresses sûres, avant notre dé[ia:t du
pays, elles ont été sans doute retardées quelque part, do
manière à ne pas nous atteindre dans nos déplacements
continneis.
Le temps est sombre ce matin, l'atmosphère lourde,
et tout annonce de la pluie. JDvi haut du cap de N. D. do
•$2 iE NATURALISTE rAXAT>!E:r
}(X Gardo, nons n'arons pu^ pour rette raison^ fonîr pnr-
faifemeiil d\\ mnginliqrre conp tlcci! «|ne presewte d'onli-
narre co f>;>inf t-lt'ré. I^s wnagcs tîîi côté âo la ir.er se
cou Fondaient paiî&uf avec îiîs oîidi's en rr' trtdssant eonsi'
déraWomeiit notre horizon ^ c»^î^f'nd:înt r«>an payai&sait de
tonte part fort tranquille, et non» dcwDïvife Tcsp^iy trnne
jyîyH les II h.eurt'S,.îif>ns non» rptulwî» aîî raîsseaTi pour
prendre posses&iou (Jl'S cabines qm mma seyoïU a?signées
par Jiotre prési.lcD'y cir tie co rrK>rni'n?r'ioiî3-)i<>ns trouvons
en caravane rrgulieremont organiiit-e^ et iiés à 'ohéh aux
officiers ebai^és île noua coniniaii(î»'r, îl y ^ bp^aucoup
de moTivernent sur ^ Qv^aj, ou est à faire les ùeTniers
préparatil^ do départ ; co-nes«>iit pirtonS qxie eoli-?, va*
lises-v et maîle* de toMte sorte, laissant; fV p^4ne des pas-
goges siil&ants ans aUant.s *^t venaiity Cjoi &\nitreeroisejit
en- tous .'«en», chacun veiiiant iv liï àj-ûreté- de Sa?» diver»
avtide» do biig;ige.
C'est ie Scifiïiandnvconrïrrîandnnt Tillier, qnido-it nous-
conduire de Mar&eillo n Jalt'a, ej» iai&mt e.scaie î'^ï Naples,
Alexandrie et Port-Saïd, C'est nn beau et grand vaii-sean,.
îaiérienr cependant pour le» iliniej^&ions et i'^aniéîKig.ementi
à ceux d'^ notre li^'ne Allan sur l'Atlaiitic. il est accosté
an quai même, de sorte q;UO nc^us n'avo-ns qu'ivite pivaserelle-
ù franchir pour nous trouver sur le pont.
l>o rïioureraent est guère moindre sur le TaiasffaiT que
snr le quai^ car chaque voy.ig'^ur est occupé^ ici aus&i, à la
recherche de ses elïets pour le» l'aire j)laeer en lieu con-
venable; iets pliants, le-s chaises l'ernianles, diwit nn bon
nombre se sont pourvus pour le voyage^sont déposés sur la
dunette, et li» valises portatives d:v\» les cabiues à leurs
adresse» respectives, tandis que les grosses malles et autres
colis sont accroehrs à la grne du pont qrîi les descend trar.-
qnilleinent dans la calle. }>onr cire en f-treté avec le reslc
de la cargiison. On nous assigne, avec notre compagnon
et nn auire prêlre français, — car cette cabine est à trois
its, — le numéro 10, cVsî-à-dire, la première eu pénétrant
dansle tiaion par l'allée de gauche.
ÎI y n nn nii(re s;\lon, vers le milieu du vnissoan, daiis
Venlrepont, pour ios prtss;igers de seconde, parmi lesquels
se trouvent •qiK'iqu es mis cle nos co-pcorins ; muis ie plus
grand nomi^re œcuponi le sa ton de pixnuicit», vu mv, Iûis-
sant <|U*» qu-elciu^'s pla<;i's seuk'Uicîît A d^iuîres passn^-ers.
S ms nous contiîtî'ire euco-re tous, nous jiouvons cepewde.nt
nous rocvT H naître p^r la croix <j'.i hriiic siir nos poitrines,
et nous ani^urons <|ue .nous (ormeions la ï»-rande majo-
rité du nombre total des pissager.s, ce qui sans doute
lions pernicitra de pi-eiulre, coiiiuie pèlerins, avec moins
■d'euibana?, nos coudées IVanches,
■Il nous fait plaisir de vtùr ainsi ctalc ostensiblement
sur la poitrine de lionibreuK voyag-eurs, le signe de la ré-
demption, dajis cette France, qui, il n\ a encore que quel-
ques seniaiaes. le lai.^ait proscrire ce signe sacré, p^r i un
de ses gouveiuauls, dans sa capitale menie. Les exploits
du fauieux Iléroid, qui f lisait ramasser les crucilix de
toutes les écoles de Paris, les entassant dans «n tombereau
poirr aller les déposer daws un coin obscur à la mairie,
comme articles d<.^ rebut et devxîuns inutiles, sotit conuus
de tous. Aussi, M, le Grand-Vicaire Payan, en tious atta-
chant ce rnaliu celt<î croix de pèlerin à ii poitrine, nous
disait-il, avec beaucoup de raison: "Portez-la cette croix
ostensiblement et avec orgueil sur votre poitrine. Elle
TOUS rappellera que vous n'allez pas visiter l'Orient eu
touristes, mais en pèlerins chrétiens. Vous êtes de véri-
tables croisés, qui, marchant sur les traces de Ste Hélène,
de S. Bernard, de S. I«')ui.s, alle^ reconquérir le tombeau
du Sauveur, non (ilus s ir les 8 irraziiis et les inlidèles qui le
profanaient, mais sur Tap'^stasie, l'impiété et l'indifférence
qui ne le profanent pas moins et sont encore plus coupa-
bles. Oui 1 allez avec foi et amour; vous êtes les manda-
taires de l'Occident pour faire amende honorable sur le
tombeau du Christ, pour les crimes sans nombre, les infa-
mies cle tout genre dont on se rend coupable tous les jours
<^nvers son humanité sainte et sa divine majesté. " Reçois
♦' ce signe, disait l'évêqtie, en donnant la croix aux compa-
*' gnons de Godfroi de Bouillon, reçois ce signe, image de
•' la passion du Sauveur, alln que dans ton voyage le nia
54 LE NATURALISTE CANADIEN
•'henrni la prché no puissent l'nttpindvp, ot qne Ui rc-
" vioniios homcnx et ^tntout lupillcnr i>;»rmi J»'s ticnsî. "
Jo V( us atl rosse les mêmes immoles, jînisscjil-i'lles l'iiive nue
tellvî impression sur vous, qn'.-iles su résolveiiten d'aussi
heureux et si précieux résultats."
A rnidi précis les amarrt^s se détî'chenr, et nous lais-
sons traiiquill<MrHMit lo quai. L'almos] h^ro louide du
malin, se résout m;iiMlcnant en nne pluio légère, et c'est
avec le parapluie sur la léle qup ceux de nous qui laissent
ici des pjirenls ou des an>is, saluent de la main ou agitent
leurs mouchoirs à celte l'oule compacte qui borde la jeléo
de toule i>art et qui r; pèU; les mcines signaux. Mais la va-
peur est bicnlôi déployée dans toute sa foîce, et notre vais-
seau piend son aUu.'e ordiiiaiic, sur une mer p.u<il>le qui
semble une naj^pc de cristal rjue li-s grains de pluie viminent
piqueter en lui ei. levant son brillant ; nous jetons un dt'rnier
regard sur le jinit, et suitout sur la slati;e de N. 1). de la
G.irde, que le brouillard vieut en quelques minut.'s seule-
ment dérober à nos regards
Nous voici donc à voguer sur les eaux de la Méditer-
rannée, de celte Méiliten année qni était pre.sque la seiile
mer connue des anciens, dont nus classiques nous Oiit si
fouvent entretenus, sur Lujuello se sont déroulés tant do
drames de rhi>toiie des peuples d'à ntti lois. Tout Taprès
midi se passe fort joy».'usement, l'élément liquide n'ayant
encore lait sentir so.i influence à jiersonne, et chaciiu étant
occupé à l'aire plus ample connais.<iince avec ses ompa-
ffiions de loute. Aussi les ( onversations soiit-jlles vives,
et bien soutenues de toutes iiart.<. L'atmosphère semble
aussi prendre j>art à la joie freuC'rale, car de lourde et eni--
Itrunrée q:»'elle était, elle s'est ridevée tellement, que vers,
les 5 heures, le soleil brille dans tout son éclat. Notre
course est vers le tSud-lUst, ayant à droite, mais à
grande distance, la péninsule Ibérique, et à ganclu». aussi
à grande di.-tar,ce, sa sœur jumelle la péninsule Itdique.
Notre caravane qui se ccmposerade 38 membres n'est
pas encori> au grand complet, c ir il s'en trouve Cj^uatre f|Uî
nous (jut dévant;és pour vi-iter plus lonn-;u>meut TE^ypte,
et que uous ne preudroiiij qu'à i'ort Said.
DK QTTÊIÎKC A JÉRUi^ALEM 55
C 'S G;U"avancs, comme» noiis Tavojjs ih''\\ obsorré, s'or-
^▼rrs Mt ;) ii'Mi'i î (lu- 'iitti I (î ' itr il ». stJ:r'v;it à P iris, qui
f.iit cllt^- nè:n ' li iiotniiiatioii )lti> oOi ;i«'rs qui doivont, sur
it'S lifii^, rJ'i^liT les détails dnis ch\qnii voy;igo, et aux-
quels, liés avaut ïi" i\c\ nrt, cliaqie pèK'viii s'engage par
corit, à se scumeîlre pour tout cj qui coucerue la gouverne
de la caravane. Ces olliciers sont aa noiTibre de cinq,
savoir: le président, le vice-président, Tauvnouier, le se-
crétaire et le trésori-'r. Ce sont eux qui constituent ce
que nou.s appelons le hifcau,, cliargé dt-; llxi-r le lieu des
étapes, les h^'ur-'S >îe départ, la disi libuliou d.-ins les tentes,
etc. Voici quelle est la composition de notre présente
caravane.
l'résidtMît: .M. de Coniac, clief d'escadron de cavalerie,
de Nantes.
Vice pré>ideMt : M. le Marquis de Faudoas-Baibazan,
d'Anrignac, Ha ite-Garouue.
Aumô!iii»r: M. T^bb.'; Iîmou, aumô.iier miliraire en re-
traite d't'Uiploi, de l'ai is.
Secrétaire: M. Mailinière, jeuuo militaire, de La Marti-
uière.
Tréiorier ; M. Gasnaull-Criiéiin, de Luynes, près Tours,
Consignons ici les noms des autres o pèlerins dont le
souvenir en rai ondes bons rapports que nous avons eus
avec eux, nous sera toujours cher.
]M. r.ibbé Grautheron, curé de BiiSi'y sous-Cruch:ii-id,Saono
et Loire.
M. l'abbé Fresnais, curé d iTIîoiré, sous-Conteiiîor, Sarthe,
nolrtî com[>agnon de cabine.
M. l'abbé B.irdel, curé de Deuxuouds par Beangée.
l\. l'abbé Guesnard, de Cliauibéry.
M. l'abbé Guesdon.pvoi'jsscur au Grond-SéminairedeîSéez.
M. l'abbé Soy. z.
M. l'abbé B)lJnc, curé de Djnglastown (Gaspé), iiotro
compaiTUon de route.
Pais M.M.
56 LS NATURALISTE CANAmEI»
E. Ijarcher et dnme, mililnire en reiraito, de Beaiico»
L. Boisait], arocot, avoc sa mère et sa femme.
Eonchand et dnme, de Nantes.
Capdeville et lils, de Béziers.
Bfchez-De^huule?. de Beaune,
Des Francs, d'Orléans.
De Vantibanlt.
Castolbon de Vauxhôtes.
Guibert, de Béziers.
Jacqneniard.
Dagès, de Marseille.
Dame venve Grillot.
Diies: Cadot.
'^ Dnpont de "White.
" de Ghekke, de Belgique.
Comme o)i pont le voir, nons comptions neuf prêtres
sur le nombre total. De ce nombre, M. le Marquis de
Fandoas, M. l'abbé Gaiilheron, M, Boisard, faisaient le
voyage ponr la deuxième fuis, Mde venve Boisard, pour la
3e, et ])i!e Cadot ponr la 5e fois. Av.k&ï Dlle Cadot est-
elle connue à .Jérusalem, nous ne dirons pas comme Barra-
bas à la Passion, car elle sait faire accorder la consonance
de son nom avoc ce qu'exprime la chose,. mais comnje une
personne qui mérite à tous égards la considération et
les prévenances, (i)
Réunis à table au dîner, nous pouvons plus facilement
nous compter, et nons constatons, sans peine, que nous
composons la plus grande partie des passagers de chambre.
!Nous avons avec nous nu ministre protestant, mis-
sionnaire en Orient, c'est-à-dire, habitant quelque part une
villa, où il mange dans le repos, les nombreux ecus
qu'une société biblique quelconque lui fait toucher tous
les trois mois. Aussi, ennuyé de cette solitude et trouvant
la vie trop monotone en ces endroits, vient-il d'Angle-
terre se chercher une compagne, pour mettre plus de
gaîté à son foyer, et l'aider ù passer plus joyeusement sa
(1) Nous Tenons d'apprendre par l'un de nos correspondants, que Dlle
Cadot fait celte année, 1882, son sixième voyage.
DE QUÉBEC A JÉRTTSAT.EM 57
vio npostoliqno. En Abeyant la cour nssiilno qu'il lui fait
et l(^s pré vrnaiicos constantes dont il l'enîonvt*, voici un
révérend, dîmes-nous ;'i un v<j-ii), qui sans douto no se
jirevaudra jamais de la loi du divorce de son pays?- Qui
sait ? répliqua-t-i!, les apparences sont j-ouvent tioinpiMises;
d'aiileurs quand on prend l'élan trop Tort, l'élasticité la-
niciie souvent en deçà du point de départ. La lune do
miel quand elle est trop brill. îiit<', est souvent d^ courte
duiée Triais le pont d'un vuisseau est un terrain d'une
lih(nlé sans égale, les allures les plus excentriques vt les
jdus étraiices s'y coudoient souvent sans qu'il y ait ù ré-
clamer, laissons sa l'évérence jouir en paix de ses doux
épanchements, et admirons ensemble la beauté de ce Ciel
d'Italie que les poètes se sont tant plus à nous vanter et
qui si souvent à souflié l'inspiration à leur muse.
La mer est calme et paisible, l'atmosphère est douco
et tiède, les étoiles bi illent au iirmament, mais non avrc
cette vive scintillation qui les distingue dans nos climats
du nord ; on dirait qu'elles craignent, ]i;ir un tiop vif
éclat, de troubler rhirmonie de l'ensemble. Telles ces
toiles de l'école Italienne où domine un moelleux, un ve-
louté, sur lequel aucun accident de couleur trop voyante
ne vient faire saillie. C'est un calme enchanteur qui nous
domine, qui nous absorbe, nous invite à la rêverie, à la
méditation. Pendant que nous nous livrons à cette eni-
vrante contemplation, voici que tout à-coup une grande
lueur se montre à Orient; des ra3'-ons lumineux font
saillie sur le ibnd bleu du ciel, comme des dards enflam-
més qui fendraient l'air ; et bientôt le disque doré de la
lune parait sortir de l'eau, on s'élevant peu à peu. La mer
s'illumine aus.sitôl de ces feux, et notre vaisseau, en faisant
toujours entendre le paisible ron ron de .«oii hélice, projette
au loin de l'autre côté sa silhouette fantastique.
Mais voici l'heure de la pi'icro arrivée. A un signal
■donné, tous se rendent sur la dunette en airièro. Les tel es
se découvrent, les genoux se phneni, et tous répondent à
la prière du soir que notre aumônier, d'un ton grave et
onctueux, répète lentement. C'est une prière toute mill-
58 LR N \TanAI.ISTE CANADIEN
tniro; elle osf convlo, vn:iis oxpros^^iro. Q I'cllo élait ton-
cliujfi' la V(.'Coinin\ii(l;ilioii qui li ItMiniiKiit ! •' Prions pour
I'lviliso, pour \.\ Fiaiic, jiour ravinée, pour Ions ceux fi".i
nous sont cIkms qni' nous avons laissés a j \y<^y^. " Va là
dessus, tous vépondt'iil avec âme à !a i^rière du^5eigne^r <'t
à la salntatioii ang-'-liqU'*. Puis cniiti : nu De ■prufundis
pour nos chers déhints
Oh! lions a\0!is tonte coiiliance qn'il élait ng-réalile à
Dieu ce concert do tous les éléments auqiel nous joignions
nos voix et nos vœux. La mer par sa placidité, ra'mo-—
phère par sa douce haleine, les astres du lirmanieiît par
leur éclat, et nous par notre attUude et nos paroK'S, n'était-
ce pas là l'hysmie solennelle que celui qui cominande aux
ventset aux Ilots exi,2;e de toutesses créatures? Ohî comme
il était tonjours touchant ce moment de la prière du joir
on (ommun, et comme il imprei^sionnait tous les nssjst^uits.
Les h6"éli(|nes et aut-res ne paitag-oant pas notre croyanc \
nous ren-irdaient avec sln[)idaction, et j)lus d'une l'ois des
grecs schismalicpies sont venus l'aire cause commune avec
nous en s'agenouillant avec notre groupe.
A 9 heures on nous sert une tasse de thé avec gâ-
teaux, après quoi la plupirt se retirent à leurs cabiîifs,
moins toutefois ceux qui, comme nous, ont des m^tes à
rédiger ou des lettres à écrire, car c'iCt alors le moment
le plus convenable pour le laire.
Vendredi 18 mais. — Nous avons l'habitude de nous le-
ver d'assez bonne heun». (Je matin, nous étions sur pi"ds
vers les 5 h., après avoir passé une nuit i)aisible des plus
récoul'ortantes. Vouluit avoir [dus de lumière, nous nous
elîbrçons d'abaisser une persienne qui couvrait la petite
fenêtre île rotre cabine. Cdte persienne était faite pour
jouer dans une coulisse qui la retenait de chaque côté.
Mais soit peinture nouvellement appli(|uée ou simplement
bois renflé par l'humidité, elii parait ne vouloir pas bou-
o-er. Les doigts passés entre les planchettes, nous redou-
blons nos ell'oits ; elle cède alors tout à coup, et no:- doigts
se trouvent aussitôt horriblement écrasés par la rencontre
de la fenêtre, sur le b!)rd do laquelle frottaient les plan-
chettes suiis presque laisser de jour. C'est surtout le
PIC QUÉBr.C A JÉRUSALEM 59
«jros (loig-t.do fh"if|no ni:vin qui :i particnlièromoiit sorl-
i'.'it, liCs oiioli.s 80 s(y.\t lionvés iVoi.ssL'.s t^t JiitMutîis vos
ieur inilicii, ot disque ddiut inoiilia <!»' sniio n l'iiitriiriu'
niic iinipoiilo do ^Miig- noir {^rcsqne soli.lili '>. J^a douleur
fut si vive, que lîous ciiun<'s un iiiouioul quo nous allions
lions ov.inouir. J'it co u'ost ((u'apic^ \\i\l' d.ziino dii tiii-
imtes (juc Kous coninu'iicanies à nous roniottre peu à peu.
Un chripilic de Coiitmriélcs.
Il rst pni l'ois, dans le corauierce de la vie, un tel con-
cours de circon -laHcos adverses, qu'on serait porté à oioire
que tout a été vrglé pour non-: contrarier, tant les aliaiuvs
sont touU's en desacoid et ^-^e |)iésenlenl à rebours, ilans
un sens tout opposé à et lui qu'on pouvait raisonnablement
juévoir. (Jonsl.itons iloiic ici (juelques unes de ces cir-
coiistances lâcheuses qui sont venues nous contrarier dès
le dtbut de notie voyag-e.
IS'ous soinini's à Québec, nu matin du 17 i'évricr 1881,
Jour ( ù nous tlt'vons prendre ï'L/tercidjinal pour nous rt-n-
dre à ILiiilax. Ja's annonces des journaux donnent 7^ h,
p(jur mouit^it (le départ du bateau Iraver.-ier de Qut b-c.
j\ous i);iiîous de Sj Koclî à 7f h, nous avons donc le
temps sulljsant pour nous rendre. Nous anivous au quai
du Cxiaïul Tronc, et nous voj'ons le bateau tléjà [)ièt à
accoster tîe l'uulre ( ôlé du lleuvo. '' C'est ù 7| h. qu'il
laisse le quai, nous dit un coch-r de voituvo là présent ;
peiïi-étie pouiiit z-vous pveiulio le bateau de Levis et vous
ïXMiJre assez tôt au Orand Troiic pour le départ? " Nous
tournons à droite, et, louette cocher; viîe au bateau do
J^évis. IMous airivoi.s juste au moment où l'oii retire la
passerelle. 11 l'inU supprimer hs adieux aux parents et
amis qin nous acconi[iai>iuMit, et s.uder de stiito sur le pont
du l)ateau qui est déjà en mouvement,
^sous relouions les émotions des adieux pour ne no"s
occujMM" que de la crainte de mmcpTer le train. Si le b..-
ti^au allait cire retardé par les g'I ices ?. Que ferait M.
Uolduc qui nous attend à Campbellton .^
CepeJidant la course est rapide, nous touchons bientôt
au cjuai de Levis. Dès avaui d'être accosté, nous retenons
60 LT3 NATURALISTE CANADIEN
une voiluro, ot anssilôt à t(MTo, fond te cochor à. la g'aro du
Crrand-Tionc. Le gardien de la bivricre n'a p;is le temps
de nous remet(i\> le ch;inp;-e de la pièce que nous lui pré-
sentons; nous la lui iibandonnons. Le chemin n'est pas
Ix-au et des rencontres nous retardent encore. Enîin nous
voici à la g;n*>. - Vite, nous crie un fiicteur de la gare. —
Quel char i'aul-il prendre? — Le dernier en arrière. Une
malle chiique bras, nous nous dirig.'ons donc ver.s le der-
nier char, qui se trouve à une cerlaine distance de celui
qui le précède. Craignant de marcher sur la voie, nous
suivons à coté un sentier à peine tracé dans la neige. Nous
■cniou.çons jusqu'aux genoux, et avoiKs peine parfois- à con-
server récjuilibro av(^c nos deux mnlh'S, bien qu'elles
lussent assez légères. Entin nous escaladons les marches
du char ( t pénétrons à l'intérieur, maugréant un peu contre
les employés de la gare qui se souciaient si peu d'accommo-
<îfr les voyageurs, retneiciant Dieu toutelbis d'avoir pu,
■malgré ces contretemps, arriver encore assez tôt pour le
train. Et d'UXE !
IjC char, bien que chsnffî est est ab.<!olument désert,
nous somrres seul. Ai)rès quelques instants, arrive une
dame seule avec non moins de ditRcultés que nous eu
avions éprouvées nous-môme. Nous nous installons cha-
cun s\u- notre banc et attendons. !S:ins doute que par uu
mouvemei:t de recul, le reste du convoi va venir s'unir à
notre char i)Our l'entraîner à sa suite ? Nous attendons eu
toute sûreté.
Mnis bientôt arrive un employé qui nous ciie, tout
essoufflé, en ouvrant la porte; "Que i\iites-vous donc là,
vous autres? Le train va partir et vous allez rester là ; ce
char ne part pas!" Et sans plus s'orîcuper de nous, il s'é-
Joigne à la course. La dame se révolte contre le service de
la compagnie et les TicU'ur.s de la g.vre, muis il n'y a pas à
maiciiander, nous sommes seuls, il faut refaire notre, péni-
ble trîij''t chargés de nos malles, sous; peine de m iiKjuer
le train. Nous pataugeons donc de nouveau dans la iu>ige
et entrons dans l'autre char juste au moment (;ù l'on
donnait le signal du départ. Nous l'avons encore échappé
bel, dîmes-nous à la dame. Et de DEUX !
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM 61
Nous voici rendu ji Halifax ot installé dans le moillenr
lîôtel do la, ville, nous dit-on. Nous avons pour hnbitndi.\
ior.^que nous voyageons, d'avoir toujours daiîs notre mallo
papier, plumes, encrier, a(iu do Ji'avoir rien à requérir
lorsque nous voulons écrire. Nous remarquons que nous
avons oublié de j^rendre notre encrier do voyngo. 11 l'ait
aller nous en pouvoir d'un autre. Nous nous rendo.ss
doue chez un libraire et en choisissous nu qui nous pririit
des plus convenables. Nous reui'ouçoiis dans îiotro }>ocIie,
et reprenons la route de notre hôtel. Arrivé dans noire
chambre.uous remarquons des taches d'encre toutes fraîches
sur le plancher. Ce n'est pourtant pws nous qui les av.)n3
fciilesV Nous portons la main dans notre poche et li i éli-
rons (oulo souillée d'encre. Le contenu enlier de n.»tro
encrier b'y était répandu, bien qu'il lût demeuré feiîné,
retenu par son ressort. La poche de l'habit est retcnirnéo
à l'envers pour être lavée autant que poï^sible, et noiis re-
prenons la rue pour retrouver notre libraire dont nous
avions peu remarqué l'enseigne. Nous le retrouvons enliii,
après. une assez longue marche. "(Jet encrier ne vaut
rien, dîmes-noas, en le lui présentant; il ne relie at pa=5
l'encre; faites-en l'épreuve." Après e.xamen, il rec «nnait;
que la fiole contenant l'encre était bri:?ée. Il n uis en
donne un autre irréi)rochable cette foi?-, et nous retour-
nons à notre hôtel. Et de TL10I3 ! marmaràraes-:io:is.
Remettant alors n un autre moment nos écritures, nous
iious disposoTiS à réciter notre oiïice. Nous allons prendre
notre bréviaire que nous avions déposé sur notre 1 t. Mais
il est tout mouillé d'une eau sale qui nous souille loi d(>igts.
Allons qu'est-ce ? Ca ne peut toujours pas être 1 encre de
notre poche qui serait remontée jusque là ? Nous por-
tons nos regards an phifoijd, et voyons une grande tache
dans le ]>làtre qui dégoutte de toutes j>art, Nou^ sonnons
aussitôt à yorji-)re les clochettes, et l'on ne parai! pas très
empressé de se montrer. Cependant l'eau tonib.^ toujours
et se répand sur le lit et le plancher. Enlin an garçon de
service se présente.
— Voyez ; qu'est-ce que cela veut dire ?
C2 LE NATUnALTSTE CAXADTF.N
— Cost do ro;m qui nnra etc rt'paiuUic on h:iut ?
-Qui habjto la h.mt?
— Uiit» dame ami'rica'nc.
— Jo paiii» qni^ celte oati no Ini ost pa=5 sortie de la
bouche. Mais convez et réparez au plus lot.
Il riM-int hienlôt suivi d'* dfux (illes qui nons diront
quo r.'icci l«'iit élait dû à nii^ j irro il'eau acei liMit^lhuncnt
cassée à I'riaue suj^érieur. 0;i chancrea notre lit de plac^,
f)n remit de noivelles co iv 'rturcs et o;i répara cdîvcii i-
bli'iTfitMit tout le déo'it. Ev'ivlemmont, dimes-uons, nous
jouons de malheurs. Et de quatre !
Nons voici maintenant sur le vaisseau, tourmenté parle
mal de mer, nons passons presque tonte la journée à nons
rouler sur les cons-iiis du s don. Comme il nous avait
fallu laisser I'll dîit ecclésiastique pour le ynyi^\ ?iou3
nvions c.ti devoir nous mettre en ho:incte bourgeois civil.
Donc cols et mancheltes en bolle toile, ces dernières rete-
nues par des boutons en cornaline montés en or. Nous
remarquons que 1 un de ces boulons manque à notre poi-
o-net. Nons le cherchons partout, et ne pouvons le re-
trouver. Nons en avions lait le sacrilice, lor.«qno le 1er.-
dtMiiain il nous vint à la pensée d'.-n parler au uarç.ur fie
chani!)re, qui aurait pu le retrouver eu bMhjyant. " !.o
voici,'' dit-il, en le retirant de sa pocho. Nous nous ré-
•jonis-oas d'avoir rép;M-é cette perte, et le remettons en
pince- en Taisant jouer le ressort qui nous parut encore en
parlait état.
Mais quelques jours phts tard, à Londres, nons remar-
quons de nouveau la même absence, et impossible cette
lois de pouvoir fixer le lieu précis de la ])erle. Allons,
dîmes^nous, ce sera une petite vanité de moins. Jl no
c.invit'nt pas à un ecclésiastique qui a GO hivers sur la tèto,
de jouer nir.si aux lions du .lonr. Allons y plus modeste-
ment. Et entrant dans la première boutique que nous
rencontrons, nous en achetons tn nacre montés en Taux or
qui remplacent les jn-emiers, sans témoig'uor ci-ux-là le
moindre déàir de s'échapper dans les rues. Et de CI^'Q !
DE QUÉEFC A JÉnU.'--Al.KJr G3
Avoc noire habit do drop lin tout n;m,b.int ikmiT, et
nos l)C)at<)iis du in:iiichL'ttos de 3u .--oas, nous pouvions en-
core passer pour un bourgeois honnête n l^oudres, inàlgré
nolle casqne en 'fourrure, car nous en rencontrions l'ré-
queuimenl dans les rues. Mais iiuidu en France, a lîonen,
lorsque déjà les fl-Mirs comuienç lient à se iUontrtM' dans les
pai t-r'tres, et dans uiui journée où un soleil brillant alter-
nait avec de légères averses, notie casque en ciuinicr ét.-dt
tou!-à-!'ji;t hors (le mode. Avec notn; birbe inculte, nos
cheveux loîJgs, et ce casque mouillé par la pluie, ]>our vi-
siter les églises et les places publiques de la capitale de la
A'orniandie, on allait sans doute nous prendre j>onr un
h:ibifant du jiôle qu'un accident de biilon aurait tout à
ccup jeté sur le sol delà France, Mais que faire? nos
malles sont pleines, et nous ne voulons [^as sacriiier notre
fouriure; bon gré, mal gré il faut se rendre jusqu'à Faris
cù tious pourrons la i>lacer en lieu sûr. Aussi ne iù.nes-
nous i>as sur[)risde voir quelques gamins, étonnés de notre
acoutrement, prendre la course pour nous devancer dans
la rue, alin de pouvoir nous examiner plus à leur aise (Ui
nous rencontrant» iS'ous continuo.ns notre route, sans pa-
raître les remarquer, avec la gravité du philosojihe
gre:: armé de sa chandelle pour chercher un homme, sur
lu place pubuqiH', en plein midi. Cependant et de SIX !
nous disiouii'-nous tout bas.
A continuer.
IT^VITS I31VERS
Le Scisatif'C American. — Le tcnlblc incendie nui flornièrc-
lliont a réil it en cimkIivs l'ét iblissenont du Jpinid à New-York, a
!i'!s>i ciivdii celui à\\ Si-.ÏKiil'Jic Anu-rioni, IjCi piesi=os do ce dernier
ctant d.ins une îiutrc I âtiï-se, elles ont c'té prôi-eivde«j de sorte nue
la prb'.icatio!! na souff„it aucune interruption. Lo b'irein d'atf lires
du .S'(;.V»^}?c' est actuelle ueiit rue Ijioidwi}', 2GI. MM. IMunn & Cio
coiuiuucroiU, comme dans le passé, à s'occuper de tout ce qui con-
CL-rne les puontos de nouvoUos iiivoiuious, jdans, do.sitis do inaciii-
iH ries, ic |iiGto8 rlc. Tous ceu-t qui sont parvenus à inveiUer nuel(|no
chose de nouveii n'ont qu'à s'adresser MM. .Munn & Cic, 2i)l
B oadwiy, . ov-Yoïk, ils recevront sans délai, et ?a is anc me cliar^.',
une ré| oiise les intonnant si la déCDuverte ( st léelleuicnt nouvelle et si
elle peut être pitentée. Ua livre d'instructions sur toutes les dé-
niarc!ics à l'.iire leur sera aus^i eu uiCmuc temps adressé. MM. AJunn
& Cio. out ujio ex^jcricuco de plus do 3ù uus dans ce genre d'aff-^» <•&
61 LE NATURALISTE CANADIEN
B3taJliQ_UÔ. — Non? nvions toujours tenu Lotbiiiioi-c cornue 1o
point le pl'is nu Nord oà .«c tiouv.iit le peuplier du Canad;i, Pojnihis
C'iiiinh'iists Mklx, usais voici qu'en S:;ptcmbrc dernier, nous en d.'cou-
vions un pied au C ipll.iu!:Tc et d'une f)rt b-'He veuic. L'arbre
Cr^t sur la grève niG uo, et tout près de i'eau; nul doute que sa pré-
sence c>rt duc il qui!\]uc brandie anicnét', là, à hi dôrivo, dans les
Il lutcs eaux du I riutcîiip?, qui jetée sur la grevé, y aura pris raciuo
et s'y se ?cra dévclorpéc.
Qu'il est rcsrrclt ible, à propos de botiniquc, qu'on ne prenne j.as
soin, dans les plantations qi'on fait autour des b;1 isscs di pailenicnt
ù Québec, do former là un noyau de jardin botanique, en y iii>t iliant
des represcntaufsdCtincut idcutiSésdc to itcs nos esscnocs forestières. L:i
chose est d'autant jilus roiirettable qu'elle est de plu-; f cilc exéc ition.
Au Heu de m l'.tiplier les bouleaux, les érables et les épiiiettes, il eu
C( Citerait cruèrc plus pour se prccarer des représcntarits do nos autres
aibics, bc.res, ti le .Is, n^yu-s, chê.ics, Irêues etc. L s .{Il ait qu'une
por.^ouue :iy.int des no'- ions botanique prés-idât à la plantation.
BIBLIOGRAPHIES.
R-port of the Eulomnhgis^t of the United Sfrtfrs Depnrimcnt
rf Aijricn'(i!K'/or l'àHO. bj^ J. Ileinij Cami-toclc. — 1 40 panes iu-8 de
tixte avec 24 planches des tnieux exécnlées, (Je ra|-port se divi-n; eu
deux panics, dans la première, ou donne l'histoire do diffJueuts insec-
tes nuiibles, partiL-ulièreuiCnt de pijiillous; ctdins la seconde c'est
une n:0!iOL:;ra];liio dos Coccides, ces parahitcs sous forme d'éc.iilles
qu'on rencontre si fréqucmuient sur les fouilles et l'écoice des arbres.
Bjn nombic d'espèce nouvelles y sont décrites. Co voluuio renfonne
une fou'c de rcnsei^ncuicnt des plis utiles.
Nos renicicieuicnts à l'auteur pour cet envoi.
Annuil R >ir<rl rf The Eiitomnlngical S'>ci<fi/ of the Prnvince of
O'll'f' i>, /'II' 1881. — 8.) piines in-8 mV(C minibroisos jiraviires. Co
ra; port e.-t Ic diuizionie depuis la find itioi <le I i S^ic-iété. Cette Suciétô
(jui riçiit une allucatioii annuelle do SldOO ilu j^o ivcruouient d'O itario,
c^t dans nu état tiè.s propèro, et voit tous les j'iurs s'aui;- iientcr le
Vioudue do ses iiiMiibres. Eii outre d i Cdii ulimi Entoiiwlojist qu'elle
public tous les uiois, clic donne encore, chaque année, un rapport trèa
étendu, avec nou.breuses <;;r;ivures, sur les insectes nuisibles les plus
redoutables et les uinycus les [dus efficaces p)ur les cumbittro. JjC
présent rapport, en outre do nouibreuses figures do coléop:èro.-', dip-
tères etc., donne la représentation do lu jilupurt de nos Sphyux, tant à
l'état paiftit qu'à l'état do larves.
Nos reaicrcicuicnts ù qui de droit pour cet envoi. '
LÈI
Vol. Xirt-4. CapRouge, Q., AVRIL 1882. No. 148.
RCdacteur : M. l'Abbé PROVANCIIER.
FAUNE CANADIENNE
(Continué de la page 81.)
7. Gen. Stigme. Stigmus, Jurine.
Tête fort grosse, en carré, s'amincissant considérable-
ment en dessous en allant vers la bouche ; yeux latéraux,
proéminents, allongés. Chaperon court et large, avancé
et anguleux au milieu en avant. Antennes insérées vers
le milieu de la face, leur premier article peu allongé. Pro-
thorax fort petit et très court ; raétathorax plus allongé
que dans les 2 genres précédents, sans partie distincte-
ment renfermée, couvert de fossulettes en réseau. Ailes
avec le stigma plus grand que d'ordinaire, la cellule ra-
diale lancéolée, 3 cubitales fermées, la 2e en carrée, la
1ère recevant la nervure récurrente, la 3e à peine com-
mencée. Pattes grêles et assez allongées, inermes. Ab-
domen brièvement pédicule, en ovale allongé, lancéolé, le
premier segment un peu plus petit, séparé du 2e par une
suture fortement étranglée.
98 LE NATURALISTE CANADIEN
La srandeur dn stigma de c.ps pplits inspcies Ips fuit
TecoDnnitre à première vu<>. Ils font leurs nids dnns les
tio-os de sureau et antres arbrisseaux à moelle abondante.
Une seule espèce rencontrée.
Stigme frère. Siigmusf/afernus, Say, Proc. Ent Soc.
Phil, vi, p. 387, d 9-'
^ — Lonjï. ,18 pce. Noir; les mnndibnles excepté à l'extrémité,
les palpes, le sc.ipe des antennes en dessous, avec les tubercules an des-
sons des ailes ante'rienres, bbmc. Gh-iperon à dnvet arirenié. Antennes
d'un testacé ]:âle. Mésotliorax lisse, avec 4 lignes lonsitndinales dis-
tinctes; l'écusson poli, le post-écusson rugueux; métathorax fortement
rugueux. Ailes hyaline», à peine obscurcies vers l'extiémité, irides-
centes, le stigma furt grand, noir. Pattes d'un brun-pâle. Abdomen
en ovale, poinlu à rox'rdniitô, à tédicule aussi long que lu largeur de
l'abdomen, rugueux, ean-iliculé, poli, brillant.
Capturé au Cap Rouge.
8, Gen. Passalèque. Pmsalœcus, Shuckard.
Tête forte, mais beaucoup plus large que longue;
yenx ovales, latéraux. Antennes plus séparées l'ime de
l'autre que dans les Cémones, coudées après le 2e article.
Chaperon nu, élevé au milieu, tndenté au bord antérieur ;
labre avancé en avant du chaperon, triangulaire. Thorax
long et étroit, le p olhorax prtit. Métathorax allongé, son
espace renfermé tiansveisah^ment linéaire. Kcusson i)lus
long (jue laige . AïK'S avec une cellule radiale lancéolée,
2 cubitales el 3 discoïdnles complètes, la 2e pi is large que
longue, en carié, recevant la 2e récurrente, la 1ère cubi-
tale recevant la 1ère récurrente. Pattes grêles, presque
inermes. Abdomen brièvement pédicule, à extrémité cy-
lindrique et presque obtuse.
L'abdomen subs.'s>iie et les nervures des ailes âh-
tingUHut surto.it ces insectes de leurs voisins. Une seule
espèce rencontrée.
Passalèque à-mandibules-blanches. Passalœcus man-
dibularis, Cre*s. Peinphredori maiid. Cress. Proc. Ent. Soc.
Phil, iv, p. 487, ? .
Ç— Long. 18 pce. Noir; la fice et le chaperon légèrement ar-
gentés. Mandibules larges, blanches, noires à l'extrémité ; .le scape
XVIII. — CRABR0NIDE8. 99
des antennes aussi blanc en dessous. Front sans ponotnations dis-
tinctes. Mésothorax sans ponctuations distinctes, mais portant 4
li^rnos eiif)iic.'es longitudinales. Ecusson en carr^, brillant. Les
tubercules blancs ; les écailles aLiires brunâtres. Métathorax presque
carré, grossièrement rugueux. Ailes liyalines, iridescentes, légèrement
cb-curcies vers l'extrémité. Pattes noires, soyeuses, les jambes an-
térieures blanchâtres en avant, les 4 postérieures blanchâtres à la base;
tarses jaunâtres, plus bruns à la base. Abdomen en ovale allong«S,
poli, à pédicule très court. — R.
Ces petits insectes font leurs nids dans les branches
de lilas et de sureau.
9. Gen, Oxybele. Oxybelus, Latr,
Tête grosse, transverse. Antennes courtes, insérées
près de la bouche, leur premier article le plus long. Yeux
entiers, latéraux. Thorax court et robuste, le post-écusson
portant un appendice aplati, lisse postérieurement, le mé-
tal horax muni au milieu d'une forte épine en forme de
gouttière. Ailes avec la cellule radiale tronquée à l'extré-
mité et portant un appeiidice qui atteint la côte en ligne
droite, une seule cellule cubitale qui se confond avec la
1ère discoïdale et reçoit la récurrente, la 2e cubitale con-
fondue avec le limbe, la 2e discoïdale formée. Pattes
courtes. Abdomen court, cordiforme.
Les appendices du métathorax de ces insectes suffisent
pour les distinguer à première vue. Une seule espèce ren-
contiée.
Oxybèle à-4 marques. Oxyhelus 4:-notatus, Say, Say's
Eut. 1. p. 228.
Ç — Long. .25 pce. Noir avec une courte pubescence grisâtre, la
face jusqu'au dessus des antennes avec pubescence argentée. Le cha-
peron avec uns petite carène au milieu formant une pointe en avant.
Antennes brunes à l'extrémité. L'appendice du post-écusson avec une
pointe blanche do chaque côté, celui du métathorax long, fort, redressé,
creusé en gouttière. Ailes hyalines, les nervures brune?. Pattes avec
les jambes denticulées sur leur tranche extirieure. Abdomen noir, le
1er et le 2j seg;uent chicun avec une petite ligne blanche au sommet
de chaque côté, celle du premier plus apparente que celle du 2e — R.
Un seul spécimen capturé au CapRouge.
100 LE NATURALISTE OANADIEN
10. Gen. Crab'ron. Crabro, Fabr.
Tête très grosse, le dessus presque carré, fortement
épaissie en arrière des yeux. Antennes insérées près de
la bouche dans un sillon que bordent les yeux en se ré-
pandant sur la face ; ceux-ci très «rrand^. plutôt antérieurs
que latéraux. Le premier article des antennes fort lonj»-,
leur pavillon médiocrement épaissi vers l'extrémité. Cha-
peron très élevé au milieu, beaucoup plus court que lar<^e.
Thorax ovale, subglobileux, aplati en dessus. Ecnsson
large, transversal. Métathornx avec un espace renfermé
semi circulaire, plus ou moins rugueux. Ailes avt c le
stigma très petit, pres-que nul, une cellule radiale tron-
quée à l'extrémité et portant un appendice qui se recourbe
en dedans ; une seule cubitale longue et étroito recevant
la nervure récurrente vers son extrémité; 2 cellules dis-
coïdales fermées dont la première en losange, fort grande.
•ftne seule nervure récurre!ite, la Sa cellule discoïdale
n'existant pas (cette 3e cellule discoïdale est souvent tracée
d'une manière peu apparente). Pattes moyennes, les
cuisses renflées, les jambes plus ou moins épineuses de
même que les tarses. Abdomen ovale-oblmg, noir avec
bandes j lunes, déprimé légèrement, un peu arqué, son
extrémité dans la ? mncronée, triangulaire en dessus, dé-
primée et bordée latéralement par un mince rebord; dans
le d^ triangulaire avec une dépression incomplète.
Ces insectes qui ont servi de type à la famille sont
aussi les plus nombreux. Ils font leurs nids dans les bois
morts, prolitant souvent des trous de clous ou de larves
qu'ils rencontrent. Leurs grosses têtes leur servent sou-
vent pour pousser dans ces trous les insectes qu'ils y en-
foncent pour servir de nourriture à leurs larves. Quinze
espèces renc>)ntrées, dont deux nouvelles.
Aibdomen resserré aux sutures et fortement ponctué ;
Le 3e segment fascié ;
1er segment avec fiscies longues et sinueuses. 1. interruptUS.
lor segment sans taches ou avec des points seu-
lement, (^ 2. 4-punctatu8, n. sp.
Le 3e segment sans taches 3. stirpiccla.
XVIIf. — CRABR0NIDE8. 101
Abdo'nen uni ou finement ponctué ;
Le 3e .segment san3 taches 4. 6-maculatUS.
Le 3e setrraent avec taches;
T iches du 3e segment plus petites rjie ies a'itres 5. triflSCiltUS.
Taches du 3e segment à peu près égales aux autres ;
Segment baf>ilaire avec taches ;
Dl!ux taches sur les fl mes 6. vllIosifroilS.
Une seule tache sur le tiibercule;
Cuis^ies postérieures jaunes à l'extrémité.. 7. rufifsmur.
Cuisses postérieures entièrement noires, J^. 8. nigrifrOUS.
Segment basilaire sans taches, ou avec points seulemeut ;
Taches des segments 2, 3 et 4 largement séparées ;
Toutes les taches largement séparées;
Mandibules jiunes, chaperon doré, cf. 9. singuliris.
Mandibules noires, chiperon argenté, cf. 10. pltiper.
Taches du 5e segment contiguës ou réunies ;
Tête et thorax finement ponctués 11. obSCUruS.
Tête et thorax grossièrement ponctués... 12. effQSSUS.
T.iches des segments 2, 3 et 4 rapprochées ;
6d segment entièrement jaune; taille
forte 13. aciculatus. n. sp.
6j segment à bande jaune seulement ;
Mandibules jaunes; cuisses noires 14. CUbicepS.
Mandibules noires, cuisses plus ou moins
jaunes, cJ 15, denticulatus.
1 Crabron interrompu. Crabro tnlerru//tus, St-Farg.
Hym. iii, p. 122.
$ — Long. .33 pce. Noir, fortement ponctué; le scape des ati-
tetines, une bande sur le prothorax interrompue au milieu, les tuber-
c lies, les écailles alaircs, une ligne sur l'écusson subintert-ompue au
milieu, le port-écusson, les pattes, avec 5 paires de taches sur l'abdo-
men, jaune. Chapeion argenté; front densément ponctué, le méso-
thorax plus gros-ièreraent; niétathorax irrégulièrement ponctué et
rugueux. Aile-; médiocrement obscures, le stigma avec la côte j lunes.
Pattes j lunes, les hanches avec les cuisses excepté à l'extrémité, noir,
l'extrémité des tarses brune. Abdomen oblong, déprimé, fortement
re-^serré aux suture?, grossièrement ponctué, les segments 1 5 chicm
avi'C une ligne jaune de chaque côté ; l'anus fourni de poils
dorés.— PC.
VÀen distinct par la coloration et la forme de son ab-
doEaexi^
102 LE NATURALISTE CANADIEN
2. Crabron à-4-points. Crabro ^-maciilaivs, nov. sp,
Ç — Long. 25 pce. Noir, fortement ponctué; le scape des an-
tennes, les tubercules ocell»5s d'un point noir, les écus>ons, les pattes
avec 3 paires de taches à l'abdoaien, jaune. Chaperon argenté J
écailles alaires jaune-roussâtre. Une ligne jaune sur l'écusson inter-
rompue au milieu. Métathorax sans espace renfermé distinct, aveo
rugosités longitudinale-? à la base. Ailes légèrement enf jmées, hya-
lines à la base, la côte et le stigma jaunes. Pattes jaunes, les hanches
et les cuisses excepté à l'extrémité, noires. Abdomen court, ovale,
resserré aux sutures, densément ponctué, les segments 1 et 5 avec un
point jaune de chaque côté, 2, 3 et 4 avec une ligne jaune de chaque
côté; l'anus avec poils dorés peu allongés. — E..
Bieji distinct des précédents par la coloration de son
abdomen.
3. Crabron stirpicole. Crabro stirpicola, Pack. Proc-
Ent. Soc. Phil. vi, p. Ill, c? $.
(^ — Long. 25 pce. ^oir ; le scape des antennes, une tache sur
les mandibules, une ligne de chaque côté sur le prothorax, les tuber-
cules, l'écusson et le post écusson, les pattes en partie, avec une t:iche
de chaque côté sur les seguients abdominaux 2 et 4 et un point sur le
5e, jaune. Chaperon court, argenté. Fiont opaque, finement ponc-
tué. Mésothorax densément ponctué, opaque ; le métathorax court,
avec un sillon médian, strié longitudinalement sur le disque et trans-
versalement sur la face postérieure. Ai'.es passablement obscures, les
nervures noires. Pattes noires, les jambes, les tarses avec l'extrémité
des cuisses, jaune. Abdomen court et large, resserré aux sutures^
finement ponctué, les segments 2 et 4 avec une fascie de chaque côté,
cette fascie représentée sur le 5e seulement par un point un peu
allongé.— PC.
Espèce bien distincte par sa coloration, et les sculp-
tures de son abdomen.
4. Crabron à-6-taches. Crabro Q-maculatus, Say, Say's
Ent. i, p. 230.
Ç — Long. .45 pce. Noir; les mandibules excepté à l'extrémité,
le scape des antennes, le bord du prothorax interrompu au milieu, les
tubercules, le post écasson, les pattes avec 3 paires de taches sur l'ab-
domen, jaune. Chaperon avec les bords latéraux de la fossette des
antennes, argentés. Les écailles alaires roussâtres. Mé^olhorax opaque^
sans ponctuations distinctes, l'éDusson aclculé, le mctathorux opaque,,.
vrii — ca^BRONiD'rS. 103
non ruçrneuT. Ai'es enfumées, le sfi^ma brnrâtre. Pnttes jnunes,
]eshaiiche«, avec les cuisses exceptt' à l'extrémité et les tarses excepté
le premier ;irticle, noir. Abdomen subp'diculé, en ovale, uni, les
sesments 2, 4 et 5 ave une fi>;cie jr;ne de chique côté, celle'' du 2e
obliquas, celles di 5i rapprochâmes au milieu; anus a?ec poils dorés
assez abond mts. — CC.
cf — D'^ taille plu? petite, avec les antenne? légèrement denticulées
en dessous, les taches du 5e segment presque contiguës au milieu, le
6e avec une ligne à la base.
Le tïianqne de tîiche? jaunes an 3p sefrment abdomi-
nal de cette espèce, avt>c la tache oblique du 2e, la distiu-
guent particulièrement de toutes les autres»
5 Crabron trifascié. Crabro tiifasciatus, Say, Say's
Eut. i, p. 231.
$ — Long. .85 pce. Noir; des lignes orbitales avec le chaperon,
à duvet argenté. Une tache sur les mandibules, le se pe des antennes
excepté une grande tache noire en dedans, une strie sur le proihorax
interrompue au milieu, les tuberciles, le post-écusson, les pattes en
partie avec des taches à l'iib lotnen, jaune. Misothorax opaque, avec
2 .ig'ies eiifijiicées sur le disque; métalhorax avec la partie renfermée
bien distincte, [ortant un sillon médian et des rugosités rayonnant
légèrement de la base. Ailes subhy ilines, les écai les avec le stigma,
briin j lutiàtre. Pattes noires, les jambes excapté une ligne en dedans
avec l'extrémité des cuisses antérieures et les tarses excepté à l'extré-
mité, jiuiie. Les j imbes postérieures portent aussi un petit anneau noir à
leur extrémité. Abdomen court, large, ovale, subsessile, le premier
segment fort atténué à la base, poli, uni, le 2e avec une large strie
jaune de chaque côté, une beaucoup plus f elite et en pointe sur le 3e,
une autre sur le 4e à peine interrompue au milieu, et une bande sur
le 5e ; l'extrémité noire avec poils blanchâtres. — PC.
cf — Antennes avec une tache noire sur le scapc en dessus, le pa-
vil'on avec le 5e article denté en dessous; le post-écusson avec une
ligne jaune interrompue. Abdomen avec les fa-cies du 2.' segment
larges, celles du Se très petites, celles des 5e et 6e formant des lignes
continues.
La forme de son abdomen avec la disposition de ses
taches distinguent i)ai ticulièremetit cette espèce.
6. Crabron à-front-velu. Crabro villosifrons, Pack.
Proc. Eut. Soc. Phii. vi, p. 8L
IÇljt LB NATURALISTE CANADÎEW
Ç — Long. .50 pce. Noir ; les mandibules, le scape des antennes,
une bande sur le prothorsx interrompue au milieu, les tubercules avec
une tache oblongue en arrière, un point géminé de chaque côté de l'é-
cusson, les pattes en partie, avec 3 paires de taches et 2 bandes con-
tinues sur l'abdomen, jaune. Tête grosse, cubique, très finement
ponctuée, le chaperon doré avec lea pièces latérales et des lignes orbi-
tales, à duvet argenté. Thorax finement ponctué; une ligne carénale
de chaque côté du mésothorax. Une tache oblougue sur les fiancs en
arrière du tubercule. Ecussob stri^ longitudinalement avec un point
jaune géminé sur ses prolongations antérieure?, le post écusson entière-
ment jaune. Métathorax avec un espace sublunaire strié longitudi-
nalement et portant un sillon médian, le reste finement ponctué. Ailes
enfuméesjaunâtres, les nervures brunes. I>e3 cuisses noires terminées
de jaune, les jambes jaunes avec une ligne noire en dedans, les
tarses d'un jaune ferrugineux, bruns à l'extrémité. Abdomen déprimé,
convexe, assea court, très finement ponctué, les segments 1, 2 et 3
avec une tache jaune de chaque côté, 4 et 5 avec une bande continue,
l'extrémité noire avec poils dorés.
cf — Avec une tache noire en dedans du scape, Téeusson sans tachef»^
les tubercules sans tache jaune en arrière; les cuisses antérieures
jaunes, tachées de noir seuleuient à la b^se, les 4 autres avec leur
moitié apicale jaune. Les antennes avec le 6e article denté en dessous»
Capturé à Chicoutimi ; Packard ne mentionne pas les
points géminés en avant de l'écusson que portent nos spé-
cimens femelles.
7. Crabron cuisses-rousses. Crabro rv/ifemur ^Vack.
Proc. Ent. Soc. Phil, vi, p. 81, c?.
cf — Long. .38 pce. Noir ; les bords du sillon antennaire avec le
chaperon couverts d'un duvet argenté, le chaperon caréné au milieu ;.
les mandibules, le scape des antennes excepté à la base, une hande in-
terrompue au milieu sur le prothorax, les tubercules, les écailles
alaires, un point de chaque côté en avant de l'écusson, une iiixne sur
3e post-écusson, les pattes, avec 3 paires de demi bandes et 3 bande»
«complètes à l'abdomen, jaune ou jaune-testaci. Tête cubique, large,
finement ponctuée. Antennes courtes, avec le scape ép.)issi, entièrement
jaune excepté une petite tache en dedans à lu base, le 3o article forte-
ment échancr<^ en dessous à la base et le 6e avec une forte dent aussi
en dessous. Ecusson ponctué. Métathorax san«. espace renfermé dis-
tinct, son disque sillonné au milieu et comme alviîolé de chaque côté,
sa face dorsale striée tratisversalement. Les cuisses jaunes en dessus»
XVIII. — CRABROÎJIDES. 105
noires à la base et en dessous. Abdomen robuste, distinctement
ponctué, le premier segment avfc une double t;ich>i sinuée, les 2 sui-
vants avec des tacbes ovales et les 3 suivants avec une bande continue,
celle du 6e souvent obsolète au milieu.
Ç — Tête C'ibique, légèrement rétr^cie en arrière; mdtatborax
presque lisse, finement stiié ; abdomen avec 3 paiies de deiiii-bandc»
jaunes et 2 bandes complètes, les tiiches d i 1er segment plus large»
en dedans ; l'cxtriJmité noire avec poils dorés.
Espèce bien remarquable par la forme de ses antennes,
La Ç de notre spécimen n'a qu'une seule tachejaune sur
les flancs.
8. Crabron à-frcnt-noir. Crabro nigrifnmSy Cress,
Proc. Eut. iSoc. rhil. vi, p. 482 d".
(^ — Long. .38 pce. Noir; le scape des antennes, 2 taches sur le pio-
thorax, les tubercules, nue ligne sur le post écasson, le> [attes en p irlie,
avec 4 paires de taches et 2 bandes continues sur l'abdomen, j urne
pâle. Tête eo carré, les orbites avoc le chaperon argentés ; les mandi-
bules noires, sans taches. Antennes avec le sctpe jtune portant un&
strie noire en dessus, le pavillon avec 4 dents en dessous. Le pro-
thorax avec une petite ligne janne de ch ique côté. Lo mésothorax
avec l'écusson finement ponctués, le |ostécusson avec une petite ligne
jaune; le métathurax fortement rugueux, sa face supérieure séparée
de la postérieure par une petite caiène. Ailea lCgère;i ent enfumées,
les nervures noires. Les cuisses antérieures roussâtres avec une strie
noire en dedans, les intermédiaires noires, jaunes à l'extrémité avec une
strie jaune en dessus et roussâtre en avant, les postérieures totalement
noires; toutes les jambes jaunes, noires en arrière; les tarses jaune-
brunâtre, les postérieurs plus foncés. Abdomen subpédiculé, poli, con
vexe, renflé en dessous, les 4 p emiers segments avec une paire de
taches jaunes allongées, celles du 2c segnent plus larges et plus rap-
prochées, les segments 5 et 6 avec une bande continue, l'extrémité
noire avec poils rousâtres.
Cnpturé à Chicoutimi. Un spécimen a le pavillon des
antennes rous^âtre en dessous et manque de taches sur le
premier segment abdominal.
9. Crabron singulier. Crabro sinfçuIarU, Pack. Proc.
Ent. Soc. Phil, vi, p. 86, cf?.
Ç_Long. 55 pce. Noir foncé; les mandibules excepté à l'ex-
trémité, le scjpe des antennes, une tache de chaque côié du milieu du
106 LE NATURALISTE CANADIEN
prntliornv, les tuborcnle'j. une tnehe gdminde sur récui=Pon, les pattes
en partie avoc tachos à l'abdomen, j luiie. Chaperon à duvit doré au
niilioM, arirent(5 aux côlôs, de* liirnrs oi bit îles aussi argentées. Front
tiès fitirniPtit ponctué, à pubescence blanchâtre. Mésothorax finement
acicnlé; écusson poli; métathorax portant un sillon médian et dc3
fossnlpttes longitudinales irrégulièrea. Ailes passablement eiifu nées,
les écailles et le stigma brun-rousi-âtre. Pattes jaunes, les hanches,
les cuisses avec l'extrémité des tarses, noir; les cuisses antérie rca
terminées de jaune et po:tint une ligne rousse en dessus, les 4 jambes
antérieures avec une tache noire en dedans, les postérieures étroite-
ment terminées de noir. Abdomen ajilati, oblong, subpédiculé, li.-se,
le premier scg'nent avec un point jmne de chaq'ie côté, les 4 autres
chicun avec une strie elliptique de la même couleur, lontes obliques,
c'est-à-dire remontant vers la base du sogmont à leur extrémité interne,
l'anus noir avec poils blanchâtres, longuement | rolongé. — K.
Très rapproché du singvlaris, Smith, mais en différant
surtout par son premier segment abdominal taché de jaune,
et la description de Packard le donne sans taches. Dans
notre spécimen récuss^on est taché de jaune.
10. Crabron pauvre. Crabro pauper. Pack. Proc. Ent.
Soc. Phil, vi, p. 95, J.
(^ — Lontr. .22 jcc. Noir; le scnpe des antennes, une petite tacho
sur le prothorax de chaque côté, les tubercules, une ligne sur le po-t-
écusson, les pattes en partie, 4 paires de taclies sur l'abdomen, j lune-
pâle. Tête cubique, rétrécie en avant vers l'insertion des mandibules,
celles ci noires, sans tache. Antennes noires avec le scape noir, jaune
à l'extrémité souk ment, le pavillon no'r, rous^âtre en des>ous à l'ex-
trémité, portant 4 dents en dessous. Piothorax formé de 3 côtes, sé-
parées au milieu par un sillon, les 2 côtés chacun avec une petite tache.
Le mésothorax avec une linne carénalc de chaque côté du milieu.
L'écusson strié longitndinalement, le postécu^son avec une liLcne
jaune; le métathorax irrégulièrement et grossièrement rugueux, avec
un si Ion médian. Ai!e>» légèrement enfumées, les nervure- brunes. (Puisses
antérieures f rru.Mneuses avec une li^'ne noire en dessous, les inter-
méiiaires noires avec une strie jaune en dessus à l'extrémité, les pos-
térieures entièrement noires; les jambes jaunes en deliors, plus ou
moins teintes de forrniîir.eux, et noires en dedans; les tarses jaunc-
rou.-isatie. les postérieurs bruns. Abdomen en ovale alongé, les seg-
ments 2-5 cliac m avec une paire do tache-; jaunes, petites, très éloi
gnécp, ne formant (prune ligne de gros points tur les côtés, ceilcs du
2e segment les plus grandes.
XVIII, — CRABRONIDES. 107
Capturé à Chicontimi.
11. Crabron obscur. Crahro obscurvs, Brit. Mus. Cat,
iv, 418.
J^ — Lontr. .50 pce. Noir, le chnperon avpc des lignes orbitiles à
duvet argenté ; le se >pe des anteniifs exccptt5 une gnmde tache en de-
dans, une tache sur le prothorax de chaque côté du milieu, les tuber-
cules, les pattes en partie avec taches à l'abdoiuen. jaune. Tête très
fortement rétrécie en arrière des yeux, antennes noires, leur article 4
allongé, arqué et subdenté en dessous. Ec.iilles ahiives rou=sâtres. Une
ligne transversale dorée à la base de l'écusson. JJé^oihorax finement
acic'ilé, le inétathorax avec un sillon médian et forteuient rugueux
par des fossulettes irrégulières et f refondes. Ailes passablement en-
fumées, la côte et le stignia roussâtres. Toutes les hanches (t les tro-
chantins noirs, les pattes antérieures jaunes, leurs cuiss-es rerfl •* s et
portant de longs poils bhincliâires, les intennéiliaires noires, leurs
cuisses rousses en dessus, leurs jimbe-î avec une tache jaune en dihois
pi es de la base, les postérieures noiies avtc les jambes excepté à l'ex-
trémité, et le premier article des tarses noir aussi, son extrémité
jiune. Abdomen en ovale allongé, joii, avec une tache jaune ellip-
tique de chaque côté sur tous les seiiuients excqito le 1er et le dernier,
to ites ces taches obliques, celles du 2e segment les plus grandes et les
plus rapprochées du milieu, les suivantes allant toutes eu diminuant de
grandeur; l'extrémité noire. — R.
Un seul spécimen pris à Si-Hyacinthe ; ? encore in-
connue.
12. Crabron creusé. Crahro effossus, Pack. Proc. Eut,
Soc. Phil. vi. 10-4.
$ — Long. .37 pce. Noir foncé, le scape des antennes, le milieu
des mandibules, une ligne sur le prothorax interrompue au miieu, les
tubercules, le postécusson, les pattes en partie, avec 4 paires de
taches sur l'abdomen, jaune pâle. Tête cubique, finement ponctuée,
le chaperon à duvet cuivré au milieu et argenté sur les côtés, de n.ême
que les lignes oibitales. Prothorax avec une ban le jaune largement
interrompue au milieu ; le mésothorax avec une ligne carénale au
milieu et une autre de chaque côté tiès apparente; l'écusson ponctué,
brillant, le post écusson avec une ligne jaune, q-iehjutfuis réduite à
un point de chique oô é. Ailes losrèrement ei;fimérs, les nervures
brunes; le motathorax avec un espace renfermé di-tinct, strié lon^itu-
diualemont avec un sillon au niiiieu. Patte- noire»'; les 4 jimbes
antérieures juuues, noires en dedaus, les postérieures jauue^ avec un
103 LE NATURALISTE CANADIEN
anneau noir à rextréniifé ; les tarses brunâtre ferriiojineux. Ab'îonien
en ovule alloiisi^, convexe tu dessous, les se.irment 2 5 avec une fascie
jaune de chaq le côtd ; celles sur le 5e rapiirochées et pres(jue en demi-
lunes, les a très largement séparées.
(J* — Les antennes avec le scape noir à la base, le pavillon subdenté
à la bise ; IV-c ;sson avec un point j lune de cbaque côté en avmt, le
niétathorax fortement rugueux par de nombreuses fossulettes irrôgu-
lières ; les 4 cuisses antérieures, avec une tache jiune au sommet et
une strie en arrière; les j mibes avec une strie noire en dedans; l'ab-
domen avec une petite ligne jiune de chaque côté sur le premier seg-
ment, et une bande continue aur le 6-, les taches sur le 5j très
rapprochées.
Capturé an CupRouge et à Chicoutirai. Très rap-
procha* du crhtatus, mais s'en di-lingaant surtout par son
prolhorax uni et non denticulé. La 9 a quelquefois aussi
une très petite tache sur le premier s» gment abdominal.
13. Crabron aoiculé. Crabro aciculatus, iiov. sp.
$ — Ironir. .50 pce. Noir foncé opaque; les mandibules excepté
à l'extrémité, le scape des antennes, 2 taches sur le prothorax, les
pattes en partie avec une tache sur l'abdomen, jtune. Le chaperon
avec des lignes orbitales à duvet argenté. Antennes noires, le s -aie
jaune avec une tiche noire en arrière, les joues avec longs poils
argentés. Le prothorax avec une petite tache ovale de chaque côté,
les tubercules tachés de jmne seulement dans leur moitié [•Oï^térieure.
Le més^othorax avec i'écusson aciculés, le premier avec une fossette
médiane en avant bor^iée d'aciculatio is transversales, les fljnc^ aussi
aciculés; le métith )rax à espai.'e renfermé distinct, semi-circu'aire,
portant des stries longit idinales fines. Ailes légèrement enfuutées.
Pattes noires, les 4 j imbes antérieures jaunes en avant, les postérieures
entièrement j nines, tous les tarses bruns avec le premier article j nine.
Abdomen obiong, déprinn^, poli, à sutures bien prononcées, les seg-
ments 2, 3 et 4 chacun avac une bande latérale j 1 une, cette bande
échancn-e en dessus près de son extrémité extérieure, celles du 2d
segment très rapprochées dans la ligne médiane du corps, le segment
5 entièrement j lune, avec seulement une ligne noire à la base, 6 avec
une bande rousse, l'extrémité noire avec longs poils dorés. — AU.
cJ* — Scape des antennes noir, avec une ligne j nine en avant;
thorax sans aucune autre tache qu'un gros point jiune sur les tuber-
cules. Abdomen allongé, le 5i s-gmont avec uuo large bande jiUDô
ik la base, 1» 60 enUèreueut jauao.
Xtni— CRABRONIPES. 109
Capturé an CapRouge et à St-Hyacinthe. Espèce
bien remarquable par les bandes terminales de son ab-
domen.
14. Crabron tëte-cubique. Crabro cuhiccps, Pack
Proc. l^:nt. Soc. l'hi!. vi, p. 1U5, ?.
$ — Lonfî. .28 pce. Noir; le s^c.ipo des antennes, le ch;iperon ex-
cepté au milieu, les mandibules, une bande sur le prothorax iiiterroiu-
pue au milieu, les ti bercules, le [>ost-écns>^on, les pattes en partii-, une
tache transversale de chaque côté du 2e sipment abdominal et des 3
suivants, jaune, MJsothorax de même que l'ocus^on fiiement ac culé,
le mi ieu du mosoihorax avec une petite linnc carétiale de cluKjue côié ;
le dos du métalhorax avec stries longitudinales et un sillon au miiieu.
Ailes léiièrement enfumées. Pattes noires avec l'extrémité des 4
cuisses antérieures et toutes les jimbcs excepté une ligne noire en
arrière des 4 premières, j lune. Abdomen po i, luisant, les segments
2, 3, 4 et 5 avec une tache jaune transversale de chaque côté, celles
du 5e segment se réunissant presque.
Une seule 9 prise an P.-tit-Cap. Se distingue du nn-
gularis par sa tête qui n'rst point rétrécie en arrière, vi de
Vaciculutus qui a le 5e segment entièrement jaune et le
devant du mésothorax acicnlé en travers, tandis que la
partie postérieure est aciculée lonsitudinalement. Dans
notre spécimen la ligne sur le post-écusson n'est pas inter-
romj)ue au milieu et il n'y a pas de points jaunes en
avant de l'écusson.
15. Crabron denticulé. Crabro denticulatus. Pack.
Proc. JSnt Soc. l'bil. vi, p. 97, d.
d — Long. .30 pce. Noir; le scape des antennes, une ligne sur le
prothorax intenompue au milieu, les tubercules, une li^ne sur le post-
<?cusson, les pattes en partie avec des taches à rabdouien, jaune.
Mandibules noiies; écailles alaires rous-âtres. Antennes «rrêles, le Se
article fort allongé et portant en dessous 2 dents bien distinctes. Dos
du mésothoax impressionné do 2 ligues longitudinales; le métathorax
avec la partie renformée en demi-lune, portant un sillon médian et do
foi tes rugosités de chaq'ie côté. Pattes noires, les jambes excepté
une ligne noire en dedans, l'extrémité dea cuisses av> c les tarses ex
oepté à l'extrémité, jaune; les j.itubes postérieures sont entièrement
jannes avec un petit anneau noir à l'extréurité, leurs tarses brunâtres.
Ab.duuifiQ allongé, uni, poli, avec une double, bande jauDft sur les
no LE NATURALISTE CANADIEN
segments 2, 3 et 4 et une b inde continue sur 5 et 6 ; l'estrdmité
noire. — PC.
Bien distinct par la disposition de ses taches et ses an-
tennes bideiitées. Capturé au CupRouge et à St-Hya-
ciuthe.
(A Continuer).
I < tm^y——
DE QUlilBEC A JERUSALEM.
^Continué de la page 96.)
VII
Alexano'rie; rues; la place des Consuls; l'hôtel Labat. — L'Egypte, sa
grandeur passée et son état actuel. — Les Frères des Ecoles Chrétiennes;
les Lazari.-tes; les ^œurs de la Chariié. — La colunne de Pompée. - Lea
Juits; un meurtre .-upposé. — L'égl se Ste Catherine, celle des Grecs
pclii.-niatiques. — Départ pnur le Caire; le lac Maré>)tis; les cultures; les
villages Arabes; le Nil. — Les mandarines ; les Arabes; les pyramides ;
le Caire.
Contrairement à notre attente, le qnai est désert, nous
ne voyons que quelques gendarmes à l'air anxieux et em-
pressé. C'est que le public n'est pas admis sur ce quai,
lors de Tarrivée des vaisseaux d'outremer; seuls les agents
de l'autorité y ont accès.
On nous f;iit passer directement dans u;i bureau, où il
nous faut exhiber nos passeports,
La plupait de nos co-pèlerins français no s'étaient pas
pourvus de passeports, et quant à nous, nous n'avions
qu'une simple feuille de route portatit le sceau de notre
Province et la signature de notre Lieutenant-Gouverneur,
pour en tenir lieu. Mais on nous avait dit à Londres, que
cette feuille seule nous suffirait.
On fait d'abord difficulté d'admettre ceux qui ne sont
pourvus d'aucun papier, et quant aux autres, on veut re-
tenir leurs feuilles pour ne les leur remettre qu'au Caire,
le lendemain. Tandis qu'on en est ainsi à se faire des ob-
jections de part et d'autre, M. Bolduc et nous, nous pré-
sentons nos feuilles, en réclamant de notre titre de sujets
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM 111
britaniiiqnps. Un coup d'œil sur le texte aiigluis et le
grand sceau en cire ronge qu'on étale à leurs yeux, suffit
pour nous faire admettre s^ans plus do conteste. On nous
propose aussi de nous garder nos feuilles pour nous les re-
mettre au Caire, mais nous nous -y objectons, -tant pour
nous soustraire aux démarches qu'il faudrait faire là pour
les recouvrer, qu'aux bacchishs ^ qu'on ne manquerait
pas de requérir alors. Le commandant de notre caravane
en est encore à disputer avec les officiers turcs, que nous
traversons la cour et franchissons la poite gardée par deux
gendarmes qui nous sépare du trottoir que longe la file
des voitures qui attendent les voyageurs. Un bacchish
de la part de notre comraan iant obtient enfin raison des
exigences des avides douaniers, et nos compi^gnons vien-
nent aussitôt nous rejoindre. Nous nous partageons les
voitures par 4, 5, 6. suivant leur capacité, et nous entilons
des rues tortueuses et malpropres, pour nous rendre à
l'hôtid Labat, au centre de la ville, l'un des plus considé-
rables de la cité, où était fixé le lieu du rend'Z-vous.
La disposition des maisons sur ces rues mal allignées,
où souvent des balcons < fFi'-Mit nup telle projection qu'ils
foi nient [iresque voûte au dessus de nos tètes; cette foule
de gamins en haillons qui nous poursuivent en nous ahuris-
sant de leurs cris; ces tètes couronnées de fez ou de tur-
bans, suivant qu'on tient du turc ou de l'arabe ; ces faces
bioi zées, giillées, brûlées par les rayons du soleil; ces
coutumes aux formes si bizarres et aux couleurs si variées ;
ces musulmanes qu'on voit paitout à la face cachée par un
masque qui ne laisse voir que les yeux, lorsque souvent
les pieds, les bras et la poitrine sont nus ; ces sons guttu-
raux, ces articulations saccadées qui émaillent le langage
dont on fait partout usige ; tout nous convainc que
nous sc/mmes réellement en Orient, en face d'une civili-
sation dillérente de la nôtre, que nous n'avons plus à comp-
ter ici avec les coutumes et les usages de l'Oôci-leut.
Après environ cinq minutes de marche par différentes
rues, nous parvenons à la place des Consuls, au centre
{,') Bacchish signifie : pourboire, avmône ; c'est le mot qu'on nous
adresse de toute part en Orient, eu teudaut la main.
112 LE NATURALISTE CANADIEN
même de la ville. Ici c'est ttii tout autre aspect qui s'offre
à nos regards. Nous nous retrouvons en pleine ville Euro-
péenne. De beaux trottoirs larges et réguliers, des fiç^des
en pierre de taille, des vitrines où sont étalés les divers
articles dont nous faisons partout usage, le langage fran-
ç;\is qui à tout instant frappa nos oreilles, les costumes
européens que nous voyons partout, tout cela réuni pour-
rait nous f.iire croire que nous sommes à Marseille ou à
Bordeaux, n'étaient ces parasols de palmiers que nous
voyons ça et là se balançant au dessus des maisons et ces
costumes cosmopolites que nous voyous se coudoyer ou
s'entrecroiser à chaque instant.
La place des Consuls est un parallélogramme de quel-
ques arpents de longueur sur une largeur proportionné,
décoré à son milieu de la statue de Méhémet-Ali, si notre '
mémoire ne nous trompe, et portant bancs de pierre, allées
d'arbres et les ornements d'usage dans les places publi-
ques. Nous ttmrnons vers son ext:émité de droite dans
une rue latérale, et à quelque pas seulement nous descen-
dons à l'hôtel Labat, de suberbe apparence et d'aspect tout
oriental, par les plantes qui décorent sa façade. Cet hôtel,
à plusieurs étages, forme un carré dont le milieu e^t à ciel
ouvert et occupé par un petit parterre tout rempli de
plantes de climats tropicaux. Les chambres sont distri-
buées sur un corridor qui partage la maison d'un bout à
l'autre. Nous avons à peine pris possession de celle qui
nous est assignée, que nous redescendons de suite dans la
rue, pour examiner plus minutieusement la ville et nous
pourvoir de quelques petits articles de voyage qui nous
manquaient encore.
Nous entrons d'abord dans un grand magazin dont
les commis sont tous français, pour f.iire emplette de longs
turbans à fond blanc rayé de bandiss rouges et jaunes,
pour ajouter à nos chapeaux de paille, afin de nous proté-
ger davantage la tète et le cou contre les rayons du soleil.
On nous les fait payer 3 francs.
Nous portons ensuite nos pas à la chancellerie épisco-
pale pour faire viser nos celeài-el. L'évêque étant au Caire
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM 113
dans le moment, nous ne pouvons lui présenter nos hom-
mages. Nous sommes reçus par son chacellier. religieux
franciscain, qui nous accueillie avec une grande courtoisie,
et parait tout joyeux de faire la connaissance de prêtres
du Canada. Le P. Placide Yendrick, ce chancellier, est
Belge, et comme la plupart de ses compatriotes, se rappro-
che du caractère qui nous est propre, plus que toute autre
nationalité. Descendant les uns et les autres des français,
il semble que nous nous soyons, chacun de notre côté,
également éloignés de notre type. Si l'on nous accuse
quelquepart d'avoir marché trop lentement dans la voie
du progrès, nous nous en consolons facilement, en voyant
que la nation de nos pères, pour y avoir marché trop rapi-
dement, a, en plus d'un endroit, dépassé le but.
L'Egypte, ce pays qui dans les temps anciens a marché
longtemps à la tête de la civilisation ; ce pays qui a laissé
des monuments du génie de ses habitants, que nos siècles
de lumière rangent encore au nombre des rnerveilles que
n'ait pu depuis dépasser la conception humaine ; cette
terre qui a produit tant de génies dans les sciences, les
arts, la religion, même depuis l'établissement du christia-
nisme ; cette terre où ont fleuri les Sésostris, les Ramsès,
les Pharaons, les Ptolémés, les Euclyde, les Athanase, les
Antoine, et cette foule d'anachorètes qui, se soustrayant
pour ainsi dire aux lois de l'humanité, nous montraient
des anges sous une enveloppe mortelle ; cette terre que
foulèrent de leurs pieds Alexandre, César, Napoléon,
et les Patriarches Joseph, Jacob, Moyse, et l'homme-Dieu
lui même avec Joseph et sa sainte mère ; l'Egypte est au-
jourd'hui bien déchue de sa splendeur d'autrefois. Elle ne
compte même plus sur la liste des nations indépendantes
qui ont voix au chapitre du gouvernement du monde,
puisque son Khédive ou vice-roi reconnaît un suzerain
dans le Grand-Turc de Constantinople.
Le génie de cette nation dans le paganisme l'éleva au
dessus de ses rivales, et tant que les saints de l'évangile
peuplèrent ses déserts, elle ne cessa de fournir au monde
des porte-étendard de la vraie civilisation ; mais depuis
144 LE NATUBA.L16TE CANADIEN
que l'islamisme, cette absurde religion de la chair, est venu
la comprimer de ses étreintes, elle fut frappée de stérilité, et
alla toujours en décroissant. Ou ne put même voir dans
la suite des siècles, sortir de cette souche qui conservait
encore quelques sucs de vie, aucun rejeton généreux,
pouvant donner espérance d'un renouvellement de vi-
gueur et de production de nouveaux fruits, comme on le
voit dans les arbres de nos vergers, où souvent ces nou-
veaux jets l'emportent sur la souche première par l'abon-
dance de leurs produits.
Elle suivit la route de décadence sans presque aucun
retour sur elle-même, couiiuuemeni, sans se ralentir.
11 en e5t du monde moral à peu près comme du
monde physique. Tant qu'un arbre trouve dans le sol les
sucs qui lui conviennent, ou qu'on a soin de les lui renou-
veler par des engrais et des amendements intelligents, ou
le voit s'épanouir dans sa croissance et livrer des fruits eu
abondance. Mais pour peu qu'on le néglige, ^une fois les
fiucs primitifs épuisés, on voit de suite des croissances
étrangères voisines lui ravir ses sucs et des parasites i'é-
touffer de leurs étreintes, et dès lors il cesse de produire
ou ne donne plus que des fruits chétifs et sans valeur.
Ainsi vont les nations.
Tant que la lumière de l'évangile, qui est la véritable
sève qui alimente leur vie, est pure et abondante ; elles
croissent, s'épanouissent, et produisent. Maii du mo-
ment que les croissances étrangères des hérésies, les para-
sites ténébreux des schismes, ou ce qui est encore plus re-
doutable, le ver léthifère de l'incrédulité prennent chez
«lies droit d'asile, c'en est lait de lour grandeur, de leur
prospérité. Ce ne sont plus que des troncs desséchés, in-
capables de produire ; des plantes qui dépérissent après
leur floraison; des sources ne montrant plus que de mai-
gres lilet d'eau qui menacent de disparaitre totalement de-
vant une aridité complète, comme ces torrents de la Syrie
dans le lit desquels le voyageur se promène aujourd'hui à
pieds secs.
i^'Egypte, avec la plupart des pays de l'Asie — on pour-
Yait dire avec toutes les contrées qtte rislatbisme % cou-
vertes de son réseau — en est aujoardliai à èetté deh^riêre
■période. Seule la sève généreuse du pur catholicisme
pourrait la raviver, la régénérer ; mais les prescription s de
Mahomet, chez ces peuples indolents, ignares et reçikm-
gés dans la barbarie, y sont un obstacle presque infranchis-
sable. Et comment pourrait-il opérer sa conversion ce
musulman, lorsque la loi et la coutume permettent an
premier venu qui le rencontrerait de ltd plonger un poi-
gnard dans le cœur ou de lui loger une balle dans la "tèt«,
sans qu'il y ait à réclamer. Car c'est ainsi qu'on en agtt
dans tout l'empire turc. Un cadavre est la gisant près de
la route. — Est-ce un musulman? — Non. — Oh! ce n'eirt
rien; c'est celui d^xin chien de chrétien ! Aussi ces con-
versions sont-elles très difficiles et fort rares. L'église ca-
tholique que soutiennent ici les franciscains, les lazaristes,
les frères des Ecoles-Chrétiennes avec les Sœurs de Charité,
se recrute particulièrement parmi les européens, dans la
conversion d'un certain nombre de chismatiques idrrecs,
Améniens et Cophtes, et par les enfants abandonnés qu'on
vient ofifrir.
Mous allons visiter ces divers établissements, en obser-
vant en passant et les constructions parfois assez impo-
santes, et les jardins et places publiques aux plantes d'aspect
si difiérent des nôtres, que dominent ça et là ces altiers dat-
tiers, Phœnix dactylifera, Linné, au stipe grêle et élancé,
aux palmes nombreuses et allongées, lesquelles, réunies
en parasol au sommet, permettent au moindre souffle d'im-
primer à ces arbres un mouvement ondulatoire des plus
agréables. Les Frères ont ici un établissement aux vastes
constructions et sur un excellent pied. Leurs élèves, que
nous trouvâmes en récréation, nous présentèrent nn as-
pect des plus intéressants ; les bons Frères nous dirent
que les talents supérieurs étaient communs parmi eni. Ils
ont surtout une aptitude toute particulière pour l'étude
des langues. Avec les élèves les mieux doués, on fait
d'ordinaire marcher quatre langues de front dans leur
éducation, l'arabe, le français, l'italien et l'anglais ou le
tare, et cela même avec des enfants de 8 à 9 ans. Leur
116 LE NATDRALISTE CANADIEN
bande de musique nous fit entendre quelques morceaux
de son répertoire d'une exécution tout-à-fait remarquable,
L'Egyte qui a fourni des monuments antiques à pres-
que toutes les capitales des grands pays de l'Europe, et
même de l'Amérique, pour la décoration de leurs places pu-
bliques, en est presque entièrement dépouillée aujourd'hui.
11 ne leste plus à Alexandrie que la seule colonne de
Pompée, comme trophée de son ancienne splendeur,
lorsque capitale d'un grand pays, elle portait le nombre de
ses habitants à 500,000 ou 600,000, tandis qu'aujourd'hui ce
nombre ne dépasse pas 65,000.
Nous allâmes visitor cette colonne, élevée sur une pe-
tite eminence un peu en dt;hors de la ville actuelle. C'est
un monolithe de porphyre, de 70 pieds de hauteur, sur un
diamètre proportionnel. De tous les monuments antiques
que nous avons vus, c'est peut-être celui qui accuse plus
.visiblement le travail du temps sur son existence. Les
angles de sa base sont en partie disparus, son chapiteau
est mutilé et défiguré, et son fut même, surtout dans le
bas, a toute sa surface déchiquetée par l'action des cou-
rants atmosphériques qui le fouettent depuis près de trente
siècles sans avoir pu encore le renverser.
Une douzaine de touristes français, il y a quelques an-
nées, parièrent qu'ils iraient prendre un déjeûner sur le
'sommet de cette colonne. On lit au bas certains échaf-
faudages jusqu'à ce qu'on put lancer une ticelle par des-
sus l'entablement, au moyen de laquelle on fit passer un
cable dont les extrémités pendaient de part et d'autre.
Fixant l'une de ces extrémités par le bas, nos jeunes ex-
travagants durent jouer au matelot pour grimper au
moyen de l'autre jusqu'à la table supérieure. Us parvin-
rent ainsi, non sans beaucoup de peines et de fatigue, à se
hisser là tous les douze et à gagner ainsi leur pari. La
gloriole de pouvoir se vanter d'avoir mangé sur une table
où très probablement depuis 3000 ans aucun mortel n'a-
vait pris place, leur coûta assez cher pour que personne
depuis ne s'avisât de renouveler le festin.
;,. ir Cette colonne, qui sans doute autrefois ornait un parc
CR QUÉBEC A JÉRDSAJ.EM 117
public de la ville, est aujourd'hui dans un lieu vague,
n'ayant pas même une simple clôture pour l'entourer.
Comme elle reçoit de fréquentes visites de la part des étran-
gers, des gamins arabes s'y tiennent en permanence, dans
l'espoir de soutirer quelques bacchishs aux nombreux visi-
teurs. Au nombre de sept à huit, au moment où nous la
visitâmes, ils étaient à jouer à cache-cache autour de sa base.
Ils s'empressèrent, en nous voyant, de nous offrir quelques
fragments du monument ; mais le service était plus que
superflu, vn que le sol en est couvert tout au tour. C'est
un granit porphyritique très dur, de couleur rouge entre-
mêlée de taches grisâtres plus ou moins vitreuses. La dif-
ficulté n'était pas de trouver des fragments pour celui qui
voulait en rapporter un échantillon, mais bien de pouvoir
en avoir d'assez petits pour ne pas trop embarrasser dans
le voyage. Aussi ne parvînmes-nous qu'assez difficilement
à diviser l'un de ces fragments, tant cette pierre méta-
morphique oppose de résistance au moindre éclatement,
Alexandrie, qui est une ville fortifiée, est située un
peu à rOuest du delta que forme le Nil en se jetant dans
la Méditerrannée, sur une langue de terre qui sépare le
lac Maréotis de la mer même. Elle fut fondée par
Alexandre le Grand, 332 anvant J. C. Elle communi-
quait avec le Nil par un canal que l'on a rétabli de nos
jours. Elle fut longtemps la capitale de l'Egypte, et l'une
des villes des plus populeuses du monde. On y conservait
autrefois le corps de son fondateur renfermé dans un cer-
cueil d'or massif. Son école de philosophie jouît jadis d'une
très grande réputation. La construction du canal de tSuez,
en permettant à Port-Saïd de se partager avec elle l'entre-
pôt du commerce de l'Orient et de l'Occident, va contri-
buer à lui faire perdre tous les jours de son importance si
déchue déjà de ce qu'elle était autrefois»
Au moment où nous y arrivâmes, la ville d'Alexandre
était en grand émoi, par suite du meurtre d'un enfant
Grec qu'on mettait à la charge des Juifs. On avait trouvé
le cadavre de la victime, âgée de 14 ans, dans un fossé,
percé de nombreux coups de couteaux, lledoutant des
troubles, on avait fait mander par chemin de fer des ren-
Jlft LB- NATÏRALI&XE CANADIBN
fqrts.dïi Oaire, pour prêter, main, forte à la garnison. Voici,
quelle aurait. été le motif, de ce meutre.
On sait que les Juifs, pour la plupart, attendent en-
core la venue du messie ; mais comme chez tous les peu-
ples qui ont fermé les yeux à la véritable lumière, leurs
croyances se sont plus ou moin? altérées, si bien que peu,
très peu d'entre eux suivent encore aujourd'hui la loi
Mosaïqi^e, et que sans guides sûrs pour les diriger, ils ont
forn^p, plusieurs sectes dissidentes des vrais croyants d'au-
trefois, jusqu'à devenir en certains quartiers de véritables
mécréants, capables de tenir tête aux libres penseurs de
"fSJQU^S.
Or.pajrya^iCes disside;i\j;pj il e,n est qui admettent la ve-
mi€^_ di^, r^depi^p^lii: dai^s la personne de JésusrChrjst, et
q^i .c^P!i\fi\|;errpunémçnt:Obtpi>jr leur salut de ses .mérites,
saçis^être, tenus.de se conformer à ses enseignements. Le,
sang dj:^. Ciirist, disen,^-ils, a opéré le salut; du genre hu-
niajin., Qrjes chrétiens. par leur communion s'incorporent
ce sang, Si donc nous parvenons à obtenir du sang chré-
tien^nous nQV\s assurerons dç mçme la rédemption. De là le
n\eurtre4'un enfa-nt chrétien ayant communié, pour mêiejr
son^s^ng d^ins 1^ confection des pains azymes qu'ils man-,
gent à^ leurs pâques. Ce crime révoltant s'est déjà per-
pétré pi, visi.e,urs fois à Alexandrie, et est tpujpurs demeuré
injpwçi,^ par ce .qu'ici comme ailleurs, les Juifs sont les j
princes.de la finance, et comme tout est vénal dans l'em-
pi^re Tujp, il suffit d'(avpirjd,es épuç pour faire plier la jus-
tic^_ dj^ns ^ ses . exigences .et obtenir l'impunité dçs forfaits,
les^plus.réypltants. On, nous dit qu'il n'y a encore que.,
quelqu^çjs , années, les Juifs durent ainsi débouirser près,,
d'un dçffii lïiillon de francs pour se soustraire au^. consé-
quences d'un semblable mçutre.
Mçi^s vîmes par les journaux, quelques jours après
notre, dépE^rt d'Alexandrie, que malgré les recherches de
Iaj)plice, oij n'avait pu se procurer aucune preuve dU:
meurtre. supposé, et qu'on était porté à croire que le stra-
gçme avait été monté par les Grecs eux-mêmes, dans le
but de. squtirer quelque bonne rançpn des Crests Juifs..^
DK QUÉBEC A JÉRUSALEM 110
On aurait pris le cadavre de cet enfant, mort de mort na-
turelle, et on l'aurait ainsi maltraité et jeté dans un fossé,
pour accuser les Juifs du forfait, et leur vendre ensuite
fort cher l'impunité. Pour qui connaît les allures de»
orientaux et la manière dont s'administre la justice dans,
l'empire Turc, la ruse n'est pas da tout incroyable.
Jeudis 24 mars. — De bonne heure, ce matin, nous nous-
rendons à l'église Ste Catherine, que desservent les PP.
Pranciscains et qui est attenante à leur couvent. Un ma-
gnifique et vaste jardin, partagé en deux par une large"
allée qui correspond à la porte principale de cette églises-
la sépare de la voie publique.
En retournant à l'hôtel, après la célébration de nos?
messes, nous remarquons une autre église tout auprèSi
Nous y entrons ; et nous reconnaissons de suite, par les cru-
cifix peints sur bois et non sculptés, que nous sommes;
dans un temple grec schismatique ; d'ailleurs l'espèce
d'office qu'on y faisait alors, nous convainquit de suite que
nous n'étions plus chez des catholiques. Tout le chœur
était séparé du reste par une cloison dans laquelle s'ou-
vrait une porte de chaque côté. Toute la nef était videj,
mais près des murs, rapprochées de la cloison, étaient de»
stalles dans lesquelles quatre clercs ou ministres, seules
personnes alors présentes, chantaient des psaumes ou le-
çons d'un ton fort monotone et assez ennuyeux. Ces clercs,
tout en continuant leur chant, parurent fort intrigués de
notre présence, car ils nous suivirent constamment de la-
vue. Est-ce inconvenance ou témérité d'aller plus loin,
nous dîmes-nous? essayons toujours. Mous passons de-
vant les chantres et franchissons la porte de la cloison qui
était ouverte, pour voir ce qu'il y avait au delà. Nous
nous trouvons là dans un véritable sanctuaire, ayant un
autel au fond surmonté d'un grand crucifix peint comme
l'autre sur une surface plane. Un sacristain était à faire
une parure à cet autel, probablement pour un office qui
devait faire suite au chant de la nef. On nous regarde
sans rien nous dire ; nous examinons les tableaux, qui
n'ont rien de remarquable, et le reste de la décoration,, et
sortons par l'autre porte, en passant de nouveau devant
i,20 LE NATURALISTE CANADIEN
Jcs chantres qui ne nous perdent de vue que lorsque nous
franchissons la porte extérieure.
Le programme de la caravane porte qu'il y aura une
étape de quatre jours à Alexandrie. Comme le voyage est
payé d'avance, aller et retour, ceux qui voudraient se
contenter de rester dans le vaisseau tout le temps, ou du
moins d'y venir coucher et prendre les repas, n'auraient
rien à payer de plus ; mais si nous voulons loger en ville,
aller au Caire, aux Pyramides etc., c'est à nos propres frais.
Nous n'étions donc plus sensés soumis à notre comman-
dant du moment que nous mettions pied sur terre ; cepen-
dant, comme nous avions à visiter les mêmes lieux et les
mêmes monuments, nous préférâmes aller ensemble sans
nous débander. Voilà pourquoi il avait été arrêté que
nous prendrions le train du chemin de fer de ll|h. pour
nous rendre au Caire. Aussi, è part 3 ou 4, tous furent à
bord du convoi à l'heure précitée.
A peine sommes-nous installés dans les divers wagons,
que le train s'ébranle et nous voici à parcourir â la vapeur
cette terre d'Afrique, de la même manière que nous le
fesons en Europe et en Amérique. Le chemin, à sa sortie
de la ville, se trouve à côtoyer le lac Maréotis, dont nous
examinons attentivement les eaux dans l'espérance de
pouvoir peut-être y rencontrer le fameux souchet, Cyperus
papyrus, Parlatore, qui tburnissait le papyrus sur lequel
écrivaient les anciens Egyptiens, ou le lotus, cette célèbre
Nymphéapée, Nymphœa lotus, Linné, qu'on voit repré-
sentée sur tous les monuments, dont on mangeait la ra-
cine, et dont la graine aussi fournissait une farine qui en-
trait dans la confection du pain. Les fleurs du lotus bleu,
Nymphœa cœrulea, tSavigny, entraient dans la confection
des bouquets destinés aux ofirandes religieuses, et ses
fruits, mêlés aux épis de blé, ont souvent servi comme
modèles de la forme à donner aux chapiteaux des colon-
nades des temples érigés à Isis, comme emblème de cette
déesse de l'abondance. Mais, comme nous l'avions déjà
reconnu plus d'une foi?, ce n'est pas en chemin de fer
qu'on peut avantageusement herboriser. Les rives du
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM 121
Maréotis nous montrèrent en maints endroit une abon-
dante végétation, mais dans laquelles lotus et papyrus et
bien d'autres plantes encore sans doute, se confondaient
pour nous en ces massifs de joncs et de cypéracées vul-
gaires qui bordent d'ordinaire les rives de nos eaux tran-
quilles.
Bientôt nous perdons de vue les eaux du lac Maréotis,
et nous voguons en pleine campagne. La plaine basse et
unie est composée d'un terrain des plus fertiles, n'étant
qu'un amas de limon que le Nil dans ses inondations vient
renouveler chaque année. On est partout aux travaux
des champs, ici à labourer, tout à côté à moissonner orge,
blé, etc. car ici, il n'y a d'autre interruption à la végétation
que la croissance du Nil qui commence en Juin et se ter-
mine en Octobre.
ISi le sol est fertile et les moissons de belle apparence,
d'nn autre côté la culture nous parut fort défectueuse, La
charrue n'est qu'un simple areaa, c'est-à-dire un petit soc
fixé à une branche d'arbre courbe, le tout ne pesant guère
plus de 30 livres. Elle est d'ordinaire traînée par deux
petits bœufs, très distants l'un de l'autre, ou par un buffle
à mine disgracieuse et sauvage. Ces buffles, que nous
avions déjà rencontrés dans des ménageries, ont le cou
surbaissé, sans avoir la bosse scapulaire de nos bisons ; leurs
cornes, de grandeur moyenne, sont dès la base, dirigées en
bas en s'écartant de la tête, puis se relèvent un peu en
se portant en avant et en s'écartant d'avantage.
La herse n'est pas connue dans leur culture, on sème tou-
jours dans le sillon de la charue, à une profondeur de 4 à
6 pouces, pour que le germe ne soit pas desséché par la
forte chaleur.
11 faut être prêt à confier les semences à la terre dès que
les eaux se sont retirées, car une foi le sol sec, il ne peut
être amené à produire que par des arrosements. 11 n'y a
pas à chercher compensation dans les pluies, car en
Egypte, elles sont trop rares et toujours insuffisantes. On a
pu compter jusqu'à trois années de suite sans qu'on eût un
seul grain de pluie ; et année commune, la quantité d'eau
qui tombe de l'atmosphère ne dépasse pas 3 ou 4 pouces.
Lors de notre arrivée à Alexandrie, il tombait quelques
122t LB NATURALISTE CANADIEN
grains de pluies, et plusieurs qui comme nous avaient lu
dans les récits des voyageurs qu'il ne pleuvait presque
jamais en ce pays, en étaient tout étonnés, croyant qu'on
allait avoir de suite un démenti à cet avancé. Mais notre
illusion fut de courte durée, car ces grains ne furent pas
même assez nombreux pour réunir de toute part leurs
taches sur les pavés, ils suffirent à peine pour consteller de
leurs sombres astériques la poussière blanchâtre des trot*
toirs.
Comme partout la plaine est fort basse, l'eau se ren-
contre à peu de profondr*ur dans le sol, et n'était la cha-
leur ardente du soleil sous ces latitudes, nul doute que la
terre ne conservât assez d'humidité pour soustraire le cul-
tivateur à la nécessité de recourir à ces arrosements.
En maints endroits nous voyons, près de la voie, des
buffles attelés à des manèges qui font tourner une roue à
godets qui déversent dans des rigoles l'eau dont ils se sont
remplis en plongeant dans un puits ; ces rigoles qu'on
ouvre ou ferme suivant le besoin, conduisent le liquide aux
divers champs qu'on veut ainsi arroser. D'autrefois c'est à
bras qu'on exécute ce puisemeut de l'eau. Deux longues
courroies fixées de chaque côté d'une large gamelle sont
retenues par deux femmes placées de chaque côté du puits ;
tenant; une courroie de chaque main, elles impriment à la
gamelle un balancement presque cadencé et fort gracieux,
pour l'enfoncer dans le puits et en déverser de même le
contenu dans une rigole tantôt à droite et tantôt à gauche.
Nous nous sommes plu à admirer plus d'une fois avec
quelle dextérité elles faisaient ainsi jouer ce plat au bout
de leurs longues courroies, sansjamais. manquer leur coup
soit pour le remplir soit pour le vider.
L'Egypte c'est le Nil descendant de l'Afrique centrale
à travers des déserts d'un sable qui pompe si avidement
l'eau qu'il ne' reste partout qu'aridité. Partout où se porte
l'inondation avec le limon qu'elle dépose, c'est la fertilité
et l'abondance, et à côté la sécheresse et la stérilité. Si le
Nil ce;ssait ses inondations seulement pendant quelques
années, c'en serait bientôt fait de l'Egypte, et le désert au-
rait bientôt reconquis tous ses droits sur cette plaine d'une
fetrtiUtô sans pareille.
Ml QH^t/BftC A JÉRUSALiai 1 28:
On évalue à plus de 1500 lieues le parcours du Nih li:
traverse, dans son: cours, plusieurs marais peuplés de crooo--
dyies, d'hippopotammes, d'ichneumons, etc., et se trouve^
coupé par une vingtaine de cataractes, dont la plus rap-^
prochée est celle d'Assoam, sur la frontière de la Nubie, à
8Q0 lieues d'Alexandrie. A Kharjtoum, ville bâtie par
Mehemet-Ali, et qui compte aujourd'hui 30,000 habitants^,
le Nil se partage en doux. bra,ches, le Nil blanc qui vient,
de l'intérieur de l'Afrique, et le Nil bleu qui descend de?
l'Abyssinie. Dans le delt^que forme- le Nil dans la basse-
Egypte, il, se partage^ a^ussi en deux, branches principales-
pour se jeter dans Méditerrannée, l'une à Rosette et,
l'autre à Darniette. En dehors de Iç^, vallée du Nil, à part
quelques oasis sur les coulins du désert, c'est partout la
plaine nue et stérile, car si parfois il s'y rencontre desmaress
ou des marais, une eau soumâtre les remplit portant en
dissolution des substances minérales, tellement abondantes
que non seulement elles deviennent impotables mais même;
délétères le plus souvent pour toute végétation.
Plusieurs oiseaux s'offrent presque partout à nos re-
gards, ce sont surtout des corbeaux et des vanneaux, et-
sur les arbres qui ça et là bordent la voie, se montrent de-
nombreux nids dans le feuillage. Il n'est pas rare d'en
voir souvent jusqu'à 5 et 6 dans le même arbre. Ces arbres-
le pins communément son,t des sycomores, des tamarins et
parfois des dattiers.
En plusieurs endroits nous voyons des champs de blé
ou d'orge tellement entremêlés de coquelicots, qu'à quel-
que, distance ils forment une masse rouge compacte. C'était
la première fois que nous voyions le coquelicot, qui chez-
nous ne s'échappe jamais- de nos-jardinSj ainsi répandu
dans les champs, et ce n'est- qu'alors que nous comprîmes-,
le nom de coquelicot des blés qu'on lui donne en plusieurs en-
droits en France.
Partout ce sont des champs en culture à perte de vue,
avec des villages par-ci par-là sur de légères eminences.
Ces villages, aux maisons en terre en forme de cubes, très
près les unes des autres et souvent distribuées sans ordre,
ont la plus chétive apparence possible. Et n'était le mi-
naret toujours grêle et élancé qui les domine, on ne les re-
124 LE NATRRAUSTE CANADIEN
marquerait que lorsqu'on s'en serait assez rapproché pour
distinguer les chèvres ou les poules qui se promènent sur
les terrasses, ou des bandes d'enfants plus ou moins nus qui
grouillent dans les carrefours que forment ces pitoyables
huttes,
A Kafr-il-Zaïat, nous avons un arret d'un quart d'heure.
On vient nous offrir divers comestibles, oranges, dattes,
gateaux etc.— Combien les oranges, demandâmes-nous à un
gamin ?— Une piastre la pièce.— Une piastre? mais c'est
incroyable — Attendez, nous dit un voisin, la piastre est ici
de quatre sous environ. Nous en payons une et la trou-
vons excellente. Bientôt arrivent nos compagnons en
ayant les mains pleines. — Combien les avez-vous payées ?
— Trois pour une piastre, au coin, là, à l'étalage de la
bonne femme. Nous allons aussi nous en pourvoir, pour
le même prix. Nous nous rappellâmes ^<lors ce que nous
avions lu dans un certain guide : en général, en Orient,
n'offrez guère plus d'un franc pour un article qu'on vous
fera vingt francs. Ces oranges étaient de celles qu'on ap-
pelle mandarines, et de toutes les oranges, nous nen
avons jamais goûté de meilleures. Les mandarines sont
d'assez chétive apparence extérieure : elles paraissent
toutes bosselées, comme si elles étaient déjà en état de
décomposition. Cela vient de ce que chez elles, la peau
extérieure est distante de la masse intérieure, quelques
légers filaments seulement se montrant dans l'espace qui
sépare l'une de l'autre. Mais la masse intérieure est à di-
visions comme dans les autres oranges, et la pellicule qui
forme les partitions est tellement mince, qu'on la sent à
peine dans la bouche. Elles sont très sucrées et sans au-
cune pointe d'acidité. Les mandarines de Naples sont ré-
putées les plus recommandables parmi les gourmets.
A continuer.
r?ÉOROLOGIB 125
CHRONOLOGIE DE QUELQUES UNES DES INVENTIONS
LES PLUS IMPORTANTES.
La 1ère bibliothèque publique fut fondée
à Athènes 563 avant J. C
Eome eut la sienne 167 " "
Alexandrie 284 après J. C.
Le papier fut inventé en Chine 170 avant J. C,
Les vitres furent employées en Angleterre 674 après J. C.
Le papier de guenilles de coton fut in-
venté vers le Xe siècle.
Celui de toile en 1300.
Le premier degré de Docteur fut conféré
à Bologne en 1130 ; en Angleterre en 1208.
L'Astronomie et la Géométrie furent intro-
duites en Angleterre -. en 1220.
La première toile fabriquée en Angleterre, en 1252.
Les lunettes furent inventées en 12:80.
La poudre à canon inventée à Cologne
par Schwartz de 1320 à 1340.
Premiers canons mis en usage au siège
d'Alger en 1342.
L'imprimerie inventée à Mentz par Gut-
tenberg en 1450.
Les dindons et le chocolat introduits d'A-
mérique en Europe en 1529.
Le tabac introduit en France par Nicot... en 1560,
La patate introduite en Irlande en 1586.
La circulation du sang découverte par
Harvey en 1619.
NECROLOGIE.
Le Prince Lubomirski. — Le 24 février, est mort à
Varsovie, dans sa 58e année, le prince Yladisias Lubo-
LE NATtJft^U8TE'bANADIEN
!iDirski connu dans le domaine des sciences comme con-
chyliologiste distingué. Il possédait une des plus com-
plètes collections conchyliologiques et une riche biblio-
thèque pour cette partie de l'histoire naturelle. Il aimait
sa science favorite non seulement en amateur, mais en
naturaliste qui observe, qui classifi^, qui étudie lobjét de
ses recherches. Aussi trouve-t-on dans les journaux scien-
tifiques les preuves de ses études et de ses connaissances.
Affable, bienveillant, cherchant toujours à être utile aux
autres, il était généralement respecté et aimé.
M. Joseph Decaisn^.-^— l.e 18 mars, s'éteignait à Paris,
M. Jos. Decaisne, né à Bruxelles en 1807. Il s'adonna
d'abord dans sa jeunesse au dessin ^t à la lithochromie, et
parvint plus tard à être attaché à la culture du Jardin
des Plantes, et à force d'études et de travail, il réussit
de simple jardinier, à devenir professeur de culture à cette
importante institution. De ce moment son attention se
concentra sur la botanique. De nombreux articles dans
des Revues Scientifiques et plusieurs ouvrages spéciaux,
seul ou associé à d'autres savants, lui assurèrent une célé-
brité justement méritée dans la science des plantes. Asso-
cié à M. Lemaout, il publia la Flore des Jardins et des.
Champs, qui est généralement connue et fort appréciée des
débutants dans l'étude delà Botarniqué.
FAITS I>IVEItS
Utilité des Fourmis. — De tout temps on s'est servi de certains
animaux pour faire la chasse à d'autres, mais on n'avait pas encore,
que nous sachions, utilisé les insectes dads ée but. L'emploi en a été
fait en Pologne. Les misérables qui vivent dans la malpropreté sont
souvent infestés de vermine, surtout dans les climats chauds. Or il
est d'usage dans les hôpitaux de ces contres que lorqu'on reçoit un
nouvel arrivant, on soumette ses vêtements à une fumigation de 60^
FAITS DIVERS 127
ponr faire périr la vermine qu'ils pourraient contenir. Un jour, à
l'hôpital S. Lazare de Varsovie on déposa sur une pelouse dans le
jardin de tels habits en attendant le moment de la fumigation. Lors-
qu'on vint les reprendre, quelques heures après, on les trouva cou*
verts d'une myriade de fourmis noires qui y avaient trouvé leur proie
et l'emportaient. Après un examen plus attentif on acquit la certi-
tude que ces fourmis avaient opéré la désinfection aussi bien que la
fumigation la plus active.
Goélands et Pélicans. — M. Willcox, de l'Académie des
Sciences de Philadelphie, qui a spécialement étudié les oiseaux de la
Floride, rapporte qu'en les observant attentivement il a pu constater
un fait assez singulier au sujet des Goélands et des Pélicans. On sait
que ces derniers vivent S'irtout de poissons. Après avoir ingurgité un
bon nombre de ceux qu'ils ont pu prendre, ils conservent les autres
dans la poche qu'ils ont sous la gorge, pour un autre moment où la
faim se fera sentir. On les voit alors tellement lourds qu'ils se tiennent
la tête basse en attendant que se fasse la digestion pour ingurgiter le
reste. Les Goélands qui connaissent leurs habitudes, les suivent alors
de près, et Viennent quelquefois jusqu'à se poser sur leur dos, épiant
le moindre mouvemont du pêcheur, pour trouver le moyen de Ini
ravir sa proie. Dès que le Pélican relève la tête et ouvre le bec, pour
avaler un nouveau poisson, le Goéland s'élance alors et va jusqu'à
s'engager la tête dans sa gueule pour lui ravir sa proie, qu'il s'en
va dévorer plus loin. Il trouve sans doute la pêche beaucoup plus
facile dans ce magazin, que dans les eaux vagues des estuaires.
Goll€Ction vendue.— M. A. R. Grote, une autorité en fait de
Lépidoptères d'Amérique, en ayant décrit un grand nombre d'espèces
nouvelles, vient de vendre sa superbe collection de ces insectes au
British Museum de Londres, pour la somme de $5,000. La Revue
Psyche ajoute : " Thus, by the neglect of home institutions to secure
this collection, replete with typical specimens, it has been lost per-
manently to this country where it belonged."
Un apiculteur à Québec— C'est souvent de l'étranger que
nous viennent les nouvelles de notre propre pays. La Psyche nous
apprend qu'un résident de Québec doit mettre prochainement sur pied
une culture d'abeilles sur une très grande échelle. Il aurait donné
ordre pour avoir de Ceylan une nouvelle espèce d'abeilles découverte
récemment par M. Benton, le célèbre apiculteur Américain. La revue
ajoute qu'un M. Jones, de Beeton, Ont. a vendu l'année dernière,
30,700 lbs de miel, produit de son seul rucher.
128 LE NATURALISTE CANADIEN
Société MinéralOgîque. — Il vient de se former à Ottawa une
Société Minéralogique, ou plutôt la Société de ce nom qui existait
depuis quelques années dans le Collège des RR. PP. Oblats, vient
d'être ouverte aux hommes de science du dehors. Le Rév. P.
Marsan, directeur du collège, et qui fait particulièrement ses délices
de l'étude des minéraux, parait être l'âme dirigente de la nouvelle
Société. Dans une assemblée tenue au collège le jour de Pâques, la
Société a confirmé ses constitutions pour sa nouvelle organisation, et
fait l'élection de ses officiers pour une nouvelle année. Les fjnctions
diverses furent distribuées comme suit: Président, M. Paschal Poirier ;
Vici'.P. M. D. Burns; trésorier, M. Th. Hottes; secrétaire, M. P.
Ryan; démonstrateur, M. T. MacCarthy; conseillers, MM. Frs.
Latchford et J. 0' Sullivan.
Il fut aussi décidé qu'en attendant que la Société pût avoir un
organe spécial en langue française, V Universal Penman recevrait les
bulletins officiels de ses transactions, et qu'on admettrait comme mem-
bres correspondants, ceux à qui la distance ne permettrait pas do
prendre part aux délibérations.
Nous applaudissons de tout cœur aux nobles efforts do nos frères
d'Ottawa pour promouvoir l'avancement de la science. Rien do plus
efficace qu'une société pour inspirer et soutenir le zèle des étudiants,
provoquer les recherches, entretenir le feu sacré en lui fournissant sans
cesse de nouveaux aliments, et parvenir ainsi à des résultats que n'ob-
tiendraieut pas isolément les intelligences même les mieux douées. Nul
mieux que nous ne connait ce qu'il en coûte pour se frayer, seul, une
route en dehors du cours des idées communes. Que de fois l'apathie
et le dédain de ceux qui vous entourent viennent se dresser contre les
efforts que vous faites pour vaincre les obstacles que vous rencontrez
dans la route que vous poursuivez, et semblent vous dire : " insensé,
t'épuiser dans ces luttes stériles 1 que ne fais tu comme les autres qui
n'ont pas tes connaissances et ne s'en trouvent pas plus mal ?"
C'est alors qu'une Société devient éminemment utile ; les obstacles qui
semblaient insurmontables s'aplanissent promptement devant le con-
cours de chacun des coassociés ; la portion de lumière produite par
chacun d'eux forme, par son ensemble, un jour qui illumine des abymes
qui semblaient insondables, et permet de marcher avec sûreté là ou
auparavant on ne voyait que ténèbres infranchissables. C'est donc de
tout cœur que nous souhaitons à la Société, succès et longue vie.
LE
Vol. XIII.-5. CapRouge, Q., MAI 1882. No. 148.
Rédacteur: M. l'Abbé PROVANCHER.
FAUNE CANADIENNE
(Continué de la page 110.)
11. G-en. Thyuéope. Thi/reopus, St-Fargeaa.
Tète transversale, de moitié plus large que longue,
avec des yeux très développés, empiétant sur la face
"Vers le bas, de manière à former une fossette pour l'inser-
tion des antennes, comme dans les Crabrons. Antennes
insérées près de la bouche à la base du chaperon, à scape
allongé, le pavillon dans les d" étant tantôt dilaté, aplati,
fusiforme, et tantôt à peine épaissi et plus allongé, dans les
Ç un peu épaissi vers l'extrémité. Prothorax très étroit,
anguleux aux côtés; métathorax court, comme dans les
Crabrons. Ailes comme dans les Crabrons. Pattes
moyennes avec les cuisses renflées, les jambes et ies tarses
médiocrement épineux, les jambes antérieures dans les cT
dilatées en un grand appendice foliacé, lobé, ou bien mu-
nies d'une brosse en dessous. Abdomen subsessile, plus
étroit qne le thorax, avec l'extrémité dans les ? portant
une plaque triangulaire unie, et étant spatulée dans les (^.
Ces insectes ont toute l'apparence extérieure des Cra-
brons, leur abdomen étant comme chez ceux-ci rayé de
bandes jaurtes sur fond noir; mais il est toujours facile de
130 LE NATURALISTE CANADIEN
les distinguer par leur prothorax anguleux aux côtés, et
mieux encore par la plaque anale des ? et les jambes an-
térieures appendicées des <S'. Trois espèces rencontrées.
Ç avec fuscies jaunes au 2e segment abdominal en
dessous 1. monticQÎa.
Ç sans fascies jaunes au 2e segment abdominal en dessous;
cJ* avec le pavillon des antennes fusiforme, le tho-
rax sans aucune tache 2. latipGS.
(^ avec le pavillon des antennes filiforme, le tho-
rax avec taches jaunes ; les jumbes an-
térieures avec un appendice foliacé 3. pegasus.
1. Thyréope monticole. Thyreopus moniicota, Pack.
Proc. Ent. Soc. Phil, vi, 367.
Ç — Long. .50 pce. Noir; tête courte, à front déprimé, portant
de longs poils bruns. Chaperon court et large, argenté, caréné. Man-
dibules noires. Antennes assez longues, le scape jaune, noir à la base
et avec une ligne noire en dessus, le pavillon noir. Prothorax avec
une bande jaune interrompue au milieu ; le niésothorax faiblement
sillonné au milieu; les tubercules j;iunes, ocellés, l'écusson avec une
tache jaune au milieu. Métalhorax avec le disque portant un sillon
médian profond et des stries rayonnant de ce sillon. Ailes jaunâtres avec
la côte brune, les nervuresjaunes. Pattes noires avec le premier article des
tarses jaune. Abdomen allongé, déprimé en dessus, les 4 premiers seg-
ments avec 2 bandes jaunes, celles du premier plu? petites, celles du 4e
presque contiguës, le cinquième avec une bande non interrompue, le
seo-ment terminal en tiiangie allongé, rebordé sur les côtés. Dessous
avec une bande jaune de chaque côté au 2e segment. — E,.
Capturé à Chicoutimi.
2. Thyréope pieds-larges. Thyreopus latipes, Smith,
B. M. Cat, iv, 396.
^ — Long. .29 pce. Noir ; une tache sur les mandibules, le scape
des antennes en dessous, avec les pattes en partie et des taches à
l'abdomen, d'u!i jaune pâle. Le chaperon argenté; Antennes noires,
à pavillon court, fortement dilaté et aplati, fusiforme, tout noir.
Thorax sans aucune tache, le mésothorax densément ponctué, le
métathorax médiocrement rngueux. Ailes médiocrement enfumées,
les nervures noires, leurs écailles noires. Pattes noires avec les jambes
jaunes, les cuisses antérieures jaunes avec une ligne noire en dessus,
leurs jambes jaunes aussi avec une ligne noire, et l'appendice fort
grand, foliacé, concavo-convexe, à pointe aiguë, le bord postérieur
XVIII. — CRABRONIDES. 131
sinué, le disque poli, noir, avec une large strie blanc-jaunâtre près du
bord antérieur, une autre beaucoup plus courte dans le premier sinus
du bord postérieur, toute la marge de ce bord jaune avec 4 ou 5 petites
lignes brunes en arrière près de la jambe, les tarses brun-roussâtre avec le
1er article jaune; les jambes intermédiaires avec une ligne noire en
dedans, les postérieures avec le dedans noir et une autre ligne en
dehors aussi noire. Abdomen allongé, étroit, avec 5 paires de taches
jaunes ou blanchâtres, celles du 1er segment arquées, celles du 2e
elliptiques avec un point noir au milieu, celles du 3e échancrées en
avant, les autres simples. — R.
9 Encore inconnue. Espèce bien distincte par sa
coloration et surtout la forme de ses taches abdominales.
3, Thyréope Pégase. Thyreopus Pegasus, Pack. Proc.
Ent. Soc. Phil, vi, 362.
Ç — Long. .35 pce. Noir, finement ponctué, légèrement velu ; le
chaperon, le scape des antennes, une bande sur le prothorax inter-
rompue au milieu, les tubercules, une ligne interrompue sur l'écusson,
les pattes en partie avec des taches à l'abdomen, jaune. Chaperon
argenté, de même que des lignes orbitales dans le sillon antennaire.
Scape des antennes intiorement jaune, le pavillon noir. Ecailles
alaires roux-brunâtre. Métathorax fortement rugueux. Pattes noires,
les jambes avec les tarses, jaune, les premières tachées de noir en de-
dans, les derniers roussâtres à l'extrémité. Ailes enfumées, les ner-
vures jaunâtres. Abdomen subpédiculé, fusiforme, avee 4 paires de
taches et une bande continue sur le 5e segment; les taches du premier
segment sinueuses, celles du 2e plus grandes, simples, celles du 3e
échancrées en avant, celles du 4e presque contiguës, le 5e segment
avec une bande apicale continue ; la plaque anale avec poils dorés. — C.
M. Cresson n'ayant vit que des ?, nous faisons suivre
ici la description du c?.
J* — Avec le scape des antennes taché de noir en arrière, le pa-
villon filiforme, allongé. La tache de l'écusson obsolète. L'écaillé des
jambes antérieures grande, polie, sans sinus ni découpures, en triangle,
noire avec une bande jaune près de la jambe et 5 à 6 petites lignes
blanches au bord postérieur. Abdomen comme dans la ? , mais avee
une bande de plus sur le 6e segment, les taches du 4e étant aussi con-
tiguës.
Capturé à St-Hyacinthe.
132 LE NATURALISTE CANADIEN
12. G-en. Blépharipe. Blepharipus, St-Farg-,
Tête transversale, quoique un peu plus longue que
dans les Thyréopes. Chaperon large et court, avec les
yeux grands et antérieurs comme dans les Crabrons. An-
tennes filiformes, à premier article alloîigé. Prothorax
court, sinué au milieu, ses côtés non anguleux ; méta-
thorax avec un espace renfermé lisse au lieu d'être ru-
gueux comme dans les Crabrons. Ailes comme dans le»
Crabrons, mais avec le stigma plus développé et la radiale
portant un appendice droit se dirigeant vers la côte. Pattes
ordinaires. Abdomeu subpédiculé, déprimé, l'usiforme,
terminé dans les 9 comme chez les Crabrons par une pro-
jection en forme de canal.
Ces insectes, qui ont toute l'apparence des Crabrons,
s'en distinguent surtout par leur tête plus courte et leur
métathorax poli. Quatre espèces rencontrées, dont une
nouvelle.
Noir avec taches jaunes ; ailes avec taches brunes. 1, maculipennis.
Noir sans aucune tache 2. ater.
Noir avec les jambes et les tubercules antérieurs
jaunes 3. ml nimus.
Noir avec les 4 tarses antérieurs blancs 4. ciuctipes, w. sp,
1. Blépharipe à-ailes-tachées. Blepharipus maculi-
pennis, Fabr. Proc. Eut. Soc. Phil, vi, p. 372.
C^ — Lonjr. .36 pce. Noir; les mandibules, le scape des antennes,
une tache sur le chaperon de chaque côté du milieu, une lîp^ne sur le pro-
thorax interrompue au milieu, les tubercules, une double tache semi-
lunaire sur l'écusson, les pattes en partie, une bande sur les segmenta
abdominaux 2, 3, 4, 5 et 6 interrompue au milieu, jaune. Dos du
métathorax poli, brillant, avec un profond canal au milieu. Ailes
légèrement enfumée.*, chacune avec 3 taches brunes détachées, une en
avant et une en arrière du stigma, près de la côte, et une 3e vers le
milieu de l'aile au dessous du stigma. Pattes avec les jambes, l'extré-
mité des 4 cuisses antérieures et le premier article des tarses, jaunes ;
les 4 jambes antérieures avec une ligne brune en dessous et les posté-
rieures avec une tache noire à l'extrémité. Abdomen poli, brillant,
avec une tache transversale jaune sur chacun dea segments 2, 3, 4, 5
et 6 interrompue au milieu, — R.
Un seul spécimen c? capturé à Danville. Espèce bien
remarquable par ses ailes tachetées.
XVni. — CRABRONfDES. 133
2. Blépharipe noir. Blepharipus aler, Cress. Crabro
aier. Cress. Proc. Eut. Soc. Phil, iv, p. 477.
$ — Long. .28 I'Ce, D'un noir foncé brillant, sans aucune tache.
Le chaperon argenté ; le front finement ponctué et profondément
canaliculé au milieu. Espace renfermé du métathorax en demi-cercle,
poli, n'ayant qu'un sillon médian. Pattes noires, les jambes posté-
rieures légèrement épineuses et avec les épines terminales rousses.
Abdomen en massue, subpédiculé, poli, brillant. — AC.
3. Blépharipe minime. Blepharipus minimus, Pack.
Proe. Ent. Soc. Phil, vi, p. 377, d ?.
(^ — Long, .18 pce. Noir; une tache sur le scape des antennes en
dessous, une ligne sur le prothorax (manquant quelquefois), les tuber-
cules, avec les pattes en partie, jaune. Chaperon argenté. Front
densément ponctué, sans sillon médian apparent. Métathorax avec
l'espace renfermé borné par une ligne ponctuée. Ailes très légèrement
obscurcies, leurs écailles roussâtres. Pattes noires, les jambes jaunes
avec une ligne noire en dedans, les postérieures avec un anneau jaune
à la base, les 4 cuisses antérieures avec l'extrémité jaune en dessus, les
tarses jaunes avec l'extrémité noire. Abdomen subpédiculé, poli,
brillaat, noir, sans aucune tache. — PC.
4. Blépharipe à pieds-ceinturés-de-blano. Plepha-
ripus cinctipe^, nov. sp.
(d — Long. .20 pce. Noir sans aucune tache. Le front impres-
sionné au milieu au dessus des antennes,celles-ci entièrement noires,
le chaperon à pubescence argentée. Métathorax fortement rugueux
par de gros points soulevés. Ailes légèrement obscures au milieu; les
écailles brunroussâtre. Pattes noires, les tarses intermédiaires blancs
à l'exception du dernier article, les antérieurs aussi blancs excepté le
1er et le dernier article, les jambes postérieures renflées. Abdomea
subpédiculé, entièrement noir. — R.
Un seul spécimen d^ pris sur le Petit Cap, S. Joachim.
Se distingue particulièrement des 2 autres par la structure
de son métathorax et ses tarses antérieurs blancs.
13. Gen, Khopale. Rhopalum, Kirby ; Physoscelis,
St-Farg.
Tête subcubique, épaisse en arrière des yeux. An-
tennes dans un sillon frontal, un peu épaissies vers l'ex-
trémité dans les $ , presque filiformes dans les ç^. Ocelles
en triangle equilateral. Prothorax mutique. Ailes avec
un appendice se dirigeant en ligne droite vers la côte.
134 LE NATURALISTE CANADIEN
Pattes courtes, les cuisses et les jambes postérieures ren-
flées. Abdomen à pédicule long, grêle, épaissi en raassufe
à l'extrémité, le reste fusiforme, le dernier segment cana-
liculé dans la ?.
Se distinguent surtout des précédents par l'abdomen
pédicule. Deux espèces rencontrées.
Abdomen entièrement noir 1 . pedlceliatum.
Abdomen avec le 3e segment plus ou moins roux. . 2. ruflgaster.
1. Rhopale pédicule. Rhopalum pedicellatum, Pack.
Proc. Ent. Soc. PhiJ. vi, p. 380.
Ç — Lons:. .24 pce. Noir, poli, brillant; le chaperon argenté,
étroit, tridenté en avant, sa partie me'diane se projetant en avant
aaec une dent de chaque côté, les mandibules rousses, noires à la base
et à l'extrémité. Antennes brunes, le scapc jaune avec une ligne
noire en dessus. Thorax sans autres taches que le tubercule jaune, et
les écailles alaires brunâtres; le métathorax poli, avec un sillon mé-
dian. Pattes noires, jambes antérieures excepté une ligne noire en
arrière, l'extrémité de toutes les cuisses, un anneau à la base des 4
jambes postérieures avec les 4 tarses antérieurs, blanc. Cuisses pos-
térieures renflées en pointe au milieu, leurs jambes avec des petites
dents en dehors, leur extrémité rousse, leurs tarses noirs. Abdomen à
pédicule grêle, renflé en une espèce de nœud au sommet, le dernier
segment roux, canaliculé.
Deux spécimens ç.
2. Rhopale ventre-roux, Rhopalum rufigaster, Pack.
Proc. Ent. Soc. Phil, vi, p. 382.
? — Long, .20 pce. Noir, poli, brillant; les mandibules rousses,
le chaperon argenté avec une pointe triangulaire au milieu. Sillon
antennaire noir, poli Antennes peu renflées, le scape long, entière-
ment jaune, le pavillon brun en dessus, testacé en dessous. Thorax
entièrement noir, les tubercules jaunes, les écaillée alaires testacées.
jaunâtres. Métathorax poli, brillant, avec un sillon médian. "Ailes
hyalines, les nervures et le stigma, noir. Pattes noires, tous les tro-
chantins, les 4 jambes antérieures avec leurs cuisses en partie, juune-
pâle. Pattes postérieures avec un petit anneau jaune à la base de la
jambe et l'extrémité de cette même jambe rousse, cette jambe aussi
grosse que la cuisse, avec quelques petites dents en dehors, leurs
tarses bruns. Abdomen à pédicule long, strié près de sa base et
renflé en massue à son extrémité, la base du 3e segment plus ou moins
largement rousse, de même que le ventre, le dernier segment aussi
roux.
Un seul spécimen $.
XIX— EUMÉNIDES. 135
14. G-en. Trypoxylon, Tnjpoxylon, Latr.
Tête transversale, mais assez longue. Chaperon siib-
triani^ulaire. plus long que dans les Crabrons, soulevé dans
sa ligue médiane. Yeux grands, se rapprochant fortement
sur le vertex et portant une échancrure triangulaire vers
le milieu. Antennes insérées à la base du chaperon, de
longueur moyenne, à peine épaissies à l'extrémité, leur
premier article renflé, non allongé. Thorax ovale-cylin-
drique ; le métathorax plus étroit que les 2 autres parties
et souvent caréné sur les côtés. Ailes petites, avec une
cellule radiale lancéolée, sans appendice, une seule cubitale
fermée et 2 discoïdales, par conséquent une seule nervure
récurrente que la lore cubitale reçoit vers son extrémité.
Pattes ordinaires, assez grêles, inermes. Abdomen très
long, en massue, le premier segment pyriforme au sommet.
Les ailes petites de ces insectes avec leur long abdo-
men qui s'épaissit en massue permet toujours de les distin-
guer à première vue. Une seule espèce rencontrée.
Trypoxylon en-massue. Trypoxylon davatum, Say.
Say's. Eut. ii, 756. Proc. Ent. Soc. Phii. vi, p. 415, cJ?.
Ç — Long. .38 pce. Eutièrement noir et sans pubescence ; le
chaperon et des lignes orbitales à duvet argenté. Métathorax avec un
sillon médian bien distinct, portant à sa base des rugosités longitudi-
nales et au soiiimet des petites lignes transversales, les côtés carénés
longitudinalement, et la face postérieure portant une profonde fossette.
Ailes légèrement obscurcies à l'extrémité, les nei'vures noires. Pattes
sans taches, les hanches et les cuisses soyeuses-blanchâtres, les jam-
bes postérieures avec épines terminales rousses. Abdomen, poli, bril-
lant, s'épaississant de la base à l'extrémité, le premier segment renflé
au sommet et sa suture avec le 2e enfoncée. — CC.
Fam. XIX. EUMENIDES Eumenidx.
Tête courte, transversale, à yeux souvent échancrés
et débordés par le vertex en arrière.
Chaperon plus long que large, convexe au milieu, se
terminant par une pointe bifide plus ou moins allongée.
Mandibules fort allongées, dentées en dedans.
Antennes insérées vers le milieu de la face, le scape
allongé, le pavillon épaissi en massue.
136 LR NATURALISTE CANADIEN
Thorax court et robuste, à prothorax fort étroit au mi-
lieu, mais s'allongeant sur les côtés jusqu'aux ailes ; l'é-
cusson grand, le métathorax fort court.
Ailes avec une cellule radiale lancéolée, 3 cubitales
fermées dont la 2e, rétrécie à la radiale, reçoit les 2 ner-
vures récurrentes, et 3 discoïdales fermées ; ces ailes se
pliant en deux dans le repos.
Pattes ordinaires, inermes ; tarses avec le premier ar-
ticle aussi long que tous les autres réunis.
Abdomen tantôt très brièvement pédicule, et tantôt
avec tout le premier segment allongé en pédicule, se ter-
minant toujours en pointe aiguë.
Cette famille, assez peu nombreuse en genres, est réu-
nie, par certains auteurs, aux Yespides, eu égard à la faculté
qu'ont les insectes de ces deux familles de se replier longitu-
dinalement les ailes en deux, dans le repos. Mais la confor-
mation des mandibules adaptées à un genre de nidification
tout différent est une raison majeure pour les séparer en
familles distinctes. En effet, tandis que les guêpes vivent
en société, sont pourvues d'instruments pour la construc-
tion de leurs nids, et nourrissent leurs larves du miel
qu'elles leur apportent ; les Euménides, toujours solitaires,
se contentent de creuser des trous dans le bois pour y
déposer des proies vivantes qu'elles paralysent au moyeu
de leur aiguillon pour la nourriture de leur progéniture
de la même manière que les Crabrons dont nous avons
donné l'histoire. Il y a donc cette immense différence
entre les Yespides et les Euménides, que chez les pre-
mières les larves sont mellivores, tandis que chez les der-
nières elle sont carnivores.
Les Euménides sont des insectes à fond noir toujours
plus ou moins marqué de jaune ou de fauve. Il est assez
difficile de les saisir avec les doigts sans s'exposer aux
douloureuses piqûres de leur aiguillon, eu égard à la fa-
culté qu'elles possèdent de se mouvoir l'abdomen en tous
sens, en en allongeant plus ou moins la pointe. Nous
n'avons encore rencontré que des représentants des deux
genres qui suivent.
XIX. — E0MÉNIDK8. 137
Abdomen très brièvement pédicule, son 1er segment
étant presque égal au 2ô à son extrémité 1. Odynerus.
Abdomen à premier segment toujours allongé en
pédicule plus ou moins grêle 2. Eumenes.
1. Gen. Odynère. Odynerus, Latr.
Tête transversale. Chaperon convexe au milieu, plus
long que large, bidenté en avant. Yeux échancrés ; 2e et
3e articles des palpes labiaux portant un poil spinuliforrae
vers le bout. Antennes terminées le plus souvent dans
les ? par une espèce de crociiet. 1er segment abdominal
campanuliibrme, court, très brièvement pédicule, un peu
rétréci, ainsi que le 2e à leur jonction, ce dernier beau-
coup plus grand que les autres.
Insectes de taille moyenne, à taches jaunes ou blan-
ches. Onze espèces rencontrées.
1er segment abdominal à face antérieure séparée du
disque par une petite carène ;
1er segment abdominal en forme d'entonnoir, avec
un sillon longitudinal sur son disque; an-
tennes J* simples: sous-Genre: SYMMORCHUS ;
Segment 1 — 4 avec une bordure jaune . ... — 1. WalshianUS.
Segment 1, 2 et 4 avec une bordure jaune.... 2. Canadensis.
Segments 1 et 2 seulement bordés de jaune.. 3. debilis.
1er segment tronqué à sa base, sans sillon sur
son disque ; dernier article des antennes cf
en forme de crochet: sous-G : ANCISTROCERVS ;
Métathorax à bordure tranchante ;
Bordure du 1er segment abdominal non dilatée aux côtés ;
Ecusson taché, bordure du prothorax bilobée. ... 4. capra.
Ecusson sans tache ; bordure du prothorax simple. 5. tigris.
Bordure du 1er segment abdominal dilatée aux
côtés, ornements blancs •- 6. albophaleratUS.
Métathorax sans bordure tranchante 7. Caïupestris
1er segment abdominal sans carène transversale : QDTNERUS ;
Bordure du 1er segment abdominal dilatée aux
côtés 8. arvensis.
Bordure du 1er segment abdominal non dilatée aux côtés ;
Flancs sans taches 9. leucomelas.
Flancs avec tache jaune 10. PensylvaniCUS.
138 LE NATURALISTE CANADIEN
1 Odynère de-Walsh. Odynerus Walshianus, tSauss.
Syn. Am. Wasps, p. 152.
Ç — Long, .43 pce. Noir foncé, le chaperon avec une tache d'un
blanc jaunâtre à sa base, une tache sur le tubercule intra-antennaire,
un point en arrière des yeux, une tache de chaque côté sur le protho-
rax, une autre sur les flancs, une tache de chaque côté sur l'écusson,
une bande à l'extrémité des 4 premiers segments de l'abdomen, avec
taches sur les pattes, jaunes. Mésothorax partagé par 2 sillons bien dis-
tincts ; écusson avec un sillon médian ; face postérieure du méta-
thorax rugueuse, ses bords à peine carénés, garnis de poils courts.
Ecailles noires avec la pointe postérieure jaune. Ailes hyalines, plus
ou moins obscures près de la côte, le stigma noir. Pattes noires avec
l'extérieur les jambes jaune. Abdomen distinctement ponctué, le premier
seo'ment plus fortement, avec un sillon longitudinal sur son disque, les
bandes jaunes sub-interrompues au milieu. Antennes des (^ avec le
dernier article non replié en forme de crochet.
Les bandes abdominales subinterrompues de cette es-
pèce la distinguent particulièrement de ses voisines.
2. Odynère du-Canada. Odynerus Canadensis, Sauss.
Syn. Am. Wasps, p. 156.
Ç — Long. .30 pce. Noir; toute la face fortement ponctuée, en-
tièrement noire à l'exception d'une petite tache jaune sur le tubercule
intra-antennaire. Antennes noires, sans aucune tache. Thorax for-
tement ponctué, noir, une petite tache de chaque côté sur le protho-
rax, une autre sur les flancs un peu en avant des ailes antérieures,
une tuche sur l'écusson de chaque côté d'un sillon bien distinct qui le
partage au milieu, jaune j^cailles alaires fauves avec leur bord interne
noir. Mésolhorax partagé en trois par un sillon bien distinct de
chaque côté du milieu ; le métathorax à face postérieure concave, avec
crête sur ses bords latéraux. Ailes hyalines, avec un nuage plus ou
moins obscur près de la côte en avant du stigma et dans la cellule
radiale jusqu'à l'extrémité ; le stigma fauve. Pattes noires, les jambes
et les tarses fauves plus ou moins tachés de brun. Ab lomen à pre-
mier segment ponctué-rugue'ux, avec un sillon longitudinal sur son
disque, le reste poli, brillant, à peine ponctué, le premier segment avec
une bande jaune au sommet épaisse et portant une petite échancrure
au milieu, les 2e et 4e aussi avec une bande jaune, celle du 3e étant
plus ou moins oblitérée. — G.
Ci suit la description du c? que M. de Saussure n'a
point vu.
XIX -EUMÉNIDES. 139
^ — Avec le chaperon entièrement jaune, le scape des antennes
avec une ligne jaune en dessous, les jambes jaunes avec taches
noires, écusson sans taches ; pour le reste semblable à la Ç .
Espèce bien distincte par sa taille grêle et sa colo-
ration.
3. Odynère faible. Odynerus debilis. Sauss. Syn. Am.
Waps. p. 155.
Ç — Long. .32 pce. Noir, fortement ponctué; une tache au haut
du chaperon, une autre audessus des antennes, une de chaque côté
sur le prothorax de même que sur les flancs, 2 points sur l'écusson
avec la bordure du 1er, du 2e et souvent aussi du 4e segment abdo-
jninal, jaune ; tête ponctuée-rugueuse ; dos du mésothorax avec un
sillon profond de chaque côté du milieu ; métathorax fortement ru-
gueux, sans carènes distinctes ; écusson avec un sillon médian. Ailes
subhyalines, obscurcies à la côte, le stigma noir. Pattes noires les
cuisses terminées de jaune, les jambes jaunes, noires à l'extrémité les
tarses jaunes. Abdomen à 1er segment tout couvert de rugosités
avec un sillon médian, bordé de jaune à son sommet, de même que le
2e et souvent aussi le 4e.
(^ — A coloration semblable à l'exception du chaperon qui est
jaune et bidenté et de l'extrémité des antennes en dessous qui est
roussâtre. 1er segment abdominal rugueux comme dans la Ç.
Capturé au CapRouge.
4. Odynère chèvre. Odynerus capra, Sauss, ISyn. Am.
Wasps, p. 163.
Ç — Long. .53 pce. Noir ; une tache sur les mandibules, 4 taches
sur le chaperon, le tubercule intra-antennaire, le dessous des antennes,
un point en arrière des yeux, une ligne sur le prothorax interrompue
aa milieu et dilatée aux côtés, 2 taches sur les écailles alaires, une
autre tache au dessous, un point de chaque côté sur l'écusson, les
pattes en partie avec 4 bandes à l'abdomen, jaune. La tête, le tho-
rax et le premier segment abdominal, avec longs poils jaunâtres.
Ecailles alaires brunes avec une tache jaune en avant et en arrière.
Métathorax à face postérieure lisse, brillante, ses bords avec une forte
carène allongée en pointe mousse aux angles. Ecusson avec un sillon
médian. Ailes jaunâtres, enfumées, le stigma brun-jaune. Pattes
noires avec les jambes et les tarses jaunes, les 4 jambes antérieures
noires en dedans, les postérieures avec seulement une tache noire vers
l'extrémité. Abdomen robuste, les segments 1, 2, 3 et 4 avec une
bande jaune au sommet, le 2e avec sou disque poli, à peine ponctué. —
C.
140 LE NATURALISTE CANADIEN
ç^ — Avec le chaperon jaune, une tache jaune sur toutes les hanches
en dessous, les cuisses presque entièrement jaunes en avant, tous
les segments abdominaux excepté le dernier avec une bande jaune.
Les angles sub-épineux des bords du métathorax de
cette espèce, avec sa face postérieure brillante, la distin-
guent particulièrement de ses voisines.
5. Odynère tigre. Odynerus tigris, Sauss. Monog.
des Guêpes, p. 273»
$ — Long, .40 pce. Noir avec taches jaunes. Chaperon noir, for-
tement ponctué, son extrémité échancrée en avant, portant 4 taches, 2
plus grandes vers le milieu et deux autres plus petites plus en avant»
le tubercule intra-antenaire, avec une ligne en dessous du scape
jaune, de même qu'une petite ligne en arrière des yeux. Thorax forte-
ment ponctué, le prothorax avec une ligne sur le bord dilatée aux
côtés, l'écusson avec une ligne partagée en 2 par un petit sillon, une
bande sur le post-écusson, une tache sur les borda latéraux du meta,
thorax, une tache au-dessous des ailes antérieures, jaune. Métathorax
à face dorsale concave, unie, ses bords latéraux avec une carène sub-
épineuse aux angles, cette carène plus ou moins tachée de jaune. Ailes
subhyalines, avec une tache plus obscure dans la 1ère cellule cubitale,
et une autre partant de la radiale et s'étendant jusqu'au bord de l'aile.
Pattes noires, les jambes excepté à l'intérieur, avec l'extrémité des
cuisses, jaune, les tarses brun-fauve ; les jambes postérieures jaunes
avec l'extrémité noire. Abdomen à premier segment un peu plus petit
que le suivant, pubescent et plus fortement ponctué, portant une bande
jaune apicale. dilatée brusquement à ses extrémités, le 2e densément
ponctué, portant aussi, de même que les trois suivants, une bande
jaune apicale, en dessous le 2e segment seulement porte une bande
jaune. — CC.
Ç — Avec le chaperon jaune, les antennes roussâtres à l'extré-
mité avec le dernier article noir et recourbé en crochet, point de
taches jaunes sur les bords latéraux du métathorax, toutes les jambes
jaunes, etc.
Cette espèce, un peu plus petite que la précédente, se
reconnaît surtout par le sillon médian de son écusson, les
taches jaunes des angles du métathorax chez les Ç, le 2e
segment abdominal plus fortement ponctué, etc.
6. Odynère caparaçonné-de-blanc. Odynerus albo-
phaleraius, Saussure. Syn. Am. Wasps p. 167.
!
XIX— FUMÉNIDKR. 141
$ — Long. 50 pee. Noir, fortement ponctué ; une petite tache
triangulaire à la base des mandibules, 4 taches sur le chaperon, le tu-
bercule intra-antennaire, un point en arrière des yeux ; une ligne sur
le bord du prothorax dilatée de chaque côté, 2 taches sur l'écusson
une tache au dessous des ailes antérieures, en arrière du tubercule, les
pattes en partie, une bande au sommet des segments abdominaux 1 à
5, blanc ou jaune blanchâtre. Chaperon noir, grossièrement ponctué
avec 2 taches en avant et 2 autres plus allongées près de la base. An-
tennes noires, roussâtres en dessous, tant le scape que le pavillon.
Thorax avec pubescence blanchâtre, le mésothorax avec une impres-
sion de chaque côté du milieu le séparant dans toute sa longueur,
L'écusson grand, poli, ponctué, avec une tache triangulaire de cha-
que côté ; le métathorax à face postérieure concave et carénée au
milieu, polie, lisse, ses bords latéraux avec une crête garnie de poils
nombreux blanchâtres. Ecailles alaires jaunes avec une tache noire
interne. Ailes enfumées-jannâtres, avec une tache plus foncée à la
radiale, le stigma brnn-roussâtre. Pattes noires, l'extrémité des cuisses
avec les jambes excepté en dedans, juune, les tarses fauves. Abdomen
sessile, à premier segment un peu plus petit que le suivant, portant
une carène transversale à son bord antérieur, ponctué et pubescent,
les autres glabres, le 2e le plus grand, finement ponctué, les autres plus
fortement, 1, 2, 3 et 4 avec une bande jaune au sommet, plus large
sur un 1 et 2 et élargie au milieu sur le premier, l'extrémité
noire. — CC.
(^ — Avec le chaperon entièrement jaune, le scape des antennes
avec une ligne jaune en dessous, le pavillon roux à l'extrémité avec le
dernier article noir et replié en crochet, les cuisses en partie jaunes etc.
1. Odynère champêtre. Odynerus campestris, Sauss.
Syn. Am. Wasps, p. 181.
çj — Long. 50 pce. Noir ; le chaperon excepté une tache noire au
centre, le tubercule intra-antennaire, le dessous des antennes, le bord
du prothorax dilaté aux côtés, une grande tache au dessous des ailes
antérieures, une petite ligne derrière les yeux, une tache triangulaire
de chaque côté sur l'écusson, le post-écusson, les pattes en partie avec
des bandes à l'abdomen, jaune. Thorax fortement ponctué, à poils
blanchâtres, le mésothorax avec une impression de chaque côté du mi-
lieu visible seulement en arrière. Face postérieure du métathorax
ponctuée, ses bords latéraux sans carènes. Ailes obscures le long de la
côte, le stigma brun-fauve, les écailles jaunes traversées par une bande
brun-fauve. Pattes jaunes, les hanches et les cuisses noires, l'extré-
mité des cuisses avec les tarses, fauves. Abdomen fortement ponctué,
142 LE NATURALISTE CANADIEN
le 2e segment moins que le reste, le premier segment avec une bande
jaune à l'extrdmite et une tache circulaire distincte de chaque côté, le
2e avec une large bande jaune à l'extrdmite, cette bande fortement
ponctuée, le 3e seulement avec une ligne ; l'anus noir.
Var. Le chaperon jaune avec 2 taches noires.
çj> — Sans taches au chaperon, le post-écusson sans taches ou seu-
lement avec 2 points. La tache des flancs absente ou présente, seg-
ments 3 et 4 avec ou sans bordure jaune.
Espèce bien recoiinaissable par la coloration de son
premier segment abdominal et surtout par la bordure for-
tement ponctuée de son 2e segment.
8. Odynère des-champs. Odynerus arvensis, Sauss.
Syn. Am. Wasps, p. 270.
Ç — Long. .50 pce. Noir, densément ponctué, avec taches
d'un jaune orange ; le tubercule intra-antennaire, une tache en arrière
des yeux, les mandibules, le dessous du scape des antennes, le bord
du prothorax largement dilaté de chaque côté, les écailles alaires ex-
cepté une tache brune au milieu, une tache au dessous, le post-écus-
son, une bordure aux segments 1, 2, 3 et 4 de l'abdomen, avec les
pattes, jaune foncé ou jaune-orange. Le chaperon jaune porte une
tache noire au milieu. Face postérieure du métathorax ponctuée, non
séparée du reste par une carène. Ailes enfumées, jaunâtres ourous-
sâtres. Les hanches avec les cuisses excepté à l'extrémité, noires.
Abdomen finement ponctué, son premier segment sans carène trans-
versale quoique tronqué en avant, portant à son sommet une bor-
dure s'unissant aux côtés à une tache circulaire et subinterrompue au
milieu, le 2e avec une bordure simplu, mais très fortement ponctuée, 3
et 4 avec une simple ligne. — R.
cJ* — A chaperon sans tache. Le crochet des antennes noir ou
testacé. Les bords latéraux de la face postérieure du métathorax
rugueux. Le 5e segment souvent aussi avec une bordure.
Espèce bien distincte par sa coloration, appartenant
anx vrais Odynerus.
9. Odynère grisâtre. Odynerus leucomelas, Sauss. Syn,
Am. Wasps, p. 287, ? d^.
Ç — Long. .45 pce. Noir, ponctué; une tache sur les mandi-
bules, 2 au chaperon, une autrejau front, une autre en arrière de chaque
œil, la bordure du prothorax, une tache sur les flancs, le post-
écusson avec la bordure des segments abdominaux, blanchâtre. Meta,
XrX — EUMÉNIDES. 143
thorax fortement ponctué, ses bords formant des angles arrondis. Ailes
subhyalines, leurs écailles avec une tache blanche. Pattes avec les
cuisses noires, les jambes blanches avec une strie noire en dedans, les
tarses et les genoux ferrugineux. Abdomen à 1 er segment court, à
peine plus fortement ponctué que les autres, sans carène transversale,
portant un petit sillon sur son disque, bordé -de blanc de même que les
4 suivants.
^ — A chaperon jaune, bidenté, une ligne sur le scape des an-
tennes, le crochet de leur extrémité, les jambes, les tarses, le dessous
des cuisses intermédiaires de même' que leurs hanches, jaune.
Var. Le crochet des antennes noir.
Capturé à Chicoutimi ; se rapproche par sa coloration
de Valbophaleratus, mais peut toujours s'en distinguer par
son absence de carène au 1er segment abdominal et par
son écu&son sans taches.
10. Odynère de-Pensylvanie. Odr/nerus {Slenodynerus)
Pensylvanicus, Sauss. tSyn. Am. Wasps, p. 327.
Ç — Long. 30 pce. Tête globuleuse. Noir ; le labre, une tache
sur les mandibules, le scape des antennes en dessous, une tache dans
le sinus des yeux, un point en arrière de ceux-ci, une ligne interrompue
sur le bord du prothorax, une tache au dessous des ailes, le post-écus-
son, la bordure des segments 1, 2 et 4, avec les jambes, jaune. Les
écailles alaires ferrugineuses ; les ailes subhyalines, la cellule radiale
enfumée. La face postérieure du métathorax non marginée en dessus,
son sommet portant de larges ponctuations. Abdomen grêle, cylindrique,
le premier segment très fortement ponctué, sans carène transver-
sale. Le chaperon tout noir, sans taches.
cf — Antennes ferrugineuses en dessous, le chaperon jaune.
La plus petite de toutes les espèces que nous ayions
encore rencontrée.
2. Gen. Euménès. Etimenes, Latr.
Tête transversale. Yeux échancrés. Antennes insé-
rées vers le milieu de la face, le premier article allongé.
Chaperon un peu plus allongé que dans les Odynères.
Mandibules longues, dentées. Ailes avec une grande cel-
lule radiale et 4 cubitales, dont la 2e plus petite, rétrécie
vers la radiale, reçoit les 2 nervures récurrentes. Ab-
domen à premier segment aminci, pédonculiforme, fort
long, le reste formant une masse sub-globuleuse.
144 LE NATURALISTE CANADIEN
Mêmes habitudes que chez les Odynères dont ils ne
se distinguent que par leur abdomen pédoncule. Une
seule espèce rencontrée.
Euménès fraternelle. Eumenes fraierna, Say, Say's
Ent. I, p. 332, c??. .
Ç cf — Long. 52 pce. Noire, ponctuée, avec poils jaunâtres ; le
chaperon, le tubercule intra-antennaire, une ligne sur le scape des an-
tennes en dessous, une petite ligne derrière les yeux, le bord du pro-
tborax, le post-écusson, un point sur les flancs au dessous des ailes,
les pattes en partie, avec une bande subapicale à tous les segments
abdominaux, jaune-pâle. Le chaperon est fortement échancré en avant,
dans les Ç il porte une grande tache noire au milieu. Antennes
noires, dans les S^ l'extrémité est roussâtre avec le dernier article re-
courbé en crochet. Thorax fortement ponctué ; métathorax sans au-
cune cirène. Ecailles alaires fauves, plus ou moins tachées de jaune.
Ailes jaunâtres, enfumées près de la côte. Cuisses noires avec l'ex-
trémité fauve ; jambes blanches avec une tache noire en dedans, tarses
fauves. Abdomen à premier segment allongé en pédicule, quoique
beaucoup plus grêle à sa base. Le 2e segment campanuliforme avec
sa bande apicale échancrée au milieu, et portant en outre une tacho
elliptique, oblique, de chaque côté, les autres segments fort courts,
avec leurs bande plus ou moins onduleuse. — CC.
Ces insectes construisent leurs nids en terre et les at-
tachent ordinairement à la surface d'une feuille, les appro-
visionnant de chenilles ou autres insectes.
(Â Continuer).
DE QUEBEC A JERUSALEM.
(.Continué de la page 124.)
Nous rencontrons un gamin avec des gateaux en
forme de cercles ou de rondelles qu'il porte enfilés dans
son bras, nous en achetons quelques uns comme supple-
ment à la simple tasse de café que nous avions prise pour
tout déjeûner. La croûte était toute piquetée de graines
que nous crûmes être de l'anis. Mais quelles graines et
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM 145
quelle pâte ; pour sûr que nos chiens n'auraient pas voulu
en manger. Nous en fîmes goûter à plusieurs de nos
compagnons, et tous proclamèrent qu'il n'y avait que des
pal;iis arabes pour ^'accommoder d'une telle saveur. Aus-i
n'hésitâmes-nous pas longtemps à profiter de la petite
fenêtre du wagon pour nous en débarrasser.
Le plus souvent se sont des bœufs que nous voyons
attelés aux charrues, quelquefois cependant ce sont des
mulets ou des ânes ; plus d'une fois nous avons vu un
âne accouplé avec un bœuf, et une seule fois un âne
accouplé avec un chameau. C'est l'unique occasion où
nous avons vu le chameau employé comme bête de trait.
Après avoir passé plusieurs villages arabes, tantôt à
droite et tantôt à gauche de la route, et tous à peu près
de même apparence, nous traversons, sur un superbe pont
en fer, la branche Ouest du Nil, celle qui a son embou-
chure à Rosette» Le fleuve a à peu près un peu plus
d'un mille de largeur ici, et présente une fort belle appa-
rence. C'est partout le même terrain et les mêmes cul*
tures ; blé, orge, lentilles, lin, trèfles, fèves etc.
A Tanta, nous passons l'embranchement du chemin
de fer de Mansoura, se dirigeant vers l'Est, et de ce point
la route prend une direction plus prononcée vers le Sud,
c'est-è-dire s'écarte davantage de la Mcditerrannée, pour
s'enfoncer dans les terres. Peu après, nous traversons la
branche Est, celle qui a son embouchure à Damiette, sem-
blablement sur un pont en fer, et nous nous trouvons en
plein pays de Gessen, c'est-à-dire dans cette terre qu'occu-
pèrent autrefois les Israelites, lorsqu'à la suite de la vente
de Joseph, les autres enfants de Jacob ses frères vinrent
s'y établir. C'est là que la seule famille de ce patriarche,
dont les douze enfants formèrent les souches, se développa
tellement sous la b*^nédiction du Seigneur, bien que fort
maltraitée par ses maîtres, que lors de sa sortie d'Egypte,
sous la conduite de Moïse, c'est-à-dire après s>'ulement
215 ans, elle formait une nation de plus de trois millions
d'âmes.
Depuis longtemps déjà les yeux et les lunettes étaient
braqués du côté du Sud-Ouest, dans l'espoir d'y découvrir
146 LE NATURALISTE CANADIEN
les pyramides qu'on pouvait, nous disait-on, voir de ce
point. Nous les apercevons à la fin, sous forme d'un
triangle de modeste dimension se dessinant sur l'hovizon
lointain. Bien que nous ne pussions dès lors juger de leur
masse imposante, nous ne pûmes cependant nous défendre
d'une certaine émotion : nous avions sous les yeux Tune
des plus étonnantes merveilles du génie de l'homme ; une
œuvre de quarante siècles sofirait à nos regards ; le temps
qui détruit tout, avait pour ainsi dire émoussé sa puis-
sance sur cet ouvrage de la main des hommes !
A Benah, nous passons un autre embranchement du
chemin de fer qui se rend à Ismalia sur le canal de Suez,
et nous continuons toujours dans la même direction, jusqu'à
ce qu'enfin nous pénétrions dans la ville et descendions
dans la gare.
YIII
Le Caire; l'hôtel Roval 5 la ]an«:ue Arabe; les chiens; les enfants sans
parents; panorama; la chibouque et le narguileh. — Lea Pyramides,
la route qui y conduit ; as^cension dç Chéopa ; le Sphinx ; les Pyra-f
mides de Sakkara ; les esclaves.
A peine descendus dans la gare, nous nous empressons
de nous assurer des voitures de place pour nous rendre aux
hôtels, dont le choix n'avait pas été, cette lois, fixé d'a-
Tance. Mais pendant que nous cherchons notre compa-
gnon d'un côté, pour ne pas nous séparer, lui nous
cherche d'an autre, si bien que nous nous trouvons à la
fin seuls pour nous pourvoir d^un logement. Un jeune
homme vient s'offiir de nous conduire, tout près de là, à
l'hôtel Royal, tenu par un français, et où, assurait-il, nous
nous trouverions fort bien. Il s'empare de nos petits sacs,
eft nous le suivons à pied.
Les rues offrent à peu près le même aspect qu'à
Alexandrie, avec cette diflfjrence toutefois qu'elles sont
beaucoup plus fréquentées ; la foule des voyous sales, dé-
guenillés, criant, hurlant sans cesse, est ici beaucoup plus
©15 QUÉBEC A JÉRUSALEM 147
nombreuse. Les rues que nous enfilons sont aussi tor-
tueuses et étroites, et presque toutes les fenêtr s des mai-
sons présentent un balcon à trois chassis feisant sallie sur
la rue. Cette saillie des balcons couverts permets, au
moyen des chassis qu'ils portent, d'intercepter le moindre
courant d'air de la rue pour le faire pénétrer à l'intérieur,
ou du moins pour rafraîchir les personnes qui viennent
s'y reposer, lorsque le soleil ne les couvre plus de ses
rayons.
Après environ dix minutes de marche, nous tournons
à gauche dans une rue beaucoup plus large et plus pro-
pre, d'apparence tout européenne, oil nous trouvons l'hôtel
que nous cherchions. Le patron, M.. Raymond, nous ac-
cueille avec une urbanité toute Parisienne, et nous prête
d'autant plus d att ntion qu'il se trouvait froissé de ce que
les autres membres de la caravane étaient passés devant
sa porte, à lui français et catholique, pour aller descendre
à quelques pas de là à l'hôtel d'Orient, tenu par un grec
schismatique. Il nous donne des chambres au deuxième,
grandes et bien confortables, dont le prix, y compris la
pension, serait de 10 francs par jour; ce qui nous parut
fort raisonnable.
Nous nous empressons de prendre notre dîner et nous
nous mettons de suite à la visite de la ville.
Le Caire, la capitale actuelle de l'Egypte, est une ville
d'au moins 300,000 âmes, dont les indigènes mêlés aux
Arabes, forment la majeure partie. Elle est située sur la
rive droite du Nil, à quelques arpents seulement de sa
rive. Sa partie opposée au fleuve est beaucoup plus élevée
que le reste, reposant sur un plateau escarpé qui domine
toute la ville. C'est là que se trouve la résidence du Khé-
dive ou vice-roi, la citadelle, la fameuse mosquée de Mé-
hémet Ali, si remarquable par ses marbres précieux, etc.
Sa latitude est de 30° 3' Nord, et sa longitude de 28*^
68' Est du méridien de Paris. Fondée dans le Ville
siècle, elle fut la résidence des Califes Fatimites, qui
gouvernèrent l'Egypte pendant plus de six siècles, alors
que le Grrand-Turc de Constantinople n'avait pas encore
étendu son bras de fer sur la côte Sud de la Méditer- ,
148 LE NATURALISTE CANADIEN
rannée. Elle reçut, comme Alexandrie, en 1798, la visite
de Napoléon 1er, qni s'en empara pour les françi'.is qui y
furent maîtres durant trois ans et demi. Elle n'est qu'a
trois lieues de l'cmpliicement qu'occupait l'ancienne
Memphis, sur la rive gauche du Nil.
La ville, telle qu'elle est aujourd'hui, se compose de
deux parties bien distinctes :1e Vieux-Caire ou les faubourgs
qui sont tout-à-fait Arabes, et la ville nouvelle qui a un
aspect tout européen dans ses constructions, moins toute-
fois ces dattiers qui projettent ça et là leurs stipes élancés
au dessus des résidences, pour leur offrir lombre de leurs
immenses parasols de palmes, et ces autres plantes tropi-
cales qu'on rencontre dans les rues et places publiques :
mûriers, sycomores, tamarins, acacias etc.
Mais si les constructions peuvent parfois nous reporter en
Europe, les costumes et le langage des rues nous ramènent
aussitôt en Orient, Bien qu'on nous réponde presque
partout en français lor.>-que nous entrons dans les bou-
tiques, de toute part, dans les rues, ce sont des sons sacca-
dés, gutturaux, qu'on dirait souvent plutôt tirés des en-
trailles que de la poitrine, qui nous Irappent les oreilles.
Singulier langage que cet arabe, qui exige un U'ï effort
des poumons, qu'on croirait toujours les interlocuteurs
fâchés lorsqu'ils s'échangent des paroles. On nous a rap-
porté qu'un certain religieux s'était livré avec tant d'ar-
deur à l'étude de l'arabe, que par suite des tfforts de poi-
trine qu'il ht constamment pendant plusieurs jours pour
rendre exactement les sons de cette langue barbare, il
contracta une fluxion de poitrine dont il mourut peu après.
Un peuple qui n'a que des aspérités, des bonds et des
chutes dans sa langue, doit nécessairement posséder un
caractère âpre, rude et grossier, sinon brutal. Tel e était
la conclusion à laquelle nous en étions venu, lorsque nous
entendîmes uue religieuse, de haute éducation et de fort
bonnes manières, maniant la langue de Mahomet avec une
délicatesse qui n'excluait pas une cei tame élégance. Ces
sons hachés, grinçante, qu'on ne croirait pouvoir s'échapper
sans grand effort de la poitrine, jevêtaient, en passant sur
des lèvres féminines et françaises, uue élégance qui
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM. 149
îie manquait pas d'au certain charme. Jusque là nous
aurions cru que les doux épancht>ments, les tendres effu-
sions dn cœur no pouvaient se trouver chez ce peuple, vu
que ces sentiments nous paraissaient inc<mipatibies avec
son langage aussi bien qu'avec ses allures extérieures.
Nous avions iu quelque part que les chiens sont très
nombreux au Caire, et qu'Us vivent libres dans les rues de
ce qu'ils peuvent attraper par-ci, par là, sans connaître au-
cun maître. Nous reconnaissons de tait que l'espèce canine
a ici de nombreux représentants, qui dénotent, même par
leur apparence extérieure, qu'ils ne sont guère soumis à
la domesticité. On ne trouve pas chez eux cette variété
infinie de taille, de couleur et de forme, que l'éducation a
produite dans leur race chez les peuples plus civilisés. Ils
sont tous de taille moyenne, très peu variés dans la cou-
leur de leur robe, qui est d'un fauve pâle plus ou moins
sale; le nez pointu, le poil assez long, les oreilles petites
et droites, tout leur extérieur les rapproche beaucoup du
renard et encore plus du chacal, qui, d'après les natu-
ralistes, constitue leur souche primitive.
L'extrême liberté, comme il arrive aussi parmi les
hommes, produit de même la licence chez ces hordes indi-
ciplinées de la race canine, dont les rues seules consti-
tuent la patrie. Habitant un pays sans forêts, ce sont des
sauvages que les nécessités de la vie rendent citadins sans
pour cela les assujétir à la civilisation.
La paix ne règne pas toujours dans cette république
sans lois, ou plutôt q. i n'en connait qu'une seule, celle du
plus fort. Ce n'est pas chez eux, comme chez l'homme,
Vauri sacra famés, qui constitue la pomme de discorde, mais
bien le besoin pur et simple de l'estomac qui est encore
plus impérieux. Les Hélènes sont d'ordinaire assez com-
munes pour répondre à toutes les convoitises, mais il ar-
rive aussi, souvent, qu'une carcasse de lapin ou de pin-
tade qu'une maladie aura fait trépasser, devient un casus
belli pour ces habitants des pavés. On les voit souvent
alors, r ngés en deux camps ennemis, non pas se choisir
de chaque côté des Horaces et des Curiaces pour livrer le
combat, mais se confondre dans une mêlée générale, oii
150 LE NATURALISTE CANADIEN
les dents et les griffes s'entrechoquent, le poil vole en flo-
cons, le sang coule abondamment des plus faibles qu'où
laisse étendus sur place à demi écorchés, jusqu'à ce qu'en-
iin un parti prenant le dessus sur l'autre, s'empare de la
proie et se retire en l'emportant en triomphe, pour se la
partager dans leur propre quartier car chaque bande a
ses qurtiers de retraite qui lui sont propres— tandis que les
vaincus, serrant la queue et portant bas l'oreille, s'en re-
tournent piteusement vers leur refage se lécher les plaies
et épier le mom-^nt de reprendre une revanche.
Mais il n'y a pas que les chiens, pensons-nous, qui ha-
bitent la rue sans reconnaitre ni parents ni maîtres. De nom-
breux petits de l'espèce humaine sont aussi dans le même
cas. Ce sont, pour la plupart, des fruits du libertinage ou
de la polygamie qui ne vaut guère mieux, qui, sans asile et
sans ressources, cherchent ainsi sur le pavé de la rue à
accaparer quelques restes ou à soutirer quelque paras des
étrangers, en échange de légers services, pour se conser-
ver l'existence. Nous envoyons sur toutes les places en
groupes plus ou moins nombreux, qui nous poursuive ;it
partout en tendant la main et en répétant sans cesse :
bacchisk, bacchish. Bacchish est, pensons- nous, le premier
mot que l'enfant apprend ici à articuler. Le costume de
ces petits malheureux, garçons et filles, est invariablement
une longue chemise en coton ou toile bleue plus ou moins
sale, ouverte jusqu'à la ceinture que remplace une corde
quelconque, avec un nippon sur la tête en guise de tur-
ban, de sorte que la figure et la poitrine sont constam.
ment exposées aux rayons du soleil brûlant de ces contrées.
Aussi les ophthalmies et même la cécité sont-elles fort
communes chez ces peuples. Cette habitude d'aller ainsi
visage et poitrine nus en plein soleil, nous a fort intrigué,
et bien des lois, nous nous sommes demandé pourquoi
l'on ne se couvrait pas plus pour se protéger contre le
soleil ? pourquoi, par exemple, n'avoir pas une coiffure à
rebord pour projeter au moins quelque ombre sur la
figure ?...Mais on ne raisonne pas jusque là, ici; hommes,
femmes, ont été dès l'enfance habitués à se faire rôtir la
face et la poitrine, et l'on continue comme si ou ne s'eu
DÉ QUÉBEC A JÉRUSALEM 151
trouvait nullement incommodé. Que le crâne soit bien
couvert pour se protéger des insolations, c'est là le seul
point important. Mais que nos lecteurs n'aillent pas croire
que ce débraillement, ces nudités aient quelque inconvé-
nient ici pour les mœurs; oh! point du toat. C'est tout
simplement dégoûtant et rien de plus. L'eau passe si
rarement sur ces épidermes, et la sueur qui y retient cons-
tamment la poussière, qui est ici extrêmement abondante,
y forme bientôt une croûte si ridée, une peau couenneuse
si peu agréable, qu'on peut manquer de se couvrir, sans
aucun danger d'attirer les regards.
11 n'est pas rare de rencontrer dans des groupes de 10
à 12 enf ints jouant ensemble, cinq, six d'entre eux, dans
le costume de notre père Adam, incapables de se mettre
les mains dans les poches. Le plus souvent un simple
chiffon leur couvre le crâne, mais souvent aussi ils man-
quent de toute couverture quelconque.
La mosquée de Méhémet-Ali est un superbe temple,
remarqu ble surtout par les marbres précieux qui entrent
dans sa décoration. Elle est située sur la colline qui ferme
l'horizon à l'Est de la ville et qui la domine tout entière.
On peut de ce point saisir d'un coup d'œil le panorama
entier du Caire et de ses environs. A nos pieds, en face,
s'étend la ville avec ses terrasses, ses jardins, ses places
publiques plantées d'arbres, ses palmiers élancés et ses
nombreux minarets aux formes sveltes et grêles qui pro-
jettent leurs maigres silhouettes sur les sombres résidences
qui les avoisinent. Ces minarets sont en forme de tours
ou de clochers, le plus souvent de figure octogonale, avec
une double ou triple gallerie du haut desquelles les
muezzins, matin et soir, appellent les croyants à la prière ;
car l'usage des cloches est prohibé chez les enfants de Ma-
homet. La voix de ces prêtres de l'erreur n'a rien du so-
lennel de nos cloches, cependant ces appels et ces invoca-
tions d'Allah (Dieu) sur tous les tons, avec l'âme qu'on y
met souvent, ont quelque chose qui impressionne et qui
contraste singulièrement avec les prétendues lumières de
notre civilisation qui s'elforcent de nos jours, de faire dis-
paraître même jusqu'à l'idée de la divinité de parmi le
152 LE NATURALISTE CANADIEN
peuple. Oh ! combien de fois nous nous sommes dit, en
entendant ces appels réitérés à la prière : comme les cory-
phées de la libre pensée et les athées qui conduisent ac-
tuellement la patrie de nos pères à sa perte, pourraient
avec profit, malgré la jactance dont ils se targuent, venir
prendre ici des leçons de sagesse et de haute philosophie de
l'ignare muezzin, répétant deux fois par jour, aux quatre
points cardinaux : Il ny a de Dieu que Dieu, et Mahomet
est son prophète, ou du superstieux iraan esclave de la lettre
de son Coran qu'il a mission de prêcher !
Par dessus les constructions de la ville, toujours en
face, coule le majestueux fleuve du Mil, au milieu de sa
riche vallée, toute couverte de moissons au moment actuel,
et que tous les ans il va rhabiller de son précieux limon
pour renouveler sa fertilité. Ça et là, à travers ces moissons,
s'élèvent les résidences des fellahs, groupées en petits
villages, qu'ombragent d'ordinaire des arbres au vert
feuillage, et que domine toujours le minaret de la mosquée.
L'horizon de ce côté est fermé par la côte de sable qui ter-
mine l'immense désert du Sahara, et qui semble vouloir
petit à petit empiéter sur la plaine fertile. Plus rapproché
de nous, mais toujours de l'autre côté du Nil, se trouve
Boulaq, où les Khédives ont d'ordinaire leur résidence de
campagne, avec des jardins d'un luxe tout a fait oriental.
Si nous portons nos regards à gauche, nous voyons,
encore de l'aiitre côté du fleuve, les pyramides de Ghiseh,
qui dessinent sur l'horizon leurs masses sombres et impo-
santes.
A droite, c'est la campagne avec ses champs cultivés
et les nombreuses villas semées ça et là dans tout le voisi-
nage de la ville. La vallée, à l'endroit du Caire, est assez
resserrée ; mais à partir de ce point en descendant, elle va
toujours en s'élargissant, jusqu'à la rencontre de la Médi-
terrannée, s'étendant là depuis Alexandrie jusqu'à Port-
Saïd, c'est-à-dire sur une largeur de plus de 50 lieues.
Réunis à nos compagnons de l'hôtel d'Orient, qui tout
en payant le double de ce que nous donnions, nous, se
plaignaient fort du service de leur maison, nous parcou-
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM 153
rons ensemble les diverses parties de la ville. Nous visi-
tons d'abord le quartier des Juils, qui nous trappe avant
toute chose par sa malpropreté. Ce sont des rues fort
étroites, toutes pavées en cailloux ronds mal ajustés, où
les pieds glissent à chaque instant sur des pelures d'o-
range ou autres déchets qu'on y voit partout, La plupart
de ces rues sont couvertes par des nattes ou paillassons
pour intercepter les rayons du soleil. On donne partout
en Orient le nom de bazars à ces rues ainsi couvertes où
sont réunis les magasins de débit. Les boutiques où sont
installées les marchandises : turbans, châles, coutelas,
courbaches, pistolets, cotonnades, etc., etc, ne sont autres
choses que des tablettes superposées dans l'enfoncement du
mur, celle du bas étant un peu plus large pour permettre
au marchand de s'y asseoir à la façon de nos tailleurs, et
d'où, sans se dé])lacer, il étale et livre aux acheteurs les
articles dont ils ont fait choix ; si bien qu'ici on ne pourrait
dire qu'on est entré dans tel ou tel magazin, puisqu'on n'a
franchi aucune porte, mais seulement qu'on s'est arrêté à
telle ou telle boutique. Les étalages sont assez bien o-ar-
nis, mais fort peu considérables quant à la quantité des ar-
ticles. Un étalage comme celui de M. Z. Paquet, de S.
Roch, par exemple, suffirait sans peine pour garnir les
cases d'une rue tout entière. Remarquons toutefois que
nous ne parlons là que des marchands indigènes, car
pour les boutiques européennes, qu'on trouve dans toutes
les villes, elles sont comme partout ailleurs à l'intérieur et
souvent fort bien montées.
Les patrons de ces boutiques du pays, juifs, mahomé-
tans et même arabes chrétiens, sont ainsi accroupis, les
jambes croisées, sur la dernière tablette de leur étalage»
fumant fort gravement la chibouque ou le narghileh en
attendant les chalands. Tout le monde fume ici, et on pa-
rait les étonner grandement quand on leur dit qu'on ne
fait aucun usage de tabac. La chibouque est une pipe
ordinaire à fort long manche, souvent de 3 à 4 pieds- c'est
la pipe des aristocrates turcs, par ce qu'elle ne se fume qu'à
la maison. Le narguileh se compose d'une carafe en verre
remplie d'eau, à laquelle est adapté une pipe avec un long
154 . L« NATVftALlgTÉ CANADIBK
manche flexible en caontchour. ; son transport est encore
pins embarrassant nue celui de la chibouque. Les ou-
rriers, roiiuriers, chameliers, etc., ne fument d'ordinaire
ni la chibouque, ni le uarguileh, mais uniquement la ciga-
rette ; ils en portent toujours une provision sur eux. C'est
partout du tabac turc dont on fait usage ; on en tient des
petits sachets dans ses poches arec un petit livret de pa-
pier fort mince. Quand on vent fumer, on enlève un
feuillet du livret, on y renferme une pincée de tabac tout
haché, et voilà la cigarette prête. Les gourmets en fumée^
parmi lesquels, Dieu merci, on ne nous comptera jamais,
proclament que le tabac turc est très doux et de foit bon
goût. Nous voulons bien les en croire sur parole.
Nous allons en corps faire visite à l'évéque, qui,
comme nous l'avons noté plus haut, se trouvait au Caire
dans le moment. Mgr Ciurcia est franciscain, et quand il
vient ici, il prend sa résidence dans le couvent des moines
de son ordre, (i) Nous montons des escaliers et enfilons
plusieurs galleries et corridors, lorsque arrivés à une porte,
nous vovons affiché au dessus : Clotitra. Ici, un Frère a le
soin de nous avertir que les dames qui nous accompagnent
ne peuvent aller plus loin, car au delà c'est la clôture mo-
nastique. Laissant donc là nos belles dames, qui mau-
gréent assez hautement contre le manque de galanterie
de la part des moines, nous franchissons la porte et péné-
trons dans les appartements de l'évéque. Nous nous
açrenouillons d'abord pour recevoir la bénédiction du pré-
lat et prenons place ensuite sur les divans du salon. Le
bon évéque nous parut un bien digne homme mais souf-
[1] Mgr Ciurcia, quelques mois plus tard, prit passage pour Naples
sur le paquebot des messageries françiùses. Saisi par la fièvre avec son
éua, de taibiesse habituel, il rendit le dernier soupir presque en face de
Messine, moins de deux jours avant de touchier 2sap.es. Et, on le croirait
à peine, le commandant du vaisseau, français et catholique [du moins
sen^é devoir l'être], fit jeter à l'eau la dép'juille du saint éréque, lors-
qu'avant moins de 48 heures il aurait pu la débarquer à Napies, ou qu'en
bien moins de temps encore il pouvait la faire débarquer à Me.-eine. Mais
l.-.r«qa'on fait ia guerre â D:eu lui-même, doii-on s'étonner qu'on ne res-
pecte paâ deê repré«entaatâ ?
^ DE QCtBBC A jâBUSArLCM 155
frant et très faible. Après quelques minâtes seuleiaent
de conversation, nous prenons congé du prélat pour ne
pas le fatiguer, et allons poursuivre notre visite de la ville.
Nous allons après souper voir nos compagnons de
l'hôtel d'Orient, pour régler avec eux le programme de la
journée du lendemain. 11 fut décidé que nous irions
d'abord le matin aux Pyramides, et que dans Faprès midi
nous continuerions notre visite de la ville. Les voitures
étaient déjà retenues pour le voyage, à raison de 15 fr.
par tète. Revenus à notre hôtel, notre patron nous dit
qu'il pouvait en fournir, lui, pour 10 fr. seulement, mais
le marché étant conclu, il fallait s'y tenir
Vendredi, 25 mars. — Comme c'est aujourd'hui fête d'o-
bligation, et que, pour profiter de la fraîche du matin, il
faut être prêts à monter en voiture à 6|^a. au plus tard, des
les 5h. nous étions rendus à l'église des Jéstùtes pour y
cé.ébrer de suite.
11 parait qu'ici, comme dans nos climats du no^d, le
lever matinal n'est pas dans les habitudes des citadins, car
lorsque nous laissâmes nos chambres vers les 4^h., tout
était encore silencieux dans l'hôtel. Arrivés à la porte,
nous la trouvâmes entrebaillée, mais avec les battants re-
tenus par le lit d'un garçon de service, qui l'avait placé
en travers de cotte porte, et qui ronflait sans inquiétude,
^i bien qu'il nous en coûta un peu d'éveiller le pauvre
diable pour qu'il nous livrât passage.
Parvenus dans la rue, nous lûmes encore bien pins
étonnés de trouver, ça et là sur les trottoirs, des lits qu'on
y avait dressés et dans lesquels des personnes dormaient
du sommeil le plus paisible. En certains endroits, ce
n'était pas sur des lits que reposaient les dormeurs, mais
bien sur la pierre même du pavé : ici une pauvre femme
avec des enfants, là des enfants seuls tapis dans quelque
coin, et de l'autre côté de la rue, une file de chèvres qu'on
avait amenées des champs, et qui s'étaient emparé du
trottoir pour y passer la nuit.
Tel que convenu, dès les 6^h. nous étions prêts pour
le départ ; Jious prenons place avec deux autres compa-
guons dans uu superbe caioââe tr&iaé par d6u:x chevaux.
156 LE NATURALISTE CANADIEN
et notre convoi se composant dt^ 5 à 6 voitures semblables,
les unes à la suite des autres, traverse la ville pour passer
le Nil A son extrémité Ouest, sur le superbe pont en ter
qui relie ses deux rivt's vers le haut de la ville.
Dès que nojs sommes de l'autre côté du fli'uve, la
route macadé misée et en assez bon état, est partout bordée
d'une magnifique rangée d'arbres de chaque côté. Le
chemin suit le fleuve à qu^»lques arpents seulement de la
rive. Le soled est brillant, l'air encore tout saturé de la
fraîcheur matinale n'est pasn encore assez réchauffé pour
nous incommoder, et les effluves des trèfles, luzernes, sain-
foins et autres cultures qui nous avoisinent, viennent de
temps à autres nous enivrer de leurs parfums en dominant
1 arôme des prés verdoyants et fleuris qui nous suit par-
tout. Nos automédons Nubiens font, avec un certain air
de triomphe, claquer leurs longs fouets sur la tête de
leurs coursiers, qui de leur côté semblent prendre le sigtial
plutôt comme un encouragt^ment que comme une menace,
tant ils montrent d'empressement à franchir l'ombre des
arbres qui se dessine en bandes obliques et symétriques
sur la voie poudreuse.
Ces arbres sont pre^quî exclusivement des acacias et
des caroubiers, appartenant tous deux à la granle famille
des Légumineuses, qui dans notre climat, n'a de repré-
sentants que parmi les plantes herbacées, sauf quelques
acacias qu'on trouve parfois dans les jardins.
L'acacia d'Egypte, Acacia Nilotica, Delisle, est cet arbre
piécieux qui produit la gomme arabique, article important
de commerce, qu'on emploie aujourd'hui à une foule
d'usages. C'est un arbre de 30 à 40 pieds, à feuilles deux
fois pennées, composées de folioles très petites et fort élé-
gantes, ce qui donne à la masse du feuillage une apparence
légère des plus agréables. Les feuilles sont accompagnées
d'épines stipulaires sur le rameau même. L'arbre forme une
belle tète, à tronc droit et uni lorsqu'il est jeune, mais
avec l'âge il se déforme et porte des excroissances et des
nœuds d'où coule la gomme qu'on recueille pour le com-
merce. C'est surtout en décembre et en mars qu'on fait
la récolte de cette gomme ; les arbres goafllés de sucs peu-
ETUDIEZ l'histoire NATURELLE 157
dant l'inondation du fleuve, qui dure d'ordinaire de juin à
septembre, la laissent alors s'extravaser sur le tronc,
comme nous en voyons ici sur les cerisiers de nos jardiïis
et les petits-merisiers de nos bois. C'est par centaines de
sacs qu'on embarque cette gomme sur les paquebots qui
font escale à Alexandrie.
Le Caroubier, Ceratonia siliqua, Linné, quoique proche
parent du précédent appartient cependant à une branche
différente de la même famille, c'est celle des Césalpinées,
qui n'a aucun de ses représentants parmi nos plantes in-
digènes. îSi l'acacia, par son feuillage léger que le moin-
dre souffle agite, peut être comparé à la jeune tille folâtre
qui ne sait que rire et sauter, le Caroubier, lui, par son
feuillage persistant, rigide et sombre, peut être une exacte
figure de l'homme mûr, aux mouvements graves, aux
préoccupations sérieuses, qui voit l'utile avant tout et ne
sait que produire.
A continuer.
ETUDIEZ L'HISTOIRE NATURELLE.
On nous trouve probablement importun en certains quar-
tiers de revenir si souvent à la charge pour répéter à satiété :
étudiez l'histoire naturelle. Cependant nous ne voyons pas
encore qu'on soit mieux disposé aujourd'hui qu'autrefois, à
prouver par les faits, que nos appels réitérés n'ont pas leur
raison d'être. Tous les jours, pour ainsi dire, nous trouvons
encore dans la presse des preuves évidentes de ce maiiijue
complet de connaissances de la pirt de personnes qui prennent
pour mission d'instruire le peuple.
Nous l'avons dit plusieui's fois, et nous croyons devoir le
répéter encore : ce manque de connaissance en fait d'histoire
naturelle est une lacune dans notre éducation qui nuit consi-
déiablement à notre littérature, et qui nous déprécie grande-
ment aux yeux des étrangers. Gomment pent-on écrire sans
avoir à tenir compte de la nature ? Les sciences même les plus
abstraites, la philosophie intellectuelle, la métaphysique, la
158 L« NATUTIALÏSTB CANADIEN
théologie etc. ont à compter avec l'histoire naturelle. Car
sujets nous-mêmes de la nature, c'est chez elle, qu'il faut aller
chercher la base même des opérations de notre intelligence.
Et comment en parler convenablement, si nous ne la connais-
sons pas ?
Loin de nous la sotte prétention d'exiger que tous nos
lettrés soient des naturalistes proprement dits, des spécialités
dans cette branche des sciences ; mais tous devraient au moins
en avoir une connaissance suffisante pour pouvoir en parler
partinemment, pour pouvoir se mettre à l'abri de ces bévues
qu'on rencontre si souvent dans les écrits de nos nationaux.
Dans le récent voyage que nous avons fait en Orient, il
nous a été facile de nous convaincre de notre infériorité sous
ce rapport, comparés avec les étrangers. Nous avons vécu
pendant trois avec des européens, presque tous français; sur
les 37 compagnons de voyage que nous avions, parmi lesquels,
plusieurs dames, aucun n'était, à proprement parler, natura-
liste, à l'exception d'un seul qui avait étudié en amateur la
géologie et la minéralogie. Et tous, ecclésiastiques, militaires,
bourgeois, et dames mômes, savaient parler pertinemment de
la nature, savaient du moins douter dans l'occasion, pour ne
pas s'aventurer sur un terrain qu'ils ne connaissaient pas, au
risque d'y semer des balourdises comme on en voit si souvent
se faire jour dans notre presse.
Est il rien de plus assommant que ces hâbleurs qui se .
posent en docteurs sur tous les sujets et toutes les questions,
discourant de connaissances comme un aveugle le ferait des
couleurs, et proclamant avec jactance les conclusions les plus
absurdes, les bévues les plus révoltantes, avec un aplomb que
pourrait envier le pacha turc le mieux convaincu de son rôle.
Que dire, par exemple, d'un journal qui attribue à un
climat des plantes qui ne peuvent s'y implanter, se plaint de
productions naturelles qu'on ne saurait y rencontrer ?
Ces réflexions nous sont inspirées par un article que nous
avons lu dans la Gazette des Campagnes du 27 ultimo. Nous
voulons croire que le rédacteur de cette feuille ne vise à aucun
mérite littéraire, pouvant se rendre utile sans cette prétention,
mais fautil du moins qu'il soit toujours exact, et qu'il s'abs-
tienne de poser en savant devant ses lecteurs avec des mots
qu'il ne connaît pas. La faute de ce rédacteur n'est pas tant
de faire ses articles à coups de ciseaux dans les livres et jour-
naux étrangers, que de donner comme sien ce que ses com-
FAIW DIVERS liW
plaisants ciseaux lui livrent ainsi gratuitement. Si des guille-
mets ou une signature quelconque venaient vous avertir que
vous êtes en pays étranger, vous sauriez faire la part du climat
et du lieu ; mais il n'en est rien ; vous croyez lire de la rédac-
tion, et voila que vous tombez tont à coup sur des noms in-
connus et des procédés inapplicables. Ainsi, dans un article
intitulé " Les Ennemis du Pommier," page 310 du numéro du
27 avril, le rédacteur énumère parmi ces ennemis le ver blanc
qui n'est que la larve du hanneton, le gui etc. Aurait-on, par
hasard, rencontré le gui à Ste Anne? Ce serait là une décou-
verte extraordinare, car nous n'en avons jamais rencontré en
Canada. Nous avons vu le gui en France, depuis Dieppe jus-
qu'à Bordeaux et Marseille, attaché en masses plus ou moins
compactes aux branches de différents arbres, mais jamais
semblable production n'a frappé nos regards en Amérique.
Les botanistes Américains nous disent aussi que ce parasite ne
se rencontre pas aux Etats Unis.
Quant au ver blanc dont il est ici question, ce ne peut être
la larve du hanneton, puisque cet insecte ne se trouve pas non
plus en Amérique. Le ver blanc qui ravage ici nos pommiers,
en les faisant souvent périr, est la larve de la Saperde, Saperda
Candida^ dont nous avons à plusieurs reprises donné l'histoire.
Gomment se fait-il que la Gazette des Campagnes, qui est
publiée pour ainsi dire dans une école d'agriculture, puisse
donner cours à de semblables inexactitudes ? . . .Nous pensons
que là aussi, dans ces écoles, ou ne donne pas à l'histoire
naturelle l'attention qu'on devrait, lui donner.
'**'*^»^^^\û\ff\ff jf^ff^^^*^' ■
FAITS DIVERS
Une coquille monstre.— Nous voyons par le San Fran-
cisco Evening Bulletin que le Prof. Ward de Rochester, N. Y.,
qui arrive du Japon, rapporte plusieurs magnifiques spé-
cimens de Tridacna gigas, coquille vulgairement appelé bénitier,
dont l'un, qu'il destine au Bureau des Mines, mesures 36
pouces de longueur, et 21 pouces dans son plus couit dia-
mètre, et ne pèse pas moins de 528 livres. C'est évidemment
un monstre de son espèce, puisque le Bénitiers de 100 livres
seulement sont fort rares. Quelle immense quantité de car-
bonate de chaux le mollusque a dû sécréter pour se couvrir
160 LE NATURALISTE CANADIEN
d'une rohft d'un si grand poids ! On sait que les Tridacna sont
des CO |uilles bivalves.
Taxidermie.— Il est presque impossible aux taxidermistes
d'enlever la peau des oiseaux sans la souiller pinson moins de
graisse, et dans les oiseaux bbincs surtout, il est souvent fort
difficile d'en faire disparaître les traces. Voici le moyen le plus
efficace de parvenir à ce but. Si c'est l'intérieur de la peau qui
S8 trouve fortement graisseux, saupoudrez de plâtre et grattez
la chair avec le taillant d'un couteau émoussé, répétant le
saupoudrage et le grattage jusqu'à ce qu'il ne reste plus traces
de graisse. Si ce sont les plumes qui sont souillées, lavez les
taches avec de la térébenthine et saupoudrez de plûtre, ayant
soin de renouveler le plâtre aussitôt qu'il est saturé de téré'
benihine et de brosser et remettre en place les plumes qui
auraient pu être dérangées. A la fin battez la peau avec une
petite baguette élastique pour la débarrasser complètement du
plâtre, et vous l'aurez toute revivifiée et toute prête à ôte
montée. Le temps convenable pour cette opération, c'est
lorsque toutes les broches ont été fixées, et que la peau est
remplie et cousue ; il ne reste plus ensuite qu';\ donner la
pose à l'oiseau en le fixant sur sa planchette ou son perchoir.
Darwin. — Les journaux d'Angleterre nous annonçjiient
dernièrement la mort du célèbre Darwin, l'inventeur de la
sélection naturelle, de la filiation naluielle de tous Ihs êtres
dans toute l'étendue de la série, depuis la monade, l'être le
plus simple organisé, jusqu'à l'homme le chef d'œuvre delà
nature, coiunie l'appelle les matérialistes. Il est vraiment
étonnant qu'une utopie aussi lévoltante que le darwinisme ait
pu recruier tant d'adhéi'ents dans la science ! Utopie dont le
premier gros Jean venu fera grâce au simple énoncé. Allez
donc cher chei vos ancêtres dans les cra'paurlsou les punais<>s!..
Remarquons toutefois (|ue les darwinistes se recrutent spécia-
lement chez les libres-penseurs, et les protestants, qui au fond
ne sont que des matérialistes, puisqu'ils ont éliminé le saciifice
de leur croyance, tant dans leur simulacre de culte public, que
dans leurs pratiques privées. Croirait-on que ce grand Dai-win
a écrit un livre sur l'origine des espèces, sans avoir pu définir
l'espèce, faire comprendre ce (|u'elle est ou ce qu'elle n'est pas ?
Il y a des g^ns tellement ennuyés de frayer dans les sentiers
communs du bon sens et de la raison, qu'ils sont toujouis prêts
à embrasser une idée nouvelle, quelque absurde, quelque
révoltante qu'elle soit ; le seul attrait de la nouveauté est tout
puissant sur eux. Ajoutez à cela un parti pris de combattre
toute révélation pour se faire une morale des plus faciles, et
vous comprendiez le succès du darwinisme.
LE
Vol. XIII.— 6. CapRouge, Q., JUIN 1882. No. 149.
Rédacteur : M. l'Abbe PROVANCHER.
FAUNE CANADIENNE
(Continué de la page 144.)
Fara. XX. VESPIDES. Vespidœ.
Tête transversale, avec les antennes insérées vers le
milieu de la face»
Chaperon aussi large que long, sa partie médiane
prolongée en avant, plus ou moins échancrée au bord.
Mandibules presque aussi larges que longues, tron-
quées obliquement à leur extrémité, ne laissant paraître
aucun vide entre elles et l'extrémité du chaperon»
Yeux échancrés.
Antennes légèrement en massue ; 1er article long, cy-
lindrique, le 2e très petit, presque rond, le 3e allongé,
conique.
Ailes ployées longitudinalement dans le repos, portant
une cellule radiale grande, 4 cubitales dont la 2e plus
petite, rétrécie vers la radiale, reçoit les 2 nervures récur-
rentes.
Pattes ordinaires ; les jambes postérieures pourvues
de deux épines, le premier article de leurs tarses sans di-
latation ni oreillette.
Abdomen généralement robuste, sessile ou subsessile,
162 LE NATURALISTE CANADIEN
à premier segment tantôt égal au 2e en diamètre, et tantôt
plus petit ; femelles pourvues d'un aiguillon redoutable-
Insectes vivant en sociétés, se construisant des nids
communs, ayant des femelles fécondes $, des femelles
stériles ou ouvrières g , et des mâles cf. Ils se construisent des
nids,souvent d'un volume fort considérable, d'une espèce de
papier qu'ils fabriquent avec la mousse du bois mort qu'ils
triturent de leurs mandibules et à laquelle ils ajoutent
une certaine liqueur lui donnant plus de consistance. Ils
attachent ces nids aux branches des arbres, aux clôtures,
charpentes etc., et d'autrefois, suivant les espèces, les
creusent dans le sol.
Leurs larves qui sont apodes, doivent être fournies,
comme celles des guêpes solitaires que nous avons passées
en revue, de la nourriture qui leur convient. Mais il y
a cette immen&e différence entre les unes et les autres,
c'est que tandis que chez les guêpes solitaires c'est une
nourriture animale qui convient aux larves, chez les
guêpes sociétaires c'est une nourriture toute végétale, le
miel, le suc des fruits et le pollen des fleurs en formant la
base. Et comme Dieu a tout coordonné ici bas avec une
extrême sagesse, il a pourvu ces insectes sociétaires de fe-
melles stériles destinées à être non seulement les ouvrières
de la demeure, mais encore les nourrices de la progé-
niture.
On voit assez souvent les Gruêpes pénétrer dans les
appartements en été pour y saisir des mouches et les em-
porter pour la nourriture de leurs larves, mais ce n'est
qu'après les avoir broyées, et triturées dans un suc parti-
culier cueilli sur des fleurs qu'elles les servent ainsi en une
espèce de bouillie à leurs élèves. Comme les G-uêpes tirent
particulièrement des fruits mûrs les sucs qui leur convien-
nent, c'est surtout avant l'époque où les fruits parviennent
ainsi à maturité qu'on les voit de cette façon enlever des
mouches.
Les G-uêpes, quoique sociétaires comme les Fourmis,
ont cependant cette différence avec elles, c'est que tandis
que chez ces dernières, la société est pour ainsi dire per-
pianente, ou du moins se prolonge durant plusieurs années,
XX, — VESPIDES. 163
chez les premières, la société n'est qu'annuelle. La Guêpe-
înère fécondée, se réfugie dans quelque crevasse de bois
mort, sous un copeau etc., pour y passer l'hiver; au prin-
temps, étant seule, elle se construit un tout petit nid, de
8 à 10 alvéoles, dans chacune desquelles elle dépose un
œuf. L'éclosion donne naissance à d'autres femelles fé-
condes, à des mâles et à des ouvrières. La famille ainsi
augmentée travaille en commun pour une demeure plus
spacieuse pour la 2e génération qui se montrera vers la
fin de juillet. Et cette 2e génération travaillera elle-même
pour une 3e en construisant ces nids monstres qu'on ren-
contre souvent en octobre, mesurant de 12 à 15 pouces de
de diamètre.
Il n'est guère de personnes qui, pour peu qu'elles aient
fréquenté les champs ou les taillis, n'aient fait connaissance
avec l'aiguillon des Gruêpes. Leur piqûre produit souvent
et presque instantanément des enflures considérables sur
les lèvres, les paupières etc. Et ce qu'il y a de singulier, c'est
que l'insecte pour l'infliger, le fait pour ainsi dire sans
s'arrêter, en passant au vol ; c'est avec une telle célérité
que souvent il ne nous a pas laissé le temps de le remar-
quer.
Cette famille pour notre faune se borne aux 2 genres
qui suivent.
1er segment abdominal coupé droit à sa partie antérieure,
de même diamètre que le 2e 1. Vespa.
1er segment abdominal se dilatant en cloche dès sa base,
plus petit que le 2e 2, Polistes.
1. Gen. Guêpe. Vespa, Reaumur.
Prolongement du milieu antérieur du chaperon
tronqué et presque échancré. Abdomen sessile, le pre-
mier segment coupé carré en avant et de même diamètre
que le 2e à sa jonction avec lui- Pour le reste, mêmes ca-
ractères que dans la famille.
Insectes de bonne taille, faisant leurs nids d'un carton
spécial qu'ils confectionnent et qu'ils attachent aux bran-
ches des arbres ou enfouissent dans le sol. Six espèces
rencontrées.
164 LE NATURALISTE CANADIEN
Segments abdominaux 1 et 2 noirs, sans taclies, ou
avec seulement une ligne blanchâtre au sommet. 1. RiaCUÎâta.
Segments abdominaux tous plus ou moins tachés de jaune;
Abdomen sans taches de roux ;
1er segment avec 2 lignes transversales jaunes ;
2e segment avec 2 points jaunes isolés... . 2. COîlSObrina.
2e segment sans points jaunes 3. geinianîca.
1er segment avec une seule ligne jaune ;
Bordure jaune du prothorax aux épaules et
au collier 4. diabolica.
Bordure du prothorax aux épaules seulement. 5. media.
Abdomen taché de roux à la base 6. rufa.
1. Guêpe maculée. Vespa maculata, Fabr. St-Farg,
Hym. i, p. 512.
$ — Long. .90 pce. Noire, avec de longs poils blanchâtres; les
mandibules excepté à l'extrémité, le chaperon excepté une strie lon-
gitudinale n'atteignant pas le bord antérieur, le scape des antennes
ea dessous, une tache quadrangulaire un peu au dessus de leur in-
sertion, les orbites antérieurs se prolongeant jusque dans l'échancrure
des yeux, de larges orbites postérieurs, le bord du prothorax, les
epaulettes, une tache au dessous sur les flancs, une petite tache de
chaque côté de l'écusson, quelquefois une autre au dessous sur le mé-
tathorax, les jambes antérieures avec des bandes à l'extrémité de
l'abdomen, jaune pâle. Le pavillon des antennes roussâtre en dessous.
Ailes jaunâtres, enfumées. Pattes noires, les jambes antérieures avec
l'extrémité de leurs cuisses et leurs tarses, jaune-pâle, toutes les jambes
fauves en dessous avec une tache noire. Abdomen avec de larges
bandes jaune-pâle sur les segments 4, 5 et 6, et une tache de chaque
côté sur le 3e, toutes ces bandes interrompues au milieu, les 2 pre-
mières portant un point noir de chaque côté, quelquefois contigu
avec le noir de la base. — C.
(^ — Avec bandes jaune-pâle ou blanches sur les segments 4, 5, 6
et 7, chacune avec une petite échancrure de chaque côté, les hanches
antérieures tachées de blanc en avant, leurs cuisses avec une bande
en avant et une tache à l'extrémité des intermédiaires, blanches.
§ — Plus petites, souvent sans aucane tache à l'écusson.
Cette espèce, l'une des plus communes, attache d'or-
dinaire son nid aux branches des arbres, et ces nids ont
souvent à l'automne un volume considérable. Nous avons
une fois trouvé une femelle de cette espèce au printemps,
dans un cocon vide de ÏAUacus Polyphemus, où elle avait
XX.— vespiDEs. 165
passé l'hiver ; une antrefbis dans un trou qu'elle s'était
creusé dans un tronc d'arbre renversé et pourri.
2. G-uêpe cousine. Vespa consobrina, Sauss. Mono»".
Guêp. Soc, 141, 21.
9 — Long. .65 pc9. Noire avec poils noirs; le chaperon, les man
dibules, une tacbe en carré entre les antennes, une ligne sur le scape
en dessous, une autre dans i'e'chancrure des yeux, une ligne en arrière
des yeux, les bords latéraux du prothorax, une tache triangulaire sur
les flancp, une tache de chaque côté sur l'écusson, les pattes avec taches
à l'abdomen, jaune. Les mandibules marginées de noir au côté in-
terne, le chaperon marginé de noir en avant et partagé longitudinale-
ment par une bande noire qui s'élargit peu avant son extrémité in-
férieure. Les écailles alaires roussâtres bordées de jaune. Ailes lé-
gèrement obscures, le stigma jaunâtre de même que le voisinage de la
côte. Hanches noires, pans taches, les cuisses jaunes à leur sommet
seulement. Abdomen robuste, tous les segments bordés de jaune posté-
rieurement, cette bande jaune dilatée aux côtés ; le 1er segment porte
en outre une ligne jaune interrompue au milieu sur sa tranche anté-
rieure ; les segments 2, 3, 4 et 5 avec un point jaune isolé de chaque
côté, vers le milieu, ceux du 3e quelquefois obsolètes ; anus avec une
tache jaune de chaque côté. Segments ventranx 2, 3, 4 et 5 bordés
de jaune postérieurement, cette bordure jaune largement dilatée aux
côtés avec un gros poinî noir au milieu de cette dilatation.
Les points de l'abdomen avec le reste de sa colora-
tion la distinguent de toutes ses voisines.
3. Guêpe germanique. Vesjm germanica, Fabr. Hym»
1, p. 515.
Ç — Long. .72 pce. Noire avec poils jaunâtres ; les mandibules,
le chaperon, une strie médiane bifide au bas, une tache entre les an-
tennes tachée elle-même de noir dans le bas, une tache dans l'échan-
crure des yeux, de larges oi-bites postérieurs, tout le bord supérieur
du prothorax, les écailles alaires avec une tache brune au centre, une
tache au dessous sur les flancs, une tache triangulaire à chaque extré-
mité de l'écusson et du post-écusson, jaune. Pattes jaunes, les hanches
excepté une tache au dessous des 4 postérieures avec la base des
cuisses, noir. Abdomen jaune, le 1er segment excepté une bande
apicale, une ligne sur le bord antérieur, la base des segments 2, 3 et
5, aoir; cette bande noire de la base s'avançant en triangle au milieu
de chaque segment. — PC.
Cette espèce, beaucoup moins commune que la pré-
166 LE NATURALISTE CANADIEN
cédente, est toujours bien reconnaissablc par le triangle
que forme les bandes jaunes sur le dos de son premier
segment abdominal.
4. Guêpe diabolique. Vespa diahdica, Sauss. Monog.
Guêpes Soc. 138. 18.
Ç — Long. .60 pce. Noire, avec lons;3 poils jaunâtres. Les man-
dibules, le chaperon, une tache quadranguluire échancrée en haut et
en bas au dessus des antennes, le scape de celles-ci en dessous, une
tache dans l'échancrure des yeux, de larges orbites postérieurs, une
ligne sur le bord du prothorax avec les epaulettes, une tache triangu-
laire sur les flancs, une double tache sur l'^cusson et le post-écusson,
les pattes et l'abdomen en partie, jaune. Le chaperon porte à son
milieu une strie verticale noire avec un point de chaque côté à son ex-
trémité inférieure. Les hanches avec la base des caisses, noir, les
hanches antérieures tachées de jaune en avant. Abdomen noir, avec
une bande apicale jaune couvrant presque entièrement les derniers
segïiients, cette bande étroite et interrompue au premier segment, et
seulement échancrée au milieu sur les suivants, portant en outre un
point noir de chaque côté sur les segments 2, 3, 4 et 5, ce point contigu
à la bande noire de la base sur le 2e. — C.
5. Guêpe moyenne. Vespa media, Oliv. Hym. i, p.
510.
Ç — Long. .62 pce. Noire avec poils bruns peu abondants ; les
mandibules, le chaperon, une tache en carré au milieu du front, une
tache dans l'échancrure des yeux, une double tache orbitale en arrière
des yeux, une bande unie sur les epaulettes, une tache triangulaire sur
les flancrf, une double tache sur l'écusson et sur le post-écusson, les
pattes en partie avec des bandes à l'abdomen, jaune. Tache médiane
du chaperon dilatée à sa partie inférieure. Antennes sans aucune
tache. Ailes fauves de même que leurs éciilles. Pattes jaunes, les
hanches avec les cuisses excepté à l'extrémité, noir. Abdomen noir
avec une bande jaune au sommet de chaque segment, cette bande étroite
et légèrement échancrée au premier segment, plus large avec une petite
échancrure au milieu et une forte crénelure de chaque côté, dessous
avec les mêmes bandes, — C.
^ — Avec une tache au chaperon le partageant en deux dans
toute sa longueur, point de taches sur le post-écusson, une tache sur
le scape des antetmes en dessous; tous les segments abdominaux avec
une bande apicale légèrement ondulée.
g — Avec la tache du chaperon comme dans le c?, le scape des
antennes aussi taché, point de taches sur le post-écusson et les bandes
de l'abdomen auFsi larges que dans la Ç .
XX. — VESPIDES. 167
6. Guêpe rousse. Vespa rit fa, Lin. St-Farg. i, p. 517.
§ — Long. .50 pee. Noire avec poils bruns ; les mandibules, le
chaperon, une tache au milieu du front, des lignes orbitales dans l'é-
chancrure des yeux, une ligne sur le vertex en arrière des yeux, les
bords supérieurs du prothorax, une double tache en croissant sur
l'écusson, une tache triangulaire sur les flancs, les pattes en partie,
«ne double ligne sur le premier segment abdominal avec une simple
au sommet de tous les autres, blanc. Chaperon partagé longitudi-
nalement en deux par une strie noire. Antennes noires, sans aucune
ttichi'. Ecailles alaires fauves entourées d'une ligne blanche. Ailes
jaunâtres, légèrement enfumées. Pattes blanches, les hanches et les
cuisses excepté à l'extrémité, noires. Abdomen robuste, les 2 segments
basil-.iires ferrugineux, le premier avec une ligne blanche au bord anté-
rieur et au sommet, le 2o avec une seule ligne blanche au sommet et
une grande tache noire au milieu, cette tache échincrée en triangle
de chaque côté, tous les autres noirs, avec une ligne blanche unie au
sommet. — 11.
Espèce bien remarquable par le fauve de son abdo-
men et ses lignes blanches unies. Un seul spécimen pris
à Chicoutimi.
2. G-en. Poliste. Polîsle, Latr.
Mandibules larges. Yeux échancrés ; chaperon à
peine plus long que large, sa partie moyenne prolongée
en avant, échancrée et sub-bidentée. Ailes comme dans
les Guêpes. Pattes ordinaires ; tarses plus longs que les
jambes. Abdomen atténué à la base sans cependant
porter un pédicule distinct, le premier segment se dila-
tant en cloche dès sa base et le 2e lui faisant ordinairement
suite sans étranglement.
L'abdomen atténué à îa base est le caractère qui per-
met toujours de distinguer de suite les Polistes des Guêpes.
Ces insectes ont à peu près les mêmes habitudes, cependant
les Pohstes ne forment pas d'ordinaire des sociétés aussi
nombreuses que les Guêpes; et leurs nids, toujours plus
petits, laissent les alvéoles à découvert, la couverture ex-
térieure ne les enveloppant pas complètement comme
chez les Guêpes. Ces nids sont souvent aussi lixés dans
une position horizontale, au lieu de perpendiculaire,
comme ceux des Guêpes, au dessous des corps qui les
retiennent. Une seule espèce rencontrée.
168 LE NATDRALISTE CANADIEN
1. Poliste pieds-pâles. Polistes pallipes, Lepell. Hym.
i, p, 530.
? — Long. .72 pce. Brun quelque peu roussâtre, avec taches foré
Yariables dans leur disposition. Le chaperon triangulaire en avant,
portant quelques grosses ponctuations sur son disque^ ses côtés et le
devant bordés d'une ligne blanchâtre, les orbites antérieurs avec une
petite ligne en croissant de chaque côté du milieu au dessus des an-
tennes, jauno-pâle, de même que les orbites postérieurs ; les mandi-
bules fauves. Une ligne sur le bord antérieur du prothorax, les epau-
lettes, une tache triangulaire sur les jSmucs, une ligne transversale à
la base de l'écusson, avec une autre sur le post-écusson, une ligne
verticale de chaque côté du milieu sur la face postérieure du raéta-
thorax, jaune pâle. Le métathorax finement strié transversalement en
arrière. Le scape des antennes roussâtre en dessous. Ailes jaunâtres,
fortement enfumées, leurs nervures fauves. Pattes noires, les jambes,
les tarses avec l'extrémité des cuisses, fauves, les hanches postérieures
avec une strie jaune en dehors, leurs jambes plus ou moins noires.
Abdomen avec une bande jaune au sommet de tous les segments ex-
cepté le dernier, cette bande éehancréo au milieu; le dernier segment
brun-fauve. — C.
(^ — Avec toute la face, la poitrine, les hanches en dessous,
jaune ; le devant des cuisses jaune roussâtre. Abdomen avec une
tache circulaire, jaune plus ou moins fauve, de chaque côté sur le 2e
segment. Le dessous des antennes roussâtre, excepté à l'extrémité.
Les ailes plus claires que dans la $ .
Rencontré à St-Hyacinthe, à Chicoutimi etc. Très
rare à Québec.
Fam. XXI. ANDRÉNIDES. Andrenidœ.
Tête courte, transversale, ou un peu plus étroite que
le thorax.
Yeux moyens, entiers.
Antennes insérées vers le milieu de la face, le premier
article plus long que les autres, souvent coudées entre le
premier et le 2e article, l'extrémité légèrement épaissie.
Chaperon variable, généralement large, sa partie mé-
diane non projetée en avant, son bord antérieur tronqué
ou arrondi. Mandibules étroites, plus ou moins dentées.
Thorax court, subglobuleux, à écusson quelquefois
spinifère.
XXI— ANDRENIDES. 169
Ailes avec une cellule radiale variable, 3 cubitales fer-
mées et 3 discoïdales, jamais pliées en deux dans le repos.
Pattes courtes, diversement modifiées suivant les
genres, le premier article des tarses postérieurs toujours
allongé, jamais dilaté en corbeille, mais tantôt muni de
brosse ou de longs poils pour la récolte du pollen, cette
brosse existant quelquefois en dessus et en dessous, et
d'autre fois en dessous seulement ; tantôt dépourvu de
telles brosses ; l'insecte vivant alors en parasite ou pourvu
d'autres instruments pour la récolté du pollen.
Abdomen toujours sessile quoique ne tenant au thorax
que par une faible portion de son diamètre, généralement
court, déprimé et arrondi à l'extrémité (les Célioxys ex-
cepté), quelquefois pourvu de brosse en dessous pour la
récolte du pollen.
On réunit dans cette famille des insectes qui, à pro-
prement parler, devraient en former plusieurs, puisque
certains groupes ont un genre de vie tout different des
autres.
Tous sont solitaires, c'est-à-dire ne forment point de ces
sociétés pour l'éducation des petits comme nous l'avons vu
chez les Formicides et les Vespides, et tous préparent et
mettent à la disposition de leurs larves une nourrittire
végétale, particulièrement composée de miel ou suc des
fleurs avec du pollen de ces mêmes fleurs. Mais comme
tous ne récoltent pas le pollen de la même manière, les
uns sont en conséquence pourvus d'instruments difiérents
de ceux des autres, ceux-ci ayant à cette fin des brosses
de poils raides à leurs tarses postérieurs et ceux-là de telles
brosses sous l'abdomen, enfin d'autres sont totalement dé-
pourvus de tels instruments et à l'abdomen et aux tarses,
cependant ce ne sont point des carnassiers, leurs mandi-
bules sont trop obtuses pour leur permettre la capture et
le transport des proies. Comment pourvoiront-ils donc à
la nourriture de leur progéniture ? Ce sera en profitant du
travail des autres, en leur en usurpant le fruit. Les femelles
épient à la porte des pourvoyeuses le moment où celles-ci
. laissent la demeure pour aller et aux provisions, elles y pé-
nètrent aussitôt et vont déposer leurs œufs sur les pronsions
170 LE NATURALISTE CANADIEN
déjà amassées, de sorte qu'à l'éclosion, des larves étrangères
se Ironveroiit en contact dans le même nid, et auront à par-
tager la nourriture. C'est ainsi que les larves des An-
drènes, des Halictes, des Mégachiles, se voient réduites à
partager leurs provisions avec celles des Sphécodes, des
Nomades, des Célioxys. Qui n'admirerait ici la sagesse de
la Providence ! Des insectes dépourvus d'instruments
pour la récolte des provisions propres à leurs larves, sem-
bleraient devoir périr infailliblement, mais voici que par
l'instinct donné à leurs voisines, qui font des pKovisions
surabondantes, elles peuvent leur confier, ou plutôt leur
imposer leur progéniture dont la subsistance se trouvera
ainsi assurée. Et nul danger pour l'intruse de se voir
mettre à la porte par la propriétaire légitime, car l'un et
l'autre sont impropres au combat, étant également apodes
et dépourvues de tout instrument d'attaque ou de défense.
Des nombreux genres qui composent cette famille tel
que ci-dessus circonscrite, nous avons rencontré des repré-
sentants des 18 qui suivent, auxquels nous en ajoutons un
nouveau.
Clef 'pour la distinction des genres.
Insectes pourvus d'instruments pour la récolte du pollen : NIDI-
FIANTS ;
Tarses et jambes postérieurs munis de poils longs et
raiJes, pour la récolte du pollen ;
3 cubitales fermées, les 2e et 3e chacune avec une
nervure récurrente ;
Radiale terminée par un appendice court 1. Anthophora.
Radiale à pointe arrondie et séparée de la
côte 2. MelissoDes.
2 cubitales fermées, jambes et tarses postérieurs
avec une palette ; radiale simple , 3. Eucera.
Tarses quelquefois, mais toujours les jambes et les
cuisses postérieures avec le métatliorax, la
base de l'abdomen et les hanches, munis de
longs poils pour la récolte du pollen ;
Yeux entiers;
Trois cellules cubitales fermées ;
Orbites antérieurs avec une fossette à leur
XXI — ANDRÉNIDES 171
partie supérieure ; un espace triangulaire
nu pour le jeu de la tarière 4. Andrena.
Orbites antérieurs sans fossette ; un espace
linéaire nu pour le jeu de la tarière ;
Labre c? transverse ; celui de la $ allongé
avec carène simple au milieu 5. Halictus.
Labre (S' triangulaire; celui de la Ç avec
une carène bifurquée postérieurement 6. Agapostemon.
Deux cellules cubitales fermées, radiale appendi-
culée 7. Panurgus.
Yeux obtuscment échancrés ; corps à couleurs métal-
liques 8 Adgoohlora.
Tarses et cuisses impropres pour la récolte du pollen ;
abdomen pourvu en dessous d'une brosse à
cette fin ;
2 cellules cubitales fermées, la 2e recevant les 2 récurrentes ;
Abdomen court, convexe, replié en dessous 9. Osaha.
Abdomen plus ou moins allongé;
Abdomen en ovale, assez plat en dessus ; ra-
diale arrondie au bout, sans appendice ;
Joues simples 10. MiiGACHiLE.
Joues avec un appendice en forme de corne
en dessous 11. Gnathocera, n. gen
Abdomen ni allongé, ni en ovale ;
Palpes maxillaires de 3 articles 12. Heriades.
Palpes maxillaires de 4 articles; antennes (^
terminées par un crochet 13. Alcidamea.
3 cellules cubitales fermées, la 2e et la 3e avec une
nervure récurrente 14. Ceratina.
Insectes dépourvus d'instruments pour la récolte du
pollen et la confection des nids: PARASITES ;
3 cellules cubitales fermées ;
2e cubitale recevant la 1ère récurrente vers son milieu ;
Ecusson avec 2 tubercules au milieu et une
épine de chaque côté ; palpes maxillaires
Abdomen fusiforme, sans pointes dans les J^. 19, Prosopis.
1. Gen. Anthophore. Anthophora, Latr.
Tête transversale ; yeux entiers ; mandibules étroites,
pointues, munies d'une seule dent au côté interne ; langue
presque cylindrique, garnie de poils avant l'extrémité.
Ailes supérieures! avec une radiale assez large, appendi-
172 LE NATURALISTE CANADIEN
cnlce, 3 cubitales fermées, la 2e un peu rétrécie vers la
radiale recevant la lore nervure récurrente vers son mi-
lieu, la 3e en carré oblique, recevant la 2e nervure récur-
rente dans sa ligne d'intersection avec la 4e, celle-ci sim-
plement tracée. Antennes filiformes, assez courtes. Palpes
maxillaires de 6 articles. Le premier article des tarses
postérieurs long et dilaté, portant une brosse en dessous
et de longs poils en dehors, de même que ses jambes,
pour la récolte du pollen. Crochets des tarses bifides.
Les Anthophores, comme tous les insectes de cette fa-
mille vivent solitaires, c'est-à-dire ne constituent pas de
sociétés comme le font les Vespides et les Apides. La fe-
melle se creuse dans les terrains sablonneux des trous ou
plutôt des cylindres, dont les parois se trouvent aglutinées
par une certaine liqueur qu'elle dég-orge de sa bouche
pour y déposer ses œufs. Le nid ainsi construit, elle va
cueillir du miel sur les fleurs et du pollen au moyen des
brosses de ses pattes, et en compose une boule dans laquelle
elle dépose un œuf, mettant ainsi à la portée de la larve qui
éclora de cet œuf, la nourriture qui lui convient. Puis
closant ce premier dépôt par une cloison, elle ajoute une
nouvelle boule avec un nouvel œuf, et ainsi de suite
jusque vers l'extrémité du cylindre qu'elle clôt avec encore
plus de soin qu'elle n'en a mis pour les divisions inté-
rieures. On trouve ainsi de 15 à 20 cloisons dans un
même cylindre, et rien n'empêche de croire que la même
femelle ne puisse en construire plusieurs. Les larves
qui éclosent en août ou septembre se nourrissent des
provisions à leur portée et passent là même la saison
rigoureuse dans l'engourdissement. Lorsqu'au printemps,
la retour de la chaleur leur permet de nouveau le
mouvement, elles passent à l'état de nymphe si elles n'y
étaient déjà, et quelques jours plus tard, écloses à l'état
parfait, elles percent et détruisent les cloisons de leur
prison pour prendre leurs ébats dans les airs et travailler
elles-mêmes à perpétuer leur race. Les mâles éclosent
toujours les premiers et se montrent quelques jours avant
les femelles.
Des nombreuses espèces de ce genre, nous n'avons
encoie rencontré que les 2 suivantes.
XXI. — ANDRÉNIDES 173
Abdomen à segments marginés plus ou moins distinctement
de poils blancs 1. terminal's.
Abdomen entièrement noir , 2. bomboides.
1. Anthophore à- extrémité -fauve Anthophora ter-
minalis, Cress. Trans. Am. Ent. Soc. ii, p. 292, cJ*$.
Ç — Long. 48 pce. Noire, la face, le thorax avec les jambes
postérieures couverts d'une pubescene jaune pâle; les 2 derniers seg-
ments de l'abdomen avec une pubescence fauve, brillante ; le vertex
et le disque du thorax avec poils noirs. Les segments abdominaux 2>
3 et 4 terminés par une frange de poils blancs, plus apparente sur les
côtés. Ailes subhyalines, le bord terminal légèrement obscur. L'ex-
trémité des tarses fauve. — C.
(5* Moins robuste, à pubescence plus longue, le chaperon, une
tache de chaque côté, avec le labre, jaune. Bandes de l'abdomen
complètes, les 2 segments terminaux avec poils noirs, le terminal pro-
fondément échancré avec une touffe de poils blancs de chaque côté du
ventre.
2. Anthophore faux-bourdon. Ani/iophora bomboides^
Kirb. Faun. Bor. Am, iv, p. 871, d".
(^ Long. 47 pce. Noire, avec poils blancs-j lunâtres sur la tête,
le thorax et les 2 premiers segments de !•' abdomen ; le ventre avec le
disque du thorax portent des poils noirâtres, les pattes sont aussi
couvertes de poils noirs, avec la brosse en dessous des tarses fauve.
Premier article des tarses postérieurs dilaté, aplati, avec une forte dent
à sa base à son angle interne. Ailes hyalines, avec les nervures un peu
ombrées, la cellule radiale distinctement appendiculée. — PC.
Son abdomen presque partagé en deux par la villositô
blanchâtre de ses 2 segments la fait reconnaître à première
vue.
2. G-en. Mélissope. Melissodes.
Tête transversale ; yeux entiers» Antennes filiformes,
celles des cT très longues. Palpes maxillaires et labiaux
de 4 articles. Ailes supérieures avec une radiale à pointe
arrondie et écartée de la côte, 3 cubitales fermées, la 1ère
plus longue que la 2e, celle-ci en carré, recevant la ré-
currente, de même que la 3e, près de son angle extérieur.
Crochet des tarses bifides.
Même habitudes que les Anthophores.
174 LE NATRRALISTE CANADIEN
Mélissode épousée, Meli'îsodes desponsa, Smith, Cat.
Erit. Mus. ii, p. 310 $.
Ç . — Long. 50 pce. Noire avec pubescence ochracée sur la tête
et le thorax. Antennes avec le pavillon testacé en dessous, excepté les
3 articles basilaires. Chaperon fortement ponctué, portant une légère
pubescence brune. L'extrémité des mandibules d'un testacé pâle.
Ailes subhyalines^ les nervures ferrugineuses. Pubescence des pattes
et du corps en dessous entièrement noire. Abdomen avec pubescence
ochracée à la base, le reste noir ; les jambes postérieures avec la base
du 1er article des tarses postérieurs à pubescence d'un jaune pâle.
Les crochets d'un ferrugineux brun. Le bord des segments abdominaux
en dessous d'un testacé roux.
Probablement la ç de Americana^ St-Fargeau. Mont-
réal (Couper). Point vue.
3» Geu. EucÈRE. Eucera^ Lat,
Tête courte, transversale. Antennes filiformes, assez
longues. Langue presque cylindrique. Palpes maxillaires
de 6 articles Cellule radiale en fer de lance, pointue à
son extrémité qui s'écarte un peu de la côte, mais sans
porter d'appendice. Deux cellules cubitales fermées, la 2e
fortement rétrécie vers la radiale et recevant les 2 ner-
vures récurrentes, la 3e à peine commencée. Les jambes
postérieures avec le premier article de leurs tarses forte-
ment dilaté et muni de longs poils pour la récoite du
pollen. Epines des jambes postérieures longues, aiguës
et simples ; crochets des tarses bifides.
Ces insectes se distinguent surtout des Anthophores
par la disposition des nervures de leurs ailes. Une seule
espèce rencontrée que nous croyons nouvelle.
Eueère nue. Eucera nuda, nov. sp.
$ — Long. .30 pce. Noire et presque sans villosité, la tête, le
thorax avec l'extrémité de l'abdomen ne portant que quelques poils
courts, blanchâtres. Chaperon noir, ponctué ; antennes noires, le
pavillon roussâtre en dessous. Thorax poli, brillant, légèrement
viileux sur les côtés. Ailes subhyalines, les nervures brunâtres.
Pattes avec les 4 articles terminaux des tarses fautes, les jambes pos-
térieures dilatés avec les poils jaunâtres à la base et noirs à l'extré-
mité, très abondants. Abdomen poli, brillant, lisse, n'ayant que quelques
poils jaunâtres sur les côtés et sur les 2 derniers segments. — R.
XXr — ANDRÉNIDES. 175
Une seule femelle capturée à Chicoutimi.
4. Gren. Andrène. Andrena, Fabr.
Corps ovale-elliptique; antennes assez longues; une
petite fossette près de l'orbite supérieur interne des yeux.
Chaperon convexe au milieu. Thorax fortement poilu.
Ailes avec une cellule radiale rétrécie au denx bonts, sa
pointe serrée contre la côté, 3 cubitales fermées, la 1ère
aussi, grande que les 2 suivantes prises ensemble, la 2e
et la Se rétrécies à la radiale et chacune avec une
nervure récurrente, la 4e presque complète. Cuisses
munies de longs poils pour la récolte du pollen, jambes
postérieures avec leurs tarses aussi poilus mais peu
propres à la récolte. Abdomen déprimé, portant un espace
triangulaire nu sur le 6e segment pour le jeu de l'ai-
guillon.
Insectes de bonne taille, qu'on distingue surtout de
leurs voisins par la fossette près des yeux et le dernier
segment abdominal des ?» Onze espèces rencontrées.
A continuer.
— I (^> ■ ^
DE QUEBEC A JERUSALEM.
(Continué de la page 157.)
Le caroubier est un bel arbre de 25 à 30 pieds, à tête
étalée comme celle des pommiers, à tronc raboteux, à bran-
ches tortueuses et à feuilles pennées, persistentes, entières,
coriaces, glauques en dessus et grisâtres en dessous. On
utilise ces feuilles dans la préparation des cuirs, en raison
dfi principe astringent qu'elles contiennent. Les fleurs,
en petites grappes sur la partie nue des rameaux, sont
d'abord d'un rouge foncé, puis passent au rose ; elles ré-
pandent une odeur des pltis agréables.
Les caroubes ou fruits du caroubier sont de grosses
fèves renfermées dans des siliques ou gousses plus ou
176 LE NATURALISTE CANADIEN
moins arquées, qu'on mau^e souvent avec le fruit comme
on le fait de nos pois mange-tout. Ces fruits se cueillent
vers la mi-août. On rencontre souvent les indigènes avec
des poignées de ces gousses qu'ils dégustent en se prome-
nant dans les rues. On dit que ce sont ces fèves que l'en-
fant prodigue enviait aux pourceaux dont il avait la garde.
C'est aussi la fève sacrée des anciens Egyptiens qu'on re-
trouve dans les tombeaux. Enfin c'est encore la fève que
s'interdisaient les disciples de Pythagore, par ce que sa
pulpe en cuisant prend une couleur rouge, semblable à
celle de la chair crue, dont les Pythagoriciens ne pou-
vaient manger.
Le caroubier croît en Sicile, en Corse, et dans toutes
les contrées circonvoisines de la Méditerrannée.
A tout instant nous rencontrons des fellahs qui s'en
vont avec leurs produits aux marchés de ville. Le plus
souvent ce sont des fourrages verts, trèfles, luzernes etc.,
qui constituent la charge de leurs bêtes. De lourdes cha-
rettes traînées par des buffles, ou des chameaux avec leur
charge sur le dos, nous montrent des masses rouges que
constitue le trèfle incarnat dont il sont chargés. 11 n'est
pas rare de voir une femme avec 2 ou 3 enfants juchés sur
la charge qui surmonte la bosse de la précieuse bête des
déserts et qui ont l'air de se prêter avec satisfaction aux
ondulations qui caractérisent la marche de cette désagré-
able monture.
Les Pyramides que nous avons toujours en face, et
qui du Caire semblaient n'avoir rien d'extraordinaire, pa-
raissant croître et s'élever sur le sol à mesure que nous en
approchons. Nous touchons enfin leur base, et nous pou-
vons les contempler dans toute leur majesté. Quelle
masse imposante de pierres entassées là par la main de
l'homme, et qui depuis 40 siècles semblent défier le temps
qui détruit tout, à exercer sur elles son action !
Que de souvenirs historiques évoque la seule vue de
ces monuments ! Depuis les potentats qui les ont érigés,
combien de personnages célèbres ont arrêté sur eux leur
regard, ont foulé de leurs pieds le sol sur lequel nous mar-
chons ! Mais entre tous ces souvenirs du passé, c'est celui
DE QUEBEC A JÉRUSALEM 177
qui est le plus près de nous qui nous impressionne d'avan-
tage On sait ce que fut la bataille des Pyramides le 21
juillet 1708. Cest ici même que Bonaparte, à la tête de
ses preux, tira Tépée contre les Mamelouks commandés
par Mourad-Bey. " Soldats, s'écria le futur empereur,
pour exciter le courage des siens, soldats, du haut de ces
Pyramides, 40 siècles vous contemplent." Et on sait com-
ment les enfants de l'islam, malgré leur courage, furent
obligés de céder devant la valeur française.
A peine ?ommes-nous descendus de voiture qu'une
bande de Bedouins, tous jeunes et alertes, pieds nus et re-
vêtus de longues chemises blanches, nous entourèrent en
nous obsédant de leurs offres de service pour l'ascension
du monument. Heureusement que le consul français du
Caire avait eu l'obligeance de mettre à notre disposition
l'un de ses cavas ; l'habit galonné de ce brave Maronite
suffisait seul pour les rendre plus paisibles, et lorsqu'ils
voulaient pousser trop loin leurs obsessions, il n'avait qu'à
faire mine de mettre la main à la poignée de son sabre,
que les enfants du désert prenaient aussitôt la fuite.
Mais un officier Egyptien qui se tient toujours là in-
tervint bientôt et mit fin à toute discussion. Le prix de
l'ascension et de la visite intérieure est de 5 fr., dont la
moitié pour le gouvernement et l'autre moitié pour les
Bedouins servant d'aides et de conducteurs.
L'ascension de la Pyramide de Chéops, la plus haute,
est un exploit dont nous avions entendu maints voyageurs
se glorifier comme d'un acte de hardiesse peu ordinaire ;
mais arrivés au pied, nous n'y voyons rien de fort difficile, la
masse de pierre étant constituée d'assises en retraites les unes
sur les autres, nous offre ainsi des marches qui enlèvent
toute difficulté à l'escalade. Il est vrai que ces marches
qui forment les assises n'ont pas toute la même hauteur,
et que parfois elles ont de deux à trois pieds d'élé-
vation, mais avec l'aide des Bedouins qui, agiles comme
des gazelles, sautent d'un bond sur la marche supérieure
sur laquelle leurs pieds nus adhèrent sans aucun danger
de glisser, rien de plus aisé que de se laisser ainsi hisser
178 LE NATURALISTE CANADIEN
d'une marche à l'autre, par deux guides qui nous tiennent
chacun une main. Un troisième guide, dans l'espoir sans
doute de quelque bacchish, se joignit aux deux que nous
avions retenus — était-ce par ce que nous étions le moins
lourd de la bande ? — et en moins de dix minutes, nous
étions rendu sur la cime, au chant répété de Allah, Allah,
de nos guides musulmans, nous étant contenté d'un seul
instant de repos vers le milieu pour nous essouffler un
peu.
Les Pyramides de Ghiseh sont au nombre de trois,
savoir : celle de Chéops la plus haute — celle dont on fait
l'ascension— qui mesure 450 pieds de hauteur et 720 p. de
base ; celle de Chéphren de 400 p. de hauteur et 600 p. de
base ; et celle de Mycérinus de 162 p. de hauteur et 279
p. de base carrée, c'est-à dire formant un quadrilatère
régulier à faces égales. Elles ne sont distantes les unes
des autres que de quelques cents pieds environ.
En moins de vingt minutes, tous nos excursionnistes, y"
compris les dames, étaient rendus sur le sommet do la
ma.^se pierreuse, qui no se termine pas en aiguille comme
on pourrait le croire, mais est tronquée de manière à offrir
une plateforme pouvant contenir une trentaine de per-
sonnes. Trois ou quatre seulement de nos compagnons, re-
doutant le vertige, avaient refusé, d'entreprendre l'ascension.
Les pierres de la plateforme où nous reposons sont toutes
couvertes de noms d'excursionistes qui se sont reposés ici
et nos Bédouins armés de stylets en acier nous sollicitent, eii
vue du bacchish, de leur permettre d'en faire autant. Mais
qu'importe qu'un nom canadien soit mêlé ici aux milliers
de toute nation qui y sont inscrits. Qui de nos compa-
triotes pourra jamais le retrouver dans cette mosaïque?
Nous préférons donc jouir du magnifique panorama qui
se déploie devant nous de ce point élevé, que de suivre
l'opération de l'homme du désert, pour que son poinçon
ne s'écarte pas des règles de l'orthographe dans son opé-
ration.
Quelques-uns de nos compagnons nous avaient de-
vancés de quelques heures afin de se trouver au sommet
de la pyramide au moment du lever du soleil, pensant que
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM 179
de ce point élevé, l'ast-re du jour, à son retour, devait
chasser devant lui les ombres de la nuit, avec une mise en
scène des plus extraordinaires. Mais ils furent grande-
ment déçus dans leur espérance. L'Apollon de l'Orient
n'a pas moins d'éclat que celui de l'Occident ; mais de
même que la splendeur d'une cour ne consiste pas tant
dans la seule majesté du prince qui y trône que dans
l'éclat et les décorations de ceux qui composent son entou-
rage, ainsi en est-il du soleil de l'Orient. Les flots de
lumière qu'il verse sur la terre à son réveil ne rencontrant,
dans cette atmosphère sans nuage, aucun objet pour mul-
tiplier leurs rayons en les réfractant, s' a fî".! dissent aussitôt
en se perdant dans l'espace sans limites, et ne nous pré.
sentent d'ordinaire qu'une teinte assez pâle et uniforme.
J^ous nous sommes plu bien des fois, dans ces contrées du
Levant, à examiner l'astre du jour s'enfonçant dans la
mer, immergeant des flots, ou surgissant derrière des
cimes élevées, et jamais nous ne l'avons A'U avec ces dé-
cors, cette pompe, cette variété de teintes les plus riches
et les plus éclatantes, rose, violet, pourpre, orange, or, feu
vif, tel que nous l'offrent les nombreux nuages de nos
régions boréales, nuages le plus souvent qui semblent
n'être destinés qu'à rehausser l'éclat de la cour de leur roi,
ne se montrant qu'à son apparition ou à sa disparition de la
scène de notre horizon.
Les pyramides, avons-nous dit, semblent insulter au
temps qui aurait sur leur masse éraoussé son action. Ce-
pendant, en examinant de plus près, il est facile de recon-
naître que le temps n'a pas été ainsi sans puissance sur ces
masses colossales. Et ce serait miraculeux s'il en était au-
trement; car si la gouttelette d'eau la plus pure finit, avec
le temps, par creuser le roc le plus dur^ lorsqu'elle tombe
toujours au même endroit, comment ces masses pierreuses,
qui depuis quatre mille ans reçoivent et soleil, et humi-
dité, et vents, et chaleur et refroidissements, auraient-elles
pu ne pas souffrir de ces divers agents ? Aussi voyez à la
base de Chéops ces amas de décombres; c'est le reste du
glacis qui servait de revêtement à ces assises dont nous
nous servons aujourd'hui comme de marches pour par-
180 LE NATRBALISTE CANADIEPr
venir jusqifaii sommet. La Pyî-amide même serait au-
jourd'hui à moitié enterrée dans ces décombres, si Fou
n'avait, depuis des siècles, utilisé ces pierres tombées pour
les constructions du Caire.
11 est probable que la construction des trois Pyra-
mides de Grhiseh, de même que celle du Sphynx, datent à
peu près de la même époque, cej^endant Chéops paraît;
avoir souffert beaucoup plus que ses deux voisines. Le
glacis sur celles-ci, à la distance de quelques cents pieds
qui nous en séparent, paraît encore presque intact. îSi
bien que nous croyions leur ascension impossible, lors-
qu'un des Bédouins qui nous servaient d'aides, s'offrit»
moyennant un certain bacchish, à aller arborer de suite un
pavillon sur le sommet de Chephren. Chacun s'empresse
de fournir quelques eous, et notre homme en moins de 5
minutes, était déjà à escalader les assises de notre voisine.
Le g-lacis nous paraissait, de notre poste, si partait, que
nous ne savions comment il pourrait parvenir au sommet.
Aussi le voyons-nous souvent faire des zigzags dans son
ascension, suivre sur une plus ou moins grande distance
les lignes horizontales des assises, pour trouver un pas-
sage. A mesure qu'il s'élève, nous avons plus de peine à
le suivre de la vue, et n'était sa longue robe blanche qui
tranche si nettement sur la couleur de la pierre, il nous
serait impossible de le suivre à simple vue. Il nous fait
absolument le même effet qu'une chenille grimpant sur le
lambris d'une maison.
11 n'y avait pas encore 20 minutes qu'il avait laissé la
cime où nous étions, que nous le voyons au sommet
même de Chephr n faisant voler au vent un mouchoir
blanc en guise de pavillon pour mieux se faire distinguer.
Mais si Apolldn semble mépriser la scène que nous
occupons dans le moment, pour y faire éclater sa splen-
deur, il n'en est pas de même de l'immense panorama qui
se déploie à nos pieds. Le point de vue est ici encore
plus gn.ndiose et plus magique, pourrions-nous dire, que
de la citadelle de la capitale Egyptienne. Nous embras-
sons d'un coup d'œil toute la vaste vallée du Nil qui
s'étend à perte de vue devant nous, partagée dans son
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM 181
miiieu par une bande argentée qu'y forme le fleuve majes-
tueux et variée de chaque côté des nuances multiples
qu'y présentent les moissons qui la couvrent, selon qu'elles
sont plus ou moins avancées vers leur maturité. Le
jaune doré des blés mûrs, le pourpre incarnat des trèfles,
le vert uniforme et constant des prés, avec le gris sombre
des habitations des fellahs, giouppées ça et là sur les
hauteurs en villages que couronnent d'ordinaire les aitieis
palmiers, nous présentent comme une de ces riches tapis-
series des Gobelins, où les tons les plus proioncés s'af-
fadissent en nuances plus ou moins douces, pour offrir à
l'œil cette harmonie de l'ensemble qui flatte si agréable-
ment la vue, tout en conservant aux divers objets qui y
figurent les caractères propres qui les distinguent.
A l'Est et à rOuest, au dessus des hauteurs que nous
dominons, c'est le désert, la mer de sable qui s'étend à
perte de vue. Si nous portons nos regards en remontant
le fleuve, à 4 ou 5 lieues plus haut, nous voyons le groupe
des pyramides de Sakkara dont nous distinguons 7 à 8
cimes.
Après environ une demi-heure de repos sur ce sommet,
à respirer l'air frais et pur que nous y trouvions, et à
admirer le magnifique point de vue qui nous y était offert,
nous nous mîmes en devoir d'opérer la descente, La
descenie est un peu plus facile que l'ascension, cependant
elle exige plus de précautions, car un seul faux pas pour-
rait avoir les conséquences les plus graves. Mais nos
Bedouins avec leurs pieds nus ne glissent jamais sur la
pierre, quelque usée qu'elle soit ; et fermement retenu par la
main de chaque côté, nous sautons d'une marche à l'autre
sans presque nous arrêter, si bien que quelques minutes
seulement nous suffisent pour revenir à la base.
Nous avions entendu maints voyageurs se vanter de
l'ascension des Pyramides, comme d'une prouesse peu com-
mune, et aucun se glorifier de la descente ou plutôt de
l'ascension à l'iiiiérieur du monument. Cette dernière
excursion est cependant plus pénible et tout aussi dan-
gereuse que l'extérieure.
182 LE NATURALISTE CANADIEN
A une centaine de pieds environ au-dessus du sol, nos
guides nous arrêtèrent à une ouverture conduisant à l'in-
térieur. Chacun dépose ici surtout, blouse ou autre habit
trop lourd pour avoir moins à soufîrir de la chaleur, et
tenant dans iine main une bougie allumée, on se sert de
l'autre pour s'appuyer sur les parois du conduit, en enfon-
çant les doigts dans des trous qu'on a creusés dans la pierre
à cette fin, tandis que nos guides se placent l'un en avant et
l'autre en arrière, pour nous tirer ou nous poasser, suivant
que nous avons à monter ou descendre, ou nous arrêter,
s'il nous arrivait de glisser et de faire quelque chute. Dès
l'entrée dans le conduit, nous prenons une descente fort
raide, où nous ne trouvons que de faibles petits sillons
transversaux, à tous les 4 ou 5 pieds, pour servir de marches.
La bougie d'une main pour éclairer la marche, et l'autre
appuyée dans les trous de la paroi, nous nous laissons
glisser les pieds sur ces enjambées de géant, trouvant à
chaque sillon le pied de notre guide en arcbout^int pour
nous arrêter, en même temps que nous sommes retenus
par l'autre qui nous suit par derrière. Nous descen-
dons ainsi environ une cinquantaine de pieds, lorsque
nous trouvons que la route prend ici une direction
opposée, de descente qu'elle était, elle passe à une
montée, et une montée des plus raidos et des plus difficiles.
Il n'y pas d'air dans ce cachot, l'atmosphère est écrasante,
aussi nous sommes tous essoufflés, haletants et la sueur
nous ruisselle sur le corps.
Dès le début même de l'ascension, voici qa'une énorme
pierre semble vouloir intercepter le passage ; il faut l'es-
calader, impossible de la tourner ; à gauche c'est la paroi
verticale, et à droite un trou, un puits qu'on nous dit
d'une profondeur inconnue et que nous n'avons nulle envie
d'aller mesurer. L'un de nos guides grimpé sur la pierre,
nous tire par la main, tandis que l'autre nous pousse par
derrière. Pour les dames— car plusieurs nous suivent
aussi ici— les guides les' prennent à bras le corps et les
hissent comme des colis au dessus de l'obstacle. Nous
continuons notre marche ; nous montons et nous montons,
toujours avec la même chaleur et les mêmes difficultés,
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM 183
et nous parvenons enfin à la chambre du roi, qui nous offre
un pavé plan où nous pouvons plus aisément nous reposer,
et où nous trouvons un peu de lumière par une ouverture
de quelques pouces que l'on a pratiquée dans l'épaisseur
de la lourde masse pierreuse. Après quelques minutes de
repos, nous reprenons notre ascension pour parvenir, avec
les mêmes fatigues, à la chambre de la reine, qui est à peu
près semblable à celle du roi, à une cinquantaine de pieds
plus haut.
De même que pour l'excursion extérieure, la descente
s'opère plus facilement que l'ascension ; la plupart du
temps nous nous appuyons sur les épaules de nos guides,
et nous sommes toujours sûrs de trouver leur pieds en arc-
boutants à chaque marche pour obvier à toute glissade.
Nous repassons la grosse pierre avec le puits noir, et nous
reprenons l'ascension pour retrouver la lumière du jour.
C'est barrasses, épuisés, mais surtout écrasés par la
iourde atmosphère do ces galeries intérieures que nous
venons avec délices respirer l'air libre à l'ouverture. La
sueur nous inonde, nous nous empressons de reprendre
nos habits pour éviter un refroidissement trop subit. Nous
remettons ce qu'il reste de nos bougies à nos guides et
nous poursuivons la descente qui nous sépare encore du
sol. Nos Bedouins, < vaut de parvenir au sol, ne manquent
pas de tendre la main pour le bacchish. Nous otïrons un
demi franc à chacun des nôtres, mais ils le refusent,
disant que c'est un franc qu'il leur faut, " C'est fort
bien, leur dimes- nous, en remettant l'argent dans notre
poche; rendons-nous en bas, et vous vous arrangerez
avec le président de la caravane."
Ils reconnurent, mais un peu tard, que pour avoir
voulu trop avoir, ils auraient beaucoup moins. Ils tendirent
de nouveau la main, lorsque nous n'avions plus que quelques
marches à franchir, en disant qu'ils se contenteraient du
demi-franc offert. " Attendez, attendez ; tout s'arrangera
en bas." Ils comprirent alors que le bacchish offert allait
leur échapper, car l'officier turc qui surveille les visiteurs
retient sur les cinq francs exigés de chacun, la moitié
pour le gouvernement, et distribue l'autre moitié en parst
184 LE NATURALISTE CANADIEN
égales aux aides qui ont pris part à l'ascension. Il ne
fallut rien.moins que l'intervention du cava mis à notre dis-
position par le consul français pour nous débarrasser des
obsessions de ces avides enfants du désert, qui témoi-
gnaient un regret extrême d'avoir refusé ce qu'on leur
avait offert.
Nous allons ensuite visiter à quelques verges plus à
l'Ouest, un ancien temple, dont la crypte existe encore toute
entière, avec ses piliers, autant de monolithes carrés qui
supportaient l'étage supérieur, e)icore droits à leur place.
Nous voyons à une g'rande profondeur des tombeaux
qu'on a débarrassés du sable qui les recouvrait ; ce sont
des chambres assez spacieuses, aux parois parfaitement
conservées, avec les sarcophages au milieu ; les person-
nages sculptés dans la pierre même sont représentés
couchés sur le tombeau.
Nous trouvons en quantité sur le sable que nous
foulons de nos pieds, de fort gros bousiers, dont nous ne
manquons pas de faire ample provision pour notre musée ;
ils sont malheureusement tous de même espèce, c'est
ÏAteuchus sacer, L., le IScarabée sacré des Egyptiens.
Un gamin vient aussi nous offrir un énorme oursin,
dépouillé de tous ses ambulacres, et que nous refusons
comme trop déterrioré. Mais quelle ne fut pas notre
surprise, lorsque revenus à la ville, un de nos compa-
gnons nous montra la même pièce avec une fracture au bout.
Ce que nous avions pris pour un animal du jour déter-
rioré par son séjour sur la grève au grand air, était un
fossile parfait, tout l'intérieur ne composant qu'une masse
solide parfaitement silicifiée» Nous ignorons si ce fossile
avait été apporté d'ailleurs, ou si on l'avait trouvé là, sur
les bords du Nih
Nous passons devant le Sphinx qui, comme les Pyra-
mides, est en partie enterré dans le sable que les vents
poussent du désert, et nous nous arrêtons un instant pour
en examiner plus attentivement la construction et les pro-
portions.
On sait que le Sphinx est un monstre qu'on trouve
représenté sur presque tous les anciens monuments
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM. 185
d'Egypte. Ce monstre se composnit de la iéle et du sein
d'une femme, du corps d'an lion, d'une queue armée d'un
dard et portait des ailes d'aigle ; le corps était toujours re-
présenté couché et porté sur des pattes reposant à plat
sur le sol. On dit que c'était l'emblème de la sagesse, de
la prudence et de la force réunies. D'autres veulent que
le Sphinx soit l'emblème du Nil dans ses inondations, par
ce qu'alo'S le soleil parcourt les signes du lion et de la
vierge. De toutes les représentatiojis de ce monstre, nulle
n'est plus remarquable que celle que nous avons devant
les yeux dans le groupe des Pyramides de Ghiseh, car
c'est la seule à laquelle on ait donné des proportions
colossales. Le monstre, lors de sa construction, pouvait
avoir une centaine de pieds de hauteur, mais aujourd'hui
on n'en voit plus pour ainsi dire que la tê(e, le reste étant
enseveli sous le sable. Imaginez-vous une tête humaine
d'une cinquantaine de pieds de hauteur sur une largeur
proportionnée. Le nez a un peu souffert de l'action du
temps, mais le reste est encore bien reconnaissable.
Revenus au pied de Chéops pour reprendre nos
voitures, nos Bedouins viennent nous sollici er de leur
acheter un petit garçon de 9 à 10 ans pour lequel ils de-
mandent 25 francs. On sait que l'esclavage règne encore
en Egypte, surtout dans le haat du Nil. L'enfant, à ToBil
vif et pétillant nous prenait par la main en nous sollicitant
de l'emmener avec nous, pensant sans doute, que quelque
fut le sort qu'on lui ferait, il ne pourrait qu'y gagner à
changer sa position. Cotte offre et ce désir de l'enfant ne
manquèrent point de no s attendrir profondément; nous
avions sous les yeux un reste de ces usages barbares
des civilisations anciennes. Cet enfant, sous nos soins
pourrait peut-être devenir un personnage important, un
guerrier valeureux qui irait peut-être un jour, grâce à
féducaiion qu'il aurait reçue, se mettre à la tête des siens
pour arracher la Nubie sa patrie, au joug de fer sous
lequel elle gémit aujourd'hui ?' Peut-être, ce qui serait
encore bien préférable, ferait-il un missionnaire qui irait
délivrer les siens d'un esclavage encore plus pénible et
plus redoutable que celui des Turcs, celui du démou qui
186 LE NATURALISTE CANADIEN
retient leurs âmes dans les voies dans la perdition. Dans
tous les cas, il ferait un chrétien, et pourrait jouir de tous
les biens que les enfants de Dieu possèdent dans la maison
de leur père. Yiugt cinq francs est une somme minime
et facile à trouver ; mais que ferions-nous de cet enfant
dans notre pèlerinage dont nous ne sommes encore qu'au
début ? Nécessité donc de refuser l'offre. Nos musulmans
croyant que nous jugions le prix trop élevé, en vinrent à
nous l'oflfrir pour 15 fr., 10 fr. et à la iin 5 f. (une piastre) ;
mais encore une fois qu'en faire dans l'occasion ? C'est
avec le cœur brisé que nous nous séparâmes de ces pauvres
enfants du désert, plus chagrins, nous eu sommes sûrs, de
ne pouvoir accomplir une œuvre si méritoire, qu'ils
l'étaient, eux, de ne pouvoir toucher la pièce de
monnaie qu'ils convoitaient, mais moins probablement
que ne l'était l'enfant lui-même qui se voyait forcé de se
soumettre encore au triste sort qui lui était échu en
partage.
Il passait à peine lOh. lorsque nous reprîmes nos
voitures, et peu avant midi nous rentrions dans la ville,
enchantés de notre excursion et de tout ce que nous
avions vu.
A continuer.
■^^»*^^^^^r\ff\ffsff ^y^/t^/Nr^ • "
LA GAZETTE DES CAMPAGNES" ET L'HISTOIRE
NATURELLE.
Nous soupçonnions bien que la petite pillule que nous
avons administrée, dans notre dernière iivraisou, à M. Proulx,
de la GazeWe des Campagnes, sevail trouvée uu peu amère ce.
pendant nous étions loin de penser qu'elle lui en donnerait si
fort sur les nerfs.
Tout en protestant qu'il la trouve très convenable, il fait
de telles grimaces en l'avalant, qu'il ne montre que trop quel
LA "gazette des campagnes" et l'histoire naturelle 187
désordre elle a causé chez lui. C'est, à tel point que le mot
grossier s'échappe du bout de sa plume.
Là dessus nous demanderons à M. Proulx, lequel des deux
mérite davantage Tépithète de grossier : ou de celui qui re-
prend, même en termes énergiques, une erreur considérable,
une faute impardonnable ; ou de celui, qui en guise de ré-
ponse, lance à son adversaire Tépithète de grossier?
M, Proulx se plaint d'être éreinté, assommé. Mais, pauvre
ami, ce n'est pas nous qui vous éreintons, vous assommons ;
c'est la logique des faits ; c'est le raisonnement ; c'est le simple
bon sens.
Ce n'est pas notre faute, à nous, si, sans posséder les
éléments des sciences naturelles, vous allez patauger dans ce
domaine, comme le ferait un badigeonneur dans un atelier
de peintre d'histoire. M. Proulx, en fouillant en aveugle dans
la science, en fait jaillir des masses qui lui retombent sur le dos
et l'assomment. Tl pousse les hauts cris; mais que n'est-il
moins prétentieux et plus prudent ?
Si nous avons dit plus haut que les erreurs de M. Proulx
sont impardonnables, ce n'est pas par ce qu'il manque de
science — ce qui probablement n'a pas dépendu de lui— mais
c'est par ce qu'il qu'il s'érige en docteur pour enseigner les
autres, sans s'apercevoir de ce qui lui manque.
M. Proulx pour se défendre du reproche de plagiat, nous
dit qu'il ne se sert jamais des ciseaux, qu'il se sert de ses livres
et de ses journaux, comme l'avocat le fait des livres de loi.
Mais quelle pitoyable logique ! Lisez, consultez, compulsez et
livres et journaux pour vous guider dans notre pratique, rien
de mieux; que vous ayiez continuellement le manuel à la
main pour alligner vos ciboules ou biner vos betteraves, per-
sonne n'y trouvera à redire ; mais du moment que vous laissez
le champ pour monter à la tribnne du pédagogue, il vous
faut changer de ton ; il faut alors que ce que vous donnez
soit de votre science à vous, peu importe où et comment vous
l'avez^acquise, pourvu qu'elle vous appartienne. Si parfois vous
jugez à propiDS de l'emprunter à d'autres, la justice et les con-
venances vous font alors un devoir de leur donner crédit de vos
emprunts; et c'est ce que vous ne faites pas et ce qui vous
entraine à ces erreurs qu'on vous signale, car le modeste geai
se laisse trop souvent voir sous le plumage de l'orgueilleux
188 LE NATURALISTE CANADIEN
paon. D'un autre côté, puisque vous copiez si bien, que ne
faites-vous usage de guillemets ou des signatures pour vous
montrer honnête, et rendre à chacun ce qui lui appartient?
Rien de plus fort, de plus convainquant, de plus impi-
toyable que la logique des faits ; et nous voyons, avec chagrin,
que M. Proulx dans sa réponse, vient donner une nouvelle
confirmation à la proposition que nous avons toujours soutenue,
sovoir : "qu'on a tort de tant négliger l'étude de l'histoire
naturelle."
M. Proulx nous demande s'il ne pourrait pas arriver, par
accident ou autrement, que le gui s'implantât dans notre pays.
Nous ignorons si la chose est possible ; du moins elle n'est pas
probable. Mais à quoi bon cette question ? Allez-vous nous
enseigner des remèdes contre des maux qui ne nous menacent
en aucune façon ? des maux que nous ne connaissons pas ?
N'avon-^-nous pas assez à nous défendre des ennemis qui nous
attaquent aujourd'hui, sans nous occuper à nous prémunir
contre d'autres qui ne se sont jamais montrés et qu'aucune
probabilité n'indique comme devant bientôt apparaître ?
Nous avons dit que nous n'avions jamais rencontré le gui
en Canada et que les botanistes Américains nous disent aussi
que ce parasite ne se ren(îontre pas aux Etats-Unis. Mais voici
que M. Proulx veut réfuter cette proposition par ces paroles
de Bocquillon : " le gui détruit presque complètement en
Amérique les plantes à café!" Mais voila qui est charmant;
M. Proulx prendrait-il le Brézil pour un état de l'Union Amé-
ricaine ? Depuis quand le café est-il cultivé aux Etats-Unis ?...
Mais de plus en plus naïf ce bon M. Proulx! "Le merle
ou la grive de Dieppe, nous dit-il, a peut-être fait une excur-
sion en Amérique, sans que vous le sachiez ?" Représentez-
vous donc M. Proulx, posté sur la montagne qui avoisine sa
demeure et armé d'une lunette pour observer les merles de
Diepne traversant l'Atlantique ! M. Proulx a-t-il jamais en-
tendu dire que l'Atlantique était peut-être un peu plus large
que le St-Laurent vis-à-vis Ste Anne, et que les merles ne se
hasardaient pas tous les jours à en entreprendre la traversée ?
M. Proulx a l'air de croire que les noms sont de peu d'im-
portance en histoire naturelle ; c'est une grave erreur. S'il se
fut contenté d'avancer que le ver blanc ravageait les pommiers ;
il était dans le vrai, il n'y avait rien à redire. Mais il a ajouté
crue ce ver blanc était la larve du hanneton, et c'est là une
''la gazette D?S CAMfAGjNES" FT L'HISTOIBE NATURELLE 189
plume de paon qui ne peut couvrir le galbe disgracieux du
geai et qui dénote de suite la supercherie. Ver blanc est un
terme commun qui peut convenir à plusieurs insectes, mais si
vous précisez, il faut y procéder avec attention, car autrement
vous prêterez à des espèces des habitudes qui ne peuvent leur
convenir. Ainsi le hanneton appartient à la famille des La-
mellicornes, et les larves de ces insectes ne peuvent ronger le
Lois, mais se nourrissent exclusivement des jeunes plantes
tendres, comme choux, céréales, pois, tabac etc. ; tandis que
la Saperde appartient à la famille des Longicornes, et les
larves de ces insectes sont pourvues de mandibules assez fortes
pour se creuser des trous dans le tronc même des arbres,
pommiers, pruniers, érables etc. Cependant les larves de ces
deux insectes sont des vers blancs, quoique différents de forme.
On voit de là quelle immense différence peut amener le chan-
gement d'un seul nom.
Quant aux épithètes de grossier, assommeur, éreinteur,
monopoliseur de science etc., elles ne nous affectent en aucune
façon, c'est la ressource ordinaire des adversaires désarçonnés *,
on remplace les arguments par des mots mal sonnants; nous
en laissons tout le bénéfice à M. Proulx.
M. Proulx nous fait en terminant une menace de porter
certaines charges contre nous. Nous le prions de parier
ouvertement, car son insinuation est bien plus capable de nous
nuire qu'une attaque formelle. D'ailleurs qu'il ne craigne rien ;
s'il peut nous éclairer, il nous rendra service; s'il nous signale
des erreurs, nous les corrigerons. Rien ne nous fait plus de
plaisir que d'acquérir de nouvelles connaissances dans la
science dont nous poursuivons l'étude, peu importe de quel
côté elles nous viennent. Gomme M, Proulx, nous avons
assumé la tâche d'instruire les autres, et les fautes que nous
commettons sont extrêmement regrettables, par ce qu'elles ne
font pas tort à nous seulement, mais encore à tous ceux qui
nous lisent. Loin de vouloir monopoliser la science, comme
M. Proulx a la simplicité de l'énoncer, nous sommes continuel-
lement en correspondance avec des savants pour nous éclairer
déplus en plus, et rien ne nous plait davantage, lorsque nous
connaissaissons quelque chose de nouveau, que d'en faire
part à nos lecteurs.
190 LE NATURALISTE CANADIEN
BIBLIOGRAPHIE.
Worms and Crustacea, by Alpheus Hyatt. — Ce petit
volume in-18, de 68 pages, avec nombreuse gravures, est le
septième d'une série de Guides pour l'enseignement de la
Science, Guides for Science-Teaching, donl la Société d'histoire
Naturelle de Boston a entrepris la publication. Ces volumes,
la plupart copieusement illustrés, sont des résumés précis et
exacts des sciences qu'ils traitent, œuvres de spécialistes de
haute réputation et de grande autorité. Nos remerciements
à qui de droit pour l'envoi de ce volume. Gî suit la liste de
ceux déjà parus ou qui paraîtront prochainement.
I. About Pebbles, par Alpheus Hyatt, Curateur de la So-
ciété d'Histoire Naturelle de Boston, et Professeur de zoologie
et de Paléontologie a l'Institut Technologique du Massachusets.
15 cts.
Get opuscule est une illustration de la manière dont on
peut tirer parti pour l'enseignement d'un objet tout ordinaire.
Ce fut la conférence d'ouverture du cours, et c'est elle qui fit
naitre l'idée des autres qui l'ont suivie.
n Concerning a few Com.non Plants, par George J.
Goodale. 30 cts. Celui-ci est formé de deux parties qui
sont reliées ensemble, et donne un rapport des organes
principaux des plantes, et comment celles-ci peuvent
être cultivées dans les salles d'école pour l'instruction
des enfants.
in. Commercial and other Sponges, par A. Hyatt. 30 cts.
IV. A First Lesson In Natural History, par Mad. E. G.
Agassiz.
V. Corals and Echinoderms, par A. Hyatt.
VI. Mollusca, par A. Hyatt.
VIL Worms and Crustacea, par A. Hyatt. 35 cts.
VIII. Insects, par A. Hyatt.
IX. Fishes and Frogs.
X. Reptiles and Birds.
Les opuscules ci-dessus seront suivis par une série de
de deux à quatre petits livres, du môme genre, sur
The Common Metals and Minerais, par L.S. Burbank
et Cie.
FAITS DIVERS 191
Les conférences qui ont fait naitre l'idée de ces livres
sur l'enseignement de la science ont démontré le fait, qu'au
moyen de spécimens, on peut apprendre à un auditoire consi-
dérable à observer utilement la nature.
On en a intruit de cette manière plus de 500 à la fois.
S'adressera MM. Gina et Heath, 13 Tremont Place, Boston,
Mass.
The Coues Chec List of North American Birds.— C'est
un volume in-8 de 165 pages, contenant la liste de tous les
oiseaux de l'Amériijue du Nord, avec l'indication de l'ouvrage
où chaque espèce se trouve décrite, l'étymologie des noms
génériques et spécifiques et de plus l'accentuation de ces mêmes
noms pour une exacte prononciatiou. Cet ouvrage, qui en est à sa
2e édition, forme, ainsi augmenté, un dictionnaire d'ornitho-
logie indispensable cà tous ceux qui s'intéressent aux oiseaux
de nos contrées. — Estes et Lauriat, Boston, 1882.
Nos remerciements aux éditeurs pour l'envoi de ce vo-
lume.
FAITS I>IVEJEiS.
Température.— Juin nous à enfin apporté cette chaleur
que mai nous avait obstinément refusée. Aussi il est beau de
voir comme la végétation s'elTorce de compenser le temps
perdu par nu redoublement d'activité. Les feuilles se déve-
loppent et les fleurs se montrent avec une telle rapidité que,
malgré l'habitude que nous en avons, chaque jour nous
étonne par le pi ogres constaté sur celui qui le précède. Les
pruniers, cerisiers, pommiers etc., maigre le retard de la
saison, sont à peine en arrière sur l'époque ordinaire de leur
floraison ; et les fleurs se montrent en telle profusion qu'elles
nous font attendre une abondante récolte de fruits de toute
espèce.
Insectes. — Bien plus que les fleurs, les insectes semblent
avoir souflért du retard de la saison. Les cousins, la mouche
des maisons, la chrysomèle de la patate, ne s'étaient pas
encoi-e fait remarquer avant le 20 juin, lorsque dans les années
précédentes, ces aimables visiteurs étaient déjà dans leur
complète diliusion dès le commencement de ce mois.
LES CYPRIPEDES.
Monsieur le Rédacteur,
Voici le temps des herborisations revenu ; tous ceux qui forment des
herbiers sont aux aguets pour saisir l'occasiou favorable de remplir lea
192 LV. NATURALISTE CANADIEN
lacunes qui ne peuvent manquer de se trouver surtout dans les collec-
tions des débutants. Rien ne me fait plus de plaisir que de compléter
un genre ou une famille, en rangeant toutes ses espèces à la suite les
unes des autres. J'avais accordé une attention toute particulière,
l'année dernière, aux Cypripèdes. Votre Flore à la main, j'étais par-
venu à trouver dans les environs de Montréal même, les quatre espèces
qui suivent sur les cin | que vous mentionnez : Cypripedium acaule^
Ait., commune ; C. i-pectab'de^ Willd., rare ; G. ptthesceus, Willd.,
la plus belle suivant moi, car si elle est inférieure en taille et par
l'ampleur de sa fleur à la spcctahile, la multiplicité de ses fleurs lui
donne plus d'éclat. J'ajouterai qu'elle est aussi beaucoup plus rustique ;
avec un peu de soins, j'ai réussi à la garder dans mon jardin et à lui
faire donner des fleurs beaucoup plus apparentes que dans les bois.
Enfin le C. candidmn^ Willd. qu'on trouve presque toujours en com-
paonie de l'acaule. Keste le 0. arletùium^ Ait., le Rani's head des
anglais, que je n'ai pu encore rencontrer. J'ai parcouru et scruté
tous les reconis de la Montagne de Montréal sans succès ; je pense
que l'obtinée lête-de-hélier ne se trouve pas là. Je vous serais
oblio"é, si vous vouliez bien me faire connaître dans quelle situation et
à quels endroits vous l'avez rencontrée.
Montréal 19 Juin 1882. M.
Aussitôt la lettre ci-dessus reçue, nous référons à notre herbier,
et nous trouvons que l'espèce en question, le Ci/pripedium arietimtm,
y brille encore par son absence. Defjuis plusieurs années, nous avons
accordé beaucoup plus d'attention t\ l'Entomologie qu'à la Botaniques.
Cependant dans nos chasses, tout en poursuivant les insectes, nous ne
manquons jauiais de renouveller connais.saiiCî avec toutes les plantes
que nous rencontrons, et de remarquer surtout en quelle situation elles
se trouvent.
Nous nous rappelâmes que sir le bjrd même du CapRouge, à
quelques arpents seulement de notre résidence, nous avions trouvé sur
des rochers couverts de mousses et abrités par des pins rouges, une
plante toute boréale qui nous avait fort surpris, c'était V Arclostaphilos
uva-ursi, Spreng. de la famille des Ericacées, plante que nous n'avions
encore rencontrée que sur les rochers dn bas du Fleuve. Nous pen-
sâmes que la situation pouvait être favorable aux Cypripèdes et que
peut-être nous pourrions y trouver notre plante. Donc, samedi le 24,
armé de nos instruments de chasse, nous nous rendons à l'endroit in-
diqué, et à notre grand plaisir, nous trouvons dès notre arrivée, notre
plante en pleine floraison, souvent en compagnie de Vqlaule. La flîur
est moins grosse et moins apparente que celle de cetqFaernière, mais
la singulière disposition do ses sépales supérieurs -qui viennent se
croiser sur le labelle, comme les cornes d'un bélier qui s'enroulent au
dessus de son nez, lui donne une certaine originalité qui ne manque
pas de frapper ceux qui l'observent. Les fleurs sont solitaires, mais
les tiges sont d'ordinaire par touffes ou du moins presque toujours
réunies plusieurs ensemble.
Il va sans dire que nous en fîaes une provision assez ample pour
en passer à ceux de nos amis qui nous en feiaient la demande.
LE
Vol. XIII.- 7. CapRouge, Q., JUILLET 1882. No. 151
Rédacteur : 31. l'Abbé PROVANCHER.
FAUNE CANADIENNE
(Continué de la page 175.)
Jambes et tarses postérieurs d'un teatacé roussâtre;
Abdomen poilu 1. biCDlor.
Abdorain nu ou à peu près 2. hildlis.
Pattes unicolores ou à peu près, avec pubescence variée ;
Thorax à pubescence dense, cachant les téguments ;
Pubescence d'un faiive ochiacé 3. nïvalîs.
Pubescence blanche ou jaunâtre ;
Abdomen avec longs poils blanchâtres, surtout à la base.4. frigide.
Abdomen nu ou à peu près ;
Pubescence des pattes postérie ires brun-roussâtre. 5. viclna.
Pubescence des pattes blanche ou blanchâtre ;
Pubescence de la face noire sur le vertex et les côtés, ab-
domen avec ) oils blanchâtres épars 6. hirticepS.
Pubeêcence de la face blanchâtre sur les côtés, abdomen
très poli à la base 7. placida.
Thorax à peu près nu, laissant voir les tégnments ;
Métuthorax avec un espace renfermé distinct, strié longitudi-
nalement ;
Segments 2, 3 et 4 avec lignes argentées sur les
côtes 8. algida.
Segments sans lignes de pubescence argentée. 9. p^rplexa.
Métathorax sans espace renfermé distinct ;
194 LE NATURALISTE CANADIEN
M étathorax très finement ponctué 10. Integra
Métathorax fortement rugueux 11. SÎmpIeX
1. Andrène bicolore. Andrena hicolor^ Fab. Ent. Syst*
ii, p. 310.
Ç — Long. .50 pce. Noire; le thorax et le premier segment
abdominal avec poils jaunâtres, le reste avec poils noirs, excepté les 4
jambes postérieures avec leurs tarses qui sont d'un fauve-roux bien
apparent. Chaperon bombé, en partie nu, densément ponctué. Poils
du thorax longs et abondants. Antennes noires. Ailes hyalines, les
nervures brun -jaunâtre. Abdomen déprimé, ovale-elliptique, poilu, le
premier segment avec poils jaunâtres, tous les segments marginés au
sommet d'une bande brun-roussâtre brillante, le 6e avec un espace
triangulaire nu pour le jeu de la tarière. — AG.
2. Andrène joyeuse. Andrena hilaris, Smith, Cat. Brit,
Mus. 1, 112.
Ç — Long. .42 pce. Noire avec pubescence ochracée sur la face
et le thorax peu allongée et non assez dense pour cacher les téguments.
Chaperon densément ponctué. Métathorax avec une espace renfermé
distinct, fortement rugueux ; l'écusson avec grosses ponctuations peu
denses. Ailes légèrement enfumées au sommet, les nervures brunes.
Pubescence des pattes jaunâtre ; les 4 tarses postérieurs avec les
jambes de la dernière paire, d'un testacé roussâtre, avec poils fauves.
Abdomen ovale, très finement ponctué, les segments avec lignes de
pubescence pâle sur les cô^és; l'extrémité fauve. — AC.
Bien reconnaissable par ses jambes postérieures jaunes,
3. Andrène de-la-neige. Andrena nivalis, Smith. Cat.
Brit. Mus. 1, 118.
9 — Long. .45 pce. Noire avec pubescence fauve très appa-
rente. F:tce à pubescence plus dense et plus longue au milieu, parti-
culièrement à côté des antennes ; vertex à poils très clairs. Thorax
à pubescence très dense, fauve, cachant tous les téguments. Ailes
Bub-hyalines, le stigma jaune, la 2e cubitale recevant la 1ère nervure
récurrente au delà de son milieu, la 4e presque complète. Pattes
noires avec pubescence fauve, particulièrement longue et abondante
sur les jambes et les cuisses postérieures. Abdomen en ovale, déprimé,,
noir, presque nu, ne portant que quelques poils fauves à la base et à
l'extrémité, les segments avec une bande déprimée et lisse au sommet ;
le 5e avec poils noirâtres, testacés au milieu, le 6e avec l'espace trian-
gulaire nu pour le jeu de l'aiguillon. — R.
XXI— ANDRÉNIDES. 195
(^ — Semblable ; la face a seulement de longs poils jaunes.
Capturée à St-Hyacinthe.
4. Andrène froide. Andrena frigida, Smith, Cat. B.
Mus. 1 p, 115, ?.
Ç — Long. .48 pce. Noire; la face entourée sur les côtés de poils
blancs, mandibules noires, antennes entièrement noires ; le vertex
couvert de longs poils blanchâtres ; tout le thorax à poils longs et peu
denses, blanchâtres, ne cachant pas les téguments ; le méthatorax
finement ponctué. Ailes hyalines, les nervures et les écailles, brun-
roussâtre. Pattes noires, les cuisses avec longs poils blanchâtres, de
même que les jambes postérieures, les tarses à brosse brun-roussâtre,
les articles terminaux brun-ferrugineux. Abdomen large, en ovale, à
villosité longue et blanchâtre à la base, plus courte et brun-roussâtre
à l'extrémité, les segments terminés par une bande polie, d'un brun
cuivré.
La longue villosité blanchâtre qui recouvre toutes
les parties distingue surtout cette espèce. Capturée a
Chicoutimi, au CapRouge etc.
5. Andrène voisine. Andrena vicina, Smith, Erit.
Mus. Cat. i, p. 112.
Ç — Long. .48 pce. Noire ; le thorax avec les cuisses postérieures
et le premier segment abdominal, avec poils jaunâtres, le reste
avec poils noirs. La face en partie nue, le vertex avec poils noirs et
le milieu, en dehors des antennes, avec poils jaunâtres ; le chaperon
nu, à ponctuations fines, mais peu denses. Antennes avec le pavillon
brun-roussâtre. Le thorax à poils abondants. Ailes hyalines, quelque
peu jaunâtres, le stigma jaune. Pattes noires, les postérieures avec
les jambes et les tarses fournis de poils très denses, brun-foncé. Ab-
domen déprimé, ovale-elliptique, presque nu, n'ayant de villosité
qu'à la base et à l'extrémité, de couleur brun-roussâtre, avec une
bande au sommet des segments plus brillante et obscurément cuivrée,
le 6e segment avec un espace triangulaire nu, pour le jeu de l'ai-
guillon. — AC.
cf — Avec poils plus abondants et de couleur plus claire.
6. Andrène tête-hérissée. Andrena Jiiriiceps, Sniith,
Brit. Mus. Cat. i, p. 116.
Ç cf — Long. .38 pce. Noire, avec une longue villosité blanchâtre
la couvrant presque de toutes parts, 'plus abondante sur la face et le
thorax. Face au dessous des antennes toute couverte par une forte
106 LE NATRBALISTE CANADIEN
tonffii de Ion es pnils bl ir.cs. k vo'tex presque nu. Ailes liy^lme!»^
lésrèreuient ob-ciucies à l'extr 'raiti', le stiir'n^i .i^""e, la 2e ceilnle cn-
bitîile fortement rotrécie vers la radiale. Pattes noires av^!C longs
poils blancs, pe'i abondants. Abdo iien ova'e-elliptiijue, a*sez convexe
chique scï^tnent avoc une bmde brun-rou<>âtre au soumiet munie de
poils blanchâtres, les poils de rextrcniité aussi blanchâtre*. — PC.
S^"! distingue facilement ties antres espèces par sa
Tiliofcité.
7. Andrène placide. Andrena jdacida, Smith, Cat B,
Mus. 1. p. 112, 9.
Ç — Long .40 pee. Noire; la fice avoc une pubescence blan-
châtre yevi deii«e ; les antonm^s fiUMUgineuses en dessous à Text n^ m it».
Le thorax co ivert d'une pubescence och''acéepâle p<»u dense. Ailes
sub hyalines, les nervures ferrugiueuses-[iâle«, le> (?c;iillettcs testacies-
rotissâtres. Li pubescence des pattes bl iTicliâtre en dessous, j lune-
rois^âtre on dessus; les tarses fauves eu dossou«, leurs articles ttu-uii-
naux ferrugineux. Abdomen oval oblong, pnli, brillant, segments 2,
3 et 4 avec une fr.inge argentée étroite, plus étendue sur le» côt's, la
fringe du seg nent anal brune. Ex dessous les segiuents ont une
étroite frange blanchâtre.
Capturé-» à Montréal au CapRouge etc.
8. Andrène glacée. Andrena al^ida, Smith, Cat. B.
Mus. 1, 116.
Ç__Long. .40 pce. Noire; à pubescence grisâtre, légèrement
0!?hracée sur le thorax. Me-^othorax avec fortes ponctuations peu
denses, encore plus fortes sur l'écusson ; mét.ithorax rugueux par des
stries longitudinales. Pattes à pubescence blanche, if^gèrement obs-
cures au sommet. Abdomen ovale, brillant, noir foncé, la marge
apicale des segments 2, 3 et 4 frangée do pubescence argentée, surtout
sur les côtés ; l'anus légèrement fauve. — PC.
9. Andrène perplexe. Andrena perplexa, Smith, Cat.
Brit. Mus. 1, p. 118, Çc^.
o ç^ Long. .40 pce. Noire; avec poi's blancs à la fac9, sur les
côtés du thorax et les caisses, et jaunes sur le dis(juo du thorax, les
jambes et les tarses postérieurs. Chiparon nu, à ponctuations
grossières et peu denses, les côtés de la face et le vertex seulement
fournis de j oils. Thorax à poils coirts et [eu abondants, laissant
tous les téguments à découvert,» le métathorax avec un espace^J'en*
fermé sur le disque, cet espace subtriangulaire et portant des &tries
XXL— ANDRÉNIDES 197
îoncitudiniles très distinctes. Ailes hyaline's, rextr(îniit(< l^o-èrement
erifurnée, le stigm:i jaune. Pattes noires, les JHuibcs postérieures à
poils j lunâtres. Abdomen noir, ovale elliptiii|ue, nu, n'aymt de poils
qu'à l'extréinit" et sur les côtés, la moitié apicale des sejrmcnts plus
finement et plus don-jément poniUuée que le reste, le 6e à poils
j Minâtres, avec un espace triangulaire nu pour le jeu de l'aiguillon. —
PC.
Se distingue surtout de la précédente par son méta-
thorax à espace renfermé et strié.
10. Andrène entière. At/drena intégra, Smith, 1, 114
$ — Long. .38 pce. Noire, à pubescence peu abondante, les fos-
settes } rès des yeux, les jo tes, le thorax sur les côtés, les flincs,
surtout ceux du inétithorax, à pubescence blanchâtre. Les antennes
rnusf-âtres eu dessous à l'extrémité. Thorax poli, le méiathorax très
finement ponctué. Ailes hyalines, légèrement obscurcies à l'extrémité,
lésée lilies brunâtres. Pattes^ les antérieures presque nues, les pos-
térieures à poils blanchâtres sur les cuisses et les jambes, et jaune-
biU'iâtre sur les tarsos. Abdomen poii, brillant, en ovale allongé,
les segments 2 et 3 marginés de poils blanchâtres sur les côtés, les
segments terminaux à poils roussâtres.
Cette espèce est remarquable par sa pubescence rare,
peu apparente.
il. Andrèns simple. Andrena simplex, Smith, Cat. B.
Mus. 1 p. 114, ç.
^— Long, .40 pce. Noire ; la fice finement striée au dessus de
rinsertioii dos antennes, les côtés avec poils blanchâtres, le chaperon
avec points et stries sembl mt avoir une directi )n trau^vorsale. Thorax
très finement po:iet lé, ces ponctu itio:is distantes les unes des autres,
à I ube>cence blanchâtre plus abondante sur les côtés. Ailes sub-
hy lines, le stijçma jaunâtre, les écaillettes, testacé-sale. Patte brun-
ro is>âtre, les tirses plus pâles, les jambes et les tarses fostérieuis à
pubescence fuve. Abdomen très finement ponctué, les segments
avec une étroite frange apicale de poils blancs, l'extrémité à poils
jaunâtres.
Capturée au CapRouge.
4. Gron. Haltcte. Halictus, Latr.
Tête transversale; point de fossette aux orbites su-
périeurs d*'s yeux ; ci'ux-ci entiers» Antennes assez lou-
gues, beaucoup plus dans les d" que daus les ç. Ailes
198 LE NATURALISTE CANADIEN
avec une cellule radiale pointue aux deux bouts, la pointe
postérieure plus effilée que chez les Andrènes et serrée
contre la côte ; 3 cellules cubitales fermées, la première
presque aussi grande que les deux suivantes prises en-
semble, la 2e en carré, la plus petite, recevant la 1ère
nervure récurrente au delà de son milieu; la 3e rétrécie
de plus de moitié vers la radiale et recevant la 2e récur-
rente aussi au delà de son milieu ; la 4e à peine commencée.
Abdomen ovale-elliplique dans les ç , presque cylindrique
dans les d. Une espace longitudinal linéaire nu sur le 6e
segment abdominal des ? pour le jeu de l'aiguillon.
Ces insectes ont toute l'apparence extérieure des
Andrènes, ils s'en distinguent surtout par la forme de la
cellule radiale qui est toujours plus étroite, à pointe plus
fine et plus serrée près de la côte, par l'absence de la 4e
cubitale qui est à peine indiquée, l'absence de fossette aux
orbites supérieurs et l'espace linéaire nu du dernier seg-
ment abdominal des ç.
Les Halictes ont aussi à peu près les mêmes mœurs
que les Andrènes ; comme elles, elles creusent des galeries
dans le sol pour y déposer leurs œuf&. Le tube principal
de cette galerie atteint quelquefois 8 à 10 pouces de pro-
fondeur, et de distance en distance, s'ouvrent sur ce tube
principal des tubes secondaires d'environ un demi pouce
de long, dans chacun desquels la ? dépose une boule de
pollen et de miel pour y déposer un œuf, de sorte que le
tube principal n'est qu'un couloir sur lequel s'ouvrent les
chambres particulières qui doivent être la résidence ou le
berceau de la progéniture.
' Onze espèces rencontrées qu'on peut distinguer comme
suit.
Couleur noire ou brun-foncé ;
Abdomen avec lignes transversales blanches ;
Disque du métathorax finement ponctué ;
Abdomen opaque par ses fines ponctuations.. 1. COriaceus.
Abdomen lisse, brillant 2. ligatUS.
Disque du métathorax lisse au sommet, finement
aciculé à la base 3. distinctUS, n. sp.
Disque du métathorax plus ou moins rugueux j
XXI — ANDRÉNIDES 199
Abdomen à 3 lignes blanches 4, dîSCUS.
Abdomen à 6 lignes blanches 5. 6-CinCtUS, n. sp.
Abdomen sans lignes transversales blanches ; méta-
thorax fortement rugueux 6. scabroSUS, n. 5p.
Couleur vert metallic plus ou moins prononcé ;
Thorax fortement poilu 7. pîlosUS.
Thorax nu ou à pubescence peu dense ;
Face dorsale du métathorax à carène médiane 8. laBViSSimus.
Face dorsale du métathorax sans carène médiane ;
Tarses pâles ;
Jambes noires ou brun-foncé 9. alMtarsiS.
Jambes jaune-pâle 10. COnstrictUS, n. sj).
Tarses noirs ou bruns ;
Abdomen poli, lisse U. confuSUS.
Abdomen ponctué, ovale 12. Ontariensis, n. sp.
1. Halicte coriace. Halictus coriaceus, Smith, Brit.
Mus. Cat. 1, 70.
Ç — Long. .38 pce. Noir, finement et densément ponctué, ce qui
lui donne une apparence subopaque ; pubescence fauve-pâle sur le
thorax et les pattes, celle de la face peu abondante ; le chaperon à
ponctuations fortes et peu denses. Métathorax à face dorsale finement
ponctuée, son disque semi-circulaire, strié à la base. Ailes hyalines,
le stigma jaune, la 2e cellule cubitale à côtés parallèles. Pattes cou-
vertes de poils fauves. Abdomen poli, brillant, ovale-elliptique,
avec une ligne de poils argentés à la base des segments 2, 3 et 4, leur
sommet coriace, le 5e de couleur cuivrée. — CC.
çj^— -Avec le labre taché de jaune au bord antérieur ; sa pubes-
.cence blanchâtre.
2. Halicte lié. Halictus ligatus, Say, Say's Ent. II,
774.
Ç — Long. .32 pce. Noir avec poils blanchâtres sur la tête, le
thorax et les pattes. Le chaperon poli, brillant, avec ponctuations
rares mais profondes. Métathorax très finement ponctué, sa face
postérieure légèrement concave. Abdomen lisse, poli, brillant, les
■segments 2 et 3 avec une ceinture de poils argentés à la base. La
pubescence des pattes fauve-blanchâtre.
J^ — Avec la partie antérieure du chaperon et le labre jaune-pâle,
la face à pubescence grisâtre. Abdomen avec une ligne blanche à la
base des segments 2, 3 et 4. Pattes avec les jambes et les tarses
jaunes, les jambes postérieures avec une tache noire en dessus et en
dessous. — C,
200 LE NATURALISTE CANADIEN
Se distingue du précèdent par ses téguments brillants
et polis.
3 Halicte distinct. Halictus dist inclus, nov, s p.
ç^ — Lonir. .36 pee. Noir, la face, le thorax, surtout sur les côtés,
avec les pattes, à pubescence blanchâtre. Ch iperon peu prolongé en
avant, blanc-pâle à son extrémité ; niandib îles sans taches. Thorax
très finement ponctué, poli, le métathoiax avec de fines stries loniii-
tudinales à sa base, le reste lisse, . brillant. Ailes byilines, le bord
apical à peine obscurci, les nervures brunes. Pattes noires, à pu-
bescence blanchâtre, les tarses à poils ferrugineuf, leur dernier article
jaunâtre. Abdomen noir, poli, lisse, à côtés parallèes, les 4 premiers
segments terminés par une ligne argentée.
Bien distinct par sa forme et sa coloration.
4. Halicte à-disque-strié. Halictus discus, Smith, B.
Mus. C;it. i, p. 70.
Ç — Long. .42 pce. Noir, avec poils fauve [aie sur la face, le
thorax et les pattes. La face et le disque du thorax à poils courts et
peu abondants, le métathorax à f ice dorsale sans c irène, son disque
poilu à la base et strié lon^itudinalement. Ailes hyalines, l'extrémité
trèi légèreme it obscurcie, la 2e cellule cubitale presque en carré.
Pattes à poils fauves denses bridants. AbJomen ovale-elliptique, poli,
brillant, avec une ligne de poils argentés à la base des segments 2, 3
et 4 le 6e à poils fauves avec un espace linéaire nu pour le jeu de
l'aiguillon. — GC.
ç^ — A abdomen presque cylindrique, avec les jambes et les tarses
jaunes, excepté une tache noir près de la base des premières en avant.
Se distingue toujours facilement du parallelus par son
métathorax.
5. Halicte à-6-ceintures. Halictus 6-cinclus, nov. sp.
(^ — Long. .34 pce. Noir ; avec pubescence blanche longue et dense
sur la face et le thorax, couvrant presque entièrement les téguments.
Ailes hyalines ; les nervures brunâtres. Métathorax strié longitudinale-
ment au sommet. Pattes noires avec joils blancs. Abdomen court,
très finement ponctué, tous les segments avec u.ie marge de poils
blancs au sommet.
Capturé au CapRouge et à Chicontimi.
6. Halicte scabre. Halictus scabrosus, nov. sp.
d^— Long. .25 pce. Noir, avec pubcbcencc grisâtre, la face à
XXT — ANDRÉ VIDES. 201
ptibes once arg nt^e très dense ; TUîin-lib'iles noires; nntcnnes courtes
fo tes, fortement fistoi)n.^es en ■lessous. Thoiax fortement ponctiid,
le -iiétuthor.ix très nr^ne' x; l'c illes ihnrea noirâtres. Ailes hyilincs,
iride.'cerite^, les nervures b urnîs. Pittes noires, les tarses briin-
fonc»^. Abdo.nen pou allô igé, poli, brillant, à peine pubescent à l'es-
tré.nit<?.
Captnré A Chicontitni. E'^pèoe bien distincte par les
fortos rugosités do. son métathorax.
7. Halic^.e poilu; Halictus pilosus, S;ni(h, Brit. Caf.
Mus. i, p. 71.
Ç — Lon<?. .30 pce. Noir, portant de toutes parts des poils blan-
cbâtres peu abon 1 ints. A netines longues, fi iform'^s, noires. Le
niératborax poilu de toutes p-irts, «ans cuèies sur s.i fica dor.sile.
Ailes hy ilines, le sti<r m j mno. lu 2e cj Iule c ibitale en cirré. P.itîes
noires avec poils blancs, la brosse des tarses postérie irs j lunâtre.
Abdomen convexe, pniiu, à b.indes argentées interrompues au milieu,
l'extrémité avec poils blanc. —
PiUs rare qto les pré '.éd-'iites. Pourrait être con-
fondu avec le varians n'étaitMit la structure et la villosité
de son raétathorax.
8. Halicte très-fisse. Halictus lœvisumus, Smith, B,
Mus Cat. i, p. 72.
Ç — Lon^. .27 pes. D'un brun verdâtre avec poil.s blanchâtres
courts et feu .ibo niants. Le chaperon finement ponctué. Antennes
noires. Le mésothorax avec un sillon médian, le métathorax nu, à
disque irrégulièrement strié à la b ise et poli au sommet. Ailes hyalines,
le stigma j lune, la 2.; cellule cubitale légèrement rétrécie vers la
radiale. Pattes brunes, avec poils jauiâtres. Abdomen poli, brillant,
convxe, les bandes argentées en partie obsolètes, visibles s Milement
sur les côtés, les segments médians subcuivre ix au sommet. — C.
(J — Avec le labre jiune. les antennes longues, testacées en
des^'ous ; les pattes j mnes, les hanches, avec les cuisses postérieures
et une tache en dehors sur les 4 jambes postérieures, noir. Abdomen
snbcylindri |ue, aV' c la marge apicale des segments déprimée et
légèrement cuivreuse.
9. Haliote tarses blancs. Halictus albit arsis, Cress,
Trans. Am Soc. Phil, iv, 254.
cJ* — Lon". .23 pce. Noir bronzé, poli, brillant, avec pubescence
202 LE NATURALISTE CANADIEN
blanchâtre courte, la face à pubescence blanche plus dense, le cha-
peron avancé, quelquefois jaune à son bord antérieur. Antennes
longues, brun-foncé, les 2 articles basilaires, noir. Thorax très fine-
ment ponctué, le métathorax lonsitudinalement rugueux sur le disque,
plus fortement sur les côtés. Ailes hyalines, les nervures brunes, les
écailles noirâtres. Pattes noires, les genoux, les tarses, avec l'extrémité
des jambes, jaune-pâle, les jambes postérieures ont aussi un petit
anneau jaune à la base. Abdomen allongé, poli, brillant, légèrement
pubescent à l'extrémité.
Capturé au Sagnenay et au CapRouge. Dans les
individus de petite taille, les genoux sont souvent sans
taches.
10. Halicte resserré. Halictus consh'ictus, nov. sp.
Ç — Long. .30 pce. Vert brunâtre cuivré ou bronzé, le labre et
les mandibules jaunâtres. Les antennes fauves en dessous. La tête,
le thorax et les pattes avec une pubescence fauve- pâle, cette pu.
bescence plus dense sur la face. Le métathorax à stries longitudinales
irrégulières sur son disque, ses côtés polis. Ailes hyalines, très légère.
ment obscurcies au sommet, le stigma jaune pâle. Pattes jaunes-
roussâtres, les hanches, les cuisses postérieures avec une tache sur les
jaoïibes, brun plus ou moins foncé. Abdomen à reflets verdâtres, la
marge postérieure des segments polie, cuivrée, resserrée, avec pu-
bescence blanchâtre aux côtés des segments 1 et 2 plus ou moins
apparente. — C.
Bien distinct par ses segments abdominaux étranglés
aux sutures.
11 Halicte confus. Halictus confusus, Smith, Cat, Brit.
Mus. 1, p, 79, ?.
Ç — Long. .27 pce. D'un vert obscur ; face presque nue, les mandi-
bules roussâtres. Antennes noires, le pavillon obscurément roussâtre eu
dessous. Thorax à pubescence blanchâtre sur les côtés, le mésothorax
lisse, sans divisions distinctes, le disque du métathorax à stries irrégu-
lières. Ailes hyalines, les nervures et le stigma jaunâtres, la 2e cellule
cubitale presque en carré, la 3e retrécie vers la radiale. Pattes
brunes, les tarses fauves, à pubescence jaunâtre. Abdomen con-
vexe, poli, brillant, d'un vert moins apparent que sur le thorax, les
segments avec une marge à pubescence argentée, beaucoup plus large
sur les côtés, le 6e segment avec une ligne nue pour le jeu de la
tarière. — R.
XXI, — ANDRÊNIDES. 203
Espèce bien remarquable par son vert obscur, qui n'a
cependant pas l'éclat metallic des Augochlores. Capturée
à St Hyacinthe, au Cap-Rouge, etc.
12. Haliete d'Ontario. Halictus Ontariensis, nov. sp.
^ — Long. .35 pce. D'un vert bronzé ou bleuâtre, fortement
ponctué, presque nu, la tête et le tborax avec poils blanchâtres courts
et peu denses; le chaperon avec une grande tache triangulaire
blanchâtre, les mandibules et le labre sans taches. Antennes brun-
foncé. Thorax poli, brillant, le métathorax finement strié à la base,
lisse au sommet. Ailes hyalines, le stigma avec les nervures bruo-
foncé. Pattes noires, à pubescence blanchâtre. Abdomen court,
renflé, vert, fortement ponctué, les sutures après les segments 1 et 2
fortement enfoncées. — Ontaiùo.
Sa forte ponctuation et la tache blanche de sa face le
font reconnaître à première vue.
6. Gr, Agapostémon. Agapostemon, Gruérin.
Tête subtriangulaire ; antennes allongées dans les c? ;
le labre transverse et convexe, prolongé en un lobe sub-
lancéolé et frangé aux côtés de poils raides ; la moitié
apicale de ce lobe porte une carène qui se divise pour se di-
riger obliquement de chaque côté ; le labre dans les d est
transverse, très convexe et divisé par un sillon au milieu,
s'avançant en avant en un lobe anguleux cilié à son bord
antérieur. Palpes labiaux à 4 articles, les maxillaires à 6.
Ailes comme chez les Halictes» Extrémité de l'abdomen
comme dans les Halictes.
C'est particulièrement la forme du labre qui distingue
ces insectes des Halictes. Une seule espèce rencontrée.
Agapostemon tricolore. Agapostemon tricolor, Lepell.
ii, p. 289.
Tête et thorax d'un beau vert metallic avec quelques poils blan-
châtres. Le labre, les mandibules et les pattes, jaune. Antennes
brunes, jaunes en dessous. Toutes les jambes avec une ligne noire
en dehors, les cuisses postérieures aussi tachées de noir à l'extrémité,
en dessus. Abdomen subcylindrique, noir avec une bande jaune en-
foncée à la base des segments 2, 3 et 4, le 1er avec une bande jaune
vers son milieu, cette bande rétrécie et interrompue à la ligne
médiane, élargie aux côtés ; le dessous jaune, noir à l'extrémité.
Insecte bien remarquable par sa coloration.
204 LE NATURALISTE CANADIEN
7, Greri. Panurge. Panurge, Latr.
Tête assoz grosse, anssi 1 irge q\ie le thorax. AMtennes
cotirtt^s, rn inMs>ue dans les 2 st^x-?s. Lnir^ue assez loiiiine,
pres«]ue linéaire. P.ilp.-s à articles simples, phic^^s à la
suite les uns des autres, les labiaux de 6 articles, les
maxillaires de 4. Ailes antérieures avec une cellule radiale
courte, tronquée à l'extrémité qn s'éca e de 1 1 côte et
))orte un petit appendice; 2 cellnles cubilal-s lerm'es, la
2e i'ort rétrécie vers la ra liale et recevant les 2 nervures
récurrentes. Pactes odinaires, avec le premier aiticle
d-'S t.irses postérieurs louiÇ et girni de longs poils pour la
récolte du pollen, conjointement avec les autres poils des
jamb .s du métathorax etc.
Insectes de petite taille qu'on vo't d'orlinaire .lès l-'S
premiers jours du printemps se creiser des g tleii.'s dans
les sentiers battus. Oi dit q l'a la minière des H dictes»
ils construisent une galerie conmune sur les côtés «le la-
quelle chaque femelle se creuse une loge poiir y déposer
ses œufs. Deux espèces rencontrées que nous croyons
nouvelles.
Fioe $ avec t.ichesj iiino-c'.iiir; ç^ pittes j lan;^-! 1. VSma'iS ». •sy.
Fiice $ sans taches ; c? àchiperoi j;iuae. .. 2. SBitivllis n. sp.
1. Panurge du-printemps Panu'g-is uernalis, nov sp.
$ -Liiig. .25 pc . Noir avec poils jumies sur le vertex, le
thorax et les pattes. ChipeiO'i grind, luisant, près nie m, ne portant
nue quelques poils noirs avec 3 taeh ;> j unes, une en ligU'j vcrticile
au milieu, et une autre plus large ilo chiju.î c3:é toa h mt les ye ix ;
les tubercules lat 'raux aus>i j unies. A itenaes avec lu massue j lunâtre
en dessous, .Vléuttho • ix on-t, ù loiu^ poils j lunes, sans rugosités
distinctes, Aile-i liyilines, le tiers tenni lul iJgôreinent enfu né, le
sti^ma noir. Pattes brun t'onctî avec poils jiunes, les antéiijures avec
les wenoux jaunes, les tarses postérieurs ùvc le prenier article
allongé et dilaté portant de longs [toils peu donses. AbJonvn ds
foiine ovoïde, légèrement déprimé, toes les segments avoc la marge
apicale luisante et enfoncée, C)UVorte d'une p ibescence blanchâtre,
les terminaux avec poiis blanchâ rcs.
cf —Avec tO'Jte la fice, les antennes eu dessous, une ligne i iter-
rom^uo par le piolhorax, les tuboicuies latéraux, et toutes les pattes,
XXT. — ANDRÊNIDES. 205
d'un benii j lunp citron ; l'extrémitô des tarse' un pen obscure, le pre-
mier niticlp dos postérieurs long, mais à peine dilate, à poils peu
dt-nses. - C.
L^'S c? sont surtout remarquables par leur pattes
jauut's.
2 Panurge de-l'été Vanvrs^va cPstivaHs, nov. sp.
Ç — Long, .22 pco. Noir; la f.ice et le ch.iporon dens^niont
ponctués, sans au une ticho. Tliorax poii, le inctaihor.ix lisse à l'ex-
ception d'uite liiT le de fiiios strips huA mt le po>t-c'cussoti. Ailes liy-
alines, ii'<rèreni('nt ob>curcics à l'extrc^mitt?, les nei vures brunes, U
radiale à partir du lui ieu, tion(|'iée à l'extrémité avec un petit ap[>en-
dic droit, l'attes noires avec une légère pubescence grisâtre, les
jiiiibes postéiioures munies de pnils longs et den-cs à l'extérieur. Al>
douii n allongi^, les segments tenidnés pir une cinture lisse sur
la |uelle s'étend une rangée do cils brun=, l'estrén ité à f cils rou-sâtres.
La f'.ice avec les fl incs portant une très légère p'ibescence griâtre.
cf - Le chafioron av» c les côtés de la fice au dessous des an-
tennes, j:iune cUiir ; les tarses avic un anneau à la base de toutes les
jamb s, j lune lous-âire. Pour le re-te semblable à la fou. elle.
Capturé au CapRougi'. Bien dittinot du précédent
par sa coloration.
8. Gen. AugOCHLORE Aitgochlnra, Smith.
Tête transversale, la l'ace plus étroite à sa partie an-
léritMirt', les yeux obturéniciit échancrés. Tons les tégu-
ments pre.^que nus et d'un brun vert tn '^taille, quelquefois
bleuâtres. AU^s avec une cellule radial.; rétrécie à ta
pointe qui ne touehe pas t^xaclfrnenl la côte, 3 cnllules cu-
bitales dont la 1ère est aussi grande que les 2 suivantes
réunies. Abdomen ov. le-ellipliqne, convexe, générale
ment brillant
Ce sont des H dictes avee cette différence que leurs
yeux sont échaiicré.s et leurs teii'iiments à couleurs métal-
liques. Deux es[>èces rencontrées, t
Face postérii.uro du métithorax onto iréo d'une carène, 1. ridiatUS.
Face po-téiieure du uiétathorax sanscirène 2. pUTUS.
1. Augoehlore radiée. Augochlora radiata, S.ty, rfay's
Eut. ii, p, Hz.
Ç — Long. .42 pce. La tête et le thorax d'un beau vert metallic,
206 LE NATURALISTE CANADIEN
l'abdomen noir bleuâtre, les pattes brunes, à pubescence fauve. Le
labre noir au bord antérieur et cilié de poils fauves, les mandibules
jaunâtres 4 la base. Antennes noires. Thorax avec poils jaunâtres
nombreux mais courts, ne cachant point la couleur des téguments,
ceux-ci densément ponctués, le métathorax à face postérieure entourée
d'une carène, l'intérieur à stries transverses, partagé au milieu par
un sillon, le dos à stries irrégulières. Les écailles alaires roussâtres.
Ailes légèrement obscures, les nervures brunes, le stigma jaune, la
cellule radiale distinctement appendiculée, la 2e cubitale presque en
carré, recevant la 1ère nervure récurrente un peu après son milieu.
Pattes brunes avec poils fauves. Abdomen d'un brun foncé bleuâtre,
les sutures enfoncées et garnies de poils argentés, les segments 2, 3
et 4 avec une impression transversale vers le milieu ; l'extrémité avec
poils fauves. — PC.
2. Augochlore pure. Augochlora pura, Say, Say's
Ent. il, p. 773.
Q — Long. .30 pce. D'an beau vert metallic, quelquefois bleuâtre
ou purpurin. Chaperon fortement ponctué. Antennes noires. Thorax
densément ponctué, à poils peu apparents, le métathorax à face pos-
érieure sans carène, avec un sillon médian, son disque dorsal fine-
ment strié. Ailes hyalines, légèrement enfumées, le stigma jaune, la
2e cubitale la plus petite, recevant la 1ère nervure récurrente à son
point d'intersection avec la 3e cubitale. Pattes noires avec poils jau-
nâtres. Abdomen poli, brillant, vert, quelquefois à reflets bleuâtres
ou purpurins, les segments finement marginés de brun au sommet. —
PC.
Espèce bien distincte de la précédente par son méta-
thorax surtout.
9. Gen. OsMiE, Osmia Latr.
Tête courte, généralement plus large que le thorax ;
ocelles en ligne à peine courbée sur le vertex. Thorax
court, subglobuleux. Tous les articles des palpes labiaux
insérés bout à bout. Mandibules bicaréués, bidentées.
Cellule radiale courte, arrondie au bout, sans appendice ;
deux cubitales fermées, la 2e fort rétrécie à la radiale et
recevant les 2 nervures récurrentes. Crochets des tarses
simples dans les 9 et bifides dans les c?. Abdomen court,
convexe, recourbé en dessous et muni d'uiic biosse sous
le ventre pour la récolte du pollen.
XXr. — ANDRÉNIDES. 207
L'abdomen recourbé de ces insectes permet à première
vue de les distinguer de ceux des genres voisins.
Les Osmies construisent leurs nids dans des trous
laissés dans le bois par des larves d'autres insectes, des
tiges creuses d'arbrisseaux etc. Ces nids sont construits
en terre, qu'elles pétrissent de leurs mandibules et à la-
quelle elles commun'quent une forte cohésion au moyen
d'un liquide visqueux qu'elles dégorgent. Façonnés en
forme de dés à coudre, ces nids sont placés à la suite les
uns des autres dans la cavité rencontrée, de manière que
le plafond du premier sert de fond au 2e et ainsi de suite.
Si le trou choisi se trouve trop petit, il ne contiendra sou-
vent qu'un ou deux de ces dés, mais lorsque l'espace le
permet, on en trouve jusqu'à 7 et 8 à la suite les uns des
antres. Aussitôt qu'une alvéole est ainsi formée, la fe-
melle y dépose, avant de le clore, une masse de pollen et
de miel dans laquelle elle dépose un œuf, de sorte que la
larve à son éclosion aura de suite à sa portée la nour-
riture qui lui convient. C'est au moyen de la brosse
qu'elles ont sous le ventre que les Osmies recueillent le
pollen des fleurs pour en composer, en y mêlant du miel»
la pâtée convenable à leur progéniture.
Quatres espèces rencontrées.
Abdomen sans bandes argentées aux sutures j
Couleur bleu d'acier ;
Chaperon ? profondément échancré 1. Iignariël>
Chaperon peu échancré ; (^ peu pubescent sur
l'abdomen 2. Simlllima,
Couleur brun-foncé obscurément bleuâtre 3. llgniCOlR.
Abdomen avec bandes argentées aux sutures 4. buCCOniS.
1. Osmie du bois. Osmia lignaritty Say, Say's Ent. ii,
p. 776.
Ç — Long. 40 pce. D'un brun verdâtre ou bleuâtre, avec poils
blanchâtres. Chaperon échancré en avant. ' Antennes noires. Ailes
légèrement enfumées, surtout dans la cellule radiale, les nervures et
le stigma, noiiâtres. Ecailles alaires noires. Pattes noires, cuisses
avec poils b'iinchâtres, les jambes et les tarses avec poils noirs. Abdo-
men court, subglobuleux, le segment basilaire avec poils blanchâtres?
le reste avec pois noirs; le dessous noir, les segments denséraent
onotués avec une bande lisse au sommet. — C.
208 LB NATURALISTE CANADIEN
çf — Arec poils bl'mchâtres très lones et très flenses à la base.
2. Osmie trè'ï-semblab'e Osmia nmillima, Smith,
Ca». B. Mus. 1, p. 14-2. c?9.
Ç — liOnsr, 42 pce. Duii bl-u foncé quelquef àsà lefl t.s verdâtres.
Tête plus cou t? et pi s lirsre <|iie dims la pr^'c'dente, le chaperon «
peine ('chancre. Tdute la face avec poils noirs, le ViMtex seul avec
poils j iiinâtres. Li» thorax avec le premier segment abdon)inal couverts
de poils jaunâtres. Ailes s';bhy ilines, f nfiiuicVs à l'extrc^niité. Pattes
noires avec poils noirs. AbJomcn 'zlob ileux, brillant, avec poils noirs-
excepté à la base ; dessous noir. — C.
Se distingue surtout de la précédente par son cha-
peron ? A peine échancvé. On trouve souvent les cellules
de cette espèce sous dos écorces d»» bois mort.
3 Osmie lignicole ('smia lignico/a, nov. sp»
Ç — Long. .45 pce. Noire ; le thorax avec les 2 premiers seg
ments ablominaux à pubescence jaune, plus claire sur les flmcs. La
face à pubescence noire peu f mrnie. Les mxndibules avec 2 carènes
bien prononcées. Le chaperon relevé ù son bord antérieur et sinué.
Ailes hyalines, légèrement obsc l'-cii^s à .'extrémité. Pattes noires, les
tarses à p ibescence jaunâtre. Abdomen cou' t, lobiiste, pl< buleux,
noir avec pube^cence j 'Une sur les 2 [irciiiicrs segments et noir sur le
leste, le ventre à pubcseeuce doîk^ ^
La coulent est qni'lqu»l'oi* obsoir^meiit verdât , mais
sa face noire et son abdnin 'U i):>b swnt p^»rm^'tt t tou-
jours (le ne pas la confondre avt>c U^s j récédt'ntc"*. ; elle
est aussi de plus foite t.'iille C iptnrée an CapR(.uge.
4. Osmie grossière. Osmia bvccouis, Say, S y s Eut.
ii, p. 777.
Ç — Lrn-j-. .30 pce. Noire, rres-iue nue, la fee, les côtés du
thorax avec les pattes porlmt des ]oils blanchâtres courts et peu
fournis. Cbajerou tronqué en avmt. Tête allongée en ariière des
yeux. P^cailles aliiros noires, Thoax fineiient po ctué. Ailes
byilincs, légèrement ob-:curcies à l'extrémité, les nervures noires.
Pattes noires, les tarses po-^téii' urs iivc po.N fnuvc^. Abdomen noir,
brillant, finement ponctué, les s turcs avec banales de duvet argenté
plus larges aux côtés, l'extrimité avtc joils biunchâtrcà ; le dessous
j.iiiiiâtre.
Le iuTdo a 4 petites dents à son dernier segment ab-
dominal. Nous avons rencontré les nids de cette espèce
DE QUÉCEC A JÉRUSALEM 209
dans des tiges du framboisier des jardins. Nous aroiis
trouvé jusqu'à 5 alvéoles à la suite les unes des autres.
A continuer.
DE QUEBEC A JERUSALEM.
CContinué de la page 186).
IX
Le Mahomêtisme et les Musulmans,— Le dernier des Mamelouks. — Cos-
tumes. — Le Vieux-Caire; la maison de la sainte-Vierge. — Le
Musée Mariette ou de Boulaq. — Le Nilomètre. — Les Derviches
tourneurs; les Derviches hurleurs. — Le quartier Turc. — Une noce ;
une circoncision. — Les tombeaux des Califes. — Héliopolis, son obélis-
que; l'arbre de la Vierge. — Départ du Caire pour Ismaïlia.
Au moment ou nous traçons ces lignes sur l'Egypte
(12 juillet 1882), la voix du canon, qui est ïultiiaa ralio de
la diplomatie, sème la terreur dans Alexandrie et fait
trembler de crainte les habitants du Caire mêra*^. L'Egypte,
qui comme sa suzeraine la Turquie, est tenue en tutelle
par les puissances Européennes oubliant sa faiblesse et
son impuissance, s'est échappée, en des fanfarronades qui
ont forcé ses protecteurs è prendre la verge de la correc-
tion, pour la châtier de son insolence. Ou plutôt, laiévo-
lution qui, parmi les enfants de l'islam ne connait de
trêves que lorsque subjuguée, écrasée par une force
majeure, elle est réduite à une impuissance absolue, a cru
le moment favorable pour redresser la tête et jouer une
nouvelle scène du drame qu'elle poursuit continuement
depuis le moment où le Coran l'a armée de l'épée pour ré-
pandre et maintenir sa religion de la chair et du sang.
Mais le canon anglais qui donne l'antienne que vont
poursuivre ceux de la Prusse,^de l'Italie, de la Grèce etc.,
leur feia bientôt comprendre qu'il faut autre chose que de
l'audace et de la forfanterie pour en imposer aux nations
civilisées, aux gouvernements dont les éternelles lois du
christianisme forment la base.
210 LE NATURALISTE CANADIEN
Nous énumérons parmi les puissances occidentales
rendues les premières à l'appel pour protéger leurs na-
tionaux, pour faire respecter les droiis de la civilisation
parmi ces enfants perdus du croissant, l'Angleterre, la
Prusse etc., et la France où se trouve-t-elie donc ? Oh !
pour la France, depuis que les aveugles qui la gouvernent
se sont mis en tête de faire la guerre à Dieu même, ce
n'est plus ni au premier rang, où on la voyait toujours, ni
même au deuxième qu'on peut la rencontrer dans le
conseil des nations qui se partagent le gouvernement du
monde; ses gouvernants ont assez à faire à supprimer les
ordres religieux, à chasser le (Jhrist des écoles, à persé-
cuter de pauvres filles qui ont encore la simplicité d'in-
voquer le Ciel pour le salut de leur patrie, pour qu'ils
puissent s'ijiquiéter si leurs nationaux n'auront pas à souf-
frir des hordes indisciplinées de ces révoiutioiinaires orien-
taux. On dit même que ce sont des renégats français qui
sont à la tète de ce mouvement insurrectionnel, qui avisent
et soutiennent Arabi-Bey dans sa rébellion.
Arabi-Bey, le commandant des armées Eiryptiennes,
s'est mis en tête do faire disparaître le Khédive Tewfic,
de s'emparer du gouvernement, de rompre tout lien avec
le Sultan de Constantnîople et de doter fEgypte d'une in-
dépendance absolue. Mais il oublie que la sécurité, la
véritable indépendan<^e pour les états, de même que pour
les individus, ne se trouve qu'à l'ombre de la Croix, que
dans les immuables principes proclamés au Calvaire ; que
le Coran qui l'arme de l'épée aujourd'hui, en armera de-
main un autre plus puissant que lui pour le renverser et
le subjuguer. Où. sont les fruits des prétendues victoires
du Coran sur la Croix ? 11 suffit de parcourir l'Orient pour
pouvoir y lire, en caractères bien apparents sur le fron-
tispice de toutes ses institutions: abandon, incertitude,
arbitraire, droit du plus fort, et par suite : abâtardissement,
pauvreté, ignorance, misère et avilissement.
Et veut-on voir, comment à l'aide du Coran, on pro-
cède dans ces révolutions où prime le droit du plus fort ?
Ecoutez le récit du massacre des Mamelouks.
DE QUEBEC A JERUSALEM 211
Nous sommes au 1er mars 1811. Méheraet-Ali, établi
vioe-roi de l'E'iypte après en avoir délogé les français au
moyen des btiyonnettes anglaises et des Albanais sous ses'
ordr<'s, se voyait à peu près maître du peuple hétérogène
^li forme la population do ce pays, surtout depuis sa
^""^^oire en 1805 sur Ibrahira-Bey, le commandant de ces
faroitojjes Mamelouks, qui pendant plus de trois siècles
avaienifoiirni des souverains à l'Egypte. Seuls les restes
de cet(e .pleureuse tribu, vaincue mais non soumise, refu-
saient de 'oconnaitre &on autorité. Le vice-roi, voyant
qu il ne poii-git les dompter par la force, résolut de les
perdre par la rvso. H invite le corps entier de ces guerriers
à une fête qu'il vtM donner en l'honneur du départ de son
fils Toussoun-Pachv pour la Mecque. Les Mamelouks s'y
Tendirent sans défîaïue au nombre de 480. On les fêta avec
splendeur et on les réga»^ avec cordialité, pour leur ôter tout
soupçon. La fête terminée, on donna le signal du départ ;
mais comme le palais est bâti sur le rocher même qui
porte la citadelle et qui dom^4e toute la ville du Caire, il
faut opérer la descente par uu chemin creusé à pic dans
le roc. Les Mamelouks s'engagent sans déhance dans le
défilé, mais arrivés au bas de la puite, ils trouvent la porte
fermée. Au même instant mille soldat^ albanais embusqués
se démasquent, et commencent un majisacre d'autant plus
aff"reux que la défense était impossible. Les plus braves,
le sabre au poing, tentent de se frayer un chemin à travers
les albanais, mais ils -ne font que vendre chèrement leur
vie, tous sont moissonnés par les balles meurtrières qui
pleuvent sur eux ; seul, Arayn-Eey parvient smis blessur.^
jusqu'au haut du parapet, A la bouche même du fusil
des soldats, il va être criblé de leurs balles; mais ii n'hésite
pas un instant, il lance son cheval sur le parapet et se pré-
cipite dans le vide, à une hauteur de 60 pieds. On ne s'oc-
cupe plus de lui par ce qu'on le tient certainement pour
mort. La monture perd la vie dans sa chute, et le cavalier
roule tout meurtri au pied d -s murailles, cependant il
peut se relever et se soustraire par la fuite aux poursuites
de ses persécuteurs.
Aucun étranger visitant le Caire n'omet d'inspecter le
212 LE NATRBALiSTE CANADIEN
rocher portant aujourd'hui le nom historique du saut du
Marne iovk.
Pendant que cette boucherie s'exécute au Caire, des
scènes analogues complètent le massacre dans les diverse"^
provinces, si bien que la tribu entière fut anéantie en '^
seul jour.
De tels actes de barbarie ne sont pas rares da^^ l'his-
toire de l'islamisme, et le voyageur en Orient P^^^^ s'at-
tendre à rencontrer à chaque p:\s un témoin ^^ souvent
même une victime, de ces actes révoltants df cruauté.
Doit-on en être surpris ? Le chrétien é'J^airé s'en rend
facilement compte,
A proprement parler, il n'y a que *eux sentiments qui
dominent dans le monde, et au mo^^ii desquels on puisse
gouverner les hommes: l'amour e^la crainte, Lo premier
qui découle de l'abnégation, du sacrifice, a reçu sa confir-
mation, son complément sur -'e Calvaire ; le second qui
n'est que la conséquence du «roit du plus fort, est d'autant
plus intense que les actes ^ui le font naître émanent d'un
plus petit nombre de personnes, c'est-à-dire que ceux qui
l'inspirent ont montrt' plus d'habilité et d'énergie à
écarter leur rivaux pozir parvenir à la domination. Les
sociétés en conséquence, seront d'autant plus calmes, joui-
ront d'autant plus de paix et de sécurité, qu'elles sauront
se soumettre aux douces lois de l'amour, qu'elles se rendront
fidèles sujets de la croix; et par contre, elles seront d'autant
plus livrées au trouble, à l'anarchie, à la persécution, que
l'ambition pour affirmer ses prétentions rencontrera plus
d'obstacles, aura à surmonter plus d'opposition. Or tel est
le caractère distinctif des deux sociétés chrétiennes et
musulmanes, des enfants de la croix et de ceux du crois-
sant. Tandis que chez les premiers, le sacrifice, le dévoue-
ment, la charité se traduisent partout en actes éclatants
de bienveillance et d'amour ; chez les seconds, le cœur
abruti, avili, raccorni ne connaît plus les sentiments nobles
et généreux ; étranger au surnaturel, il se matérialise de
plus en plus, et une t'ois à l'abri de la crainte, il se croit
tout permis. " Mais quoi ! nous disait une femme musul-
DE QUÉBEC A jéRUS/.LEM 213
mane de Nazareth, vous enseignez, vous chrétiens, qu'il y
aura une résurrection après la mort ? C'est là un beau conte.
Les hommes, oui ! s'en iront dans le paradis de Mahomet •
mais pour les femmes, une fois mortes, tout est mort
Vous dites qu'il y aura déplus un enfer éternel ? passe
pour les hommes ; mais pour les femmes, il n'en peut être
être ainsi. Tenez.'chez nous, nous sommes quatre femmes,
chacune a ses enfants ; toute la journée se passe en
chicanes et souvejit en batailles pour les enfants; le soir
arrivé vient le mari qui donne du baton à toute la bande.
Et vous croyez que ce n'est pas là un enfer ? Et il faudrait
encore en subir un autre? Oh ! le premier est bien suffi-
sait ; après la mort tout sera fini pour nous, et ce sera bien
juste !"
Il nous arrive souvent, nous disait la supérieure d'un
orphelinat de Beyrouth, de trouver le matin, attachés à
notre porte, des enfants de 3, 4, 5 ans qui se sont épuisés
à crier là une partie de la nuit. Ce sont les enfants des
deuxièmes, troisièmes femmes de la polygamie, lesquelles
trouvant un obstacle à de nouvelles unions dans ces petits,
viennent ainsi les livrer pour s'en défaire. Tristes fruits
de cœurs avilis par la crainte, qui ne conservent même
plus les sentiments les plus ordinaires qu'inspirent la
nature.
En contact habituel avec les musulmans comme nous
le serons dans tout le court de ce récit, donnons ici quel-
ques détails sur leur religion, détails qu'on pourrait trouver
assez facilement ailleurs, mais que la plupart de nos
• lecteurs, nous en avons la conviction, préféreront avoir
sous la main sans plus de recherches.
Le Mahométisme, qu'on nomme aussi islamisme ou
religion musulmane, et qui ne compte pas monis aujour-
d'hui de 100,000,000 de sujets, doit, comme on le sait, son
origine à Mahomet. Mahomat ou 31uhamecl naquit à la
Mecque, en Arabie, l'an 570. Ce fut un aventurier hardi
et intrépide. S'étant déjà distingué dans les armes par sa
bravoure, il conçut, au commencement du septième siècle,
le projet de fonder une religion nouvelle, pour parvenir
plus sûrement à la domination. Ayant fait la rencontre
214 LE NATURALISTE CANADIEN
d'un moine apostat, ils s'ec tendirent tons deux pour former
le credo de leur nouvelle croyance, dont ils adaptèrent les
dogmes au caractère guerrier du peuple qui les entourait.
Les doctrines sabéistes, judaïques et idolâtres qui parta-
geaient alors les orientaux, furent fondues en un corps
unique. La loi du sabre, nécessaire pour la propagation
de la foi nouvelle ; le matérialisme si parfaitement d'accord
avec le caractère oriental ; le fiitalisme, d'où découle le
mépris de la mort, formèrent les bases de l'islamisme, ou
religion des vrais croyants, qui se répandit bientôt dans
toutes les contrées voisines. Le prophète, comme il s'ap-
pelait lui-même, sut mettre à prolit, pour se donner plus
de prestige, des accès d'épil 'psie auxquels il était parfois
soumis. Il prétendit que ces crises n'étaient que la suite
de la visite du îSaint-Esprit qui lui revêlait alors les mystères
de la vraie croyance. 11 avait aussi accoutumé un pigeon
à venir lui becqueter l'oreille pour y prendre des grains
de blé qu'il y déposait secrètement ; c'était alors l'ar-
change Gabriel qui lui apportait des messages célestes. Ou
sait que i'oisivete est la plus douce jouissance des Orien-
taux, le ciel qu'il promettait à ses adeptes était un séjour
où les ruisseaux à l'eau la plus limpide ne cesseraient ja-
mais de couler, où l'ombre ne ferait jamais défaut et où
des femmes sans nombre seraient à leur disposition pour
partager avec eux leur douce oisiveté. Tel est ce paradis
de Mahomet auquel notre femme de Nazareth n'osait pas
mêuie espérer. Des ablutions nombreuses, la circoncision,
la privation de certains aliments, des j-ûnes mêmes avec
de fréquentes invocations à la divinité, entrent dans les
préceptes de l'slam. La polygamie y est permise ; un
homme prendra autant de femmes qu'il en pourra avoir, ou
plutôt acheter, car chez eux la femme est une chose, un
meuble, une esclave, qu'on achète et dont on peut dis-
poser à son gré. Dieu est Dieu, Mahomet est son prophète,
telle est l'invocation que tout bon musulman a sans cesse
sur les lèvres; si avec cela il peut faire un pèlerinage à la
Mecque, au moins une fois dans sa vie, soit en personne
ou par procuration, il est sûr d'aller en paradis, quelque
soit la vie qu'il mène. Le livre contenant les préceptes de
la religion de Mahomet se nomme le Coran.
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM 215
Rien de surprenant si avec de tels dogmes, et le
démon aidant, on a pu se faire de suite de nombreux par-
tisans ; et si encore anjoard'tiui, avec l'indolence et l'igno-
rance particulières aux peuples de l'Orient, des millions
d'âmes croupissent encore dans ces funestes erreurs.
Mais dira-t-on peut-être, vous pariez des Arabes d'E-
gypte, des Juifs, des Nubiens qui habitent ce pays, et les
véritables Egyptiens, les restes de ce peuple qui marcha
longtemps à la tête des nations dans les sentiers de la
science et de la civilisation que sont-ils donc devenus?
On le croirait à peine, cependant le fait est indéniable.
L'Egypte qui a fourni tant de personnages illustres dans
l'histoire ; qui a été le berceau de Moïse ; le pays qui a per-
mis aux douze enfants de Jacob de se développer si pro-
digieusement, qu'en moins de trois siècles, ils formèrent une
grande nation, ce peuple priviligié de Dieu, d'oii sortirait
le Sauveur du Monde ; l'Egypte qui a servi de séjour à la
sainte Famille, où S. Marc est venu fondé le second sxèse
patriarcal de l'Orient, l'Egypte est pour ainsi dire aujour-
d'hui sans Egyptiens, elle n'a plus de peuple qui lui soit
propre. Ceux qui pourraient être avec plus de raison con-
sidérés comme les véritables descendants de l'aneien
peuple, de la nation des Pharaons, ce sont les Cophtes qui
comptent à peu près 150,000 sur la population totale de
2,000,000 qu'on attribue à ce pays. Mais les Cophtes pour
descendre des anciens maîtres sont peut-être aujourd'hui
ceux qui ont le moins de part à l'autorité ou au gouver-
nement de leur pays. 11 n'y a guère que leur religion qui
les distingue des autres nationalités avec lesq^ielles ils se
partagent le sol» Les Cophtes sont tous chrétiens, mais
malheureusement presque tous schisma tiques, ce sont des
Jacobites, c'est-à-dire qu'ils partagent l'hérésie d'Eutyches
dans l'unité de nature en Jésus-Christ.
Depuis la conquête de Mahomet au septième siècle,
les Arabes sont toujours demeurés les plus nombreux
parmi les différentes nationalités qui se sont partagé le sol
de l'Egypte. Aussi sont-ils parvenus à faire prévaloir leur
langue, non seulement en Egypte, mais encore en Palestine,
216 LE NATURALISTE CANADIEN
en Syrie, en Algérie, en Tunisie etc. Ils se partagent en
fellahs et en bedouins, les premiers étant ceux qui culti-
vent le sol, et les seconds vivant de troupeaux et menant
une vie errante. On compte en Egypte 2,690,000 fellahs
et 60,000 bedouins. Les autres nationalités se répartissent à
pen près comme suit : Turcs 12,000 ; Levantins, cVs' -à-dire,
chrétiens Syriens, Grecs, Arméniens etc., n appartenant
pas à la nation Cophte 10,000; francs, c'est-à-dire Euro-
péens de différentes nationalités 7,000 ; Juifs 7,000 ; Nu-
briens 5,000 ; ajoutez maintenant 30,000 esclaves dont
20,000 nègres, 5,000 Abyssins et autant de Tchêrkesses
vous arrivez à nne population totale de 2,891,000 qu'on
attribue aujourd'hui à l'Egypte.
Les costumes sont aussi variés que les nationalités.
Hommes et femmes, parmi les fellahs, portent l'ample ca-
leçon, les premiers y joignant une chemise d-^ coton ou-
verte à la poitrine, et les dernières un sarrau bleu plis ou
moins sale et en guenilles, auquel elles ajoutent en public
une longue pièce de coton qui tombe de la tête jusqu'aux
talons, et dont les pointes, retenues entre les dents, leur
couvrent la figure lors ju'elles paraissent en public. Les
hommes moins pauvres se couvrent la tête d'un tarbouch,
les autres se contentent d'un taki qui est une simple calotte^
blanche, ou grise. Les enfants plus le souvent vont nus
jusqu'à l'âge de 8 à 10 ans. Hommes et femmes vont ordi-
nairement nu-pieds.
La paresse chez le fellah, comme chez la plupart des
Orientaux, est pour lui une espèce de divinité ; sa plus
grande jouissance est de se livrer à l'oisiveté. Comme
trois galettes dourah (l) suffisent à sa nourriture quoti-
dienne, et qu'il croit être à une table de roi, lorsqu'il peut
y ajouter une pastèque, un concombre, un oignon, de la
chicorée, une gousse de caroubier ou quelques, dates, on
voit qu'il lui est assez facile de se livrer à ses délices, si
tant est qu'avec quinze francs il peut se nourir une année.
Tel est le fellah.
(1) On donne le nom de dourah, en Egypte, à la graine du millet Pa
niçum italicum et à celle du nénuphar bttu, ISitmphcea cœrulea qui erv
treut l'une et l'autre dans l'aliuienlulion.
DE QUÉBEC A JÉRUSAÎiEM 217
Mais dans les villes, les industriels mêlés aux étrangers
nous présentent une variété de costumes et de tenues où
scuvent les contrastes les plus bizarres se coudoient et s'en-
tremêlent. Il n'est pas rare de voir des enfants nus so
livrer à leurs jeux dans les places publiques, ou les hail-
ons du l'ellah de la plaine se frôler avec la soie et les
gallons d'or des bourgeois ou des employés civils. Le Caire
est par excellence une ville aux contrastes.
Mous poursuivons dans l'après midi notre visite de la
ville.
Un trait caeactéristic des mœurs du Caire, ce sont les
sais dont se lait précéder toute voiture de promeneur. Les
sais ou coureurs, sont déjeunes garçons, aux pids nus, le
turban en tête, le bras armé d'un long fouet, qui s'en vont
devant les voitures, criant continuement pour avertir le
monde de se garer ; et quelque soit le train de l'équipage,
le jeune gars n'est jamais en défaut pour laisser la voie
libre aux coursiers. Us s'en vont criant, en faisant claquer
leurs fouets : O â, ragel ; " gare, homme!" a, ya benl, da
rack ! gare, ma fille, ton dos !" et malgré l'avertissement, il
arrive souvent que le fouet tombe sur les épaules de
groupes distraits ou peu attentifs. Les rues étroites en
certains quartiers, et souvent sans trottoirs, mais plus en-
core, pensons-nous, l'occasion pour ces pauvres diables de
gagner quelques paras, nécessitent ce genre de précautions
Mainte fois, surtout lorsque nous allions en voitures à
deux chevaux, nous crûmes que notre sais allait faillir à sa
tâche et céder le pavé à nos coursiers, mais toujours il
leur tenait tète et leur livrait la route libre.
Nous nous rendons d'abord au Yieux-Caire ou Fostat,
qui s'étend comme un faubourg en remontant le Nil, pour
visiter la maison de la Ste "Vierge, c'est-à-dire celle que
Marie avec Tentant Jésus et S. Joseph habitèrent pendant
quelque années. Ce sanctuaire est maintenant la propriété
des Cophtes. Les moines schismatiques qui le gardent se
prêtèrent d'assez bonne grâce, en vue du bacchish qui
allait leur échoir, à nous le laisser visiter. 11 a l'air tout-à-
fait antique; la cloison qui sépare le chœur de la nef est
un travail d'ébénisterie fort remarquable ; elle est toute
2 18 LE NATURALISTE CANADIEN
chargée de découpures et d'arabesques incrustées avec
beaucoup d'art. Ce sanctuaire est fort peu éclairé, si bien
qu'il nous fallut des bougies pour pouvoir l'inspecter avec
satisfaction. Les moines nous conduisirent dans la crypte,
qui fut la demeure même de la sainre famille. On nous
montra i'alcove taillé \ cl; ns le roc où reposait le divin en-
fant, un bassin également taillé dans le roc où la Vierge-
mère lavait son linge, l'endroit où ell-' allumait son feu etc.
Nous nous agenouillâmes, pour houoner la présence de la
sainte famille en ce lieu et gagner l'indulgence qui est
attachée à sa visite*
Nous revenons ensuite sur nos pas et traversons (à pieds
secs dans le moment) à l'île de Roudah où se trouve sur
la pointe, un monument assez curieux en lui-même et de
fort grande utilité pour ce pays; c'est le Nilomètre. Le
Nilomètre est un puits carré en juerre de taille portant des
échelles graduées par coudé, destinées, comme l'indique
son nom, à constater la crue du Fleuve lors de ses inonda-
tions. Pour être prolit;ible, le débordement doit monter à
dix-huit coudées, s'il atteint jusqu'à vingt-deux, il remplit
tous les canaux et promet les plus belles récoltes» Au
dessus de cette mesure, il serait nuisible. On connaît aussi
par le nombre de coudées du débordement les villages
qui ont pu profiter de l'inondation et qui seront taxés en
conséquence pour le soutien du gouvernement.
Nous passons ensuite au musée de Boulaq, ou musée
Mariette du nom du savant français qni l'a formé. L'édi-
fice, d'architecture assez modeste, est précédé d'un jardin
fort bien entretenu et où nous voyons s'étaler les superbes
fleurs des jardins des climats tropicaux. Des centaines de
statues, de vases, de figures d'idoles, d'inscriptions de tout
îrenre s'étalent sur les tablettes de ce musée et offrent à
l'orientaliste de nombieux sujets d'étude. Depuis les
momies des rois anciens jusqu'au ycarabée sacré et à la
fève du Caroubier, l'histoire du pays qui fut le berceau
des sciences, de ses rois, de ses mœurs, de sa religion, de
ses productions, de ses divers gouvernements est écrite là
en caractères inintelligibles au commun du vulgaire, mais
que l'antiquaire soit fort bien distinguer et déchiffrer.
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM 219
On s'amuse parfois à faire chercher à des naïfs la
semaine des trois jeudis ; en Egypte la solution est conti-
nuellement sous les yeux de tout le monde, .«i non poul-
ies jeudis, du moins ponr les dimanches. En (fï't les mu-
sulmans ont leur dimanche le vendredi, les Juifs le samedi
et les latins le premier jour de la semaine. Ce jour étant
le vendredi se trouvait par conséquent celui où les fils du
Coran exécutent leurs exercices religieux, que les étran-
gers ne manquent jamais de suivre au moins uuf' fois. Ce
sont surtout les Derviches tourneurs et les Derviches hur-
leurs qui attirent particulièrement l'attention des étrangers.
Nous nous dirigeâmes donc vers les mosquées où s'exécu-
tent ces exercices.
Nous visitons en passant les restes d'une ancienne
mosquée, aux proportions colossales, celle d'Amrou, ni
si notre mémoire ne nous trompe. Amrou, lieutenant
d'Omar, est à proprement parler celui qui lit la conquête de
l'Egypte en 640 de notre ère, et qui fat le fonrlateur de la
dynastie Arabe dans la terre des Pharaons. Comme par-
tout dans l'antique Orient, les puissants ne semblaient
attendre de célébrité que dans les tombeaux plus ou
moins gigantesques qu'ils avaient soin de s'ériger, il con-
venait que le père d'un peuple, le fondateur d'une dynastie,
érigeât un monument digne de sa grande destinée. La
mosquée dont une partie des pavés avec des centaines de
colonnes, autant de monolithes portant leurs chapiteaux,
sont encore en place, forme un immense quadrilatère dont
le milieu est une cour à ciel ouvert bordée de portiques.
Ce devait être un des plus vastes temples de son temps,
moins toutefois la hauteur, dont les édifices les plus somp-
tueux manquent encore aujourd'hui en Orient. Quelques
chapiteaux gisent épars sur le sol, mais la plupart sur.
montent encore les colonnes qui les portaient. On voit
en certains endroits des indices de réparations pour la
conservation de ces restes, comme des barres de 1er rete-
nant des entablements ayant perdu leur équilibre, ou sou-
tenant des arcades qui menacent de s'écrouler. Mais ces
réparations paraissent toutes fort anciennes et le tout
semble rester- dans un abandon complet.
220 LE NATURALISTE CANADIEN
Nous lions rendons de Jà à la-mosqnée des derriclies
tourneurs où nous les trouvons en exercice.
Les derviches sont des moines musulmans qui font
profession de beanconp de vertus, prabablement par ce
qu'ils n'en possèdent aucune. Au moyen de leur hypo-
crisie et de leurs supercheries, ils en imposent au peuple,
se font passer pour saints, pour inpirer de Dieu, ce qui leur
permet de se rendre coupables de tous les méfaits impu-
nément. Ils affectent toujours un air grave et mystérieux.
Ou eu rencontre partout ; ici, occupés à dire aux simples
leur bonne aventure, là à opérer des gnérisons imaginaires,
souvent à étonner les si»ectateurs en jouant avec des ser-
pents, ou en se faisant passer pour sorciers par des tours
de passe-passe qu'ils jouent assez habilement» ^ous en
avons vu un à Alexandrie tirer de sa chemise un petit ser-
pent avec un scorpion qu'il manipulait de toute façon. Il
voulut nous mettre l'un et l'autre dans la main, mais nous
ne voulûmes pas y consentir. Le serpent était une cou-
leuvre fort innocente, mais pour le scorpion, qui parfois
avait l'air de montrer de l'irritation, nous ne pûmes com-
prendre qu'on pût ainsi le manipuler sans rien craindre.
Nous crûmes un moment qu'on lui avait tronqué l'aiguil-
lon de manière à le rendre incapable de pénétrer dans les
chairs, mais nous en étant approché assez près pour l'exami-
ner à la loupe, nous pûmes constater que le dard était abso-
lument intact. Probablement qu'à force de le manipuler,
on en était venu à l'apprivoiser, à lui faire perdre toute
envie d'user de son arme, qui est loin d'être mortelle,
comme on s'est plu souvent à le répéter, mais qui cepen-
dant n'est rien moins qu'agréable, la piqûre causant unein-
flamation partielle souvent considérable, si bien qu'elle
peut s'étendre de la main à l'épaule en gardant tout le
bras tuméfié durant deux ou trois jours. Le même jon-
gleur faisait aussi mairsts tours plus ou moins habiles avec
des o-obelets, et tout cela en vue du bacchish qu'il solli-
citait sans cesse.
Mais revenons à nos tourneurs.
Nous pénétrons dans une vaste salle av^^c un parquet
en bois, contrairement à ce que nous voyons d'ordinaire
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM 221
en ces pays, et disposée comme pour un manègp. Une en-
ceinte au milieu laisse tout autour une galerie séparée du
reste par une balustrade à hauteur d'appui. Cette galerie
semble réservée aux spectateurs, tandis que l'enceinte est
uniquement pour les acteurs. A l'une des extrémités de
cette enceinte, assis sur un tapis dans une espèce de niche,
se tient le chef des jongleurs, qui semble commandera
toute la bande. Douze à quinze derviches, vêtus de lon-
gues robes blanches retenues a la ceinture par une lanière
de cuir, pieds nus, sont distribués autour de l'enceinte à
peu près à égale distance les uns des autres. Tous, les bras
étendus en croix, tournent sur le pied gauche, ne se servant
du pied droit que pour soutenir le mouvement en touchant
le parquet de temps en temps; ils tournent avec une volu-
bilité incroyable, si bien que leurs robes s'étendent pres-
que horizontalement; chacun est fixé à sa place comme
une toupie qui tourne sur elle-même. Un joueur de flute
placé près dti président semble commander l'élan, et tous
paraissent accélérer ou ralentir leurs mouvents suivant le
lythme de la musique. De gravies et froids qu'ils semblent
d'abord, leurs fi'^uies prennent à la fin une expression de
fureur, leurs traits sont tuméliés. leur bouche est en écume,
et ils tournent et tournent toujours. Après dix minutes,
un quart d'heure de ce jt^u aussi stupide qu'insigniliant,
nous croyons à tout instant L'S voir chanceler et tomber.
C'est ce qui arrive d'ordinaire, nous dit-on; cependant
tous tenaient encore bon ; mais comme nous ne voulions pas
perdre l'occasion de voir aussi les derviches hurleurs qui
exécutent leur jeu dans le même temps, nous laissons-la
nos tourneurs tournant toujours, et nous nous rendons à
une autre mosquée à quelque distance de la première,
A continuer.
■^**^^t^^f^nrJ^\ff\ff ff^-ff^^ '
SUR LA FECONDATION DES CYPPJPEDES.
Les fleurs des Orchidées, si remarquables par leur beauté,
leur parfum ou leurs formes étranges, ne le sont pas moins
par leurs modes variés de fécondation. La " Naiuraliste Ca-
222 LE NATURALISTE CANADIEN
nadlcn''' a déjà entretena ses lecteurs delà manière dont le
pollen de quelques-unes est porté sur le stigmate. (Volume
XIE, page 242).
Je désire ici relater quelques observations que j'ai faites
dernièrement sur la fécondation du Gypripède pubescent.
Il est évident que la fécondation ne pent y être spontanée,
car le pollen est trop visqueux pour se détacher de lui môme
de l'anthère, et d'ailleurs la surface stimatique est tournée vers
le bas comme pour empêcher rien d'y tomber.
Il faut donc un agent extérieur pour le transport du pollen,
un insecte, comme pour la plupait des autres orchidées. ISliis
comment l'effet voulu peut il se produire ?-Essayez d'introiuire
une mouche, par exemple, dans le tablier d'un Cypripède et
vous aurez bientôt la clef de l'énigme. L'insecte se met aussi-
tôt à chercher une issue ; mais les bords du tablier sont pai'tout
repliés à l'intérieur, et la large étamine stérile qui s'incline en
dedans, comijlète le tour de l'ouverture. Impossible à notre
insecte de franchir cette barrière, à moins qu'il ne s'envole,
ce (jui est rare. Généralement il ne semble pas faire d'effort
pour y atteindre; au contraire, il disparaît bientôt sous l'éta-
mine stérile et va sortir par l'une des petites ouvertures laté-
rales situées sous chacune des deux anthères. Même s'il est
trop gros pour se glisser par cette voie, ce n'en est pas moins
de ce côté (ju'il dirige tous ses efforts, tant le chemin piraît
être bien tracé. J'ai vu une mouche, — espèce d'ichneumon,
si je ne me trompe, — essayer en vain pendant des heures de
passer vers .l'arrière de la fleur, mais jamais de s'échapper par
l'ouverture béante audessus. Elle était entrée d'elle-même et
je ne sais depuis combien de temps elle était enfermée dans
cette trappe ; mais elle paraissait épuisée, et api'ès chaque effort
elle retombait vers l'avant du tablier. Le lendemain je la re-
trouvai dans la même position et immobile. Je la crus à bout
de forces et la retirai de sa prison ; mais elle ne me donna pas
le temps de Tétudier et s'envola aussitôt.
Je plaçai alors dans la même fleur une plus petite mouche
qui ne tarda pas à disparaître par le chemin indiqué plus haut
et à se montrer ensuite à l'une des ouvertures latérales. Mais
là, elle ne put passer facilement que la tête: le pollen gluant
de l'anthère la retint par le thorax, et tous ses efforts pour re-
gagner sa liberté furent inutiles. D'ailleurs l'ouverture aurait
été sans cela à peine assez grande pour lui permettre de sortir.
SUR LA FECONDATION DES CYPRIPÊDES 223
Après une heure d'absence, je la retrouvai au môme point, ne
pouvant ni avancer ni reculer. Le [lollen au bout de quelques
jours pei'dant de saviscosilé lui aurait peut-être permis de s'é-
chapper enfiu, mais je pris sur moi de la dégager : ce ne fut
pas sans peine, car je ne voulais endommager ni la fleur ni
l'insecte. En effet, Jes bords de l'ouverture sout fort peu élas-
tiijues et dans le Cypripède pubescent, le bord du tablier est de
plus maintenu en place par l'extrémité en pointe du filet de
l'étamiue.
La mouche une fois dehors, je lui laissai sa liberté dont
elle se hâta de profiter, mais emportant une masse de pollen
fermement fixée sur son thorax. Je n'avais pas réfléchi qu'ellt
pouvait m'ètre encore utile dans mon observation ; car il étai)
maintenant facile de comprendre que si l'insecte ainsi chargé
de pollen avait été mis dans une autre fleur, il ne pouvait
manquer d'y suivre la môme voie pour sortir et de laisser du
pollen sur le stigmate en passant an dessous ; car les parois du
tablier se rapprochent en effet de chaque côté du stigmate de
manière à ne laisseï- de passage que sous la sni'face stigma-
tique, qui est munie d'aspéiites destinées à retenir le pollen.
Mais les mouches ne sont pas rares : une autre encore
plus petite fut bientôt trouvée.. Je lui couvris de pollen le
dessus du thorax et la plaçai dans la fleur. J'eus la satisfaction
de la voir presque immédiatement sortir par la même issue
que la précédente, et sans difficulté, comme elle était plus
petite, mais après avoir accompli sa mission en laissant fixée
aux aspérités du stigmate, une partie du pollen dont je l'avais
chargée.
Il faut donc pour féconder le Cypripède pubescent et, je n'en
doute pas la plupart, si non tous les Cypripèdes, un insecte
assez petit pour pouvoir passer sous le stigmate, mais d'autre
part, assez grand pour ne pas quitter la fleur sans emporter du
pollen en passant sous l'anthère.
J'ai fait mes observations dans des fleurs en vase et n'ai
encore pu étudier leur mode naturel de fécondation dans leur
habitat. Il y (aurait donc encore à apprendre quels insectes
visitent particulièrement les différentes espèces des Cypripèdes,
et cela, à quelle époque de la floraison, à quelle heure du
jour ; une autre chose importante serait de s'assurer de ce qui
fait l'attraction de ces fleurs pour leurs visiteurs ailés ; car il
n'y a aucune apparenee de nectar, bien qu'elles aient toutes un
224 LK NATURALISTE CANADIEN
parfum pins ou moins prononcé, même le Gypripède pubescent,
quoiqu'en disenL les flores.
J. A. GUIGNARD,
Ottawa.
Les observations de M. Gainard sont des plus intére'^santes,
et sont d'autant plus précieuses que le nombre de ceux qui ob-
servent ainsi la nature est restreint et que plus rares encore
sont cenx qui communiquent ainsi leurs observations au pu-
blic. Nous engageons fortement notre correspondant à pour,
suivre ser recherches et à faire profiter les amis des sciences
de ses déductions.
NOUVELLES ENTAMOIOGIQUES.
La Revue CoUnpléroIogique, de Belgique, qui n'en était
encore qu'à sa sixième livraison, a cessé paraître faute d'en-
couragement.
Nous avons fait ces jours derniers la capture de la Cigale
de diKSppt-ans, CIcoda septemdecim qui se montre rarement
dans les environs de Qui'bec.
L'^s insectes sont plus rares cette année aue nous ne les
avons j imais vus, les hymér.op'ères surtout. C'est à peine si
nous pouvons de temps à autres faire la capture de quelques
Audrénides pour compléter l'étude que nous faisons actuelle-
ment de cette famille. Il n'y a que les Guôi)es et les Bourdons
qui paraissent n'avoir nullement soiilfert de la saison tout ex-
traordinaire que nous avons. C'est à ceine si, depuis plus de
deux mois, nous pouvons compter sur deux jours consécutifs
de baau temps.
Mais si les entomologistes se trouvent quelque peu dépis-
tés dans leurs chasses, les cultivateurs, par contre, se l'éjouisseut
de voir les ennemis ordinaires de leurs moissons considérable-
ment, diminués. La chrysomôle de la patate ne s'est montrée
que lorsq\ie la plante était en pleine végétation, avait déji
presque toutes ses feuilles, de sorte que ses ravages ne pour-
raient être sérieusement dommageables. Les chenilles des ga-
deliers, Nemalus venlricosus^ se font aussi à peine reconnaître,
cette année. Seule, la Sélandrie, Selandria rosœ, qui enlève aux
feuilles de rosiers leur parenchyme presque complètement en
arrêtant leiH- floraison, se montre plus nombreuse que jamais
et semble n'avoir nullement soulTert de la saison.
M. Couper a commencé dans le No 7 de son Canadian
Sporlman and Naturalist^ une liste des Coléoptères Canadiens
qui sera des plus inléi'essantes.
X I Tïi
Vol. XIII.— 9. CapRouge, Q., AOUT 1882. No. 152
Rédacteur : 1. l'Abbé PROVANCÏÏER.
FAONE CANADIENNE
(Continué de la page 209.)
10. Gen. MéGachile. 'Megachile, Latr.
Têto plus large que le thorax, allongée en arrière des
yeux ; mandibules quadridentées. Chaperon conyexe au
milieu. Palpes maxillaires de 2 articles; les labiaux de 4
avec le 3e inséré sur le côté du 2e» Cellule radiale ar-
rondie au bout, sans appendice. Deux cellules cubitales
fermées, la 2e recevant les 2 nervures récurrentes. Ab-
domen des ? assez plat en dessus, plus convexe en des-
sous, l'aiguillon à sa sortie se dirigeant en dessus; dans le
J* l'extrémité recourbée en de.ssous. Crochets des tarses
simples dans les ?, bifides dans les cf, ceux-ci ont d'ordi-
naire une carène au 6e segment abdominal portant des
dents ou échancrures et leurs tarses antérieurs dilatés et
longuement ciliés.
Les Mégachiles sont toutes de bonne taille. Elles con-
struisent leurs nids sous les écorces ou dans le bois des
arbres morts. Le cylindre une fois creusé, elles le tapis-
sent de feuilles vertes qu'elles découpent de leurs mandi-
bules suivant la forme voulue. Il n'est pas rare de trouver
dans des jardins des rosiers n'ayant plus très souvent que
223 LE NATURALISTS CANADIEN
Je rachis de leurs feuilles, le limbe en ayant été ainsi taillé
et enlevé. II arrive souvent que l'ouvrière, comme si elle
se trompait dans son tai liage, laisse-là une pièce à moitié
découpée pour en commencer une autre dans d'autres
proportions. Les pièces découpées sont saisies par les
pattes et transportées dans le cylindre creusé où elles sont
ajustées pour le tapisser intérieurement. A mesure que
le cylindre s'allonge, la femelle y transporte des boules de
pollen et de miel dans chacune desquelles elle dépose un
œuf, et qu'elle sépare les unes des autres par des cloisons
également de feuilles découpées* 11 est proba,ble que
chaque espèce fait choix d'un genre de feuilles particulier.
Nous avons une fois pris une femelle au vol tenant entre
ses pattes une portion de feuille de saule, maiîites et
maintes fois nous en avons vu découper des feuilles de
rosier dans notre jardin. Treize espèces rencontrées, dont
2 nouvelles.
MALES
Tarses antérieurs dilatés ;
Les 4 cuisses postérieures noires ;
Dernier segment abdominal terminé par 4
petites dents 1. latiîîianUS.
Dernier segment abdominal avec une échancure au milieu ;
Jambes antérieures jaunes, pubescence ochracée. 2. frigida.
Jambes antérieures noires, pubescence blan-
c"n?/::-3 = = « , 3. scrobicuîata.
Toutes les caisses rousses. . „ , o . 4. feïîîOrata.
Toutes les cuisses noires «... 5. pugnata.
Tarses antérieurs simples ;
Vertex à peine échancré, pubescence blanche.. 6. simplex, n. sp.
Vertex fortement échancré, pubescence jaune 7. brevis*
FEMELLES
Abdomen allongé, à côtés subparallèles;
Les 4 segments abdominaux basilaires avec un sillon
transverse au millieu , 8. grandis.
Segments abdominaux sans sillons transversaux ;
Brosse de l'abdomen noire ... o ...... o .. . 9, obîoiîga, n. sp.
Brosse de l'abdomen j;iune 7. breviS-
Abdomen obconique, non à côtés parallèles ;
XXI — ANDRÉ NIDES 227
Brosse abdominale jaunâtre ou blanchâtre ;
Segments abdominaux sillonnés transversale-
ment „ 10, centuncularis.
Segments abdominaux non sillonnés ;
Pubsscence de toutes parts 11. mondica.
Dos du thorax, vertex, segment anal, pres-
que nus ; taille plus petite 12. Optiva.
Brosse abdominale noire 13. melanophsa.
L Mégachile larges-mains. Megachile latimanus, Say,
Say's Ent. 1, p. 169.
cf — Long. .50 pce. Noire, les mandibules avec la tranche infé-
rieure rousse. Toute la face, y compris le chaperon, couverte de
poils jaune-pâle longs et épais ; le vertex, le thorax, avec la base de
l'abdomen et les pattes avec poils jaunâtres. Pattes antérieures
jaune-roux, leurs hanches et le dehors de la cuisse, noir, celle-ci munie
d'une longue et épaisse frange blanchâtre, les hanches avec 2 longues
opines noires, l'épine de la jambe jaune, le tarse blanc, fortement
dilaté, avec une grande frange blanche ; le reste des pattes noir, avec
poils jaunâtres. Abdomen avec poils jaunes, plus abondants à la base,
les sutures enfoncées avec poils blanchâtres, le 6e segment avec 6
dents à son extrémité.
Capturée à St-Hyacinthe. Espèce bien remarquable
par les dents de son segment anal,
2. Mégachile froide. Mégachile frigida, Smith, Cat.
Brit. Mus. 1, p. 193.
J* — Long. .55 pce. Noire, les mandibules rousses sur leur bord
inférieur. Les antennes brun-ferrugineux avec le dernier article
aplati ; la face avec le chaperon couverte de poils jaune-clair, longs et
épais, le vertex, le thorax et l'abdomen avec poils jaune-ochracé.
Les hanches antérieures munies de 2 fortes épines noires, leurs cuisses
et leurs jambes roussâtres excepté à l'extrémité, les genoux noirs, les
cuisses avec une frange jaune-claire longue et épaisse, le premier
article du tarse dilaté et muni inférieuremant ds longs cils blancs re-
courbés ; les tarses intermédiaires avec pubescence jaune, le premier
article portant un appendice corné en dessous. Abdomen déprimé,
large, assez court, à pubescence jaune-ochracée, dense, quoique un
peu moins que sur le thorax, son segment terminal portant une pro-
fonde échancrure arrondie au milieu et des petites dents plus ou
moins distinctes de chaque côté.
Capturée à St-Hyacinthe; se distingue delà précédente
228 LE NATURALISTE CANADIEN
par une plus forte taille, sa pubescence plus dense et
ochracée et surtout par la coche médiane de sou dernier
segment abdominal.
3. Mégachile à-fossettes. Megnciiile scrobiculata,
Smith, Brit. Mus. Cat. i, p. 191.
(^ — Long. .55 }ce. Noire, une tache rous?se sur les mandibules;
antennes noires, leur dernier article aplati et dilaté ; la face i-ouverte
de longs poils blanchâtres, le vertex avec le thorax et la base de l'ab-
domen avec poils jaunâtres courts et pea fournis, ne cachrint pas les
téguments. Ecailles alaires noires avec une tuche rousse. Ailos by.i-
lines-jannâtres, les nervures brun-roussâtre. Pattes noires avec une
pubescence blanchâtre peu abondante, les cuisses antérieure.s jaunes,
leurs jambes noires avec l'extrémité jaune, de même que leurs tnrses,
ceux-ci avec les cuisses dilatés et ciliés de longs ' oils bi;incs. A'idomeii
assez court, à pubescence blanchâtre plus abondante sur les côtés et à
la base, les sutures avec buides argentées, apparentes surtout sur les
côtés, les segments médians avec une fossette transversale vers leur
milieu, la carène du 6e segment fortement échancrée au milieu, ses
côtés avec une dent pçu prononcée. — PC.
4. Mégachile cuisses-rousses. Mégachile femorata
Smith, Brit, Mus. Cat. i, p. 188.
cf — Long. • ,45 pc\ Noire; une tache rousse vers l'extrémité des
mandibules. Antennes noires, leur dernier article aplati et dilaté, la
^ace, le thorax et la ba.se de l'abdomen à pubescence jaunâtre, cette
pubescence plus longue et blanchâtre au dessous des antennes. Ecailles
alaires noires. Ailes hyalines jaunâtres, les nervures brun-roussâtre.
Pattes très renflées; les hanches antérieures avec une longue épine
noire en avant, toutes les cuisses rousses, avec une tache noire à la
base, les postérieures avec une ligne noire en dessus, les antérieures
avec longs poils blanchâtres en dehors, jambes dilatées.
5. Mégachile combattue. Mégachile pngnata, Say,
Say's Eut. 11, p. 783.
(^ — Long. .40 pce. Noire, médiocrement velue, la f ice avec long»
poils blanchâtres denses, le thorax avec poils jaunâtres ne cachant pas
la surface. Ailes légèrement fuligineuses, les nervures roussâtres.
Pattes noires avec longs poils blanchâtres ; les tarses antérieurs blan
châtres, aplatis, dilatés, avec cils longs, denses et blanchâtres en des-
sous, le premier article portant un long appendice creux en dessous
dépassant le 2e article ; leurs jambes courtes et renflées à l'extrémité,
les cuisses renflées en dessous, les hanches armées d'une longue éuine
noire à leur extrémité. Abdomen en ovale allongé, densément et fînô-
XXL—ANDRÊNIDlfS. 229
ment ponctué, chaque seo;uient bordé d'une ligne arojcntée au s'^mmet
ie terminal transversalement concave et échancré au milieu avec
quelques dentelures peu prononcées de chaque côti. Les 4 tartes pos-
térieurs brun-roussâtre.
Ç — Très peu velue, la face presque nue ; le ventre avec la br^gse
des tarses postérieurs à longs poils jaunâtres.
Capturé 2 cT et 2 $ au CapRoug*^.
6. Mégachile simple. MegacMle simplex, nov. sp.
(^ — Long. .48 pce. Noire avec pubescence blanchâtre, plus abon-
dante et plus longue sur les côtes de la face, les joues et les flancs-
Antennes noires, filiformes, ie dernier article aplati, mais non dilaté.
Thorax finement ponctué, à pubescence ne cachant pas les téguments-
Ec'iiiles alaires noires, les ailes hyalines-jaunâtros, les nervures brunes.
Pattes noires avec poils blanchâtres, les tarses avec poils fauves, les
crochets roux avec l'extrémité noire. Abdomen noir, poli, brillant,
assez allongé, plus étroit à sa base, le premier segment à face
antérieure concave, avec longs poils blancs peu abondants, les autres
presque nus, à sutures enfoncés et couvertes sur les côtés de cils ar-
g'^ntës, la carène apicale allongée, étroite, faiblement échancrée au
milieu. — R.
Se distingue de toutes les précédentes par ses tarses
si ui pies et sou segment anal dépourvu de denticules aux
côtés.
7. Mégaehile courte. MegacMle breuiSy Say, Say's
Ent. il, p. 783 $ d.
$ — Long. .40 pce. Noire, la face à pubescence blanchâtre peu
abondante, la même pubescence se montrant aussi sur les flancs, le
métuthoras, les cuisses et le premier segment abdominal. Vertex
échancré postérieurement, à ponctuations denses, ces ponctuations
eurore plus fines sur le mésothorax. Ailes subhyalines, légèrement
fuligineuses, les nervures noires. Pattes noires, les tarses à pubes-
cence roushâtre en des.'^ous, les crochets jaunes avec l'extémité noire,
les éperons des jambes noirs. Abdomen à côtés subparailèles, peu
veiu, les segments bordés d'une ligne blanchâtre plus ou moins dis-
tincte, la brosse sous le ventre jaune-pâle.
J* — Avec la face, le thorax, les cuisses et le 1er segment abdo,
minai x pubescence jaune-pâle plus dense et plus longue. Jambéa
antérieures simples, les tarses brun-roussâtre. Abdomen très court,
son dernier segment faiblement échancré au milieu, sans dentelures
bien distinctes aux côtés.
230 LE NATURALISTE CANADIEN
Commune, sa taille plus petite, sa tête échancrée en
arrière et une pubescence moins dense la distinguent sur-
tout de la simplex, Prov.
8. Mégaehile grande. MegachUe grandis, Cress. Trans.
Am. Ent. Soc. iv, p. 268, ç.
Ç — Long. .75 pce. Noire; les côtés de la face avec poils blan-
châtres peu abondants. Le chaperon à ponctuations fortes et peu
denses, son bord antérieur deniiculé; le vertex finement ponctué.
Thorax finement et densément ponctué, avec poils noirs et courts sur
le disque, blancs et plus longs sur les flancs. Ecailles alaires noires ';
ailes hyalines jaunâtres, les nervures noires. Pattes noires avec poils
jaunâtres, les tarses avec poils fuuvtg, les jambes antérieures sub-
triquêtres, portant en dedans une forte carène couronnée de cils courts
fauves et terminée par un fort mucron jaune, aplati et bifide. Abdo-
men allongé, à côtés subpa^alleles, le premier segment à face antérieure
concave, et portant de longs poils blancs sur les côtés, les autres nus
n'ayant qu'un duvet argenté aux côtés dans les sutures, tous à l'ex-
ception du dernier traversés dans leur milieu par une profonde fossette,
celle-ci moins prononcée sur ceux de l'extrémité. La brosse ventrale
à poils jaunâtres. — R.
Espèce remarquable surtout par sa taille et les fos-
settes transversales de son abdomen.
B. Mé£;aeh.ile oblongue. Megachile oblonga, n. sp.
Q — Long. .45. Noire; la face, le thorax, avec poils jaunâtres
peu aboudants. Mandibules entièrement noires. Ailes hyalines, légè-
rement obscurcies à l'extrémité. Pattes noires avec pubescence brune
peu apparente, les tarses bruns ferrugineux en dessous. Abdomen
poli, brillant, oblong, obtus à l'extrémité, le premier segment avec
quelques poils jaunâtres sur les côtés, les autres avec une petite ligne
blanchâtre au sommet de chaque côté ; la brosse ventrale noire, de
même que la pubescence des bords latéraux de l'abdomen. — E,.
Une seule femelle. Diffère surtout de la pugnata par
la couleur de sa brosse ventrale.
10. Mégaehile guenille. Megachile centuncularis, St-
Farg. Hym. ii, p. 337.
Ç — Long. .70 pce. Noire, avec poils jaunâtres sur la face, les
flancs et les pattes, et poils noirs sur le vertex et le dos du thorax.
Chapercrî bombé, à ponctuations peu denses et peu proibndes, vertex
finement ponctué. Thorax ponctué, k poils noirs et courts, le méta-
thorax et les ûancs à poils plus longs et blanchâtres. Ecailles alaires
XYA, — ANDRÉNIDES. 231
noires ; ailes hyalines-brunâtres, les nervures noires. Pattes noires, à
pubescence blanchâtre sur les cuisses, d'un jaune-fauve sur les jambes
et les tarses; les crochets roux, noirs à l'extrémité. Abdomen eu
ovale, à segments sillonnés transversalement, le premier avec poils
blanchâtres sur leG côtes, les autres avec une ligne de duvet argenté
aux sutures sur les côiés, cette ligne étant plus ou moins obsolète au
milieu. — CC.
Cette espèce est commune à l'Europe et à l'Amérique.
C'est celle-ci surtout qu'on surprend souvent à découper
les feuilles des rosiers de nos jardins. Les Mégachiles ne
creusent pas leurs galeries dans le bois sain, mais elle sa-
vent fort bien élargir et redresser les cavités dont elles
s'emparent pour y construire leurs cellules en forme de
dés au moyen des feuilles qu'elles découpent. On nous a
apporté une bûchette d'Ostryer [Oatrija Virgmica) bois
qu'on sait être très dur, dans laquelle on avait découvert
en la fendant, 5 cellules de cette Mégachile à la suite les
unes des autres, toutes formées de feuilles de rosier. L'in-
secte s'était introduit dans l'intérieur par une branche,
rompue qui avait fait pourrir le cœur du tronc, mais la
partie inférieure surtout de sa galerie, que remplissait ex-
actement son cylindre de celiuleG, se trouvait de toutes
parts entourée d'un bois parfaitement sain.
11. Mégachile mendiante. Mégachile mendica, Cress
Trans. Am. Ent. Soc. vii, p. 126, 9.
Ç — Long. .60 pce. Noire, la face couverte d'une pubescence
blanchâtre. Antennes noires, brunes à l'extrémité en dessous. Le
protborax, le mésothorax, les joues, les cuisses antérieures avec le pre-
mier segment abdominal, couverts de longs poils jaune-blanchâtre.
Ailes subhyalines, légèrement obscurcies. à l'extrémité. Pattes noires,
les cuisses et les jambes avec poils blanchâtres, les tarses à poils rous-
sâtres en dessous, les crochets roussâtres, noirs à l'extrémité, les épe-
rons des extrémité des jambes jaune-pâle. Abdomen déprimé, large,
obconique, les 4 segments basilaïres avec une dépression transversale,
tous les segments bordés d'une pubescence blanchâtre, la pubescence
du dos de l'abdomen est composée de poils blanchâtres entremêlés de
noirs.
Capturée à Chicoutimi; sa plus forte taille et sa viHo-
sité plus abondante la distinguent de Vojdiva, Cress.
232 LS NATURALISTE CANADIEN
12. Mégaehile désirable. Megachile optiva^ Cress
Trans. Am. Ent. Soc. ir, p. 268.
? — Long. .50 pce. Noire, opaque: les côtés de là face avec longs
poils blanchâtres, le chaperon avec poils plus courts, le vertex avec
poils noirs. Tête plus large que le thorax, le dos du thorax avec poils
noirs, le ni($tathorax, le prothorax et les flancs avec poils blanchâtres.
Ecailles alaires noires ; ailes fuligineuses, les nervures noires. Pattes
noires, avec pubescence cendrée, plus longue sur les cuisses en arrière,
les jambes et les tarses avec poils jaunâtres, fauves au desP0v.s des
tarses. Abdomen en ovale, les segments non traversés par des sillons,
le premier à face antérieure concave, avec poils blanchâtres sur les
côtés, tous les autres avec la suture frangée sur les côtés de poils
argentés, la brosse ventrale jaune-fauve. — E.
Se distingue surtout de la précédente par sa plus petite
taille et Tabsence de fossettes transversales sur les seg-
ments abdominaux. Capturée à St-Hyaciuthe, au Cap-
Kouge, etc.
13. Mégaehile mélanophée. Megachile melannpliŒa^
Smith, Brit. Mus. Cat. i, p. 191.
Ç — Long. .50 pce. Noire, avec poils blanchâtres sur la face, le
thorax et la base de l'abdomen, les joues avec le dessous des mandi-
bules avec poils, fauves. Mandibules avec l'extrémité rousse ; le cha-
peron finement ponctué. Ecailles alaires noires, les ailes légèrement
fulio'ineuses. Pottes noires avec poils noirs, les tarses avec leurs ar.
tides terminaux roussâtres, leurs poils fauves. Abdomen robuste,
ramassé court, les 2 segments basiiaires avec pubescence blanchâtre,
les autres avec poils couits, noirs, sans aucune traça de lignes argen-
tées dans les sutures; la brosse ventrale noire. — C.
L'abdomen racourci de cette espèce avec sa brosse
ventrale noire, la fait facilement distinguer de toutes les
autres.
11. Gen, GrNATHOCÈRE. Gnathocera, nov. gen.
Tête allongée, très fortement échancrée en arrière,
avec les joues dilatées et se prolongeant en dessous en un
appendice redressé en avant et creusé en cuiller en dedans.
Cuisses non renflées. Abdomen à côtés parallèles, allongé,
pour le reste semblables aux Mégachiles.
La singulière conformation des joues de cette Méga-
ehile nous a engagé à en former un genre nouveau. Nous
en avons capturé 4 l'emeiles mais aucun mâle encore.
XX'.— ANDRÉNTDES. 233
Gnatoeère céphalique. Gnntocera cephalica, n. sp.
Ç — Long, .60 pce. Noire, polie, brillante; tête allongée, forte-
ment ochancrôe postérieurement, finement ponctuée sur le vertex, ces
ponctuations devenant sur les joues très distantes, larges et enfoncées;
la face couverte d'une pubescence blanchâtre sur les côtés de même
que les flancs, le métathorax et le premier segment abdominal. Ailes
hyalines, avec une bordure brune à rextrémité, les nervures ferru-
gineuses. Les cuisses et les jambes à pubescence blanchâtre, les tarses
avec poils jaunes. Abdomen allongé, à côtés parallèles, fioemcnt
ponctué, les 3 premiers segments avec un sillon transversal, tous les
segments excepté le dernier, terminés par une bordure argentée très
apparente.
Cet insecte est particuiièreraont remarquable par la
forme allongée de sa tête.
12. Gen. Hériade. Ileriades, Latr.
Tête en carré, plus large que le thorax ; ocelles en
triangle sur le vertex. Labre et mandibules courts dans les
2 sexes. Palpes labiaux avec le 3e article inséré sur le côté
du 2e. Cellule radiale ovale, oblongue, sans appendice; 2
cubitales fermées ; la 2e rétrécie vers la radiale et recevant
les 2 nervures récurrentes; la 3e commencée. Abdomen
allongé, convexe en dessus; crochets des tarses simples
dans les ?, bifides dans les d*.
Petits insectes ayant les mêmes habitudes que les
Osmies, c'est à-dire construisant leurs cellules d'un mortier
spécial qu'elles logent dans des arbrissaux creux ou autres
cavités Une seule espèce rencontrée,
Hériade carénée. Heriades carinatum, Cress, Proc.
Eut. Soc. Phil, ii, p- 883, c? ?.
Ç — Long. .25 pce. Noire, très fortement ponctuée, la face avec
pubescence blanche, cette pubescence plus longue sur les pattes. Tête
en carré; antennes courtes, noires. Thorax presque alvéolé par ses
ponctuations, presque sans pubescence, une partie des flancs granulée.
Ecailles alaires noirâtres ; ailes légèrement fuligineuses, plus obscures
près de la côte, Pattes avec pubescence blanchâtre. Abdomen sub-
cjliiidrique, convexe, légèrement rétivci à la base, denséraent et uni
formément ponctué, les segments à sutures enfoncées et frangées d'un
duvet argenté, surtout sur les côtés, le premier à face antérieure con-
cave et séparée du reste par une carène ; la brosse ventrale blan.
châtre.— PC.
234 LE NATURALISTE C!ANADi:SN
cJ — A abdomen rsplia en gcgsous L roztramitéj les crochets des
tarses roussâtres et bifides.
Capturé à St-Kyaciuthe et au CapE-ougs,
14. Gen. Cératine. Ceratina, Latr.
Tête traiiGversale. Antennes assez longues, le scape
peu allongé, le pavillon filiforme, le 3e article 2 fois plus
long que le 2o= Ocelles en triangle sur le vertex. Mandi-
bules fortes, tridentées ; les palpes labiaux à 4 articles, les 2
terminaux petits et insérés près du sommet du 2e, les
palpes maxillaires de 6 articles. Ecusson mutique. Cellule
radiale à peu près ovale, son extrémité arrondie, s'écartant
de la côte; 3 cellules cubitales fermées de grandeur pres-
que égale, la 2e rétrécie vers la radiale et recevant la 1ère
récurrente, la 3e élargie au milieu et recevant la 2e récur-
rente. Abdomen convexe, presque en massue. Les jambes
postérieures convexes en dehors, le 1er article de leurs
tarses avec une brosse en dessous.
Insectes ayant assez l'apparence des Mégachiles exté-
rieurement, mais s'en distinguant surtout par les 3 cellules
cubitales. Une seule espèce rencontrée.
Cératine à-2-dents, Cerali/ia bideniata, nov. sp.
^ — Long. .36 pce. Noire avec poils blanchâtres ; la face au des-
sous des antennes avec le labre, jaune. Antennes noires. Thorax
avec, longs poils blanchâtres, le tuctathorax très court. Ailes hyalines,
les nervures ombrées de même que la partie près du stigma. Pattes
noires le 1er article des tarses postérieurs dilaté avec une brosse
roupsâtre en dessous. Abdomen court, convexe, presque nu, la marge
apicale des segments plus lisse, testacée, le 7e avec une projection au
milieu portant une éch mcrure qui la partage en 2 dents.
Un seul spécimen ç^ capturé, bien reconuaissable par «
son 78 segment abdominal.
(N. B. La partie qui suit de la clef pour la distinctioQ des
genres a été, par erreur, omise à la page 171).
Insectes dépourvus d'instruments pour la récolte du
pollen et la confection des nids : PARASITES ;
3 cellules cubitales fermées ;
SZI — ANDSÊNIDES. 235
2e cubitale recevant la 1ère récurrente vers son milieu ;
Ecusson avoc 2 tubercules au milieu et uns
épine de chaque bôté ; palpes rsasiilaîres
d'un seal article ... ^ ,..„,., „ = , <> „ , 15, S prolus.
Ecusson bituberculé mais sans épines aux cotés 16. Nomada.
23 cubitale recevant la 1ère réouvre^te au dslà
de son milieu ; écussor. sans tube.ôules 17. Sphecoues.
2 cellules cubitales fermées ;
Abdomen conique avec pointes à Tôstrémité
dans les J* .......= .... »o, . , ...... 18, CcBLioxTS.
Abdomen fusiforme, sans peintes dans les (^ .. .19. Prosopis^
15. Gren. Epéole. Epeolus, Latr.
Tête courte et large; thoras court, trapu; abdomen
court, rebuste, sans instruments pour la récolte du pollen.
Falpes maxilaires d'un seul article, las labiaux de 4.
Antennes courte3, filiformes. Ecusson bilobé au milieu
avec une épine de chaque côté. Ailes avec 3 cellules cubi-
tales fermées, la 2e rétrécie vers la radiale, recevant la 1ère
récurrente, la Se recevant la 2e récurrente, la 4e à peine
commencée. Pattes à éperons simples. Abdomen sr.bcor.
diforme, ofelong, ,rayé transversalement de bandes d'une
pubescence jaune ou grisâtre, aigu dans les J et tronqué-
obtus dans les Ç,le dernier segment dans ces dernières
portant sur son disque un espace triangulaire déprimé,
quelque peu rugueux, quelquefois avec pubescence argen-
tée.
La forme de l'écusson et les bandes pubescentes de
l'abdomen permettent surtout de distir.guer ces insectes
des Nomades. Deux espèces rencontrées.
Ecailles alaires rousses , . . 1 , ri'.erQP.tUS.
Ecailles alaires noires , , . = , ?. dGîlci.tn3.
1. Epéole acheté. Epeolus mercaius, Eabo rroc. Eut.
Soc. Phil. II, p. 895.
$ — Long. .26 pce. Noir, rugueux, la face avec pubescence ar-
gentée. Antennes entièrement noires. Les écailles alaires. les Stiber-
cuies, les jambes et les tarses avec les genoux, rous. Thorax bcrdé
en avant et en arrière d'une ligae grise, les flancs ave^ las côtés du
métatborax portant des tacces de la même couleur, Aiies légèrement
obscures, les nervures roussâtres. Abdomen avec 5 bandes cenJi'ées
236 LE NATURALISTE CANADIEN
le preuki-r >ei:mont b^rdr^ on outre d'iinc h'gr.e cendr('c intci-ronip'ie au
il ;ôté.s.— R
lia seul spt ciracii capturé à S. Joachim par M., l'abbé
Huart.
2. Epéole donné. Epeolm donatus, Ilarr. B. Mus. Cal.
I, 256.
? — Lon<r. .34 pce. Noir; la tête et le thorax à ponctuotions
C')nflii''Mte?-, la f..c<' a »-t.c pube-c<'rice biaiK-hâîre aa dessus <lu chapcroM.
Thorax avec une ligne blanchâtre sur le collier, une autre au dessus
des écîiilles alaires, 2 autres plus petites sur le disque du niésothorax,
une autre derrière l'écusson et les angles du niétathorax, Eciisson
bilobé. Ailes légèrement obscures, les nervures noires. Pattes noires,
les jambes avec tuboseeiice blanchâtre en dehors; les tardes roussâtre-.
les postérieurs avec le premier article noir. Abdomen ovoïde avec uiie
bande de pubescence blanchâtre au sojnniet de tous ies segmentai, cotte
bande brièvement interrompue au inilieu ; le 1er stgmcut ayanii d
■ plus toute su base couverte d'une seuibhible pubescenci-. — R.
Capturé à Toronto, inais doit probablement aussi se
rencontrer dans la province de Québec.
16. Or^^'w. MoMADE. Nomada, Latr.
Tête en carré transversal, plus large que le thorax, à
face large et courte. Ocelles disposés en triangle sur le
vertex. Antennes courtes, le pavillon hliforme, non en
massue. Palpes maxillaires de 6 articles, les labiaux de 4.
Mandibules étroites, unidentées. Ecnsson élevé avec 2
tubercules sur le milieu. Ailes avec une cellule radiale
simple, 3 cubitales fermées, la 1ère aussi grande que les 2
suivantes prises ensemble, la 2e et la 3e rétrécies vers la
radiale, chacune avec une nervure récurrente. Pattes sans
poils pour la récolte du pollen, les tarses seuls avec une
brosse en dessous, les épines des jambes simples. Abdo-
men court, ovoïde. Insectes généralement roux avec taches
jaunes.
Les Nomades comme tous ceux qui nous restent à dé-
crire de cette famille, sont dépourvus d'instruments pour
la construction des nids et le transport des provi.^ions.
Cependant leurs larves sont apodes et incapables de cher-
XXf — ANDRÉ N'IDES. 237
her elles-mêmes leur Jiourritnre. Comment ponrvoiroiit-
elles à Id perpétuation de lenr race ? L'niiteur de tontes
choses qni n'a rien laissé au liasar ' •> '-- nwa les m/'res d(>
CCS insectes d'un instinct qu'il voulu accorih-r à
d'autres. C'est à des nounices étrangères qu'elle:» con-
fieront leurs progénitures. Les mères Nomades épient le
moratuit où dt^s An'hophores ou .lutres uidifiar.ts sortent
de leurs trous j>our aller chercher de n.'UvelKs pr(-visi(/ns,
elles y pénètrent aussitôt et déposent un œuf dans la ])â>ée
déjà ai)portée, et à l'éclosion, au lieu d'une seule larve que
contiendra la ellule, il y en aura deux, pour partager les
]irovisions. 11 doit arriver souvent sans'doute que l'intruse
fait périr la véritable propriétaire, mais la Divine Sag'esse
a pourvu les mères des nidifiants d'une bien plus grande
fécondité que celle des parasites, afin, sans doute, de con-
server l'équilibre nécessaire C'est à cette communauté
d'habitation des larves des parasites avec d'autres diffé-
rentes qu'est due sans doute la différence de taille si com-
mune dans ces insectes à l'état parf lit. Si la larve du para-
site peut résister sans périr à une nouriiture insuiSsante,
sa taille, comme il arrive chez une fouie d'autres insectes,
en souffrira proportionnellement lorsqu'elle passera à l'état
parfait. Chaque parasite s'attache, paraît-il, à un genre
particulier de nidifiants.
Les Nomades sont assez nombreuses en espèces, cepen-
dant nous n'avons . encore rencontré que les cinq qui
suivent :
Abdomen feiTugineux, immacnlé 1. Americana.
Abdomen plus ou luoins taché de jaune ;
Ecusson uiutique ;
9 avec une seule tache jat'ne sur les 2e segment
abdominal ; c? avec taclie-^ sur les segments
2 3, -i, 5 etc 2. bislgnata.
? avec t;iches jaunes sui- les segments 2 et 3,
une bande sur le 4e, et une double tache sur
le 5e ; d- ayant le plus souvent du jaune sur
chaque segment — 3. macala^a.
? avec une ligne jaune sur tous les segments,
23B LTS flATUPvALîSTB CANADIEN
celle du 2e le couvrant presque entièrement.. 4. îtîtGCla.
EeassoTî avec une épÎLe (le e'iiaque côtô„ .. = .(,,,„, 5. pîîactata.
1. Nomade à' Amérique. Nor:.ada Ar.iericana, Xirby,
FauK. Eor, Am, iv, p. 269.
Ç — Long. .33 pce. D'un ferrugineux obscur; un point Tîoir de
chaque côté du clinperon ; les anterines d'un roux plus clair, le .scape
noir en dessus. Thorax densément ponctué, avec une ligne osédiaRe
noire ir.terrompue par I'dcusson et continuée sur le métathoras ; la
poitrine avec une tache noire de chaque côté. Métathoras noir pos-
térieurement en arrière et portant des poils blanchâtres sur ses côtés.
AileB subhyalinei3, avec l'extrémité plus obscure et une lunule plus
claire en avant, les nervures brunes. Pattes avec la base des hanches
et des cuissec noire. Abdomen poli, lisse, d'un ferrugineux obscur, la
base du premier segment avec la marge apicale des segments 2 et 3,
noire. — R.
Un seul spécimen capturé. Les espèces de ce genre
étant tontes fort variables dans leur coloration sont par
cela de même très difficiles à distinguer les unes des autres.
La présente espèce cependant est bien reconnaissable par
son absence de taches jaunes,
2. îTcîïiade à-2-marques. Nomada bisignata, ëay,
Say' Ent. i, p. 239;
Ç — Long. .38 pce. Ferrugineuse; une tache noire entre les an-
tennes s'unit quelquefois à une autre sur le vertex. Antennes rousses
en dessous, noirâtres en dessus. Le vertex et le thorax rendus ru-
gueux par des ponctuations denses. Thorax avec une ligne noire lon-
gitudinale interrompue par l'écusson; le métathorax garni de poils
blancs en arrière sur les côtés. Ailes passablement enfumées, avec
une bande claire en avant de l'extrémité. Les pattes avec la base des
hanches et des cuisses noire. Abdomen avec la base du 1èr segment
et la marge apicale des autres, noire ; le 2e avec une grande tache
jaune de chaque côté, et le 3e souvent avec un commencement d'une
semblable tache. — C.
Yar. Thorax noir avec 4 lignes ferrugineuses.
j\ —Thorax et tête, noir, avec ou sous lignes ferrugineuses, por-
tant une pubescence blanchâtre. Le enaperon avec le labre et les man-
dibulea, jaune. Les hanches avec les cuisses excepté à l'extrémité,
noir. Abdomen avec la tache jaune du 2e segment grande, eon^u-
ente q"J.e!quefois au mileeu ; le 3e avec une bande jaune à la base et
les 5e et 6e avec la marge apicale jaune.
XXI. — ANDRÉNIDES 239
Yar. Le premier senjmsnt avec une tache jaune de chaque côté
au-d?ssus de la barre ncire ; quelquefois ce lor segmeat d'un brun
foncé uuiforme.
Variable non seulement dans sa eolcraticn, nsais encore dans sa
sa taille 3 ? et 3 cf ,
g. Nomade maculée, llomada viacidaia, Oress. Proc.
Eut. Soc. Phil, ii, p. 303.
$ —Long. .40 pce. Ferrugineuse, finement et denscment ponc-
tuée. Thorax avec une ligne longitudinale noire interrompue par
l'écusson, le métathorax et les flancs avec une longue pubescence ar-
gentée. Ailes légèrement obscures avec une bande claire avant l'ertré-
milé, le stigma roux, les nervures brunes. Pattes sans aucune tache.
Abdomen très finement ponctué, poli, brillant, la marge apic;ile des
segments obscurément noirâtre, la base du 1er segment noire, avec une
tache jaune au-dessus de chaque côté, le 2e avec une tache à la base
de chaque côté, les 3e et 4e avec une ligne, quelquefois conâuente au
milieu, le 5e avec 2 taches distinctes ; dessous sans taches. — C.
Varo Une tache noire à ^l'insertion des antennes ; le îer et le 3e
segment sans tache jaune ; les hanches noires à la base.
Var. Un point jaune de chaque côté du chaperon ; les tuber-
cules de l'écusson, ceux du prothorax, une tache de chaque côté en
arrière du métathorax, jaune, le 6e segment avec une bande jaune.
<S^ — La tête et le thorax, noir varié de ferrugineux, couverts d'une
courte pubescene blanchâtre; le chaperon, le labre, la base de^ n^andi-
bules, jaune. Antennes noires en dessus jisque verg leur moitié. Une
ligne médiane sur le mésothorax, le métathorax presque entièrement,
les flancs excepté une grande tache rousse au dessous des ailea anté-
rieures, noir. Les hanches et la base des cuisses, noir. La tache jaune
du 2e segment quelquefois détachée et d'autres fois anguleuse se rap-
prochant du milieu et formant presque une bande; les segments 3, 4
et 5 avec une tache jaune de chaque côté et quelquefois une ligne
continue, et d'autrefois ces taches obsolètes sur les segments 4 et 5 ; le
le dernier ferrugineux et bifide à l'extrémité.
4. Nomade jaunâtre. Nomada luteola, St Farg. Proc.
Ent. Soc. Phil. II, p. 282 ç.
Ç — Long. .36 pce. Tête noire, le chaperon, les côtés de la face
avec le scape en dessous et une tache sur les mandibules, jaune pâle,
la partie noire de la face s avançant sur la partie jaune en une pointe
de chaque côté. Antennes rousses, brunâtres en dessus. Thorax à
pubescence jaunâtre, les téguments bruns variés de roux, le collier et
240 LE NATURALISTE CANADIKN
r<?cusson roux. Ailes avec une bande brune à l'extrémité, le stigraa
roux, Pattes rou??o.-. l'^s h; ;:cho8 ;:Yec les cui'=ises postérieures excepté
à l'exir' ~ ■ :-.iie bande jaune plus o-i moins
ccliiîuc'éé ; c-:;.'iicin. :,..'■,! r. -; r cri:.>iac segaient, celle da 2j très large,
celle du 1er étroite divisant la base, qui est noire, du sommet qui est
roux.
(^ — Avec les pattes, l'écusson, les tubercules, jaunes, la base des
cuisses brune, les jambes postérieures avec une ligne noire en dedans.
5 Nomade ponctuée. Nomnda pundata, Fabr. Proc.
Ent Soc. Phil, ii, p. 296.
Ç — Lang. .35 pee. Noire, fortement ponctuée avec une pubes-
cence blancbâtre. Les mandibules, le labj-e, le cbaperon avec une tacbé
au dessus, les joues et les orbites antérieurs, jaune pâle. Antennes
rousses, noires à la base en dessus, le sc:ipe tacbé de jaune en dessous.
Thorax noir, foitemcnt ponctué, les tubercules calleux jaunes, les
écailles alaires rousses avec une tache jaune ; l'écusson bitubercnlé
avec un point jaune et une épine blancbâtre de chaque côté. Ailes
hyalines, obscurcies à l'extrémité, lé stigraa fauve. Pattes rousses
avec les hanches noires, les cuisses postérieures noires en dehors. Ab-
domen noir, avec une bande jaune au sommet de tous les segments, le
premier taché aussi de roux au milieu. — R.
Un seul c? capturé au Cap-Ronge. Les épines de l'é-
cussou de cette espèce la distinguent facilement de ses
voisines.
18. G-en. Célioxys. CœHoxy$, Latr.
Tête en carré transversal, plus large que le thorax.
Palpes maxillaires de 2 articles, les labiaux de 4. Chaperon
large, convexe. Ocelles en triangle sur le vertex. Eicusson
élevé, portant une dent de chaque côté. Celkile radiale à
bout arrondi, écarté de la côte. Deux cubitales fermées
presque égales, la 2e rétrécie vers la radiale, recevant les
2 nervures récurrentes ; la 8e à peine commencée. Cro-
chets des, tarses simples dans les ?, bifides dans les cf.
Abdomen conique, fendu horizontalement dans les ? à
l'extrémité, plus largo et pins ou moins denté dans les d*.
Insectes de bonne taille, plus ou moins velus, à abdo-
men traversé le plus souvent par des bandes ou lignes
de duvt't argenté. Parasites des M'^gachiles; 2 espèces
rencontrés.
XXr. — ANDRÉNIDES 241
Tarses ro-ix 1 rufi'arSUS.
Tarses noirs ... . 2 mœsta.
1. Célioxys tarses-roux. Cœlloxys rufitaraus, Smith,
Brit. Mus. Cat. ii. p. 271.
(S" — Lang'. .48 pee. Noire ; la tête et le thorax ofrossièrement
ponctués, La face avec une lougae et épaisse pubescence j nine blan-
châtre, le vertex et le thorax avec cette pubtscence moins fournie et
blanchâtre. Eccailles alaires brunâtres, E'usson subangiileux au mi-
lieu et portant une dent de chaque côté longue et un peu recourbée.
Ailes subhyaiines, le bord apical plus obscur, les nervures noires.
Pattes noires avec pubescence sur les cuis.-es et les jxmbes, les tarses
d'un beau roux clair. Abdomen conique, les 5 segments basilaires avec
une ligne de duvet argenté au sommet, le premier portant en outre
une tache triangulaire de ce même duvet sur les côtés ; le 5e se ter-
minant de chaque côté par une pointe, le 6e ave une semblable pointe
de cha(iue côté et en outre 4 autres au milieu, 2 en dessus et 2 en
desso:-.s, ces dernières un peu plus longues. — C.
Ç — A pubescence moins abondante, celle du chaperon courte,
jaunâtre. Thorax presque nu, une ligue plus ou moins complète au
collier, une ligne au dessus des ailes se terminant par une petite taehe,
2 points en avant de l'écusson et .une ligne plus ou moins obsolète en
arrière, de duvet argenté. Les pattes et l'abdomen com:ne dans le cJ*,
le 6e segment avec la partie supérieure finement ponctuée et caréin'e
au milieu, l'inférieure beaucoup plus longue et avec une petite dent
de chaque côté en avant de l'extrémité.
Bien reconnaissable par ses tarses roux,
2. Célioxys triste. Cœlioxys iristis, Cress. Proc. Eut.
Soc. Ph 1. ii, p. 403.
Ç— Long. .45 pce. Noire, la tête et le thorax fortement ponctuée.
La face avec une pube-cence blanchâtre courte, le chaperon cilié ea
avant de poils jaunes. Thorax nu sur le dos. une ligne au collier avec
le mctathorax et les flancs à pubescence blanchâtre peu fournie ;
l'écusson avec une dent de chaque c3té. Ec ii;lcs alaires noires (quel
quefois brunâtres). Ailes sabhyalines, )lus obscures au bord terminal,
les nervures noires. Pattes noires avec courte pube«cence blanchâtte,
les tarses avec poils jaunâtres en dessous. Abdomen brillant, à ponc-
tuations peu denses, les 5 premiers segments avec une ligne argentée
au sommet, le 6e très finement ponctué, si partie supérieure carénée
au milieu, l'inférieure plus hmgue, avec une légère échanerure en
avant du sommet. Le ventre plus fortement ponctué et avec les 5
Usines arirentées. — CC.
242 LE NATURALISTE CANADIEN
Capturée au CapRonge, à Chicoutirai et à St-Hya-
ejnthe. Bien distincte de la précédente par ses tarses
noirs. Un spécimen a l'extrémité de sa 1ère cellule dis-
coïdale de son aile droite traversée par une nervule de
manière à former une petite cellule surnuméraire.
A continuer.
DE QUEBEC A JERUSALEM.
(Continué de la page 221).
La salie est à peu près disposée ici comme chez hs
tourneurs, même musique, mêmes costumes, même dispo-
sition des jongleurs en cercle. Il y a cependant cette dif-
férence que des chaises sont disposées dans la galerie pour
les spectateurs et que le chef derviche au lieu d'être ac-
croupi dans une niche, se tient debout au milieu du cercle,
comme dictant le mouvement à tous ceux qui l'entourent.
Ce sont d'abord des inclinations peu profondes et en avant
qu'on exécute en cadence, en accompagnant chacune d'un
souffle bruyant qu'on tire avec ( ifort de la poitrine» Mais
la musique accélérant son rythme, les sa uts deviennent
plus prompts et plus profonds et le souffle se change en un
îrrosrnement formidable. Le chef de la bande, vieillard à
longue barbe blanche, touche à l'épaule un plus jeune
que lui qui sort du cercle pour prendre sa place. La mu-
sique alors redouble sa cadence, et toutes les têtes se
courbent précipitamment, mais toujours en cadence et
toujours en exhalant le bruyant grognement, touchant
presque le pavé en avant et se redressant toujours à chaque
fois ; les bonnets volent par terre, les cheveux obéissent
aux mouvements, les ligures sont rubescentes et tuméfiées,
et tous semblent n'être plus mnîtres de leurs mouvements,
emportés par une force irrésistible, une véritable posses-
sion.
Nous restâmes plus de vingt minutes à observer cette
pantomime, nous étonnant toujours de plus en plus, que
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM. 243
ces hommos fussent capables de résister m longtemps à
un jeu SI fatig'uaiit. Nous aurions désiré voir comment se
termiu Mait la scène, mais comme nous avions encore bien
d'autres choses à visiter, nous laissâm»'s nos hurleurs se
débattre et pousser leurs hurlements pour porter nos pas
dans d'autres quartiers de la ville; nous le regrettâmes
d'autant plus qu'on nous avait ra})porié que souvent ces
exercices se terminaient par des scènes tout-à fait extraor-
dinaires.
Le P. Damas qui a fait plus de dix voyages en Orient,
décrit ainsi la conclusion d'un exercice des derviches tour-
neurs auquel il avait assisté.
" Depuis quelque temps, des femmes se tenaient près
de la porte avec leurs petits enfants. Une sorte de maître
des cérémonies s'approcha de l'une d'elles, prit son enfant
et s'en alla le déposer au pied du chef des jont^leurs. Alors
ie derviche se leva gravement, ap[)uya ses deux mains sur
les épaules de deux de ses disciples placés à sa droite et à
sa gauche, mit les pieds sur la p'tite créature et se tint de
la sorte pendant quelques secondes. L'enfant pouvait avoir
de huit à dix mois. Il ne poussa pas un c^i. On en pré-
senta d'autres. La même chose se fit. Pas un ne pleura.
Alors des hommes de tous âges vinrent se coucher tout de
leur long à la place des enfants. 11 y en avait se})t ou huit
à côté de l'un de l'autre. Ils étaient placés de manière
que le pr mier avait la tête de son voisin près de ses pieds,
et les pieds du même voisin près de sa tète. Et ainsi de
suite, de manière que des deux côtés on vit tonj )urs des
têtes et des pieds alternant. Les uns se couchaient sur le
dos, les autres en sens inverse. Le grand derviche marcha
gravement sur ce tapis de corps humaiîis. Oa s'apercevait
qu'il ménageait ses pas, mais il mettait ses pieds sur la
poitrine, sur le ventre, sur les reins des patients. Personne
ne tressaillait. 11 allait jusqu'au bout, et puis revenait.
D'autres hommes se succédèrent remplaçant les premiers.
L'opération dura tant qu'il y eut du monde disposé à se
prêter à cette cérémonie bizarre.
" Depuis le commencement de la séance, je tournais
de temps en temps mes yeux vers une quantité de sabres
244 I'K NATURALlSTii; CANADIEN
de haches, d'inptrnmonis de fer de tontes espècps, suspen-
dus à la muraille autour de la niche du cht^f suprême. Je
me demandais ce que cola voulait dire, et j'avais hâte d'eu
avoir l'explication. Elle me fat donnée en ce moment»
L'enceinte se vida enlièrernent ; le chef soul resta sur son
tapis; alors deux derviches entrèrent dépouillés comme
pour un bain. L'un d'eux était un petit vieillard, sec et
leste ; l'autre, encore jiuine, avait d^s membres forts (4 bi'Ui
pris. Tous deux saluèrent leur m^itre; dotachèreut ch \-
cun un sabre du mur, et tout à coup, je vis le petit vieillnrd
s'élancer d'un bond à l'autre bout de l'enceinte. Il tenait
les deux extrémités du sabre dans ses mains. En retom-
bant à terre il s'en donna un grand coup sur l'estomac avec
le tranchant, et il nous re^carda. Il n'avait pas la moindre
écorchure. Le second s'élança à son tour. Il était évidem-
ment moins habile. Après chaque épreuve on voyait une
trace rouge sur sa chair. Il crachait dans ses mains et se
frottait vivement l'estomac pour faire disparaître les
marques de sang". Cotte danse sinii^ulière dura quoique
temps. Alors le jinine homme se retira. Le petit vieillard,
mieux au fait, jeta son sabre, et décrocha un instrument
singulier: c'était une boule de bois dans laquelle on avait
enfoncé un fer de lance trè>-pointu. A la boule étaient
attachées une multitude de petites chaînes de fer, qui
pendaient on couronne. Le petit vioilhird lit tourner le f -r
de lance dans sos deux mains étendues, avec une volubi-
lité prodigieuse, la pointe en bas, la boule en haut. Toutes
les chaînes emportées par la rotation eurent bientôt pris la
forme horizontale. Tout à coup, le vieillard lance en l'air
son instrument qui continue à tourner. Il inclinera têAo,
et la pointe de la lance lui tomba sur la joue de la hauteur
du plafond, alourdie par la boule de bois et les chaînes qui
pèsent en dessus. Le ior aigu tourne plusieurs fois sur
cette joue immobile. Le jeu cesse ; le vieillard lève la
tète : la peau de sa joue était lisse comme un gant neuf.
J'ignore par quels procédés les derviches font toutes ces
jongleries; c'e.>:t rebutant à voir, mais c'est curioux, A cer-
taines grandes "poques de l'année, un derviche passe à
cheval sur une file d'hommes étendus. J'auiais voulu être
DE QUEBKC A JlhlUSALEM 245
témoin du spectacle; mais je na m3 sais jimais trouvé au
Caire aax époques voulues."
Nous non plus, nous n'avons pas été témoin de sem*
blables fêtes, mais nous tetioiis de la b )ach.e d'une per-
sonne dig-iie de foi qui y assista, le récit de ce qui s'y passa,
et rien de plus révoltant. Il n'y avait là, nous dit notre
narrateur, ni encliantemeiit, ni so' cellerie ; mais c'était
simplement des fanatiques qui venaient librement se livrer
à des mutilations et très souve^it à la mort, croyant par ce
moyen obtenir d'emblée le paradis.
Imaginez une centaine d'hommes couchés sur le sol,
pressés les uns contre les autres et disposés comme nous
l'avons rapporté des enfants, et sur lesquels, c'est-à-dire
sur ce tapis humain, un derviche se promenant à cheval
sans aucun égaid où la bête pourra mettre le pied. Le
cheval hésite d'abord et semble chercher des vides où il
pourra mettre le pied, mais ex ité de l'éperon, il se dé-
cide hi<'ntôt, et parcourt la file ailant et revenant plusieurs
fois. Ici c'et^t un bras, une jambe qui se cassent et dont on
enSend le craquement des os; là un ventre crevé dont les
entrailles s'échappent par les déchirures ; quelquefois l'a-
nimal piqué fait un bond et met le pied sur une tête dont
on voit jaillir la cervelle ou le crâne demeurer veuf de sa
couverture, etc., etc. On ne peut rien 'imaginer de plus
horrible! Et dire que de telles monstruosités se pratiquent
encore en plein dix-neuvième siècle, et pour ainsi dire au
milieu de nations civilisées! !!
Nous nous rendons ensuite au quartier turc pour y vi-
siter les bazars qu'on nous avait fort vantés» Ces bazars
sont en (fî't plus riches et mieux disposés que ceux que
nous avions visités à AlexanJrie. Ce sont à proprement
parier des boutiques dont les étalages sont en partie à l'ex-
térie-ur, comme on en voit en beaucoup d'endroits à Paris,
mais avec cette différence que la rue est partout couverte
et que le com[>t(.ir du débitant semble plus appartenir à
la rue qu'à l'intérieur de la boutique.
Ces bazars sont d'ordinaire fort achalandés et présen-
tent par f ,'i.s un assez joli coup d'csil. Mais c'est toujours
à la façon orientale, c'est-à-dire que la symétrie, la classid-
246 LE NATURALISTE CANADIEIf
cation dos articles fait complètement défaut. C'est irré-
gulier, c'est biz irre, c'est dépareillé, comme la foule qui
encombre les rues, comme les costumes divers qui se cou-
doient partout. Le gudien d'une tablette où s'étalent des
pipes d'un sou, des trompettes de deux sous, des revolvers
en fer blanc avec des bijouteries de verrp, montées en
cuivre, vous ofFi ira pariois une tabatière d'or émnillée et
couverte de diamants, qu'il tire d'un vieux coffre en bois en-
veloppée dans une gutMiiile. — Combien demandez-vous?
— Cinq mille francs. -Vous faites un signe n^'gatif, et le
marchand sans rien perdre de son flegme, renvelopi)e son
bijou dans son chiffon, le replace dans son vieux coffre,
et tout est dit.
La plupart de nos visiteurs ne voulurent pas quitter les
bazars snîis y faire quelques petites emplettes ; plusieuis
se pourvurent de courbaches de nerfs d'hyppopotame en
vue des courses à cheval que nous aurions bientôt à faire,
pour nous, nons nous contentâmes d'un grand turban blanc
avec bord et frantje rouge et jaune pour ajouter à notre
chapeau de paille d<i riz afin de mieux nous protéger
contre les ardt^urs du soleil.
En revenant par l'une des rues principales, nous re-
marquâmes en un ctM'tain endroit une certaine procession
avec musique en tête. C'est une noce, répétait-on de tot.t
côté ; nous nous en rapprochons pour mieux l'examiner»
Derrière la musique, qui ne valait pas tout-à-fait celle de
la bande nationale de Paris, marchait la mariée, complè-
tement soustraite aux regards par un dais que quîitre
hommes portaient au dessus de sa tête et dont les tentures,
en riche soie rouge avec fleurs en couleurs, touehaitMit
presque au sol. Une vingtaine de personnes, toutes riche-
ment costumées suivaient ce dais. Nous pensions ne pou-
voir voir rien de plus, lorsqu'un indiscret zéphir, à la tra-
versée d'une rue, vint tout à coup faire voler un pan de
la tenture au dessus du dais et exposer aux yeux des
profanes ce qu'elle devait constamment couvrir. L'expo-
sition fut d'assez coûte durée, mais avant, q /on eût pu
ramener le malencontreux pan à sa place, nous pûmes
tout à notrt aise voir la précieuse pièce qu'on soustrayait
DE QUEBEC A JÉRUSALEM 247
ainsi aux reg'ards. La mariée, tonte couverte de soiries
aux plus riches couleurs, était une asst z jolie fillette de 10
à 11 ansa en juger par l'apparence. Kile était accom-
jiagnée d'une suivante qui lui paraissait bien supérieure
en taille et en âge. Quant au marié, il ne fallait pas le
chercher là; il était à son logis attendant qu'on vint lui
livrer la marchandise, ce meuble, cette chose qu'il ap-
pellera sa femme et qu'il avait payée en beaux deniers
comptants à son père, à sa famille. C'est ainsi que se font
les mariages dans la haute société musulmane,
La polygamie est à peu près chez les musulmans ce
qu'elle était sous la loi Mosaïque chez les Hébreux, moins
toutefois l'état d'avilissement et de dégradation où les lois
du Coran ont amené aujourd'hui la femme, qui est encore
au dessous de l'esclave, c'est une chose, une béte de somme
qu'on achète et dont on peut user à volonté. Bien qu'il y
ait plusieurs femmes dans un ménage, toutes ne sont
cependant pas sur le même pied. La première seule est
sensée l'épouse légitime, les autres sont des esclaves, des
servantes; on les désigne d'ordinaire par le rang qu'elles
occupent dans la famille, deuxième, troisième, quatrième
femme. A part les aristocrates, les grands seigneurs, qui se
payent le luxe d'un harem nombreux, il est rare que dans
les familles on dépasse le nombre de tr^is ou quatre femmes,
et beaucoup se contentent même d'une seule»
Les Arabes d'Egypte sont à teint plus ou moins ba-
sané, mais de figure assez agréable. 11 n'y a rien d'irrégu-
lii*r et de choquant dans leurs traits. Les enfants surtout
sont fort gentils, vifs, pétulants, au regard subtil et intelli-
gent.
On sait que dans ces climats tout est précoce ; la pu-
berté vient bien plus à bonne heure là que chez nous. On
a eu des exemples de filles qui sont devenues mères à huit
ans. Généralement les mariages se font de 10 à 13 ans
pour les filles et de 12- à 15 ans pour les garçons. Mais si
tout est ainsi précoce, la vieillesse et la décrépitude suivent
aussi la même pente. La jeune fille fraîche, épanouie qui
contracle mariage à 12 ans, 13 ans, est déjà vieille à 25, 30
ans; elle est usée, fanée, défaite. On ne rencontre nulle
21S LE NATURALISTE CANADtEN
part de ces redondances de chair comme on en voit si son-
veiit cht'Z nous; l'embonpoint est iticonnu ch*'Z ct^s popu-
lations. Sans être rigoureusement éthique, on se tient par-
tout dans un état mitoyen, ni gras, ni maigre, ou plutôt
maigre que gras.
Nous venions à peine de laisser la noce, que nous ren-
controns un autre procession, aussi avec musique en tête,
mais d'un genre différent La marche s'ouvre par une ban-
nière en cuir sur laquelle sont frappés en or force rasoirs,
ciseaux, et autres instruments dont nous n'avons pu ima-
giner l'usag'e. Derrière la bannière suit ; n gamin à cheval,
suivi lui-même de la musique. Une troupe d'enfants se
pressent et se bousculent pour se tenir le plus près tout en
suivant la marche. — Q.i'est-ce, qu'est-ce? demandâmes-
nous.— C'est, nous réj)ondit on, une circoncision. En cff't,
Mahomet, tant pour singer le symbole religieux des Hé-
breux, que comme mesure d'hygiène pour son peuple, a
ordonné la circoncision ; mais chez les musulmans, ce
n'est qu'à l'âge de sept ans qu'on la pratique. Le bambm
qu'on allait ainsi opérer était celui-là même qui était à
cheval à la suite de la bannière. Ivichement habiiié et sans
doute inconscient de ce qui allait lui arriver, il dégustait
une orange, tout tn s'amusant à voir la foule de gamins
qui se pressait autour de lui.
Nous retournons ensuite à notre hôtel en traversant la
principale place publique du Caire, qui est un grand carré,
ou plutôt un grand jardin avec une large rue sur chacun
de ses quatre côtés. Arl)res, fleurs à profusion, gazons ton-
dus, kiosques pour musiciens, sièges, etc., rien ne manque
de tout ce qu'on rencontre dans les places publiques des
grandes villes d'Europe. Nous remarquoris que des musi-
ciens prennent place dans l'un des kiosques qui nous
avoisinent, loisquVncore aucun auditeur n'était rendu.
Nous nous y transportons et nous nous mettons à l'aise
dans les nombreux fauteuils qui sont là vides eu
attendant des occupants. Nous venions à peine de nous
asseoir qu'un employé se présente en tendant la main et
et en répétant: dix ce/z/rwe.s (deux sous). Eh! oui, dîmes-
nous à notre compagnon, c'est toujours le sempiternel bac-
chish qui nous poursuivra tant que nous serons on Orient.
DE QUÉBEC A JÊSUSiLEAI 249
Cette mnsiq ne n';iy;-int rien de bien attrayant pour nous,
nous l'abanflonnons après qu-lques minutes seulement
pour nous dirig^n- à notre hôte! où nous rentrons vers les
sept heures, fatig-ués mais fort satisfaits de tout ce que nous
avions vu dans la journée.
Le Caire, samedi, 26 mirs. — C'est aujourd'hui que nous
devons quitter le Caire pour Ismaïlia sur le canal de Suez,
où, grâce à la bienveillante gT-ucrosité de M. de Lesseps,
un canot à vapeur nous trausportera à Port-S .ïd dtmain
où nous rencontrerons notre vaisseau le Scamandre. Mais
comme le train ne part qu'à 11| hs. nous avons encore tout
le temps de faire l'excursion d'Hôliopolis que nous avions
remise à ce ma',in.
Le temps est toujours raagiiiîique, et la chaleur très-
supportable, grâce surtout à u;;e brise rafraîchissante qui
souffle presque constamment.
Vers les sept heures, six voitures à deux chevaux nous
attendaient pour l'excursion ; c'est une course de guère
plus de deux milles en pleine campagne. Mais voulant
voir le plus possible des environ-* de la ville, nous déci-
dâmes de passer par un cheinin où nous visiterions les
tombeaux de Kalifes, pour revenir par l'autre qui lui est à
peu près parallèle. Nous euiilons donc les rues à grand
trot, chaque voiture précédée de son sais qui s'en va criant
et ne ménageant nullement les épaules de ceux trop lents
à se garer, de son fouet toujours en mouvement. Mais à
p^ine sommes nous en dehors de la ville, que nous tombons
sur un chemin de sable mouvant où les roues s'enfoncent
de manière à fort incommoder nos bêtes qui ont à tirer de
lourdes voitures, chargées chacune de six personnes. Nous
atteignons à peine les preraier:5 tombeaux, que les chevaux
de la voiture qui nous précède s'arrêtent, refusant de tirer
davantage. Tout aussitôt les nôtres en font autant. Le
cocher nubien, croit qu'en faisant jouer son Ibuet il va
vaincre leur obtination, et s'exécute d'importance. Mais
les pauvres bêtes refusent obstiaérnent et tentent de ré-
pondre aux coups par des ruades. L'un d'eux est en tra-
vers dans ses traits et rend cmip pour coup. Mous mettons
aussitôt pied à terre, et nos deux brutes t'e nubiens, cloués
250 LÉ NATURALISTE CANADIE?*
à l'impériale, sont toujours à fouetter sans se mettre en
peine de remettre les bêtes en place. " En vérité, nous
dit un compagnon, je ne sais quels sont les plus bêtes, de
ceux qui sont dans les timons ou de ceux qui siègent sur
l'impériale " Et saisissant alors l'homme au fouet par le
collet, il le dégringole de son siège et l'étend sur le sable»
Laissant nos cochers réparer le désordre des attelages,
nous alloïis à pied visiter les premiers monuments qui dé-
notent dans leur construction, un haut degré de perfec-
tion dans l'architecture Arabe, mais qui malheureusement
sont dans un pitoyable état de conservation. Mais nos
bêtes ne paraissant guère mieux disposées qu'auparavant
à vaincre la résistance du sable mouvant, nous nous déci-
dons à aller prendre l'autre route, qui étant macadémisée,
n'offre pas le même inconvénient. A peine sommes-nous
sur le chemin dur, que nos pauvres bêtes semblent oublier
leur misère et reprenent le trot sans résistance. Nous
parcourons une magnifique campagne, où de superbes
villas viennent de temps en temps rompre la monotonie
des cultures. Après environ une demi-heure de marche,
nous passons devant Matarieh pour visiter de suite les
ruines d'Héliopolis qui se trouvent à quelques arpents
seulement plus loin. L'ancienne ville du soleil (Héliopoliè)
ne montre plus aujourd'hui au visiteur que l'endroit où
elle gisait autrefois, emplacement qui se distingue seule-
ment du reste par le tertre qu'y ont formé ses décombres
et par un superbe obélisque, le seul qui reste aujourd'hui
sur pied, avec la colonne de Pompée, dans la basse-
Egypte ; on le dit contemporain d'Abraham. Ce monu-
ment est le mieux conservé de tous ceux que nous avons
A^us, et les hiéroglyphes qu'il porte paraissent encore
toutes fraîches. Nous pénétrons dans un champs de fèves
au miheu duquel il s'élève, pour l'examiner de plus près.
Le monolithe, de granit rose et de forme quadrangulaire,
sort de terre sans rien pour le protéger, et ne montrant
ni socle ni base. On nous dit qu'un tiers au moins de sa
hauteur, c'est-à-dire une vingtaine de pieds, se trouve en-
foui dans le sol, par les décombres qui l'ont entouré et sur
lesquels on cultive aujourd'hui. Sa base mesure six pieds
de largeur, et sa hauteur 63 pieds sans y corapreudre le
DB QUÉCEC A JÉaUSALKM 251
piédestal enfoui sous terre. Cet obélisque n'était pas le
seul qui ornait Ht'-liopolis, ceux du mont Citorio, et de la
place du peuple, à Rome, \iennent aussi de la ville du
Soleil.
Nous leprnons nos voitures pour retourner d'ici et
visiter en passant Matarieh où -se trouve l'arbre sous le-
quel se re[)osa la sainte famille et où elle rtemenra dit-on
pendant deux ans. Oui, nu jour sous l'action brûlante
de ce soleil de feu qui nous énerve, après avoir affronté le
simoun qui tue dans ces dés»'rts arides, arrivait ici une
jeune femme portant un enf.uit. Et cet enfant était Dieu.
Venu dans le monde pour le sauver, le monde ne voulait
pas le reconnaître. Fuyant la colère d'Hérode qui voulait
le faire périr, celai qui g-ouverne le monde même, s'en
venait avec sa s .inte mère chercher un refuge en Egypte.
Celui qui conduit la vierge mère avec son enfant est le
grand S. Jo^ejjh. Pendant sept ans, la plus auguste des
familles qui paraîtront jamais sur la terre habitera ce sol
de l'Euypte, jettera dans ces deserts cette semence secrète
qui germera, quelques années plus tard, pour produire un
peuple d'adorateurs en esprit et en vérité, de véritables
enfants de la croix. En vain Hérode s'agitera sur son
trône; ses juiissaires sur les traces des fugitifs se croiront
un moment sur le point de les saisir ; encore un instant,
et ils vont mettre la main sur eux. Mais Marie et Joseph
avec leur précieux enfant s'appuient contre un arbre pour
se reposer, et voila que le tronc de cet arbre, d'après la
tradition, s'enti ouvre pour les recevoir, les dérober aux
regards et les mettre en lib'rté lorsque les émissaires re-
nonceront à leur poursuite inutile ; et c'est cet arbre que
nous avons sous les yeux! Avec quelle émotion nous nous
agenouillons sur ses racines, nous appliquons nos lèvres
sur son écorce, nous palpons son tronc de nos raains.
L'arbre de la Vierge est aujourd'hui renfermé dans un
jardin, la propriété du gouvernement Egyptien, mais qu'on
nous permet facilement de visiter. C'est un Sycomore, c'est-
à-dire une espèce de figuier, Ficus spcomorus dont le tronc
déformé, en partie évidé et mesurant dix-huit pieds de
circonférence, se partage à peu de distance du sol en troiîà
252 LE NATURALISTE CANADIEN
grosses branches fournissant une mafS3 considérable de
A'erdure. Nous dét^irions beaucoup en prendre qu^h^ues
feuilles pour notre herbier, mais nous n'osions le f lire dans
Ja crainte d'offenser les gardiens, lorsqu'un jeune homme
de notre troupe, moîitant sur la clôtait», détacha une por-
tion coJisidérable de l'extrémité d'une branche, qui put
satisfiiire le désir d'un chacun. Nous avons pu depuis
nous procurer de ses fruits ; ce sont des Hg-ies beaucoup
plus petites que celles du commerce ordinaire, avec l'ex-
trémité pointue, en forme de toupie.
Tout près de l'arbre, coule dans des bnssins de pierre,
une superbe source d'eau limpide et rafraîchissante, la
seule source d'eau douce naturelle dit on, dans toute la
basse-Egypte. Nul doute que la mère de Jésus lit un
usage journalier de l'eau de cette source durant son séjour
en ce lieu.
Le vice-roi d'Egypte offrit l'arbre de la Yierge avec
son jardin à l'Impératrice Eagénie, lors de sa visite en ce
lieu, mais pour des considérations politiques dont nous
n'avons pu nous rendre compte, la pieuse Impératrice
crut ne pouvoir accepter le cadeau.
Nous rentrons en ville peu après dix-heures, c'est-à-
dire n'ayant guère que le temps de prendre notre dîner
et de préparer nos malles pour le départ.
Bien qu'il y ait <les chevaux, des mulets et des a oiturps
au Caire, la monture la plus ordinaire est cependant le
baudet ; on en compte 40,000 dans la ville, et riches et
pauvres en font usage, depuis le fellah avec ses pieds nus
et sa chemise en guenilles, jusqu'à la bourgeoise musul-
mane, qui, à califourchon et couverte de son grand voile,
ne laisse voir que ses yeux et ses bottines de cuir jaune.
Voulant essayer de cette monture avant de quitter la ville,
nous en faisons venir deux pour nous conduire à la gare.
Nous confions nos petits saes aux sais chargés de les con-
duire et enfourchons les aliborons. Nous sommes à peine
en selle, que nos gamins se mettent à fouetter leurs bêtes ;
elles prennent aussitôt vin galop fort désagréable par ses
secousses ; nous répétons à notre sais d'avoir à retenir son
fouet, que nous voulons aller plus doucement; il croit que
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM 253
lions demandons le contraire et redouble ses coi"i\">s. Nous
allions viier de bord pour faire entendre raison à notre
stnpide gamin, lorsque tout à co ip, la bête de M. Boldnc
s't'javre sur un pavé glissant et étend son cavalier sur le
trottoir, aux grands éclats de rire de la bande de gamins
cjni nous suivent. Mais la chute était sans conséquence,
on se remet aussitôt en st lie et on réu'^sit à faire cora-
])ren(lre à nos conducteurs que nous désirions une allure
plus lente et plus paisible ; au^si nous parvenons de ce
point sans encombrt' à la gare. Ces petits ânes bien con-
duit.s, sont sans contredit d^^s montures des plus agréables
et des moins fatigantes; ajoutons qu'on se les procure pour
une bagatelle. Pour un franc on peut chevaucher ainsi
une grandiî demi-j)urnée.
A ll|h. le train s'ébranle et nous volons à l'Est vers
Ismaïlia. Quelques minutes seulement après avoir laissé
la g.ire, nous uous trouvons déjà en plein désert. C'est
une plaine sablonneuse nue la plupart du temps, ou pré-
sentant deci de là quelques touffes d'arbrisseaux rabougris
que broutent des chèvres ou des moutons. A notre droite
nous laissons le Mokattara, cctie montagne au pied de la-
quelle' s'étend la célè'ore forest pétrifiée, c'est-à-dire où l'on
trouve dt'S arbres reîiverséS; des troncs mesurant de 30 à
40 pieds de longueur, avec branches, rameaux, écorce, le
tout siliciUé, changé en pierre. Nous avons fort regretté de
n'avoir pu la visiter. A notre g:îuche, c'est Héliopolis que
nous venions de visiter, dans cette terre de Gessen que
cultivèrent les enfants de Jacob, dont la descendance
forma le peuple de Dieu, chez lequel prit naissance le
Sauveur des hommes.
Quelle immense solitude que le désert ! quelle dé-
sespérante monotonie! quelle décourageante aridité! La
plaine sablonneuse s'est ondulée comme l'élément liquide
agité par une brise légère. On dirait une mer saisie par
un froid violent qui l'a figée instantatiéinent avec toutes
ses aspérités, ou mieux encore, moins la couleur, nos
plaines boréales couvertes de neige, à surface striée et
sculptée exactement de la même manière.
Mais si le désert en général nous ennuie par sa nudité,
sa monotonie constante, sans même nous éblouir, nous
254 LE NATURALISTE CANADIEN
frapper comme la mer par son immensité, qui nous plonge
dans le vague, nous enlève aux réalités de la vie physique
pour i^ous égaror d ns des rêveries sans fin, nous dominer
par les seules voix d'éléments sans contrôle et sans limites
il n'eu est pas ainsi de celui que nous traversons en ce
moment. Rien de plus facile que de le peupler, par la
pensée, de tous les grands personnages qui ont marqué de
l'empreinte de leurs pieds le sable sur lequel nous volons
en ce moment emportés par le souffle de la vapeur. Le
désert qui sépare l'Afrique de TAsie, est, dit le F» de
Damas, " le chemin royal de la gloire." En effet, les plus
célèbres personnages de tous les âges, tant anciens que
modernes, ont marché sur ces sables, sont passés par ici.
Abraham, le père des croyants, avec son épouse Sara qu'il
donnait pour sa sœur pour mettre sa beauté à fabri des
poursuites des Egyptiens; Jacob, le père des tribus disrael,
venant y embrasser de nouveau le his de Rachel qu'il
croyait avoir été dévoré par une bête féroce; Sésostris
avec ses soixante-mille chevaux qui s'en reviennent
chargés des immenses richesses qu'il a enlevées à Salomon
pour en gratifier l'Egypte ; Nabuchodonosor, roi de Baby-
lone, qui est envoyé par le Seigneur, pour châtier l'Egypte
et détruire Memphis ; Cambyse, roi de Perse, le meurtrier
de son frère, l'époux incestueux de ses deux sœurs, vient
aussi à son tour faire la conquête do la terre du Soleil !
Mais voici le plus grand conquérant des temps anciens, la
terre se tait en sa présence, dit l'écriture, c'est Alexandre-
le-Grrand qui part de la Macédoine, rase Gaza en passant,
et vient jeter les fondements de la ville qui portera sou
nom et gardera ses cendres. Voyez paraître encore la
voluptueuse Ciéopâtre dont les charmes subjuguent les
héros de Rome. Antoine qui s'en va avec elle faire la
guerre aux Parthes. Hérode le grand qui se soumet à
Octavien, puis Mahomet, Saladin, Omar etc., etc. Mais
voici que se présente un étendard avec un signe tout dif-
férent de tous ceux qu'ont portés ceux des conquérants
de ce pays jusqu'à ce jour; c'est celui de la Croix et à sa
suite Beaudoin qui vient rendre ici le dernier soupir. A
l'ombre de ce nouvel étendard, remontons iiii peu ce
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM 255
désert et voyons une nombreuse armée de conquérants
d'an nouveau genre, étalant les trophées de nombreuses
victoires qu'ils ont remportées, non pas sur des nations
rivales, des puissances étrangères, beaucoup plus difficiles
que celles-là, sur la chair et ses convoitises, le monde et
ses promesses, les plaisirs et leur inanité. Ce sont les
Antoine, les Paul, les Pacôme, qui s'en vont peupler les
plaines arides de la Thébaïde. et fonder un royaume nou-
veau à Jésus-Chrit. S. Jérôme affirme qu'on compta
50,000 tête à une réunion annuelle, des seuls enfants de
IS. Pacôme»
En ces temps là, nous dit M. de Montalembert, '' c*était
une sorte d'émigration des villes au désert, de la civilisa-
tion à la simplicité, du bruit au silence, do la corruption à
l'innocence. Une fois le courant établi, des flots d'hommes,
de femmes, d'enfants s'y précipitent, et y coule pendant
un siècle avec une force irrésistible. Citons quelques chif-
fres. Pacôme, mort à 56 ans, compte 3,000 moines sous
sa règle ; ses monastères de Tabenne en renfermèrent
bientôt 7000. Rien n'était plus fréquent que de voir deux
cents, trois tents, cinq cents monies sous un seul abbé.
Près d'AvTinoé (aujourd'hui Suez), l'abbé îSérapiou en gou-
vernait 10,000, qui, au temps de la moisson, se répandaient
dans la campagne pour scier les blés etgagner ainsi de quoi
vivre et faire l'aumône. On va jusqu'à affirmer qu'il y
avait en Egypte autant de moines au désert que d'ha-
bitants dans les villes. Les villes même en étaient inon-
dées, puisqu'on 356 un voyageur trouva dans la seul ville
d'Oxyrynchus, sur le Nil, 10,000 moiues et 20,000 vierges
consacrée à Dieu.
Et comme s'il était de règle que tout les grands génies
du monde payent leur tribut à l'Egypte, voici que l'Alex-
andre des temps moderne, Napoléou, vient lui-même faire
retentir de son nom la terre des Pharaons. Et les Marc,
les Athanase, les Cyrille, les Origène, que d'autres encore
pourrions-nous mentionner qui sont passés par ces plaines,
ont comme nous traversé ces déserts.
Nous sortons du Caire par la même ligne qui se dirige
sur Alexandrie; à Béna, nous laissons cette ligne qui tra-
256 LE NATURALISTE CANADIEN
verse ici la brandie est du Nil, ponr prendre une direc-
tion opposée, allant direGtpni''nt à l'E-f. A Zagazig nous
coupons lo canal qui amène l'eau dii Nil n Ismaïiia et de
là à Suez, car toute l'ifhsuie est privée dVau douce, ses
sources ne donnant qu'une eau saumâtre impotable. Ce
canal a 60 pieds de large ir, 7 de profondeur et 50 lieues
de longueur, car l'une de ses branches part di Caire
même, et se réunit à l'autre qui part de Zagaziii- pour se
diriger à Ismaïiia et de là se rendre jusqu'à Suez sur la
mer Rouge. On continuera bientôt une autre branche
jusqu'à Port-Saïd, car les conduits en fonte qui à présent
lui amènent l'eau d'ism aïiia, sont depuis longtemps re-
connus insuffisants.
A 5h. P. M, nous de'>cendions dans la gare d'Ismaïlia
sur le canal même de Sue z et au milieu de sa longueur.
(Â continuer.)
SOCIETE FRANÇAISE DE BOTANIQUE.
Des botanistes français éminents se .«ont entendus dernière-
ment poiu' former une nouvelle société de Botanique qui pût
être d un accès pins facile que l'ancienne Société Botanique de
France qui exige 30 francs de (^ontiibniion annuelle de la part
de ses membre-s, et ont adopté le nom de Société française de
Botanique. Le but de cette Société est de concourir aux progrès
et aux applications de la science des plantes en publiant les
travaux de ses membres.
A cette fin la Société publie nue Revue mensuelle à la-
quelle tous les membres sont in vives à collaborer.
La contribution annuelle est fixée à 10 fr. et cette coti-
sation donne droit en même temos à la réception de la Revue.
Tous les botanistes, tant de France que de l'étranger sont
invités à faire partie de la Société.
La Société lïadmet dans sa Revue aucun écrit faisant al-
lusion, soit à la politique, soit à la religion.
La Société ne prenant d'opinion pour aucune des écoles,
publie les travaux sons la responsabilité entière des auteurs.
Voici quels sont les membres du Comité Provisoire de la
Société.
MM. Dr E. Tison, lauréat de la faculté de médecine à Paris.
Al. JoriJan, à Lyon.
I)r X. Gil lot, à Au tun.
H. Olivier, à Autheuil.
G. Bouvet, à Angers.
5ccrefaire; A. Lucante, à Courrensan (Gers).
Trésorier : Em. Sarromejean, ù Cacarens, par Lannepax (Gers)
I_.E
p%-r"'-r"'''2'^"^^'ii"ii''"'j>>'''T">si^"f ^^^^'f^-^^r-W'%^'YW'^'^^
Vol. XIII.- 9. CapRouge, Q., SEPT. 1882. No. 153
Rcdacteiir: M. I'AbbC PRDVAM'IIER.
FAUiXE CANADIENNE
(Continué de la page 242.)
17 G-en. Sphécode, Sphecodes, L-àir.
1 été courte, transversale. Palpes m.^xillaires de 6 ar-
ticles, les labiaux de 4. Aiitemies coutlées dans le.s 9,
simplement arquées dans les J*. Eeusson peu saillant,
mutique. Cellule radiale se terminant en pointe, celle-ci
écartée de la côte et un peu appendiculée. Trois cellules
cubitales fermées, la 1ère aussi grande (]ue les 2 suivantes,
la 2f' la |)lus pet te, en cirré, recevant la 1ère nervure ré-
cuirei;tt', la 3e rétrécie roitement veis la radiale vi r.ce-
vant la 2e récurrente. Epines des j inibes siuq)les ; cro-
chfts des tarses bdides.
Insect» s de inovenne taille, pa'-asites des Andrèiies et
des Halictes autour des trous des quelles ou les voit sou-
vent voltir^er. Une seule espèce rencontrée.
Sphéccde à-2-CDuleurs. Sjihecoies dichroa, Smith B it.
Mus Cat. 1, p. 38.
Ç — Lonjr. .32 pce. Noire nvoc l'iibiloinon r.Mue ; li f ice ;iveo
aiie légère pube.-ccnce «rri^âtie. D.)-* du ihor.i.x poli, biiil.iiit, à jmiio-
tnations peu den.ses, une liirne de davct b un eu îinièœ de rocu-sou ;
le métatborax fortement rugueux, subaivéolc, sou disque séparé du
258 LE NATURALISTE CANADIEN
reste par un rebord. Eciiilles ulaires noires ; ailes subhyiilines, les
nervures noives. Pattes noires avec une légère pube.-cenc3 grisâtre.
Abdomen elliptique, poli, brillant, d'un beau roux avec l'extrémité
noire. — C.
Capturé au CapRonge et à Si-Hyacinthe.
19 Gen. Prosopis, Prosopis. Fabr.
Tête transversale, ocelles en triangle sur le A'ertex.
Antennes comtes, simplement arquées Mandibules sans
dents ou simplement échancrées au bout. Palpes maxil-
laires de 6 articles, les labiaux de 4, tous à la suite les uns
des autres. Ecusson un peu convexe, mutique. Cellule
radiale un peu appendiculée. D.'ux cellules cubitales 1er.
mées, la 1ère un peu plus grande que la 2»', celle-ci rece-
vant les 2 nervures récurrente.*, la 1ère de celles-ci faisant
suite à la lèie nervi re transversale ou l'approchant de très
près. Epines de toutes les jambes simples ; crochets des
tarses unidentés,
Insectf^s presque eiîtièrement dépourvus de pubes-
cence, abdomen elliptique. Deux espèc *s rencontrées.
Pattes noire» sans aucune tache 1. baSElliS.
Jao bss postérieures aiinelées de blanc à la base 2. affinis.
1. Prosopis aux-ailes-à-base-claire. Prosopis basalis,
Smith, Brit, Mus Cat. i, p. 23.
Ç — Lonpr. .33 pce. Entièrement noire, la tête et le thorax
opaques, tiè-i finement ponctués. Mandibules longues, se joignant pir
la pointe en lai-sant un vide au des-ous du labre, orbites supérieurs
avec un petit >ii!on tout près des yeux. Tubercules avec une ligne
courbe de cils argentés. Mésothorax i npressiomié au milieu en avant.
Ecailles alaircs noirâtres, les ai es subhy dines, légèreuient ob>cares au
milieu, claires à la base, les nervures nou'es. Pattes noires sans au-
cune tache, les tarses avec une légère pubescence blanchâtre, les cro-
chets rou^^âtres. A')domeii poii, brillant, le 1er segment avec une
ligne de duvet aigenié de ch iqne côté, le 2j impressionné transversale-
ment au milieu, près de la base.
(^ — La f.ice au dessous des antennes de môme que la moitié an-
térieure du ?cipe (jui est fmtenient dilaté en cœur et concave en des-
sous, jaune ; le pavillon est inséré au milieu di scape dilaté. Les
jambes antérieures en avant, les intermédiaires, la base des postérieures
avec le picmicr ai tic. o des taises de ces deruicres, jaune.
XXII — APIDES 259
La dilatation da scape des antennes de cette espèce
est tout-à-fait remarquable.
Capturée à St-Hyacin<he, à Chicoutimi, etc.
2. Prosopis alliée, frosopis affi/iis, Smith, Brit. Mus
Cat. p. 24.
Ç— Long. .23 pce. Noire, une tache orbitale triangulaire au
desso'is des îintenne?, un eligne de ch;iqiie côté sur le collier, manquant
quelquefois, les tubercules, avoc un anneau à la base des 4 jambes pos-
ti^rieures, blanc-j t'uiâtre Tête et thorax opaques, finement ponctués,
l'abiloraen poli, brillant. Métiithornx alv«^olé sur le di-que. Ailes sub-
hyalines, plus claires à la base. Abdomen avec une petite ligne de
duvet ar^ento, de chaque côté au so^nuiet du premier segment ; l'ex-
trétiiité avec quehjues poils noirs. — C.
cf — Avoc toute la face, les tarses, le devant des jambes antérieures,
et une large anneau à la ba^edes 4 juubes postérieures, blanc j tuuâtre.
Fam. XXII. APIDES. Apiclœ,
Tète courte, transversale ; ocelles en triangle sur le
vertex. Antennes insérées vers le milieu de la face, fili-
formes, coudées, le 2e article très court, nodnieux.
Lmgne presque cylindrique, liés longue. Chaperon
allongé; labre transversal.
Thorax court, robuste, ordinairement très velu.
Ailes aveu une cellule radiale allongée et 3 cubitales
fermées.
Pattes moyennes; les jambes postérieures avec ou
sans épines à leur extrémité, munies d'une corbeille, c'est-
à-dire avec leur face externe aplatie, dilatée, nue et bordée
de poils pour la récolte du pollen; le premier article du
tarse fort long et dilaté à l'angle externe de sa base eu
forme d'oreillette pointue ou mutique, muni d'une forte
brosse on dessous, et d'une ctrbtille semblable à celle de
la jambe.
Abdomen sessile, obtus à son extrémité, toujours plus
ou moins velu muni d'un aiguillon redoutable dans les ?.
Des mâ'es pourvus d'ailes, des f.'melles fécondes et
des femelles infécondes ou ouvrières. Insectes sociétaires.
260 LE NATURALISTE CANADIE^
Larves aj-'odes, se nourrissant de miel qne les ou-
vrières on femelles ini'< condes leur dégorgent dans la
bouche, ou d'une pâtée de pollen et de miel qu'on met à
leur disposition.
Les insectes de cette famille sont les ]-)lus ancienne-
ment connus pour avoir été exploités par l'homme. Vivant
en sociétés pérennes, c'est-à-dire de longue durée, ils font
pour la saison rigoureuse, des provisions de miel que
l'homme a su leur ravir dès les temps les i)lus anciens. La
cire aussi qui seit aux abeilles dans la construction, ou
plutôt l'aménagement intérieur de leurs demeures, a été de
même utilisée par l'homme dès les temps aiicitns Et
comme le Créateur a tout mis ici bas à la dis[)osi!ion de
l'homme, il a peimis que l'abeille, avec un no ubre assez
restreint d'autres insectes, put et le soumise à la dom^'sti-
cité pour le plus pvand avantage de son posse.^seur ; do
telle façon qu'aujouid'hui cet utile ins< de, tibandonné à
lui-même, ne pourrait qu'avec peine se conserver l'exis-
tence, ou du moins ne parviendrait jamais à cet état floris-
sant, à cette multiplication étonnante qu'il atteint ^ous les
soins de l'homme.
Cette intéressante famille, assez restreinte en genre»,
se bornerait pour nous aux seuls génies Bt)urdon et Àpathe,
si la domestication de l'Abeille n'avait au-si permis de la
faire prospérer même sous notre climat.
Jambes postérieures sans éj.ines à rextrétnité 1. Ap;«.
Jambes postérieures avec 2 épines à l'extrémité;
Mandibules niuUidentées 2. BoMBUS.
Mandibules avec une seule cocbe 3. A patuus.
1. Gen. Abeille, Apis, Linné.
Ailes avec une cellule radiale étroite et fort lonn^ue
d'égale largeur dans toute sa longueur, son bout posté-
rieur arrondi et séparé de la côte ; 3 cubitales fermées, la
2e très rétrécie vers la radiale, très allongée du côte exté-
rieur, recevant la 1ère nervure récurrente, la 3e étroite,
oblique, recevant la ze récurrente ; la 4e seulement com-
mencée. Jambes postérieures sans éperons. Une dent à la
xxTi, — APrcEs. 261
bnsf^ dt^ l'angle extéiienr du 1er article du tarse postérieur.
Crochets di'S tarses bilides.
insectes intioduits de l'ancien continent, formant des
soeiéfés très nombreuses pérennes, c'esl-à-dire durant plu-
sieurs années. Chaque f-ocii'té composée d'une seule
femelle féconde cjuon désigne par le nom de Reine ou de
Mère, d'un grand nou)br<', souvt-nt plusieurs milliers, de
femelles infécondes ou ouviières, et d'un certain nombre
de m.âles ou frelons. Comme les Mèies, les Ouvrières et
les Mâh'S ont des fonctions diflértiites à remplir, leur orga-
nisation est aussi un peu différente.
La Mère seule est chargée ou plutôt douée de la fa-
culté de pendre des œul'ï; jiour la perpétuité de l'espèce;
aussi la ponte est-elle pour ainsi dire sa besogne de chaque
jour. Chargée d'un grand nombre d'œufs, elle a pour cette
fin l'abdomen beaucoup plus développé que chez les ou-
vrières, sa longueur doublant souvent celle de ces der-
nières. Ne tiavaillant point, elle n'est point pourvue des
instruments du travail ; ses pattes postérieures sont dépour-
vut-s de ces palettes propres à l'ouvrière {)our la récolte du
pollen, ses jambes et ses tarses sont convexes et garnis de
poils à l'extérieur. Elle dépose ses œufs dans les alvéoles
que les ouvrières construisent à cette fin. Supérieure et
lieine de la communauté, tons s'em pre.- sent de lui mon-
trer en toute circonstance des marques non équivoques de
respect et de soumission : on s'écarte à son passage, on lui
fa-t hi t(.ilette, et on lui présente f-a nourrituie, presque en
tremblant, en go ttehttesdu miel le plus pur, au bout de
la langue que l'on allonge vers elle à cette fin.
Chirgée seule de la reproduction, elle connait elle-
même les difTt'r.'Uts genres d'œufs qu'elles pond et les dé-
pose daiKs les alvéoles propres à chaque lin qu'ont prépa-
rées les ouvrières : quelques uns devant donner nais-
sance à d'autres lîeines pour Ibrmer de nouvelles sociétés,
le plus o-raiid nombre à des ouvrières, et d'autres enfin à
des mâles On dit qu'une seule Mère peut poiuire de
50,000 à 75,000 œuls dans une seule saison. La Mère ne
sort au ornnd air que quelquefois seulement dans sa vie,
la première lois lorsqu'elle s'est séparée de la société pour
è62 LE NATURALISTE CANADIEN
aller formpr nne société nouvelle, et ensuite pour la ren-
contre des mâles dans les airs pour la fécondiition, ce qui,
assure-t-on, n'arrive qu'une fois dans chnque sait^on.
Des trois sortes d'habitants qui composent une fumille
ou société d'A6eilles, les Ouvrières so t les pins petites,
étant dépassées en taille et par la mère et par les mâles.
A elles incombent tous les travaux de l'habitation ; con-
struction de la demeure, ou du moins son nménai^einent
intérieur, construction des alvéoles pour les provisions et
l'élevage des larves, récolte et transport du miel, du pollen,
du propolis et de la cire, les soins ordinaires de propreté
dans la demeure, son aeration, sa défense contre les enne-
mis etc.
Les provisions que les ouvrières doivent récolter pour
les besoins de 1 habitation sont donc de quatre sortes,
savoir : propolis, cire, pollen et miel.
Le propolis est une matière résineuse que 1 -s Abeilles
récoltent sur les bourgf^ons des arbrt^', tels que bouleaux,
peupliers etc. Il leur sert comme de ciment pour fermer
les fentes et les trous s'il s'en trouvait quelque p.irt dans
l'habitation, afin de la mettre complètement à l'abri des in-
tempéries de l'air. Les Abeilles dans les ruches que nous
leur cffrons trouvent de suite une demeure presque com-
plètement à l'abri de l'air extérieur, mais à l'état de na-
ture, lorsque ce sont les cavités des arbres qui leur servent
de retraites, elles sont obligées d'employer b.'aucoup plus
de propolis pour la disposition convenable du logement.
La cire qui sert à la confection des alvéoles dont se
composent les gateaux qui remplissent les ruches, est un
produit p'irticulier des Abeilles, c'est le résidu de leur
transj>iration ou transsudation qui se dépose en forme de
lames très fines sous les arceaux ventraux de leur abdo-
men. La dent dont est pourvu l'angle du premier article
de leurs tarses postérieurs, est spt^cialement de.-tinée à
extraire ces lames de cire des arceaux de leur abdomen.
Ces lames ne sont encore sans doute que la matière brute
de la cire, car une lois retirées au moyen de leurs pattes,
elles les portent à leur bouche et les pétrissent en tout sens
en les humectant sans doute d'une liqueur particulière.
XXTT— APIDES. 263
puisque ou los voit aussitôt changeur de coaleur et de con-
sistance.
Les gatenux dans les ruches sont des plaques verti-
cales portant de chaque côté les alvéoles hex;igonales qui
les composent. Ils sont placés les uns à L» suite des autres
à une distance suffisante pour que deux abeilles puissent
s'y rencontrer.
C'est dans les alvéoles de c^s gateaux que les ou-
vrières déposent ici le miel et là le pollen qui serviront à
la nourriture de la famille. C'est aussi dans ces alvéoles
que les mères déposent leurs œufs pour la génération qui
doit suivre.
Le miel est recueilli sur les fleurs par les ouvrières au
moyen de la longue trompe on langue dont elles sont pour-
vues, ingurgité dans I'l'stonfiac et déjjorgé ensuite dans les
alvéoles. Les ouvrières seules font la récolte du rniel, car
la mère et les mâles qui s'en nourrissent exclusivement, ne
vont jamais le chercher au dehors.
Le pollen qui est la poussière que renferment les an-
thères des fleurs sert particalièreni >nt à la noariilare des
ouvrières et entre en certaine proportion avec le miel dans
la composition de la bouillie qu'on sert aux larves; on en
fait des provisions tant pour les larves que pour les ou-
vrières elles-irêmes, lorsque par les mauvais temps elles ne
pourront se répandre au dehors.
Les hirves étant apodes, il faut que les nourrices leur
présentent la nourriture qui leur convient. Et comme à
chique génération il faut une nouvelle Mère, tant pour
obvier à un accident q-n priverait la famille de la sienne,
que pour Ibnder une nouvelle société, 2 ou 3 œufs de Mère,
sont d'ordiuane pondus dans d's loges particulières. Ces
loge sont le plus souvent le double de la grandeur des autres,
et même il arrive parfois qu'on lu» les forme qu'en brisant
la cloison entre deux loges contiguës. Les Ouvrières pren-
nent un soin tout particulier de ces M ères-e niants, elles
leur prodiguent une nourriture et p'us ab omlaiite et plus
pure pour qu'elles puissent acquérir toute leur perfection.
A féclosion de ces nouvelles Mères, on met à mort celles
qui étant surnuméraires deviennent ainsi inutiles.
264 IE NATtTRALISTE CANADIEN
La nonvelle éclosion donne d'ordinai^'c un tel snroroit
d'hal)it;ints qu'ils ne peuvent plus loger tous dans la ruche,
aussi les voit-on le soir se tenir en masse plus on moins
considérable sur les parois extérieures. A un moment
dojiné, ordinairement après deux ou trois jours, Cf nouvel
essaim avec sa nouvelle Mère, abandonne l'ancienne de-
meure et s'élance dans les airs pour aller se lixer quelque
part ailleurs et y fonder une nouvelle société. C'est alors
que le propriétaire s'emj>vesse de recueillir cette nouvelle
famille et lui fouiuit une ruche nouvelle pour sa demeure.
La sortie des essaims n'a jamais lieu (jue jiar un beau tt^raps
et toujours entre neuf heures du matin, et trois de l'aprés
midi. L'essaim dans les airs produit un bourdonn*'mtmt
qu'on entenil à une assez grande distance. Les Abeilles
volent toutes en se croisant en tout sens, et la masse jirin-
cipale s'en va se d''pl^)ç;irit de ci de là suivant la direction
que prend la Mère qui en forme comme le centre. On
leur lance du sable, on les asperge d'eau et on bit du tam-
bour pour leur l'aire croire à nu oraQC^" et les engager à se
mettre à l'abri. Du moment que la Mère s'est posée quelques
part, toutes viennent s'abattre sur l'endroit <ù elle s'est
fixée, une^branche d'arbre, une perche de clôture etc., se
tenant toutes les unes les autres par les pattes de manière
à Ibrmer une masse d'un volume considérable, pouvant
former de un à deux gallons. C'est alors qu'mi leur jiré-
sente la nouvelle ruche dans laquelle elles se rangent
bientôt, et le soir arrivé on les transporte au lieu où on
veut les conserver.
Les mâles ou Frelons ne récoltent point, ne travaillent
point, comme ils sont souvent assez nombreux et qu'un
seul d'entre eux ett néces^aire, les Ouviières savent s'en
défaire en les mettant à mort. Nos abeilles domestiques
se rangent toutes, pensons-nous, d.ms l'espèce suivante.
Abeille mellifère, Apis, mellifera, Linné.
D'ut) brun iioiiâtn^, à poils d'un ccmlrô rou^.-âtro, plus noiiibrcux
sur 1(! thorax. B l^e di\s 3 ■, 4) et 5i .>*C2ii)onts abdominaux portant une
li>ièie otioite de [oils baiicliâtie.-. Ailes transparentes, nervures
brunes.
Miro Ç - Long. 80 pcc. Antennes d'un brun rous^âtre en des-
XXTT.— APIDES 265
pons. Vertex nvec foils noirs, lonps. Abdon^on nllon£ri.<. coniqiip, noir,
d'un roux Insn et iiss'z velu en dessous. Pattes antérieures noires^ à
poils cendiés, leurs tarse? d'un roux brun ; les interjuédiaires avee le
bout (les jambes et les tarses roux ; tes i osti^rienres rousses, arec les
cui>ses noires et les jambes brunes. Ailes plus courtes que l'abdomen.
Ouvrière g — Lonp. 48 i ce. Bout du drrnicr article des antennes
seul brun roussâtre. Pattes noires, avec foils des jambes et des tarses
loux. Ailes aussi longues que l'abdomen.
Mâ'os çj^ — TiOn<r. 55 pc:>. Antennes entièrement noires ; 5e et 6e
seirmeuts de l'abdomen bien garnis de poils noirs. Pattes noires. Ab-
domen très obtus, défasse par les ailes.
I^es inâh^s qu'on voit surtout vors l'antomne se recon-
naissent l'iicilernent au vol ; contrairement aux ouvrières,
ils se tiennent dans une position verticale dans le vol. Ils
ne volent d'ordinaire qu'autour des ruches.
2. Gen. Bourdon, Bombus, Fabr.
Des femelles f'^condes, des femelles infécondes et des
mâles, tous pourvus d'ailes. Cellule radiale étroite, lons^ne,
ayant le bout séparé de la côte ; 3 cubitales fermées, la
1ère presque entièrement séparée en deus par une nervule
transverse, la 2e élargie à sa base du côté ititerne et rece-
vant la 1ère nervure récurrente, la 3e élargie à sa base du
côté externe et recevant la 2e récurrente; la 4e n'étant pas
même commencée. Jambes postérieures avec 2 épines à
leur extrémité, munies d'une corbeille de même que le
premier anicle de leurs tarses, celui-ci dilaté à l'angle ex-
térieur de sa base en forme d'oreillette pointue. Corps
très velu.
L>>s Bourdons forment des sociétés comme les Abeilles,
mais avec cette difference que chrz eux ces sociétés ne sont
qti'annuelles et non pén-nnes. iSeules les femelles fécon-
dées résistent à l'hiver, tous les autres périssent.
La femelle fécondée qui a passé l'hiver dans la terre,
dans un creux d'arbre etc., se montre de bonne heure au
printemps et commence presque aussitôt à préparer sa
dem» ure qu'elle établit, suivant les espèces, dans la terre,
sur le sol, sous des herbi s etc. La première ponte lui don-
nent des ouvrières qui s'occupent aussitôt à agrandir la
266 LE NATURALISTE CANADIEN
dcmonro ot A pourvoir anx provisions. Lps larves des Bo'ir-
dons sont nonrrie^s av^c une» i)âtée de pollen et de miel, et
non avec nm» bouillie comme ce les des Abeilles. La Mère
dépose ses œnt's dans ntie boul«' de cette pâtée, et les
larves aussitôt éclost-s la lonjrent d'elle!--niêines. A mesure
que la provi^i'ni de l'intérieur de la boule diminue on
aji'Ute de nouvelles niasses à l'extérieur, et de là ces» formes
irrégulières que présentent les nids. Les larves parvenues
à mîiturilé se filent elles mêra^^ nue coque dans laquelle
elles s'enf(»rmpnt pour subir la métamorphose.
L»'s B)urdons forment aussi liMirs log 's <le cire, mais
cette cire d'an gris jaunâtre, est d'une toute autre nature
que celle des abeilles, elle n» fond pis étant chmff'e.
Commis ces iiisectes périsstMit pour la plupart à l'automne,
et que d'un autre côté b>s femelles fécondées qui hivernant,
le font dans un état d'engourdissement sans prendre de
nonrritur»^ les provisions de miel qu'on trouve dans les
nids des Bourdons sont d'ordinaire peu considérables. Les
mâles, plus petits que les 9, se montrent d'ordinaire vers
Tautomne.
Les femelles et les ouvrières des Bourdons sont pour-
vues d'un aiguillon redoutable, mais elles sont beaucoup
moins jiromptes que les Guêpes à en faire us.ige, et on
peut beaucoup plus facilement s'en garer, vu surtout le
vol lourd et les allures peu dégagées de ces insectes. 4
espèces rencontrées.
Thorax entièrement jiune 1. COnSiUiilis.
Thoiax j lune traversé d'une bande noire ;
Abdomen jiune et noir ;
Les 4 premiers sesmcnts jaunes 2. ferv'dns.
Les segments 2 ot 3 jaunes 3 terricola.
Abdomen j lune, roux et noir 4- ternarlUS.
1. Bourdon semblable. Buinbus consimilis, Cress.
Proc. Eut. Soc. Phil, iii, ]>. 41. .
9 § — Loiifr, .55 pce. Noir avec pubescence jaune. La face noire
avec une touffe de poi!s jaunes sur le vertex et au dessous des antennes.
Th'>rax eiitièreiuent j luiie. Ailes subhyiline^, un peu plus obscures
près de la côte. Pattes noires avec poils noirs, les tarses roux en des-
sou.s. Ab lom 'n court. subi,Hob deux, les 2 segments basilaires jauunes,
le roote uoir, veutre uoir — AC.
XXIT— APIT>ES. 267
cf — Av'^cle chipf^ron et lo l.ibip jnine-:, le scrrpa d^'« ;int nnes
au?>i t idle (Ir j lime on dcs-ou*.
2 Bourdon arr^ent. Bumb//sfer>jid//.<,Y hr Proc Ent.
Soc. Phil, il, p. 93.
$— Loriîr. .80 r ce. Tête noire, Thnr;ix jaine sur lo (lis et les
cô't^.«, !ivec une b Hide noire entre les ;iilfs ; ctflle^ci liy i ities-brunes,
foncées vers Ir côte Pattes noires, l.i bro>se des tnr-es i ostérieurs
rousse. Abdomen j nine en-dtssiis, excepté leg 2 derniers segmenta
qui !-ont noirs. — C.
Var. Le jiune plus foncé ; la b'lnde noire <lii thorax plus large,
et la fice ainsi que le vertex avec jUeLjues poils jaunes.
§ — Même coloration.
d^ — Tête jiune sur le front et le vertex, le thorax d'un jaune
rou*'âfre en dessus mêlé de blinc sur les flincs. Ailes subliyaiines.
Le>' 4 premiers se;j:nients abdominaux j lunes avec la ba,-e du 5'.
3. Bourdon terrieole. Bombus lerricola, Kii by, Proc.
Ent. Soc. Phil. ii. p. 99, ?c^.
$ — Long. .80 pce. Tête noire. Thorax avec la portion anté-
rieure jaune, le reste noir, excepté (]Ut'li|Uos poils jiunes mêlés aux
noirs sur l'écasson. Ailes brunâtres, plus foncées vers la côte. Pattes
noires, les cuisses avec poils bruns en dehors, la brosse des tarses pos-
térieurs rousse. Abdomen noir, avec les segments 2 et 8 jaunes, de
même que le sonjn,et du 5e. — C.
§ — Même coloration.
J* — Ijûncr. 60 pce. La tête avec poils jaunâtres sur le vertex et
une touffe au-dessous des antennes de poils entremêlés jaunes et noirs.
L'écusson sans poils jaunâtres; les caisses avec poils jaunâtres en
arrière.
4 Bourdon à-3-couleurs. Bombm ternaiiiis, Say, Say's
Ent. ii, p. 788.
Ç — Long. 70 pce. Tête noire, plus au moins jaune sur la face et
le vertex. Thorax noir sur le dos au milieu, la partie antérieure, les
côtés avec la partie postérieure, jaune. Ailes brunâtres, plus foncées
vers la côte. Pattes noire , le-> tarses bruns. Abdomen avec les seg-
ments 1 et 4 jaune- citron, 2 et 3 d'un fauve brillant, et le reste noir;
le dessous noir. — G.
(5^ et 5 avec la mêuie coloration.
Le pvomior de nos Bonvdons à se montrer au prin-
temps, dès que ie^ saules sont on fleur.
26S LB NATURALISTE CANADIEN
3. G-en. Apathe. Apnfhits, Newman.
Forme et apparence des Bourdons avec les diver-
gences qui suivent. J:imbes postérieures dépourvues de
corbeille, convexes extérieurement. Premier article des
tarses postérieurs s;ins échaiicrure ni dent à sa base en
dessus. Dans les ?, l'abdomen es^t couibé en dessous à
l'extrémité, et le segment terminal a ses bords mari^inaux
élevés en arrière. Les mandibules n'ont qu'une seule petite
coche, tandis que dans les Bourdons elles sont distincte-
ment dentées. Dans les c?, les jambes postérieures sont
convexes et couvertes de poils épais et serrés, tandis que
dans les Bourdons leur surface est concave avec quelques
poils et frangée de cils aux bords.
Les Apathes n'ont point d'ouvriers ou de neutres
comme les Abeilles et les Bourdons, ils vivent en parasites
dans les nids de ces derniers. Quatre espèces rencontrées.
Abdomen en majeure partie noir ;
Segment Ijiune 1. laborlosus.
Segment 4 et 5 j «unes 2. Ahstoni,
AbJomen en ninjeure juutie jaune ;
Tarses roux, tous les segments abdominaux
jaunes au sommet., 3. elatus.
Tarses noirs, abdomen noir à l'extrémité... 4. CitrinUS.
1. Apathe laborieux. Jipathus laboriosus, Fabr. Ent.
Soc. Phil, ii, p. in.
Ç — Long. 1 pee. Tête noire avec queques poils jaunes sur le
vertex. Thorax jaune sur le dos et les côtés, la pubescence noire
épais.-e sur le disque. Ailes subhyalines violettes, plus obscurcies
vers la côte. Pattes noires. AbJomen avec le 1er segment j «une,
tout le re?te noir. Le 2e segment quelquefois porte quelques poils
jaunes au milieu à la base.
Bien reconnaissable par sa forte taille et sa coloration.
Un seul spécimen ? capturé au Cap-Rouge.
2. Apathe d'Ashton. Apathus Ashfoni, Cress. Pro.
Ent. Soc. Phil. Ill p 42.
$ — Long. 70 pee. La tête noire, le vertex avec quelques poils
jaunes mêlés aux noirs. Le dessus du thorax est jaune en s'c-tendant
de chaque côté en avant des ailes, le milieu du disque entre les ailes
est noir, le reste des flancs et tout le dessous, noir. Ailes hyalines-
BUR LA FECONDATION DES CTPRIPÈDE8 269
fuliirineuses. Pattes noires avec les tarses bruii-roiissâtre à part le
premier article ; les jambes avec le 1er article des tardes sont terminés
par une courte frange jaune-) aie. Abdon)en robuste, b illant, courbtS
en dessous à restrémité, les côtés du 3e segment avec les 4e et 5e
jaune-pâle, le reste noir. Les seguunt 4 et 5 souvent plus ou nioins
noirs, eux aussi, au milieu. — R.
Capturé une seule ç an Cap Roucre.
3. Apathe élevé. Apathus elaius, F-àhr^ Proc. Ent.Soc.
Phil. II, p. 114.
cj — Lonsr. 70 pce. Tête noire, avec poils jiunes au milieu et sur
le vertes; thorax jaune, traversé [)ar une bande noire entre les ailes;
celles ci subhyilines avec les nervures brunes. Pattes noires, les cuisses
avec ongs poils jaune-pâle, les tarses ronssâtres. Abdomen allongé,
toit couvert d'une pubescence jiune dorée ; cette pubes^cence plus
abondante au sommet des segment^, montre tout l'abdomen rayé trans-
versalement do bandes jaunes et brunes, l'anus fauve. — R.
Un seul spécimen capturé à Ste Anne de Lapérade.
4. Apathe jaune-citron. Apathus cilrinus, Smith, Brit.
Mus. Cat. 11, 385.
cf — Long. 65 pce. Tête noire, à poils noirs entremêlés de jaunes
sur le vertex. Thorax j lune citron, le milieu presque noir, et le j lunc
s'étendant sur les flmcs au dessous des ailes. Ailes hyalines, jaunâtres
vers la côte. Pattes noires, les tarses pâles, le dedans du 1er article
des postérieurs doré sous certain jour. Ab lomeu allongé, les 3 pre-
U)i !s segments jaunes, le reste noir, le 4j souvent plus ou moins
jaune sur les côtés.
Un seul spécimen pris au CapRonge.
•'**t^«-ff^4r4f\it\ff ff'^i^-ff^ '
SUR LA FECONDATION DES CYPRIPEDES
(Cunlinuation du la page 221^
J'ai décrit, dans le numéro de juillet, ce qui em-
pêchait un ins«>cte de sortir par l'ouverture .sui)érieare
du tiil)lier lorsqu'il y était une fois entré. Il n'est pas
moins intéressant de remarquer comment il est conduit à
270 LE NATURALISTE CANADIEN
y pénétrer du dehors pir cette ouverture et point par les
autres.
En premier lien, celles qui sont situées sons chaque
anthère lui sont réellement inaccessibles par leurs dimen-
sions, leur t'oime, leur position, en partie c.ichées comme
elles le sont sons les pétales latéraux qui s'inclinent plus
ou moins an-des-us. Ce n'est même pas sans quelque effort
que rinst'Cte peut s'«'chapper par là quand il y arrive de
l'intérieur.
L'ouverture supérieure, tout au contraire, est d'un
abord on ne peut plus facile; elle est au moins six fois plus
gran<le ijue les autres et rien ne l'obstrue. De plus Téta-
mine stérile s'applique exactemejit à droite et à gauche sur
les deux replis triangulaires adjacents du tablier, et Ct>s
trois parties sont déprimées vers le bas en forme de gout-
tière, jusqu'à un quart de pouce environ du fond du tab'ier
où elles ne laissent que le passag • conduisant sous le stig-
mate. Aijisi se trouve formée pour le visiteur ailé une
passerelle des pins coinmodt^s pour lui faciliter l'accès vers
les doux sucs qu'il vient chercher.
En résumé, l'insecte attiré par la couleur brillante de
la fleur, puis alléché par son parfum, y trouve son chemin
tout tracé. Il doit passer d'abord sous le stigmate, y
laissant du pollen dojit il [)eut s'être déjà chai-gé, puis sous
une anthère pour y f lire nouvelle provision de pollen au
bénélice des fleurs qu il ira ensuite visiter. La féconda-
tion croisée est donc à très peu près la seule possible et
elle est sans df)'ite, stdon la règle génér le, la plus lavorable
à la reproduction du Cypripè le, puisque nonsvoyojis tous
leurs organes si admirablement disposés pour am ner ctte
fln.
.fe puis ajouter que, les an lées précédentes, je n'avais
jamais obtenu de Iruit de Cypiipèdes dans moM jardin,
faute naturellement des insectes particuliers à leur habitat ;
mais cette année, j'ai fécondé au moyen de mouches une
fleur de Ci/pripedium pubeacens et une de C spectabile, et
toutes deux ont paifuitement formé leurs capsu'es.
FÉCONDATION d'oRCHIDÊFS 271
SUR LA FÉCONPATION DU CAI.OPOGON PUI.CHELT.US
J'ai été anssi carienx d'cHudior cette Orchidée qu;int
à son mode de fécondation, qui paraissait devoi prrseiiter
des particularités intéressanses, car l;i fleur s'éloigne no-
tablement du type ordinaire dans la même famille.
D'abord, l'ovaire n'étant nullement tordu, comme il
l'est dans presque toutes les autres Orchidées, Télrcrant ta-
blier se dresse verticalement, orne de f-on aigrette de Liiiièn s
jaunes et blanches qui se détachent si agréablement sur le
pourpre brillajit de toutes les autres paitifs de la flei-.r.
La colonne, (jui est à peu près aussi loi <2ue que le t;:l)litr
se projette an contraire en avant en forme de spalule ;ii-
quée se recourbaiit verv« le haut. Elle se termine pur un
petit ronflemeni qui contient l'iiulhèie et dont la face toui-
llée vers le tablier constitue la surface stiuiiiitique.
A l'aide d'une barbe de plume, on peut, dans une fli'.ir
bien développée, soulever l'anthère d'arrière en avant
comme le couvercle d'une boîte, et, en la renversant, on y
voit les masses polliniques d'un jaune vif qui nniplissent
les deux cellules ovoïdes séparées par une mince cloison.
Comme dans l'Orchis, ces masses sont composées de j^rains
réunis par des lils élastiques de la plus grande iijiesse, et
toute l'anthère correspond A celle de i'Oichis que 1 on sujv
poserait repliée sur elle-même, le bord sup rieur des c--l-
lules s'appliquan<^ sur le haut du stigmate, i^eulenient les
ce.'lules sont ici juxtaposées et restent ouvertes ; il n'y a
point non plus de caudicules, et le rétinacle ne consiste
qu'en deux gouttelettes visqueuses à l'txtrémité même des
pollinies, ce qui suffit pour les faire adhérer instant iiu'>-
ment à tout ce qui touche ce point, pour peu qu'il y ait
contact. Il n'y a donc pas de bursicule élastiijue i)our
protéger le rétinacle ; mais par contre, l'anthère tout en-
tière, si on la lâche après l'avoir soulevée, retombe aussitôt
dans sa niche, grâce à un hlament élastique qui la relient
à l'avant et fait l'office de eh irn ère. Ce merveilleux
agencement compense, à la fois, l'absence de bursicule et
les dimensions restreintes des cellules comme protections
des pollmies. Je n'ai jamais pu rem irquer que l'anthère
s'ouvrît spontanément, même quand la piaute était violem-
272 LE NATURALISTE CANADIEN
ment agitée ; et ceci m'induisit à croire que comme pour
tant d'autres fleurs u i af^t^it extérieur est indispensable
pour transporier le pollen sur le stiginit •.
La question était alors de chercher à savoir quels
insectes visitaient les Calopogons, et le pourquoi et le
comment de leurs visites.
U n'y a aucune exsudation apparente de nectar, mais il
est facile de voir que le milieu de la finir régorge de sucs,
et si les insectes savent les apprécier et les recueillir, la
colonne ailée leur offre un marchepied dans la position la
plus favorable possible pour leur permettre d'en faire leur
profit. Alors, tandis qu'ils y sont occupés, les pollinies se
trouveront derrière eux et ne pourront comme dans TOr-
chis s'attacher aux parties antérieures du corps. Mais les
pattes ne serviront-elles pas aussi bien au transport du
pollen ? c'est, par exemple, ce qui a lieu pour les Asclé-
piades dont oti trouve les masses polliniques fixées aux
pattes de papillois, d'abeilles, de fourmis et autres insectes
qui les visitent.
Il fallait pourtant quelques faits pour justifier cette
induction. Je visitai à plusieurs reprises un petit maiais
tourbeux, riche en Calopogons, en ce moment dans toutes
leur gloire ; c'était au mois de juillet dernier. J'y remar-
quai plusieurs anthères dont les pollinies avaient été enle-
vées, et plusieurs stigmates fécondés; mais, une seule fois,
je pus voir un insecte se p ser sur une fl^'ur. C'était un bour-
don qui arrivait à un Calopagon en même temps que moi
et que ma présence eflraya comme il commençait à se poser
sur la colonne. Il s'envola aussitôt et sans avoir dérangé
les pollinies. Cependant mon induction était confirmée par
ce que j'avais vu. Un insecte aussi pesant que le bourdon
ne peut que faire fléchir la colonne où le renflement de
l'extrémité lui offrira le meilleur point d'appui, et à peu
près inévitablement, il soulèvera l'anthère dans ses mouve-
ments. Alors, souvent au moins, sinon chaque fois, les pol-
linies s'attacheront à une patte qui pourra ensuite les porter
soit sur le stigmate de la même fleur, soit sur celui d'une
autre.
DE QUÉBKO A JÊROSALUM 273
Pour me rendre mieux compte du procédé, je posai
sur la colonne d'une fleur une mouche de maison que je
tenais par les ailes, mais elle se trouva irop faible pour pro-
duire ancun cffA sur l'anthère. J'essayai alors avec une
mouche à viande qui en effi't souleva l'anthère et eut bien-
tôt les pollinies fixt'-es aux pattes ; ensuite, dans ses ^'iïjrts
pour échapper, elle les porta contre le stigmate dont la
viscosité les retint aussitôt. Ainsi fut complété le trans-
port du pollen depuis l'anthère au stigmate par une mé-
thode au moins très semblable sinon identique à celle de
la nature.
De même que pour le Cypripède pubescent, je recon-
nais que je suis loin d'avoir épuisé le sujet : de nouvelles
observations sont nécessaires. Quelque autre ami de la
nature pourra peut-être jeter plus de lumière sur ces points
intéressants de la science.
J. A. G.
DE QUEBEC A JERUSALEM.
{Continué de la page 242).
X
I^maïlia.— Le priuce Rodolphe d'Autriche.— Le Canal de Suez.— Port-Saïd.
—Jaffa.
Isma ilia est une jolie petite ville d'environ 15.000 âmes,
bâtie sur le bord du lac Timsah, que traverse le Canal de
Suez. Cette ville fondée par M. de Lesseps en 186:2, est à
égale distance de Port-Saïd sur la Méditerrannée et de
Suez sur la mer Rouge, aux deux extrémités du canal dont
la longueur totale est d'enviren 40 lieues. C'est à Ismaïlia
que le^canal d'eau douce venant du Caire, change de direc-
tion pour se rendre à Suez. La ville possède une église
catholique que desservent deux Pères franciscains. C'est
274 LE NATURALISTE CANADIEN
là que M. de Losseps a fixé son principal bureau d'afFiiires,
lors de la construction du canal, et que réside aussi son
fils comme surveillant des intérêts de cette gigantesque
entreprise.
Nous trouvons à notre arrivée toute la ville sur pied
et en habits de fête ; c'est que le prince Rodolphe, l'hé-
ritier présomptif de la couronne d'Autriche, venait d'y ar-
river de son retour de Suez et devait y passer la nuit,
étant l'hôte de M. de Lesseps.
L'hôtel principal se trouvant encombré par l'affluence
des étrangers, nons allons, sur la recommandation des PP.
franciscains, prendre notre gîte, avec notre compagnon,
chez un M, Michel, français, tenant une maison de pension»
La maison toute neuve laissait encore un peu à désirer du
côté de l'ameublement, mais les gens savaient par leur pré-
venance et leur politesse faire oublier les commodités qu'on
aurait pu trouver ailleurs.
Nous allons dans la soirée faire un tour jusqu'au bord
du lac pour jouir surtout du magnifique coup d'œii que
présentait l'illumination de la ville entière en honneur du
prince. La longue rue qui conduit au quai ii'oiFrait de
toutes parts que feux étincelants, et aux arches qu'on avait
dressés sur le pont du canal, de même qu'à la résidence
de M de Lesseps, pendaient des milliers de lanternes
chinoises de toutes couleurs et de toutes formes. L'at-
mosphère brûlante des sables du désert, au contact de l'é-
vaporation des eaux du canal et du lac, s'était saturée d'une
humidité tiède des plus agréables, pour ajouter aux
charmes d'une nuit pure, d'un ciel sans nuages, dont les
astres scintillants semblaient percer de leurs r .yons les
eaux limpides du lac.
Dimanche Tl mars.~he Prince Rodolphe devant as-
sister à une messe à 7h. pour partir ensuite, et nous-mêmes
devant aussi prendre le vaisseau à 8h., dès avant 6h. nous
étions à l'église des PP. franciscains pour la célébration
de nos messes. L'Eglise et la résidence des PP! sont de
dimensions fort modestes, cependant l'ensemble présente
un coup d'œil des plus agréables, grâce à la culture intel-
ligente du jardin des bons religieux qui entoure et la
DE QUÉBEC A JÉRUSi»LEM 275
maison de Dien et celle de ses ministres. Isolé des autres
hahitations sur le côté Est de la grande voie, leur établis-
sement fait l'effet d'un oasis au milieu du désert par la
luxuriante végétation des vignes, oliviers, abricotiers, mû-
riers, poiriers etc., qui croissent par leurs soins. Les bons
Pères nous font goûter un vin excellent qu'ils fabriquent
eux-mêmes de leur propre culture.
Notre déjeûner pris, nous laissons à la porte de l'église
une foule compacte de curieux avides de voir l'héritier
présomptif de la couronne impériale d'Autriche, et nous
nous rendons au quai pour prendre le vaisseau qui doit
nous conduire à Port-Saïd.
Comme nous l'avons expliqué plus haut, c'est grâce à
l'obligeance de M. de Lesseps que nous avons pu faire ce
trajet qui nous permet de traverser le désert et de navi-
guer sur une moitié de la longueur du fameux canal qui
unit les eaux de la Méditerrannée à celles de la mer Rouge,
en séparant l'Afrique de l'Asie.
Arrivés au quai, nous trouvons la plupart de nos com-
pagnons déjà installés à bord et attendant le moment du
départ. Le vaisseau à notre disposition est la Maritza,
superbe canot à vapeur, n'ayant environ qu'une quaran-
taine de pieds en longueur, mais aménagé avec un luxe
tout oriental. Le petit salon, qui peut contenir une ving-
taine de personnes, est tout entouré de divans moelleux,
recouverts d'un velours rouge des plus riches. Il va sans
dire que nous sommes obligés, vu notre nombre, de nous
distribuer dans les divers compartiments de l'embarcation,
qui sur le tillac d'avant, qui sur l'arrière avec les 2 hommes
qui forment tout l'équipage, et les plus heureux, au nombre
desquels nous nous trouvons, sur les moelleux coussins du
salon, autour de la table qui en occupe le centre. Mais le
temps est superbe, la brise assez fraîche et l'eau du canal
à peu près sans mouvement ; chacun est content de son
sort et s'estime heureux de pouvoir jouir d'une telle navi-
gation.
Nous prenons sur le sable, en nous rendant au quai,
une énorme sauterelle, fort rapprochée par la forme et les
couleurs, de celles que nous avions vues en Floride ; c'est
276 LE NATURALISTE CANADIEN
la célèbre sauterelle d'Afrique, Acridmm peregrinum, le
Criquet voyageur, que le vent pousse assez souvent sur la
côte européenne de la Méditerrannée et qui y cause alors
des dégâts si considérables. Ce criquet, ou sauterelle
comme on l'appelle, qui détruit parfois les moissons complè-
tement et fait disparaître toute verdure en quelques jours
seulement, est par contre une ressource pour les pauvres,
dans plusieurs contrées de l'Asie, qui en usent comme
aliment. On \oit souvent à Bagdad, dans la Turquie
d'Asie, des sacs de cette sauterelle, er.tasséssur 1 s marchés,
comme on le fait ici des sacs des céréales. C'est aussi de
cette sauterelle que S. Jean Baptiste, le plus grand des en-
fants des hommes, se nourrissait dans le désert. Réduite
en poudre, on la mêle à la farine pour en faire des galettes»
on l'assaisonne aussi au beurre pour en faire un aliment
que plusieurs voyageurs assurent n'être pas du tout désa-
gréable. Nous voulons bien les en croire sur parole.
Nous voyons aussi en passant un musulman sur un
banc de sable, faisant ses prostrations du côté de la
Mecque. Il se prosterne le front jusqu'à terre, s*^ n lève et
se prosterne de nouveau jusqu'à 5 et 6 fois de suite, et c la
sans s'occuper en aucune façon de ceux qui, comme nous,
peuvent s'amuser à l'examiner. Tout en dé[)lorant le motif
de tels actes de piété, nous ne pouvons nous défendre d'ad-
miration pour le zèle qu'il met à les exécuter. Q le ne
feraient pas de tels gens, s'ils venaient à ouvrir les yeux à
la véritable lumière !
Le lac Timsah, que traverse h^ canal de Suez, nous a
paru mesurer à peine deux milles de largeur. Sans impor-
tance au milieu de l'isthme avant la construction du canal,
il constitue aujourd'hui un p^^rt intérieur qui ne contri-
buera pas peu à la prospérité de la jeune ville qui s"élève
sur ses bords. Quelques minutes nous suffisent pour le fran-
chir et nous nous trouvons à voguer sur les eaux du canal
maritime même, ayant l'Afrique à notre gauche et l'Asie à
notre droite, puisqu'en ouvrant ce canal on a interrompu
l'isthme qui formait le trait-d'union entre les deux con-
tinents.
A M. de Lesseps revient l'honneur d'avoir exécuté
DE QUÉBKO A JÉRUSALEM. 277
cette gigantesque entreprise, mais lidée de sa possibilité
en avait été conçue bien avant lui. On l'attribue en
premier lieu au grand Pape Sixte-Quint, puis à Napoléon
premier pendant les trois ans qu'il occupa le pays des
Pharaons, après sa conquête en 1798. A M. de Lesseps
revient aussi l'honneur de la réouverture du c^nal d'eau
douce qui amène l'eaa du Nil à la ville de Suez. Suez ne
possédant que quelques mauvaises sources d'eau potable,
et les pluies étant très rares en cet endroit, dès les temps
anciens, les rois d'Egypte a\ aient obvié à cet inconvénient
en amenant jusqu'à la mer Kouge, les eaux du Nil. On dit
qu ' c'est Ptoléraée Philadelphe qui le premier mit cette
idée à exécution. Mais les diiï '-rentes dynasties qui ont
depuis régné sur l'Egypte, ayant, les unes après les autres
plus ou moins négligé la prospérité de ce riche pays, le
fameux canal conçu par Sésostris, exécuté par Néchos,
Darius et Ptolémée Philadel[)he, puis restore par Amrou
sous la domination Arabe, était depuis lon2:temps rempli
et oublié, lorsqu'en 1864, au grand contentement des
habitants dn Saez, M. de Lesseps y fit de nouveau cou-
ler les eaux du Nil.
Lorsqu'on construisit, en 1858, le chemin de fer qui
unit le Caire à Suez, distance de 34 lieues, il y avait sept ans
qu'il n'était pas tombé un grain de pluie à cette dernière
ville, et les sources étant presque entièrement taries, elle
devenait par suite presque inhabitable. Mais du moment
que la voie ferrée fut ouverte,des chars léservoirs amenèrent
chaque jour du Caire l'eau nécessaire à la consommation
de la ville, et enfin en 1864, l'eau put couler d'elle même
dans le nouveau canal.
Il resterait à compléter ce canal en le continuant
d'Ismaïlia à Port-Saïd, car les tuyaux en fonte qu'on a en-
foncés dans la berge du canal maritime entre ces deux
villes sont devenus insuffisants par suite de l'accroissement
en population de la dernière, laquelle, placée à la tête du
canal, ne peut manquer de devenir Tun des ports des plus
considérables de la Méditerrannée, comme entrepot du
commerce de l'Europe avec l'Asie et l'Afrique.
" Partout où un musulman touche le sol, c'est
278 LE NATURALISTE CANADlEtf
la stérilité, " dit-on parmi les chrétiens en Orient, et ce
proverbe a encore une plus juste application à l'égard des
gouvernements qu'à l'égard des individus. Si le gouver-
nement de Tewfic qui préside aujourd'hui (au plutôt na-
guère, car depuis la révolte d'Arabi l'autorité de Tewfic
n'est rien moins que problématique,) si, disons-nous, le
gouvernement Egyptien eut été plus jaloux de la prospé-
rité de son pays, il y aurait longtemps déjà que cette amé-
lioration eut été réalisée, mais quand on est musulman il
faut viser d'abord à se donner même jusqu'au superflu,
avant de songer à accorder le nécessaire aux autres.
Notre petit vapeur fend les eaux du canal avec une
vitesse surprenante, le courant d'air établi par la marche
rend l'atmosphère très supportable, et la surface de cette
masse d'eau claire et limpide, faiblement ridée par une
brise légère, répand une fraîcheur qui nous fait trouver
notre navigation des plus agréables.
Yu le peu d'élévation de notre vaisseau, nous ne
voyons le plus souvent que les berges du canal, qui s'éloi-
gnent en talus parfois recouverts de moellons, mais sou-
vent aussi laissés à découvert. 11 arrive cependant de temps
à autre qu'un abaissement de la berge nous permet de porter
la vue sur un horizon plus éloigné ; mais c'est partout le
même aspect, la plaine aride, le sable desséché, le désert.
Fréquemment nous faisons des rencontres, et de vaisseaux
de très fori tonnage et de toute nationalité, français, anglais,
turcs, autrichiens etc. Mais ces rencontres ne nuisent eu
rien à notre course, car le canal est une véritable rivière
par ses dimensions, et sauf le sable que le vent jette des
rives en certains endroits, la navigation pourrait s'y faire
aussi rapidement que sur un fleuve ordinaire.
La traversée de l'isthme entre Suez et l'ancienne
Péluse dans le voisinage de Port-Saïd, est de 38 lieues,
mais le canal, par certaines cour Des qu'a nécessitées la
nature du sol, en mesure 40. Sa largeur est de 300 pieds
à la ligne d'eau et de 66 à la base, sur une profondeur de 24.
Comme le niveau des deux mers est identique, il n'a né-
cessité aucune écluse, aussi le courant est-il presque nul
dans toute sa longueur, si ce n'est en approchant de Suez
DE QUEBEC A JÉRUSALEM 279
OÙ le flux et le reflux de la mer Rouge se font sentir. Le
canal dans son parcours traverse quatre lacs savoir : les
lacs Amers peu distants de Suez, le lac Timsah au milieu
de sa longueur, puis le lac Eallah et eniin le lac Menzaleh
qui n'est séparé de la Méditerrannée que par une étroite
langue de terre sur laquelle est bâtie Port-Saïd.
A quelque distance d'ismaïlia, nous passons le village
d'El-G-uisr où se trouve une église dédiée à la sainte
Vierge, par ce que de temps immémorial on a prétendu
que la sainte Famille s'était reposée là dans sa fuite en
Egypte.
Nous faisons peu après la rencontre d'une bande de
grues, au nombre probablement de plus d'un cent, se diri-
geant vers le sud, et de temps à autres nous voyons d'é-
normes pélicans, paraissant suivie le cours du canal dans
leur vol lent et lourd, sans doute pour se livrer à leur
pêche en tûreté lorsqu'aucun vaisseau ne se trouve en
vue.
A 10. 30h. nous débarquons à Kantara, village sur la
rire gauche du caîial où nous devons prendre le dîner.
]!^ous voyons sur l'autre rive une caravane d'une cin-
quantaine de chameaux revenant de la Mecque. On faisait
opposition au passage des pèlerins, par ce qu'on voulait
les astreindre à une quarantaine, sous prétexte qu'ils
pouvaient rapporter la peste de leur excursion dans le sud.
Tout le monde sait quel engin on possède dans les qua-
rantaines en Orient pour extorquer l'argent des voyageurs.
Ce ne sont nullement les précautions sanitaires que l'on
a en vue; mais uniquement une occasion de vexher les
étrangers pour les mettre à contribution. Etes-vous astreint
à une quarantaine, de trois jours, cinq jours ? vous composez
avec les officiers, et moyennant 5 fr., 10 fr., 15 fr., vous vous
en libérez sur le ch^mp. Le gouvernement n'en devient
pas plus riche, vu l'honnêteté des officiers civils, mais
ceux-ci sont satisfaits, ils montreront plus de zèle dans une
autre circonstance, et on n'exige rien de plus.
Commencé en 1858, le canal de Suez était ouvert à la
navigation en 1869 ; dès 1867, un petit navire de commerce,
280 LE NATURALISTE CANADIEN
le Prùno, de 80 tomieanx, avait pu passer le premier des
eaux de la Médit rranuée à celles de la mer Rouge, mais
son ouverture défini tire date de deux ans plus tard. Le
nombre de mètres cubes à extraire pour l'excavation a été
de 74, 112, 130. On a calculé que le nombre de paniers de
terre enlevée, mis à la file, aurait fait trois fois le tour du
monde.
Par ce canal, le trajet de l'Europe aux Indes, de trois
mois, a été réduit à six semaines et abrégé de 3276 lieues.
Aussi le trafic par cette voie a-t-il toujours été croissant
d'une façon tout extraordinaire ; de 435,911 tonneaux
qu'il était en 1870, il comptait en 1881, après 11 ans seule-
ment d'usage, 5.794,401 tonneaux; et les recettes s'augmen-
taient dans la même proportion ; de 5 millions de francs en
1870, elles atteignaient le chiffre de 51 millions en 1881.
M. de Lessops calcule qu'avant cinq ou six ans ces recettes
s'élèveront à 12,000 tonneaux et à pas moins de 120,000,000
de francs.
Le trajet d'une mer à l'autre se fait actuellement en
18 heures de marche, et l'on espère, après certaines opéra-
tions de dragages qui se poursuivent sans cesse, permettre
une plus grande vitesse qui abrégera encore ce tem[)S
de quelques heures. Il y a eu assez fréquemment des
échouages de vaisseaux, mais comme i)artout le fond est
en sable, le renflouage a toujours été facile.
Nous profitons de la coûte étape (jue nous faisons à
Kantara pour faire une petite visite au désert, car jusqu'ici
nous ne l'avions vu qu'à distance ou sans pouvoir rien
examiner, emporté par les locomotives des voies ferrées.
A quelques centaines de pieds seulement de l'hôtel où
l'on nous sert le diuer, c'est une plaine nue et déserte qui
s'étend jusqu'à la vallée du Ni!. Nous sommes surpris de
trouver tout d'abord une mare d'eau saumâtre assez étendue,
mais peu proionde. Les bords d^'sséch'^s de cette mare sont
assez fermes pour qu^on puisse y marcher sans crainte de se
souiller, mais quelle stérilité ! Ça et là, sur de petits tertres
de peu d'étendue, quelques petits arbustes rabougris dont
les racines semblent disputer le sable au vent qui les ronge
de tout côté, mais nulle-part de fleurs ni de ces herbes
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM 281
qu'on trouve partout ailleurs sur les rivages. Nous cher-
chons en vain sur la grève ou au bord de l'eau pour des
mollusques, uulle \mrt de traces. A part de nombreux
petits lézards abrités sous presque chaque touffe d'arbustes
que nous rencontrons, nul signe de vie à cet endroit.
Ces lézards sont d'une extrême agilité, c'est à peine si nous
pouvons bien reconnaître leur forme, lorsqu'ils passent
d'une butte à l'autre en recherche de retraite pour se sous-
traire aux regards.
Revenu à la maison, qui s'élève sur la berge même du
canal, c'est-à-dire sur le sable retiré de son excavation,
nous trouvons sur une vieille souche de palmier, en dehors,
de la clôture d'un jardin, de jeunes pousses très vigou-
reuses, portant des palmes de 8 à 10 pieds de longueur, et
à leur base, tout près de terre, de superbes panicules de
fleurs toutes prêtes à s'ouvrir. Nous ne pensions pas qu'on
pût si facilement atteindre ces fleurs, lorsque presque tou-
jours nous les voyions pendre au haut de? stipes à 50 ou
60 pieds au dessus de nos têtes. Ce palmier était le dattier
commun, Phœnix dactylifera.
Mous remarquons sur le sable de nombreuses fourmis,
assez semblables aux nôtres par la forme et par la taill<>,
mais se tenant dans une attitude toute différente. Dans la
marche, et la plupart du temps aussi dans le repos, elles se
tiennent l'abdomen redressé dans une position verticale, ce
qui leur donne quelque ressemblance avec plusieurs es-
pèces de nos staphylinides. Ces fourmis appartiennent au
genre Myrmecocystiis, si nous ne nous trompons, elles sont
communes presque partout en Orient.
On nous montre aussi, dans la cour de l'hôtel, une
gazelle qu'on retenait en captivité. Le gejitil animal est à
peu près de la taille d'un veau de 3 à 4 semaines, mais de
forme beaucoup plus svelte et plus élégante. L'agilité des
gazelles est proverbiale, aussi leurs pattes longues et grêles,
leur corps élancé, leurs flancs rentrés, tout parait calculé
chez elles pour une course rapid'"». On les rencontre dans les
déserts par bandes souvent de 40 à 50, broutant ensemble
l'herbe et les broussailles qu'elles rencontrent par-ci,
par là, surtout dans le voisinage des oasis. Leur chair est
282 LB NATURALISTE CANADIEN
très estimée, surtout des Arabes et particulièrement des
bédouins.
Mais nous reprenons bientôt nos places sur la Maritza
et poursuivons notre navigation sur le canal.
Nous remarquons sur le pont de notre vaisseau un
grand seau tout plein de clovi&ses, qui nous paraissent iden-
tiques avec celles que nous avions rencontrées à Cette,
Venus verrucosa.
A 3h. P. M. nous débouchons dans la Méditerrannée,
où, parmi les vaisseaux mouillés dans le port, nous distin-
guons notre Scamandre tout prêt à nous recevoir. Mais
comme on faisait difficulté de laisser débarquer les pas-
sagers des vaisseaux venant de la mer, sous prétexte de
peste, nous accostons au quai pour visiter la ville avant de
nous installer de nouveau sur le Scamandre.
Port-Saïd est une jolie petite ville, sur la langue de
terre qui sépare le lac Meiizaleh de la Méditerrannée, Ses
rues larges et propres, ses constructions toutps récentes,
son voisinage immédiat de la mer où elle repose presque
à fleur d'eau, lui donnent un air de fraîcheur qu'on ne ren-
contre pas d'ordinaire dans les villes du Levant. Son port,
que protège une immense jetée qui s'avance dans lu mer,
voit continuellement dans son enceinte des vaisseaux de
presque toutes les nations, anglais, français, turcs, autri-
chiens, italiens, hollandais, espagnols etc. Cette ville nais-
sante ne peut manquer de s'augmenter rapidement, vu sa
position comme lieu de ravitaillement pour les vaisseaux
voyageant aux Indes ou à la Chine. Les Pères francis-
cains y. ont une église pour les catholiques de l'endroit et
les Sœurs du Bon-Pasteur, en outre de leur œuvre de
miséricorde, y tiennent un orphelinat et distribuent l'ins-
truction à toutes les nationalités sans aucun égard à leur
croyance : catholiques, juifs, musulmans, schismatiques
grecs, arméniens, cophtes etc.
Pour la première fois, depuis notre départ, nous rece-
vons des nouvelles du Canada, par des lettres à M. Bolduc
qu'il trouve en arrêtant au bureau de poste. Quant à nous,
nous demeurons encore sans rien recevoir.
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM 28$
Nous entrons en passant dans un mag-azin de photo-
graphies, où nous pouvons nous pourvoir à assez bonnes
conditions, de vues, de costumes, lieux, monuments etc., les
plus intéressants de l'Orient.
Vers les 5h. nous remontons sur le Scamandre qui lève
l'ancre presque aussitôt pour se diriger sur Jaffa où nous
devrons aborder le lendemain matin.
Nous retrouvons notre vaisseau tout changé, par un
encombrement inusité de passagers. Ces passagers russes,
grecs, polonais, dalmates etc., étaient presque tous de la
classe pauvre ou du moins peu aisée. Partis de Constan-
tinople, Smyrne et autres ports sur un vaisseau autrichien,
ils n'avaient pu prendre terre à Jaffa, vu l'état de la mer
dans la nuit de vendredi, et force leur avait été de se
laisser emporter jusqu'à Alexandrie, pour être transbordés
sur notre vaisseau pour revenir à Jaffa, car comme
nous iis se rendaient à Jérusalem pour les fêtes de la se-
maine sainte. L'encombrement était tel qu'il était difficile
de pouvoir circuler sur le pont, hommes, femmes, enfants
accroupis ou étendus pour se livrer au sommeil, en occu-
pant presque entièrement la surface. Heureusement qu'on
ne leur permettait pas de pénétrer dans le salon ni de
monter sur la dunette, leur mise négligée, leur malpropreté
trop apparente nous faisaient augurer que leur société n'eut
été pour nous rien moi .s qu'agréable.
La mer avait eu le temps de prendre un calme relatif
et nous n'eûmes nullement à souffrir de son agitation.
Nous trouvâmes aussi parmi les passagers de chambre
de nouvelles recrues dont quelques-unes faisaient partie de
notre caravane, telle que MM Digard père et His, de Paris,
et M. Grasnault-G-iiérin, de Luynes. Avec eux se trouvaient
aussi quÉ^tre Trappistes, dont un abbé mitre, portant croix
pectorale et anneau à la manière des évèques. Ces reli-
gieux étaient tous français et nous intéressèrent vivement
par leur conversation. Ils venaient visiter TOrient dans
le but d'y fonder une maison de leur ordre. On le croirait
à peine si nous n'en avions tous les jours des exemples sous
les yeux, c'est chez les barbares, parmi les nations à demi
civilisées, chez les infidèles que les coryphées du christia-
284 LE NATURALISTE CANADIEN
nisme et de la civilisation, que les bienfaiteurs de l'huma-
nisé so it forcés d'aller planter leur tente. Ce sont les enne-
mis naturels du christianisme qui accueillent les ministres
du Dieu de charité, lorsque les juifs modernes de la civili-
sation, les pharisiens de la nouvelle loi les persécutent et
les pourchassent. Nouvelles Jérusalems, Palestine de
l'Occident, tremblez. Vous rejetez la lumière, et déjà la
lumière s'éloigne de vous. In propria venit, et sui eum non
receperunt, il est venu chez les siens, mais les siens n'ont
pas voulu le recevoir, chantaient les prophètes au temps
du Christ ; et l'on s lit quel fat le châtiment de cet aveu-
glement. Mais plus coupables que les Juifs, nos barbares
moderniseurs s'ennuient de la lumière qui brille constam-
ment à leurs yeux, ils veulent la faire disparaître. Nolumus
hune regnare super nos, nous ne voulons pas que ce Christ
règ'iie plus longtemps sur nous, et ils lui ferment leurs
portes. Attendez ; le châtiment ne tardera pas longtemps
d'arriver. Aveugles entêtés, déjà ils périclitent dans les
combats qu'ils ont à livrer dans la plaine, et ils ne veulent
plus du secours que les bras élevés des Moïses sur la mon-
tagne leur attirent du Ciel. Achevez votre œuvre ; faites
disparaître jusqu'au dernier de ces Moïses, » t les Amalécites
qui déjà l'emportent sur vous, vous tailleront à merci ; la
lumière se retirera pour vous laisser dans les ténèbres, des
Titus surgiront de toutes parts pour vous assiéger, vous
réduire à la famine, renverser vos murs et faire de vos
villes opulentes et orgueilleuses, des monceaux de ruines
baiîïnant dans le sang de leurs habitants.
Oui ! aujourd'hui ces mêmes religieux qu'on chasse de
France, d'Italie, d'Allemagne, etc., parce qu'ils prient pour
ceux qui ne le font pas, par ce que pour tout le bien qu'ils
font à leurs frères, ils ne demandent pour récompense que
la liberté d'en faire davantage, sont accueillis avec empres-
sement, sont respectés, appréciés par les musulmans en
Algérie, les hérétiques en Angleterre, les schismatiques de
toute dénomination en Egypte, en Palestine, en Syrie etc.
Les Frères des écoles chrétiennes à Jérusalem voient jus-
qu'aux fils des Pachas turcs se ranger sur leurs bancs à
côté des Arabes, des Juifs, des Grrecs, Arméniens et autres
schismatiques. Les Sœurs du Bon-Pasteur, de S. Joseph
DE QUÉCEC A JÉRUSALEM 285
de l'Apparition, de Nazareth, les filles de Sion voient par-
tent dans lenrs écoles le même mélange, et partent d'un
commun accord, on rend hommage à leur vertu, à leur
dévouement, à lenr charité. Il n'y a que chez les leurs
qu'on méconnaît leur mérite, qu'on méprise leur sacrifice,
qu'on refuse leurs services. Attendons ; ces épreuves
n'auront qu'un temps; on ne se moque pas impunément de
Dieu.
Le Supérieur Abbé nous dit qu'il avait trouvé en
Egypte moyen d'y fonder un établissement à des conditions
assez avantageuses, mais qu'il voulait avant d'arrêter défi-
nitivement son choix visiter la Palestine et la Syrie pour
voir s'il ne trouverait pas quelque part de plus grands
avantages encore.
Notis ne fûmes pas peu surpris en conversant avec
ces roli<j;ieux de reconnaître un frère que nous avions vu
à Québec en 1877, lorsqu'il accompagnait un Père faisant
vente de leur extrait breveté d'arnica.
Lundi, 28 mars.~he soleil n'était pas encore sur l'hori-
zon, que nous étions déjà sur le pont, avide de pouvoir
contempler cette Terre-Sainte, but de notre voyage. Elle
se montre enfin, cette terre de Judée, droit en avant de
nous. La côte peu élevée nous parait partout aride et
déserte ; elle se détache d'une longue chaîne de montagnes
de la Judée que précède la plaine de Saron qui s'étend
jusqu'au bord de la mer. Les rayons obliques du soleil
levant dorent les sommets dénudés des mont;igne& en rete-
nant encore dans l'ombre la plaine qui s'étend en avant,
ce qui nous fait paraître la chaîne beaucoup plus rappro-
chée qu'elle ne l'est en réalité.
La voilà donc devant nous cette terre do Judée, cette
terre promise aux enfants d'Israël, cette terre où Dieu s'est
pltT à se commtmiquer à l'humanité plus qu'en tout autre
endroit, puisqtie là, tout près, a été le berceau du genre
humain, l'Eden qu'a habité notre premier père ; là, la
seconde naissance de l'humanité sur la montag-ne qui reçut
Noé sauvé du déluge ; là enfin la régénération de l'homme
dans l'œuvre de sa rédemption par le fils de Dieu lui-même.
C'est cette terre qu'ont foulée de leurs pieds les plus grands
286 LE NATURALISTE CANADIEN ■
personnages des temps anciens : Adam, Noé, Abraham,
David, Jrrémie, Isaïe, Daniel, Elie, Elisée, Jean-Baptiste le
plus grand des enfants des hommes, Joseph le juste par
excellence, Marie la plus parfaite des créatures sorties
des mains du Créateur, et enfin le fils de l'Eternel lui-même.
Ce sont ces montagnes qu'il a parcourus, ce sont ces rochers
qui ont répercuté sa voix, qui ont été les témoins de ses
miracles et de ses prodiges, c'est ce sable qu'il a marqué de
l'empreinte de ses pieds, que nous allons nous-même tou-
cher dans quelques heures. Avec quelle satisfaction nous
embrassons da regard le vaste horizon qui se déploie devant
nous, depuis le Carmel à notre gauche, où les monts de
Judée se perdent dans la mer, jusqu'à Graza, à notre droite,
où le rivage se courbe pour unir l'Arabie à l'Egypte. Nous
avons peine à nous arracher à la méditation que nous ins-
pire la vue de ces lieux, pour obéir à la clochette qui nous
invite au déjeûner.
Le repas est bientôt pris et nous remontons sur le pont
pour poursuivre notre inspection. Mais déjà nous nous
trouvons en face de Jaffa et tout rapprochés de la côte.
La vieille Joppé se présente à nous sous l'aspect le plus
riant. La côte, plate et unie, se relève en cet endroit pour
former un monticule sur lequel est assise la ville des Phi-
listins. Ses maisons à toit plat, comme partout en Orient,
s'échelonnent les unes sur les autres suivant la déclivité
du rocher, jusqu'à ce que les plus basses touchent la grève
même. Nous passons à côté de la frégate du Prince Ro-
dolphe qui est mouillée là et nous nous rapprochons da-
vantage du rivage pour y jeter l'ancre. Les chaloupes sont
aussitôt mises à la mer et nous descendons dans la pre-
mière qui gagne la terre aussitôt.
La mer est relativement calme, cependant nous voyons
la lame se briser en jaillissant sur des brisants qui s'avan-
cont droit en face de la ville, car Jaffa n'a pas de port, et
l'abordage dans les gros vents y est fort difficile et souvent
impossible.
Comme à Ismaïlia, nous trouvons toute la ville en
habits de fête, en vue du Prince Rodolphe qui doit incon-
tinent y descendre. De notre chaloupe le coup d'oeil est
FAITS DIVERS 287
vraiment enchanteur. Tontes les terrasses sont couvertes
de gens avides de voir l'héritier de la couronne d'An tricha ;
les femmes surtout, avec leurs longs voilas blancs qui les
enveloppent jusqu'aux pieds, produisent dans l'ensemble
une variété de tons des plus agréables. En moins de cinq
minutes nous avons franchi lespace et nous mettons le
pied sur les rochers qui bordent le rivage, à quelques pieds
seulement des murs qui entourent la ville. Nous trouvons
la rue que nous devons suivre occupée par une foule com-
pacte, mais deux tiles de soldats tiennent le milieu libre à
travers lequel nous passons jusqu'au couvent des francis-
cains, qui n'est qu'à quelques pas seulement de l'endroit du
débarquement.
A continuer.
FAITS I>IVERS.
L'Airelle ponctuée. — Ce qui nous manque pour com-
pléter, reclitîer, perfectionner la faune et la flore de noti-e pays,
ce sont des observateurs. On marche sur les plantes, on écrase
du pied l'insecte que l'on rencontre, sans se mettre en peine
de remarquer la forme, l'apparence, les allnres que présente
l'une OQ l'autre, sans se rendre compte même si on a jamais
fait telle rencontre, remarqué telle plante ou tel insecte, et ce
serait là cepeniant le seul moyen de contrôler les observations
déjà faites et consignées dans des écrits, soit pour en confirmer
les descriptions ou les rectifier si le besoin en était.
Nous ne nous déplaçons jamais, pas même de qnelques
arpents, sans remarquer tout ce qui frappe nos regards. Et
combien de fois nos observations ont amené des découvertes
des plus agréables pour nous et fort avantageuses pour la
science. Ainsi, ici même, au GapRoiige, nous avons pu
constater la pi-ésence du Triosteitm Americanum, du liard, Po-
puhcs Canadensis^ du raisin d'ours, Arciostaphylos uva-ursi^ de
la Clématite rose, Atragene Americana, et tout dernièrement,
comme nous l'avons mentionné dans notre dernière livraison,
du Gypripède ariéUiire. (1) Nous venons encore aujonrd'hni
constater une nouvelle rencontre qui ne nous a peu surpris,
c'est celle de l'airelle ponctuée. Vaccinium vitis idœa, que nous
avons trouvée sur les rochers bordant le Fleuve à Sillery.
Cette plante ne se rencontre d'ordinaire que sur les rochers à
l'eau salée, souvent mêlée à la Caraarine, Empclrum nigrum
pour couvrir les masses pierreuses des îles du Golfe. On
1. Notre correppomlant, M. Guignard, nous informe qu'il a aussi ren-
contré le Cypridium arielinum dans les environs d'Uuuwa.
28 8 LB NATURALISTE CANADIEN
donne, dans le bas dn Fleuve, le nom de pommes de terre anx
fruits de l'airelle ponctuée, qui sont de la grosseur d'un gros
pois et dont on Tait des confitures assez agréables.
L'Asclépiade de Cornut. — Quel est le nom de la plnnte
qu'on 'd\}[ie[Ui pclils cochona, nous demandait un ami que nous
rencontrions tout dernièrement. — Mais c'est la Sarracénie, qui
porte des feuilles cieuses en forme de pots et qui croît dans
les marais ou plutôt les savannes. — Non pas. c'est une plante
l.iiteuse, qui croît sur le bord des chemins, dont la fleur
doinie de belles soies — Et là dessus nous sommes à
chercher parmi les [)hmtes laiteuses, pissenlits, réveille-matin
etc., sans pouvoir réussir à rencontrer les vues de notre ami.
11 est vraiment étonnant de voir quelles descriptions impos-
sibles nous l'ont souvent de plantes ou d'insectes, ceux qui
n'ont pas l'habitude d'observer, lorsque par hasard un spéci-
men d'histoire naturelle attire leur attention. Nous donnions
un sou à tout enfant nous appoi'tant un insecte que nous
n'avions pas dans notre collection. Un jour, nous ai-rive un
esniègle tout triomphant :— Oh! c'est pour ie coup que vous
allez me payer, car j'en ti(in3 un que vous n'avez certainement
pas; je n'en ai jamais vu de pareil. — Mais qu'a-t-il donc d'ex-
traoï-dinaire ? — 11 a deux têtes. — Deux têtes ? — Oui ! deux têtes,
bout à bout, l'une à la suite de l'antre. Tenez, voyez. Et il
nous met dans la n)ain un Philonthe, un insecte des plus
communs. Plusieurs gi;nres de Staphylinides, comme les Phi-
lonthes, les Pédères etc., ont le prothorax resserré en avant et
en ariière et souvent de même dimension que la tête ; et c'est
ce thorax que notre gamin avait pris pour une seconde tête.
Combien de fois nous avons été régalé de descriptions tout
aussi merveilleuses que celle de cet insecte à deux têtes, lors{iue
la olupart du temps, il ne s'agissait que d'êtres tout or^linaires
et fort' communs, mais qu'on ne s'était jamais donné la peine
d'observer.
C;^ qui nous dépistait dans la description de notre ami,
c'était les soies qu'il mentionnait, car nous étions à repasser
les plantes poui- trouver dans lesquelles la fleur pourrait pré
senterdes soies. Il nous vint à l'idée, après nous être séparé de
l'ami, que ce pourrait bien être de la soie au lieu de soies, et que
ce pourrait être aussi plutôt le fruit que la fleur qui serait ainsi
chai'gé. Et de suite nous avions notre plante, l'Asclépiade de
Cornut, Ascl''pias Cormdi, (]ui croît le 1 »ng chemins, qui esta
suc laiteux, et dont la gous-e renferme une soie qu'on a essayé
plus d'une fois d'ulilism-. Nous igiioi'ions qu'on donnât quelque
pai't le nom de pclli-cochon à cette plante, car partout c'est
sons le nom de cotonnier qu'on la désigne. C'est sans doute la
forme de la gousse qui a fineljue ressemblance avec le giouin
de ranimai fouiUeurqni lui a valu ce nom-vulgaire en certains
quartiers. Le Naturaliste s'est déjà, à plusieurs reprises, occupé
de cette plante, notamment au vol. V page 68.
LE
à
^ ^^^^X^P ^^^^^88 '^^ 6 '^ V
Vol. XIII.-IO. CapRouge, Q., OCTOBRE 1882. No. 154
Rédaetcur : M. l'Abbé PROVANCHER.
FAUNE CANADIENNE
HYMÉNOPTÈRES
ADDITIONS ET COPtKEOTIONS.
Il s'est écoulé un temps si considérable depuis que le
commencement de cet Ordre a été livré à l'impression,
que la poursuite de nos chasses et de nos études nous per-
met d'y joindre aujourd'hui de nombreuses additions et
d'y faire aussi des corrections en assez grand nombre.
Nul doute que les chasses se poursuivant, surtout si
elles peuvent être opérées en diff rents endroits, on ne
puisse encore plus tard ajouter considérablement au nom-
bre des espèces déjà décrites.
Nous conseillons aux amateurs, pour un usage plus
prompt et plus effectif des descriptions de cet ordre, de
faire au crayon les corrections indiquées, à leur endroit
propre, ou du moins d'y noter les renvois aux présentes Addi-
tions afin de ne pas s'exposer à faire erreur en les omettant.
Fam. I. TENTHRÉDINIDES, Vol. X, p. 11.
Après le genre Abia, p. 17, ajoutez le suivant :
Gen. AcoRDULÉCÈRE. âcordulecera. Say.
Tête forte, transversale. Antennes courtes, non en
massue, de 6 articles, les 2 premiers semblant n'en faire
qu'un, le 3e plus long que les 2 premiers réunis, le dernier
290 LE NATURALISTE CANADIEN
presque globuleux. Thorax court et robuste. Ailes avec
une cellule radiale et 3 cubitales, la 1ère longue, courbe,
plus large à sa b isp, recevant la 1ère nervure récurrente
vers son extrémité, la 2e assez petite, allongée, recevant la
2e récurrente vers son milieu; point de cellule lancéolée.
Les ailes inférieures avec une cellule discoïdale. Pattes
courtes, les 4 jambes postérieures avec un éperon latéral.
Abdomen court et robuste, avec un espace membraneux cà
la suite de ses plaques basilaires.
Petits insectes ayant assez l'apparence extérieure des
Sélandries, mais s'en distinguant facilemoit par leurs an-
tennes qui n'ont que 6 articles.
Acordulécère grasse. Acordulecera saginata, nov. sp.
$ — Long, .15 pes. Noire, polie, brillante ; le chaperon, le labre,
les palpes, les joues, les (5c:nlles alaires, avec les pattes, blanc. An-
tennes courtes, le scape poilu. Thorax poli, brillant, sans aucune tache.
Ailes fortement tachées de brun à l'endroit du stigina, celui-ci fort
grand, noir, la nervure de séparation entre les cellules cubitales 1 et
2 en partie oblitérée. La base des hanches avec les tarses postérieurs,
noir, les 4 tarses antérieurs noirs seulement vers l'extrémité. Abdo-
men avec l'espace membraneux de la base, blanchâtre, le reste noir,
sans aucune t che ; l'extrémité obtuse et garnie de poils blanchâtres.
Un seul spécimen $, se distinguant surtout de la dor-
snlis, Say, par l'absence de taches au thorax.
Après le genre Euura, X, 51, ajoutez le suivant:
Gen. Crésus. Crœsus, Leach.
Tête courte, transversale. Antennes de 4 articles,
longues, grêles. Ailes antérieures avec une cellule radiale
et 4 cubitales, la 2e longue recevant les 2 nervures récur-
rentes, la 1ère et la 3e petites. Cellule lancéolée pétiolée,
Cor[;S trapu, court, avec les pattes postérieures aplaties et
dilatées aux jambes et au 1er article des tarses.
Ce genre se distingue surtout des Némates par la di-
latation des pattes postérieures. Les larves qui sont at-
ténuées à l'extrémité, portent six pattes pectorales, 12
abdominales et 2 anales. On les trouve sur les saules et
autres arbres. Elles se renferment dans un cocon dans la
terre pour subir leur métamorphose.
Une seule espèce rencontrée.
ADDITIONS ET CORRECTIONS AUX HYMÉNOPTÈRES. 291
Crésus à-larges-tarses. Crœsm latitarsus. Nort. Proc.
Elit. Soc. Phil, i, p. 179, ç.
? — Long. .30 pee. Noir bleuâtre, le labre avec les palpes, bru-
nâtre. Chaperon fortement échancré. Ailes hyalines avec une bande
transversale lé^èreiDent obscure à l'endroit du stiç^nia, celui-ci noir de
niêine ([ue les nervures. Pattes noires, les trochantins postérieurs,
avec un large anneau à la base de toutes les jambes, blanc, les jambes
postérieures aplaties à l'extrémité, leurs tarses avec le premier article
plus long que tous les autres réunis, et fortement dilaté. Abdomen
large, sans aucune tache. — R.
Geii. Nematus, Jur. Vol. X, 52.
Aux 13 espèces mentionnées, ajoutez les 3 suivantes :
14. Némate cuisses-rousses. NenuUus fulvicrus, n. sp.
Ç — Long. ,23 pce. Noir avec rabdomen et les cuisses posté-
rieures roux: le labre avec les palpes blanchâtres. Chaperon à peine
échancré. Thorax finement ponctué, noir, sans aucune tache. Ailes
hyalines, légèrement obscurcies à l'endroit du stigma, celui-ci noir de
même que les nervures. Deuxième cellule cubitale longue, recevant la
2e récurrente tout près de son extrémité ; cellule lancéolée pétiolée.
Pattes brun-rous>âtre, les cuisses postérieures rousses, les hanches
noires, les 4 trochantins postérieurs blanchâtres. Abdomen court,
robuste, entièrement roux jaunâtre, à l'exception du segment terminal.
La nervure divisant les 2 premières cellules cubitales en partie ob-
solète. — R.
Espèce bien distincte par sa coloration. Capturée à
St-Hyacinthe.
15, Némate dos-jaune. Nematus luteotergum. Nort.
Trans. Ent. Soc. Phil., I, p. 206, d ç.
Ç — Long. .32 pce. Noir; le chaperon, le labre, les mandibules,
les joues, toute la face au dessous des antennes excepté une petite ligne
au dessous de chacune d'elles, les bords supérieurs du prothorax faisant
un angle droit avec une ligne au dessous des écailles alaires, blanc-
jaunâtre. Le chaperon et le labre arrondis tous deux en avant. An-
tennes aplaties, le 4e article plus long que le 3e. Un fort sillon sur le
vertex de chaque côté des ocelles. Ailes hyalines, légèrement enfu-
mées, les nervures et le sigma, noir. Pattes noires, celles de devant
en avant avec l'extrémité des hanches, blanches. Les placjues basi-
laires avec l'abdomen, excepté une tache à la base et une autre à l'ei-
trémité, d'un jaune-roux; tarière noire.
293 LE NATURALISTE C \NADIEN
(^ Avec les antennes plu»' longne?, le? orbites postérieurs en
partie blancs, les angles antérieurs noirs et les pattes plus variées de
blanc.-PC.
Capturé à Chicoutimi.
16. Némate de la-galle-du-saule. Nematns s. pomum,
Walsh. Trans. Am, Eut. Soc , i, p. 216.
$ — Long. .25 pce. D'un jaune-miel brillant. Une tacbe en
carré sur le vertex, les sutures du thorax, la partie médiane du méso-
thorax presque entièrement, l'extrémité des tarses avec le milieu du
dos des segments abdominaux basilaires, noir. Chaperon échancré ;
antennes assez courtes, noires, roussâtres en dessous et à l'extrémité.
Ai'es hyalines, les nervures brunes, le stigma jaune-} aie, bi un-foncé à
l'extrémité. La poitrine et les pattes, jaune-miel sans aucune tache.
Abdomen allongé, t-iché de noir à la base au milieu des segments.
Se distingue surtout du vef/tricosus par sa taille moins
robuste et sa poitrine sans tache.
Après le genre Dolerus, Leach, X, 69, ajoutez le suivant :
Geu. DINÈVRE. Dinevra, Dahlb.
Tète très-courte, transversale, presque aussi large que
le thorax. Antennes longues, sétacées, de 9 articles. Corps
court et trapu. Ailes antérieures avec 2 celules radiales
séparées par une nervnle droite, oblique, et 4 cubitales, la
1ère petite, arrondie, la 2e la plus longue, recevant les 2
nervures récurrentes, la 3e tétragonale, à peine plus large
en arrière; cellule lancéolée pétiolée ou contractée au
milieu; ailes inférieures avec une ou deux cellules disco-
ïdales. Abdomen court, trapu.
Ces insectes ont toute l'apparence des Sélnndries ; mais
ils s'en distinguent surtout par les nervures de leurs ailes.
Deux espèces rencontrées, dont une nouvelle.
Couleur jaune 1 , Americana, n. sp.
Couleur noire , 2. Inteipes.
1, Dinèvre d'Amérique. Dineiira Americana, n. sp.
V — Long. .32 pce. Dun jaune uniforme dans toutes ses parties;
les antennes, les tarses, les jambes postérieures avec les caisses, plus
ou moins noires. Ailes hyalines à l'extrémité, enfumées à la base, la
2e cubitale avec i;n point opa |ue vers son milieu ; les ailes inférieures
avec une seule cellule diseoïdale. Abdomen trapu, cylindrique. — R.
ADDirroNS RT coBRECnoNî at:x hyménoptères. 293
Un seul spécimen ç capture à Chicoutimi. Cette
espèce, qui par sa cellule lanci^olée contractée, appartient au
sous-genre Heinicliroa de tSt^-phenson, est la 1ère de ce
sous-genre mentionnée sur ce continent.
2. Dinèvre pieds -jaunâtres. Dîneur a luleipes, Nort.
Trans. Am. Eut, Soc. viii, 11.
cf — Long, .19 pce. Noire; antennes longues, sétac^es. Ecailles
alaires noiies. Ailes hyalines, nervures brunes, stigma jaunâtre. Cel-
lule lancéolée pétiolée ; ailes inférieures avec 2 cellules dir-coïdales.
Pattes pâles, les hanches avec les cuisses, excepté à l'extrémité, noir,
les tarses postérieurs avec i'(;xtrémito de leurs jambes plus ou moins
obscurs. Abdoraon déprimé, poli, brillant, entièrement noir. — R.
Un seul spécimen capturé à Chicoutimi.
G-en. Selandria, Leach. Vol. X, 97.
Espèce 1. S, vitis, Harris, X, 98.
Cî-suit la description du cf.
Toit le dessous jaune-;.âle, y compris les pattes; mésothorax tout
noir. Abd'imen avec le dos seulement noir, l'extrémité, les côtés,
jaune-pâle de même que le ventre.
L'espèce 8, S. flavicornis, Prov. p. 100, est la Selandria
halcion, Harris. Trans. Am. Eut. Soc., I, p. 232.
Puis ajoutez l'espèce suivante :
12. Sélandrie pauvre. Selandria pauper a, nov. sp.
Ç_IjOng. 20 pce. Noire; le vertex avec un sillon de chaque
côté des ocelles. Ecailles alaires jaunes. Mé.sothorax avec le lobe
médian sillonné au milieu. Ailes hyalines, les nervures noires, le
stigma aut-si noir, marginé de roussâtre au bord interne. Ailes infé-
rieures sans cellules discoïlales. Pattes noires, l'extrémité des cuisses
avec les jambes, excepté à l'extrémité. bl;inc, de même ijue la base du
premier article des tarses postérieurs. Abdomen trapu, noir, luisant,
la tarière surtout. — R.
Voisine de la liliœ, mais s'en distinguant surtout par
l'absence de cellules di>coïdales aux ailes inférieures.
Gen. Macrophia, Dahlb. Vol. X, 101.
Aux 16 espèces décrites, ajoutez la suivante.
n. Macrophye belle. iMicro/tht/a putchella, Klug.
Trans. Am. Ent. Soc. I, p. 268, Ç d".
294 LE NATURALISTE CANADIEN
Ç — Long. .32 pce. Corps court et robuste, noir ; le chaneroTTy
le labre, les mandibules, les palpes, les écailes al lires, les bords du
prothorax, une bande sur les flancs, l'éciisson, les hanches, les trochantins
avec les 4 pattes antérieures, jaune-pâle. Chaperon et labre éch;in-
crés, le dernier pubescent. Antennes courtes, l'article 3 aussi long
que 4 et 5 réunis. Tête large, ponctuée, rugueuse, les flancs encore
davantage. Ailes hyalines, légèrement enfumées, la 2e cubitale aussi
longue quoique moins large que la 3e. Pattes jaune pâle, les posté-
rieures, avec l'extrémité des cuisses, la base et l'extrémité des jambes,
la base et l'extrémité du 1er article des tarses et l'extrémité de tous
les autres articles, noir. Abdomen robuste, noir, le dernier segment
bordé de jaune. — R.
Voisine de Vepinotus et s'en distinguant surtout par la
tache de ses flancs. Capturée à Bécancour.
Gren. Pachyprotasis, Hartig. Vol. X, 107.
L'espèce 2 P. delta, Prov, est Tenthredo delta, Prov.
G-en. Taxonus, Meg. Vol. X, 164.
Aux 6 espèces décrites, ajoutez la suivante:
7. Taxon robuste. Taxonus robustus, nov. sp.
$ — Long. .29 pce. Noir avec l'abdomen roux, fort, lobut-te
la bouche, les palpes, les écailles alaires, une tache en avant, une autre
sur le bord supérieur du prothorax, avec les hanches excepte à la base,.
blanc. Vertex sillonné de chaque côté des antennes, celles-ci entière-
ment noires. Pattes rousses, les tarses plus ou moins bruns, de mêaie
que l'extrémité des jambes postérieures, tous les tiochantins avec un
anneau noir à la base. Ailes légèrement fuligineuse.-*, le stigma noir
avec une grande tache blanche à la base. Abdomen fort, allongé, cy-
lindrique, le 1er segment avec les 2 derniers noirs, le reste roux.
Un seul spécirnen Ç capturé à Cbicoutimi. Bien dif-
férent de ïunicinctus par sa plus forte taille et son abdomen
roux.
Gen. Strongylogastee, Dahlb. Vol. X, 166.
Aux 8 espèces décrites, ajoutez les 4 qui suivent :
Une erreur dans l'énumération des espèces dans la
clef systématique p. 216, a fait omettre la description de
celle qui suit :
9. Strongylogastre poli. Strong/jlognuter i)oJilus, \\. .^p
9 — Long. .25 pce. Noir; le chaperon, ie labre, les ceaillcg
ADDITIONS ET COEREOTIOîfS ADX HYMÉNOPTÈRES. 295
alaires, les angles antérieurs, avec les genoux et un petit anneau à la
base des j;inibes postérieures, blanc. Chaperon allongé, rétréeî et
échancré en avant. Sillons à côté des ocelles médiocrement profonds.
Antennes moyennes, assez fortes. Thorax poli, brillant. Ailes hya-
lines, nervures et stigina, noir ; les 2 cellules radiales séparées par une
nervure très oblique et flexueuse ; cellule lancéolée ouverte à l'épaule i
ailes inférieures $ avec 2 cellules discoïdales. Les pattes avec les
trochantins et les côtés des plaques basilaires, roux. Les jambes pos-
térieures excepté un anneau blanc à leur base, noires de même que
leurs tarses, Abdonien cylindrique, allongé, poli, brillant, noir, tous
les segments finement murginés de blanc à l'extrémité. — R.
10. Strogylogastre cornes-pâles. Strong ylog aster pal-
lidicornis, Mort. ïrans, Am. Ent. îSoc. ii, p. 21G, Ç.
9 - Long. .40 ! ce. Noir ; le chaperon, le labre, de larges lignes
orbitales dilatées extérieurement sur le vertex, les joues, une ligne sur
le bord postérieur de la tête, les 4 articles terminaux des antennes, les
éciiilles alaires, les angles antérieurs, la tache en V, une tache immé-
y diatement au dessous de chaque aile, l'éciisson, le post-écusson, une
ligne transversale sur le métathorax, les hanches excepté à la base
avec les trochantins, blanc ou jaune-pâle, les pattes, avec l'abdomen y
compris les plaq es basilaires, roux-clair. Chaperon médiocrement
échancré, labre grand, arrondi en avant. Antennes longues, un peu
plus épaisses vers l'extrémité. Ailes subhyalines, les nervures noires,
le stigma brun, avec la moitié basilaire pâle, le Costa jaune ; cellule
lancéolée avec une nervule transverse oblique ; ailes inférieures avec
cellules discoïdales. Abdomen allongé, cylindrique, légèrement obscur
à l'extrémité ; valves de la tarière noires. — R.
Cette superbe espèce à été capturée au CapRouge et
à Chicoutimi; très rapprochée de l'a/A/ca/is, Suy, mais ayant
beaucoup plus de taches blanches.
12. Strongylogastre ceint-de-roux, Strongi/hgaster
rubro-cinctus, AUantus rubioc. iMort, Trans. Am. Ent. Soc. ii,
p. ^17, c?9.
9 — Long. .28 pce. Noir ; le chaperon, le labre, les écailles alaires,
les bords supérieurs du prothorax avec les hanches et les trochantins,
blanc. Chaperon largement échancré. Antennes peu allongées, grêles.
Tête très grosse, avec un sillon sur le vertex de chaque côté des ocelles,
finement ponctuée, de même que le thorax. Ailes hyalines, le stigma
noir, blanc à la buse; les 2 cellules radiales séparées par une nervure
oblique ; cellule lancéolée cvec une nervule transverso oblique. Ailes
296 LE NATURALISTE CANADIEN
inférieures 9 avec 2 cellules discoïlales, les cellules intérieures Î!?-
complètes. Pattes rouss^âtrés, un très petit anneau à l'extrémité de»
cuisses postérieures avec les tarses de la même paire, noir. Abdomen
déprimé, noir, avec une grande tache rout-se sur les segments médians,
le ventre roussâtre. Quelquefois l'abdomen est roux avec seulement
la base et l'extrémité noires. — R.
Capturé au CapRouge.
12. Strongylogastre à-pieds-bariolés. Strongylogaster
soriculatus, nov. sp.
Ç — Long. .32 pce. Noir, allongé, poli, brillant; le chaperon, le
labre, les };alpes, les mandibules, les bords supérieurs du prothorax,
avec une tache sur les côtés des plaques basilaires, blanc. Antennes
sétacées, assez courtes. Ailes hyalines, les nervures et le stigma, noir •
cellule lancéolée ouverte, sans nervule transverse ; ailes inférieures avec
2 cellules discoïdales. Pattes rousses y compris les hanches et les
trochnntins avec la base du ventre; les genoux avec un anneau à la base
des 4 dernières jambes, blanc, les postérieures à part cet anneau et
une petite tache rousse en dedans à l'estrémité, avec leurs tarses, brun-
foncé. Abdomen cylindrique, allongé, noir, les segments plus ou moins
distinctement marginés de blanc, le dernier aussi blanc.
Capturé à Chicoutirai et au CapRou^e ; voisin du
politus, mais s'en dis^tingnant par ses hanches toutes rousses
et non blanches à l'extrémité, sa taille plus allongé, son
abdomen non élargi au milieu, etc.
Gen. Tentheède, Leach, Yol. X, 193.
Aux 18 espèces décrites, ajoutez les 7 suivantes, ce qui
iorcera à modifier comme suit la clef systématique de la
page 194.
1( 5) Antennes blanches à l'extrémité;
2( 3) Abdomen noir 1. grandis, p. 195.
3( 4) Abdomen entièrement roux 19. jOCOSa, n. sp.
4( 3) Abdomen roux avec l'extrémité noire 20. COUfUSa-
5( 6) Antennes entièrement rousses 2. mellilia, p. 195.
6( 5) Antennes noires, rou^•ses à la base seulement ;
7(10) Abdomen roux |
8( 9) Flanos jaunes 5. verticalis, J', 1-197.
9( 8) Flancs noirs... 3. baSllanS, p. 196.
10( 7) Abonien noir, les segments 4 et 5 jaune-roux
4. ungulata, p. 196.
ADDITIONS ET CORRECTIONS AUX HYMÉNOPTÈRES. 297
11(14) Antennes noires, pâles en dessous;
12(13) Abdomen ro.ix, noir à la base et ù l'extrémiti?. 21. delta, p. 1 08.
13(12) Abdomen entièrement roux jaunâtre 22. 14-puilCtata.
14(11) Antennes entièrement noires;
15 21) Tête plus ou moins jaune au dessus des antennes;
16(17) Abdomen jaune ou à bandes jaunes.. 5. verticalis, $,196.
17(20) Abdomen noir en dessus, ventre blanc ;
18(19) Une tache anguleuse sur les flancs.,... 6. angUlifera, p. 197.
19(18) Point de tache sur les flancs 113. lobatîl.
20(17) Abdomen en partie roux ; flancs pâles 7. eximia.
21(15) Tête toute noire au dessus des antennes;
22.34) Abdomen noir;
23(26) Ventre blanc; pattes rousses;
24(25j Une tache blanche à la poitrine ; abdomen Ç avec
une tache blanche à i'extrémiti)... . 8. lineata, p. 198
25(24) Poitrine rousse ; dos de l'abdomen Ç
sans tache 9, melliCOXa, p. 198.
^6(23) Ventre noir;
27(,30j Pattes roussis;
28(29) Poitrine rousse; flancs roux 10. rufopeCtUS, p. 199.
29(28) Poitrine noire; flancs noirs 11. rufipes, p. 199.
30(31) Pattes noires; ailes foncées 12. atroviolaceus, p. 200.
31(30) Pattes, noir et blanc; ailes hjaUnes;
32(33) Ecusson blanc... 13. decorata, p. 200,
33(32) Ecusson noir 24. cinctitibUS.
34(22) Abdomen plus ou moins roux ;
35(36) Hanches rousses 14. varians, p. 200.
36(37) Hanches noires 25. semirubra.
37(^36) Hanches blanches, du moins en dessous ;
38(39) Cuisses postérieures blanches, noires à
l'extrémité 15. palliCOXa, p. 201.
39(38) Cuisses postérieures rousses ;
40(41) Poitrine noire, sans tache 16. mutans, p. 20 1.
41(40) Poitrine blanche;
42(43) Deux points ovales blancs à la base des
antennes 17. Signata, p. 201.
43(42) Point de points blancs à la base des
antennes 18. rufopsdibUS, p. 202.
4. Tenthredo cingulata ?,Prov. p. 196. Cî-s dt la
description du c?.
cT— Le tfcape brunâtre en dessus; une tiche jaune en arrière des
298 Ll NATURALISTE CANADIEN
yeux, une autre sur le? flmcs ; les segments abdominaux 2, 3 et 4
jaunes; les cuisses po-^térieures noires,
19. Tenthrède guaie. Tenthredo j'ocosa, nov. sp.
Ç — Lonp;. .30 pce. Corps peu allongé assez robuste ; thorax noir,
abilonien jaune. Le chaperon, le labre, les mandibules, les joues, les
orbites antérieurs, une tache de chaque côté sur le vertex en arriéré
des yeux, les 4 articles termi'\aux des antennes, les écailles alaires, les
bords du prothorax, l'écnsson, 2 taches sur les flancs avec les trochan"
tins et l'extrémité des hanches, jaune-pâle. Pattes d'un jaune rous-
sâtre, l'extréniité des cuisses postérieures plus ou moins obscure.
Antennes longues, grêles, noires, blanchos à l'extrémité, les 2 articles
basilaires marqués aussi de blanc au sommet. Les hanches noires,
ies postérieures médiocrement allongées, portant une bande jaune en
dehors. Ailes hyalines-jauuâtres, les nervures brunes, le stigma jaune;
la cellule lancéolée avec une très courte nervule droite ; ailes inférieures
avec 2 cellules di>cnïdales. Abdomen trapu, déprimé, entièrement
jaune y compris les valves de la tarière. — E,.
Capturée à St-Hyacinthe.
20. Tenthrède confuse. Tenthredo confusa, JNort.
Trans. Am Eut. tSoo. ii, p. 241, d". »
^ Lon"-. .28 pce. Noire; le chaperon, les mandibules, le lobe
médian du mésothorax, l'écusson, avec les pattes et l'abdomen en partie,
roux. Antennes courtes, noires à la base, rousses au milieu et blan-
châtres à l'extrémité. Le labre avec les écailles alaires, blanc. Ailes
hyalines les nervures et le stigma, noir, le dernier taché de blanc à la
buse. Pattes rousses, les hanches noires, l'extrémité des cuisses et des
jambes postérieures avec la base de leurs tarses, noir, le reste de ces
tarses blanc. Abdomen court et peu robuste, roux avec les trois
segments terminaux noirs. — R.
Espèce bien remarquable par sa coloration. Un seul
spécimen pris au CapKouge.
21. Tenthredo delta, Prov. est le Pachi/protasis delta.,
Prov. p. 108. Cet insecte appartient plutôt aux Tenthrèdes
qu'aux Pacliyprotases.
22. Tenthrède à-14-taehes. Tenthredo \^-punctata,
Nort. Trans. Am. Ent. Soc. ii, p. 241, d" ?.
Ç Lonf. .34 pce. D'un blanc jaunâtre varié de noir ; l'extré-
mité des mandibules, une tache à l'endroit des ocelles, les 3 lobes du
niésothorax au milieu de leurs dis(iues, le métathorax en partie, le
ADDITIONS ET CORRECTIONS AUX HYMÉNOPTÈRES. 299
disque des plaqties basilaires, uno t;iche à la poîtiine, les tnrses post(5-
rieurs avec une Uirne en dehors de leurs j iinbes et le dessus des an
tennes,, noir pins ou moins foncé, le reste d'un jaune pâle nnifornip.
Antennes longues, grêles, noires en dessus, pâles en dessous. Ailes
hyalines, les nervures brunâtres, le sîignia blanchâtre. Les cuisses
plus ou moins tachées de brun en dessus, avec un putit anneau li l'ex-
trémité. Abdomen robuste, cylindrique, allongé, pâle, avec la suture
des segments brune, et 7 points noirs ou bruns sur cha(jue côté. — R,
Espèce bien distincte par sa couleur pâle. Capturée
à St-Hyacinthe.
23. Tenthrède lobée. Tenlkredo lobata, Nort. Allantus
lob, Nort. Trans. Am. Ent. Soc. ii, p. z29, $.
Ç — I<ong. .45 pce. Noire; la tête en partie, tous les bords du
prothorax, les écailles alaircs, la tache en V, les carènes du métatho-
rax, les côtés des pla(jues basilaires, une tache circulaire au dessus des
hVnches postérieures, les 4 pattes postérieures en avant, tous les tro-
chantins, les jambes fostérieures exe p té à l'extrémité, avec les côtés
du ventre, blanc, La tête est d'un blanc jaunâtre avec le derrière
noir et une tache noire aux ocelles trilobée en avant .«-'étendant jusque
sur le vertex, touchant les yeux en dessus et envoyant un rameau en
arrière jusque vers leur milieu. Ailes hy lines, le stigma brun, pâle
à la base. Abdomen allongé, cylindrique, avec les sutures ob-c iré-
ment marginées d'une ligne pâle. — R.
Capturée à St-Hyacinthe.
24. Tenthrède à-jambes-eeinturées. Teiithredo cÀuc-
titibiis. Cress. Trans. Am. Ent. ;?oc. li, p. 239, 9.
Ç — Long. .52 pce. Noire, le chaperon, le labre, les ycai 11 es alaires,
les hanches et les trochantius, blanc. Chaperon médiocreuient échan-
cré. Antennes moyennes, les articles dilatés au sommet. Les flancs
avec une tache blanche en ligne transversale. Pattes noires, les 4
cuisses antérieures blanches excepte à la base, de même que leurs
jambes excepté à l'extrémité, tons les articles des tarses blancs à la
base ; les pattes postérieures avec la base des cuisses et un large an-
neau au milieu de leurs jambes, blanc. Ailes hyalines-jaunâtres, leg
nervures noires, la base du stigma pâle. Abdomen robuste, entièrement
noir. — K.
Capturée au CapRouge.
25. Tenthrède semi-rouge. Tenthredosemi' rubra, Nort.
Trans. Am. Eut. Soc. li, p. 236, ?.
300 LE NATURALISTE CANADIEN
Ç— Loncr .50 pce. Thnrax noir, abdomen roux ; le chaperon,
le l;ibre, le? maiiflibiiles excepté à l'extrémité, un point sur les joues,
les éc lilies alaires, les anL:;les antérie>irs, les côtés des plaques basi-
laires avec une tache au des-^ns des hmches postérieures, jaune-[âle.
Tête fort grosse, excavée aux côtés des ocelles; antennes longues, les
articles plus gros à l'extrémité. Ailes hyalines, légèrement jaunâtres,
les nervures brunes, le stigma roux, pâle à la base. Pattes noires, les
4 jambes antérieures, l'extréii'ité des cuisses de la première paire en
avant, avec le dernier article des tarses postérieurs, blanchâtres. Ab-
domen allongé, cylindrique, les 2 premiers segments noirs, le reste
roux.— PC.
Capturée au CapRouge.
Gen. Lyda, Fabr. Vol X, 202.
Aux 8 espèces décrites, ajoutez les 3 suivantes.
9. Lyde de-Chicoutimi. Lyda Chicoutimiensis, Huart,
Nat XI, p. 149.
Ç Loiio'. .50 pce. Noire; le tiers basilaire des antennes, une
tache soulevée, allongée, lisse, oblique, touchant presque l'œil de son
extrémité extérieure au dessus de l'insertion de chacune, les mandibules
avec les pattes, jaune-rous^âtre ; un i oint au dessus de chaque œil, une
ligne de chaque côté s'ir le derrière de la tête, les écailles alaires, le
bord supérieur du piothorax, une tache près du bord inférieur, l'écus-
sou les bords latéraux du dos, une ligne au sommet des segments ven-
traux, blanc ou jaune pâle. Antennes avec le 3e article aussi long que
les 2 suivants réunis. Le vertex et le mésothorax avec de gros points
enfoncés. Les hanches noires, les ja^ bes antérieures avec une forte
épine latérale. * AilcN hyalines avec une tache légèrement obscure à la
base du stigma, les nervures brunes, la 2e cellule brachiale sans ner-
vure transverse.
Une seule ? rencontrée. Son écusson blanc, les di-
verses taches du vertex, les 2 taches obliques roussâtresdu
milieu de la face, et sa plus forte taille, la distinguent sur-
tout de la macidivetitris.
10. Lyde discolore Lyda discolor, Cress. Trans. Am.
Ent. Soc. viii, p. 26.
9— Long. .50 pce. Testacée avec taches plus pâles; le chaperon,
le- joues, une lâche de chaque cÔté sur le vertex, le lobe médian du
^ésothorax, une bande sur ses lobes latéraux, l'écusson, les éc:;illes
ablircs avec la poitrine, blanc ou jaune pâle j l'extrémité des mandi-
ADDTTIOXS ET CORRECTIONS AUX HYMÉNOPTÈRES. 301
bules, une tache raediane sur le vertex, avec une autre de ch;ir|ne côté
plus ou moins distincte, les sutures du thorax .ivr'C l'estréiiiito de
l'iibdoinen, noir ou brun-ioncé. Ailes hyalines, les nervures et le sti;^
ma jaunes, le dernier taché de brun à la base, la 2e cellule brachiale
sans nervule transverse. Pattes de la couleur du corps, lesjaii;bcs
antérieures avec une lot:gue épine latérale. Abdomen lar<re, déprimé,
testacé, ses segments finement marginés de noir au sommet, l'extré-
mité tachée de brun. — R.
Un seul spt'-'C'impn cipinré au CapKonge.
11. Lyde de-Provancher. Lyda Provancheri. Huart.
Nat. XI, p. 148.
$ — Long. .40 Douce. Nuire; une ligne bordant le chaperon et
recevant trois lignes perpendiculaires, l'une au milieu montant jusque
vis-à-vis les points d'insertion des antennes, et les deux autres, un peu
plijs longues, longeant les côtés internes des yeux, les mandibules ex
cepté à leurs extrémités, les palpes, une tache longitudinale à la partie
inférieure des joues et touchant les yeux, les écailles alaires, d'un jaune
pâle ; le dessous de l'abdomen excepté une tache à la base de chaque
segment, une bande assez largo bordant le dessus, une bande trans-
versale sur le milieu des segments 4 et 5 en dessus, d'un jaune roux;
les antennes, de longueur u;oyenne, couvertes d'une pubescence courte
et peu dense, jaunes excepté une grande tache sur le dessus du premier
article, qui est un peu blanchâtre à son extrémité supérieure et revêtu
d'une pubescence plus longue ijue celle des autres ; l'article 3 presque
aussi long que les trois suivants réunis; pattes pubescentes, d'un jaune
roux, excepté une tache plus ou moins étendue sur les cui.sses. Vertex
rugueux, brillant. Ailes hyalines, les supérieures traversées à leur
milieu par une bande étroite légèrement enfumée ; stigma noir avec
une tache blanche à la base ; les nervures noires, pâles à la base ; la 2c
cellule brachiale avec une nervure transverse interrompue presque au
milieu de sa longuetir.
Une seule ? rencontrée. Cette espèce est voisine de
la L.fasciata, Nort., elle s'en distingue surtout par ses an-
tennes jaunes et l'absence de taches sur le vertex.
Fam. II. UROCÉRIDES, Vol X. p. 225.
Gren. XlPHlDRlA, Lntr. p. 232, aux 2 espèces décrites,
ajoutez la suivante.
3. Xiphidria Provancheri, Cress, Tran^, Ain Eut.
Soc. viii, p. 49. Xiphidion Canadense, Prov. X, 233.
302 Î-E NATURALISTE CANADIEN
M» Cresson, avec raison, a retranché notre genre
Xiphidion, par ce que la nervulation des ailes chez les
Xiphidria est trop variable, pour former an genre distinct
d'une variation qui peut n'être qu'accidentelle.
Fam. III EVANIIDES. Vol. X, p. 234.
G-enre AulaCUS, Jurine p. 236.
Aux 2 espèces décrites, ajoutez la suivante.
3. Aulaque tarses-roux. Aulacus rufitarsis, Cress. Proc.
Eut. Soc. Phil, iii, p. 134, ?.
Ç —Long, .45 pce. Noir avec l'abdomen roux; le vertex, l'occi-
pi;t et les mandibules, polis. La fitce légèrement pubescente. Les
antennes plus longues que la tête et le thorax. Thorax gibbeux, strid
profondément en travers. L'écusson aussi strié transversalement et
avec 2 courtes impressions longitudinales. Ailes hyalines, légèrement
enfumées, le eosta fuligineux, les nervures noires de même que le
stigma, la nervule divisant les cubitales 2 et 3 presque entièrement
oblitérée. Pattes noues, les hanches rugneusàs, les cuisses polies, les
tarses toux pâle. Abdomen d'un roux brillant, la tarière plus longue
que l'abdomen, jaune, ses valves noires. — PC.
Une seule ç rencontrée.
Après le genre Aulacus, ajoutez le suivant.
Gen. Pammegischia, nov. gen.
(De pammegas, très grand, et ischion, hanche).
Tête hémisphérique, unie au thorax par un cou fort
allongé, courte inférieurement, à front convexe, yeux petits,
portant les antennes vers son milieu. Mandibules biden-
tées. Antennes filiformes, grêles, de 15 articles, le premier
allongé et renflé à son sommet faisant saillie en dedans, le 2e
presque aussi long que le premier et plus fort que le 3e,
les suivants plus allongés et diminuant de longueur à me-
sure qu'ils se rapprochent de l'extrémité. Thorax de
longueur moyenne, le prothorax fortement allongé en cou
pour recevoir la tête, le mésothorax gibbeux en avant et
ADDITIONS ET r CORRECTION'S AUX HYMÉNOPTÈRES. 303
ridé en travers. Ailes avec une grande cellnle radiale
atteignant l'extrémité, 3 cubitales, dont la prem, ère grande,
reçoit la 1ère récurrente vers le milieu de son côté, et non
au point d'intersection de la nervure qui la sépare de la
'2e, comme dans les Aulacus ; 3 cellules discoïdales parfaites.
Ailes inférieures sans autre nervures que la costale. Pattes
grêles, de longueur médiocre, avac les hanches postérieures
renflées et fort allongées, fig 1, se prolongeant en dedans au
delà de l'insertion des trochantms. Abdomen court,
ovoïde, briôv^ement pédicule, inséré sur le dos du mé-
tathorax qui s'allonge en pédicMile pour le recevoir.
Pig. 1. Tarière grêle, un peu plus longue que l'abdomen.
Les hanches postérieures allongées et la disposition
des nervures des ailes distinguent particulièrement ce
genxe des Aulacus^ dont il est voisin. Dans ces derniers, la
nervure divisant les 2 premières cubitales en se joignant
avec la 1ère récurrente forme un X au point d'intersection,
tandis que dans ceiui-ci, la première récurrente est reçue
bien avant le point d'intersection. Une seule espèce ren-
contrée.
Pammégischie de-Burque. Pammegischia Burquei, n. sp.
Ç — Long. .38 pce. D'un jaune rous>âtre uniforme dans toutes
ses parties. Tête polie, luisante. Tout le thor.ix fortement rugueux,
le mésothorax ridé en travers. Ailes hyalines, les nervures brunâtres
le stigma jaune, plus obscur à la base. Les yeux, les ocelles, l'extré-
mité des tarses avec les valves de la tarière, noir. — II.
Nous dédions avec plaisir ce bel insecte à M. l'abbé
Barque qui en a fait la capture à St-Hyacinthe.
Fam. IV. ICHNEUMONIDES, Vol. X, p. 257.
G-en. Ichneumon, Lin. p. 265.
Aux 67 espèces décrites, ajoutez les 15 qui suivent, ce
qui force à modifier comme suit la clef systématique de la
page 266 et suivantes.
FEMELLES.
§ Abdomen noir ou bleu, sans taches^ si ce n'est quelquefois au som-
met du premier ou du dernier article.
1(34) Abdomen noir ou bleu, sans taches ;
304 LE NATURALISTE CANApIE^
2(21) Pattes postérieurs noires, leurs jambes sans taches;
3(16 j Extrémité de l'abrlomen immaculée;
4(13) Ailes fuligineuses obscures ;
5( 6) Tête grosse, en carré.- 1. saucius. Vol. X, p. 259.
6( 5) Tête ordinaire ;
7(10) Post-pétiole ponctué ; ailes à reflets violets ;
8( 9) Ecussonnoir; stigma noir , 2. viola, X, 289.
9( 8) Ecusson blanc; stigme fauve 68. caliginOSUS.
10( 7) Post-pétiole finement aciculé ;
11(12) Hincbes postérieures sans brosse en
dessous 3. malacus, X, 290.
12(11) Hanches postérieures avec une brosse
en dessous 2. cincticornis, X, 290.
13( 4) Ailes hyalines ou légèrement obscurcies ;
14(15) Couleur bleue; écusson blanc sur les
côtés seulement 9. caeruleus, X, 292.
15(14) Couleur noir-bleuâtre ; disque de l'é-
cusson tout blanc 12. subcyaneus, X, 293-
16( 3) Extrémité de l'abdomen tachée de blanc;
17(18) Trochantins postérieurs blancs. 15. extrematatis, X, 294.
18(^17) Trochantins postérieurs noirs ;
19(20) Post-pétiole large; thorax avec l'écusson blanc
seulement; ailes enfumées.. 13. bimembîis, X, 293.
20(19) Post-pétiole étroit ; thorax avec plusieurs taches
blanches; ailes claires... 14. brevicilictor, X, 294.
21(33) Pattes postérieures noires? ou bleues ; leurs
jambes tachées de blanc ou de jaune;
22(23) Mésothorax brun-ferruginueux 6. centrator, X, 291.
23' 22) Mésothorax noir ;
24(32) Extrémité de l'abdomen immaculée;
25(29) Ecusson noir ;
26(^27) Caisses renfles; une ligne orbitale pâle
au dessus des antennes 18. pravus, X, 295.
27(28) Cuisses renfli-es ; tête sans aucune tache. 69. corvinus.
28(27) Cuisses grêles ; tête sans aucune
tache. 17. p'IoSUluS, X, 295.
29(30) Ecusson noir taché de blanc sur les côtés
seulement 10. navus, X, 292.
30(31) Ecusson blanc ; uiétathorax taché
de blanc 22. otiosus, X, 297.
31 1 30) Ecusson blanc ; métathorax im-
• maculé 21. unifasciatoriiis. X. 296.
ADDITfOVS ET CORRECTIONS AUX IITMÉVOPTÈaES. 305
32(24) Extrémité de l'abdomen tichée
de bl.inc 16. stygicus, X, 294.
33(21) Pattes postérieures ferrugineuses ; ex-
trémité de l'nbdomen t.ichée de
bl.inc 27. helvipei, X 299.
§ § Abdomen noir avec hamles on ftichfis blanche'^ oujiunes, ces taches
queJqw'/ois variées Je ferrugineux.
34(33) Abdomen noir aveo bmdes noires ou jaunes ;
35(36) Le 2e .«egment seulement .-ivec une bande
blanche ou jaunâtre 20 feralis, X, 319.
36(37) Le 2e, et souvent aussi le 3e seirment, avtc
une b:ini]e jiune au sommet, serments
terminaux ferrugineux 38. SUbdolUS, X, 354.
37(36) Le 2e segment fauve, les segments 3, 4
et 6 avec une bande blmchàtre
^ au sommet 39. jUCUndU5, X 354.
§ § § Abdomen ferrugineux avec Vexlrémite noire.
38(46) Abdomen ferrugineux, son extrémité noire;
39(40) Segments 2 et 3 d'un roux plus ou moins
obcur 75. UStUS, n. sp.
40(41) Segments 1, 2 et 3 roux, l'extrémité sans
tache [aie 47 nigrovariegatus, X, 357.
41(40) Segments 1, 2, 3 et souvent 4, roux, l'extrémité
avec une tache pâle ;
42(45) Antennes à article 3 deux fois plus long que 4 ;
43(44) Extrémité de l'abdomen avec une tache
pâle 49. caudatus, X, 358.
44(43) Extrémité de l'abdomen sans tache
pâle 50. inslabilis, X, 358.
45(42) Antennes à article 3 à peine plus long
que 4.. 48. humilis, X, 358
§ §§ § Abdomen roux oii ferrugineux^ les segments 1, 2, et 3 quelqve-
foi.t^ tachés de noir ; le sommet, roux.
46(38) Abdomen roux ou ferrugineux, son extrémité rousse;
47(55) Ailes fuligineuses;
48(49) Hanches postérieures avec une brosse en
dessous. 51. grandis, X, 359.
49(48) Hanches postérieures sans brosse en des.sous ;
50(51) Ecusson noir; antennes grêles 52, rufiventris, X, 359-
51(52) Ecusson noir; antennes grenues, en
roulées 56. iusolen». X, 861
306 LE NATURALISTE CANADIEN
52('51) Ecusson pâle;
53(54) Jambe?» postérienres blanches à la
base 54. devinctor, X, 360.
54(53) Jambes postérieures d'un ferrugineux plus
ou moins fonc^ 55. lividuIUS, X, 360.
55(47) Ailes hyalines on snb-hysilines ;
56(61) Thorax entièrement noir ;
57(60) Antennes avec un anneau pâle;
58(59) Jambes jaunes ; abdomen à segments plus ou
moins noirs à la base 57. Canadensis, X, 361'
59(58) Jambes rousses ou ferrugineuses ; abdomen
entièrement ferrugineix. 59. funeStUS, X, 362,
60(57) Antennes sans anneau pâle ; face
jaune 77. paradoxDS, ". sp.
61(62) Thorax noir; métathorax taehé de
blane 60. W-album, X, 362.
62(68) Thorax noir; le métnthorax sans taches
blanches; le méso et quelquefois a\issî
le métathorux plus ou moins ferrugineux ;
63(64) Jambes postérieures avec un anneau
pâle 78. annuljpes.
64(67) Jambes postérieures ferrugineuses, noires
à l'extrémité ;
65(66) Dernier segment sans tache jîiune.. . 50. instaMIÏS. X, 358.
66(65) Dernier segment avec une tache jaune ;
tarièie saillnnte 58. veloX, X, 361,
67(64) Jambes postérieures entièrement ferrugineuses;
tarière non saillante 6i. seminiger, X, 364,
68(62) Thorax entièrement ferrugineux, noir
seulement aux sutures;
69(72) Post-pétiole aeiculé ;
70(71) Deuxième segment abdominal non
ponctué 67. proximus, X, 365,
71(70) Deuxième segment abdominal dis-
tinctement ponctué 80. nanus.
72(69) Post-pétiole ponctué 81. soror.
MALES.
§ Abdomen noir ou bleu,, taché seulevirnt quelquefois au premier ou
au dtrnier segment.
1(48) Abdomen noir ou bleu, sans taches, si ce n'est
quelquefois au premier ou au dernier segment;
ADDITIONS ET CORRECTIONS ATTX HY.MÉXOPTÈRES.
307
2(16) Pattes poiit°rieures entièrement noires;
3( 4) Antennes jaune-orange, noires à la base et à
l'extrémité 7. flivicornis, X, 291.
4( 5) Antennes noires, sans anneau |âle 70. pepticUS.
5( 4) Antennes noires, avec un anneau pâle ;
6(11) Extrémité de l'abdomen sans tache;
7(10) Ailes fuligineuses, foncées ;
8( 9) Face entièrement noire 5. galenuS, X, 290.
98) Fuce blanche 21. unifasciatorivs. X, 296.
10( 7) Ailes hyalines ou snb-hyulines 8. acerbus, X, 291.
11 ( 6) Extrémité de l'abdomen avec taches pâles;
12(15) Post-pétiole entièrement noir ;
13(14) Trochantins postérieurs noirs 14 brevicinctor. X 294.
14(13) Trochantins postérieurs blancs.. 15. eXtrematilUS, X 294.
15(^12) Post-pétiole marginé de blanc au som-
^ met 11. citatUS, X, 193.
16(42) Pattes postérieures noires, leurs jambes plus
ou moins blanches ;
17(27) Antennes avec un anneau f â!e ;
18(26) Extrémité de l'abdomen sans taches ;
19('23) Post-pétiole entièrement noi»* ;
20i^21) Jambes postéiieures blanches, noires à l'extrémité,
les 4 hanches antérieures avec leurs trochan-
tins, blanc 19. vagans, X, 295.
21(22) Jambes postérieures avec un anneau blanc à la base;
les trochantins po-térienrs blancs.. 10. navus, X, 295.
22(21) Jambes postérieures avec une ligne blanche à la
base en dehors 20. SUblatuS, X, 296 .
23(19) Post-pétiole avec une tache ou bande blanche au
sommet.
24(25) Métathorax immaculé.. .... 21. unifasciatoriuS, X, 296.
25(24) Métathorax avec 2 taches blanches en
arrière 20. SUblatUS, X, 296.
26(18) Extrémité de l'abdomen marquée de
b'anc Amhlyt. impruvisus,'K\, Q,
27(17) Antennes entièrement noires;
28(41) Post-pétiole entièrement noir;
29(40) Métathorax immaculé ;
30(35)Jambes postérieures blanches ou jaunes, noires
à l'extrémité ;
31(32) Ailes brunes 23. bronleus, X, 297.
32(31) Ailes subhyaliDes ;
308 LE NATURALISTE CANADIEI^
33(34) Tarses postérieurs blancs, annelés de noir ; les
4 hanches ant(^rieures blanches. 24. cinctitarsis, X, 29T,
34(33) Tarses postérieurs tout noirs, toutes les
hanches blanchies Amblyt. nllus, Xî, 1.
35(30) Jambes po^-térieures noires, avec une lij:ne
blanche en dehors ;
36('39) Post-pétiole grossièrement aciculé;
37(38) Abdomen noir, segment 2 uniformément rugueux;
hanches postérieures marquées de
blanc Amhlyf. nitus, XI, 7,
38(37) Abdomen noir bleu, segment 2 grossièreujent et
longitudinalement rugueux à la base au
milieu; hanches postérieures tout
noir AnihJyt. Stadaronenxis^ XI, 7.
39(36 Post-pétiole poli o' ponctué 12. SUbcyaneUS, X, 293.
40(29) Métathorax avec 2 taches blanches en
arrière 20. SUblatus X, 296.
41(28) Post pétiole taché de blanc au somuKjt. 9. caeruleUS, X, 292.
42(16) Pattes postérieures ferrugineuses ;
43(44) Hanches postérieures ferrugineuses, extrémité de
leurs cuisses, de leurs jambes et leurs tarses
entièrement, noir ; forme grêle.. 26. puerilis, X, 298,
44(43) Hanches postérieures noires ;
45(46) Ecussonnoir; face jaune 25. SimilariS. X. 298,
46(47) Enis.-OM taché de b anc ; fice j lum-.. . Amblyt. Inclut;^ XI, 8.
47(46) Ecus.-on jiune; faeo noire avec les côtés
jâies 27. helvipes, X, 299.
§§ Abdomen noir, à segments marginés de blanc.
48(49) Abdomen i oir, avec bandes blanches à tous les
segments 28. alboittarginatus, X, 79^,
S8 8 Abdomen noir et jaune, varié quelquefoia de ferrugineux.
49(78) Abdomen noir et jaune, quelquefois varié de
ferrugineux ;
50(66) Extrémité de l'abdomen noire, immaculée;
51(52) Antennes avec un ai.neau pâle 71. SUadUg»
52(^51) Antennes sans atuieau pâle;
53(54; SvgUiCiit 3 avec une bande jaune peu distincte à
la base ; pattes jaunes 23. brOnteuS, X, 29-7. ;
54(55) Segments 2 et 3 jaune , vaiiés à la bas et
au sommet, et quelquefois au milieu,
de ferrudueux 72. Versabilîft
!
ADUrTIONS ET CORRECTIONS AUX HYMÉNOPTÈRES. 309
55,56) S>'giiiiMit> 2 et 3 j nines, plus ou moins
noirs au sommet 30. CDmeS, X, 350.
56(59) Segments 2 et 3 jaunes, plus ou moins
noirs à la base ;
57 58; Gi^^t-nC'-lh's profonds; tnille
"'"yi'î"' 31. trizoiiutu§, X, 350.
58 57j Gaï^tioelK's peu distincts, subob-olèics. 34. vescus, X, 352,
59(56) Segments 2-4 plus ou moins j.iunes, quel-
quelois aussi le post-pétiole;
60(63) Buse des segments 2 4 jaune, le sonjmet noir ;
■61(62) G istrocelles profonds ; taille forte 29. cornes, X, 300.
€2(61) Gastrocelles subobsolètes; taile
petite 35. poinillus, X, 349.
63(60) Bise des segments 2-4 noire, le commet jiune,
V extrémité du premier segment jaune;
64(65) Taille grande ; lignes orbitales com-
plètes 73. munlficus.
65 64) Taille moyenne ; oibit;>s interrompis... 32. laetus, X, 351.
66(69) Extrémité de l'abdomen noire, marginée de
blanc ou de jaune ;
67(63) Mésothorax noir avec une tache jaune médiane;
abdomen large, noir avec bandes
jaunes 36. f lavizonatus, X, 353.
68^67) M'Sothorax avec 2 .ignés jaunes; abdomen
étroit, giêle à la base, jaune avec
bandes noires 37. comptus, X, 353.
69(66) Extrémité de l'abiomen fauve, (juelquefois
marqué de blanc ou de jaune ;
70(75) Antennes sans anneau j^le ;
71(74) Post-pétiole aciculé ;
72^73) Soi^mcnts 5 et 6 noirs, 7 fauve 74. Inconstant.
73 72) St!g nents 5-7 fiiives ou ferrugineux. 40. crêperas, X, 354.
74(71) Pust-pétiole ponctué, pre.s.|ue ui.i... 33. mîuiicus, X, 351.
75(70) Antennes avec un anneau pâle;
76(77) Post-pétiole aciculé 40. creperus, var. X. 354.
77(76) Pust-pétiole uni, |âle 41. paratus, X, 355.
§ § § Ah(^ omen jaune- safran, noir à l'extrémité,
78(79) Abdomen j lune-safran, les 3 ou 4 segments ter-
minaux noirs; pattes entièrement
jauiius 42. uillvus, X, 355.
310 LE NATURALISTE CANADIEN
§ § § § -Abdomen plus ou moins ferrugineux, son extrémité
touj'))irs noire.
79(99) Abdomen ferrugineux, noir à l'extrémité;
80^81 j Segment 3 ferrugineux à la base, les autres
segments noirs ; ailes subhyalines ; la
face, récu?son et les pattes,
jaune .• Âmhlyt. Quehecensis^ XI, 10.
81(80) Segments 2 4 plus ou moins ferrugineux ;
82(,83) Ailes fuligineuses 52. rufiveutrls*.
83(82) Ailes hyalines ou subhyalines ;
84(95) Antennes sans anneau pâle;
85(83) Eciisson noir ;
86(87) Ecailles alaires fauves ou brunes. .. 44. cervulus, X. 356.
87(86) Ecailles alaires blanc pur 45. decoratu§ X, 356.
88(85) Ecusson plus ou moins pâle;
89(90) Hanches postérieures tachées de blanc. Amhlyt. eleclus^'S.l^
90 89) Hanches postérieures noires ;
91(92) Ecusson plat; post-pétiole finement aci-
calé Amblt/t. Qnebecensis, ^\, 10.
92(91) Ecusson convexe ;
93(94) Post pétiole finement aciculé 50. Iiistabilis.
94(93) Post-pétiole indistinctement gra-
nulé 46. laclivynians, X, 357.
95(84) Antennes avec un anneau fiâle ;
96(97) Pattes rouses ; écisson pâle 43. fiiiitimuii, X, 356.
97(98) Pattes noires , ecusson noir. 76. nigripes.
98(97) Pattes rousses; ecusson noir. -, 75. ustus.
§ § § § § Abdomen rour ou ferrugineux^ les segments 1, 2 et 3 plus ou
moins noirs à la base ou au sommât, l' extrémité jamais noire.
99(79) Abdomen ferrugineux, l'extréniité jamais noire ;
100(110) Ailes fulligineuses, foncées ;
101(109) Anten les sans anneau pâle ;
102(107) Pattes postérieures entièrement noires ;
103(1(14) Tèle grosse, en carré, joues convexes 51. grandis, X, 359.
104(103) Tête petite, subtriangulaire, joues aplaties ;
105(106) Ecusson noir ; post-pétiolé aci-
culé 52. rufiveiitris, X, 359.
106(105) Ecusson taché de blanc ; post-pétiole gros-
sièrement rugueux. 53. placidtis, X, 360.
107(108) Pattes postérieures noire-, l<Mirs jambes
tachées de blanc latérulemeut à la
ADnmnNS et CORRKCTfON'S AUX HYMÉNOPTÈRES. 311
base ; éciissoii blanc 54. devinctor, X, 360.
108(107) Pattes postérieures nnires, leurs cuisses
et le ir» juiubes ferrusritiea^es ; t^cus-
i-on noir 52. rufivenfris, var. X, 359.
109(101) Antonnes avec un anneau pâle.. .. 56. insoleiis, X, 361.
110(100) Ailes hyalines ou subhy.ilinos ;
111(118) Antennes sans anneau pâle ;
112(115) Abdomen ferrugineux, la base des seg-
ments plus ou moins noire ;
113(114) Tête et thorax noirs 40. creperus, X, 354.
114(113) Tête et thorax ferrujjineux ...,.,. . 65. voleiis, X, 364.
115(112) Abdomen ferrugineux, le 1er segment
seulement noir, ou entièrement
ferrugineux ;
116 117) T^horax noir ; stigma fauve ... .yl'?iWy<. unbioignit, XI, 12.
117(^116) Thorax roux ; stigma brun .. .. 79. rubicuudus
118(^111) Antennes avec nn anneau pâle ;
119^124) Hanches postérieures noires, ou taehiSes de blanc ;
120(121) Abdomen roux ou ferrugineux, sans taches
de brun aux segments 2 et suivants ;
chaperon avec une impression
médiane 61. duplicatus.
121(120) Abdomen roux ou ferrugineax avec
taches brunes aux segments 2 et
suivants j
122(123) Métathorax taché de blanc... 60. W-albuin, X, 362.
123(^122) Métathorax noir ou fauve, sans
tache de blinc 63. scltulUM, X, 363.
124(119) H inches postérieures ferrugineuses ;
125(126j Abdomen avec une bande blanche
[ilus ou moins distincte ,. 65. volons, X, 364.
126(125) Abdomen sans bandes blanches ;
127(128) Jambes postérieures noires avec un
anneau blanc 62. annulatus, X, 363.
128(127} Jambes postérieires entièrement
jaunes... 68. mucronatus, X, 364.
A corUinuer.
312 LE NATURALISTE CANADIEN
DE QUEBEC A JERUSALEM.
(Continué de la page 287).
XI
Jaffa. — La maison de Simon-le-Corroyeur. — Les jardins ; la chambre des
pestiférés. — Le départ; nos montures. — La fontaine Abou-Nabbout *,
la demeure de Tabithe. — La plaine de Saron. — Lydda, Ramleh. —
L'atelier de Nicodème. — La tour (ies 40 martys. — Latroun ; Em-
moas. — Saii-^. - Abougosch. — Vue de S. Jean in-Moiitana ;
Torrent du Terébmthe — Vue de Bethléem, du mont des Oliviers,
de Jérusalem ; entrée dans la ville sainte.
J;ifFa ou Japha est raiicicnne Joppé de l'écriture. Cost
une ville des plus anciennes da monde ; certaines traditions
veulent même qu'elle existât avant le déluge. Détruite
par le catHcly>me, le iils de Noé Japhet l'aurait rebâtie et
lui aurait donné son nom. Quelques uns veulent aussi que ce
soit là < ue Noé aurait couî-tiuii son aiche. Ce qu'd y a de
certain, c'est que cotte ville est très Hucienne Cétiiit le
seul port de m^r que possédassent les Israélites. C'est à
Jatl'a que le roi de Tyr, Hiram, faisait transporter les pré-
cieux bois de cèdre qu'd tirait du Liban et qu'il livrait à
Salomon pour la construction du temple du très-Haut.
C'est aussi à J;iff<i que le prophète Jonas s'embarqua sur
un vaisseau faisant voile pour Tarsis, pour se soustraire à
l'ordre du Seigneur d'aller prêcher la pénitence à Nmive.
On sait le naufrage qui s'en suivit et comment le prophète
fut remis sur le rivage par une baleine qui l'avait avalé.
Tour à tour possédée par les Machabées, les Romains, les
Arabes, les Perses, les Turcs, les E2'yi)tiens, elle fut autant
de fois détruite et rebâtie. S. Louis l'entoura d'une mu-
raille flanquée de vingt quatre tours que le sultan Kibars
rasa quelques années plus tard.
Mal bâtie, à rues étroites, tortueuses et malpiopres,
la ville ne renferme plus aujourd'hui que 6 000 habitants,
dont un millier à peu près sont citho iques, les musul-
mans seuls y compta .t pour plus de 4,0^0.
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM 313
Nous étions à peine rendus avec nos b;igngP6 an cou-
vent des PP, franciscains, que le Prmce Iiodolph<» ojiera
son débarquement, et vint aussi saluer les bons rt ligieux.
Nous venions de terminer notre Te Deum, pour lemercier
Dieu de notre heureuse navigation, qu > le Prince se pré-
senta pour y accomplir le même acte de religion. L»' P.
Gardien le reçut à la porte de l'église et lui présenta l'eau
bénite et l'encens.
On se montre généralment avide de voir les jçrands
personnages, ceux que U'ur naissance, leur génie ou leurs
vertus élèvent au dessus du commun des hommes; on se
plait à rechercher dans leurs traits quelques rayons de
cette autoyté émanée de Dieu qui s'est rep(>sé sur eux,
quelques signes extérieurs des privilèges dont les a favorisés
la Provi<lence ; mais tous ceux qui ont épié dans ces sen-
timents la ri-ncontie du Prince Ivodol[)he à son débarque-
ment a JafFt, ont été grandement dv'çus dans leur espé-
rance, surtout en examinant sa mise. En simple habit de
chaise à petits carreaux gris et noir avec culottes se ter-
minant au dessus du genou, on aurait plutôt reconnu,
dans cet accoutrement, un vulgaire coureur de taillis, que
l'héritier de la cou roniu' de l'un des plus vastes em|)ires
du monde Sou precrpteur, son oncle, l'ex-Griand Duc de
Toscane, malgré ses cheveux blancs, portait aussi le même
costume. Du reste, pour le Prince, bonne figure, tt^iiL
blond, traits réguliers, front large et découvert, et rien qui
dénote la morgue et les sottes {)rétentions. Si tenue pen-
dant la cérémonie religieuse fut tout-a-fait digne et res-
pectueuse.
Comme If départ av;iil été fixé pour les deux heures
de Taprès midi, on s'empresse dès le matin de fane quel-
ques petites excursions dans la ville.
Et tout d'abord nous faisons la connaissance du Frère
Liévin qui doit nous guider dans toutes les pérégrinations
que nous aurons à faire dans la Terre-Sainte et la Syrie.
Depuis vingt-deux ans, ce bon Frère est presque constam-
ment occupé à conduire ;iiu>i des voyngeurs dans toutes
les endroits mémorables de d-tte contrée, fii.^ant le fr;ijet
de Jérusalem à Beyrouth et Baalbek jusqu'à quatre et cinq
314 t^ VATUîlALISTE CAMVOfEJI
fois chaque année. Le Frère, qui n'a encore que la soixan-
taine, a la barbe et les cheveux tout blancs, ce qui n'eni-
péche pas qu'il puisse mettre à bout les plus forts cavaliers
qui entreprendi aient de le snivre II est fl imraand d'origine.
Il ef^t l'auteur du Guide Indicateur de la Terre-Sainte, (]ae
tous les pèlerins des Saints-Lieux ont constamment à la
main. Ayant fait une étude spéciale de tous ces lieux, il
est lui-même un livre vivant et des mieux renseignés» A
chaque endroit rendu mémorable par quelque fait saillant,
il nous fait l'historique du lieu, nous rapporte le fiiit, et
sait s'arrêter aux preuves les plus convainquautjs, lorsqu'il
y a eu dissidence sur quelque point.
Nous allons à sa suite, à quelques pas seulement du
couvent des PP., mais à travers di"S montées, des descentes,
dos voûtes, des couloirs tortueux où le meilleur chien de
race pourrait se perdre, visiter la maison de îSimon-le-Uor-
royeur, où logeait râ[)ôtre 8. Pierre et oii il reçut les en-
voyés du centurion Corneille, de Césarée. Ayant vu en
révélation des anges descendre du Ciel une nappe remplie
de toutes sortes d'animaux, purs et impurs, qu'on lui ofî-ait
en nourriture, il com[UMt que la rédemption n'était pas
seulement pour les enfants d'Israël, miis qu'elle devait
s'étendre à tous les gentils, aussi enrola-t-il avec joie Cor-
neille parmi les enfmts du Christ. La maison est aujour-
d'hui convertie en une petite mosquée, n'ayant lien de re-
marquable; son mihrab (1) est s;ins aucun ornem -nt et son
pavé est recouvert il'uue simple natte.
JS'ous passons dans le march' qui n'a de rem ir-
quable qu'une grande variété de cv)stumes de toute des-
cription. On y voit force étalages d'orang.>s et de citrons,
principale production deJatia. NTous y voyoïs aussi des
femmes avec des p.miers d'ame ides toutes vertes, qu'on
mange en entier avec le brou. Nous en goûtons une, nous
lui trouvons une saveur acide assez agréable, mais nous ne
pouvons nous défendre de condamner la vente de fruits
encore tout verts, n'étant guère qu'à mi-grosseur, lorsque
( 2) Le mihrab e^t une niche plus ou moins riche, dans les mosquées,
vers laquelle tous les musulmans se tournent en priant. Le mihrab est
toujours placé du côté de la Mecque.
DE QUÉBEC A JÉRUSATFM 315
parvenus à mntnrité ils auraient double valeur. C'est
Tent'int gourmand qui ne saurait attendre et (jni satisfait
son goût de tout ce qu'il rencontre.
En poursuivant vers le N. E , on rencontre de magni-
fiques jardins ou plutôt vergers, car ce sont bien plus les
arbres fruitiers, orangers, citronniers, grenadiers, vignes,
banajiiers, etc., qui les rendent célèbres, que la culture
qu'on leur donne, laquelle très souvent est fort néo-ligée»
Nous voyons là des oranges grosses comme nous n'en
avions encore jamais vu; c'est comme des moyennes ci-
trouilles» Les marins, nous dit-on, perçoivejit jusqu'à deux
lieues en mer les 'ffln\es de ces aibns fr-titiers loisqu'ils
sont en parfaite floraison.
Au delà de ces jardins, tout près de la mer, se trouve
un couvent d'Arméniens fcchismatiques, dans lequel on
montre aux voyageurs la salle des [)estiférés, c'est-à-ilire,
cette salle où l'on préti'ud que JNapoléon fit empoisonner
ses soldats atteints de la peste, pour leur épargner d'être
massacrés par les Turcs après son départ.
Nous prenons le. dîner dans le réfectoire des Pères et
aussitôt après on s'occupe des préparatifs du départ.
Nous avions retrouvé nos selles euroi)éennes parmi
les bagages débarqués du Scani'indre, **t les avions re-
mises aux monkresl^l) ehirgés de nous conduire.
Nos montures occupent presque complètement une
petite rue inégale, tortueuse, [)avée en [)ierres mal jointes
tout en arrière du ouvent; nous allons y faire une visite.
C'est à peine si nous pouvons nous frayer un chemin à
travers les chevaux, mulets, ânes, pressés li's uns contre
les autres. Nous parvenons à la lin à retrouver notre selle
numéro 35, sur un jeune cheval de fort belle ai^parence.
Nous retournons au couvent [)our i)rendre notre ombrelle
et attendre l'heure du départ.
Il est 2 heures passées et ordre est donné de monter à
cheval. Nous passons de nouveiiu à travers les montures,
mais sans pouvoir retrouver l.i nôtre, on les avait changées
( l ) Les nioiikres ou muletiers .sont de vigoureux jeunes gens chargés
du soin des bélea dans les caravanes.
316 LE NATURVLISTE CANADIEV
déplace. Presque tons les pèlerins étMieîit dr]h en selle.
et nous étions eue n'e à ch Teller notre jeune ch v.il. Il se
trouvait bien encore près de nous un cheval sans c ivalier»
mais il portait une selle arabe, et nous tenions à conserver
l'européenne que nous avions aclu^tée à P.iris. Ne voulant
pas ainsi faire l'échinge, force no is fut de fiire l'iusp.'Ction
des selles pour retrouver notre numéro 35. Nous le retrou-
vons à la tin, occu|)é par un cavalier qui paraissait s'en ac-
commoder fort bien. Permettez; vous avez sans doute ap-
porté une selle de France. — Pas du tout; j'ai pris la 'pre-
mière monture prête que j'ai rencontrée. — Et de cette
façon vous vous êti's e'npiré de ma pr()i>riété, car cette selle
numéro 35 a éié, p.r moi, ;ich*'tée à P..ris;je vous prierai
de vouloir bien me la céder — C'est bien dommage, car
je m'en trouvais fort bien.— Je veux le croire, mais
puisque vous vous êtes résigné aux sell s arabes, veuilhz
allez jouir des aurcments qu'elles |>résentent, en prenant
cette mouture qui re>te encor»' in» ccupée. Et là dessus,
notre compagnon laisse la place, que nous occupons aus-
sitôt.
Nous nous trouvons fort bien assis et reconnaissons
notre jeune bête C'est un étalon arabe de 4 ans, fort
élégant, mais qui parait montrer un peu trop de pétulance,
il avance, recule, frappe le pavé de ses fers, mordille ses
voisins, et ne peut rester tranquille. — De grâce, dime:t-nous,
partons bientôt, car je crains quelque accident.
Voulant le retenir plus tranquille, nous saisissons les
rênes; et le voilà aussitôt à reculer, heurtant de son crou-
pion et chevaux et cavaliers, au grand mécontentement de
ceux-ci, qui ont aussi peine à retenir leurs bêtes. N'ayant
ni éperons ni coui bâche, nous le fr;ij)pons de notre om-
brelle; mais notre animal va toujours à leculons, jusqu'à ce
que rencontrant un étalage d'oranges que tenait uiu- bonne
femme, il renverse la table au grand effroi de la mar-
chande, et va s'appuyer la croupe sur la maison voisine
pour se cabrer. Mais un moukre, en mâchant force gros
mots arabes que nous ne pouvons comprendre, a déjà saisi
la bride et ramène l'animal à la raison. Allons, dimes-
nous, ça débute a>sez mal ; espérons que ça tournera bien-
tôt autrement.
DE QTJÉBKC A JÉRUSALEM 317
Enfin nous voila en marche, et notre anima) se tran-
qiiili-e à mesure que nous avançons.
Nous avons à peine franchi h^-s limites de la vill»», que
nous nous trouvons dans une allée boidée de chaque côté
d'une hiiie d'énormts nopals, étalant leurs épines en ro-
settes à travers lesquelles se montrent fréquemment les
têtes hideuses de nombreux lézards noiiâtres, qui nous re-
gardent passer, et séparant de la route des verjrers sans
lin d'orangers, de citroniers, de greuiidiers en fl urs qui
embaument l'air de leurs émations. Les orang-ers, en même
temps qu'ils plient sous le poiiis de leurs pommes d'or, nous
montrcnts des fleurs tout épiUiouies, piincipal foyer de
leurs parfums ; les citroniers retiennent encore la couleur
verte à leur» fruits ; et les grenadiers n'éialent encore que
leurs fleurs comme des roses écarlates du plus vif éclat.
Ça et là, au milieu de ces vergers, se montrent des bana-
niers au feuillage tout tropical. Ces feuilles minces, lon-
gues souvent de 6 à 8 i)ieds sur une laigeur de 15 à 18
pouces, à limbe lisse, d'un vert souvent lavé de pourpre,
aux bords gracieusement ondulés, nous rappellent ces
goémons qn on rencontre se promenant au courant aux
bords de la mer. El comme protecteur île tous c-s arbres
lie médiocre hauteur, les tiers palmiers lancent de ci de là
vers le ciel leurs parasols de verdure couronnant leurs
tiges grêles et nues.
De temps en temps aussi sur le bord de la route, nous
renouvelons connaissance avec un arbre que nous avons
rencontré la première fois en Géorgie et en Floride, c'est
le mélia azéderach. Cet arbre, comme l'oranger, le citro-
nier, le grenadier, etc., n'est pas indigène ici, mais y a été
importé de la Perse depuis longtemps, et s'y est pour ainsi
dire naturalisé. 11 fournit de superbes sujets pour l'onie-
mentation des rues; sa taille ne dépassa. it pas la moyenne,
son tronc étant toujours droit et uni et sa tête se couvrant
au printemps d'une masse compacte de fleurs d'un beau
blanchâtre lilacé. Les rues du Caire et d'Alexandrie nous
en montrent de nombreux spécimens de la i)lus belle
venue.
318 LE NATURALISTE CANADIEN
Orancei's, citroniprs, grenadiers, palmiers, bananiers,
cyprès, mûriers, sycomores, etc., le botaniste reconnaît de
suite qu'il est ici en pleine végétation tropicale, et il cher-
che en vain des représentants des productions de nos
climats du nord.
Après environ 20 minutes de marche, nous rencon-
trons une riche fontaine en marbre blanc sur une place
ombragée de cyprès et de sycomores. C'est la fontaine
d'Abon-Ndbbont, du nom du gouverupur de Jaffa, qui la
fit construire au commencement de ce siècle. C'est à quel-
ques pas seulement au nord de cette fontaine, dans un
vieux cimetière qu'on commence à livrer à 1 1 cnltnre, que
se trouve les ruines de la maison de Tabithe, cette sainte
veuve que ressuscita l'apôtre !S. Pierre, comme on le lit
aux actes des apôtres.
En ce temps là, disent les Actes, il y avait à Joppé,
une femme de grande réputation par sa sainte vie et ses
œuvres de charité, du nom de Tabithe. Cette femme
étant venue à mourir, on envoya à S. Pierre qui était alors
è Lydda pour le prier de venir à Joppé sans délai. Pierre
s'y rendit avec les délégués, et arrivé à la maison de la
morte, les veuves et les pauvres femmes qui y étaient ré-
unies attendrirent l'apôtre en lui montrant les habits
dont elle les avait revêtues et en déi)lorant la perte
de leur bienfaitrice. Pierre s'étant agenouillé pour
prier, dit à la mo.te : Tabithe, lève-toi ; aussitôt elle ouvrit
les yeux et se mit sur son séant. Et l'apôtre la rendit
toute pleine de vie à ses protégées.
On montre des loges sépulcrales dans l'une desquelles
la tradition veut que la sainte femme ait été inhumée, et
tous les ans, le IVe dimanche après pâques, il se fait là un
grand concours de peuple pour honorer les vertus de
Tabithe et le miracle dont elle tut l'objet.
Laissant à gauche la fontaine d'AhouNabbout, nous
passons bientôt à droite la 1ère tour. Ces tours on corps
de gardes ont été érigées en 1860, par le Pacha de Jéru-
salem Souraya, contre le brigandage des bédouins. Elles
sont échelonnées de distance eu distance sur la route de
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM 31 9
J;ifF;i à .TénisaU'in et occnpt'ps ch; cnue par d^mx so'dats
de la trouju' ii régiiiièie appelés E;.chibouzoiiks (gen-
d'armes.)
Nous hommes maiiitoiitiiit dniis ia fameiiso plaino de
Saron, vantée par le piojihète Isaïe. C'est ici que Samson
incendia les blés des Philistins en attachant des flambeaux
à Ja queue de renards qu'il lança au milieu de leurs mois-
sons. La plaine qui s'étend de la mer aux montagnes de
la Judée, mesure 8 lirues de large sur environ 80 de lon-
gueur. Le sol est une argile siibionneuse des plus fertiles,
aussi tronve-t-on tous les eiidruit.s non mis en culture cou-
verts d'un riche tapis de verdure, qu'emailleiit de!< fleurs
sans nombre, parmi lesquelles dominent surtout l'anémone
et la tulipe en certains endroits. Quelle population ne
pourrait pas nouirir une telle plaine si elle était de toute
part livrée à une cultuie intelligente? Nous passons par-
fois à travers des blés que nos montures dépa^^sent à peine
et dont les lents balancements au soufîie du zéphir déno-
tent le poids qui allourdit leurs épis.
Nous poursuivions tranquillement notre route, lors-
qu'un compagnon en arrière de nous, tomba de son cheval,
par suite d'un faux pas qu'avait fut l'animal en mettant le
pied dans un trou. Nous étant retourné pour voir ce qui
en était, nous ne savons quel mouvement nous imprimâmes
à nos rênes, mais voila notre aninial, que nous cioyions
détorm:iis paisible qui repreiul sa course à reculons, heur-
tant les niontures qui nous avoisinent ; il se trouve bien-
tôt sur une lourde voiture à trois chevaux qui nous suivait.
Arrêté dans sa marche, il se cabre presque verticalement,
si bien que le pôle de la voiture vient nous frapper entre
les épaules en menaçant de nous faire rouler sous .es pieds
des bêtes. Les chevaux de la voiture opèrent aussi un
mouvement de recul, et voilale véhicule qui menace de dé-
verser son contenu dans un ibssé que nous longions. Nous
allions être désarçonné, lorsqu'arrive un moukre qui saisit
notre animal à la bride et nous pernirt de desdntlre. —
Eh! nous crie l'i.rabe, rien de surprenant, vous menez ce
cheval au ^/e^. — Mais que voulez-vous dire?~Vous ne
tirez qu'une rêne à la fois. — Mais n'esl-ce pas ce qu'il laut
320 L"R NATURALISTE CA.NADIEN
faire, quand nous voulons chang-^r dt> directioii ? —Et non,
il faut toujours tirer les 2 rênes à la fois; portani la m un
à droite, si vous voulez aller de ce côt' là, et à gauche si
vous voulez aller de l'autre. -C'est ce que j'ignorais ; mais
pour cet animal, vous le mènerez au Klet on à la cordelle
comme bon vous semb era, pour moi, je nen veux plus;
il m'en faut un autre.
Et tous nos compagnons d'approuver notre décision,
surpris qu'ils étaient que l'animal ne nous eiit désarçonné
par ses cabivments. — Alors, dit le moukre, nous allons
changer, vous allez prendre mon mulet et je monterai
votre cheval. — Très bien, changez les selles. Nous les
changerons ce soir, à Ramleh. — Mais non, que ce soit de
suite; puisque j'ai fait les frais d'acheter une selle euro-
péenne à Paris, je veux m'en servir, et ne pas m'exposer à
me blesser avec vos itffieuses selles arabes.
Si jamais nous nous sommes applaudi d'avoir fait un
échange, c'est bien cette fois; car nous (^ùmes dans ce
mulet, sans contredit la meilleure bête de toute la cara-
vane. Animal p;iisible^ au pas sûr et long, nous n'avions
qu'à le laisser faire dans les pas difficiles et nous n'avions
rien à craindre Aussi ne voulûraes-iuius plus nous en
séparer du reste du voyage.
{A continuer.)
MINKRACX.
Tous ceux qui s'occupent de minéralogie trouveront
chez M. A. E. Foote, de Philadelphie, la plus grande col-
lection de spécimens qu'on puisse désirer, puisqu'elle n'en
comprend pas moins de 40 tonnes, coûtant au-delà de
150,000, la plupart à l'état cristallisé.
La seule liste des prix des spécimens forme un catalogue
du plus grand intérêt. Voir l'annonce à la couverture.
LE
Vol. XIII— 11. CapRouge, Q., NOV., 1882. No. 155.
Rédacteur: M. l'Abbé PROVANCHER.
FAUNE CANADIENNE
HYMÉNOPTÈRES
ADDITIONS ET CORRECTIONS.
CContinué de la page 311).
68. Ichneumon obscur. Ichneumoti caliginosus, Cress.
Proc. Ent. Soc. Phii. iii, p. 144,
Ç— Long. .55 pce. Noir, l'abdomen plus ou moins bleuâtre,
court et passablement robuste. Antennes enroulées avec un anneau
pâle au milieu. L'écusson blanc ; aréole centrale du métatborax en
carré irrégulier. Ailes fuligineuses, le stigma brun-roussâtre. Pattes
sans aucune tache, les hanches postérieures sans brosse. Abdomen
court, en oval allongé, noir-bleuâtre, le post-pétiole ponctué.
Pris 4 spécimens ç.
69. Ichneumon corbeau. Ichneumon corvinus, Cress.
Trans. Am. Ent. Soc. vi, p. 145, $.
Ç Long. 35 pce. Noir brillant, faiblement ponctué, tête sans
aucune tache. Antennes fortes, à articles courts, enroulées, noires
avec un petit anneau blanc vers le milieu. Ecusson aplati ; niétatho-
rax densément ponctué, excavé en arrière, ses angles tuberculeux, son
aréole centrale grande, en occupant toute la longueur. Ailes légère-
ment enfumées. Pattes avec les cuisses renflées, les tarses brun-rous-
322 LE NATURALISTE CANADIEN
sâtre, toutes les jambes avec une tache blanche en arrière au dessus
du milieu. Abdomen largement fusiforme, le 1er segment large au
sommet et finement aciculé, le 2e plus fortement ponctué que le 3e,
les gastrocelles petits, le segment termiaal obscurément taché de blanc ;
tarière apparente. — PC.
Yoisiu du planus, mais s'en distinguant surtout par sa
taille plus petite, sa têle et son thorax immaculés, etc.
70. Ichneumon brûlé. Ichneumon pepticus, Cress.
Trans. Am. Ent. Soc. vi, p. 148, c?.
(^ — Long. .62 pc8. Noir; la face excepté une bande médiane
et une tache en avant du chaperon, la base des mandibules, les orbites
interrompus en arrière des yeux, le scape en dessous, les bords siipé_
rieurs du prothorax, une tache S'jr l'écusson souvent bifide en arrière
les 4 hanches antérieures en dessous, une ligne en avant sur les 4
cuisses antérieures et leurs jambes, blanc. Pattes postérieures entiè-
rement noires. Antennes longues, sétacées, dentées en dessous. Aréole
centrale du métathorax transversale, peu distincte. Ailes hyalines,
légèrement obscurcies vers l'éstréinité, nervures et stigraa, noir. Ab-
domen fort, allongé, le premier segment aciculé, les gastrocelles grands
et très profonds. — R.
Capturé à St-Hyaciuthe. Probablement le mâle de
Orpheus.
71. Ichneumon certain. Ichneumon suadus, Cress. Trans.
Am. Ent. Soc. vi, p. 160, J.
(^ — Long. .40 pee. Assez grêle, noir; la face, les mandibules,
les orbites interrompus sur le vertex en arrière des yeux, les joues, le
scape en dessous, un anneau aux antennes, le collier, les bords et les
sutures du prothorax, les écailles alaires, une ligne au dessous, la
poitrine, la suture des flancs du métathorax, une petite tache sur le
disque du mésothorax, l'écusson et le post-écusson, une tache en zig-
zag sur la face postérieure du métathorax, les 4 hanches antérieures
avec leurs trochantins, les postérieures en dessous, les tarses, la marge
apicale des segments 1, 2 et 3, blanc ou jaune-pâle. Ecusson convexe ;
métathorax rugueux. Aiies hyalines, les nervures et le stigma, noir,
le dernier taché de blanc à la base. Pattes jaune-roussâtre, les 4
cuisses antérieures avec une ligne en dehors, un petit anneau à l'ex-
trémité des postérieures avec l'extrémité de leurs j imbes, noir. Ab-
domen dépriii.é, à pédicule grêle, gastr celles subobsolètes, avec le 2e
segment souvent aussi marginé de jaune à la base. — E..
Capturé à St-Hyacinthe. La tache du mésothorax
manque quelquefois, de même que celle de la poitrine.
ADDITIONS ET CORRECTIONS AUX HYMÉNOPTÈRES, 323
72. Ichneumon changeant. Ichneumon versabilis, Cress.
Trans. Am. Eut. Soc. vi, p. 161, d".
(^ — Lona;. .46 pce. Noir ; la face, les orbites antérieurs, le scape
en dessous, le collier au milieu, les écailles alaires, une ligne en avant,
une autre au dessous, l'écusson, les 4 ja.i.bes antérieures avec l'extré-
niité de leurs cuisses, la base des jambes postérieures a'/ec les segments
2 et 3 de l'abdoinen, d'un jaune plus ou moins roussâtre. Antennes
sétacées, assez courtes, plus ou raoin* rousses en dessus. Métathorax
rug'ienx, l'aréole centrale large, arrondie en avant. Ailes hyalines-
jaunâtres, les nervures et le stigma jaunes. Hanches noires, les pattes
postérieures noires, avec le tiers basil.-iire des jambes et un anneau à la
base de ch.ique article des tarses, jaune. Ablomen finement ponctué,
poli à l'extrémité, les segments 2 et 3 jaunes variés de ferrugineux ou
de brun à la base et au sommet, quelquefois aussi au milieu, les gas-
trocelles grands et profonds. — C.
C«"tte espèce est très variable dans sa coloration ; elle
est très rapprochée du cornes, ayant cependant l'abdomen
bien plus finement ponctué.
73, Ichneumon généreux:. Ichneumon muni/lcus, Cress.
Trans. Am. Eut. !Soc. vi, p. 162, d ; Ich. nobilis. Cress, (nec
Wesm.) Proc. Ent. Soc. Phil, iii, p. 155, c?
çf — Long. .64 pce. Noir ; la face, des lignes orbitales complètes,
le scape en dessous, le" éciilles alaires, une tache en avant, une petite
ligîie au dessous, les bords supérieurs et inférieurs du prothorax, une
tache sur les flancs, deux petites lignes sur le dos du mésothorax, les
écussous, tout le sommet du métathorax, les 4 pattes antérieures avec
leurs hanches et leurs trochantins excepté une tache sur les cuisses eu
dehors, les segments abdominaux 1, 2, 3 et 4 cxce[ité à la base, jaune.
Les pattes postérieures, toutes les hanches, les cuisses avec l'extrémité
des jambes, noir. Ailes hyalines, jaunâtres à la base et légèreuient
enfumées à l'extrémité, le stigma jaune. Abdomen allongé, les der-
niers segments souvent marginés de roussâtre, le 2e fortement ponctué
à la base, los <i-astrocelles grands et proforirls. — C.
Se distingue sursout du lœtus, par sa plus forte taille.
La tache du métathorax manque quelquefois.
74. Ichneumon inconstant. Ischneumon inconstans.
Cress. Proc. Eut. Soc. Phil., lii, p. 153, cT.
j» — Long. .57 pce. Noir ; la face, le vertex en partie, le scape
en dessous, les écailles alaires, une ligne en avant, une autre au des-
sous, l'écusson, le post-écusijon, une tache sur chaque côté du meta*
324 LE NATURALISTS CANADIE^
thorax, les pattes avec les segments abdominaux 1, 2, 3 et 4, roux ou
jaune fauve. Ailes hyalines-jaunâtres, le stigma jaune. Hanches
noires plus ou moins fauves à l'extrémité. Les pattes postérieures
avec les cuisses et l'extrémité des jambes, noir, le reste fauve. Abdo-
men allongé, finement ponctué, les segments 2, 3 et 4 fauves avec une
bande noire à la base, le 1er souvent aussi avec l'extrémité fauve, 5 et 6
noirs et le 7e roux. Aréole centrale du métathorax en carré. Gas-
trocelles larges et profonds. — C.
Le métathorax est quelquefois sans tache. Nous pen-
sons que Vinfucalns de M. Cresson n'est qu'une variété de
de celui-ci, car les couleurs sont assez inconstantes dans
cette espèce, le jaune étant souvent remplacé par du
fauve roussâtre, le premier segment abdominal de même
que le métathorax étant quelquefois sans taches et d'autre
fois plus ou moins marqués de jaune-fauve. "Voisin du
creperus et s'en distinguant surtcat par ses segments ab-
dominaux 5 et 6 qui sont touiciirs noirs.
Il est probable que les $ da cette espèce et des es-
pèces voisines, telles qîse crevzrus, mimicus, lœtus, cornes,
veisabilis, munificus, eic, diSierent grandement des cf en
coloration, puisque ces derniers sont toujours très nom-
breux et qu'on ne conaait pas encore leurs femelles.
'iO. ïcIine'%i2non grillé. Ichneumon ustus, nov, sp.
Ç — Long» .35 pce. Noir, ponctué ; la faee sans taches. An-
tennss longuss et grêles, noires avec un annaiia blanc au milieu.
Thorax asse:: rebuste, aoir sans aucune tache; les écailles alaires
noires. Ailes hyalines, le stigma d'un fauve-brun. Pattes noires, les
antérieures ferrugineuses à la base. Abdomen robuste, noir, les seg-
ments 2 et 3 d'un, roux plus ou moins obscur, tarière saillante.
(J — Plus grêle, l'abdomen avec les segments 2 et 3 roux, les
gastrocelles s'uaissant V an à l'autre pur uae dépression de la base du
2e segment.
Cap (Tiré au (japRouge et à St-Kyacinthe.
76. Ichneumon pieds-noirs. Ichneumon nignpes, nov.
sp.
c5^ — Lcng. .38 pce. Noir avec l'abdomen en partie roux, grêle ;
2 petites lignes orbitales au dessous des antennes, l'écusson avec une
tache L l'extréarlté de l'atdomen, blanc. Antennes sétacées, grenues,
avec un anoeau jaune au milieu. Ecusson soulevé, blanc. Ailes hy-
ADDITIONS ET CORRECTIONS AUX HTMÉNOPTiRES. 325
alines, les nervures et ie stîgraa brun-foncé. Pattes noires, les jambes
et les tarses des 2 paires antérieures plus oa moins jaunâtres en avant:
les cuiEEes post-^rieures avec un peiit anneau roux à la b-se, hs éperons
de leurs jambes, blancs. Abdomen allongé, grêle, les segments 2 et 3
plus ou moins complètement roux, le reste noir avec une grande tacUe
blanche sur les 2 derniers segments.
Espèce bien remarquable par ses pattss noires. Cap-
turée au CapRouge.
'77. Ichnaunion paradoxal. Ichnswnon paradoxus^
no7, sp.
9 — Long. .44 pce. Noir avec l'abdomen roux; la face entière-
ment, les mandibules, les palpes, le scape en dessous, les écailles alaires,
une ligne en avant, une autre au dessous, l'écusson avec les pattes,
jaune. Antennes de longueur moyenne, plus minces à l'extrémité,
grenues, droites. Tête rétrécie en arrière des yeux. Ecusson con-
vexe, jaune. Ailes légèrement obscures, les nervures brunes, le stigma
jaune. Pattes jaunes, les hanches noires, les 4 antérieures avec leurs
trochantins jaunes en dessous, les cuisses noires, les 4 antérieures plus
ou moins jaunes en avant, et à l'extrémité, avec l'extrémité des articles
de leurs tarses, noir. Abdomen roux, convexe, le premier segment
noir, roux au sommet seulement, finement aciculé, gastrocelles trans-
versaux. — R.
Espèce tout-à-fait singulière, la tête, les antennes, le
thorax étant ceuz des mâlss avec un abdomen de femelle.
Voisine du. funestus, mais s'en distinguant surtout par sa
coloration.
78. Ichneumon pieds-9.nrîelés. Ichneumon anmilipes*
Cress. Proc. Ent. Soc. Phil., iii, p. 170, ç ; pusillus, id., p.
171, ?.
Ç — Long. .30 pce Roux, la tête et le thorax plus ou moins
noirs ; un anneau aux antennes, l'écusson, un anneau aux jaœbes pos-
térieures avec le veutre à la base, jaune-clair. Antennes fortes,
courtes, enroulées, rousses à la base, jaunes au milieu et noires à
l'extrémité. Thorax noir, le dos du mésothorax roux, une tache
rousse plus ou moins étendue de chaque côté du métathorax. Pattes
rousses, les jambes postérieures noires avec un anneau jaune, leurS
cuisses aussi noires avec la base rousse. Ailes subhyalines, le stignia
fauve. Abdomen ovoïde, entièrement roux, les derniers segments plus
ou moins jaunâtres ; tarière sortante.
326 LE NATURALISTE CANADIEN
Espècft identique en coloration avec la signafipes^Grefis.,
mais d'nne bien plus petite taille.
79. lehneunion rubicond. Ichneumon rubicundus,
Cress., Proc. Ent. Soc. Phil, iii, p. \1(\, d ?.
(^ — Long. .37 pce. D'an roux pâle, denséraent ponctué. An-
tennes assez cnurte^!, rousse'^, avpc un anneiu pâle dans les Ç. Ecus?oa
]és;èrement convexe, poli, jaune dans les (J, ses environs noirs. Ailes
subhyalines, les nervures brunes, la nervure moyenne brièvement ap-
pendiculée. Métathorax ponctué, arrondi avec une courte pointe
aiguë aux angles,à aréole centrale allongée, avec les sutures noires.
Pattes de la couleur du corps, les poster eures avec l'extrémité des
cuisses et des jambes, noir. Abdon)en allongé, denséraent et finement
ponctué, les segments étroitement inarginés de noir au sommet, le 1er
finement aciculé, le 2e à gastrocelles obsolètes. — R.
Espèce bien distincte par sa coloration.
80. Ichneumoa nain. Ichneumon nam^s, Cvess, ïrans.
Am. Ent. Soc. vi, p. 184.
Ç — Long. .25 pce. Roux ; le derrière de la tête, les environs de
l'écusson, les hanches postérieures en partie, avec leurs cuisses et leurs
jambes, excepté à la base, noir. Antennes fortes, à articles courts et
serrés, noires, avec un anneau jaune vers le milieu, plus épaisses à
l'extrémité et enroulées. Les palpes, les écailles alaires, quelquefois
une petite ligne au dessous, une ligne sur le collier, les 4 hanches an-
térieures avec tous les trochantins, jaune-pâle. Ailes hyalines, les
nervures et le stigma, brun-foacé. Métathorax finement ponctué, ses
angles latéraux matiques. Pattes fortes, les cuisses postérieures noires
excepté à la buse. Abdomen entièrement roux, le post-pétiole indis-
tinctement aciculé, le 2e segment très-finement ponctué ; tarière noire,
sortante. — R.
Capturé au CapRouge. La plus petite espèce de ce
genre.
81. Ichneumoa sœur. Ichneumon soror, Cress. Proc.
Ent. Soc. Phil, iii, p. 185, ?.
Ç — Long. .40 pce. D'un roux brunâtre avec les sutures du
thorax noires. Antennes avec le scape roux en dessous, noires, avec
un anneau pâle au milieu, enroulées, à articles courts. Deux lignes
orbitales sur le vertex, l'écusson avec une ligne sur le postécusson,
jaune clair, M tathorax ponctué, l'aréole centrale étroite, arrondie en
avant et échancrée en arrière. Ailes sub-hyalines, le stigma brun.
Pattes rousses, l'extrémité des cuisses et des jambes postérieures, plus
ADDITIONS ET CORRECTIONS AÏÏX HYMÉNOPTÈRES. 327
OU moins brune; les hanches tachées de noir, de jaune et de roux.
Abdomen ovoïde, à post-pétiole ponctué, entièrement roux avec une
tache jaune bien distincte à i'extré:nité ; tarière sortante. — R.
Yoisiu du. proximus, mais en différant surtout par son
post-pétiole ponctué, son thorax plus robuste, son abdo-
men plus large, etc.
Gen. Amblyteles, Wesm. Vol. XI, p. 4.
Aux 18 espèces décrites, ajoutez les 5 suivantes.
19. Amblytèle des-montagnes. Amblyteles montanus.
Cress.
Ç — LcriG:. .32 pce. D'un beau bleu, sans aucune tache. An-
tennes longues, dressées, grêles, avec un large anneau blanc au milieu.
Thorax fortement ponctué, l'aréole centrale du métathorax plus longue
que large. Ailes subhyalines-jaunâtres ; les jambes antérieures avec
une ligne blanchâtre en avant. Abdomen allongé, poli à l'extrémité,
le post-pétiole acicilé, les gastrocelles profonds, obliques. — R.
(^ Sans anneau blanc aux antennes.
20. Amblytèle effacé. Amblyteles expunctus, Cress.
Proc. Eut. Soc. Phil, iii, p. 147 cf. Tragus Provancheri
Burque, Nat. Xl^^. 128.
J*— Long. .60 pce. Noir; tête rétrécie en arrière des yeux, sans
aucune tache; antennes peu allongées, robustes. L'écusson, les écailles
alaires, une ligne au dessous, une autre en avant, blanc pur ; les 4
jambes antérieures avec l'extrémité des cuisses, d'un blanc jaunâtre
sale. L'écusson peu soulevé, poli, aplani. Métathorax ponctué-rugueux
à disque peu soulevé, sans aréole bien distincte, ses flancs fortement
rugueux. Ailes hyalines, les nervures brunes, le stigma quelque peu
roussâtre, l'aréole triangulaire. Abdomen ponctué-rugueux, poli à
l'extrémité, le post pétiole plus étroit que la base du 2e segment, dé-
primé au sommet et soulevé en une projection obtuse au milieu.
Gostrocelles petits, obliques, peu profonds, tout près des ang'es de la
base; segments 2 et 3 obscurément marginés de roux au sommet; le
ventre plan, lisse, sans aucune carène.
Capturé à St-Hyacinthe et à Chicoutimi. M. Cresson a
fait lui-même l'identificatioa de l'espèce ; cependant il nous
répugne encore de ranger cet insecte parmi les Amblyteles,
son aréole triangulaire l'en exclut de suite. Nous pensons
qu'il appartiendrait avec bien plus de raison au genre
Trogus, où l'avait d'abord rangé M. l'abbé Burque. tSi la
328 LE NATURALISTE CANADIEN
conformation de son métathorax et de son écusson n'est
pas exactement celle des Trogus, d'un autre côté son aréole
triangulaire et la forme de son post-pétiole sont absolument
comme dans ce genre. Dans tous les cas, le nom spécifique
de M. Cresson doit toujours rester le même.
21. Amblytèle marginé. Ambly teles marginatus, nov.
sp.
9 — Long. .52 pce. Noir; le labre, les mandibules, des lignes
orbitales au dessus des antennes, le collier en dessus, les écailles alaires,
les bords supérieurs du prothorax, une ligne au dessous des ailes anté-
rieures, une autre verticale au dessous des postérieures, l'écusson, le
post-écusson, une tache de chaque côté du métathorax en arrière, deux
autres plus petites en avant de celles-ci, des taches sur les hanches, tous
les trochantins avec le sommet de tous les segments abdominaux,
jaune. Antennes longues, noires, avec un grand anneau jaune, plus
au moins roussâtres en dessous à la base. Ailes légèrement enfumées,
le stigma jaune. Pattes entièrement rousses, les hanches noires avec
taches jaunes. Abdomen robuste, déprimé, obtus à l'extrémité. — R.
Voisin du robustus, Cress, mais s eu distinguant surtout
par les marges jaunes de ses segments abdominaux.
22. Amblytèle boréal. Ambly teles borealis, nov. sp.
Ç — Long. .36 pce. Noir; les mandibules rousses; la face sans
tache; l'écusson avec un anneau à la base de toutes les jambes, jaune-
pâle. Antennes enroulées, à articles courts, noires avec un large an-
neau-pâle au milieu. Les écailles alaires roussâtres. Ailes légèrement
fuligineuses, le stigma fauve. Pattes noires, les tarses avec les jambes
antérieures roussâtres. Abdomen poli, brillant, noir avec une bande
rousse mal définie à la base du 2e segment, le 1er poli, lisse, les gas-
trocelles peu profonds.
Un seul spécimen $ pris à Chicoutimi. De bien plus
petite taille que le rufizonatus. Cette espèce doit être fort
variable dans sa coloration, le noir passant au roux, mais
sa plus petite taille suffira toujours pour la distinguer.
23. Amblytèle de-Norton. Ainblyteles Nortoni. Cress.
Trans. Am. Eut. Soc. i, p. 304, ?.
Ç — Long. .45 pce. Noir, grêle, avec la tête large et les antennes
très longues. Un anneau au milieu des antennes, des lignes orbitales
en avant, l'écusson avec une tache sur les deux derniers segments de
l'abdomen, blanc. Aréole centrale du métathorax en carré allongé.
ADDITIONS Eï CORRECTIOKS ADX HYMÉNOPTÈRES. 329
Ailes subhyalines, le etigma jaune. Pattes noires, les 4 jambes an-
térieures avec les tarses d'un jaunâtre sale, les cuisses postérieures aveo
un petit anneau roux à la base. Abdomen avec les segments 2 à 4 et
l'extrémité du premier d'un ferrugineux plus ou moins foncé, quelque-
fois presque entièrement noir, le reste noir avec une tache blanche à
l'extrémité.
Espèce bien remarquable par ses longues antennes.
G-en. Trogus, G-rav., XI, p. 33.
Aux 5 espèces décrites, ajoutez la suivante.
6. Trogus de-Cope. Trogus Copei, Cress. Trans. Am.
Ent. Soc. il, p. 94, d.
(^ — Long. .83 pce. Noir; la face avec une tache pâle de chaque
côté. Tête non rétrécie en arrière des yeux. Ailes fortement enfumées.
Aréole centrale du métatborax triangulaire, soulevée, polie. Pattes
noires, les jambes antérieures blanchâtres en avant. Abdomen robuste,
allongt'', sub-cylindrique, convexe, entièrement roux à l'exception du
pédicule, le post-pétiole non soulevé en avant de l'extrémité. — R.
Capturé à St-Hyacinthe. Son post-pétiole simple em-
pêche surtout de le confondre avec le Canadensis,
G-en. Platylabus, Wesmael, XI, p. 35.
Aux 6 espèces décrites, ajoutez la suivante.
7. Platylabe du-CapRouge. Platylabus Rubri Capensis,
nov. sp.
? — Long. .22 pce. Noir; les joues, une tache sur les mandibules,
les écailles alaires auec un point en avant, une petite ligne au dessous
et une autre sur les bords supérieurs du prothorax, et une tache sur
l'écusson, blanc. Antennes longues, noires, avec un petit anneau blano
au delà du milieu. Métathorax avec une aréole en carré, polie, bril-
lante au milieu. Ailes hyalines, les nervures et le stigma, noir. Pattes
d'un beau roux, les postérieures avec l'extrémité des cuisses, des
jambes, et les tarses, noir. Abdomen fusiforme, le 2e segment beaucoup
plus large au sommet qu'à la base ; tarière sortante. — R.
Voisin du scuiellatus, Prov. mais s'en distinguant sur-
tout par la coloration de ses pattes.
1. Plytylabus scuiellatus, Prov. XI, p. 36, d".
9— La face sans lignes orbitales blanches. Ailes légèrement en-
fumées. Le 2e segment abdominal à peine lavé de roux. Tarière
moins du quart de l'abdomen.
330 LE NATURALISTE CANADIEN
Capturé au CapRouge.
Ceiu Ph^ogenes, Wesmael, XI, p. 38.
Aux 5 espèces décrites, ajoutez les 7 qui suivent, ce
qui porte à modifier comme suit la clef systématique pour
leur ideiitificatiou.
Thorax et abdomen noirs;
Hanches noires;
Cuii??es intermédiaires noires 6. aterrlmus, n. sp.
Cuisses intermédiaires rousses 7. nigricornis, «. s/>.
Hanches rousses 8. OaspesiaMcas, «. sjt>.
Thorax noir, abdomen roux;
Ecu:-son taché de blanc 9. tîiberculifer, n. sp.
Ecusson noir ;
Antennes avec un anneau pâle 10. Falardeaui, n. sp.
Antennes sans anneau pâle ;
Cuisses et jambes postérieures noires
à l'extrémité 1. liebriis, XI, 38.
Pattes entièrement rousses 11. orbus, n. sp.
Thorax plus ou moins roux ;
Ecusson roux ;
Toutes les cuisses rousses; tête transversale;
Ecailles alaires rousses 4. Il el vus, XI, 40-
Ecailles alaires blanches;
Abdomen noir à l'extrémité. 2. tuberciilifroiis, XI,39.
Abdomen entièrement d'un roux pâle 3. iMellineis, XI, 39.
Cuisses postérieures noires; tête allongée. 12. quadriceps.
Ecusson blanc, ou jaune-pâle. 5. pyrifbrniis. XI, 40.
6. Phéogène très-noir. Phœogenes aierrimus, nov. sp.
^ — Long. .40 pce. Noir, à l'exception des 4 jambes antérieures
et de leurs tarses qui sont d'un roux ferrugineux. Tête large, trans-
versale. Antennes courtes, robustes, à articles courts. Aréole cen-
trale du métathorax longue et étroite. Ailes subhyalines, l'aréole
grande, le stigma noir. Abdomen grêle, allongé, la suture entre les
segments 2 et 3 plus ou moins roussâtre.
Capturé au CapKouge.
7, Phéogène cornes-noires. Phœogenes nigricornis,
nov sp.
J" — Lopg. .30 pce. Noir avec les pattes rousses, les mandibules
rousses • la f ice finement ponctuée avec une tache triangulaire blanche
de chaque côté. Antennes unies, pubescentes, fortes, atténuées à Tex
ADDITIONS ET CORRECTIONS AUX HYMÉNOPTÈRES. 331
trémit(5. Les écailles alaires noires. Ailes hyalines, le stiiTma noir.
Pattes rousse.'^, avec les hanches, les cuisses postt^rieiires. l'extrémité de
leurs jambes et leurs tarses, noi-r. Abdomen assez court, arqué, poli,
brillant, entièrement noir, le premier segment canaliculé à l'extré-
mité.— R.
Se distingue surtout du Gaspesianus par l'absence de
cercles blancs aux jambes postérieures.
8. Phéogène de-Gaspé. Pkœogenes Gaspesianus, nov.
sp.
Ç — Lons:. .23 pce. Noir, poli, brillant, avec les pattes rousses ;
les mandibules avec les écailles alaires l'otissâtres. Antennes assez
longues, plus fortes à l'extrémité avec ua annean blanc plus où moins
parfait au n)ilieu.. Thorax finement ponctué, les flancs polis, brillints.
Ailes sub-hyalines, les nervures et le stigma brun-foncé, aréole pen-
tagonale, assez grande. Pattes d'un beau roux clair y compris les
hanches et les trochantins, les jambes postérieures noires avec un an-
neau blanc, près de la base, l'extrémité de leurs cuisses, avec l'extré-
mité des articles de leurs tarses aussi noire. Abdomen fusiforme,
brillant; tarière courte, cependant sortante — R,
Capturé à Douglastown (Gaspé).
9. Phéogène tuberculifère. Phœogenes tuberculifer,
n. sp.
9 — Long. .20 pce. Noir, avec une tache blanche sur l'écusson et
le post-écusson. Antennes noires, sétacées, à peine plus longues que
le corps ; métathorax scabre ; écailles alaires blanchâtres; l'écusson et
le post-écnsson avec une tache blanche. Ailes hyalines, le stigma bru-
nâtre. Hanches noires, les 4 pattes antérieures avec la base des
cuisses et l'extrémité des jambes, noir, les postérieures avec les cuisses
noires, rousses à la base, leurs jambe rousses, noires à la base et à
l'extrémité, leurs tarses noirs avec un grand anneau blanc. Abdomen
noir à là base et à l'extrémité, le premier segment avec un fort tuber-
cule de chaque côté vers le milieu ; tarière à peine visible. — R.
Espèce bien remarquable par ses écnssons blancs.
10 Phéogène de-Falardeau. Phœogenes Falardeaiii,
nov. sp.
Ç — Lone. .19 pce. Noir; le labre, les mandibule", les antennes,
les pattes avec l'abdomen en partie, roux. Tête grosse, transversale,
la face courte et large. Antennes fortes, à articles courts, enroulées,
rousses à la base, avec un anneau pâle au milieu et noires à l'extrémité.
Ecailles alaires juunes. Métathorax avec une aréole centrale eu carré
332 LB NATURALISTE CANADIEN
allongé. Ailes hyalines, les nervures et le stigma brun plus ou moins
fence. Pattes rousses, les postérieures avec l'extrétuité des cuisses e'
des hanches, plus ou moins obscure. Abdoman fasiforins, poli, brillant,
pointu à l'extrémité, roux, le premier segment noir avec les derniers
plus ou moins obscurs.
cf — Toute la face avec le scape en dessous jaune, les 4 haaohes
antérieures avec leurs trochantins, blanc, les hanshes postérieures
noires à la base, rousses à l'extrémité. Abdcmsa alloogâ, noir à la
base et à l'extrémité. — AG.
Dédié à M. 1. J. Falardean, de St-Roch ds Québec,
grand amateur d'ornithologie et d'eiitomologis.
11. Phéogène crphelin. Phœogenes orbus, nov. sp.
(J — Long. .28 pce. Tête et thorax noirs, abdomen roux, excepté
à la base et à l'extrémité. La face, les palpes, les écailles alaires, les 4
hanches antérieures avec leurs trochantins, blanc. Antennes longues,
j&liformes, roussâtres, brunes en dessus. Thorax déprimé, allongé, lo
métathorax inerme, à lignes soulevées distinctes. Ailes hyalines, le
stigma jaune. Pattes rousses. Abdomen étroit, allongé, atténué aux
extrémités, les gastrocelles obsolètes, mais le 2e segment avec une
impression transversale à la base. — R.
Capturé au CapRouge.
12. Phéogène à-tête-earrée. Phœogenei quadriceps^
Cress. Trans. Am. EuL Soc. i, p. 312, cf?.
cf — Long. .38 pee. Roux avec la tête et les 2 derniers segments
de l'abdomen, noir. Les mandibules avec les antennes, rousses, les
dernières noires à l'extrémité. Tête en carré, fort épaisse en arrière
des yeux. Thorax allongé, subcylindrique, entièrement roux, à l'ex-
ception des sutures en arrière de l'écusson. Pattes de la couleur du
corps, les postérieures noires, A l'exception de la base des cuisses et de
la base des articles des tarses. Abdomen linéaire, plus long que la
tête et le thorax réunis. Gastrocelles obsolètes. Ailes subhyalines,
les nervures et le stigma, noir. — R.
La tête de cette espèce rappelle celle des Odonto-
mères.
G-en. Stilpnus, G-rav. XI, p. 41.
Aux 2 espèces décrites, ajoutez la suivante.
3. Stilpne lisse. Stilpnus lœvis, nov. sp.
9 — Long. .15 pce. Noir, brillant, avec les pattes et l'abdomen
roux. Face large, tuberculeuse au milieu. Antennes à articles courts
ADDITIONS ET CORRECTIONS AUX HYMÉNOPTÈRES. 333
et épais, plus allongés à la base, noires, roussâtres à la base. Thorax
court et épais, le métathorax à lignes soulevées distinctes. Ailes
hyalines, les stigma grand, noir, l'aréole pentagonale. Pattes rousses,
y compris les hanches et les trochantins, les jambes postérieures à peine
obscurcies à l'extrémiié. Abdomen poli, brillant, déprimé, roux, ave^
le premier segment et l'extrémité, noir, le premier peu élargi au som-
met, le reste presque en forme de losange dans son ensemble ; tarière
à peine visible. — R.
La forme de l'adomen, plus encore que la grandeur du
stigma, ne permet pas de confondre cette espèce avec les
genres voisins.
G-en. Phygadeuon, Gravenhorst, XI, p. 65.
Aux 28 espèces décrites, ajoutez les 18 suivantes.
De même que pour les Ichneumons, nous séparons les
(^ des ç dans la clef systématique qui suit, afin de rendre
l'identification plus facile et plus siire.
FEMELLES.
1(9) Thorax et abdomen, noir ;
2( 5 ) Pattes noires;
3(4 ) Jambes postérieures entièrement noires.. 1. BlSlkel, XI, 67.
4(3) Jambes postérieures tachées de blanc à la
base 2. maculatus, XI, 67.
5( 2 ) Pattes rousses;
6( 7 ) Toutes les hanches rousses 4. maturug; XI, 68.
7(8) Les 2 hanches antérieures noires.... 3. SlgnatUS, XI, 68.
8( 7 ) Les 4 hanches antérieures blanches 29. Lavoiei, n. sp.
9(1) Thorax noir ou roux ; abdomen plus ou
moins roux;
10(52) Ecusson noir; thorax noir ;
11(12) Face jaune 13. segais, XI, 71.
12(11) Face noire ;
13(30) Hanches postérieures noires ;
14(23) 1er segment abdominal noir ;
15(18) Antennes avec un anneau pâle au milieu ;
16(17) Pattes noires ; tarière du quart de l'ab-
domen environ 7. rubrocinctus, XI, 69.
17(16) Pattes rousses ; tarière aussi longiie que
l'abdomen 18. ca'udatUS, XI, 73.
18(15) Antennes sans annean pâle ;
19(22) Abdomen noir à l'extrémité;
334 LE NATURALISTE CANADIEN
20(21) Tarière du quart de l'abdomen environ. 12, Ovalis, XI, 71.
21(20) Tarière presque aussi longue que l'ab-
domen 15. lucens, XI, 72
22(19) Abdomen loux à l'extrémité ; tarière presque
aussi longue que l'abdomen 24. inflatuS XI, 75.
23(14) Premier segment abdominal roux ;
24(27) Cuisses postérieures noires ; metatborax forte-
ment mucroné ;
25(26) Pattes noires ; les 4 jambes antérieures blan-
châtres en avant 20. mucroiiatus, XI, 73.
26(25). Pattes rousses ; métathorax à peine ex-
cavé postérieurement 30. vulgaris.
27(24) Cuisses postérieures rousses, noires à l'extrémité
seulement, métathorax à angles sub-épi-
neux seulement ;
28(29) Abdomen entièrement roux 19. abdominalis, XI, 73.
29(28) Abdomen noir à l'extrémité ; les pattes pos-
térieures avec 3 anneaux blancs. 34. 3-ailîlulatUS, n. sp.
30(13) Hanches postérieures rousses ;
31(42) Abdomen à premier segment noir ;
32(39) Antennes avec un anneau blanc ;
33(34) Le scape entièrement noir 35. MignaulU, n. Sp.
34(33) Le Bcape roux, du moins en dessous ;
35(38) Tarière à peine sortante; cuisses posté-
rieures noires à l'extrémité ;
36(37) Abdomen largement arrondi à l'extré-
mité 10. suMuscus, XI, 70.
37(36 j Abdomen atténuée en pointe à l'extrémité. 45. acauduS, n. sp.
38(35) Tarière de plus de la moitié de
l'abdomen 37. Lechevallieri, n. sp.
39(^32) Antennes sans anneau blanc;
40(41) Abdomen ovale, tarière du quart de
sa longueur environ 38. COmutUS, n. sp.
41(40) Abdomen linéaire; tarière à peine
sortante 46. attenuatUS, n. sp.
42(31) Abdomen à premier segment roux;
43(46) P]xtrémité de l'abdomen noire tachée de blanc;
44(45) Cuisses noires; scape noir 6. inhabilis, XI, 69.
45(44) Toutes lee cuisees rousses ; scape roux
en dessous 8. alacris, XI, 69.
46(49) Extrémité de l'abdomen noire, sans
tache de blanc ;
ADDITIONS ET CORRECTIONS AUX HYMÉNOPTÈRES. 335
47(48) Tête et thorax, roux ; tarière longue. 9. OCCidental.iS,XI,70.
48(47) Tête et thorax, noir ; tarière courte. 34. 3-annulatuS, n. s/>.
49(46) Extrémité de l'abdomen rousse ;
50(^51) Cuisses fortement renflées et contour-
nées ; tête en carré 22. Crassipes, XT, 74.
51(50) Cuisses grêles, ordinaires ; tête globu-
leuse 23. rotundiceps, XI, 74.
52(10) Ecusson blanc, jaune au roux; thorax plus
ou moins roux ;
53(56) Ecusson blanc ;
54(55) Tête noire ; antennes noires à la base.. 28. planus, XI, 76.
55(54) Tête rousse, antennes rousses à la base 20. roTbUStus, XI, 75.
56(^53) Ecasson roux ;
57(61) Tête et thorax, noir ;
58(59) Abdomen noir à l'extrémité 42 terminatus, 7i. sp.
59(60) Abdomen entièrement roux 21. major, XI, 74.
60(59) Abdomen à bandes alternes de roux et de
noir 44 aîtemaiis. II. sp.
61(57) Tête et Thorax roux ; antennes noires à la
buse 43 rubricus, n. sp.
MALES.
1(4) Thorax et abdomen, noir ;
2(3) Antennes avec un anneau blanc 1 Blakei, XI, G7.
3( 2 ) Antennes sans anneau blanc 20 mucrcnatUS, XI, 73.
4( 1 ) Thorax noir, abdomen plus ou uioins ro;!X ;
5(23) Hanches postérieures noires ;
6(21) Face noire ;
7(22) Ecusson noir ;
8(16) Scape entièrement noir ;
9(12) Métathorax fortement mucroné,
10(11) Ecailles alaires noires 20. miîCronatUS, XI, 73.
11(10) Ecailles alaires blanches 31. orbitalîs, «. sp.
12( 9 ) Métathorax muioné ou submucroiié ;
13(^14) Jambes postérieures noires, roussâtres à
la base 32, CephalicUS, n. sp.
14(i.5) Jambes postéiicures rousses, noires à la
base et à l'extrémité 12. ovalis, XI, 71.
15(14) Jambes postérieures rousses, noires à l'ex-
trémité seulement 33. parallelus, n. sp.
16(20) Scape roiix en dessou.s ;
17(18) Cuisses postérieures noires 16. pubescens, XI, 72.
336 LB NATURALISTE CANADIEN
18(19) Cuisses postérieures rousses, noires à l'ex-
trémité seulement 36. aciCUlatUS, n. sp.
19(18) Cuisses postérieures d'un roux sale, plus
obscures au milieu, petit, grêle. 39. autumnalis, n. sp.
20(16) Scape blanc en dessous ; les 4 hanches
antérieures blanches 26. palliCOXUS, XI, 75.
22( 7 ) Ecusson blanc ;
21( 6 ) La face, les 4 hanches antérieures avec
leurs trochantins, blanc 14. impreSSUS, XI, 71^
23( 5 ) Hanches postérieures rousses ou jaunes ;
24(31) Face noire ;
25(26) Antennes rousses 25. ruflCOrnis, XI, 75.
26(25) Antennes noires ;
27(28) Face fortement pubescente 40 subspinosUS, n. up.
28(27) Face glabre ;
29(30) Métathorax inerme, resserré à la base.. 41 COnStriCtUS, n.sp,
30(29) Métathorax sub-épineux aux angles. .. 24. inflatUS, XI, 75'
31(24) Face blanche ;
32(23) Toutes les hanches rousses 11. nitidulus, XI,70.
33(32) Les 4 hanches antérieures blanches. 17. albiCOXUs, XI, 72.
{A continuer.)
DE QUEBEC A JERUSALEM.
(Continué de la page 320.)
Continuant notre route, nous passons bientôt après la
2e tour de garde, puis, plus loin, la troisième, et tombons
dans une forêt de vieux oliviers. Cette forêt doit son
origme à Colbert, ministre de Louis XIV, qui avait établi
une ferme en cet endroit. Napoléon I, dans son trajet à
S. Jean d'Acre, campa à l'ombre de ces oliviers.
Après la 4e tour de garde, nous passons devant un
gros village arabe, Sarfand, dans le voisinage duquel se
trouvait autrefois Greth qui fut la patrie de Groliath, de ce
géant que terrassa David d'un coup de fronde. Geth, qui
n'est plus aujourd'hui qu'un amas de ruines, possédait au-
trefois un roi.
DK QDÉBKC A JÉRUSALEM 337
Un peu plus loin, nous laissons è gauche la 5e tour de
garde et après quelques minutes seulement, nous entrons
dans Ramleh où nous pénétrons jusque dans la cour du
couvent.
Telle est la route qui mène directement à Ramleh;
ceux qui préfèrent passer par Lydda, doivent, après la ren-
contre de la 1ère tour, à un certain Ouéli (1), prendre une
route à gauche, et, après avoir passé plusieurs villages
musulmans, ils arrivent à Lydda ou Diospolis, qui est l'an-
cienne Lod de la Ste Ecriture. Lydda, qui ne compte
que quelques catholiques seulement, a une population de
5,000 habitants à peu près. Elle est sale et mal bâtie et
n'a de remarquable que l'église S, Georges qui possédait
autrefois le corps de ce martyr, dont il était originaire, et
l'emplacement de la maison d'Euée, ce paralytique que
guérit le prince des Apôtres. S. Pierre, disent les Actes,
étant venu visiter les saints qui étaient à Lydda, y trouva
Enée que la paralysie retenait cloué sur son grabat depuis
huit ans. Enée, dit l'apôtre, lève-toi, et fais toi-même ton
lit. Et le paralytique se leva guéri.
De Lydda la route ramène à Ramleh où l'on arrive
après moins d'une demi-heure de marche.
A Ramleh, comme à Jaflfi, et comme nous les trouvons
encore à. Jérusalem, Bethléem, Nazareth, etc., nous sommes
hébergés par les Pères franciscains, qui accueillent avec
bonté tous les pèlerins qui se présentent, à quelque natio-
nalité qu'ils apparti'^nnent et quelque soit la religion qu'ils
professent. Admirable institution que ces couvents d'hos-
pitaliers ! Le pèlerin en Terre-Sainte, grâce au dévouf-
ment des généreux enfants de S. François, de ces pauvres
volontaires qui se font, par esprit de pénitence, les servi-
teurs de tous, est sûr d'être accueilli partout par des frères,
qui souvent, comme à Ramleh, ne comprendront pas même
son langage, mais toujours, par des signes de bienveillance,
sauront lui faire comprendre qu'il peut compter sur leur
abnégation et leur dévouement pour les soins matériels de
la vie, soins qu'il chercherait vainement à se procurer à prix
(1) Onéli, petit monument funèbre.
338 Lï NATURALISTE CANADIEN
d'arqent dans la plupart des lieux qu'il anra à visiter.
Brisé pnr la fatigue, épuisé par la chaleur, il trouvera par-
tout des figures sympatiques, qui oublieront leur pauvreté
volontaire, pour mettre à sa disposition un comfort pré-
cieux, que les bourses les mieux garnies seraient encore
impuissantes à acquérir ; et tout cela gratuitement, pour
le seul avaîitage de fournir à des chrétiens les moyens de
mieux connaître J. C, et à ceux qui le méconnaissent en-
core, l'occasion de remarquer comment ses disciples pra-
tiquent les préceptes de charité fraternelle qu'ils ont reçus
de lui.
Les franciscains ne possèdent p^s de couvent propre-
ment dit à Ramleh, il n'y ont qu'une hôtellerie que désor-
vent 5 ou 6 frères italiens ou esp-igiiols.
A peine sommes-nous descendus de cheval, dans la
cour du couvent, que les moukres viennent s'emparer de
nos bêtes, et que nous pénétrons à la suite des Pères qui
viennent nous saluer, sous leur toit hospitalier. Mous trou-
vons dans le passage même nos menues malles déjà ren-
dues avant nous, et notr>' Président nous distribue aus>itôt
nos chambres où nous sommes libres de nous retirer de
suite. Mais nous j)roKtons des quelques heures de clarté
qui nous restent encore pour visiter un pc^u la ville, mal-
gré l'extrême fatigue dont chacun se plaint, La plu[)art
montaient à cheval pour la première fois, et tous étaient
harassés d'une aussi longue course comme début sous un
tel climat. Ceux surtout qui avaient fait le trajet sur des
selles arabes, pouvaient à peine marcher. Ces selles, à
rembourrage 1res dur, ont le dos presque plat et fort large,
de sorte que leurs côtés viennent en peu d-.* temps à para-
lyser les muscles des cuisses.
Nous nous rendons d'abord sur la terrasse de l'hospice,
d'où nous jouissons d'un magnifique point de vue, pouvant
presque d'un seul coup d'œil embrasser la vaste plaine de
Saion, df.'puis le Carmei (]ui la borne au nord en se joi-
gnant à la mer, jusqu'à Graza où elle se perd dans ledé>ert.
De ce point de vue, là plaine n'est qu'un immense ta[)is de
verdure, émaiilé ça et là de villages arabes qui se dessinent
sur toutes les eminences par leurs constructions gris-
©■ QUÉBKO A JÉRUSALEM 339
sombre sur le fond commun, lorsque des palmiers, comme
à Bir-Zébik, Lydda, etc., ne viennent pas les distino^aer
davantage.
Nous visitons d'abord la vieille église S.Jean-Baptiste,
où le général Bonaparte fit dresser des ambulances sur les
tombes des anciens croisés; cete église à trois nefs ter-
minées par autant d'absides, est aujourd'hui convertie en
mosquée. Puis nous passons aux vasques de Ste Hélène;
immense citerne dans laquelle nous dessendons par 27
marches. Nous nous trouvons alors dans un souterrain
soutenu par 27 arches répondant à autant d'ouvertures par
où les eaux du ciel venaient dans le réservoir. Puis enfin
nous abordons la Tour des quarante martyrs. Vaste coiis-
t''uction aujourd'hui abandonnée et ouverte à tous les
vents, n'occupant pas moins de 100 mètres carrés, La tra-
dition veut que ce soit là le tombeau des 40 martyrs de
{Sébaste en Arménie, qu'on aurait rapportés là; et d'autres
prétendent aussi que la !Ste Famille dans sa fuite en
Egypte se soit reposée en cet endroit ; mais ces deux tra-
ditions ne paraissent pas mieux appuyées l'une que l'autre,
et nous serions plutôt porté à croire avec le Frère Lievin,
que c'est là un ancien caravansérail à la disposition des
voyageurs, comme on en voit encore en beaucoup d'autres
endroits.
Nous rentrons au couvent sur les sept heures, des
mieux disposés pour faire honneur à la table des bons re-
ligieux.
Ramleh est l'ancienne Arimathie, patrie de Joseph
d'Arimalhie et de Nicodèrae qui tous deux ensevelirent le
corps du ^Sauveur. On sait que Joseph d'Arimathie f lisait
partie du sanhédrin ou sénat des Juifs qui cond;irana Jésus,
et qu'à plusieurs reprises, cet homme droit prit la défense
du juste et s'efforça de le sauver. Quant à Nicodème,
c'était un ouvrier en bois; on veut que ce soit lui qui ait
le premier représenté le Christ en sculpture, et ou tient
comme sorti de ses mains le crucifix miraculeux que l'on
vénère encore dans l'église de Lucques en Italie.
Le couvent des franciscains est bâti sur remplace-
ment de là demeure de Nicodème, et, à l'entrée de l'église,
340 LE NATURALISTE CANADIEJè"
se voit son atelier même qui est converti en chapelle et
dans lequel nous pûmes célébrer le lendemain.
Le souper terminé, nous nous rendîmes presque de
suite à l'église pour la prière du soir, et chacun ensuite
gagna sa chambre, tous se sentant pressés de se livrer au
sommeil ou du moins de prendre un peu de repos.
ilfarû?/ 29 mars.- Le départ ayant été fixé la veille à
5 heures, dès les 4 h. les messes se célébraient aux diffé-
rents autels. Nous eûmes la chance de pouvoir célébrer
dans l'atelier même de Nicodème.
La tasse de café noir (sans lait) qui fait à elle seule,
avec un morceau de pain, le déjeûner en Orient, est bien-
tôt prise, et dès avant 6 h. nous soaimes tous à cheval et
en route pour Jérusalem, que nous devons atteindre vers
les 5 h.
Nous traversons un cimetière musulman, et nous re.
prenons aussitôt la grande route à travers la plaine de
Saron. La plaine est à peu près la même qu'en avant de
B-amleh, des champs cultivés par-ci par-là, et en certains
endroits une telle profusion d'anémones, qu'elles forment
un tapis continu du rouge le plus vif. Près des pièces
cultivées nous voyons une quantité considérable d'énor-
mes bulbes que la charrue a retirés du sol. Us égalent les
navets ordinaires en grosseur et on en remplirait des voi-
tures. Ce sont ceux des asphodèle, Asphodelus luteus. Nous
passons successivement les tours de garde Nos 6 et T.
Après cette dernière, on A'oit sur le sommet d'une colline
à gauche, Abouchoucheh qui occupe l'emplacement de l'an-
cienne ville de Grezer, qui avait pour roi Horam lors de
l'entrée des Israélites dans la terre promise.
Nous rencontrons ça et là des ruisseaux coupant la
route que nous traversons sur des ponts en maçonnerie.
Après la 10e tour de garde, nous entrons à gauche à
Latroun, qui ne se compose que de qielques maisons.
D'après la tradition, ce serait là la patrie du bon larron,
l'Egyptien Dismas. On veut que la Ste Famille, lors de sa
fuite en Egypte, ait cherché un refuge dans la cabane dj
cet heureux brigand, ou plutôt du père de ce célèbre larron.
Celui qui devait le premier entrer dans le Ciel à la suite du.
DE QUÉBEU A JÉaUSA'.EM 341
Sauveur, enfant alors, était déjà rongé par la lèpre. Sa
mère ayant lavé son enfaut dans l'eau qui avait servi au
même usage à la Ste Vierge, l'enfant fut sur le champ
guéri de sa hideuse maladie, ce qui ne l'empêcha pas d'ex-
ercer plus tard le brigandage à la suite de son père, jus-
quà ce qu'étant tombé entre les mains de la justice, il fut
condamné à expier ses crimes sur la croix en compagnie
de Jésus. Mais la grâce qui l'avait prévenu dès son en-
fance, lui paria encore à ses derniers moments, et il fut
assez heureux pour suivre son inspiration. " Seigneur, "
dit-il, "je n'ai que ce que j'ai mérité, mais vous, vous êtes
l'innocence même; souvenez-vous de moi lorsque vous
serez dans votre royaume. — En vérité, je vous le dis,
répliqua le Christ, aujourd'hui même, vous serez avec moi
en paradis. "
Latroun qui a possédé autrefois une belle église, n'est
plus habitée aujourd'hui que par quelques fellahs et par
deux bachibouzonks.
A quelques arpents seulement de Latroun, se trouve
Amoas qui est l'ancienne Emmaus oii Judas-Macchabée
délit Greorgias le général de l'armée d'Antiochus Epiphane,
roi de Syrie. Les grecs lui donnèrent le nom de Nicopolis
qu'elle porta longtemps. Ce n'est plus aujourd'hui qu'un
petit village qui n'a de remarquable que les ruines d'une
ancienne église qu'on était à déblayer au moment où nous
la visitânjes. Une partie de l'abside avec le commence-
ment dus trois nefs étaient déjà découverts jusqu'aux dalles
de marbre qui ornaient le pavé. Quelques auteurs veulent
qu'Emmaus-Nicopolis soit l'Emmaus de l'Evangile, où le
Sauveur se ht connaître aux deux disciples le jour même de
sa résurrection. On ajoute qu'un religieuse Carméhte,
morte dernièrement en odeur de sainteté à Bethléem, qui
avait déjà opéré plusieurs miracles, aurait prédit qu'en y
faisant des fouilles, on trouverait une inscription qui ferait
disparaitre tous les doutes et établirait définitivement que
c'est là même que le Sauveur s'e-st montré aux deux dis-
ciples. En attendant, nous pensons qu'il est plus sûr de
s'en tenir au texte de S. Luc et à l'opinion du Fre Liévin,
qui est une autorité en fait de géographie des Lieux-Saintsi
342 LŒ NATRBALTSTE CANADIEN
et de ne trouver le véritable Emmans qu'à Quobobeh qui
est à 60 stades de Jérusalem et non à Amoas-Nicopolis qui
en est à 160.
A partir de Latroun, nous laissons définitivement la
plaine de Saron pour entrer dans la chMÎne des montaiçnes
de la Judée. Nous laissons la vie, l'aspect riant et fertile
de cette immense plaine, pour gravir ces monts nus. arides
et désolés, où de rares bruyères, quelques houx misérables
et d'autres arbustes épineux suffisent à peine à cacher ça
et là les assises crayeuses qui s'étalent de toutes parts. Ce
ne sont pas ici des mamelons arrondis, des têtes gracieuses
revêtues d'une chevelure d'arbres et d'arbrisseaux ; mais
partout se montrent, comme entassés les uns sur les au-
tres, tant les dépressions qui les divisent sont étroites, des
sommités de pierre gris-jaunâtre, réfléchissant les rayons
du soleil, en retraite les unes sur les autres, à cassure tran-
chante, que sillonnent par-oi par là des torrents maintenant
à sec, mais qui dans la saison des pluies forment des cou-
rants impétueux pour les laver et les ronger.
Nous passons bientôt la lie tour de garde, '^t nous
nous enfonçons dans une gorge à pente assez prononcée qui
suit un torrent maintenant sans eau et que nous traversons
plus loin sur un pont en maçonnerie.
Nous faisons la rencontre, au détour d'un monticule,
de trois femmes portant sur leurs têtes de lourds fagots
qu'elles viennent d'arracher au flanc de la montasjne.
Nous disons arracher, car la racine qu'elles ont conserv^ée
se montre plus volumineuse, et par conséquent plus pré-
cieuse comme combustible, que la tige grêle et tortueuse
de ces arbrisseau épineux. Vêtues d'un simple sarreau en
toile bleue, sale et tout effrangé, elles le relèvent jusqu'à
la hauteur du genou pour n'en être pas embarrassées
dans la marche et le retiennent serré à la taille par une
corde à laquelle est aocrochée la serpette qui leur a s rvi
pour leur extraction et leur émondage. Les pieds et les
jambes nues, elles cheminent ainsi à travers épines, cail-
loux pointus et autres aspérités de la ronte, sans tenir
compte du soleil qni leur rôtit la figure et la poitrine
qu'elles ue prennent aucun soin de se couvrir. Leurs
DE QDÉBEC A JÉRUSALEM 343
charçjîs paraissant énorm^^s. aussi les voit-on souvent
plier sous le {"aidt'au, et s'aider les unes l"S autres pour
bien asseoir le faisceau sur lenrs têtes. Quel esclavai^e!
et dire que ces misérubles, qui toutes îrois, il est possible,
appartiennent au même maitre, au même tyran, auront
peut-être encore à goûter du bâton une fois arrivées au
lojjfis. pour n'avoir [las allour;li davantage leurs fardeaux en
lt\s faisant plusanipK'S. Q le n'ouvreut-t>lles les yeux, ces
esclaves de.s homnu's et du de'Muoii, aux Inmières lin chus-
tianisme, qui les affranchirait de la double servitude à
laquelle elles sont soumises !
Mais déjà les 12e et 13e tours sont franchies, et nous
passons dans la vallée des vieux oliviers de Saris, l'an-
cienne S irim où David s'arrêta dans sa fuite avec sa
troupe, et a[irès quelques minutes, nous touchons Abou-
gosh, où nous nous nous arrêtons sur le penchant d"une
colline semblablement couverte d'oliviers pour y prendre
le dîner. Des tapis sont étendus à l'ombre sous les vieux
arbres, et rangés autour, assis sur nos jambes à la façon
des anciens patriarches et des habitants du jour de ces
contrées, nul ne se plaint du man(juedesiège, trop heureux
sommes-nous, de voir étalésdevant nous, œufs durs.quartiers
de poulets, oranges, etc., qui vont renouveler nos forces
pour nous permettre de continuer notre route incontinent.
Pour nous, suivant notre habitude, le repas est bien-
tôt pris, et pendant que la plupart se livrent à une sieste
sur les tapis mêmes qui nous ont servi de nappes, nous
inspi-ctons les broussailles du voisinage à la recherche de
fleurs et d'insectes. Nous sommes bientôt rejoint par M.
Gasnau t-Gruérin, qui lui, fait une revue de tous les cail-
loux qui louchent le sol, dans l'espoir d'y rencontrer quel-
ques spécimens de minéralogie dignes d'intérêt. Nos goûts
communs nous rapprochant, nous devenons de ce jour
deux compagnons inséparables pour poursuivre nos
chasses et nos rechercht>s. Plus heureux (jue lui, pendant
qu'il ne trouve autre chose que des débris de la roche qui
forme les montagnes t;ue nous traversons, nous cueillons,
d'ab >rd parmi les plantes: deux papavéracées, le coque-
licot commun Papaver rhœas, et un autr que nous croyons
344 LB NATURALISTE CANADIEN
être le Papaver dubium. Nous sommes tout surpris de
tomber tout à coup sur de larges talles de mig'nonette tout
en fleur, nous nous empressons de les flairer, à notre
grande surprise, elles sont inodores ; nous reconnaissons
alors, au calice à 4 divisions, que nous avons affaire au
Reseda luteola. Un petit arbrisseau, à fleurs papilionnacées
d'un jaune brillant, se montre en si grande quantité qu'il
forme de larges massifs en certains endroits ; nous croyons
d'abord reconnaître le genêt commun avec lequel nous
avions fait connaissance sur la montagne de Lourdes, mais
examiné plus attentivement, nous constatons que c'est une
espèce différente, c'est le Genista monosperma, le nolem des
Arabes.
Quant aux insectes, s'ils ne sont pas nombreux en
espèces, les individus par contre se montrent en quantité
considérable. Nous prenons d'abord sur le bord du chemin
des bousiers à pattes postérieures très longues qui leur
servent à rouler dans des trous préalablement creusés des
boules de fiente dans lesquelles ils déposent leurs œufs et
dont se nourriront leurs larves, c'est le Sisiphus muricatus,
puis, sur le genêt, une grosse cantharide brune, avec le
devant du prothorax rouge, c'est VEpicauta verticalis,
lUiger, pensons-nous ; puis 2 espèces d'Andrènes et un
Halictus, l'une des Andrônes et VAndrena rutila de iSpinola,
si nous ne nous trompons etc., etc.
Abougosch, au pied de laquelle nous reposons, est
l'ancienne Cariathiarim de l'Ecriture sainte. C'est dans la.
maison d'Abinadab, à Grabâa, sur la hauteur de Caria-
thiarim, que demeura pendant 20 ans l'arche d'alliance et
d'où David vint la chercher pour la transporter à Jé&usalem,
chantant et dansant devant elle pour témoigner sa joie;
environ 1033 avant J, C.
Cariathiarim est aussi la patrie du prophète Uri, qui
fut mis à mort par le roi Joachim pour avoir prophétisé
contre sa ville.
Au N. O. du village on voit une construction qui se
distingue de toutes les autres par ses dimensions, c'est
l'Eglise de Saint-Jérémie, que les musulmans en 1489 en-
levèrent auT chrétiens après avoir massacré neuf Pères
DE QUÉCBC A JÉRUSALEM 345
franciscains qui en avaient la garde, cette église est ajour-
d'hui dans un triste état d'abandon et de délabrement, ser-
vant souvent à loger les chevaux et autres bêtes de somme
des voyageurs.
Il est déjà 2h. passées, la sieste est terminée et l'ordre
de partir est donné. Chacun de reprendre sa monture
et de s^ remettre à son rang pour la marche.
Mais voici qu'une dame anglaise, avec deux cavaliers
qui la suivent, s'en vient traverser la troupe de notre cara-
vane encore toute pêle-mêle sur la route. Le cheval de la
dame heurte celui d'un des nôtres qui n'étant pas suffisam-
ment retenu par son cavalier, se tourn*' aussitôt en travers
et envoie force ruades au nouveau venu. La dame de crier
alors avec effroi et toute prête à rouler sur le sol, lors-
que les moukres viennent saisir ie.s bêles, et déposer la
cavalière sans connaissance sur le bord de la route. On
craignit un moment qu'elle n'eut les jambes cassées par
les ruades reçues, mais heureusement que les deux bêtes
étaient trop près l'une de l'autre, et que les pieds du
cheval rueur ne touchèrent qu'au dessous du ventre de
l'autre sans atteindre les jambes de la dame. Elle se remit
bientôt et en tut quitte pour sa frayeur, sans autre consé-
quence. Nous conclûmes tout de même de cet incident
qu'il faut en toute circonstance veiller attentivement sur
nos bêtes, si nous ne voulons pas nous exposer à des acci-
dents qui parfois peuvent être très sérieux.
Nous laissons à droite Soba que nous voyons perchée
sur une montagne conique des plus élevées de cette chaîne.
îSoba était autrefois une place forte, mais elle fut prise et
démantelée par Ibrahim-Pacha en 1834, et n'est plus au-
jourd'hui qu'un village sans importance d'environ 500 ha-
bitants.
Nous descendons plus loin dans une vallée toute
plantée d'oliviers, de figuiers et de vignes, cultures qui
contrastent agréablement avec les denudations que nous
avons remarquées jusqu'ici. Nous traversons sur un pont
en maçonnerie le torrent qui coule au milieu de cette
vallée.
346 LE NATURALIPTK CANADIEN
A mesure que nons franchissons quoique hantour, nos
regards seporti^nt en avant, pour voii-si nous ne di^coav rirons
pas bientôt l(^s constructions de la Ville Sainte. On st^ sur-
prend soi-même ému à la pensée que dans quelques quarts
d'heurt^ on va fouler le sol le plus sunt du monde», cMai
qui a été arrosé du sànsç de ^^lomra'^-Di^'U, on va })énétrer
dans Jérusalem, march'^r !?ar les traces de Jésus. Geth^é
mani, le Calvaire, le S. Sépulcre, sont des noms magiques
pour le chrétien, dont le souvenir seul évoque dans l'âme
nous ne savons quoi d'inconnu qui absorbe et qui trans-
porta.
PoursuivaTit notre route, nous prenons une desctMite
raide et toi tueuse, vers le milieu de laquelle, on nous
montre à droite, à quelques milles de distance, S. Jean in
Montana, c'est là que Z icharie avait sâ maison de cam-
pagne et où vint au monde le plus grand des enfants des
hommes.
Nous laissons à gauche un village arabe séparé de la
route par des champs tout plantés en oliviers, grenad ers,
vignes, cognassiers etc., c'est K^ilounieh, et continuant la
descente, nous traversons au bas, sur un pont en maçon-
nerie, le torrent du Térébinthe, qui a donné son nom à la
vallée qu'il arrose. Le torrent est maintenant à sec, et
dans son lit même, nous voyons trois enfants complètement
nus qui prennent leurs ébats sur le gravier qui le couvre.
On sait que c'est dans le torrent du Térébinthe que David
prit les pierres avec lesquelles il terrassa le géant Goliath.
Oui, cette vallée célèbre qui aujourd'hui ne fournit pas
même aux habitants qui l'occupent de quoi couvrir la
nudité de leurs enfants, vit un jour deux armées nom-
breuses et formidables en présence l'une de l'autre; sur
la gauche celle des Israélites et sur la droite celle des
Philistins.
Depuis 40 jours les deux armées étaient en présence
sans en venir aux mains, par ce qu'occupant chacune les
h\utes mont;ignes qui b trJent le torrent de part et
d'autre, il fdlait pour se rencontrer descendre dans la
vallée et remonter de l'autre côté. Et c'était à qui des
deux armées ne s'exposerait pas dans cette position désa-
vantageuse.
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM. 347
Mais l'armée de Saul était déplus* terrifiée par les bra-
vades d'un géant Philistin, qui descendait chaque jour
dans la plaine pour proroquer et insulter les Israélites.
Ce géant étiit Groliath, de la ville de Greth que nous avons
vue dans la plaine de iSaron ; il mesurait six coudées et une
palme, et il était tout couvert d'airain, depuis so!i cisque,
jusqu'à ses bottes et son bouclier, qu'il frappait de sa lance,
dont le bois seul avait les pro))artions d'une rame de
bateau. Aucun enfant d'Isra 1 ne voulait aller se mesurer
avec ce colosse, lorsqu'un jeune pâtre, du nom de David,
arriva au cnmp envoyé par son père pour voir s'il ne
manquait rien à ses frères. Il s'étonne des terreurs d'Israël
et s'off;e à aller combattre le géant. C'est que cet enfant,
sous sa tunique de be ger, portait un cœur drf roi, et que
tout confiant eti Dieu, il avait déjà bien des fois éprouvé
son assistance dans des circonstances critiques. On le pré-
sente au roi. îSanl hésite, ne voulant pas exposer c> jeune
homme à une mort presque certaine.— Seigneur, mon roi,
dit l'enfant, ne craignez rien. Lorsque je conduisais mes
troupeaux au pâturage, il est arrivé plusieurs fois qu'un
ours, un lion venait et emportait une brebis. Je me
mettais aussitôt à sa poursuite, et sans autre arme que mon
bâton, j'attaquais la bête féroce, je la snisissais à la gorge,
la terrassais ot l'étendais morte sur place. Je reprenais
ma brebis et retournais joyeux à mon troupeau. Celui qui
m'a délivré des grifft^s des ours et de la gueule des lions,
saura bien aussi m'arracher des mains de ce Philistin, Et
qui est-il donc cet infidèle pour oser braver ainsi l'armée
du Dieu vivant ? Je ne compte ni sur ma force, ni sur
mon courage, mais uniquement sur l'assistance de celui
qui trempe les cœurs et dirige les bras de ceux qui com-
battent en son nom.
Le roi voulut au moins le revêtir de ses armes. -Non,
dit l'enfant, je ne march:iis pas ainsi lorsque j'égorgeais les
bêtes féroces. —Et prenant son bâton, il descendit dans la
vallée, choisit cinq cailloux bien polis dans le lit du torrent
qu'il mit dans sa panetière, et saisissant sa fronde, il s'a-
vance vers le Philistin,
— Mais me preuds-tu pour un ehien, dit le géant, eu
348 LB NATURALISTE CANADIEN
venant ainsi à moi avec un bâton ? Je vais donner ta chair
à manger aux oiseaux de l'air et aux bêtes des bois. — Ta
viens à moi, dit David, avec l'épée, la lance et le bouclier;
moi, je ne suis qu'un enfant, mais je viens à toi au nom
du Seigneur, je te couperai la tête et donnerai ton corps
en pâture aux oiseaux du ciel, afin que toute la terre
sache qu'il y a un Dieu en Israël.
A peine avait-il achevé ces mots, qu'une pierre s'é-
chappe en sifflant de sa fronde, et va frapper au front l'or-
gueilleux Philistin. G-oliath roule sur le sol, et David lui
enlevant son épée, lui tranche la tête d'un seul coup.
La victoire est à David, et la terreur passe aussitôt d'une
armée à l'autre, de celle des Israélites qui sont ivres de
joie, à celle des Philistins qui se retirent honteux et en dé-
sordre.
Nullement en proie à la terreur des Philistins, mais
quelque peu dominés par la joie des Israélites qui s'en re-
tournaient victorieux à la Ville-Sainte, nous laissons der-
rière nous le torrent avec son lit aride et ses enfants nus,
et gravissons la montagne opposée par une montée raide
et escarpée, qui serpente en nombreux zigzags jusqu'au
sommet de l'élévation. Rien de plus gracieux à chaque
détour de la route, que de porter un regard en arrière sur
la longue hlede notre caravane, qui se dessine en un ruban
mobile et replié sur le flanc de la montagne, en faisant
contraster les couleurs voyantes des costumes avec le gris
sombre du sol, ou plutôt de la pierre dans laquelle la route
est taillée» Quarante cavaliers cheminent ainsi à la suite
les uns des autres, couvrant en partie leurs montures de
leurs amples manteaux blancs, eu laissant pendre leurs
longs turbans à fond blanc, rayé de rouge ou de jaune sur
lesquels des ombrelles de toute couleur, projettent une
ombre plus ou moins efficace, suivant la position qu'on sait
leur donner selon les difl^érents détours que l'on opère.
Derrière les cavaliers suivent au pus lent et aux traits for-
tement tendus deux lourds véhicules à trois chevaux, char-
gés eux aussi de voyageurs portant le même costume et se
protégeant aussi contre le soleil avec leurs ombrelles éta-
lées sur leurs têtes.
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM 349
Nous passons à droite la 14e tour de garde, et un peu
plus loin la 15e à o-auche. où nous apercevons devant nous
la montag-ne des Oliviers. Nous voyons à droite la vallée
de la Croix oii se trouve un couvent de Grrecs schisma-
tiques; au delà, vers le S. E., on aperçoit le couvent de
S. Elie et, un peu plus à droite, Èethléem ; cette scène
sans pareille, a pour fond à Fhorison les montagnes de
Moab qui gisent de l'autre côté du Jourdain, au delà de la
Mer Morte. Nous touchons enfin à la 16e tour do garde
où nous voyons se dessiner sur l'horison les crénaux des
murs de la Ville-Sainte. Jérusalem ! Jérusalem ! à ce cri
les croisés se sentirent dominés par une joie indescriptible.
Et nous aussi, nous sommes émus, nous foulons un sol qui
frappé de nos pas nous renvoie les échos des plus mémo-
rables événements du monde; les personnages les plus
célèbres ont buriné à sa surface dans leur passage des ca-
ractères ineffaçables que nous savons déchiffrer, et nous ne
savons quelle vapeur secrète, mais suave, s'en exhale pour
dominer nos cœuis et nous enivrer en qitelque sorte.
Aussi est-ce avec empressement que nous descendons de
nos moiitures pour nous agenouiller et baiser ce sol qui à
si justes titres est appelé Terre-Sainte. C'est avec àrae et
les larmes aux yeux que nous chantons le cantique du roi-
prophète:
Je me suis rt^joui de cette parole qui m'a été dits : nous hons
dans la maison du Seigneur.
Nous "établirons notre demeure dans tes parvis, ô Jérusalem.
Jérusalem, ville auguste, commune patrie des serviteurs de
Dieu, dont les diverses parties forment un tout .-idmirabie.
Là sont montées les tribus consacrées au Seigneur, pour rendre
hommage à son nom, selon la loi d'Israël.
Là sont placés les sièges de justice, les trônes de la uiaison de
David.
Demandez la paix pour Jérusalem ; que ceux qui t'aiment, ô cité
sainte. juui.<jsent de toutes sortes de biens.
Que la paix règne dans tes l'emparts, et l'abondance dans tes
palais.
Asiles de mes frères et de mes amis, mes paroles sur toi étaient
des paroles de paix.
La uiai-'on du Soigneur notre Dieu est dans ton enceinte ; c'est
pourquoi j'ai appelé sur toi tous les biens. Gloire soit au Père etc.
Puis nous recitons un paler un ave pour gitgner l'in-
dulgence a la vtie de la Ville-Sainte, et reprenons nos mon-
tures potir continuer notre route.
D'ordinaire un Père de Terre-Sainte vienl en cet en-
droit à la rencontre des pèlerins, pour les saluer et les in-
troduire dans la ville Mais l'arrivée du Prince Rodolphe,
qui nous précédait de quelques muiutes, nous priva de
cet avantage.
(1) Lœtaîus sum in his quct dicta tunt mihi. Psaume 121.
350 LK NATURALISTE CANADIEN
Cha Xi. i. • ^ j •
cnn ayant maintenant appris a aominpr sa mon-
ture, nous no s mettons en file deux à deux et taisons notre
entrée dans un ordre admirable» La marche est ouverte
par le Frère Liévin, sur son superbe cheval f^rris-pornmelé,
puis viennent les membres du bureau, les ecclésiastiques,
les hommes, et enfin les dames que suivent nos moukres
en fermant la marche.
Nous laissons à gauche l'établissement russe, pissons
la 17e tour de garde et touchons aux murs de la ville que
nous longeons sur notre gauche jusqu'à la porte de Jafia.
Nous passons sous un arc .le verdure érigé pour le
prince et trouvons toute la po|)ulation sur pied en habits
de fête à l'occasion de cette visite, moins toutefois un cam-
pement de bédouins dont les sombres tentes ^'étalent à la
porte même de la ville, avec leurs chameaux agenouillés
sur la place et leurs enfants nus qui veulent eux aussi
servir leur curiosité malgré leur manque de costume.
Nous franchissons la porte, munie d'un seuil en pierre
que nos chevaux enj imb^Mit, mais que les voitures ne peu-
vent franchir, tournons à g.vnche, oii nous prenons la 2e
rue qu'on rencontre, rue étroite, inégale, irrégulière,
pavée en cailloux ronds sur lesquels lelentissent les fers de
nos chevaux, laissons à doite 2 ru- s à peu [>ips semblables,
et continuons tout droit, jusqu'à ce que no ts voyions, dans
un angle à irnuche, la porte d'une «jurande construction, au
dessus de hiquelle nous lisons l'inscriptiou : Hospitium
Fratfciscanum, c'est la Casanova ou hôtellerie des Pères
franciscains qui doit nous recevoir.
A continuer.
FAITS I>IVEflS.
Arbres d'ornement. — Nous voyons avec plaisir que
nos remarques au sujet de la plantation d'arbres d'orne-
ment choisis parmi nos espèces for.'stières, ont attiré l'at-
tention de plus d'un membre de la presse qui les ont
corr<jboréHS de leurs obs rv;itions et commn'ntMires. Le
Courrier de Montréal, Le Canada d'Ottawi, le Courrier du
Canada, U Union drs Cantons de l' Est, le JSouveltiste de Q lé-
bec, le Constitutionnel et la Concorde des Troi -ilivières s'en
sont surtout l'ccufxs. Le Constitutionnel insiste surtout pour
qu'on fasse aux Trois- Rivières, ce que nous avons sugg'ré
pour Québec. Que sur la place publique qu'on est à pré-
parer sur le plaieau des casernes, on ftsse comme un
noyau de jardin botanique, en plantant là des représentants
de toutes les essenct's arborescentes des forêts de notre
Province. Nous ne saurions trop vivement appuyer cette
FAITS DIVERS 351
proposition. Trois- Ri vie res n'est qu'à 90 milles de Q lébec,
et cependant, si ces snggrestioiis étaient mises à exécatini,
on verrait prospérer là plus d'une espèce qui ne pourrai.»nt
réussir à Q lébec ou du moins y prendre Jeur (léveloppe-
ment normal. Son sol sablonneux et chaud, son éloior.ie-
ment des montagnes couvertes de coniterns, sa di.-tancê de
l'eau salée qni ne p rmet [lasai'x brises srlacialfs du jjolfe
de pénétrer ja>que là permettraient aux Trois Rivière
de coiiiserver dans ses rues plusieui-s essences desclunits du
sud qui ne pourraient réu-sir à Q lébec, telles que, p:ir ex-
emple, les Caryers de toute espèce, les Chênes pour la
plupart, le Marronnier d'Inde, le Platane, le Chataiorninr
etc., etc. Que dès cette automne on se procure donc les
plants de ces différentes espèces, qu'on les hiverne en
jauge pour les planter au i)riiitemps, alin de les voir dès
l'année [)rochaiie étaler leur ver^iure au grand contente-
me.t des amateurs, des touristes, et surtout des botanistes.
Avis — Nous attiions spécialement l'attention des ama-
teurs et des directeurs de mais >ns d'édiic.ition sur l'an-
nonce de M. A. E. Foote, sur notre couverture. C'est le
magazin le plus comi)let, en fait d'obj.'ts d'histoire na-
turelle, de tout r.e continent et peut-être du monde entier.
Réception — N>/Us accusons avec recounMiss;nice ré-
ception de ÏAntmal Report of the IJoard of the W gents of the
Sinithso'iirm Institutiott [)our iSSO, volume in-8 de ,772
payes, comprenant une quantité considérable de matières
intéressantes.
B bliographie —Seventh Report of the Montreal Ilorticid-
turnl and Frnit Gioivtrs' Association of the Province of
Quebec for 1881. Ce rai)port qui forjne une brochure de
183 pages, l'emporte encore en intérêt, si possible, sur ses
devanciers. 11 contient un grande cirte des Provinces
en deçà des Montagnes- llocheuses, montrant l'extrême
limite au nord de la plupait de no> aibres forestiers.
U'aprè- cette carte, les espèces suivantes aiteindran'iit, ou
peu sen fut, les bords de lamer gl icia e : L'epineite,
Abies alba et nigra ; le melèse, Larix Americana ; les p.-u-
plieis, Populus b ds nnifera et tremn/oides ; le bo ileau à p i-
p\er, Beluta papï/racea, le sapin blnic, Abics bilsnniea Et
les espèces suivantes trotiveraieiit leur extrême limite
nord aux endroits ci-dessous en suivant la vallée du t5l-
Laureiit.
Le Caryer amer, Carya amara Sorel (1).
Le noyer tendre, Jnglans cine.
YQd Québec»
(1) Nous l'avons rencontré à Nicolet, à Geutilly etc.
352 LE NATURALISTE CANADIEN
Le chêno bianc, Quercus alba (l)Québec.
Le charme, Carpinus AmericanaiJap Tourmente,
Le bois-dur, Oatrya Virginica Cap Tourmente.
Le bois-blanc. Ti H a Americana Caps à la suite de S.Joachim
Le hêtre, Fagus ferrvginea Caps " "
Le frêne blanc, Fraxinus alba Caps " "
La pruche, Mies Canadensis Baie St-Faul.
L'érable à sucre, Acer sacchari-
num Saguenay.
L'orme roux, Ulmus JJmericanaSsguenaj^
Le pin des rochers, Pi nus Bank-
siana Rivière Moisie,
Le cèdre, Thuya occidenialis Anticosti.
Le frêne gras, Fraxinus samb'i-
cifolius Sept-lsles.
Le merisier jaune, Betula lutea Sept-lsles.
Le pin blanc, Pinus strobus Mingan,
Tératologie végétale. — En faisant dernièrement la
cueillette de pommes de Sibérie dans notre jardin, nous
avons rencontré un singulier cas de tératologie végétale.
C'était deux pommes jumelles, c'est-à-dire qu'un pédon-
cule unique se partageait vers l'extrémité en deux
branches, portant chacune une pomme, soudées l'une à
l'autre, si bien que l'épiderme lisse et continu recouvrait la
suture. Chacune avait son ombilic propre et était parfaite,
moins la face aplatie opérant la conjonction.
Nos remerciments à qui de droit pour l'envoi des pu-
blications suivantes :
Winchell, — The Geological and Natural History Survey
of Minnesota. Neuvième rapport, pour l'année 1882, Su-
perbe volume in-8 de 400 pages, avec une liste des oiseaux,
cartes nombreuses etc.
Annales de la Société Entomologique de Belgique. — Tome
XXV, 1881 ; in-8 de plus de 400 pages, avec planches colo-
riées, listes d'insectf's et une foule de renseignements sur la
distribution des diflérents ordres d'insectes dans la Belgique
et les pays circonvoisins, les Compter-rendus des séances
de la Société etc., etc.
Œvifs d'oiseaux. — Les Naturalistes qui voudraient
compléter des collections ou les amateurs
qui voudraient en commencer, trouveront
chez M. A. E. Foote, Philadelphie, 1223,
Belmont Avenue, une grande quantité d'es-
pèces d'oeufs d'oiseaux, de peaux, d'oiseaux
montés, d'yeux, &c. Catalogue pour l'or-
nithologie 3 cts , des livres 3 cts, des livres de médecine 5 cts.
Voir L'annonce à la couverture.
(1) On n'en a jamais trouvé plus bas que Deschaïubault.
LE
^p^t"^^"''2^^-nr^'^T^#f ^^wWW'sP^-^^^'
Vol. XIII.— 12. CapRouge, Q., DEC, 1882. No. 156.
Rédacteur : M. l'Abbé PROVANCHER.
FAUNE CANADIENNE
HYMÉNOPTÈRES
ADDITIONS ET CORRECTIONS.
(^Continué de la page 336).
8. Phygadeuon maculatus, Prov. X, p. 67 .
(^ — Avec les antennes sans anneau pâle et les jambes postérieures
tentièreraent noires.
20. Phygadeuon mucronatus, Prov. XI, 73.
(^ — Antennes sans anneau pâle. Pattes noires, les 4 jambes an-
térieures avec une ligne blanche en dehors. Abdomen poli, brillant,
quelquefois roux-brunâtre, mais le plus souvent entièrement noir. — CC,
29. Phygadeuon rufulus, Prov. XI, 76, est un Meso-
leptîis,
29. Phygadeuon de-Lavoie. Phygadeuon Lavoiei,
nov. sp.
$ — Long. .15 pee. Noir, brillant; les mandibules, les écailles
alaires, tous les trochantins avec les 4 hanches antérieures, blanc, le
scape en dessous avec les pattes, roux-pâle. Antennes assez longues,
plus épaisses à l'extrémité, mais non enroulées. Thorax allongé, dé-
primé, le métathorax avec une pointe courte aux angles. Ailes sub-
hyalines, les nervures brunes, pâles à la base, le stigma d'un jaune
354 LE NATURALISTE CANADIEN
sale, aréole pentagonale. Pattes d'un roux sale, les jambes postérieures
avec Textrémité noire, leurs hanches aussi noires. Abdomen à pédi-
cule court, en ovale allongé, poli, brillant, le ventre jaune à la base ;
tarière de la moitié de l'abdomen environ. — R.
Capturé à Douglastown (Gaspé).
Dédié à M. Raoul Lavoie, zélé entomologiste de St-
E,och de Québec.
30. Phygadeuon commun.. Phygadeuon vulgaris, QrQss,.
Proc. Eut. Soc. Phil, ill, p. 310, $.
Ç — Long. .28 pce. Noir avec l'abdomen roux ; mandibules rous-
Bâtres. Antennes fortes et courtes, enroulées à l'extrémité, roussâtres
à la base, souvent plus pâles au milieu et noires à l'extrémité, le scape
robuste. Ecusson aplati, poli, avec une double excavation en avant.
Ailes hyalines, légèrement enfumées ; les nervures et le stigma, brun.
Abdomen ovalaire, aplati, poli, entièrement roux, excepté la base du
pédicule qui est noire; tarière de la moitié de l'abdomen en longueur.
Pattes rousses, les postérieures avec les hanches plus ou moins foncées,
quelquefois presque noires. — PC.
Espèce très variable dans sa coloration. Sa plus petite
taille, ses jambes sans lignes blanches et son absence d'an-
neau blanc aux antennes le distinguent surtout du mu-
cronaius.
31. Phygadeuon à- orbites-blancs. Phygadeuon orbi-
talis, nov. sp.
çj* — Long. .22 pce. Noir ; deux larges ligues orbitales au dessous
des antennes, avec les scapulaires, blanc ; les pattes et l'abdomen roux.
Antennes assez longues, fortes, sétacées, entièrement noires. Thorax
poli, brillant, le métathorax à lignes soulevées distinctes, ses angles
subépineux. Ailes subhyalines, le stigma brun, les scapulaires blanches,
très apparentes. Pattes rousses, les postérieures avec l'extrémité des
cuisses et des jambes ainsi que leurs tarses, noir ; toutes les hanches
noires. Abdomen allongé, subcylindrique, roux, la moitié du premier
segment avec les derniers, noir. — R.
32. Phygadeuon à-grosse-tête. Phygadeuon cepha-
licus, nov. spe
(^ — Long. .22 pce. Noir ; tête fort grosse, épaisse en arrière des
yeux. Antennes médiocres, tout noires. Thorax robuste ; métathorax
arrondi, sans aréole distincte. Ailes hyalines, le stigma noir, avec un
point pâle à la base. Pattes noires, les 4 jambes antérieures rous-
ADDITIONS ET CORRECTIONS AUX HYMÉNOPTÈRES. 355
sâtres. Abdomen en ovale allongé, les segments 2 et 3 d'un roux bru-
nâtre, le reste noir. — R.
Cette espèce se sépare surtout de ses voisines par la
couleur de ses pattes.
33 Phygadeuon à côtés-parallèles. Phygadeuon pa-
raUelîfs, nov. sp,
(^ — Long. .20 pce. Noir avec l'abdomen taché de roux, les palpes,
les écailles alaires, blanc ; la face et les antennes entièrement noires ;
tête moyenne, transversale, ses angles arrondis. Métathorax à carènes
distinctes, ses angles postérieurs sub-épineux. Ailes hyalines, le stigma
brun, l'aréole pentagonale. Pattes d'un roux sale, les hanches noires,
les cuisses au milieu avee l'extrémité des jambes postérieures et leurs
tarses, plus ou moins obscures. Abdomen allongé, à côtés parallèles,
le 1er segment aciculé, noir de même que les terminaux, roux dans le
reste.
Bien distinct de Vovalis par sa forme et sa coloration.
34. Phygadeuon à-3-anneaux. Phygadeuon S-armu-
latus, n. sp,
Ç — Long. .28 pce. Noir avec l'abdomen roux excepté à l'extré-
mité. Les palpes, une ligne sur le chaperon, un anneau aux antennes,
les écailles alaires, blanc. Antennes longues, assez grêles, noires avec
un annean blanc au milieu, la base quelquefois roussâtre en dessous.
Thorax noir, le mé.50thorax arrondi, à lignes soulevées peu distinctes.
Ailes hyalines, le stigma noir. Pattes rousses, les postérieures avec
un petit anneau blanc à la base des jambes, à la base du 1er article des
tarses et sur le 2e article, le reste noir excepté les cuisses qui sont
rousses avec l'extrémité noire ; toutes les hanches noires. Abdomen
ovalaire, aplati, noir à l'extrémité, avec la tarière d'environ la moitié
de sa longueur.
Se distingue surtout de Voccidentalis par la brièveté de
sa tarière et son thorax entièrement noir.
35. Phygadeuon de-Mignault. Phygadeuon Mignaulti^
nov. sp.
Ç — Long. .18 pce. Noir avec l'abdomen rouge. Antennes pas-
sablement longues, tout noires, fort épaisses à l'extrémité, enroulées,
les articles 3 et 4 allongés, les autres allant toujours en diminuant.
Thosax poli, brillant, le métathorax avec une aréole centrale en carré.
Ailes hyalines, le stigma avec les écailles, noir. Pattes rousses, y
compris les hanches et les trochantins, les tarses postérieurs avec l'ex-
trémité de leurs jambes, plus ou moins obscur. Abdomen en ovale,
356 LE NATURALISTE CANADIET»
déprimé, arrondi à l'extrémité, poli, brillant, le premier segment noir,
le reste roux ; tarière moins du quart de l'abdomen. — R.
Nous dédions cette nouvelle espèce à M. J. D. Mi-
gnault, M. D, de Montréal, grand amateur d'histoire na-
turelle, surtout de botanique.
36. Phygadeuon aciculé. Phygadeiton aciculatus, nov.
sp.
(^ — Noir; le scape en dessous, le- écailes alaires, les pattes avec
l'abdomen, roux plus ou moins, clair. Face large, finement ponctué,
tuberculeuse au milieu, Métathorax inerne, à lignes soulevées dis-
tinctes. Ailes hyalines, le stigma noir. Pattes rousses, y compris les
4 hanches antérieures, les postérieures avec les tarses, les hanches et
l'extrémité des cuisses et des jambes, noir. Abdomen assez fort, en
ovale allongé, le premier seguient avec les 2 derniers noirs, le roste
roux, la 2e segment aciculé à sa base d'une manière très distincte. — K.
37. Phygadeuon de-Lechevallier. Phygadeuon Le'
chevallien, nov. sp.
$ — Long. .15 pce. Noir, avec les pattes et l'abdomen rouges.
La face finement ponctuée, avec une protubérance au milieu. Le scape
des antennes roux en dessous. Thorax allongé, peu robuste; méta-
thorax allongé, avec une aréole en carré sur le disque. Ailes hyalines,
iridescentes, le stigma noir. Pattes entièremeut rousses, y compris
les hanches et les trochantins. Abdomen en ovale, poli, brillant, dé-
primé, noir sur le premier segment et sur les derniers; tarière forte,
de plus de la moitié de l'abdomen en longueur. — R.
Dédié à M. Alfrred Lechevaiiier, naturaliste de Mont-
tréal.
38. Phygadeuon à-longues-cornes. Phygadeuon cornu-
tus, nov. sp.
Ç — Long. .17 pce. Noir, poli, brillant, avec les pattes et une
bande à l'abdomen, roux. Antennes longues, à articles allongés,
brun-foncé, d'un roux sale à la base, les cape entièrement noir. Thorax
allongé, déprimé, le métathorax avec carènes distinctes et portant un
mucron sur les angles latéraux. Ailes légèrement fuligineuses, le
stigma noir avec une tache blanche à la base, l'aréole pentagonale
Pattes d'un beau roux clair, l'extrémité des cuisses et des jambes pos
térieures, noire. Abdomen poli, brillant, en ovale à part le pédicule
qui porte une petite fossette sur sou disque, les segment 2 avec 3, ex
cepté au sommet, roux, le reste noir; tarière forte, un peu plus court
que l'abdomen.
ADDITIONS ET CORRECTIONS AUX HYMÉNOPTÈRES. 357
Son métathorax mncroiié ot ses antennes non annelées
le distinguent surtout des espèces voisines.
39. Phygadeuon d'automne. Phygadeuon autumnalis,
nov. sp.
Ç — Long. .15 pcf>. Noir avec l'abdomen taché de roux; les
mandibules, les palpes avec les éciilles alaires, blanc-jaunâtre ; le scape
roux, du moins en dessous, mais le plus souvent entièrement noir. Méta-
thorax à lignes soulevées distinctes. Ailes hyalines, le stigma grand,
brun, l'aréole pentagonale. Pattes d'un roux pâle, les hanches posté-
rieures noires, rousses au sommet, leurs jambes noires à la base
base et à l'extrémité, plus ou moins rousses au milieu, leurs tarses
bruns. Abdomen assez court, à pédicule «riêle, portant une fossette au
sommet, noir, avec le milieu du dos plus ou moins taché de roux.
Rapproché de Vaciculatus, mais s'en distinguant sur-
tout par sa taille plus petite et la coloration de ses cuisses
postérieures. 2 spécimens c? pris en octobre dernier sur
des feuilles de saule.
40. Phygadeuon subépineux. Phygadeuon subspinoms,
nov. sp.
^ — Long. .19 pce. Noir; une tache aux mandibules avec les
scapulaires, blanc ; le scape en dessous, avec les pattes et le milieu de
l'abdomen, roux. Face couverte d'une pubescence grisâtre dense. Mé-
tathorax à lignes soulevées distinctes, subépineux aux angles. Ailes
hyalines, le stigma brun. Pattes rousses, de même que les hanches, les
tarses postérieurs avec l'extrémité de leurs jambes et de leurs cuisses,
noir. Abdomen en ovale allongé, le premier segment avec les 2 der-
niers noirs, le reste roux. — R.
41. Phygadeuon resserré. Phygadeuon constricius,
nov. sp.
^ Long. .20 pce. Noir; les écailles alaires blanches, les pattes
avec l'abdomen, roux. Face glabre; antennes noires, le scape roux
en dessous. Métathorax resserré à la base, arrondi postérieurement,
inerme, à lignes soulevées formant une aréole étroite sur le disque.
Ailes légèrement enfumées, le stigma noir avec une tache pâle à la
base. Pattes rousses, les postérieures avec les tarses et l'extrémité des
jambes, brun. Abdomen roux avec le premier segment et les derniers
noirs, le reste roux. — R.
42. Phygadeuon terminé -de-noir. Phygadeuon ter-
mdnatus, nov. sp.
358 LE NATURALISTE CANADIEN
Ç — Long;. .25 pce. La tête, le thorax avec les trois segments
terminaux de l'abdomen, noir, le reste d'un beau roux. Antennes
fortes, enroulées, noires avec un anneau pâle au milieu. Mandibules
rousses. Thorax noir, le prothorax avec le mésothorax en partie, et
l'écusson, roux. Métathorax finement ponctué, incrme. Ailes hya-
lines, les nervures brunes, le stigma jaunâtre. Pattes rousses, les
postérieures avec les hanches, les cuisses, excepté à la base et l'extré-
mité des jambes, noir. Abdomen en ovale allongé, roux, avec les 3
segments terminaux noirs ; tarière sortante seulement. — R.
Capturé au CapRonge.
43. Phygadeuon roux. Phygadevon rnbricus, nov. sp.
Ç — Long. .23 pce. D'un roux brunâtre; les mandibules avec
un anneau aux antennes, jaune. Face large, ponctuée, avec une pro-
tubérance au milieu. Antennes noires, avec un anneau jaune au
milieu, fortes, enroulées à l'extrémité, le scape roux en dessous. Tho-
rax robuste, les environs de l'écusson avec les sutures des flancs, noir ;
métathorax très finement ponctué, sans lignes soulevées distinctes.
Ailes hyalines, le stigma roussâtre, nervure moyenne avec un rudiment
de nervure au milieu. Pattes rousses, les postérieures avec l'extrémité
des hanches, des cuisses et des jambes, noir. Abdomen entièrement
roux, robuste, convexe ; tarière moins du quart de sa longueur. — R.
44. Phygadeuon à-bandes- alternes. Phygadeuon al-
ternans, nov. sp.
Ç — Long. .15 pce. Noir varié de roux; les mandibules, le tu-
bercule au milieu de la face, le scape en dessous, l'écusson, avec les
pattes et l'abdomen en partie, roux. Antennes courtes, fortement en-
roulées, noires avec un petit anneau jaune au delà du milieu. Dos du
mésothorax plus ou moins roux, sans lignes soulevées distinctes. Ailes
longues et étroites, tous les segments noirs à la base et roux au sommet ;
tarière moins du quart de l'abdomen en longueur. — R.
Espèce bien distincte par les bandes alternes de son
abdomen.
45. Phygadeuon sans-queue. Phygadeuon acaudus,
nov. sp.
Ç — Long. .18 pce. Noir; les mandibules, la base des antennes,
les pattes avec les segments 2 et 3 de l'addomen, roux. Tête en carré ;
f ice finement ponctuée ; antennes rousses avec l'extrémité brune, por-
tant au milieu un anneau blanc plus ou moins distinct. Ailes hyalines,
les nervure et le stigma, brun ; les écaillettes blanches. Pattes rousses,
les postérieures avec l'extrémité des cuisses et des jambes plus ou
ADDITIONS ET CORRECTIONS AUX HYMÉNOPTÈRES.. 359
moins noire. Abdomen allongé, étroit, les segments 2 et 3 roux, le
reste noir ; tarière à peine visible. Le métathorax à lignes soulevées,
peu saillantes, les côtés sans tubercules.
Se distingue du subfuscus par Ja forme de son abdo-
men et son absence de tarière, et du vulgaris, par les sculp-
tures de son métathorax.
46. Phygadeuon en-pointe. Phygadeuon atlennatus,
nov. sp.
Ç — Long. .20 pce. Noir; les mandibules, le labre, les antennes,
les pattes avec l'abdomen, roux. Les antennes noires à l'extrémité
seulement. Les écailles alaires blanches. Ailes hyalines, les nervures
et le stigma, brun. Métathorax à peine rugueux, strié transversale-
ment en arrière, sans tubercules latéraux. Pattes rousses, les hanches
antérieures jaunâtres. Abdomen poli, linéaire, en pointe à l'extrémité,
le 1er segment noir, son extrémité avec tous les autres segments d'un
roux plus ou moins sale ; la tarière à peine sortante.
Voisin du comulus, mais en différant grandement par
son abdomen.
G-en. Hemiteles, Grav., XI, p. 119.
Des 13 espèces décrites, retranchez or62CMZam, qui est le
c? de Stilpnus Americanus, Cress., et ajoutez les 4 nouvelles
qui suivent; la clef donnée pour la distinction de ces es-
pèces pouvant en conséquence être remplacée par la sui-
vante.
1(27) Ailes hyalines, non traversées de bandes brunes;
2(13) Hanches postérieures noires, du moins à la base ;
3( 4) Scape entièrement noir 13. nigricans, «. .->/?.
4( 3) Scape roux ou blanc, du moins en dessous;
5(10) Les 4 hanches antérieures noires;
6(7) La bouche noire - 2. SCatrOSUS.
7( 6) La bouche rousse ou blanche ;
8( 9) Cellule radiale contiguë avec la 2e discoïdale 6. OValiS.
9( 8) Cellule radiale séparée de la 2e discoïdale par une
aréole incomplète 3. parvug.
10( 5) Les 4 hanches antérieures blanches ;
11(12) Le scape ? roux en dessous; abdomen
noir 14. pallipennis, ". ^-y.
12(11) Le scape blanc sn dessous ; abdomen noir
et roux... lî>. crassus, «. sy.
3GQ LE NATURALISTE (JANADIEUf
13( 2) Hanches postérieures roMSses ;
14(15) Scape entièrement noir ; anteri.nes roussâtres.... 5. ruficoXïïS,
15(14) Scape roux ou blanc, du moins en dessous ;
16(17) Tarière plus longue que l'abdomen. 4. caudatM.
17(16) Tarière plus courte que l'abdomen ;
18(23) Face noire ;
19(20) Métatîioras subépineux 10. SUbspinOSns,
20(19) Métathorax inerme ;
21(22) Antennes courtes ; abdomen brun voussâtre 1. mandibulariSr
22(21) Antennes très longues; abdomen roux au milieu
en dessus 16. longiCOmiSj ». sj»,
23(18) Face blanche;
25(26') Abdomen roux, tous les segments tachés de noir
à la base.... 7. seill'rufUS
26(25) Abdomen jaunâtre, noir sur les côtés. 8. tener»
27( 1) Ailes traversées par des bandes brunes ;
28(29) Une seule bande brune aux ailes. , 11. huîneralîs.
29(30) Deux bandes brunes aux ailes 12. sessilis,
30(29) Trois bandes brunes aux ailes 9. utilSS^
13. Hémitèle noirâtre' Hemiteles nigricans, nov. sp,
cf — Long. .15 pce. Noir; les pattes rousses. Antennes, y com-
pris le scape, noires. Ecailles aîaires roussâtres. Métathorax oblique
postérieurement, à lignes soulevées distinctes. Ailes hyalines, stigm*
grand, brun, sans tache ^âle à la base, aréole avec les 2 nervures ex
ternes absentes. Pattes rouseâtres, les 4 hanches postérieures avee
l'extrémité des cuisses, des jambes et les tarses de la dernière paire^
en entier, noir. Abdomen linéaire, noir, les segments médians plus
ou moins distinctement roux en dessus. — R,
14. Hémitèle ailes-pâles. Hemiteles paUipennis, nov.
sp.
Ç — Long. .12 pce. Noir; le scape en dessous, avec les pattes,
roussâtre ; les mandibules, les écailles alaires avec las 4 hanches anté-
rieures, blanc. Antennes assez robustes, le métathorax arrondi, à
lignes soulevées médiocres. Ailes h5'alines, les nervures et le htigma,
jaune-pâle, aréole grande, avec la nervure extérieure oblitérée. Pattes
d'un roux pèle, les hanches postérieures avec l'extrémité de leurs
cuisses, la base et l'extrémité de leurs jambes, et leurs tarses en partie,
noir. Abdonen robuste, en ovale, noir, les segments 2 eS, 3 ponctués
avec une marge soulevée et polie au sommet, presque tous les segments
finement marginés de roux à l'extrémité, le premier uni; tarière de
plus de la moite de l'abdomen.
ADDITIONS ET CORRECTIONS AUX HYMÉNOPTÈRES. 361
(^ — Avec le scape blanc en dessous, et le 2e segment abdominal
traversé par une bande rousse au sommet. — AC.
15. Hémitèle épais. Herniteles crassus, nov. sp.
cf — Long. .15 pce. Noir ; les mandibules, le scape en dessous,
les écailles alaires, avec les 4 hanches antérieures, blanc. Antennes
assez courtes, passablement fortes, noires. Thorax court, fort robuste,
le métathorax avec une aréole transversale très étroite. Ailes hyalines,
le stigma grand, hrun-foncé, l'aréole manquant de la nervure exté-
rieure. Pattes rousses, les h inches antérieures blanches, les intermé-
diaires noires à la base et blanches à l'extréujité, les postérieures
entièrement noires, les pattes postérieures avec l'extrémité des cuisses,
les jambes excepté à la base et les tarses, plus ou moins obscur. Ab-
domen assez robuste, noir, les segments 2 et 3 roux avec une bande
noi'e plus ou moins large au sommet. — AC.
Bien distinct du J* pallipennù par .son thorax épais,
son abdomen plus robuste, etc.
16. Hémitèle à-longues- cornes. Herniteles longicor-
nis, nov. sp.
Ç — Long .15 pce. Noir; les mandibules, le scape en dessous,
avec les pattes, roux- pâle ; les écailles alaires avec les 4 trochantins
antérieurs, blanc. Antennes fort longues, un peu plus épaisses à l'ex-
trémité, noires. Métathorax arrondi, inerme. Aiies hyalines, le
stigma brun ; aréole, avec la nervure extérieure absente. Pattes roux-
pâle, y compris les hanches, les postérieures avec l'extrémité des jam-
bes, obscur. Abdomen poli, brillant, en ovale, noir, les segments 2 et
3 roux, plus ou moins tachés de noir ; tarière plus courte que l'abdo-
men.— PC.
Gen. Cryptus, Fabr. XI. p. 129.
Des 30 espèces décrites, retranchez la 10e, Jiavipecius,
qui n'est qu'une variété de i'Icli ne union- scUu/us, Cress., et
ajoutez les 4 suivantes, dont 3 .sont nouvelle?.
3. Cryptus sericeifrons, Prov. p. 331.
ç^ — Avec les mandibules, les palpes, les écailles, alaires, les 4
hanches antérieures et leurs trochantins, blanc, les trochantins pos-
térieurs noirs.
30. Crypte robuste. Cnjptus robi/sius, Cress. Proc.
Ent. Soc. Phil, iii, p. 2-39, ç .
Ç — Long. .60 pce. Noirfoncé, l'abdomen quel |ue peu bleuâtre, les
pattes, à l'exclusion des h inches et des trochantins, d'iin beaux roux
362 LE NATURALISTE CANABTEN
clair. La face finement ponctuée avec de petites lignes orbitales en
avant ; le chaperon poli. Antennes longues, sétacées, légèrement
enroulées, l'article 3 plus long que 4 et 5 réunis. Thorax brillant en
dessus, chagriné sur les côtés, le métathorax opaque, tronqué posté-
rieurement, ses tubercules latéraux aigus. Ailes grandes, fuligineuses,
les nervures et le stigraa noir, aréole grande, subiijuadrangulaire, la
nervure moyenne avec un rudiment de nervure. Les hanches et les
trochantins noirs, polis, le reste des pattes d'un beau roux. Abdomen
robuste, en ovale allongé, noir avec teinte de bleu, le segment basi-
laire court, arqué, poli, aplati et élargi au sommet ; tarière des deux-
tiers de l'abdomen. — C.
Se distingue surtout du proximus, Cress, par sa forme
plus robuste, le 3e article des antennes plus long que 4 et
5 réunis, l'aréole centrale du métathorax triangulaire etc.
31. Crypte barriolé. Cryptus soriculaius, nov. sp.
(^ — Long. .22 pce. Noir, grêle ; toute la face au dessous des an-
tennes, le scape en dessous, les écailles alaires, les 4 hanches anté-
rieures avec tous les trochantins, blanc. Antennes moyennes, fili-
. formes, noires, roussâtres en dessous. Thorax allongé, peu robuste,
noir sans aucune tache, le métathorax inerme, excavé postérieurement,
avec une aréole centrale triangulaire. Ailes hyalines, les nervures et
le stigma brun-foncé, aréole pentagonale. Pattes rousses, les pos-
térieures avec les cuisses en dedans, l'extrémité des jambes et les
tarses, noir, leurs hanches noires, blanches à l'extrémité. Abdomen
grêle, allongé, noir avec une étroite bande rousse aux sutures des
segments. — R.
Se rapproche de Vexilis, Prov. par sa taille et sa forme,
mais s'en sépare distinctement par sa coloration, son thorax
étant sans aucune tache et son abdomen barriolé de
bandes rousses.
32. Crypte allongé. Cryptus elongaius, nov. sp.
(J — Long. .30 pce. Noir, peu robuste; le chaperon, les mandibules,
les joues, les côtés de la fice se réunissant pr sque sous les antennes,
les écailles alaires, l'écusson, les 4 trochantins antérieurs avec les tarses
postérieurs, blanc. Antennes filiformes, assez longues, noires. Thorax:
allongé, peu robuste, poli, brillant en dessus, le métathorax opaque,
ponctué; l'écusson conpexe, blanc. Ailes hyalines, iridescentes, le
stigraa très petit, brun foncé ; aréole grande, subquadrangulaire.
Pattes d'un beau roux clair, les hanches antérieures noires avec l'ex-
trémité blanche, les jambes postérieures, excepté à la base, avec le pre-
ADDITIONS ET CORRECTIONS AUX HYMÉNOPTÈRES. 3G3
mier article des tarses excepté au sommet, noir. Abdomen fort long,
grôle, roux avec les derniers segments noirs. — R.
Voisin du nigricornis, Vrov. mais s'en distins nant sur-
tout par sa coloration, ses hanches postérieures rousses etc.
Gen. Mesostenus, Grav. XI, p. 110.
Retranchez l'espèce 1, collinvs, Prov. qui est le mâle du
Cryptus eburneifrons, Prov» et ajoutez les 3 suivantes.
5. Mésostène pieds-jaunes. Mesostenus flavipes, nov. sp.
(^ — Long. .22 pce. Noir, brillant, avec les pattes jaune-pâle. Tête
large, transversale. Antennes filiformes, de longueur uioyenne, noires
avec le scape jaune. Thorax court, robuste, poli, brillant, le méta-
thorax à lignes soulevées bien distinctes. Ailes hyalines, iridescentes
le stigma grand, brun foncé, l'aréole petite, pentagonale, irrégiilière.
Pattes jaune pâle, les postérieures avec les ta. ses et l'extrémité des
jambes, brun plus ou moins foncé. Abdomen noir poli, brillant, les
segments 2 et 3 avec apparence de roussâtre aux sutures, l'extrémité
jaunâtre.
Capturé au CapRouge. Voisin du sericeus, mais s'en
distinguant par son abdomen entièrement noir.
6. Mesostenus promptus, Cress. Proc. Eut. Soc. Phil.
Ill, p* 314 ; c'est l'espèce décrite sous le nom d'Exetastes
brevipennis, Prov. p. 386, voisine du fhorncicus, mais s'en
distinguant par son thorax entièrement noir.
7. Mésostène noble. Mesostenus nobilis, nov. sp.
Ç — Long. .33 pce. Noir avec les pattes rousses ; le labre, les man-
dibules, les orbites antérieurs avec une tache sur les joues, le scape en
dessous, les écailles alaires, 3 taches à l'écusson avec le post-écu.-^son,
blanc. Ailes hyalines ; l'aréole triangulaire, oblique. Le métathorax
uni, arrondi, avec une tache roussâtre en demi-cercle à sa face posté-
rieure. Pattes rousses, les hanches antérieures jau.iâtres, les jambes
postérieures avec leurs tarses-brunroussâtre. Abdomen poli, brillant,
noir, les segments dorsaux finement marginés de blanc au sommet.
Tarière un peu plus courte que l'abdomen.
Capturé en octobre au CapRouge, bien distincte du
jocosus par son absence d'anneau aux antennes.
Gen. PàniSCUS, Schr, XI, p. 145.
3. Paniseus albotarsatus, Prov., 146.
364 LE NATORALISTE CANADIEN
Ç — Avec la tarière brune et dépassant notablement l'abdomen,
celui-ci taché de brun sur le dos postérieurement.
G-en. Campoplex. G-iav. XI, p. 147.
Des 9 espèces décrites, retranchez la 2e, niger, Prov.,
qui n'est qu'une variété de la Limneria g enuina, Say, p.
177, et ajoutez la suivante :
9. Campoplex semi-roux. Campoplex semiruf us, n. sp.
Ç — Long. .60 pce. Noir avec l'abdoman roux. Les mandibules,
les palpes, l'extrémité des antenne*, les écailles alaires, avec les pattes
en parties, jaune-ronssâtre. Tout le thorax avec une courte pubes-
cence gris'âtre ; niétathorax excavé postérieurement et densément ponc-
tué-strié. Ailes légèrement fuligineuses-jaunâtres;, le stigma roussâtre,
l'aréole brièvement pédiculée. Pattes juune-roussâtre, les hanches, les
cuisses postérieures avec l'extrémité de leurs jambes et leurs tarses,,
noir, les intermédiaires avec les cuisses excepté à l'extrémité et leurs
tarses, brun foncé. Abdomen grand, falciforme, tranchant, avec les
segments 3, 4 et partie du 2e roux, le reste noir ; tarière sortante.
Espèce bien remarquable par sa taille et sa coloratien ;
voisiiie du laticinctus, Cress., mais s'en distin^çuant surtout
par ses jambes jaunes. Capturée c\ Chicoutimi.
G-en. Limneria, Holmgren, X, p. 173.
Aux 20 espèces décrites, ajoutez les 3 suivantes.
14. Limneria basilalis, Prov. p. 179 c?.
Ç — Long. .24 pce. Avec toutes les hanches noires; tarière du
tiers de la longueur de l'abdomen environ.
21 liimnérie hanches-noires. Linmeria nigricoxa,
nov. sp.
Ç — Long. .32 pce. Noire, les mandibules, les palpes avec lea écailles
alaires, blanc ; les pattes avec l'abdomen roux. Antennes longues,
sétacées, noires. Thorax court, robuste, le métathorax à lignes sou-
levées distinctes, sans stries transversales en arrière. Ailes quelque
peu jaunâtres, les nervures et le stigma, noir ; aréole petite, triangu-
laire, droite, pédiculée. Pattes rousses ; les hanches noires ; celles de
devant jaunes au sommet. Abdomen allongé, peu épaissi à l'extrémité,
la tarière des deux tiers de sa longueur environ, la base du 1er seg-
ment avec les terminaux, noir, le reste roux.
Capturée au CapRouge. Se distingue surtout de Vinfu-
mata par son métathorax sans stries, la couleur de sou ab-
domen, la longueur de sa tarière etc.
ADDITIONS ET CORRECTIONS ADX HTMÉNOrTÊRES. 365
23. Limnérie distincte. Limneria distincta, iiov. sp.
Ç — Long. .25 pce. Noire avec une coûte pubescence blanchâtre,
plus apparente sur la face et les fluncs ; les mandibules, les palpes
avec les écailles alaires, blanc ou jaune-pâle. Métathorax faiblement
creusé postérieurement, à lignes soulevées distinctes avec l'aréole cen-
trale en carré. Ailes hyalines, iridescentes, les nervures et le stigma,
brun-foncé, l'aréole triangulaire, pétiolte. Pattes roux-clair; les pos-
térieures avec les hanches rousses et les jambes et les tarses, noir, les
premières avec un grand anneau blanc au milieu et les seconds avec
la base du premier article blanche. Abdomen assez robuste, le 1er seg-
ment élargi et épaissi au sommet, les autres s'élargissant insensible-
ment jusqu'à l'extrémité, celle-ci comprimée et tronquée avec la
tarière du quart de l'abdomen environ.
Les hanches postérieures rousses la distinguent sur-
tout de ïannulipes dont elle est voisine.
22. Limnérie douteuse. Limneria dubilata, Cress.
Proc. Ent. Soc. Phil, iii, p. :^59.
Ç — Long. .23 pce. Noire, avec une pubescence blanchâtre plus
apparente sur la face et les flancs ; les mandibules, les palpes, les
écailles alaires, blanc ou jaune-pâle. Antennes plus courtes que le
corps, entièrement noires. Métathorax avec les lignes soulevées dis-
tinctes, l'aréole centrale assez grande, en carré. Ailes hyalines, les
nervures brunes, l'aréole subtriangulaire, pétiolée. Pattes rousses,
les trochantins jaunâtres, les jambes et les tarses plus ou moins obs-
cures; les hanches postérieures, leurs trochantins en dessus et la base
de leurs cuisses en dedans, noir. Abdomen court et fort, grêle à la
base et s'élargissant graduellement jusqu'au sommet où il est fiible-
ment comprimé; noir, brillant, tous les segments marginés de rous-
sâtre au sommet, les segments ventraux jaunâtres ; tarière du quart
de l'abdomen environ.
ç^ Avec les 4 hanches antérieures blanches, les postérieures
noires avec leurs trochantins. Les jambes aussi blanches, les po4é-
rieures noires ou obscurcies aux extrémités. Abdomen à segments
marginés de jaunâtre.
Bien reconnaissable par ses segments marginés de
jaune-pâle ou de roux.
Gen. PyraCMON, Holmg. XI, p. 181.
Aux 2 espèces décrites, ajoutez la suivante.
3. Pyracraon roux. Pyracmon rufum, iiov. sp.
366 LE NATURALISTE CANADIEN
9 — Long, .30 pce. Roux jaunâtre, la face plus pâle; le vertex,
le dos du mésothorax, le métathorax avec le 1er segment abdominal
plus ou moins lavés de brun. Tête grosse, épaisse en arrière des yeux.
Antennes longues, légèrement brunâtres en dessus et à l'extrémité.
Ailes hyalines, les tigma grand, jaunâtre, l'aréole subquadrangulaire,
oblique. Pattes sans aucune tache. Abdomen comprimé et tronqué
à l'extrémité, les derniers segments plus ou moins obscurs, la tarière
courte, de la largeur de l'abdomen environ.
Une seule ? capturée au CapRouge.
Gen. Cremastus, Grav. XI, p. 183.
Au lieu de :
Ailes sans aréole et avec la 2e cellule discoïdale rece-
vant la 1er récurrente. Lisez :
Ailes sans aréole ; la 3e cellule disooïdale s'avançant
au-delà de la grande cellule située au-dessus.
Puis aioutez les 2 espèces qui suivent :
Face blanche 1. rectus,
Face noire ;
Hanches postérieures noires 2. fusiformis,
Toutes les hanches jaunes ou roux-pâle ou blanchâtres ;
Le scape jaune ; abdomen en massue 4. Royi, n. sp.
Le scape noir ou brun ; abdomen fisiforme ;
Abdomen comprimé tranchant | tarière
du tiers environ de sa longueur 3. meilipes,
Abdomen en fuseau cylindrique ; tarière
aussi longue que l'abdomen 5. longicauduS, n.sp.
4. Crémaste de Roy. Cremastus Royi, nov. sp.
(5^ Ç — Longueur. .19 pce. Noir, poli, brillant; les mandibules,
les écailles alaires, les hanches et les trochantins, blanc; le scape, par-
ticulièrement en dessous, avec les pattes, roux-pâle. Antennes assez
longues, filiformes, noires, brunâtres à la base. Thorax conrt et épais,
le métathorax avec une carène transversale au sommet. Ailes hya-
lines, le stigma grand, noir, la nervule séparant les deux cellules cubi-
tales si courte que la cellule radiale est presque contiguë à la cubito-
discoïdale ; la 2e discoïdale fortement rétrécie à sa base. L'extrémité
des cuisses et des jambes postérieures plus ou moins obscure. Abdo-
men passablement robuste, noir avec une tache roussâtre en dessus au
milieu, le premier segment long, un peu plus large en arrière ; tarière
de la moitié de l'abdomen. La tache du milieu de l'abdomen est
souvent peu distincte dans le (^.
ADDITIONS ET CORRECTIONS AUX HYMÉNOPTÈRES. 367
Dédié à feu le Juge Roy, l'un des premiers parmi nos
compatriotes qui se soit livré à l'étude de la botanique.
5. Crémaste longue-queu, Cremastus longicaudus,
nov. sp.
cf $— Long. .22 pce. Noir; les mandibules, le labre, les pal-
pes, les écailles alaires avec les pattes, jaune-pâle. Antennes jaunâtres
en dessous à la base. Thorax court, ramassé. Ailes hyalines, le
stigma grand, noir, la nervure divisant les 2 cubitales très courtes.
Pattes y compris les hanches, jaune-pâle, les postérieures plus ou
moins obscures. Abdomen lon.<ï et grêle, avec une massue fusiforuic
à l'extrémité, noir avec une tache jaunâtre sur le dos des segmenls 2
et 3. Tarière aussi longue que l'abdomen.
Capturé au CapE-ouge.
Gren. Thersilochus, Holmg. XI, p. 206»
A l'espèce décrite, ajoutez la suivante,
2. Thersiloque pieds-pâles. Thersilochiia pallipes,
n. sp.
Ç — Long. .20 pce.. Noir, poli, brillant ; les mandibules, le
scape, les écailles alaires avec les pattes y compris les hanches et les
trochantins, jaune-jâle. Thorax court et assez épais. Ailes hyalines,
le stigma brua-foncé, la nervure divisant les deux cellules cubitales
assez longue, la 2a discoïdale non rétrécie à la base. Abdomen srêle
à la base, épaissi à l'extrémité, noir avec les derniers segments d'un
roux brunâtre; tarière presque aussi longue que l'abdomen. — R.
Se distingue surtout de la micans par la longueur de
sa tarière.
Cen Atractodes, G-rav., XI, p. 207.
A l'espèce décrite, ajoutez les 3 suivantes :
Thorax et abdomen, noir 2. autumnalis, n. sp.
Thorax noir, abdomen plus ou moins roux ;
Abdomen uoir à la base et à l'extrémité ;
Stigma jaune, aréole grande, parfaite 1. BCapipllOruS.
Stigma noir; aréole petite, incomplète. 3. nigriCOXaS, n. 6j).
Abdomen roux, noir seulement à la base 4. nitens ii. sj).
2. Atraetode d'automne, j^tracludes autumnalis, n. sp.
Ç Long. .15 pce. Noir avec les pattes rousses. Antennes
longues, noires, à peine plus épaisses à l'extrémité. Thorax alloniié,
métathorax arrondi, à ligues âoultvéoâ dislinctus. Ailes hyalines,
368 LE NATURALISTE CANADIEN
stigma brun ; aréole moyenne, pentagonale, les nervures brunes, blan.
elles à la base, de même que les écailles qui sont très' petites. Pattes
rousses, y compris les hanches et les trochantins. les jambes posté-
rieures avec leurs tarses, brun plus ou moins foncé. Abdomen en-
tièrement noir, déprimé au milieu et légèrement comprimé à l'extré-
mité; tarière de la moite de sa longueur environ.
cf — Avec la face, le scape en dessous, les écailles alaires, les 4
hanches antérieures et leurs trochantins, blanc, les hanches posté-
rieures avec leurs trochantins, noir. Abdomen allong ■, avec les seg.
ments 2. 3 et 4 roux tachés Je noir. — PC.
3. Atraetode hanches-noires. Jltraclodes ni^ricoxus,
nov. sp.
(^ — Dong. .22 pee. Noir, brillant, grêle, la bouche, le scape en-
dessous, avec les pattes et une tache sur l'abdomen, roux. Antennes
assez fortes, un peu plus longues que le corps, noires. Ecailles alaires
jaunes ; niétathorax déclive, à lignes soulevées peu apparentes. Pattes
rousses avec toutes les hanches noires. Ailes hyalines, à stigma brun,
grand, aréole pentagonale, les nervures en dehors de l'aréole oblitérées.
Abdomen grêle, longuement pédicule et longuement atténué à l'extré-
mité, droit, noir avec une tache rousse sur les 2e et 3e segments.
Espèce bien distincte par sa coloration.
4. Atraetode brillant. Atractodes ni tens, nov. sp.
(J Ç — Long. .24 pce. Thorax noir, abdomen roux, poli, brillant;
les mandibules, les écailles alaires, (quelquefois l'écusson et partie du
métathorax), les pattes y compris les hanches, d'un jaune miel pâle.
Aïtennes filiformes, noires avec un anneau pâle au de-là du milieu, mé-
tithorax snb épineux aux angles, avec lignas soulevées bien distinctes.
Ailes hyalines, iridescentes, stigma jaune ; aréole subtriangulaire.
P.ittes postérieures avec l'extrémité des cuisses et des jambes, noir
plus ou moins foncé, leurs tarses bruns, annelés de jaune pâle à la base
de chaque article. Abdomen fusifonne, à pédicule très grêle, com-
primé à l'extrémité ; tarière à peine sortante.
Capturé au CapRouge.
G-en. ExoLYTUS, Holmg. XI, p. 207.
Exolytus politus, Prov. ç , p. 208.
Ç — Tout le thorax noir ; abdomen grêle, noir ou à peine com-
primé, poli, luisant, droit, le 1er segment et partie du 2e roux, le reste
. noir.
Capturé au Cap-Rouge.
A continuer.
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM 369
DE QUEBEC A JERUSALEM.
{Continué de la page 350.)
XII
Casa-Nova.— La basilique du S. Sépulcre.— Visites : les Franciscains;
le Patriarche; les Frères des Ecoles Chrétiennes ; le Consul de
France.
Jérusalem, mardi 29 mars. — Nous sommes accueillis par
les Franciscains do Jérusalem, comme nous l'avions été à
Jaffa et à Ramloh, c'est-à-dire avec une bienveillance, une
cordialité toute fraternelle, bien propre à nous faire oublier
que nous sommes en pays étranger. Le directeur de l'hos-
pice, le R Père Léon Patrem, ajoute à sa qualité de bon re-
ligieux, une haute éducation unie à de grands talents litté-
raires, que certaines publications, et surtout la chaire sa-
crée, ont fait ressortir en plus d'une circonstance mémora-
ble. C'est un français, encore jeune, aux allures vives, à
la parole brève, sans rien lui l'aire perdre toutefois de
ses habitudes d'urbanité et de politesse qui lui assurent
incontinent l'affection de tous ceux qui font sa connais-
sance.
A peine avons-nous franchi le seuil de l'hospice, qu'on
nous conduit au divan ou salon principal de la maison, où
notre président, assisté de notre secrétaire, se mettent aus-
sitôt à nous distribuer les chambres. Le n^ 49, de plein
pied avec le divan, m'échoit avec M. Polduc pour compa-
gnon. Les chambres, sans rien emprunter au luxe des
somptueux hôtels des grandes villes, sont, cependant fort
convenables, ayant surtout d'excellents lits. Comme par-
tout en Orient, le bois n'est employé qu'aux endroits ab-
solument indispensables, pavés en pierre, murs de divisions
en pierre, voûte en pierre, ce qui, joint aux persiennes qui
garnissent les fenêtres, ne contribue pas peu à proléger
contre les chaleurs excessives de ces contrées.
370 LE NATURALISTE CANADIEN
Casa-Nova est une bâtisse très ancienne, mais qui font
dernièrement à été restaurée ou plutôt refaite, de manière
qu'elle a aujourd'hui un aspect tout rajeuni fort agréable.
Le divan et le réfectoire sont surtout remarquables par leur
propreté et leur élégante simplicité.
La bâtisse forme un parallélogramme avec une cour
intérieure à ciel ouvert, et des deux côtés des corridors
sont distribuées les chambres des pèlerins. Du divan^
nous n'avons qu'un escalier à monter pour nous trou-
ver sur la terrasse, où nous jouissons d'un mognilique
point de vue, pouvant embrasser presque toute la ville
d'un seul coup d'oeil. Le St-Sépulcre, la mosquée d'Omar,
les patriarcats latin et grec, la tour de David, et au second
rang le mont des Oliviers, celui du Mauvais-Conseil, celui
du Scandale, l'établissement russe extra muros etc., se
rangent en cercle autour de nous pour s'offrir à notre in-
spection.
Chacun ayant pris possession de sa chambre, nous nous
rendons tous ensemble à l'église du St Sépulcre, au tom-
beau de Notre-Seigneur, but principal de notre pèlerinage.
Nous tournons à droite au sortir de l'Hospice, et nous pre-
nons la première rue à gauche, qui se termine plus bas sur
une rue transversale dont nous prenons la droite, pour pas-
ser dans un petit basar, c'est-à-dire une rue couverte où se
trouvent des étalages de marchandises de chaque côté ;
puis tournons à gauche, sous un autre basar, descendons
quelques marches en tournant encore à gauche, et débou-
chons pur le parvis de la Basilique, que nous trouvons en
partie occupé par des étalages d'objets de piété, chapelets,
médailles, images, etc.
L 1 Basilique est tout entourée de constructions qui
ne permettent pas d'en bien saisir la forme extérieure, et
de ce purvis qui constitue son unique entrée, elle n'offre
rien de remarquable ni de bien imposant, si ce n'est une
porte fort antique s'ouvrant sur son côté, à peu près au
milieu de sa longueur.
Nous ne sommes pas peu étonnés en pénétrant dans
le saint lieu de voir installés, sur des divans à côté de la
porte, des officiers Turcs avec le turban sur la tête et fa-
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM 371
mant stoïquement leur chibouque. Leur regard semble
nous dire qu'ils sont étonnés de notre étonnement à leur
vue, ne croyant, eux, faire que ce qu'il leur convient de
faire.
Le premier objet qui frappe ensuite nos regards, est
la Pierre de l'Onction, droit en face de la porte ; c'est une
table en pierre rouge du pays, de 7| pieds de longueur sur 4
de largeur, élevée de 11 pouces sur le pavé, et au-dessus
de laquelle brûlent des lampes nombreuses et fort riches.
Nous nous agenouillons pour la vénérer en la baisant, et
continuant à gauche, nous passons entre d'énormes pilier»
pour nous trouver sous la coupole même qui surmonte
l'édifice, au milieu de laquelle coupole s'élève l'édicule
qui renferme le tombeau du Sauveur. Nous gravissons
deux marches pour nous trouver en face même du saint
édicule ; puis, passant entre des cierges de dimensions
énormes, nous pénétrons dans la chapelle de l'J^nge, au
milieu de lafjuelle nous vénérons une pierre que sup-
porte au milieu un pilier isolé d'environ 3 pieds de
hauteur. De là, il n'y a plus qu'à franchir une petite
porte cintrée d'environ 4 pieds de hauteur, pour nous
trouver dans le lieu le plus saint du monde, le tombeau
dans lequel fat renfermé le corps même du Sauveur
après sa descente de la croix, et d'où il sortit trois jours
après pl?ia de vie, plus brillant que le soleil, triomphant
de la mort et de la malice des hommes. Nous pénétrons
les uns après les autres, quatre par quatre, dans le saint
lieu pour baiser la pierre sacrée qui recouvre la fosse
même où fut déposé le corps de l'homme- Dieu, et laisser
parler nos cœurs, ou plutôt nous livrer pendant quelques
secondes aux douces émotions qui agitent nos cœurs et
que le temps ne nous permet pas pour le moment de pro-
lonjrer d'avantage. JNous passons de là à l'autre côté de
coupole, dans la chapelle des Pères franciscains, où l'on
garde le S. Sacrement, et où réunis, nous chantons en-
semble le Te Deum, pour remercier Dieu d'être heureuse-
ment parvenus au terme de notre pèlerinage.
Nos prières terminées, nous contournons le chœur des
Grecs, en jetant un regard sur les diverses chapelles qui le
373 LE NATURALISTE CANADtEN
bordent tout autour à gauche du couloir que nous suiroTî?^
et arrivés près de la porte, nous montons nn escali'er en
pierre de 18 marches, pour pénétrer snr le Calvaire. Nous
vénérons l'endroit où Jésus fut attaché rî la Croix, que dé-
signe une rosette en mosaïque dans le pavé^ le lieu do
Stabat Mater, puis l'endroit môme où fut plantée la Croix,
Le Fre Liévin ne fait que nous Indiquer les lieux en
quelques mots, remettant à un autre moment à donner
plus de détails, tout en permettant à chacun de faire de»
visites pariculières avec moins d'empressement, une plus
grande étude des lieux, et surtout des méditations en rap-
ports avec les événements mémorables dont ils ont été les
témoins-
Nous revenons à Casa-Nova à. 7 h. qui est l'heure fixée
pour le souper ou plutôt le dîner comme on l'appelle ici,
La récréation qui suivit le repas fut a&sez courte,
chacun sentant un besoin de repos après des exercices si pro-
lono-és. Cependant, bien que nous eussions fait onze lieues
ce jour et seulement cinq la veille, presque tous confes-
saient être moins fatigués que le soir précédent, les mou-
vements répétés pour ceux qui n'en ont pas l'habitude
étant toujours plus pénibles à leur début.
Jérusalem, mercredi 30 wars.— Malgré \ç besoin de re-
pos dont je me sentais pressé, ce n'est oncore que long-
temps après m'être mis au lit, hier soir, que je pus me
livrer au sommeil, tant l'émotion qu'avait suscitée en moi
la présence des lieux que javais visités, avait excité mes
nerfs et me retenait dans une agitation fébrile. J'étais à
Jérusalem, j'avais mis les pieds sur les traces des pas de
Jésus, j'avais gravi le Grolgotha sur lequel il expira, pénétré
dans le sépulcre qui le renferma et qui devint le théâtre
brillant de son triomphe, le sceau, la confirmation des
oracles de vie sortis de sa bouche ! J'étais à Jérusalem ! le
point le plus saint de la terre, ce lieu qui de tout temps
a été en communication directe et constante avec le Ciel !
Il fallait me le répéter pour me forcer à y croire, tant était
pleine d'étonnement pour moi, la réalisation de ce rêve de
toute ma vie. il me semblait voir la voûte des Cieux en-
tr'ouverie, et Jésus avec sa sainte Mère et ses apôtres re-
gardant avec complaisance ce lieu de leurs combats et de
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM 373
îtînr triomphe ! Je voyais comme un torront de grâces qui
coul lit encore en ce lieu pour produire les fruits les plus
«Ili; aces de salut. Je voyais Adam, notre premier pore, dont
le crâne repose ici, David, Salomon, Jérémie, Jean-Baptiste,
-cette foule de martyrs, d'anachorètes, de saints de toute dé-
nomination, S. Jérôme. S, Louis, S, François d'Assise qui
sont venus ici retremper leur foi, se confirmer en grâce et
prendre des arrhes pour le ciel. Je voyais la légion in-
nombrable des saints de tous les états, de tous les pays, de
îous les temps, qui sont venus, du moins en esprit, recueil-
lir une parcelle du sang divin qui a arrosé ce rocher, pour
prendre leur essor vers le séjour de l'éternelle béatitude.
Je me confondais avecces illustres personnages pour ajouter
mes adorations aux leurs, et recueillir ma part de cette
rosée céleste qui s'échappe du Calvaire. Mais hélas! que
voyais je à côté ? l'indifférence, l'impiété, le blasphème!
des Judas, des Pilâtes, des C;iïphes, des Hérodes formant la
majorité de ceux qui habitent ces lieux, qui parcourent ces
rues. Ils retentissaient encore à mes oreilles les cris de cette
foule insensée s'exclamant : nolumus hune regnare super nos
(l), et ce blasphème me glaçait le sang dans les veines.
Ce n'est qu'après avoir longtemps roulé ces pensées
dans mon esprit, que la lassitude l'emportant à la tin, je pus
me livrer au sommeil.
Ce matin, dès avant cinq heures, j'étais sur pieds, et
peu après me dirigeais au Saint-Sépulcre pour y célébrer.
Mais j'ignorais encore qu'il n'en est pas ici comme à
Québec ou à Paris, et qu'il faut à tout instant avoir à comp-
ter avec MM. les Turcs, Je parviens donc sans difficulté
sur le parvis de la Basilique, mais j'en trouve la porte fer-
mée. Je m'approche du guichet ouvert dans cette j^orte
et demande au portier, à l'intérieur, s'il n'y a pas moyen
d'entrer. Il parut d'abord hésiter, puis jetant lesy.iux sur
ma croix de pèlerin :— Attendez un peu, me dif-il, le Prince
Rodolphe doit entrer dans la minute, et vous pourr. z entrer
ensuite ; mais vous seul, car la porte restera lermée. — Je
me retire donc un peu à l'écart, et presque aussitôt je vois
arriver le Prince avec son escorte, précédée de Ccavas.qui
font retentir le pavé des longues hallebardes qu'ilspurtenl.
(1) Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous.
374 LE NATURALISTE CANADIEN
Les deux battants de la porte livrent l'entrée au Prince et
à son escorte, et de suite une foule en haillons, nu-pieds
déguenillés, hommes et femmes, se p'-écipitent dans la
porte pour pénétrer à l'intérieur. Des bachibonzoucks
fout rouler sur les épaules de ces voyous force coups de cra-
vaches, pendant que les gardiens à l'intérieur s'efforcent de
refermer les battants au milieu des cris confus des assié-
geants et des assiégés. J'attends à l'écart que ce tapage soit
apaisé, et je me présente de nouveau au guichet. — Je vais
bailler la porte, médit le portier, et vous entrerez seul. — Et
de fait, comme il ne faut pas une très large ouverture pour
me livrer passage, je pus pénétrer à l'intérieur sans peine
et sans qu'aucun de la bande tapageuse ne pût se glisser
derrière moi.
Je fais en passant une courte visite à l'intérieur du
S. Sépulcre et me rends à la sacristie, dont on nous avait
montré la porte la veille. Je trouve le chapelain du Prince,
l'Archevêque nommé de Vienne, qui s'habillait pour célé-
brer dans le S. Sépulcre même. — Il sera trop tard pour dire
une autre messe dans le S. Sépulcre à la suite de celle qui
va commencer, me dit un Père, voulez-vous célébrer sur
le Calvaire ? — Très bien, lui dis-je, j'en serai très heureux.
— Habillez-vous de suite, tit-il en me montrant l'ornement.
Ayant pris les ornements, je suis un Frère qui doit me
servir. Nous faisons, comme la veille, le tour du chœur
des Grrecs, puis nous montons les 18 marches du Calvaire,
et je me rends à l'autel de la Crucifixion, c'est-à-dire, à
l'endroit même où l'on attacha Jésus-Christ à la Croix.
Par un privilège spécial, dans tous les sanctuaires
principaux, on peut dire la messe votive du mystère com-
mémoré par le lieu qui en fut le théâtre. C'est donc la
messe votive de la Croix qu'on dit à l'autel de la Cruci-
fixion.
Si jamais les paroles de la sainte liturgie ont fait im-
pression sur mon pauvre cœur, c'est bien en cetta circon-
stance mémorable. Avec quel plaisir je m'appliquais à en
pénétrer le sens, j'en savourais la récitation ! Nos autem
gloriari opurlet in Cruce Domini Nostri Jésu-Christi, pour
nous, c'est dans la seule Croix de Jésus que nous devons
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM 375
nous glorifier, Gette Croix qui est notre salut, notre vie, le
gage de notre résurrection Jésus s'est rendu obéissant
jusqu'à la mort et à la mort de la Croix; et c'est ici même
que ce mystère d'amour s'est opéré ! O Crux benedicta, quœ
sola faisti digna portnre Regem cœlorum et Dominum, O h»ai-
reuse Croix, qui fus seule digne de porter le Roi et le îSei-
g-neur des Cieux !.... Ecce ascendimus Jerosolymam, et Filius
homitiis tradetur principibiis sncerdotum. et scribis, et coudent-
nabunt euni morte, et tradent eum geiitibus ad iliudendiim, et
Jlagellanduiu, et crvciflgcndmn. Voici que nous montons à
Jérusalem, et le fils de l'homme sera livré aux princes des
prêtres et aux scribi's, et ils le condamneront à la mort, et
le livreront au mépris du peuple, le flagelleront et le cru-
cifieront.... Et c'est ici que la malice des hommes s'est ainsi
épuisée sur le juste par excellence ! Et moi, son ministre
indigne, en vertu du pouvoir de prêtre dont il m'a revêtu,
je vais renouveler ce sacrifice, je vais ouvrir de nouveau
cet abyme incommensurable de perversité,... et d'amour !
Oe n'est qu'avec peine que parfois je pus articuler les
paroles de la liturgie sainte, tant était vive l'émotion qui
me dominait tout entier.
Le saint sacrifice terminé, je pénètre de nouveau dans le
Saint-Sépulcre, où. tapis dans un coin, je puis faire mon
action de grâces, sans m'occuper des nombreux schisma-
tiques qui sans interruption venaient dans le saint Tombeau
multiplier leurs signes de croix et leurs prostrations, en
même temps que leurs baisers sur la pierre sacrée ou le
pavé même.
L'édicule qui s'élève sur le saint Tombeau au milieu
de l'immense rotonde qui couronne la Basilique est isolé
de tout le reste, et mesure 25 pieds de longueur, sur 17 de
largeur, et 16 de hauteur. II forme ainsi une chapelle al-
longée de l'Est à l'Ouest, où se trouve l'unique entrée ; un
exhaussement de deux marches, sur la largeur de l'édicule,
se prolonge depuis son entrée jusqu'au chœur des Grecs,
distance d'environ 40 pieds; et c'est ce parvis, quiquoiquo
ouvert des deux côtés, forme le chœur des latins (1) ; c'est
là que le Patriarche officie dans les grandes solennités.
(I) Par les latins on entend géiiéralemeiit tons les catholiqnes, quoique
à proprement parlei, cette déuoiuiuatioa ue désiguerait que lea catholiques
du rit latia ou romuia.
376 LE NATURALISTE CANADIEN
L'édicule, comme je l'ai dit plus haut, renferme deux
cellules, la chapelle de l'Ange, et le saint Tombf^au même.
Cette dernière cellule mesure 6| pieds sur 5| à peu près.
Les parois, de même que le pavé, sont revêtues de plaques
de marbre blanc qui cachent le rocher qui forme encore
les murailles de la sainte grotte, de sorte qu'on enlevant
■une de ces plaques, en verrait le roc naturel même qui a
abrité pendant trois jours le corps du Sauveur. Une table
de marbre, élevée d'environ 2 pieds sur le pavé, recouvre
la fosse même où fut déposé le corps de Jésus. Pour ycélé-
brer, on ajoute au-dessus une autre table qui sert d'autel, et
qu'on enlève aussitôt pour laisser la place libre aux schis-
matiques Grecs et Arméniens, qui aujourd'hui ont aussi le
droit de partager avec les caiholiques la possession de la
plupart des sanctuaires les plus vénérables.
Des lampes nombreuses brûlent jour et nuit, tant dans
le saint Tombeau même que dans la chapelle de l'Ange et
Bur la façade extérieure. La chapelle de l'Ange est comme
le vestibule du !S. Tombeau, et communique avec lui par
une petite porte ceintrée, taillée dans le mur ou plutôt le
rocher qui forme la division entre les deux Comme le
prêtre qui célèbre à l'intérieur ne peut avoir qu'un, ou
tout au plus deux servants avec lui, vu l'exiguité du local,
c'est dans la chapelle de l'Ange que se tiennent les per-
sonnes qui veulent assister au S. Sacrilice, et c'est en s'a-
genouillant dans celte petite porte, les unes après les
autres, qu'elles viennent prendre la sainte communion
lorsqu'elles doivent la recevoir.
La chapelle de l'Ange est ainsi appelée, par ce que c'est
là que se tenait l'ange lorsqu'il dit aux saintes femmes :
Surrexit non est hic, il est ressuscité, il n'est plus ici; entrez
et venez voir le lieu où on l'avait déposé. Celte chapelle est
aussi toute revêtue de marbre blanc à l'intérieur, ce marbre
étant sculpté en panneaux avec pilastres et colonnettes.
La pierre que l'on voit au milieu supportée par un petit
pilier, peut mesurer un pied carré, elle est encadrée dans
un morceau de marbre blanc ; cette pierre est un morceau
de la table qui recouvrait le saiut tombeau, et sur laquelle
DE QUÉCEC A JÉRUSALEM 377
était assis Tango lorsqu'il nnnoiiça aux saintes femmes la
résurrection du Sauveur.
J'ai dit plus haut que le saint édicule est isolé de tout
le reste.
Du temps de N. S., le rocher dans lequel Joseph d'Ari-
malhie avait creusé sa loge sépulcrale, était continu avec
le Golgotha, ou plutôt cette loge était creusée dails la buse
même du rocher. L'empereur Adrien, par haine contre le
christianisme, fit renverser les constructions que dès lors la
piété des fidèles avait érigées sur le s.iint lieu, combler le
S. sépulcre sans le détruire, et niveler tous les décombres
pour y ériger une statue de Jupiter. Ste Hélène voulant
plus tard rendre au saint lieu l'honneur qui lui est dû, fit
déblayer le tout, et pour y asseoir l'église qu'elle y lit con-
struire, dégagea le S. Sépulcre du Calvaire, en en modi-
fiant malheureusement la forme, de sorte que les deux élé-
vations furent totalement séparées l'une de l'autre comme
on le voit atijourd'hui.
Je n'entre pas dans de plus grands détails pour le mo-
ment, me proposant de m'étendre plus au long dans leur
description dans la suite de ce récit.
Avant de me retirer, je fais le tour de la Basilique, je-
tant un coup d'œil sur les nombreuses chapelles qui la
bordent tout à l'en tour.
Je retrouve sur le parvis les nombreux étalages d'ob-
jets de piété qu'on y avait vus la veille, et retourne à Ca-
sa-Nova par les mêmes rues que j'avais suivies en venant.
Le programme de la caravane porte que ce jour sera
un jour de repos, pour nous remettre des fatigues du voy-
age. Nous n'aurons à faire en commun que les visites dé
convenance aux principaux dignitaires de la ville.
Ma tasse de café prise, je monte sur la terrasse, en
attendant l'heure dos visites. ,l 'affectionne particulière-
ment les promenades sur la terrasse, on peut si facilement
se familariser avec la distribution de la ville, de ce point
élevé ! Je me plais à y aller souvent, réciter mon office,
faire un bout de convers-ition avec des compagnons, et
même à m'y isoler, pour y rêver, pour repasser dans mou
378 LE NATURALISTE CANADIEN
esprit les mémorables événements qui se sont accomplis
ici.
Je suis à Jérusalem ! j'ai la ville sainte sons mes yeux !
je me plais à me le répéter à moi-même, tant l'événement
me paraît extraordinaire. Je suis ici dans le lieu le plus
saint de la terre ; le sol que ]e foule de mes pieds a reçu
l'empreinte des pieds des plus grands personnages qui ont
paru dans le monde. Adam le père du genre humain, Sem le
fils aîné d'e Noé, Melchisédech, Abraham, David. Salomon
le plus sage et le plus riche des rois, Alexandre le Grrand, le
dominateur du monde de son temps, Jean Baptiste le plus
grand des entants des hommes, Marie la plus parfaite des
créatures sortie des mains de Dieu, enfin le his de l'Eter-
nel lui-même, ont passé dans ce lieu, ont traversé ces rues
qu3 je j^arcours, ont gravi c^^s collines qui s'étalent devarjt
moi ! Et dans les temps modernes, Ste Hélène, la mère du
Grand Constantin, Héraclius. S. Jérôme, GodeiVoi de
Bouillon, S. Louis, S. François d'Assise, S. Ignace de Loyola,
Napoléon 1er, presque tous ceux en un mot qui ont fait
leur marque dans l'histoire par leur vertus, leur génie ou
leur bravoure.
Ici les plus graves événements qui ont fait époques
dans les annales du monde ont eu leur accomplissement '
Ici, à mes pieds, Abraham le père des croyants, a tiré l'épée
pour faire à l'Eternel le sacrifice de son his. Droit en
face, Salomon érigea un temple sans pareil, où Jéhovah lui-
même s'est plu à y manifester sa présence ; à ma droite je
vois le palais où le roi prophète, ht retentir, dans une
poésie inimitable, les accents sublimes de son repentir et
de son amour. A gauche, je vois le Golgotha où fut ren-
fermé le chef du premier homme sur lequel coula le ruis-
seau de pardon qui s'échappa de la Croix ! ! ....
Mais si Jérusalem est la ville des grandes gloires et
des grandes miséricordes, c est aussi la ville des grands
châtiments et des grandes expiations. Assuérus, Nabu-
chodonozor, Titus, Chosroes viennent tour à tour exercer
la vengea!ice de Dieu contre la ville coupable ; ses
murs sont renversés sur ses habitants et les flammes
balayent ce que le fer a pu épargner. Lors du siège de
DE QUÉBEC A JE RUS/ LEM 379
Titus, l'an 70 do notre ère, pas moins de onze cent-mille
âmes perdirent la vie dans le massacre ! aussi on peut dire
avec vérité que le sol de la ville sainte est littéralement
pétri du sang de nombreux martyrs mêlé à la cendre de
coupables plus nombreux encore !
Sur les pas de Jésus vous mettrez votre trace,
Puis vous contemplerez les lieux, le ciel, l'espace
Que regardait Jésus, l'Enfant aux divins yeux,
Et votre lèvre avide en touchant la poussière,
Y trouvera peut-être, arôme dans la terre.
Un peu de sang du roi des Cieux !
Les Pèlerins Français.
On nous montre dans le chœur des G-recs de Ja Basilique
du S. Sépulcre une rosace dans le marbre du pavé que
les schismatiques disent être le centre du monde ; mais si
physiquement il n'en peut être ainsi, ne peut-on pas dire
avec vérité que moralement, c'est là un point incontestable?
Ici l'humanité a eu son berceau (1), comme y aura lieu aussi
l'acte mémorable qui terminera les évolutions de son exis-
tence (2). Ici, un forfait lel que le soleil n'a pas voulu
l'é ;lairer, a eu sa consommation, et un abyme sans fond
d'amour et de miséricorde son accomplissement. De toutes
les parties du monde, et jusqu'à la consommation des
siècles, l'attention des hommes se portera sur ce rocher qui
a été lavé du sang d'un Dieu !
Ici, plus qu'en tout autre endroit, le Ciel s'est con-
stamment tenu en communication directe avec la terre.
C'est un ange qui vient retenir le bras d'Abraham prêt a
frapper son Ills ; c'est la voix même de i'Etern^d qui vient
confirmer l'enseignement de son Verbe dans les parvis du
temple, ne sont des anges qui se montrent à Grethsémanie,
au S. Sépulcre, à S Pierre dans sa prison, c'est enfin la
voûte même des Cieux qui s'ouvre pour recevoir dans son
sein le Rédempteur du monde. Oui, nous nous sentons
ici réellement rapprochés du Ciel !
(1) On prétend que le Paradis terrestre était tout prés d'ici si toutefois
il n'était pas à Jérusalem même.
(2; Une tradition constante et générale veut que ce soit dans la vallée
de Josaphat que se fasse le jugement dernier.
380 LE NATRRALISTE CANADIEN
Mnis j'entends bruire la trompette du Frère Liévin, (1)
c'est l'heure des visiti.'s qui est arrivée; je coupe donc court
à mes douces rêveries et descends me réunir à mes autres
compagnons pour les suivre.
A continuer.
COQUII-LES D'ORNEJlENr.
Sur tous les manteaux de cheminées ou les ffuéridons
dans les salons où s'étalent des coquilles comme ornements,
on est sûr d'y rencontrer des Porcelaines et des Rochers.
Et c'est avec raison ; car les unes et les autres, par leur
éclat, leurs couleurs btillantes, leurs forme'^ originales sont
des plus propres à attirer les regards. Autant les Porce-
laines {Cî/prœa) sont uniformes, modestes dans leur struc-
ture, toutes rapprochées de leur type principal ; autant les
Rochers [Murex) sont variés, bizarres et irréguliers dans leur
forme, le nombre et la disposition des épines ou projections
qu'ils portent. Quel nouvel intérêt prendraient de tels orne-
ments de salon, si, à l'éclat que l'on recherche presque
uniquement dans le choix qu'on en t'ait, on joignait la déter-
mination exacte des espèces qu'ils constituent. De cette
façon, quelque minime que l'ut la collection, elle ne parle-
rait pas seulement au regard^ mais encore à l'intelligence,
du moins pour un certain nombre de visiteurs. C'est alors
qu'il y aurait émulation entre les possesseurs de ces col-
lections, à qui exhiberait le plus grand nombre d'espèces
ou les plus rares et les plus originales.
Parmi les Rochers, il en est de certaines espèces qui, eu
égard à leur rareté, ou au développement qu'elles sont
susceptibles de prendre, commandent toujours un bon pnx
d) Le Frère Liévin, le comluoteiir des caravanes, porte conataininent
un sifflet ou petite trompette qu'il fait retentir lorsqu'il veut réunir les pèle-
rius pour donuer quelc^ue avis ou quelques explications.
FAITS DIVERS 381
chez les marchands. La figure ci jointe représente le Mw
^^lUh I \\\\\\\ :'''. t''"'"irfna. Rocher-à-
^_;^i^-''* / Ml i| 1 I 1 M epine?-greles, hg. 3, \m\
^'^]) .î^^sBftdes plus élégants et des
f\ïlf llli ' plus recherchés; les spéci-
mens de choix se vendent
de $12 à $15 ch»'Z les mar-
rig. 3,
chauds. M. A. E. Foote, de Philadelphie, dont l'annonce
se trouve sur notre couverture, a toujours en mains plu-
sieurs milliers d'espèces de différentes coîjuilles; ceux qui
veulent former ou augmenter des collections, p-^nivent >e
pourvoir avantageusement chez lui. Deinandiz le cata-
losrue.
Ottawa Field- Naturalists Club. — Transactions N^' 3,— In-
8 de 65 pages en caracières compactes avec 2 planches
lithographiques. Ce numéro renferme une list ■ des oiseaux
fréquentant Ottawa, des remarques sur nos mollusques
fleuviatiles, et une foule d'autres renseignements du plus
grand intérêt pour les Naturalistes Canadiens.
Conférences asçricoles de M. Lippens, No. 1 Culture
du Blé ; No. 2 Destruction du Chiendent ; No. 4. Les
iSemenres. Ces petites brochures sont le texte ou plutôt le
résumé des conférences que M. Lippens donne dans nos
campagnes sur différents sujets se rapportant à l'agri-
culture. Elles méritent d'être conservées avec soin par
tous ceux qui prennent intérêt aux progrès de notre agri-
culture.
Prof. F. X. Toussaint, — Recueil d'exercices sur les
sujets les plus usuels. Annexe à l'Arithmétique N° 1 de
F. X. Toussiiint, in-12, 211 pages.
H. M. Ami.— The Utica Slate formation v\nth especial
reference to the Exposures of that formation at and near
Ottawa, 8p. iu-8.
382 LE NATURALIsrE CANADIEN
L'Argonaute. — Depuis 1876, on a fait la capture de
trois Aigonauta argo sur les côtes du New-Jersey, de sorte
que ce mollusque peut avec raison maintenant être compté
comme appartenant à la faune Américaine.
Haliotides. — De tout temps les Haliotides ou Oreilles
de mer ont été recherchées pour l'ornement des corniches,
leurs couleurs vives et iridescentes, leur forme originale,
la riche nacre qu'elles font miroiter aux regards ne man-
quaient pas d'attirer l'attention des visiteurs dans les salons.
Mais dans ces dernières années, l'industrie qui tire parti de
tout, leur a trouvé une application plus utile que de flatter
simplement le regard dans les salons, c'est de les employer
à la confection de boutons qui dès le début ont eu un débit
considérable. Ces boutons si brillants, à reflets iridesceuts
qui plaisent tant au regard, sont confectionnés avec les
dépouilles des Oreilles de mer de difîérentes espèces. Avec
les plus grandes coquilles, on confectionne des boutons
solides, et les rebuts servent, broyés et mêlés à un certain
ciment, pour en mouler d'autres qui prennent un beau poli
vitreux, tout en laissant voir des myriades de particules
brillantes du plus vif éclat. On sait que la côte Améri-
caine du Pacifique est particulièrement riche en de tels
mollusques. On en a exporté par vaisseaux de San Fran-
cisco en 1880, 6372 sacs, représentant une valeur de $46,179,
sans compter celles qu'on a expédiées par chemins de fer,
surpassant peut-être encore cette quantité. Un grand
nombre de ces coquilles sont travaillées à New-York et
Philadelphie, et les autres sont exportées en Amérique, en
France, etc.
ILLUSTRATIONS.
1. Hanches postérieures du Pammegischia Burquei 303
2. Un œuf d'oiseau - 352
3. Murex tenuispina 380
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIERES.
A propos de Fourmis 30.
Argonaute 381.
Champignon 29.
Chronologie de quelques unes des inventions les plus importantes 125
Coquilles d'ornement 380.
Cypripèdes (Les) 191, 221, 269.
De QMébee à Jérusalem 15,51. 81, 110, 141, 174, 209,242, 312,336.
Etude de l'FIistoire Naturelle 9f).
Etudiez l'Histoire Naturelle 157,
Faits divers : — Conserv< z vos numéro 31. — Lo Chevreuil 32. — Bota-
nique 64. — Utilité des Fourmis 126. — Goélands et Pélicans 127. —
Collection vendue 127. — Un apiculteur à Québec 127. — Société
Minéralogique 128. — Une coijuille monstre 159. — Taxidermie 1 60.
■ — Temph-ature 191. — Insecte 191. — Nouvelle.s entomolo<riques
224.— L'Airelle ponctuée 287.— L'A^clé; iade de Cornut 288.—
Minéraux 329. — Arbres d'ornement 350. — Avis 351. — Récep-
tion 351. — CE 'ifs d'oiseaux 352.
Faune Canuiienne —Hyménoptères 4, 33, 65, 97, 129, 161, 193, 225,
257, 273,2 89, 321, 353.
Fécondation du Ca/opogon puIcheJIus 271.
Gazettes des Campagnes (La) et l'Histoire Naturelle 186.
Haliotides 381.
Nécrologie : — F. X. Bélanger 26. — Le Prince Lubormirski 125. —
Jos. Decaisne 126. — Darwin 160.
Notre treizième volu:!ie 1.
Publications : — Seventh Report Montreal Horticultural Society 32, —
Scientific American 63. — Report of Entomologist of U. S, for
1880, 64, — Report of Entomological Society of Ontario for
1881, 64.— W rms and Crustacea 190, — Coues' Check List of
N. A, Birds 191, — Seventh Report Montreal Horticultural and
Fruit Growers Association for 1881, 351. — Geological and Nat.
His. Survey of Minnesota 35-. — Annales de lu Société Entomo-
logique de Belgique 352. — Tératologie végétale 352. — Ottawa
Field Naturalists Club 381. — Conférences Agricoles de M
Lippens. — Recueils d'Exercices sur les sujets les plus usuels 381
— The Utica Slate formation at and near Ottawa 381.
Société Française de Botanique 256.
TABLiî ALPHABI'^TIQUE
DES NOMS DE FAMILLES, GENRES ET ESPÈCES
Abies alba 351
balsamea 351
Canadensis. .... 352
nij:ra. 351
Acacia Nilotica 15fi
Acer saccaihiniini 352
Acordulecera saginata 21^0
Acndiutn peregnnuin 276
Agaposceinon tricolor 303
Agenia architectus 44
mellipes 43
perfecta 44
petiolata 44
pulchripennis. . , 43
AUantus rubrocinclus 2!l5
Aiyson oppo.sitius 67
Ambly teles borealis 328
expunctus 327
marginatus 328
nioMianus 327
Nortoni 328
rufizonatus 328
Aniniopbila Cuiinnuiiia. 13
conditor !5
gracilis 14
grypbns 14
Inctuosa. 13
Anci/strocerus 137
Andren-A algida ^àù
biciilor 194
frigida 195
Liiaris. 194
hirticeps 195
intégra 197
nivalis 194
perplexa 196
placida 196
rutila 344
simplex 197
vicina 195
Andrenid^. . . , 16s
Authophora boniboides 173
terniinalis 173
Apatbus Ashtoni 268
citrinus 269
elatus 269
labûriosus 268
Apid^ 259
Apis niellifera. 264
Aicto-^tapliylos uva-ursi . .. 192, 287
Argonauta argo 381
Asclepias Cornnti 288
Asphodel us hiteus 340
A>tata . unicolor 48
Ateiiciius sacer 184
Atracludes autiimnalis ...... 367
iiigricoxus 368
tutens 363
Atragene Americana 287
Augochlora pura 2U6
radiata 205
Aulacus rufiiarsis 302
Bkmblcid^
Betula huea
papyracea. ,
Blepbaripus ater ,
ciMctipes .
macuiipennis.
imnimus . . . .
Bombus consimilis
fervid U.S..
ternarius ......
terri cola
Calopogon pnlchellus ,
Campoplex laticinctus,
niger . . . .
semiriifus. .
Carpinus Americana .
Caiya amara
Cemonus inornatus..-.
Ceralina bidentala
siliqua
Cerceris clypeata
desi-'rta
imildtor
nigre.-cens ,. . .
Ceropales fialerna .
Cicada septemdecim. . .
Cœiioxys ruiitarnus. . . .
tristis
Crabro aciculaLus ,
ater
46
352
, 351
133
133
132
133
266
267
267
207
271
364
364
364
352
351
77
234
157
75
76
76
75
45
224
241
241
103
133
TABLE ALPHABETIQUE
385
Crabro cubiceps
denliciilatus.
efFossus
interniptus
nigrifrotis
obscurus
pauper
4-inaculatus
rufileinur
6-maculatus
singularis
stirpicola
trifasciatus
villosifrons
Crabronid^
Crœsus latitarsus
Çremastus longicaudus.
Royi
Cryptus ebuineifroiis
elongatus.
exilis
flavipectus.
nigricornis
proxiiiuis
robuPtus — .
sericeifrons
soriculatus
Cyperus papyrus
Cypripedium acaule ...,.-..
arietinuni. . . .192,
candiduni
pubescens . . .192,
spectabile. ..192
Dineura Americana,
luteipes . . .
Empetrutn nigrum. . . ,
Epeolus donatus
mercatu8
Epicauta verticalis . . .
Eucera nuda.
Eumenes fraterna
ElIMENII)^
Exetastes brevipennis.
Exolytus politus .
Fagus ferruginea
Ficus syconiorus - . . .
Formica Pensylvanica.
Fraxinus alba
sambucifolia .
Genista monoaperma. . ,
Gnatocera cephalica . .
Gorytes atricornis
epbippiatud. . .
niodestus . . . .
phaleratua. . .
venuBtus . . . .
109
109
107
101
10-.
107
106
102
104
102
105
102
103
103
/O
291
367
366
3HH
362
362
361
363
362
361
361
362
120
192
287
192
270
270
292
293
287
236
235
344
174
144
13")
363
368
352
251
31
352
352
344
283
69
68
70
69
70
^alittus albitarsis 201
confusus 202
congtrictus 202
coriaceus 199
distiiictus 200
discus 200
ligatua Î99
Isevissimus 201
Ontariensis 203
pilosns. 201
scabrosus 200
Haliotis 3>«1
Heniicliroa 293
Heniiteles craspus 361
Jongicornis 361
nigricans 360
pallipennis 360
eriades (arinatum 233
Ichneumon annulipea 325
ca'iginosus 321
corviiius 321
incoiistans 323
iufucatMS 324
iiiuiiificus ........ 323
nanus 326
niijripes 324
nohilis 323
paradoxus 3J5
pepticus 322
prn.vimus 327
fusillus 325
rubicundus 326
pcitnlus 361
signatipes 326
por'r 326
fiuadus 322
ustus 324
versahilis 323
rscluoceras rugosa... 8
Juglans cinerea 351
l/arix Americana 351
Larra fulviveiitris 50
Qubecensis 50
terminata 50
Larrid^e.. 47
Limneria annulipes 365
basalis 364
distincta 365
dubitata 365
gennina 364
infiimata 364
nigricoxa 364
Lyda Chicoutiuiiensis 300
di«color 300
fisciata 301
Provaucberi 301
386
LE NATURALISTE CANADIEN
Lyrada snbita 49
iriioba 49
Macrophya epinota 294
piilchella 293
Megachile brevis . 229
centuncularis 230
lemorata 228
i'rigida 227
grandis 280
latitnaDUS 227
iiielanophœa. 232
ineiidica 231
oblonga 230
opliva 232
pugiiata 228
ecrobiculuta 22?)
siinp'ex 229
Melissodes A mericana 174
desponsa 174
Mesostenus collinns. 363
flavipes 363
iiohilia 363
sericens 363
Mimesa argentifrong 79
denticulata 79
panpera 79
Monednla ventralis 46
Murex tenuispiiia 380
Myrinescocysius. 31, 281
Nematus fulvicrns 29!
luteotergum 291
8. poninm 292
veiitricosns '12A
Nomada Anieiicana 23h
bisignata. . . 238
liitpola . ... 239
iiuiciilata. 239
• piinclala 240
Nymplifeacîyrulea 120, 2ir.
lotns i'20
N y.«son latérale 66
NYt<>oNii)te 65
Odynerus albophaleratus 140
arvensis 142
Canadensis 138
capra 139
cainpestris 141
(iebilis 139
leuconielas 142
Pensylvanicus 143
tigris 140
Walshianus 138
Osmia bucconis. 208
liçnaria. 207
lignicola 208
siiuillima 208
Ostrya Virginica 231, 352
Oxybelus 4notatus . 99
Pacbyprotasis delta 294
Paininegiscbia Burqaei 3ii3
Panicuni itabcnn» il 16
Paiiiscus albotarsatiis 36>}
Panurgus ae-tivalis 205
vernalis 204
Papaver dubium 344
rbseas 343
Passalsecus niandibularis 98
Pelopseus cœruleiia 12
ceinentarius - Il
Penipbredon c^nicolor 78
mandibularis . 9B
Phaeogeneg aterrinins 330
Falardeaui 331
Gaspesianns 331
nigncornis 330
orlius 332
quadriceps 332
Inberculifer 331
Philantbus bilunatus 74
frigidus 73
solivagus 73
ventilubris. 73
Phœnix dactybiera 115, 281
Phygadeuun acaiidua 358
acicuiatus 356
alternans 358
atteimatus 359
autinnnal s 357
ceplialicus 354
Cunf<trictu3 357
cortmtuâ. . . . 35Cj 359
Lavoiei 353
Lecbevallieri 356
maculât us 353
Migiiaulti 355
mucronatus 353
occidentaiis 355
orbiîalis 354
ovalis 355
parallelus 355
rubricus 358
subspinosua 357
terminatus 357
3-annulatu8 . • .. . . 355
vulgaris 354
Physoscelis 133
Pinus Banksiana 352
atrobus 352
Platylabus Rubri Capensis 329
scuteliatus 329
Polistes pallipes 168
Polyporus igniariua 30
Pompilus aetbiops 35
anguatatué 33
TABLE ALPHABETIQUE
387
Pompilus apicatus 38
argenteus 39
biguttatus 40
castaneus 39
cylitiiiricus 38, 39
fascipennis 42
grineus 3(i
liyacinthitius 3"?
luctuosus 36
marginatus 40
maiirus 38
Piiilaiielphicus. 37
5-notatus 40
scelestus 36
tenebrosus 3i>
Virginiensis 37
PoMPTLTDaS 33
Populus balsam ifera 351
Canadengis 64, 287
tremuloides 351
Priocneniis alienatus 42
coiiicus 41
germanus 42
Prosopis affinis 259
basalis 258
Psen leucopus 80
niger 8]
Pyracmon rufura 3G5
Quercus alba 352
Reseda luteola
Rhopalum pedicellatum.
rufigaster. ...
Saperda Candida
Sapygi maculata..,
Scoiia unicincta. . ..
Scjliadid^.
SelanJria halcion .
paupera. .
rusas . . .
Sisiphus muricatus
Sphecodes dicliroa.
Sphkgid^ ,
344
134
134
159
9
6
4
293
293
224
344
257
10
iStenodynerus 143
^'tîg'nus fraternus 93
"tilpnus laevis 332
fctroagylogaster aplcalis 295
pallidicornis. .. 295
politus 294
nibrocinctus. .. 295
soricuiatua 296
Symmorchus 137
Taxonua robustus
Teatliredo ungulata. . . .
cinctiiibiis . ,
confusa
delta
jocosa ,
lobata,
14-punctata.
peniirulira . .,
Thersilochus pallipes...
Thuya occidentalis. . . . .
Tliyreopua latipes
monticola . . .
pegasus
Tilia Americana
Tiphia inornata
Tridacna gigas ,
Triosteuni Americanum.
Trogus Copei
Provancheri . .
Trypoxylon clavatum...
293,
294
297
299
298
298
298
299
298
299
367
352
130
130
J3I
352
7
159
287
329
327
135
Ulmus Americana 352
Vaccinium vitia-idsea.
Vespa consobrina
diabolica.
germanica
maculata . .. . .
media
rufa
Vespid^
Xiphidion Canadense .
Xiphidria Provancheri.
287
165
166
165
164
166
167
161
301
301
ERRATA
Page
1,
ligne 3,
au lieu de Vol. XII,
lisez
Vol. XIII.
55,
" 15,
((
Nantes,
II
Chateaudun.
64,
" 33,
((
de toutes part,
II
de toutes parts.
133,
" 21,
((
Pkpharipus
II
Blepharipus.
137,
" 10,
II
?
II
C^
149,
" 30,
II
auri sacra fames, qui
II
auri sacra fames qui
150,
" 7,
II
ses qurtiers,
II
ses quartiers.
150,
•' 17,
II
quelque paras
II
quelques paras.
156,
" 9,
II
l'air encore tout
II
l'air tout.
167,
" 21,
(I
Poliste,
II
Polistes.
187,
" 28,
II
notre pratique,
II
votre pratique.
187,
" 29,
II
ayiez
II
aytz.
192,
" 18,
II
l'obtinée,
II
r obstinée.
192,
•' 25,
II
la Botaniques,
II
la Botanique.
237,
•' 31,
((
les 2e segment.
II
le 2e segment.
«sr###^#^^ ^\^VVr^*-'
Vol. XIV— 1. CapRouge, Q., JANVIER, 1883. No. 157
Rédacteur : M. l'Abbé PROVANCHER.
.i5L"VJS.
Tous nos abonnés retardataires recevront avec la pré-
sente livraison le comi^te de leurs arrérages, et nous les invi-
tons à se raettre en règle au plus tôt. Nous en comptons
encore quelques uns qui n'ont jamais payé un seul sou, on
comprend que des zéros à leur place feraient encore mieux
notre affaire.
I^° Les retardataires qui ne tiendront aucun compte
du présent avis, ne devront donc pas être surpris si, à la fin
de ce mois, ils sont invités à s'acquitter, par des moyens de
rigueur.
NOTRE QUATOUZIEME VOLUME.
Nous disions, en commençant notre Tolume de Tan
dernier, que nous espérions termi)ier notre histoire des
Hyménoptères dans le cour de l'année, et nous voici a com-
mencer un nouveau volume sans avoir encore vu cette fin.
Il nous faudra encore ajouter une livraison à la présente
pour y atteindre, tant nos additions sont considérables-
LE NATURALISTE CANADIEN
Nousnttaqnerons aussitôt après l'Ocdre des Hr^miptères
ou punaises qui, bie)) que moins considérable que celui des
Hyménoptères, ne lui en cède que peu en intérêt. Nous som-
mes à prendre des mesures pour illustrer cet Ordre plus
largement que nous ne l'avons fait des précédents. Mais
que d'obstacles à surmonter ! Il n'y a pas à compter qu'avec
les ressources pour se procurer les illustrations convenabK's^
mais aussi avec l'habilité des artistes pour les exécuter, et
la difficulté de les rencontrer. 11 n'y a guère que des na-
turalistes qui puissent exécuter convenablement des des-
sins ou des gravures d'insectes, et de tels artistes ne se
rencontrent pas en cette Province. Nous n'avons même
à Québec d'ateliers ni de gravure, ni de lithographie, il
faut recourir à Montréal, et plus d'une fois les artistes
Montréalais nous ont créé des monstres dans leur exé-
cution. On nous fit une fois un c( léoptère avec sept
articles aux tarses. "J'étais loin de soupçonner, nous
dit l'artiste, que le nombre d'anneaux de ces petites chaî-
nettes fût de quelque importance; pourvu que je les fisse
de même longueur, je ne voyais pas ce qu'un article de
plus ou de moins pouvait faire. — Ça fait tant, que pour en
avoir ajouté deux, vous avez fait de cet insecte un monstre
dans la nature. Nul insecte a plus de cinq articles aux
tarses ".
Nos dessins sont à peu près terminés, et nous espérons
pouvoir présenter des illustrations, non-seulement ca-
pables de faciliter l'intelligence du texte, mais pou vaut
encore se présenter an regard avec un certain agrément.
Notre chaleureux appel de l'an dernier au snjet de nos
Tableaux d'Ilistoi/e Naturelle n'ayant réveillé aucun écho,
leur exécution demeure encore indéiiniment ajournée.
Nous poursuivrons notre récit de voyage en Orient,
dont nous faisons un tirage à part pour ceux qui ne
ne comptant pas parmi nos abonnés, voudraient se procu-
rer ce volume. Il nous eut été plus agréable de faire de
suite de ce récit une publication spéciale, mais connaissant
le difficile écoulement des livres de lecture en ce pays, nous
avons craint de ne pouvoir pas même recouvrer nos dé-
penses. Nous aurons aussi pour cet ouvrage des cartes et
ADDITIONS ET CORRECTIONS AUX HYMÉNOPTÈREfS. 3
des plans que les lecteurs sauront apprécier, et an moyen
desquels ils pourront so fiiire une idée exacte des lieux re-
présentés. Nous y ferions même figurer certains costumes
orientaux, si nous n'avions à redouter un trop faible encou-
ragement.
Il nous est agréable cependant de déclarer ici que nous
avons reçu de nombreuses félicitations à propos de ce ré-
cit; on s'accordait de toutes parts à le demander aussi lonor
et aussi détaillé que possible ; mais il nous faut répondre à
des exigences opposées, et nous nous efîorcerons, comme
par le passé, de satisfaire les unes et les autres. Il est fort
douteux que nous puissions terminer ce récit dans le cours
de la présente année.
Z ^f
FAUNE CANADIENNE
HYMENOPTERES
ADDITIONS ET CORRECTIONS
iContinué de la page 380 du Vol. XIII).
Gen. Mesochorus, G-rav., XI, p. 208.
Aux 4 espèces décrites, ajoutez les 5 qui suivent :
Abdomen entièrement noir :
Tête noire 5. politus. ». ^p.
Tête jaune 1. atriventris.
Abdomen plus O'i moins jaune ou roux ;
Les 2 premiers se2;ments abJomiiiaux noirs, quelquefois marginés
de jaune au sommet ;
StifTina noir ou bnm-fonci?, avec tache pâle à la base ;
Face noire; tarière longue 6. humeralls, n. sp.
Face jaune ; tarière courte 7. luteipes, n. y;^.
Stigma j mne ou jaunâtre sale ;
Tête noire au-dessus des antennes 2. pleiiralis.
Tête jaune au-dessus des antennes 4. flaviCepS-
Abdo:noii cntièreihciit ror.x ou avec seulement le 1er segment noir ;
Le scape avec le 1er segment abdominal, noir.. 8. jucundus, n. sp
4 LE NATURALISTE CANADIEN
Le scape roux ; abdomen entièrement roux 5
Stigma brun-foncé, avec tache pâle à la base 3. rufuluS.
Stigma jaune-pâle ; aréole grande 9. areolatUS, 11. sp.
1. Mésochore ventre-noir, Mesochorus atriventris,
Cress. Can. Eut. iv, p. 21, ?.
La description donnée à la pap^e 208 a été, par erreur,
prise sur un autre insecte ; elle doit être remplacée par la
suivante.
Ç — Long. .25 pce. Noir; tête et thorax brun-foncé; les man-
dibule», les palpes, les orbites antérieurs, jaune-pàle. Antennes
longues, brunâtres. Ailes hyalines; stignia jaunc-bmnâtre, les ner-
vures brunes ; aréole grande, en carré oblique, subpédiculée. Pattes
jaune niiol, y compris les hanches ; les jambes postérieures plus pâles,
leur extrémité noire, de même que l'extrémité des articles de leurs
tarses. Abdomen linéaire, poli, brillant, noir, les sutures quelque peu
roussâtres, l'extrémité épaissie et comprimée ; tarière du quart de la
longueur de l'abdomen, ses valves noirâtres, aplaties, larges. — 11.
5. Mésochore poli. Mesochorus polilus, nov. sp.
Ç — Long. .15 pce. Noir, poli, brillant; les mandibules, les
écailles alaires avec les hanches antérieures, blanc ; les flancs avec les'
pattes, roux-jaunâtre. Face finement ponctuée, légèremont convexe au
milieu. Antennes très longues, brun-foncé. Thorax subcylindrique,
poli, brillant, noir avec les flancs roux. Ailes hyalines, iridescentes, le
etigma d'un jaune sale, l'aréole très grande, sessile, en losange. Pattes
roux-pâle, le jambes postérieures avec un petit antieau noir à l'extrémité.
Abdomen linéaire, convexe, poli, brillant, la suture entre les segments
2 et 3 plus ou moins roussâtre, le ventre blanchâtre, le 5e segment
prolongé eu une grande écaiile jaunâtre dépassant un peu le dernier
segment ; tarière moins du quart de l'abdomen, ses valves larges,
polies, noires. — C
Peut-être la $ de Vatriventris, Cress. ?
6. Mésochore-à-épaules-rousses. 31esoc/ionis luime-
rai is, nov. sp.
9 — Long. .18 pce. Noir, poli, brillant; le chaperon, les mandi-
bules, le scape en dessous, les écailles alaires avec une large bande en
dessous, et toutes les pattes, jaune roussâtre. Face noire, brillante.
Antennes filiformes, plus courtes que le corps, jaunâtres en dessous à
la base. Thorax épnis, poli, brillant, une bande jaune-roussâtre par-
tant des écailles alaires couvre tout le prothorax en dessous. Ailes
hyalines, le stigma grand, noir avec une petite tache brune à chaque
ADDETIONS ET CORRECTIONS AUX HYMÉNOPTÈRES. 5
estr<?rait(î, l'aréole petite, en carré oblique. Les jambes postérionres
obscures à l'extrême base et à l'extrétuité, leurs tarses aussi plus ou
iiioins obscurs. Abdomen allongé, plus épais à l'extrémité, noir, le
sommet du 2e segment avec le 3e roux-jaunâtre, le premier très long,
finement ponctué, le reste poli, brillant ; tarière de la moitié de l'ab-
domen environ. — R.
7. Mésoehore pieds-jaunes. Mesochorus luteipes, Cress
Can. Elit, iv, 22 ç.
Ç — Long. .18 pce. Noir, brillant; la face, les joues, les orbites
postérieurs, avec les écailles alaires, blanc. Antennes grêles, aussi
longues que le corps, brunes, jaunâtres à la base en dessous. Les
épaules jaune-roussâtre. Ailes hyalines, iridescentes, stigma brun-
pâle, aréole grande, en losange. Pattes jaunes y compris les hanches
et les trochantins, les cuisses postérieures légèrement teintes de brun,
leurs jambes noires à la base et à l'extrémité. Abdomen plus épais à
l'extrémité, poli, brillant, les segments 1 et 2 noirs, les autres jaunâtres
avec teinte de brun ; le ventre jaune ; la tarière forte, courte,
noire. — R.
8. Mésoehore agréable. Mesochorus j iicund us , nov. sp
Ç — Long. .27 pce. Roux avec taches noires ; la face avec les 4
pattes antérieures, plus pâles. Antennes longues, sétaC'5cs, noire>, y
compris le scape. Thorax robuste, une grande bande noire sur chaque
lobe du mésothorax avec deux taches de môme couleur de chaque
côté du métathorax. Ailes hyalines, le stigma noir, l'aréole rhom-
boïiale, sessile. Les jambes postérieures légèrement obscures à l'ex-
trémité. Abdomen arqué, robuste ; noir sur le premier segment
excepté à la b.ise, le ventre jaune, le 5e segment avec une écaille dé-
passant l'abdomen ; tarière noire, forte, du quart de l'abdomen
environ. — R.
Les taches noires de son thorax le distinguent surtout
du suivant.
9. Mésoehore a-grande-aréole. Mesochorus areolatus,
nov. sp.
Ç Lons;. .21 pce. D'un beau jaune-miel dans toutes ses parties.
Les antennes très longues, grêles, un peu plus obscures à l'extrémité.
La face avec les pattes plus pâles que le reste. Thorax robuste, sans
aucune tache. Ailes hyalines, le stigma jaune pâle, l'aréole très grande,
en losange, sessile. Abdomen robuste, arqué, son extrémité légèrement
obscurcie, dépassée par l'écaillé ventrale ; la tarière courte, forte,
rougsâlre, obscure à la base. — R,
6 LE NATURALISTE CANADIEN
Une plus forte taille et son stig-m" jaune le distinguent
surtout du melleus, Cress, ainsi que du rvfidus, Piov.
Gen. PlecTISCUs, Grav. XI, p. 210.
A l'espèce décrite, ajoutez la suivante.
Stigma brun ; tarière aussi lonirne que l'abdomen 1, graC"lÎ!î.
Stigma j;inne-pâle ; tarière plus courte que l'abdomen. 2. Ta.i%BX^n.sjy^
2. Plectisque noir. Plectisc s niger, nov. sp.
çf Ç — Long. 10 y ce. Noir sans aucune tache, poli, brillant; le
chaperon, les mandib::le8, les (?cailles alaires, blane. Antennes longues,.
filiformes, brunâtres à la base. Thorax court et assez robuste, oblique
en arrière. Ailes hyalines, iiideseentes, le stigma brun-jaunâtre, l'aréole
en losange, sessile. Pattes jaune-pâle, les hanches postérieures noires
à la base $, entièrement noires (^, leurs jambes et leurs tarses plus ou
moins obcurs. Abdomen en massue, eiiiièrcment noir ; tarière de la
moitié de l'abdomen environ. Dans le (^ le 3o segment abdominal est
plus ou moins marginé de roux au sommet. — PC.
Après le Genre Plectiscus, Grav., XI, p. 210, ajoutez
le suivant.
Gen. CyrtoceNTRE. Cyrtocenlnis, nov. gen.
Tête assez courte, transversale. Antennes filiformes,
assez courtes. Thorax ct)urt, robuste, le mésothorax sans
divisions distincies, le métathorax très court ; écusson
proéminent. Ailes avec une aréole subquadrangulaire,
irrégulière, la cellule radiale courte et large. Pattes mé-
diocres, les postérieures à peine plus longues que les autres.
Abdomen assez court, subsessile, en ovale allongé, déprimé
sur le dos et légèrement comprimé à l'extrémité, le premier
segment s'élargissant de la base au sommet ; tarière dé-
passant à peine le dernier segment abdominal, et ce-
pendant recourbée sur le dos à son extrémité.
Ce genre, voisin des Plectisques, s'en distingue surtout
par la forme de sa tarière, laquelle, suivant le bord du
dernier segment abdominal, se recourbe sur le dos à sa
pointe. Une seule espèce rencontrée.
Cyrtocentre de-Quâbsc. CijrtoceiUnis QuebecensiSj
nov. sp.
ADDITIONS ET CORRECTIONS AUX HYMÉNOPTÈRES. 7
Ç — Long. .20 pce. Noir avec les pattes jaunes; les palpes, le
scape avec les ocailles alaire?, jaunc-pâ'e. Face finement ponctut^e,
avec une protubérance tuberculeuse au milieu, le chaperon poli, bril-
lant. Antennes filiformes, plus courtes que le corps, noires avec les 2
articles dd la b:ise jaunes. Thorax poli, brillant, le métathorax avec
lignes soulevées distinctes. Ailes hyalines, les nervures noires, pâles à
la base, le stigma noir ; aréole subquadrangulaire, irrégulière, un peu
obli (ue. Pattes j lunes y compris les hanches et les trochantins, l'ex-
trémité des jambes postérieures avec leurs tarses plus ou moins obscurs.
Abdomen subsessile, poli, brillnnt, dépriaié, ovalaire, noir, les segments
2 et 3 obscurément marginés de jaune au sommet; le ventre jaune de
même que la tarière, celle-ci courte, redressée sur le dos, dépassant à
peine l'épaisseur du dernier segment de l'abdomen.
Capturé au CapRouge et à St-Hyaciiithe.
G-en. Cekatosoma, Cress. XI, p. 211.
Ceratosoma rufa, Prov. décrite sous le nom àHExetastes
nifa, Prov. p. 213.
G-en. ExETASTES, Grar. XI p. 211.
L'espèce 6, E, Brevipenms, est le iVesofitenus brevipennis ,
Prov., et l'espèce 8, E. rufun, est la Ceralosomi rufa, Prov.
Gt>n. Mesoleptus, Grav. XI, p 221.
Alix 26 espèces décrites, ajoutez les 2 suivantes, dont
la dernière est nouvelle.
27 Mésolepte voyageur. Mesoleptus peregrinus, Crcss .
Trans. Am. Eit. Soc. li, p. 102, c?9.
ç^ — Long. .30 pce. Noir brillant; les mandibules, lea 2 articles
basilaires des antennes, les écailles alaires avec les pattes, blanc. An-
tennes plus courtes que le corps, noires. La face à pubescence argentée.
Lo prothorax, le mésothorax avec l'écusson, d'un roux brillant, le lobe
médian du raésothorax noir; le métathorax à lignes soulevées formant
une aréole centrale longue et étroite. Ailes hyalines, le stigma noir,
l'aréole petite, subpentagouale, la 2e récirrentc courbée en dehors.
Pattes longues et grôles, blanches, les postérieures brunes avec leurs
hanches rous^atres. Ab lomen très grêle, linéaire, allongé, noir, le Se
segment avec les s livants m uginés de roux au sommet, le premier fo.t
long et à peine plus large à l'extrémité. — K.
Voisin du muliebris, Cress, mais s'en distingue surtout
par SOS flancs sans taches.
8 LE NATURALISTE CANADIKN
28. Mésolepte variable, Mesolepius variabilis; nov. sp.
Ç — Long. .23 pce. Noir, opaque ; les mandibules, le chaperon
une grande tache au-dessus ujais n'envahissant point les orbites, le
Bcape en dessous, les écailles alaires, l'écusson avec les 4 trochantins
antérieurs, blanc. Antennes très longues, noires avec un anneau pâle
au delà du milieu. Ecusson proéminent, blanc, roussâtre à la pointe ;
niétathorax finement ponctué, sans lignes soulevées distinctes. Ailes
hyalines, le stigma brun-roussâtre^ l'aréole triangulaire, oblique, assez
grande. Pattes rousses, les hanches antérieures noires à la base,
blanches à l'extrémité, l'extrémité des cuisses postérieures et de leurs
jambes, noir. Abdomen fusiforme, roux, noir à la base et à l'extrémité,
le premier segment s'élargissant de son milieu au sommet ; tarière à
peine sortante. — R.
"Voisin de Vhonestus, Cress., mais s'en distinguant sur-
tout par son thorax entièrement noir.
Gen. EcLYTUS, Holmg. XI, p. 250.
A l'espèce décrite, ajoutez la suivante :
2. Eclyte robuste. Eclyt,us robustus, nov. sp.
Ç — Long. .30pce. Noir, poli, brillant; la face, les mandibules^
les palpes, les écailles alaires, une ligne en avant, une tache sur les
bords latéraux du raésothorax avec le ventre, blanc. Antennes brunes,
plus pâles en dessous, le scape obscurément taché de blanc. Ecusson
proéminent, le niétathorax finement ponctué avec 2 carènes longitudi-
nales rapprochées sur le disque. Ailes hyalines, sans aréole, la 3e
cellule discoïdale dépassant considérablement la grande cellule ;
stigma noir, taché de blanc à la base. Pattes roux-clair y compris
les hanches, les jambes postérieures avec leurs tarses, noir plus ou
moins foncé. Abdomen allongé, cylindrique, rétréci à la base, le
premier segment canaliculé, les terminaux marginés de blanc; tarière
à peine sortante.
Une seule espèce rencontrée.
Après le genre Tryphon. Grav. p. 252, ajoutez le
suivant.
Gen. ExENTère. Exenierus, Hartig.
Tête transversale, courte et large ; antennes moins
longues que le corps, filiformes, un peu plus épaisses au
milieu. Thorax court et robuste. Ailes avec une aréole
triangulaire. Pattes courtes, cuisses à peine renflées, les 4
iambes postérieures sans éperons, les crochets des tarses
ADDITIONS ET CORRECTIONS AUX HYMÉNOPTÈRES. 9
simples. Abdomen sessile, son premier segment rugueux,
subcylindvique, un peu plus épais à l'extrémité.
Ce genre, qui a été détaché des Tryphons, s'en dis-
tingue hiTrtont par l'absence d'éperons aux jambos posté-
rieures, ses crochets simples empêche de le confondre avec
les Ctenhcm, Une seule espèce rencontrée.
Exentère du Canada. Exenterus Ca7indensis, sp. nov
d* ? — Long. .30 pce. Noir, le chaperon, lu face except»? une
ligue longitudinale au milieu, le scape, une ligne sur les côtés du nié-
sothorax, une autre au-dessous de l'insertion des ailes, une autre de
chaque côté sur le bas du prothoras, l'écusson et le ;ost-écusson, un
point de chaque côté du métuthorax, les pattes avec une ligne au
sommet des segments abdominaux, jaune. La tête et le thorax dén-
uement ponctués, le métathorax rugueux. Ailes légèrement ob-cures,
le stigma brun, l'aréole triangulaire, péùiculée. Pattes jaun-.s, les
hanches noires, les 4 antérieures jaunes en dessous, les 4 cuisses anté-
rieures noires en dessus de même que l'extrémité de leurs jambes.
Abdomen fortement ponctué, les 2 segmente basilaires rugueux, le
premier avec 2 carènes sur le disque ; tarière non apparente.
Capturé à Danville, comté de Richmond, voltigeant
autour d'un pin que ravageaient des larves d'hyménoptères
que nous avons lieu de croire être celles de Lophyrus.
G-en. Mesoleius, Holmg. XI, p. 257.
Aux 5 espèces décrites, ajoutez les 2 suivantes.
6. Mésoloi noir. 3Iesoleius niger, nov. sp.
Ç — Long. .17 pce. Noir; les mandibules, l'extrémité de joues,
les écailles alaires, un point en avant, un autre en dessous, les trochan-
tins, les 4 tarses antérieurs excepté à l'extrémité, avec l'extrémité des
hanches, jaune-pâle. Face finement ponctuée, soulevée longitudinale-
ment au milieu. Antennes noires, aussi longues que la tête et le thorax
réunis. Métathorax à carènes renfermant une aréole en carré à sa base:
écusson avec une profonde excavation à sa base bordée latéralement
par une carène. Ailes passablement enfumées, les nervures et le stigma-
noir, aréole péticK'e, subtriangulaire, incomplète, sa nervure extérieure
manquant. Pattes d'un beau fauve clair, le.s hanches noires, blanches
à l'extrémité, les tarses postérieurs avec l'extrémité de leurs jambes,
noir. Abdomen entièrement noir, en ovale allongé, le premier segment
avec 2 carènes, finement ponctué, brillant, les autres plus grossièrement
ponctué'^ ' ^ terminaux avec poils grisâtres.
10 LK NATURALISTE CANADIEN
Espèce bien remarquable par son absence de <aches et
ses ailes enfaraées.
7. Mésoloi à-jointure-blache. - esoleii/sj/nictus, n. sp.
(^ — Long. .18 l'co. Niiir ; une tuclie sur les mandibules, une
tncho au milieu de la f ce nu de-sous de l'insertion des antennes^ les
(^cailles alaires, une petite li;xne au dessous, les bords supérieurs du
prolhorax, une tache en crochet sur les lobes latéraux du nié.sothorax,
une lijne ù l'insertion des aiies, la Siiture des fi mes entre le méso et le
métaihnrax, une tache sur l'écusson, une ligue sur le post-écusson, avec
les trochintins, blanc. F.ice large, trè-i fi.ieuie it pouctuée. Antennes
noires, Métathorax arrondi, sans lignes soulevées distinctes. Ailes
hyalines, sans aréole, le stigma brun fbiieé avec un point blanc à la
base. Pattes roux-clair, les jimbes postérieures avec les tarses et l'ex-
trémité dos cuisses, noir, les jambes avec un anneau blanc à la base
suivi d'une teinte plus ou moins rousse. Abdomen sesrile, le 1er seg-
ment lisse, un peu plus large au .'•ouimet, le 2e avec quelques acicula-
tions à la base et obscurément roussâtre, le reste noir.
Espèce bien recounaissable par la suture blanche de
ses flancs.
Gen. EREONEmus, Holmg. XI p 265.
Aux 3 espèces décrites, ajoutez la suivante.
4. Erronème marginé. Erronemus mirginatus, nov. sp.
Ç — Long. .25 pce. Noir; les mandibules, les écailles alaires,
les palpes, blanc ou jaiane-pâ e ; le t haperon, avec les pattes y couipris
les hanches et les trochantins roux-pâle ou jaune-miel. Antennes
noires, plus courtes que le corps. Thorax court et ép:iis ; l'écusson
proéminent et caréné, le métathorax à lign3s soulevées distinctes,
subépineux aux angles. Les tarses postérieures avec l'extrémité de
leur jambes brunâtres. Ab iomen subsessils, en ovale allongé, poli,
brillant, le premier segment avec 2 carènes sur son disque cotifluentea
au sommet, tous les autres finement marginés de roux au sommet ;
tarière en forme de tort éperon redressé, mais ne dépassant pas le
dessus du dernier segment.
Capturé au CapRouge.
G-en. Bassus, Fabr. XI, p, 272,
Aux 14 espèces décrit^^s, ajoutez le.* 4 suivantes. La
1ère, voisine de Va^itia, s'en distingue par son Se segment
abdominal sans tacbe à la base; les 3 autres se distinguent
comme suit de iHchneumo/ioides :
ADDITIONS ET CORRECTIONS AUX HYMÉNOPTÈRES. 11
Orbites antérieurs pâ^es :
Segments abdominaux 2 et 3 ceinturés de
lous 11. ichneimonoid'ss.
Segments 2 et ?> entièrement roux 16. CingulalUS. n. s».
Orbites antérieurs noirs :
Une tnche pâle au milieu du 'f;nnt. .... 17, elon«!^atUS,
Point de tacbe an milieu ili fro'it 18. ioiîgicorilis ii.sp.
15 Bas3e-à-épaulelte3. Bassîis se ipu!ait/s, ;iov. sp,
Ç — Lon<r. .20 pce. Noii- ; robu-te, le cbiperon, les niMiidibules?
de larges lignes orhitales, les écailles alaircs avec une liijcne en avuit et
une tache sur les bords lat'M-aux du mésothorax, une ta'he snr i'écus-
son avec lf>s hanches antérieures, bUuic. Antennes filiformes, as^ez
fortes I écusson proéminent ; inétathorax fortement ponctué. Ailes
hyalines, sans aréole, le stiirma noir. Pattes rousses ; les postérieures
avec l'extrémité desj-imbeset les tars'\s brun -foncé. Abdomen mb'iste,
déprimé à la base et comprimé à l'extrémité, les segments 2 et 3 >ivt c
une ligne jaune-pâ'e an sommet dechnque côté. — R.
Voisin de VagiJis, mais sans tache à la base du 3e seg-
ment ; sa taille aussi plus robuste,
16. Basse ceinturé-de-roux. Bassi/s cingulatus, nov. sp.
Ç — Long. .20 pce. Noir, poli, brillant, avec une bande rousse
à l'abdomen. Le chaperon, les mandibules, les palpes, de larges of
bites antérieurs, les écailles alaires, un point en avant avec une tache
sur le bord du prnthora^, l'extré iiité des hanches antérieures avuc tons
les trochmtins, j inne-:âle. Antennes fi.ifor.ues, noires, plus longncS
que le carps; écisson proéminent. Thorax robuste. Ailes hyalines,
sans aréole, 'e sîig ou noir. Pattes ro li-clair, les hanches noires avec
l'extrémité jiuiie, tarses postérieurs bruis, Abloncn 1 irge, déprimé,
le premier segment rug-ieux, les segments 2 et 3 roux, le ro.-to noir j
tarière courte, — K,
Voisin par sa forme du sagimlus, mais sans impres-
sions à l'abdomen
17. Basse allongé. Bassus elongaliis, Pror. Nat. vi,
p. 57, c?.
Ç—LoHL''. .19 pce. Noir, poli, brillant; les mandibules, une
tache au milieu de la face au dessous des antennes, les écailles alaires,
un point en avant, une petite ligne au dessons, une ligne sur les bords
latéraux du mésothorax, tous les trochmtins avec l'extrémité dis
hanches, jaune-pâle. Antennes agsez fortes, brun foncé, le so:ipe plus
12 LE NATURALISTE CANADIEN
OU moins taché de jaune au sommet. Ailes hyalines, iridescentes, sans
aréole, le gti^txia brun avec une tache pâle à la base. Pattes rousses,
les hunches noires, jaunes à l'extrémité, les 4 cuisses antérieures avec
une ligne noire en dehors. Abdomen avec le premier segment laree,
caréné sur ses côtés au sommet, rugueux de même que la moitié basi-
laire du 2e, le sommet de celui-ci, avec le 3e plus ou moins complète-
ment et quelquefois aussi la base du 4e, roux, le reste noir.
cj — Avec la face, le scape en dessous, une ligne verticale au des-
sus des hanches antérieures, les 4 hanches antérieures, jaune-pâle.
Après avoir décrit cette espèce sous sou uom propre,
nous l'avons ensuite donnée coiume variété de ïickneunio-
wofâ?es, mais la confrontation d'un grand nombre de spéci-
mens capturés depuis ne nous laisse plus de doute sur son
identité comme espèce distincte. Elle se distingue surtout
de ïichneumonoides par une taille moins robuste, plus allon-
gée, les orbites antérieurs et le labre toujours noirs et la
tache médiane de sa face que nous avons constamment
trouvée dans 10 spécimens ç que nous avons examinés.
18. Basse longues-cornes. Bassus longicornis, nov. sp.
$ — Long. .19 pce. Taille élancée, grêle, corps noir, poli, brillant;
le labre, les mandibules, le seape en dessous, un point en avant, une
li-^ne au dessous, tous les trochantins avec les 4 hanches antérieures,
iaune-pâle. Antennes fort longues, à articles allongés, brunes, plus
claires en dessous. Métathorax avec carènes formant une aréole en
carré à la base. Ailes hyalines, les nervures pâles ù la base, le stiguia
jaune-pâle, plus clair à la base. Pattes roux-clair, les tarses posté-
rieurs brunâtres. Abdomen à premier segment beaucoup plus long
que large, aciculé avec la moibé basilaire du 2e, le sommet de celui-ci,
avec le 3e et partie du 4e roux, le reste noir, les segments médians
sans impressions transversales.
Bien distinct des deu^ précédents, diffère surtout de
ïichneumonoides par ses orbites noirs, et de ïelong-atus par
son labre jaune, l^xaminé 9 spécimens.
Gen. Chorinsbus. Holra. XI, p. 278.
A l'espèce décrite, ajoutez la suivante.
Chorinée beaux-pieds. Ckorinœm pulchripes, nov. sp,
Ç — Long. .30 pce. Noire, les mandibules, les écailles alaires,
une ligne au dessous avec les jambes, blanc ou jaune-pâle. Antennes
ADDITIONS £T CORRECTIONS AUX HYMÉNOPTÈRES. 13
fortes, filiformes, noires, plus courtes que le corps. Thorax gibbeux
en avant, le niétatborax avec lignes soulevées formant une aréole en
carré sur le disque. Ailes légèrement enfumées, les nervuies et le
stigma, noir ; aréole triangulaire, subpédiculée. Pattes noires, les 4
cuisses antérieures teriuinées de jaune pâle, les jambes antérieures
blanches, les 4 autres blanches à la base et noires à l'extrémité les
tarses noirs. Abdomen ponctué, allongé, en massue à l'extrémité, le
1er segiuent avec ses 2 carènes du dis(|ue confluentes au sommet, le
3e avec une curèae médiane, le 22 avec une carène médiane seulement
au sommet,cettc carène se divisant en 2 à la base pour former une
espèce d'alvéole allongée ; tarière non sortante.
Capturée à Chicoutimi.
Geu. Orthocentrus, Grav. XI, p. 378.
Aux 5 espèces décrites, ajoutez la suivante.
6. Orthocentre face-blanche. Oithocentrus albofa-
ciatus, nov. sp.
Ç — Long. .22 pce. Grêle, noir ; toute la face avec des lii^nes
orbitales jusque sur le vertex, le scape des antennes en dessous, les
joues, le prothorax, les écailles alaires avec une tache en avant, les 4
hanches antérieures, les trochantins, la poitrine audessus des hanches
de devant, blanc. Le chaperon étroit et fortement convexe. Antennes
fort longues, noires, à scape court et fortement renflé. JNIétathorax
finement ponctué, sans lignes soulevées bien distinctes ; les flancs et la
poitrine, blanc plus ou moins lavé de roux clair. Ailes hyalines,
longues, sans aréole, le stigma brun-foncé. Pattes longues et grêles,
roux clair, les hanches postérieures plus ou moins maculées de noir en
dessus, leurs jambes noires d:.ns leur moitié apicale, leurs tirses aussi
noirs. Abdomen allongé, grêle, noir, les segments médians d'un roux
sale, le premier segment allongé, grêle, avec les tubercules stigmatiques
vers son milieu ; tarière courte, mais saillante.
Espèce bien remarquable par sa face blanche, le scape
de ses antennes gonflé, son chaperon convexe, etc.
Gen. Clistopyga, Grav. xii, p. 46.
A l'espèce décrite, ajoutez la suivante.
2. Clistopyge tronquée. Clistopyga tnmcata, nov. sp»
$ — Long. .25 pce. Noire, les palpes, les écailles alaires avec
les trochantins, blancs. Antennes médiocres, grêles ; thorax finement
ponctué, le mésothorax sans divisions distinctes, le métathorax court,
annuliforme, taché de roux sur les côtés, tronqué presque carrément ca
14 LE NATURALISTE CANADIEN
arrière. Ailes l<5irèrcinent onfuiuéep, sair? af.'olo, le? nervures et le
ptitrina noir. Pattes rousses y co'npris les liaruhes, les cuisses posté-
rieures noires à l'cxtri-raité, leurs jambes blntiches avec un anneau
noir nu-'Iessous de la base et I'extrduiite aussi noire, leurs tarses noirs
excepté à la base du 1er article. Abdomen robuste, convexe, large,
fortetient ponctué, avec des iuipressions formant des espèces de tuber
cules sur les côtés, les sc'j;uients terminaux entiers j tarière forte, delà
longueur de l'abdomen environ.
Un seul spécimen $ pris à Chicoutimi.
G-en. Glypta ; Grav. XII, p 65.
Alix 6 espèces décrites, ajoutez la suivante
1. Glypte ruguleuse. Glypta rvguhsa, iiov. sp.
cJ*. — Long. .20 pce. N'-ire, le cbuperon, les mandibules, les palpes
avec les écailles alaircs, blanchâtres. Pattes y compris les hanches,
jaune-roussâtre, les antérieures plus claires. Tête courte, à face
ri iifl'e pour l'insertion des antennes, celles ci longues, brunes, brun-
roussâire en dessous. Ailes hyalines, à aréole triangulaire, le stigma
bruu-roussâtre. Abdomen allongé, linéaire, ponctué-rugueux, en-
tièrement noir, les lignes obliques peu prononcées. — R.
Si'S pat (es eutièremont rousses la distinguent surtout
de la Canadensis, et des espèces voisines.
Gen. Lampronota, Curtis, XII, p. 70.
2. Lampronota j 00 osa, Cress, d^ p. 71.
Ç — Noire; face noire avec 2 lignes orbitales blanches au-dessus
de l'insertion des antennes se continuant jusque sur le vertex. Aréole
petite, triangulaire, subpédicnlée. L'extrémité dos cuisses posté-
rieures, leurs jambes excepté à la base, avec leurs taises, brun-foncé.
Tarière presque aussi longue que le corps.
Pris plusi 'urs spécimens au CapRouge.
12. Lampronota humeralis, Prov. d^ p 75,
Ç — La face, lesca;e. le protliorax, noir; 2 lignes orbitales sur
le vertex, avec la bouche et les écailles alaires, blanc; flancs noirs;
niétathorax en partie roux. Tarière plus longue que l'abdomen. Pour
le reste semblable au (^,
14. Lampronota Americana, Cress. ? p. 76.
(^ — Le chaperon, les mandibules, les côtés de la face avec une
tache sur les écailles alaires, blanc ; les 4 pattes antérieures rousses,
leurs hanches noires, leurs trochantins blancs ; les poî-l'iieures noires
avec la buse des jambes rousses. Abdomen noir à la base et à l'ex-
trémité.
ADDITIONS ET CORRECTION'S AUX HYMÉNOPTÈRES. 15
Gon. Arknktra, Holm XU, p. 77.
A l'espèce décrite, Mjour. z la sni vaille.
Arénètre noirette. Arenelra nigrita. "Walsh. Trans.
Am. Elit. Soc. iii, p. 159. 9 cf.
d — L'iiig. .40 pce. Noire; ];i têto, le thorax et la bnse de l'ab-
domen avec une pubescence p;ri-âtre longue mnis peu dense, cette
pube.-cence plus dense sur la tête et les flancs. Tiior.ix court, «zibboux
en avant; les écailles al.iires noires. Ailes K^îèrement enfu.néi-s, les
nervures noires; aréole triangulaire, subpétiolée. Pattes noires, les
genoux, les jmibcs et les tarses d'un roux brunâtre. Ab ionien atténué
ai!X 2 extrémités, le 1er segment finement rugueux transversal ment,
les terniinanx polis, le 4e et les suivants finement maiginés par une
ligne pâle.
Ç — Avec les eusses antérieures brun-roussâtre ; la tarière environ
de la moitié de j'ab lomen en lonijineur.
Difîi^re surtout de la Canndensis, Cress, par sa pubes-
cence blanchâtre et non noire.
G-en. Meniscus, fSchiodte XII, p. 78.
Alix 3 espèces décrites, ajoutez la suivante.
4. Ménisque marginé Meniscus margiuatm, nov. sp.
9 — Lor.sr- .30 pce. Noir; la l'ace nuir-foncé sans aucune tache;
antennes brun-foncé, plus conrtt\s (|ue le corps. Thorax court et
épais, les écailles noires. Ailes hyalines, les nervures noires, blanches
à la ba-e ; aréole subrhonib.'ï laie, noire, blamheà la base, l'attes
rousses, y compris le» hanches et les irochantins ; les jambes posté-
rieures noires avec un anneau blanc prè.s de la bise, leurs tarses aussi
noirs, tachés de blanc à la ba>e du 1er article. Abdomen fort, lisse,
tiè- finement ponctué, tous les segments finement marginés de roux au
sommet; tarière forte, plus courte que l'ab lomen.
Capturé à Québec par M. l'abbé Huart.
Gen. EcHTHRUS, Grav. XII, p. 97.
Aux 6 espèces décrites, ajoutiZ la suivante.
4. Echthrus nigricornis. Prov. p. 486; ci suit la d s-
cription de la ?.
Ç — La face noire ; le scipe des antennes brunâtre en dessous.
L'extrémité des cuisses postéri^nires avec hurs j imb s et leurs tarses,
noir. Tarière giô.e, de la, longueur de l'abdomen environ.
16 LE NATURALISTE CANADIEN.
7. Echthre pattes-rousses. Echihrus rubripes, uov. sp.
Ç — Lotig. ,25 pce. Noir avec les pattes rousses; les mandibules
tachées de roux. Antennes de longueur moyenne, brunes, grêles, à
articles allongés. Thorax robuste, finement ponctué, le métathorax à
lignes soulevées distinctes, tronqué carrément en arrière avec un
niucron aux angles. Ailes iridescentes, légèrement enfumées, à ner"
vures noires, sans aréole. Ecailles alaires blanches, Pattes d'un
beau roux y compris les hanches, les postérieures avec les tarses et
l'extrémité dos jambes, brun-foncé. Abdomen en ovale, à pédicule
grêle, élargi au sommet, finement ponctué ; tarière de la longueur de
l'abdomen.
Voisin du nigricornis mais s'en distinguant surtout par
la forme de son métathorax et son absence d'aréole aux
ailes.
Fam. des BRACONIDES, Vol. XII, p. 130.
Gen. Bracon, Fabr, XII, p. 136.
Aux 17 espèces décrites, ajoutez la suivante :
18. Bracon net. Bracon nitidus, nov. sp.
cf Ç — Long. .16 pes. Noir, poli, brillant ; la bouche, le soape
en dessous, les pattes avec une bande sur l'abdomen, jaune roux.
Thorax sans aucune tache. Ailes plus ou moins enfumées, les ner-
vures noires. Pattes entièremont rousses, les jambes postérieures avec
leurs tarses légèrement lavés de brunâ're. Abdomen court, en ovale
élargi, poli, brillant, noir, le 2e segment avec le 3e excepté au sommet,
roux, le 1er segment avec une protubérance au milieu. Tarière de la
longueur de l'abdomen environ.
Voisin du lutus, mais s'en séparant par ses pattes en-
tièrement rouses, son abdomen noir à bande rousse et son
thorox de même que la tête sans aucune tache de jaune.
Examiné 1 d" et 2 ç.
Gen. Opius, Wesm. XII p. 164.
A l'espèce décrite, ajoutez la suivante :
Abdomen rouge à l'extrémité 1. palllpeS,
Abdomen tout noir 2. politUS, nov. sp.
2. Opius poli. Opius politus, nov. sp.
çj> — Long. .12 pce. Noir avec les pattes rousses ; la bouche avec
les 2 articles de la base des antennes roux. Ecailles alair<is blau-
coots TODRS
KC.YI'T. TIIK .VII. K,
PALESTINE.
TIUKKY. CIIEKCK.ITAI.Y It.
ADDITIONS ET CORRECTIONS AUX HYMÉNOrTÈRES. Jf
châtres. Pattes entièrement rousses. Ailes hyalines, le stiirma long
étroit, brunâtre. Le thorax n,ii;ueiix. Abdomen poli, brillant à part;
!o 1er segment, noir avec ti;inte de roux plus ou moin.s prononcée sur
le dos.
Un t<( ul specimen capturé au CapRonge
Après le geii. Gamosecus, Prov. XII. p. 167, ajoulez
le suivant :
G-eu. MîCROOTONE. Microcfomis, TVosmael.
Tête an carré transversal, à vertex plein, épais. Thorax
court et robuste. Aih'S avec une radiale courte, arrondie
en portion de cercle sur le stigma, une seule cubitale
fermée et 2 discoïdnles distinctes. Pattes ordinnires ; ab-
domen pédicule, ce pédicule ordinairement élargi en ar"-
rière. Tarière apparente on cachée.
Ce g'ure se" distingue surtout des Gamocelles par sa
1ère cellule cubitale qui est séparée de la 1ère discoïdale.
Une seule espèce rencontrée.
Microctone ponctué. Microctonns pivnctolti-î, nov. sp.
cf" — Jjong. .11 jice. Noir, densément ponctué, surtout bur le uié-
tathorax. Les hinclies. les antennes, les écailles alaircs avec les pattes,
ronx-clair. Ailes hyalines, le stignia br'in, la 1ère cubitale assez
grande. Les pattes postérieures nvea les cuisses et l'extrémité des
jambes, br inâtres. Abdomen déprimé, fusifornie, noir, plus ou moins
rous.-âtre sur le 2c serment, le premier ponctué-rugueux, grêle à la
base et élargi à l'estrémité, les autres polis, brillants.
Un seul spécimen cai)turé.
Gen. MiCRODUS, Esenb. XII, p. 178.
5. Mierodus bicolor. Prov. Ç, p. 179.
ç^— Avec l'abdomen entièrement et le métathoras en grande par-
tie, roux.
Gen. MiCROGASTER, Latr. XII, p. 194.
5. Microgaster enslger. iSay c?, p. 195.
ç_Sc:ipe des ant(Mines noir. Toutes les pattes rous.ses, les
jambes postérieures noires à l'cxtrétiiité. Abdomen ru'.:uoux, le 1er
segment m;irginé de roux de eha(|ue côté, le 3e avec un point roux
de ch if|ue côté, les côtés roux-jaunatre. Tarière presque ausbi longue
que le corps.
18 LE NATURALISTE CANADIEN
Gen. Rhitigaster, Wesm. XII, p. 201.
A l'espèce décrite, ajoutez la snivanto :
2. Rhitigastre petit. Rliiligaster parvus, nor sp
9 — Long. .11 pce. Noir, le scipe en dcs«ou?, avcr; les pattes,
jaune-rous^âtre plus on moins sale. Antennes lo!i<riîcs, brun-rou.S!?âtre
en dessous, surtout à la bise. Thorax noir smus uucune tache. Ailes
hyalines, le stigma long et étroit, brun rdussutrc ilo n)êmo que les ner-
vures ; radiale grande, atteignant presque le boiit de l'aile, sa nervure
inférieure courbe, 1ère cubitale recevant la récurrente ù son angle ex-
terne, la 2e longue et dtroite ; ailes inférieures frangées de longs cils
blancs. L'extrémité des tarses brunâtre. Abdomen petit, brillant^
élargi et épaissi postérieurement, ses côtés obscurément roussùtres, j
tarière à peine sortante, noire, épaissi;- ù l'cxtréunté.
Uii seul spécimen capturé à Chicoutiaii.
Gen. Alysia, Latr. XII, p. 202.
Aux 3 espèces décrites, ajoutez les 2 suivantes:
Thorax et abdomen, noir 1. caudata.
Thorax noir, abdomen roux 2. IncenS.
Thorax noiiâtre, abdomen noir, taché de jaunâtre.. . 4. astigœa, n. sp.
Thorax noir taché de roux ; abdomen noir taché
de blanchâtre 5. ru"bricepS, n. sp.
Thorax noir, abdomen roux, tête noire 3. nigricspS.
4 Alysie sans-stigma. Alyda astigma, nov. sp.
Ç — Long. .13 pce. Noire ou nuiiâtrc |>lus ou uidins foncée, polio,
brillante, les mandibules excepté ù l'extrémité, les palpes, le scape, les
écailles îiluires, les pattes avec le ventre, jaunc-pâ'e sale. Antennes
jaunâtres en dessous à la base. Thorax court, assez robuste, noir avec
teinte de jaunâtre. Ailes hyalines, iride-centcs, à nervures brunes, à
stiiîina allongé, très étroit, presque nul. Pattes jauncs-ale, l'extrémité
des tarses noire. Abdomen subsessilc, le dos noir excepté ù la base j
tarière du tiers de sa longueur environ, redressée.
Espèce bien distincte par son absence presque com-
plète de stigma.
5. Alysie tête-rouge. Jîlysia rubriceps, nov. sp.
(-^ — Long. .15 pce. Noire; la tête ronge au dessus des antennes
excepté une bande noire au milieu ; les joues b';ajcl;âtres, le reste noir;
les mandibules, les écailles alaires, le scape avec Ls pattes, jume-blan.
châtre. Ailes hyalines, le stigma grand, brun, l^e thorax d'un noir
brillant avec uac tache rousse sur chacun des lobes latéraux du méâ>
ADDITIONS ET CORUrCTION's ACX HYMÉNOPTÈRES. 19
thornx, pre. <le l'ocusso... Ab.loM.on a]lont,'é. ]in<?airo, noir avec u.io
tache blanchâtre sur le lÎos an inilie-i ; lo ventre bianchâtre.
Espèce bioii veni:irqnabIo ]);ir ^^s (achos ronssos de sa
face <>t (Iti son thorax. Capturé plusieurs d au Cap Rouge
on Oclobre, aucune o.
f2. Alysia lucens, Prov. p. 202, ks trois 1ères ligne de
la drsc!ipt:o:i doivent se lire comme suit :
Ni.Iie av'c l'abdomen rouge, polie, brillante ; !e,^ mandibules ex.
c-pté ù rextréinite, le f-cape on dessous, les pattes y compris les hanchcg
jauiic-aiiel ; l'abdomen jiuiioniiol avec le 1er segment noir plus ou
moins foncé, etc,
Fam. des CYNIPIDES, XII, p. 225.
Cren. Cyxips, Linn.XlI, p. 231.
Aux trois es')cce!5 décrites, ajoutez la suivante :
4 Cynips du-chêns-fasiforme. Cynips quercus-fusï'
formis, O «ack, Pioc Eut. Soc Phil. I, Qi.
Ç — L()!!;r. .lOjce. Noir, antennes jaune-brunâtre, brunes à
rcstroiiiiti', d ; 13 ariioiis, le dernier article 2 fuis plus long que le
prt'c'iicnt. F.icc pubo.scu'Htc au dessoi:s des anienncs. Thorax très
fi:icmeiit poiictU'', pnbr^ecnt aux c^pau'es-, le di.->f|uc portant 2 sillons
convergeant vers l'écussor?. Ailes hyalines, les veines (épaisses, l'aré-
ole triangulaiie, la 2<i nervure transverse ar(|uéc, quelque peu oblique.
Patte.-i ferrugineuses jaunârres, les jambes postérieures brunes. Abdo-
men <liin bi un châtaigne, le 2j segment avec une bande rousse près
<le son sommet, tarière longue et redressée.
Capturé à Toronto sur le Quetcns olba par M. Brodie.
Gou. DiASTUOPHUS, llartig, XII, p. 234.
A rcspèoe décrite ajoutez la suivante :
2. Diastrophe à-5-cûtes, Diasirojihus 5-coslalus, nov.
s p.
^ — Long. .12 pce. D'un ronx plus ou moins brun avec pubiîs-
ccncc peu abondante et brillante ; la f .cj et le thorax finement acicu-
lé--. L'extrémité des mandibules, une tache de cliaque côté du cliape-
lon, les antennes excepte à la base, une tache ù la poitrine, le métaiho-
rax avec l'extrémité dn Ventre, noir. Dos du thorax partagé pres(iuo
(•galenient en cinq côtes bien distinctes. Ailes légèrement obscures,
les nervures foi tes, ombrées. Pattes sans aucune tache, écaille vcntialo
ne dépassant pas l'extrémité de l'abdouicu.
20 LE NATURALISTE CANAniKJ*
(^ — Entièrement noir avec les pattes rousses ; le thorax partagé
en côtes comme dans la Ç .
Capturé à Toronto par M. Brodie, sur la Ruhus strigo
sus.
Après le genre AuLAX p. 235, ajout* z h suivant.
G en. Synerge, Synerges, Hartis^.
Antennes de 15 articles dans les S" et 14 dans les $•
Thorax aciculé transversalement en avant de l'écusson ;
oelui-ci ruffueux. Flancs à peine scabres. Pédoncule ab-
dominal formé de 2 parties, la première en forme de cylindre
court et la 2e plus grande en forme de cône tronqué, ayant
sa pointe plus étroite en arrière. Second segrneîit lormant
presque à lui seul tout l'abdomen, à part le pédoncule,
Yalves de la tarière redressées. Ailes à radiale fermée
supérieurement avec l'aréole au milieu.
Une seule espèce rencontrée.
Synerge fausse -Rhodite. Sy neiges Rlioditiformis^
Walsh Proc. Ent. Soc. Phil. II, 499.
Ç — Long. .10 pce. Jaune pâle ou rou?t-âtre ; l'extrémité des
mandibules, une tache sur le vertex se continuant sur le collier et sur le
milieu du mésothorax presque jusqu'à l'écu.sson. le niétathorax avec une
grande tache sur l'abdomen ; noir. Antennes j lunes. Thorax avec
fines aciculations transverses, surtout près de l'écusson. Valves de la
tarière redressées mais ne dépassant pas la ligne dorsale. Pattes de la
couleur du corps.
Capturé à Toronto sur le chêne blanc.
G-en. KleIdotoma, Westv^^. XII, p. 237.
Aux 2 espèces décrites, ajoutez la suivante.
3 Kleïàotome très-petit. Kleidotoma minima, nov. sp.
Ç — Long. .08 pce. Noir brillant, les pattes jaune roussâtre.
Ailes hyalines à cervures peu distinctes, bordées d'une longue frange
brune. Très remarquable par la longue frange brune de ses ailes,
{A coniimier.)
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM 21
DE QUEBEC A JERUSALEM.
(Continué de la page 380 du Vol. XIII)
Il convenait de commencer nos. visites par celui-là
même qui nous donnait l'hospitalilé. C'est donc au Coii-
veni de S. Saifveur, résidence des RR. PP. Franciscains,
que nous portons d'abord nos pas, pour saluer leur supé-
rieur, le Révérendissime Père Custode.
Au sortir de Casa Nova, nous prenons la gauche, puis
à Cjuelques pas seulement, nous tournons à droite pour en-
trer, en descendant quelques marches, dans une rue cou-
verte, simulant un porche, au milieu duquel s'ouvre à
gauche la porte qui donne entrée dans le Couvent. Nous
montons un escalier pour suivre le corridor qui nous con-
duit au salon du Couvent, où le Révérendissime Père Cus-
tode fait ses réceptions.
C'est le Père Vicaire, le T. Rév. P. Frédéric de Grhy-
A'elde (1) qui nous sert d'introducteur. J'étais bien éloig'iié
de penser alors que j'aurais, quelques mois plus tard, le
plaisir de rencontrer ce même Père eu Canada, et bien plus,
l'honneur de l'héberger dans mon humble demeure.
Le salon du Couvent est à peu près disposé comme
celui de Casa Nova, quoique un peu plus simple. C'est
une grande salie rectangulaire, avec le milieu libre, et des
divans disposés le long des murs. Le Custode, le liévme. P.
Guido, est de haute s'ature, encore dans la Ibrce de l'âge, et
de hgure tout-à-fait avenante. Quoique Italien de naissance,
il parle facilement et très correctement le français. Il m'a
paru en tous points digne de la haute position qu'il occupe ;
car bien que depuis quelques années il y ait un Patriarche
latin à Jérusalem, seul le Supérieur des Franciscains est
(1) Ghyvelde est une petite ville de France, sur les confins de la Bel-
gique, où e.st né le Père FrèJéric. Comme les noms de saints que prennent
les franciscains en entrant en religion, pourraient, en se répétant, créer de
la confusion lorsque ces religieux viennent à changer de couvent, on ajoute
^'ordinaire le nom de leur lieu de uaissauce à celui qu'ils portent en religion*
22 LE NATURALISTE CANADIEN
rpconnn diplomatiquement par los antorifc;'?;. Uni au
Consul français, ils ont souvent à ré^'ler des affaires très
difficiles et de la plus hante iraportniict' ; la Franco étant
de droit, avant tonte antn» n:'tion, la protectrice des Shunts-
Lieux. La conversation que nous entretenons pendant
quelques minutes avec le Révdmo Père, nons le mon ire
homme très digne et de fort bon commerce. ():i ne maiiqne
pas de nous passer le pi^tit veri-e de ralViiiclussemeiit qui
est de rigueur dans toute réception en Otieiit.
Le Couvent de S. Sauveur est une très aiicienno cons-
truction, très irrégulière et défectueuse en jVias d'un endroit.
Bien que les franciscains soient les religieux piuivres par
excellence, leur résidence nous a pi ru excéder enci^re eu
plus d'un point les bornes de la simple pauvreté. L'Uir
église, par exemple, qui est en rnêmo temps l'église parois-
siale des latins de la ville Sainte, est reléguée (huis un gre-
nier, de dimensions bien trop restreii!ii»5<, et qu'oîi a accom-
modée du mieux possible, mais qu'il Ji'y avait pas moyen
de disposer d'une manière convenable j>i)nr f-a, (lestination.
Les bons Pères attendent toujours avec conii uice que le
zèle "'énéreux des fidèles do 1 Occident hnir pei motte de
bâtir bientôt une ég-lise capable (ie répondr(^ et aux l>i\-oins
de la population et aux exigences des nombreux pèlerins
qu'ils reçoivent.
C'est en 1G19, que le Patriarche de la. sainte pauvreté,
le stigmatisé de l'Alverne, vint lui-rnoine établir ses fières,
auxquels il légua son nom, auprès des vénérables sanc-
tuaires de la Palestine, et dt'puis lors, c'est-à dire depuis
plus de six siècles, ces enf mts dévoués du pauvre d'Assise,
sont constamment demeurés fidèles î) leur poste. Soumi»
à des privations de tout genre, n'ayant d'autres ressources
que les aumônes que leur envoyait la piété desiidèles d'Oc-
cident, persécutés, pourchassés par les divers gouverne-
ments, décimés par la peste, ou |>;oio à toutes les vex i-
lions que la haine du christianisuîo -ait inspirer aux inli-
dèles et aux schismatijues, ils ont lourui plus de deux
mille martyrs aux ennemis du crucihé du Golgotha ; mais
sont toujours demeurés f^Munes à leur poste. L; cimeterre
du musulman, le glaive du i^chisinatique, ou la peste rodou-
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM 23
table de FOri nt venoient-ils à éclaircir leurs rang-s, de
suite de nouveaux sujets, avides de si belles couroîiues,
s'offraient pour los remplacer. Toujours ils ont con-
tinué l'npostolat du martyr S. Jacques, cousin de N. !S. et
premier Evêque de la ville Sainte ; toujours ils ont pait,
aux milieu de tlilEcultés sans nombre, le troupeau de la
petite église de Jérusalem, qui toujours, comme au temps
du Christ, n'a ior:né qu'une inlime minorité au milieu d'in-
lidèles et d'iucroyauts, mais toujours a su conserver sa foi,
et a pu par sa piété résister à l'entraînement de la séduc-
tion et du mauvais exemple.
Les bons religieux sont ici au nombre de deux cents
environ, car en outre d'une quarantaine de Frères à la tête do
divers ateliers, te.îit pour les besoins de la mission que commo
maîtres pour développer l'industrie chez les Arabes, c'est à
S. Sauveur que se réunissent les chapelains des divers
sanctuaires, les curés des paroisses du voisinage, les des-
servants des hôpit;vux, écoles, orphelinats, etc. C'est aussi
là que se lecruteiit et s'échangent tous les trois mois, les
gardiens du S. Sépulcre qui, eux, sont obligés de se renfer-
mer \iï pour leurs oflices de nuit durant leur temps de
girde, car les portes de la Basilique sont fermées tous les
soirs par l'autorité Turque et ne s'ouvrent le matin que sur
demande et moyennent finance.
Bien quo la famille franciscaine soit partagée en trois
branches, les Oos.Mvauts, les Capucins et les Conventuels,
c'est aux Observants seuls, qui forment, on pourrait dire, la
branche aînée ou du moins la branche principale de la
famille, qu'est dévolue la garde des Lieux-Saints. Los
sujets sont recrutés "parmi les différentes nationalités de
l'Occident, et ils viennent ici soit simples novices pour ter-
miner leur noviciat, ou ayant déjà fait leurs vœux, pour
leur temps d'ofîieo qui est ordinairement de six ans.
Le Discrétoire ou Conseil d'administration de la Cus-
todie de Terre-Sainte, se compose de 20 membres, dont lo
Custode doit torijours être un Italien, le Vicaire un Fran-
çais et le Procureur un Espagnol ; les autres membres se
partagent entre didéreutes nationalités, pourvu toutefois
que les Français comptent au moins 4 des leurs dans ce
Coneoil»
24 LE NATUllALISTK CANADIEN
Kemfttaiit à nn autro moment à i";iire la visite dos diffé-
rents ateliers que dirig.Mit les frères de S. Sai'.venr. iions
passons de là chez lo Patriarche latin, Mgr. Vincent Bracco.
CyVst à peu près ici le niênie cérémonial qu'a S. Sau-
veur, c'e^t-à-dire que nous nous rangeons sur l(>s divans qui
bord»nit la salle de réception, et le Patriarche vient se
mettre au milieu, à l'une dos extrémités ; le petit verre de
rinfinnir tait aussi sa ronde, et la conversation roule parti-
culièrement sur les divers incidents de notre voyage.
8a Béatitude touchi> à peine à la cinquantaine, mais
"Une santé délicate, un tempérament faible, et, ajonte-t-on,
une grande austérité de vie, le donneraient facilement
comme beaucoup plus âgé. Sa barbe peu fournie n'est
encore que grise plutôt, que blanche, <>t son teint pâle et
ses traits amaigris nous présentent une fiirure d'ascète qui
n'exclue cependant pas la, sérénité ni même la bonne hu-
meur Elle parut particulièrement intéressée de la pré-
sence des deux Canadiens de la Caravane, et nous lit plus
d'une question sur notre pays. Le pa'ais qu'il habite avec
sa cathédrale (jui y est adjointe sont de construction toute
récente, t'es propres et de fort bon goût.
Le Patriarcat latin de Jôinsalem, interrompu dejuiis
des siècles, fut rétabli par Pie IX en 1846, dans la personne
de Marr Valersra, dont Mii^r Bracco est le successeur iuuné-
diat. Cependant, comme je l'ai fait remarquer plus haut,
le Patriarche n'est pas reconnu di()lomatiquement comme
tel, et dans toutes les affaires civiles, c'eyt au Rme P. Cus-
tode qu'il appartient de figurer.
Avant le rétablissement du Patriarcat, le Custode avait
presque le rang d'évêque, il donnait la conhrmation et les
Oidre:--Mineurs, consacrait les calices, officiait avec mitre
et crosse etc. Mainteiu^nt il ne peut plus remplir ces diff'é-
rentes fonctions. Il peut encore cependant officier avec
mitre et cro-se, prêtre assistant etc., mais il doit à chaque
lois s'entendre sur ce point avec le Patriarche.
Nous prenons congé du Patriarche pour nous rendre
chez les Frères des Ecoles Chrétiennes, dont nous avons
vu l'établissement en passant.
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM 26
Cost dans la partie N. O. de la vi!le, si.r le mont
Gaveb, le point le plus élevé de la Cité Sainte, qu'est situé
cet établissement. Aussi le Fre Evagve, le kSupérieur, ne
manqua pas de nous inviter à monter sur la terrasse qui
nous offre le panorama le plus complet qu'où puisse avoir
de Jérusalem.
Le bon Fre Fvagre, esprit subtil, délicat, homme ins-
truit et très perspicace, nous doima les renseignements les
plus intéressants sur son son établissement- Arabes chré-
tiens, juifs, musulmans, schismaticjues, tous se coniondent
sur les bancs de son école, il n'y a pas jusqu'aux ejifants
mêmes du Pacha 'iurc qui ne viennent s'y ranger avec les
autres, et tous reçoivent la même édueation, française avant
tout, bien qu'on y enseiirne aussi l'arabe, l'italien, etc. FJt
chose bi«'n diune de remarque : tandis que nos grands génies
français ont peur d'un cruofix dans une écolt\ ici les fana-
tiques sectateurs de Mahomet, non seulement ne redoutent
en aucune façon l'image du Christ, mais ne s'offusquent pas
même de sa doctrine, témoin ce fils du Pacha qui dans un
concours remportait le prix d'instruction religieuse. Quel-
qu un ayant fait au pare de l'enfant des observations à ce
sujet ; — •' mais quoi dil-il, la morale est excellente, c'est le
culte que nous devons rendre au Très-Haut; qnant à la
manière de traduire ce culte, mon his, lorsqu'il sera plus
âffé saura fort bien se rattacher à celle que suit sa famille
et sa nation." Allez donc, grands moralisiitcur.s modernes^
-prendre des leçons de tolérance et de philcsoidiie des raa-
hométans Turcs !
Revenant sur nos pas, nous passons de nouveau le
porche qui couvre l'entrée du couvent de S. iSauveur, et
pouisuivons cette rue qui descend en ligne droite du mont
Acraj passons devant la Basilique du S. Sépulcre, mais du
côté apposé à son entrée, et tombons dans la Voie Doulou-
reuse qui fait suite A celle que nous suivons, à l'eiulroit de
la 8e station du chemin de la Croix, puis, tournant à gauche
un peu plus loin, dans une rue se dirigeant au ]SI. vers la
porte de Damas, nous nous arrêtons en face du Consulat
français. î^ous pénétrons à fintérieur où l'on nous introduit
dans un somptueux salon qui sert au représentant delà
France pour ses réceptions officielles.
26 LB NATRBALISTE CANADIEN
M, Pntrirnonio, lo Consul Franc lis, dont on nous avait
plus d'une fois vaiité la piété ot lo& bonnes dispositions, est
encore un j(Mine homme, dépassant à peine la quarnntaine.
Mîiturellement timide, il se montra cependant afi\ble et
très aimable. II parut surtout ench;inté de recevoir des
compatriotes dans la personne de nos conpagnons de
voyMjçe. Il va sans dire que le petit verre de rigueur fit
aussi là la ronde.
Nous retournâmes de là sur nos pas en remontant la
rue que nous venions de descendre, j)our rentrera Casa
Nova. où. l'heure du diner aussi bien rino la voix de nos
estomacs, après ces courses avec un jeûne de caverne, nous
commandaient d'arrêter.
Comme ça ressemble à la Morae !
Nous avons souvent répété que les connaissances eu
histoire naturelle seraient i)our nos littérateurs si non indis-
pensables, du moins des plus utiles, Oi ne peut écrire sans
avoir à compter avec la nature, et on ne peut parler de ce
qu'on connaît pas, sans s'exposer à commettre des bévues^
et les plus lourdes de ces bévues sont toujours à la charge
des plumes les plus élégantes, des partisans du beau lan-
gage.
Kien de plus naturel. Lorsque l'antienne est donnée
sur une note élevée, on a droit de compter qu'elle sera con-
tinuée sur le même ton. Celui donc qui veut amuser par
sa manière recherchée de dire, doit avant tout bien savoir
ce qu'il veut dire, s'il ne vent f.iire taux bond à son an-
tienne et s'empêtrer dans sa gamme. Le moins qu'il puisse
lui arriver alors est de s'épandre en de superbes naïvetés, si
toutelbis il ne tombe dans des baloiirc'ises impardonnables.
Passant dernièrement dans S. Roch, nous vîmes, au
coin d'une rue, un rassemblement tout occupé à écou-
ter un certain orateur occupant le centre du cercle.
COMME ÇA RESSEMBLE A LA MORUE. 27
Nons lions approchons par curiosité et prêtons un mcmenl
l'oreillo.
C'était; n de ces limits A gros grains qui avait pris
à tache d'éhahir de ses naïvetés les budaudy qui voulaient
bien i'onlcndro.
— Qui (>st-co qui ressemble le plus à une moitié de
gueule tie four ? s'écriait h', persoiniago.
Et les badauds de demeurer cois.
— Mais c'est l'autre moitié, repronait-i' dun triom-
phant et on poussant un niais éclat de rire.
liivoloutairomcnt nous nous somme rappelé cette
naïveté en lisant le premier article de VO/niiioii Pu-
blique du 18 j:ii:vier, intitulé: " Le petit-poisson." M. Ben-
jamin Suite, car l'article est signé de lui, après nous avoir
fait l'histoiie d'une morue près de trois colonnes durant,
semble tenté de s'écrier : comme ça ressemble à une
morue î " 11 a pourtant avec la morue des points de ressem-
blance," dit l'écrivain.
Il en a tant et si bien qu'il ne forme pas- une classe dif-
férente," comme l'avance M. Suite, ni même un genre dif-
férent, mais (jUe c'est en tout point une véritable morue,
non pas toutefois le petit de la grosse morue, mais une
morue d'une espèce différente, qui est à l'état adulte
lorsque nous la voyons dans nos eaux, puisqu'elle y vient
pour frayer, et dont le nom scientilique est MorniJia prui'
nosa, DfKay, morue prumeuse, vulgairement ])elUe inouïe,
tandis que le nom de notre morue commune, celle qu'on
pêche dans le Grolte et qu'on exporte en si grande quantité,
est désignée par le nom de Morrhua Americniuia, Store-.
La première ne diffère de celle-ci que par sa taille plus
petite, sa queue distinctement arrondie etc On peut voir
les descriptions de l'une et de l'autre dans le Naturalisiez
Vol. VIII, p. 130 et suivantes.
Nous ferons observer à M. Suite que le nom commun
de petit poisson qu'on applique à la morue pruineuse, n'est
en vogue qu'aux Trois-Itivières et dans les environs. Par-
tout ailleurs elle est connue «ous le nom de " petite morue.'*
Parlez à Québec de petit poissou, ou ne manquera pus de
■:28 LE NATURALISTE CANAPIRNS.
TOUS demander : mais de quel petit poisson voulez-vous
parler ? On ne comprendra pas que ce nom commun puisse
désigner une espèce particulière.
M. Suite met en question si la petite morue peut être
le petit de la grosse, puis il ajoute:
" Si ce petit-poisson était l'enfant de la morue, il ne
viendait p^s frayer jusque chez nous. ÎS's domaines mari-
times lui suffiraient "
Ce n'est pas là une raison concluante, car ]:)lus d'un
poisson de m n- viennent frayer dans les eaux douces, tels
que l'alose, le saumon etc.
Dans l'énumération que fait M. Suite des poissons qui
abondent aux Trois-Riviôres, ilinciat l'éperlun, qui, dit-il,
" se cache dans les criques où l'eau est glacée en toute
saison,"
Nous pensons que M. Suite fait ici erreur, car comme
la morue pruineuse, i'é[)erlan, Osnien/s vin'descens, Lesueur,
le Smelt des anglais, est aussi un poisson de mer qui ne re-
monte dans les rivières qu'au temps du frai, et nous ne
sachons pas qu'un en ait jamais pris au lie&si.s de Québec.
Nous concluerons de tout ceci que les connaissance eu
histoire naturelle ne peuvent nuire à personne, qu'elles
sont d'un immense secours à tous les écrivains et qu'elles
deviennent presque indispensables aux amateurs du beau
langage, surtout aux plumes légères et élégantes.
v^r.^,/^^ '>^"© *
UN JESUITE NATURALISTE.
La légende rapporte que S, Ignace, le fondateur de la
' Compagnie de Jésus, visitant les Lieux-Saints, JNotre Sei-
gneur en croix lui apparut comme il descendait du Cal-
vaire et lui dit : Que désirez- vous pour votre ordre ? —
Faites, Seigneur, aurait répondu le saint, que les épreuves
ue lui fassent jamais- défaut. ., ■' -\. -• - ,- ^ -^
UN JÉSUITl'; PTATURALTSTB. ' 29''
Sans condamner la foi qu'on peut ajouter à cette croy.
ance, nous pensons qu'on jieut trouver dans des causes
tout» s naturelles les motits des persécutions continuelles-
qu'on a suscitées contre les Jésuites. Ces motifs nous les
trouvons daius la perversité habituelle du cœur humain,
qui s'offusque de tout ce qui le surposse, qui se croit d'au-
tant plus abaissé qu'il voit les autres élevés davantage.
JNul oidre peut-être a fourni plus de sujets distingués
dans toutes les branches des connaissances humaines que
la Compagnie de Jésus ! Théologiens, orateurs, exégètes,
linguistes, historiens, chimistes, astronomes, etc , nous trou-
vons des sommités appartenant à l'ordre des Jésuites, dans
toutes les branches des scieiices. Le P. Secchi dont la
mort est encore toute récente, est réputé par tous comme
le plus graand astronome de ce siècle
Nous voulons aujourd'hui faire connaître à nos lecteurs
une autre sommité scientilique appartenant à la Compa-
gnie de Jésus dans la personne du K,. P. He nde, mission-
naire en Chine depuis de luugues années, et qui sest ap-
phqué, lui, aux sciences naturelles.
L'empire Chinois, par son immense étendue, son riche
territoire et son climat varié, a fourni, de tout temps, un
vaste domaine à la curiosité des savants. Mais tout ce
qu'on en a pu apprendre nous vient presque exclusivement
des missionnaires qui, tout en marchant à la conquête des
âmes, cueillaient par ci par là quelques spécimens de ces
riches contrées que leurs études le plus souvent ne leur
permettaient pas de déterminer rigoureusement d'après
les données delà scienee, et dont les savants Européens
pouvaient profiter avec plus ou moins d'avantage.
Mais le P. Heude, lui, n'est pas seulement un mission-
naire zélé qui, tout en s'acquittant de son sublime aposto-
lat, sert d'instrument aux savants de l'Europe, mais il est
lui-même un savant capable de tirer parti des trésors qii'il
rencontre et de tracer la route à d'autres qui pourraient
venir après lui.
Le champ qu'il a entrepris d'exploiter n'est rien moins
que la zoologie dans toutes ses branches appliquée à la
Chine centrale.
30 LB NATURALISTE CANADIEN.
Depuis quelques années c'est particulièrement à la
Malacologie qu'il a voué son attention. ])i\j;\ huit fasicules
sur les mollusques, avec »»xcelIentt'S jçravuros, ont vu le
jour. De nombreuses espèces nouvelles y sont sij^nalées ;
le genre Cobicula seul ne lui en fournit j):is moins de 49.
Chose assez singulière, une ressemblance étoii liante rap-
proche pla.'-i''Uis espèces des lypes caractéristiques de nos
mollusques de l'Amérique du Nord. Couiuie les nôtres,
la i-lupiirt ne se distinguent par aucune p:u ticnlirtrité de
coloration, presque tous sont d'une corne jaune uiiilorme.
Le savant Jésuite vient de décrire tout dernièrement,
dans son grand ouvrage in-4 qui a pour litre : Mémoires
coneernaiit l'hisLoire nalurelle de l'Empire Chinois, les mol-
lusques terrestres, formant 87 pages de texte avec 21
planches lithographiques. Planches et iuiprc^s^ions ont
été été exécutées à Chaiig-Haï où se trouve la Procure de
la mission. Les dessins ont été exécutés sous 1 1 surveil-
lance du P lieude, par un jeune chinois, élève de leur or-
phelinat. Si ces dessins n'ont ni l'élégince, ni le relief de
ceux des artis(''s Européens, ils ont du moins le mérite
d'une exactitude irrei>roch;ible.
Les ouvrages du P. Heude sont fort estimés des sa-
vants et font autorité dans cette branche des sciences.
C'est au moment où les corps religieux sont mis au
ban de l'opinion publique, au moment que pour leur faire
la guerre on n'hésite pas à vi )ler les lois les plus sacrées
delà propriété et de la liberté individuelle, que ces phi-
lantropes véritables en se rendant jusqu'aux extrémités du
monde pour y arborer l'étemlard du Christ, ne dédaignent
pas de prendre aussi les intérêts de la science, et de planter
des jalons qui serviront peut être de guides à ceux-là
même qui les traitent en proscrits et les qualifient d'ob-
scuraniistes et d'éteignoirs C'est ainsi que les chrétiens,
à fexemple de leur maître, savent se venger !
TIIE ACADIAN SCIENTIST. 3Î
eel
THE ACADIAN SCIENTIST
Tel e>< le iitro d'ane nouvelle publication sur l'histoire
naturelle qui vimit dejianntre A WoIIVille, Nouvelle Ecosse.
De tout-^s les piib:ie.ali0!us scieutiliqui's mensuelles,
ilU'ci est la moins chère, puisq'.-io raboniiement n'est que
de 25 cts i)ar an : et avec un ])rix si b is, on vent encore
offrir des primes; et cela pour deux raisons, disent les ré-
dacteurs: 1° pour assurer au journal une vaste circnl.ition ;
2° ce primes co:isi>tant en sprcimens de minéralogie, osi
veut engager ))ar là ceux qui les recevront à les étudier,
ce qu'ils n'jin.raiep.t pu iaire sans les posséder.
A tonte personne en\()yant cinq abonnements 11.25,
on adressera pour 50 cts. de spécimens ; pour 10 abonne-
ments, §1 de .'spécimen--.
IjAcndinn SrieNlist est l'organe de VAcadian Science
Clitb, société qu'on vient ao. loi mer à la jNouvelle-l^lco.^^se
pour l'aire nnitie le giût ponr les connaissances scienti-
fiques et leur donner une plus grande rliff ision par une
nouvelle méthode, toute Américame |vir sou originalité, et
qui, SI elle ne peut pirvenir au succès qu'en atter.dent ses
auteurs, ne pourra du moins mniquer de produire un bon
effet à un degré quelconque. Voici en quoi consiste cette
méthode.
Ce sont des cours scientiliqnes qui se font au foyer,
«/ /<o?«e, c'est-a-dire que eJiaque élève qui prend l'insciip-
tiou reste chez soi, n'est pas obligé de se déplacer, et
pourra tout de môme être gradué. J)es livres uniformes
icui sont mis entie K-s mains, des spécimens aussi s'ils lo
désirent, et chaque jour ils doivent consacrer au moins
\v.\^ heure d'etuUe sur la branche qui fail le sujet du cours ;
à la tin de chaque cours, dont la durée est de trois mois,
l'élève pr< seule une essai sur le sujet en question et reçoit
la visite d'un prof'sseur qui lui fut subir un examen et
lui délivre un diplôme de gradué de la .Société s'd y a lieu.
ha correspondance par lettres avec les prolesseurs
membres du Club et des conférences publiques de temps
à autres tlans les centres, permettent aux élèves de rani-
mer leur zèle s'il venait à se ralentir et de surmonter les
dillicultés qui pourraient les arrêter.
L'honorai; e d'inscription est seulement de 50 cts, et
les livres sont fournis pir les professeurs à un prix inférieur
â ceux du détail des libraires.
32 LE NATURALISTE CANADIEN.
Cî suit la liste des membres du Club.
Prés. A. E. (>oMwell, A. M. Prof, de ^Sciences naturelles,
Collège de Wolfville.
Physiologie. C. W. Roscoe, A. M. Inspecteur d'écoles,
Wolfville.
Géologie. Alex. McKay, Prof, de mathématiques, Dart-
mouth.
Botanique. A. H. McKay, B. S. Principal de l'Académie
de Pictou.
Philosophie naturelle et Astronomie. Prof. Coldwell.
WollVille.
Chimie. .T. F. Godfrey, Principal de l'Académie de
Wnidsor, N. E.
Zoologie. A. .T. Pineo, A. J3. Principal de la High.
School de AVolfviile.
Minéralogie S. K. Hitchinir, B. S Minéralogiste d'état,
et Prliioipal de la High School de Bi'ldoford, Maine,
Secrétaire-Trésorier. A. .1. i^neo, Wolfv'ille, N. S.
Cours d'étude.
1ère année. .Tan. Févr. Mars. Physiologie. — '"Fourteen
Weeks in Physiology." Steele %\.
Avr. Mai. Juin. — Botanique. — "How Plants Grow."
Gray. $1.
Juill. Août, Sept.— ili/«eV«Zog-ie.— Lecture dans V Aca-
dian Scientist.
Lectures en rapport avec les cours ci-dessus :
■ Light Sci nee for Leisure Hours, Proctor ; 13 cts. — Town
Geology; 13 cts. — Grand Atleu, 13 cts. — Conserva-
tion of Energy, Stewart, 13 cts.
Ce plan est certainement des plus ingénieux et admi-
rablement bien calculé pour répoudre aux besoins de ceux
qui désirant se livrer à l'étude des seiences, se trouvent
empêchés d'aller en suivre les cou; s dans les institutions
î5pécial*?s. Ce plan tire toute son efficacité des essais que
sont obligés de présenter les élèves, sur le sujet d'étude ;
car il est impossible de pouvoir coucher sur le papier le
résumé d'un ouvrage ou d'un traité d'une science quel-
conque, si l'on ne peut s'en bien rendre compte à soi-même,
si l'on n'en po sède exactement les principes.
Le premier numéro de VAcadian Scientist est rempli
de matières des plus intéressantes. C'est un in-4 de 8
pages.
S'adresser pour abonnement à M. A. J. Pineo, Wolf-
ville, N. S.
LE
Vol. XIV— 2. CapRouge, Q., FÉVRIER, 1883. No. 158
Rédacteur : M. l'Abbé PROVANCIIER.
FAUNE CANADIENNE
HYMENOPTERES
ADDITIONS ET CORRECTIONS.
( Continué de la page 20^
Fam. VII PROCTOTRUPIDES, XII, p. 258.
Division des Céraphrontiens ; après le genre Bethy-
LUS, p. 264, ajoutez le suivant :
Gren. Mégaspile» Megaspilus, "Westw.
Antennes coudées, de 11 articles, un peu en massue
dans les ç. Les ailes antérieures avec un grand stigma
semi-circulaire, les palpes maxillaires longs, de 5 articles.
Mégaspile luisant. Megaspilus lucens, nov. sp.
Ç — Long. .10 [ ce. Noir, poli, brillant. Les pattes jaune-rous-
sâtie, de même que les palpes. Antennes plus courtes que le corps,
fortes, légèrement en massue à l'extrémiti?. Ailes blanchâtres, sans
autres nervures que celles de la côte et le radius qui renferme une très
petite cellule en arrière du stigma, celui-ci grand, brun-foncé. Pattes
d'un jauDe-rous?âtre sale. Abdomen subsessile, légèrement comprimé,
poli, brillant, à tarière à peine saillante.
Une seule 9 capturée au CapRouge
34 LE NATURALISTE CANADIEN
Fam, des CHALCIDIDES, XII, p. 265.
G-en. Callimone, Spinola, p. 291.
A l'espèce décrite, ajoutez la suivante :
2. Callimone longue-queue. Callimone loNgicauda.
nov. sp.
Ç — Long. 12pce. D'un vert metallic brillant; la fice dnr<?e.
Antennes noires. Ailes hyalines. Les jambes et les tarses, jnuiie-pâle ;
les hanches et les cuisses de la couleur du corps. Premier segment
abdominal couvrant entièrement le 2o. Tasièio noire, de 2 fois la Ion
gueur du corps.
Capturée à Toronto sur le chêne blanc. Se distinirue
surtout de la fagopyrum par la longueur de sa tarière et la
couleur de ses hanches et de ses cuisses.
Tribu VII, îSpalangiens.
Gen. Théocolax. Theocolax, Westw.
Tête en carré, presque horizontale, avec le front légère-
ment tridenté. Antennes de 11 articles dont Je 2e grand,
les articles 3-8 de plus en plus épais, les 3 derniers formant
une massue. Dos du prothorax granJ, triangulaire. Ailes
G ou représentées par des rudiments imparfaits. T.irièro
courte et saillante.
Théocolax du Canada. Theocolax Canadensis, nov. sp.
Ç — Long. .08 pce. D'un roux brunâtre, à rifljfs cuivrés, mé-
tallics. Antennes coudées après le scape qui est long et logé dans un
sillon de It face, brunes, le scaje tc-^tacé, les dtrniers articles épussis
en massue. Prothorax en forme de collier allongé, mé.-othorax long^
creusé loDgitudinalement en det-sus. Rudiments des aiies courts.
Pattes testacées, l'extrémité des cuisses et la base des jambes anté-
rieures, brunâtre. Abdomen épaissi à rextrémité; tarière du quart de
sa longueur environ, testacée avec l'extrémité noire.
Pris 3 ? au CapRouge. Nous ne sommes pas certain
que cet insecte soit réellement un Théocolax, ce sont bien
les antennes de ce genre, tel que décrit par Westwood,
mais le prothorax n'est pas triangulaire.
ADDITIONS ET CORRECTIONS AUX HYMÉNOPTÈRES. 35
Fam. XIV des POMPILIDES, XIII, p. 33.
Gen. PoMPiLUS, Fabr. p. 84.
Ketranchez les espèces : 5 Philadelphicus, Cr. et 10
maurus, Cress.
L'espèce 13 castaneus, Prov. que nous avions crue nou-
velle, est Vargenteus, Cress. Trans. Ara. Enr. Soc.Phil. I p. 93.
La clef qui suit permettra de distinguer plus sûrement
les espèces.
Abdomen noir ou bleuâtre, sans taches ;
Bord posti^rieur du prothorax arqué, non anguleux ;
Ailes noires ou brun fonci? ;
Métathorax tronqué postérieurement.... L 86thiopS.
Métathorax arrondi postérieurement ;
3e cellule cubitale en triangle pé-
dicule 11. tenebrosns.
3e cubitale quadrangulaire 9. angUStatuS.
Ailes hyalines ou subhyalines :
3e cubitale en triangle pédicule.. 12. CylindriCUS.
3e cubitale quadrangulaire ;
Face à pubescence argentée.... 13. argenteUS.
Face noire 6. hyacinthinus.
Bord postérieur du prothorax anguleux ;
Prothorax à forte pubescence grisâtre 4. griSGUS.
Prothorax sans pubescence grisâtre ;
Face à pubescence argentée ;
3e cubitale très rétrécie supérieurement,
presque triangulaire 7. Virginiensis.
3e cubitale peu rétrécie supérieurement. 3. luCtUOSUS.
Face sans pubescence argentée ;
Métathorax avec un sillon au milieu... 8. apicatus.
Métathorax sans sillon sur son disque. 2. scelestUS.
Abdomen avec 2 taches blanches 14. biguttatus.
Abdomen taché de roux à la base 15. marginatuS-
Gen. Cekopales, Latr. XIII, p. 45.
A l'espèce décrite, ajoutez les 2 suivantes :
2. Céropale pieds-longs. Ceropales longipes, Smith,
Brit. Mus. Cat. Ill, p. ITO.
Ç LoDg. .40 pce. Noire ; lôte plus large quo le thorax; yeux
36 LE NATURALISTE CANADIEN
légèrement échnncrés en detîans; le chaperon, les mandibules, le labre,
les orbites, jaune pâle; le scape des antennes j;iune en avant. Le bord
postérieur du prothorax, une tache sur l'écusson et le post-écusson, une
autre sur les angles postérieurs du métatborax, les tubercules, une
tache de chaque côté de la poitrine, et les hanches en avant, jaune ;
les jambes d'un ferrugineux pâle, les postérieures 2 fois la longueur du
corps ; ailes hyalines. Une tache de chaque côté sur le 1er segment
abdominal, une liirne transverse on'lulée sur les 2e, 3e et 4e, interrom-
pue au milieu dans les 2 premiers, et se dilatant en tache aux côtés,
jaune ; le 5e segment porte au milieu une tache quadrangulaire j le
terminal est entièrement jaune ; dessous sans tache.
Capturé à Toronto (Brodie).
3, Céropale superbe. Ceropales superba, iiov. sp.
Ç — Long. ,35 pcc. Noire; la face excepté une bande médiane
au-dessus du chaperon, les orbites interrompus sur le vertex, le Pcape
en dessous, le bord postérieur du prothorax avec une tache de chaque
côté aux angles inférieurs, une ligne sur l'écusson avec le devant dea
angles antérieurs, et une tache sur les angles du niétathorax, jaune- [ aie.
Tout le thorax poli, brillant. Ailes fortement enfumées. Les pattes
et l'abdomen d'un beau roux, sans taches ; l'extrémité des hanches pos-
térieures rousfâtre.
Capturée à Toronto par M. W. Brodie, Espèce biea
distincte par sa coloration.
Fam. des CRABRONIDES, XIII, p. 70,
Gen. OxYBELUS, Latr. p, 99.
A l'espèce décrite, ajoutez la suivante.
2. Oxybele de-Brodie. Oxyhelus Brodiei, nov. sp,
$ — Long. .32 pce. Noir; ponctué, finement rugueux, à pubes-
cence grisâtre peu abondante ; la face au-dessous des antennes à pubes-
cence argentée. Antennes roussâtres à l'extrémité. Ailes hyalines,
les nervures brunes, L'écusson prolongé en un appendice se partageant
postérieurement en 3 dents blanches à l'extrémité, le post-écusson por-
tant un long éperon creusé en gouttière. Pattes noires, les jambes an-
térieures avec leurs tarses roussâtres. Abdomen conique, à segments
sillonnés transversalement, les segments 1, 2, 3 et 4 portant chacun
une petite ligne blanche au sommet de ch:ujue côté.
Dédié à M. Brodie, de Toronto, qui nous a transmis ce
bel insecte, lise distingue p:*rticalièrement du éwo^a^MS
ADDITIONS ET CORRECTIONS AUX HTSfÉNOPTÈRES. 37
par s(\s 8 taches à l'abdomen, ses jambes antérieures rous-
sâtres, et l'absence de ligne blanche en avant des jambes
de même qu'un petit anneau blanc au dessous des genoux,
comme en porte le é-notatus.
Fam. XXI. ANDRENIDES, XIII, p. 168.
Gen. OsMiA, Latr. p. 206.
Aux 4 espèces décrites, ajoutez les trois suivantes :
5. Osmie froide. Osmia fiigida^ Smith, Brit. Mus.
Cat. 1, 142.
C? — Long. .31 pce. Noire ; la face et le thorax couverts d'une
longue pubepci'nce ochr;ic(.'e, cette pubescence blanche sur les joues et
le dessous des cuisses. La pubescence du vertex et du thorax laisse
voir les téiiuir.ents qui sont noir opaque, mais sur la face elle est longde
et assez dense pour la couvrir totalement. Ecailles alaires noires.
Ailes hyaiines, légèrement obscurcies au sommet, le stigma brun, très
petit, à peine distinct de la côte. Pattes noires, presque nues en des-
sus, la pubescence fauve sous les tarses postérieurs. Abdomen court,
recourbé, à pubescence jaunâtre sur les 2 premiers segments, noire
dans le reste, tous les segments uiarginos d'une ligne ochracée à la
siiture, plus prononcée sur les côtés, le 6e segment échancré au som-
met, segments ventraux raarginés de poils jaunâtres.
Capturée à Chicoutimi.
6. Osmie ventre-noir. Osmia airi vent ris, Cress. Proc.
Eut. Soc. Phil. Ill, p. 29.
Ç Lono-. .42 pce. D'un bleu verdâtre ; la tête grosse, en carré ;
le chiperon densément et fortement ponctué, couvert avec une pubes-
cence blanche peu dense et assez courte, son bord atitérieur légèrement
^chancre. Thorax bleu, densément et finement ponctué, à pubot>cenee
blanche peu dense ; les écailles alaires noires, brillantes. Ailes sub-
hy.ilines, légèiement obscures, les nervures noires. Pattes noires avec
poils [aies courts. Abdomen court, sub-globuleux, d'un bleu verdâtre
foncé, frangé à l'extrémité de poils pâles ; la brosse ventrale noire.
A ponctuations plus denses et plus fines que dans la
similUma, Capturée à Toronto par M. Erodie.
7. Osmie petite. Osmia parva, nov. sp.
j»_Long. .25 pce. Le thorax d'un brun cuivré, l'abdomen d'un
verdâtre metallic. La face couverte d'une pubescence blanchâte
lonifue et dense ; le vertex et le thorax à pubescence jaunâire. Au-
38 LE NATURALISTE CANADIEN
tennes brunes ; écailles alaires noires ; ailes hyalines, à peine obscur-
cies à l'extiémité ; le stignia brun. Pattes noires, à pubescence blan-
châtre, plus longue et plus dense sous les cuisses. Abdomen court,
Bub-globuleux, d'un verdâtre metallic, presque nu, les segments margi-
nés de poils blanchâtres peu apparents, cette pubescence plus abon-
dante aux segments terminaux, le 6e avec une courte échancrure au
milieu.
La pins petite de toutes les espèces rencontrées. ? in-
connue.
Gen. Ceratina, Latt. p. 234
A l'espèce décrite, ajoutez les 2 suivantes :
2. Ceratina dupla, Say, Proc. Ent. Soc. Phil. Il, p. 889.
C'est l'insecte que nous avons décrit sous le nom de Halic-
us Ontariensis, Prov. page 203.
3. Cératine de-Téja. Ceratina Tejonensis, Cress, Proc.
Ent. Soc. PhiU II, p. 890.
(^ — Long. .20 pce. D'un vert metallic foncé. La tête à ponc-
tuation profondes mais non denses ; le chaperon à peine ponctué et
avec une grande tache blanchâtre carrée. Antennes un peu courtes,
insérées dans une dépression de chaque côté de la face, teintes de tes-
tacé roussâtre à l'extrémité. Thorax peu ponctué, avec 5 lignes longi-
tudinales enfoncées ; les ponctuations des flancs et des écussons denses.
Les écailles alaires d'un brun roussâtre, les tubercules d'un vert noi-
râtre. Ailes subhyalines, les nervures noires. Pattes d'un noir bleu,
brillantes, les tarses à pubescence pâle, les articles terminaux d'uU'
testaeé roussâtre ; les 4 cuisses postérieures avec une projection au-
dessous en forme d'épine ; les éperons des jambes tcstacés. Abdomen
ovale, densement ponctué, brillant, d'un vert bleuâtre, le segment ter-
minal à pubescence pâle, courte. Près du bord postérieur du 6e seg-
ment il y a une projection courte, couverte Je poils pâles ; le 7e seg-
ment frangé de poils blanchâtres ; seguients ventraux aussi frangés de
poils blanchâtres.
Deux spécimens cJ' de cette espèce nous ont été trans~
mis par M. Brodie comme ayant été capturés dans le voi-
linage de Toronto ; M. Cresson la décrit cependant comme:
étant de Californie.
FIN DES HYMÉNOPTÈRES.
DB QDÉCEC A JÉRUSALEM 39
DE QUEBEC A JERUSALEM.
XIII
Jérusalem ; son site ; sa fondation ; ses dominateurs : David, Nabnchodo-
ndznr, Cyril-, Alexfin ire. Assuérus, les Macchabées, Ponipée,Titus,
Chosroes, Héraciius, Omar, Godefroi de Bouillon, Paladin,
Séiiin IL — Sa population ; religions. — Catholiqufs ; schisma-
tiques arniéiiiens, grecs, protestants. — Musulmans. — Rues j pas-
sants ; commerce.
Les quelques courses que nous venions de faire à travers
la ville me permirent d'en mieux saisir la distribation,et eu
multipliant mes visites sur la terrasse de notre hospice, je
pus en assez peu de temps, me rendre un compte exact de
sa situation.
Jérusalem est situ^'e à environ 15 lieue» de la Médi-
terranée, au milieu de la chaîne des montagnes de la Judée
qui court de l'Est à lOuest. Elle est au 31^46' de latitude
Nord, et au 33e de longitude Est de Paris. Le plateau sur
lequel elle repose est à 2610 pieds au-dessus de la Médi-
terrannée, et cette altitude lui assure, malgré sa latitude,
une température bien supportable en toute saison de Tan-
née. L'hiver qui commence en décembre pour se termi-
ner avec février, est assujéti à des pluies fréquentes. Le
thermomètre y descend souvent au-dessous de zéro, et le
givie, la glace et même la neige, sans y persévérer, s'y
montrent assez Iri quemment. D'ordinaire il ne tombe
jamais un grain pluie du 15 avril au 15 octobre, et le ton-
nerre s'y fait rarement entendre.
En portant un regard attentif sur la ville, il ne sera
pas difficile de reconnaître qu'elle repose sur une double
chaîne de collines que le torrent de Cédron et celui de
40 LE NATURALISTE CANADIEN *
Gihon ou d'Hinnom circonscrivent de trois côtés. Le tor-
rent de Cédron, qui coule au milieu de la vallée de Josa-
phat, la borde sur tout son côté Est, en Ja séparant du
mont des Oliviers, et le même torrent la contournant au
Sud, la sépare là du Mont du Scandale, où Salomon
avait érigé les idoles de ses femmes idolâtres et snr le
flanc duquel se voit le village de Siloan. Le Cédron, arrivé
à l'angle Sud-Ouest de la ville, reçoit là, le torrent de la
Géhenne ou d'Hinnom qui porte plus haut le nom de
Grihon et qui longe la ville à l'Ouest en séparant le mont
Sion de celui du Mauvais-Conseil, pour prendre une direc-
tion Sud-Ouest en se dirigeant directement vers la mer
Morte. La ville se trouve ainsi isolée de trois côtés par
ces torrents ; il n'y a que son côté Nord qui se trouve de
plein pied avec la plaine, ou plutôt avec la hauteur des
montagnes sur lesquelles elle est assise.
Si maintenant, du haut de la terrasse de Casa JN ova,
nous portons nos regards au Nord et suivons l'étendue de
la ville, nous reconnaîtrons sans peine la dépression qui
sépare 1 s deux bandes de collines sur lesquelles elle repose ;
cette dépression est la vallée du Tyropéon, qui était beau-
coup plus accentuée autrefois qu'elle ne l'est aujourd'hui,
puisqu'elle nécessitait des ponts en certains endroits pour
communiquer d'une partie à l'autre. La ville, ravagée et
détruite plusieurs fois, a été reconstruite sur les débris de
ses anciens édifices, et les dépressions en partie comblées
par les décombres qui s'y étaient accumulés.
Si maintenant nous examinons bien les deux collines
parallèles qui portent la ville en se dirigeant vers le Cé-
dron au Sud, il ne nous sera pas difficile de constater que
ces deux élévations sont elles-mêmes coupées par deux
autres dépressions transversales, ce qui partage la ville
entière en six points culminants, qui forment autant de
quartiers, savoir: sur la colline de l'Est en commençant au
N. : 1^ le Mont Bézétha, qui comprend les portes de
Damas et d'Hérode au N., et celle de St Etienne ou des
brebis à l'E. ; le Bézétha n'est meîitionné nulle part dans
la Ste Ecriture, cependant Hérode-Agrippa le renferma
dans la nouvelle enceinte qu'il donna à la ville ; 2° le
DE QUÉBEC A JÉRUSALUM 41
Mont Moriah qui porte la Mosquée d'Omar sur l'emplace-
meut du t<*mple de Salomon, et où se trouve la poi te Dorée,
qui est aujourd'hui murée, parce que les musulmans tien-
lient qu'un dominateur de la ville doit un jour entrer par
cette porte ; 3° le mont Ophel qui s'ouvre sur le Cédron
au S. par la porte des Maugrabins. Prenant maintenant la
colline do l'Ouest, nous avons au N. : 1° le mont G-areb où
se trouve le patriarcat latin, S. Sauveur et l'hospice que
nous occupons ; 2° le mont Acra qui porte le Calvaire et
la Basilique du S. Sépulcre (1) ; et 3° le mont Sion, qui
porte la tour de David, le S. Cénacle, la maison de Caïphe
et s'ouvre au S. par la porte de Sion et à l'Ouest par celle
de Jaifa.
De ces six collines, Sion est après Grareb la plus élevée,
mais celle-ci n'a pas toujours fait partie de la ville, aussi
Sion a-t-il toujours été considéré comme le point culmi-
nant.
On attribue la fondation de. Térusulem à Melchisédech,
prêtre et roi, contemporain d'Abraham (1669 avant J. C),
qui construisit sur le mont Acra i-ne forteresse portant le
nom de Salem. Cinquante ans après sa foidation. Salera
toïnba au pouvoir des Jébuséens, descendants de Jébus,
qui bâtirent sur le Mont Sion une forteresse à hujuelle ils
donnèrent le nom de Jébus, leur père. C'est de ces deux
noms réunis qu'on forma Jérusalem, qui signifie : vision
de la paix. Les Israélites en ejitrant dans la terre promise
s'emparèrent de Jérusalem, et mirent à mort son roi Ado-
nisédech ; cependant les Jébuséens continuèrent encore à
occuper le mont Sion. Ce ne fut que sous le règne de
David que la ville fut entièrement soumise (1047 av. J.C ).
Ce grand roi en fît la capitale de son royaume, et de ce
moment le mont Sion prit le nom de cité de David.
Salomon fils et successeur de Da^ id contribua puis-
samment à l'agrandissement de la ville, surtout par la cons-
truction sur le mont Moriah du fameux temple qui
fut une merveille des temps anciens, et pour l'érection du-
(1) Le Golgotha a'était qu'un point culminant du mont Acra.
42 LE NATURALISTE CANADIEN
quel David son père avait accumulé des richesses incalcu-
lables.
En 599 av. J. C, Nabnchodonozor, roi de Babylone,
prit et dt'truisit .lérasalem; le temple fut renversé et le
roi impie convertit à son propre usage les nombreux vases
d'or et d'argent qui servaient aux sacrifices. Il ne resta
de la ville qu'un amas de décombres sur lesquels le pro-
phète Jérémie exhala ses si louchantes lamentations. Tous
les habitants avec leur roi Sédécias furent emmenés captifs
à Babylone.
Après 70 ans de captivité, Cyrus roi des Perses, rendit
la liberté a'sx Is- lélif-^s. iui r.-vi ■r.-i-t .•^ ■ :• ' i co :dnit ■ de
Z'Tobabi ree()ii-li-!ii:e i" . . i :■• <-t r.ed fi'-^ !•' HMnple.
Plisse pin 1 .Vil p.-n- Aiti)'-h - roi d ^îyn.-, e|l,' fut
reitiue p;irle- M.icch ib ••> à i';iidé,.tMid.iiice (lUOav.J. C),
qu'elle conserva jusqu'à l'an 63 av. J. C. où Pompée en fit
la conquête pour les Romains.
L';in 70 (!e notre ère, Titus fils de Vespisien, vint
dompter les .lu J'^ c|ui s'ét;tient révoltés (•()))tre l'autor té de
]{ou!f ; il !!,!t le Mèue (h'vant l:t ville, la lédiiisit a une mi-
fèie extiôni'-, eu fit enliii le sic, massacra onze c<'nt nulle
de <es habitants, renversa le temple reconstruit par Héiode
sur celui lie Z >rob s bel. et ne laissa de tout .Jérusalem (ju'un
mohCeaU .fe flécoUibfes,
I^'a:i 132 d'' noire èr", Adri> ii élevh .-nr les mines de
.Iér;isal«'m une nouvelle viMe qu'il nomin > yE/in-Cnpitolifm.
Mais Constantin, eu 326 s'éta-'t soumis à laCioix, vint avec
Ste Ifelèu' sa mè e restituer à hi ville so.i ancien nom, et
rendre à la vénér;ilion des lidèles !es li ux riMulus à jamais
mémorables par les soufirances de l'honuur -Dieu.
Eu 614, Chosroes roi des Perses, s'empare de la ville et
empi^ite (ia)is son pays la vraie Croix et "les principales )e-
liqnes de la Passion du iSauvenr. Q tehiues années plus
tard, Héraclius, empereur chrétien de Constantinople, re-
conquiert sur les Perses les précieuses reliques, et les re-
place avec honneur dans leurs sanctuaires de la Ville
3ainte.
En 638, Omar la soumet aux Arabes pour le compte
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM 43
de Mahomet, et en 1505 elle passe sous la dénomination
Turque, où elle est encore aujourd'hui.
Mais les Français aussi, eux dont le nom se rencontre
partout où passa la «gloire, possédèrent à leur tour la Vile
Sainte. Godefroi de Bouillon en 1099, à la tête des Croisés,
livre l'assaut à la ville et s'en rend maître. Il est couronné
roi et tonde le nouveau royaume de Jérusalem. Des rois
français régnèrent à Jérusalem pendant 88 ans. Mais il ne
suffit pas de conquérir, il faut aussi savoir conserver, et
c'est ce que ne comprirent pas les conquérants des Croi-
sades. Si ont eut connu alors l'importance de la colonisa-
tion, les conquérants eussent changé répé(> pour la char-
rue, laissé le camp pour le ch.imp, et peut-être qu'aujour-
d'hui encore, la race latine serait en possession de la Terre-
Sainte, cette terre où coulait le lait et le miel, promise c riune
récompense aux enfants d'Abrahasri, d'isaac et dejiicob, et,
ai lieu du croissant qui couronne ses édifices, on verrait
étinceler la Croix, ce signe de vie, de salut, ce gage de ré-
surrection, in quo est salua, vita H resurrectio hoHiu. Mais
l'Europe se découragea bientôt de l'ournir sans cess*- pour
soutenir un royaume qui ne pouvait po^ir «insi dire rien
par lui-même, et en 1187, Saladiii vint replacer le croissant
à la place de la Croix, soumettre plus delOO.OnO européens
à une forte rançon pour se soustraire à l'esclavage, et
mettre lin au royaume des Bouillon et des Beaudoin
Ai>rès la conquête des Arabes, la ville eut encore pus
d'une fois à subir des assauts et des pillages, pussanl de la
domination des Sultans d'Egypte à ceux de Constantinople,
etréproquemont, jusqu'à cequ'entin ' 1517 elle [>assa avec
toute la Syrie à la dominatioi\ du Sultan ottoman Séli>n II,
pour subir toutes les vicissitudes de l'empire Turc. Après
avoir fait partie pendant quelque temps du pachalik de
Damas, elle forme aujourd'hui, avec toute la Palestine, une
Province relovant directement de Constantinoi)le.
La population de Jérusalem ne dépasse pas aujour-
d'hui 25,000 âmes qui se répartissent comme sui' entre les
difit-rentes croyances religieuses :
44 LE NATURALISTE CANAT1IEN
Ciitholiqnt^s. latins, Grrecs-Unis et Aiméi;iens-unis,... 2.^00
Grecs schismo tiques.. 2,800
Arméniens, Cophtes, Syriens . 700
Protestants 300
Musulmans 7,500
Juifs 12,000
Les catholiques se partaient en trois rits, savoir : les
latins qui ont à leur tête le Patriarche avec les reliirieux
franciscains, les G-i<'Cs-unis, et les Arméniens-unis. On les
dit unh, c'est-à dire soumis à l'église de Rome, pour les
distinguer de ceux du même rit qui sont schismatiques.
11 va sans dire que les (xrecs-unis et les Arméniens-unis, qui
comme nous sont soumis à Rome, ont la même doctrine et
les mêmes dogmes que nous ; il n'y a que leur liturgie,
les cérémonies du c Itequi soient différentes des nôtres. Les
Maronites du Mont Liban sont aussi des catholiques avec
un rit particulier, mais il n'y en a pas de résidents à Jéru-
salem.
En outre des franciscains, il y a encore pour les
besoins du culte catholiques, des rf^ligienx Melchites de
rit oriental, des Frères des Ecoles-ChrétiiMines, des reli-
gieuses Carmélites, des Sœurs de S. Joseph de l'Apparition,
les Dames de Sion, des Tertiaires de S. François, pour la
tenue des écoles, des orphelinats, des hôpitaux, etc.
Les sectes chrétiennes dissidentes qu'on rencontre en
Orient, peuvent se rapporter à trois chefs principaux, sa-
voir : 1° les disciples d'Eutichès, 2° ceux de Photius, ei 8°
ceux de Luther. Toutes s'accordent sur un même point,
savoir: la négation de la suprématie du siège de Rome.
Euiicliès niait les deux natures en Jésus-Christ, ne
voulant voir qu'un Dieu dans la personne du Sauveur ;
il niait aussi qite le Saint-Espiit procédât du Père. Son
hérésie date de 451. Ses partisans se partagent aujour-
d'hui en Arméniens, de beaucoup les plus nombreux, en
Abyssins, en Cophtes et en Syriens. Le patriarche chef
de l'église Arménienne réside en Arménie. Les patriarches
et les évoques sont le produit ch^z eux du suffrage univer-
sel. Ils possèdeni des moines nombreux qui gardent le
célibat.
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM 45
Photins ninit que le Saint Esprit procédât -In Fils. c\
rej\n:.it Jr. cioy;inc.- de- rKfrJis»^ sur 1,. P.iro- itolif. Crtt,.
hérésie date de 857. Ses pintisinis tV)ii:jeiit]'(-oJi.se givcque
qui domine en Grèce, eu linssi >, etc. Le ch" 1" d.'^'réo-h.e
grecque réside à Constantinople ; l,mrs patriarche.- r-
çoivent rinv.'stiture du S iitan. Tout .v^t vénal dans
l'église grecque, les prélatures, les ordinations, rtc. Ils
possèdent aussi des moines célibataires, très nombreux eu
Orient.
Viennent enfin les protestants, disciples de Luther et
de Calvin, qui nient l'invocation des saints, le purgatoire, la
présence réelle et tout ce que l'on voudra eu fait de r.digion,
chacun étant libre de s'en composer une à sa façon et de
son goiît. M; Igré tout l'or des anglais, les protestants sont
encore très peu nombreux en Orient. On comprend san»
pt'ine qu'une religion tonte d'abstraction, de théorie, sans
culte extérieur, ne puisse avoir grand prestige sur les
peuples de l'Orient de tout temps si expansifs, si démons-
tratifs, si reluctants aux changements, chez lesquels les
traditions ne se perdent jamais.
C'est à ce caractère de conservatisme qu'est dû, je
pense, cette liberté illimitée pour chacun, en Orient, de tra-
duire son culte |)ar les actes extérieurs qu'il trouve conve-
nables, sans que personne n'intervienne pour y mettre obs-
tacle Les enfants d'Abraham étaient tout à la fois des
pontifes en même temps que des chefs de famille. Voyez
les béiiii U's mets dans les festins, offrir les sacriHces à Je
hovah, prier au notu de tou-; et ces heureuses traditions se
sont tiîinsmises parmi tous ses descendants, Juifs, Arabes,
etc. Anssi on peut voir souvent à Jérusalein, à côté du
C;ilh(^li(ju agtnouillé sur le pavé de la me pour faire ^es
stations du chemin de la Croix, le musuhnan faisant ses
prostialioiis du côté de lu MeC(|ue, ou égrenant son chtpe-
let tout en poursuivant sa conrse, pendant qiie le muez/iu
du haut du min iret voisin invitera à la |n:ère ses frèr- >
disciples de M diomet par son in v c itioii eut f .is lép -t e:
•' Il n'y a de Di-'U que DieL' et M .ho net .-st .s<.n p.oihei.---
La illah il Allah Mohammed mçoid Allah."
46 LE NATURALISTE CANADIEN
Les musulmans, comme je l'ai déjà noté en parlant de
l'Egypte, ne sont pas chrétiens. Ils reij^ardent Jésus comme
nn grand prophète, mais lui refusent toute participation à
la divinité. De même aussi ils vénèrent Marie comme la
mère d'un izrand {prophète, mais sans rien croire de sa vir-
ginité et sans lui attribuer aucune puissance pour pouvoir
l'invoquer.
La religion musulmane est un mélange des doctrines
juives et chrétiejiues et des traditions orientales. Leur
code religieux est renfermé dans un livre qu'ils nomment
le Coran, et pour lequel ils professent un grand respect.
Tout se résume pour eux en trois points principaux : la
polygamie, l'intoléranct^, le fatalisme. Religion de la chair,
ils n'aspirent à d'autre félicité qu'à la satisfaction des sens ;
de là la polygamie. Le paradis de Mahomet qu'ils se pro-
mettent dans l'autre vie, n'est même qu'un immense harem,
où les femmes, l'eau et l'ombre ne manqueront à personne.
Eux seuls possèdent la vérité ; de là ce mépris pour
toutes les autres croyuices. Tous les chrétiens, de quelque
dénomination qu'ils soient, sont pour eux des chiens, ne
méritant aucune considération ; pas même la protection de
la loi. Que si, parfois, dans leurs rapports avec les autres
nations, ils sont obligés d'en i-a battre sur les exigences de
leur croyance, ce n'est qu'en cédant à l'empire de la force,
car fussent-ils assez puissants pour ne redouter ni ven-
geance ni représailles, les chrétiens seraient traités par eux
comme les animaux dont ils leur donnent le nom ; l'his-
toire nons en fournit des exemples sans nombre. Voler
maltraiter, ôter même la vie à un chrétien, sont des actes
dont leur code judiciaire n'a pas à s'inquiéter.
Mahomet était sans contredit un grand génie. Aspirant
à la domination, et connaiss^ant lesprit superstitieux et le
tempéramment lascif des orientaux, il ne trouva de moyen
plus efficace pour s'attacher des partisans, que d'abuser de
leur crédulité pour leur faire ajouter foi à une inspiration
surnaturelle, et de motif plus alléchant pour les retenir, que
la satisfictiou des appétits sensuels. Mais comprenant aussi
que la froide raison est impuissante à maintenir un culte
BE QUEBEC A JERUSALEM 47
qnclconqnp, (>t quo d'ailleurs foute iiotioi de reliiriou im-
plique héce.s.s:urorj!.'iit uin> idée de !<;icnli<:e, il vtulnt as-
treindre 5«es sectateurs à l'observalioti de certaines pratiques
qui les distinguassent extéiieuremeiit des autres peupl<'S, et
les attachassent davantage à leur cioj'ance De là le jeûne
du Ramad jn, les ablations fréquentes, etc.
On comprend sans peine fjii'nne t-elle croyance ait pu
facilement prend"e racine et ^-e piopag-er ch'Z des peuples
lat-cifs et ncnchahstits comme le sont les OMentaux On
C(>nq)rena aus-i faeiietn.'iit qu'avec <le teK appoints, il était
facile d'enrôler des pnrtisaiis et de faire des conquêtes.
Jamais chef de brigands n'offrit plus riche butin et plus
de jouissances à ses compagnons, c\r ce n'était rien moins
que la satisfaction sans limites de tout ce qui flatte la na-
ture corrompue de l'homme, a\ ec l'assurance de poursuivre
les mêmes èatislactions dans l'autre vie. Et si l'on consi-
dère maintenant que le musulman a toujours le nom de
Dieu sur les lèvres, que tout en se livrant sans c(»iitrainte
à tous ses mauvais penchants, il n'a rien à redouter, pourvu
qu'il égrenne son chapelet des 99 perfecii ns qu'il attribue
à la divinité, fasse ses ablutions et son jtûne du Ramatlan,
on s'expliquera aisément que sa conversion est œuvre des
plus difficiles, surtout lorsque les lois, comme chez eux,
y mettent un obstacle presque insurmontable.
Le Ramadan est le nom du carême des Mahometans
qui duie un mois, pendant lecjuel il ne leur est pas permis
de rien manger ni de mettre quoicjUe ce soit dans leur
bouche, tant que le soleil est sur l'ht^rison, mais seulement
après qu' il est couché et que les lampes qu'on suspend
autour des mosquées sont allumées. Ils se livrent alors à
la bonne chère. Ils font d'ailleurs prescjue toutes leurs
iifidres la nuit, et liassent le jour à se reposer et à dormir.
De sorte que leur jeûne se réduit à fiire du jour la nuit et
la nuit du jour.
Ils doivent, durant tout le ramadan, non seulement
ni manger ni boire durant tout le jour, mais même s'abs-
tenir de mettre quoique ce soit dans leur bouche, comme
du tabac, la fumée de la pipe, du narguilé, etc. On dit
même qu'il est des scrupuleux qui veille atleutivement à
48 LE NATURALISTE CANADIEN
ne pas avaler leur salive et qui portent 'tout le jour un
voile sur la bouche, de peur, que par hasard, ils ne vien-
draient à avaler quelque moucheron en respirant.
Et remarquons que comme chez les musulmans l'au-
torité religieuse se confond avec le pouvoir civil, les in-
fractions au jeûne sont punies sévèrement par la loi. C'est
ordinairement une amende ou une vigoureuse bastonnade
qui devient la peine de telle infraction.
Comme les mois musulmans sont des mois lunaires, il
s'en suit que chaque année le ramadan se présente dix
jours plus tôt que l'année précédente, et qu'avec le temps
le carême se trouve à faire le tour de l'année tout entière.
On m'a plus d'une fois répété, que les riches de Cons-
tantinople qui ont plus ou moins goûté à la civilisation
européenne, savaient fort bien compenser la nuit la gêne
à laquelle ils s'astreignaient durant le jour, pour ne pas
violer la loi, et que les nuits du ramadan n'étaient rien
autre chose que des nuits de fêtes, d'orgies et de désordres
en tout genre. D'un autre côté, le Père Frédéric m'a
raconté qu'employant en Egypte des musulmans à divers
travaux, il a été plus d'une fois édifié du scrupule avec
lequel ces pauvres diables observaient leur loi. Une lois
entre autres, il employa deux musulmans à des travaux de
réparation dans une citerne, de telle sorte qu'ils travail-
lèrent toute la journée dans l'eau jusqu'à la ceinture, et
malgré l'extrême chaleur qu'il faisait alors et la soif dont
ils devaient être tourmentés, ils se donnèrent bien de
garde de ne pas même s'appliquer une seule goutte d'eau
sur la langue, tant que le soleil ne fut pas couché.
Les riches et les puissants sont sans doute partout les
mêmes ; habitués à vivre sans contrainte, la plupart vien-
nent facilement à s'imaginer qu'il peut y avoir des accom-
modements avec le Ciel, et que leurs ecus pourront peut-
être leur permettre d'y pénétrer par quelque lucarne,
lorsque la soustraction de tout frein à leurs désirs pervers
leur en interdira la porte ordinaire. Mais attendons. La
sagesse incarnée les connaissait bien lorsqu'elle leur a dit:
malheur à vous riches! qu'il vous sera difficile d'entrer
dans le royaume des Cieux !
DE QUÉBEC A JÉRUSALEM 49
Mais ce qui me surprend encore plus q e la conquête
des Arabes, c'est qu'ils aient pu imposer leur langue, à peu
d'exceptions près, à tous leurs coreligionnaires, partout
où ils ont dominé. La Turquie presque seule fait exception
à cette règle. L'Algérie, l'Egypte, la Palestine, l'Arabie,
et jusqu'aux catholiques mêmes des montagnes du Liban,
parlent la langue de Mahomet, l'arabe. Comment, par
exemple, l'Egypte, quoique soumise aux Arabes, a-t-olle
pu perdre sa langue? Et les Maronites du Liban?
Aujourd'hui, Egyptiens, Arabes, Juifs, Maronites, Druses,
tous parlent l'arabe, et ce dialecte constitue leur langue
propre.
Mais re\enons à Jérusalem que nous voulons plus
particulièrement faire connaître en ce moment,
Otez à la ville sainte le prestige des événements à
jamais mémorables dont elle a été le théâtre, et vous en
faites la ville la plus maussade qu'on puisse voir. A parties
émotions saintes qu y viennent chercher les chrétiens, rien
d'agréable, de plaisant, de réjouissant ici. Ses rues sont
sales, étroites, tortueuses, sombres ; dépourvues de trot-
toirs, impropres au roulage des voitures, ce sont des carre-
fours qui n'ont que les pluies de l'hiver pour les débar-
rasser des ordures qui s'y accumulent; et ce n'est pas
seulement le passage des visiteurs qui contribue à les
souill !i", le résident ne se gêne en aucune façon pour en
faire le champ de son industrie ou de ses travaux domes-
tiques. Dans notre visite au Patriarche, il fallut en un
certain endroit enjamber par dessus les débris d'un bœuf
qu'on venait d'éventrer dans la rue ; aussi tout eu se sa-
crifiant l'odorat en marchant par la ville, taut-il constam-
ment avoir l'œil au guet pour éviter à chaque instant de
se souiller.
Les maisons en pierre brute, sont ordinairement à deux
étages terminés par une terrasse ou toit plat, sur laquelle
on dort souvent la nuit durant Tété. Nulle construction
architecturale régulière capable de trancher sur la mono
tonie pour réjouir le regard. Nulle place publique, nulle
fontaine, de verdure nulle part, pour faire diversion à l'uni-
forme gris sale des habitations
4
50 LE NATHRALISTE CANADIEN
fît les passants? Les passants, ceux que Ton coudoie
d'ordinaire dans les rues, sont peut-être plus c.ipables en-
core d'inspirer le dégoût que les inertes constructions sans
symétrie ni régularité qui les bordent. Un peuple à moi-
tié vêtu, sale, inculte; des femmes aux pieds nus, cou-
vertes de haillons leur cachant à peine les jambes, au teint
hâve que l'eau débarasso rarement de la poussière dont
il s'imprègne ! Ici des lépreux, dont la hideuse maladie a
fait disparaître le nez, une lèvre, des phalanges de doigts,
etc., qui vous présentent une tasse au long manche pour
recevoir quelque paras sans vous souiller. Là de faux
épileptiques, au buste nu, qui se roulent dans la poussière
en simulant des tremblements involontaires, pour exciter la
compassion et vous soutirer une aumône ! Tel est le spec-
tacle que les rues de la ville sainte vous offre tous les
jours !
Le commerce de Jérusalem, à part une certaine quan-
tité de savon qu'on exporte surtout en Egypte, et la fabri-
cation de certains objets de piété, comme croix, chapelets,
médaillons, etc., est à peu près nul. Aussi n'était la so-
briété extrême qui distingue ces orientaux, les visites et
voyages des pèlerins seraient certainement insuffisants
pour la subsistance d'l^ne telle ville.
Jérusalem est avant tout la ville de la tristesse, la ville
de la douleur, la ville de» pleurs, la ville de la désolation.
Ce n'est pas le grand livre de la nature que l'étranger
vient admirer ici ; mais bien le livre du cœur humain. La
doctrine du calvaire a opéré sur les sociétés humaines les
changements les plus profonds que n>entionnent les an-
nales du monde, et le jihilosophe chrétien ne voit pas sans
satisfaction le miracle perpétu^^l (jui donne depuis bientôt
dix-neuf siècles la coniirmaiion aux oracles sortis de la
bouche de la sagesse incarnée.
Tout est désolé, tout respire le deuil dans Jérusalem,
et autour de .lérusalem. Pénétrez sur son point le plus
élevé, laissez tomber vos regards tout autour, quel spec-
tacle ! La plus riche de ses constructiens, celle qui a pris
la place de ce temple sans pareil, dont l'Eternel avait lui-
même dressé le plan, vous montre ses parvis silentieux et
DE QUÉBEC A JÊRD^-ALEM. 51
déserts, où de chétives touffes d'herbes à moitié brûlée par
les rayons da soleil ont pris racine dans les fissures du
marbre, et l'édifice lui-mèin.^ vous laisse voir les cornes du
croissant à la place des rayons lumineux de la Croix ; ou
dirait la fourche de Satan, comme les peintres nous le re-
présentent souvent, qui veut l'emporter sur le signe de la
rédemption du Oalv-ire. Tout autour des remparts, ce
sont des champs de mort, des tombeaux ; la vallée de Jo-
saphat en est remplie, le mont Sion lui-même, à côté du
terrain qu'à fouillé la charrue sur les ruines de construc-
tions anciennes, vous montre une forêt de pierres tumu
laires. Viijouse végétation, verdure réjouissante, promet-
tantes moissons, rien de tout cela pour reposer le regard;
des montagnes aux arrêtes pierreuses, des plateaux dénu-
dés, des constructions que le temps achève de faire dispa-
raître, voila ce qui les a remplacées. Ici. ce sont des
torrents qui ont rongé la pierre pour se frayer d'< troites
et profondes issues à parois sombres et infranchissables ;
là ce sont des plateaux oîi de chétifs arbrisseaux manquant
de sève, paraissent à j)eine jouir de la vie; et au delà,
creusée dans les monts, c'est la mer Morte, lac de plomb
fondu, sans flots ni rides, qui réfléchit silencieusement les
rayons ardents du soleil, sur les montagnes pierreuses qui
l'entourent. Toute activité semble éteinte ici. Aucune de
ces hautes cheminées qu'exige l'industrie, nul bruit de
mécanismes comme on en entend partout ailleurs; tout
semble mort, silencieux ; c'est un voil'\ une couronne de
deuil qui pèse sur la ville ! Mais cette couronne de deuil
n'est-elle pas en harmonie avec la ville déicide ? N'est-ce
pas pour pleurer, en baisant les marchés du Golgotha, que
le pèlerin traverse les mers et escalade ces monts? Que
lui importe la riante nature ? il ne vient pas la chercher
ici; elle lui ravirait en partie les douces émotions qu'il y
vient savourer. Il se com plait dans sa douleur, dans ce
silence, dant cHte absence de tous les charmes matériels
de la vie. Le Calvaire a potii lui un langage qu'il sait
comprendre. Il s'isole pour pleurer, et ses larmes lui sont
d'autant plus chères qu'elles sont incomprises de ceux (jui
l'entourent. C'est avec satisfaction qu'il reconnaît pouvoir
52 LE NATORALISTE CANADIEN
répéter avec vérité ces paroles du chantre des lamenta-
tions : •' La maîtresse des nations est devenue comme une
veuve ; la reine des cités est tributaire ! Les chemins de
Sion pleurent, par ce qu'on ne vient plus à ses solennités.
ISes prêtres gémissent, ses vierges sont désolées ; elle est
plongée dans l'amertume. " Comme au temps de Nabu-
chodonozor, ces paroles de Jérémie ne ptuivent peindre
plus exactement l'abandon, la pauvreté, l'abaissement de
la ville actuelle.
Que le touriste aille chercher la belle nature dans les
forêts vierge de l'Amérique; qu'il aille admirer ses gigan-^
tesques merveilles à Miagara, sur les Alpes, au Vésuve, sur
T-Amazone; qu'il aille mesurer le génie de l'homme à S.
Pierre de Rome, à Giseh, au S. Gothard, pour lui, chrétien,
il vient au lieu de l'expiation suprême, en pèlerin véritable,
pour comprendre la justice de Dieu, sonder l'abyme de
son amour, verger des larmes sur ses souffrances, noyer ses
iniquités dans la source des expiations, et comme Rachel
pleurant ses enfants qui ne sont plus, il ne vent pas être
consolé, par ce que trop poignante et trop juste est la cause
de sa douleur.
{A continue?'.)
LA TARENTULE.
— Aimez-vous les araignées ?
— Et qui peut aimer des êtres si disgracieux ?
— J'avoue que la nature s'est montrée un peu chiche
de ses faveurs à l'égard de l'araignée ; mais les qualités
l'emportent souvent sur la beauté des formes pour se faire
admirer et aimer ; et l'araignée possède des qualités, de
nombreuses qualités.
— En aurait-elle cent fois davantage, qu'elle ne m'en
ferait pas moins horreur. Toutes ces petites masses vi-
vantes, plus ou moins circulaires, qu'entourent des pattes
déliées en forme de rayons ou de petits fils, m'inspirent
une telle répugnance que je ne pourrais jamais me résou-
LA TARENTULE 53
dre à les toucher, ou plutôt à leur permettre qu'elles me
touchent.
— Même les insectes les plus riches en couleurs?
— Mêmes les insectes les plus brillants, les plus remar-
quables par leur coloration et leur éclat. Il suffit que je
voye ces petits être rampants s'approcher de moi, pour que
je sente toute ma sensibilité se réveiller. Une chenille ou
une araifrnée, même sur le bas de mes habits, suffit pour
me tirer instinctivement de n'importe quelle torpeur dans
laquelle je pourrais être plongée, et si la vilaine bête par-
venait à me toucher la peau, par exemple en atteignant le
cou, je crois que j'en perdrais de suite connaissance.
Ainsi nous répondait une dame à qui nous exposions
une des plus étonnantes merveilles de l'industrie d'un in-
secte.
Mais l'araignée est-elle un insecte ?
Disons de suite, pour être tout-à-fait exact, que l'araignée
n'est pas un insecte.
Du temps de Linné on donnait le non d'insecte à touS
les petits êtres à sang blanc et froid, volants ou rampants.
Mais les progrès de la science nous forcent aujourd'hui à
nous exprimer avec plus de précision.
Etre fortement spécialisé en tous sens, l'araignée forme
une classe à part dans la nature, s'échappant des grandes
divisions qui partagent la série des êtres. Ayant l'abdo-
men composé d'une seule pièce et non divisé en sections
comme chez les insectes, elle ne peut lui être assimilée. Sa
forme la rapprocherait davantage des Crustacés ; mais elle
respire par des poumons tandis qne les Crustacés respirent
par des branchies. Aussi les Arachnides forment-elles une
classe distincte entre les insectes et les Crustacés; d'nilleurs
les araignées ont huit pattes, tandis que les Crustacés en
ont 10, et les insectes seulement six.
L'araignée n'est pas belle ; tout le monde en convient.
La grâce des formes, la richesse des couleurs, l'élégance
des allures, elle n'a rien de tout cela. El encore si elle
pouvait reprendre au microscope ce que la simple vue lui
refuse 1 Mais en vain ; des téguments grossiers, ne pre-
5-t LE NATURALISTE CANADIEN
nant jamais 1p poli metallic qu'on voit dans un si ;çrand
nombre d'insectop, à couleurs sombres, plus ou moins hé-
rissés de poils épineux, ne la font paraître sous la lentille
que pins hideuse encore.
Des pattes démesurément longues pour traîner un
abdomen constituant à lui seul les trois quarts de la masse
totale ; nulle apparence extérieure de boucha, qui semble
se replier en dessous pour se rapproch r davantage du
ventre; absence de ces yeux à facettes si apparents et si
agréables dans les insectes ; une démarche lourde et sac-
cadée des plus disgracieuses ; habitant des coins obscurs
et poussiéreux dont elle semble toujours chargée de la
poudre qu'elle y rencontre, tout contribue à lui donner
une maussade apparence, à la faire détester ei à lui faire
refuser toute sympathie.
J3ll persons shun spiders, and these shun mankind still more.
" Tout le monde évite les araignées, et celles-ci évitent
encore plus le monde," a dit avec vérité un naturaliste.
Cependant, il s'en est trouvé qui ont aimé les araignées,
qui leur ont voué une sympathie toute particulière.
Silvio Peilico, dans su prison, voit un jour une araignée
s'éch; pper d'un coin pour saisir une mouche. "Je croyais
être seul ici, dit-il, et me voici en compagnie. Tiens, ap-
proche, ne crains rien, nous nous aimerons récipro»que-
ment. Partageant le même sort, nous nous consolerons'
l'un l'autre dans notre affliction. Mais es-tu bien prison-
nière, toi au.^si ? Oh ! non. L'étendue de ce coin obscur
ej-t ton univers à toi. Tu n'aspires pas à plus de liberté.
N'importe: si ta somme de liberté ne peut satisfaire mes
désirs, j'apprendrai du moins de toi à me soumettre au sort
que l'auteur de la vie nous assigne, et je reporterai sur toi
toutes les afi''ctions d'un cœur sensible dont mes sem-
blables refusent les sympathies." Puis lui tendant le doigt,
il l'habitue à venir y prendre chaque jour sa nourriture.
Témoin encore de l'affection pour l'araignée cette
anecdote que rapporte Micheiet au sujet de Eerthome, ce
virtuose de si grand éclat au commpncement de ce siècle.
On sait que ce jeune artiste dut son talent à la récUisiaii
sauvao'e oii on le til travailler.
LA TARENTULE. 55
** A huit ans, dit Michelet, il étonnait, stupéfiait par
son violon. Dans sa constante solitude, il avait un cama-
rade dont on ne se doutait pas, une araignée Elle était
d'abord dans I'anjrle du mur, mais elle s'était donné licence
d'avancer de l'angle au pupitre; du pupitre sur l'enfant,
<et jusque sur le bras si mobile qui tenait l'archet. Là,
elle écoutait de fort près, dilettante émue, palpitante. Elle
était tout un auditoire. Il n'en faut pas plus à l'artiste
pour lui renvoyer, lui doubler son âme.
" L'enfant malheureusement avait une mère adoptive,
qui, un jour, introdui{«ant un amateur au sanctuaire, vit le
sensible animal à son poste. Dn coup de pantjullc ané-
antit l'auditoire L'enfant tomba à la renverse, en fut
malade trois mois, et il faillit en mourir."
L'araignée est sans grâces, nous l'avouons, elle est
même hideuse. Mais chez elle l'utilité l'a emporté sur
l'agréable. C'est le travailleur par excellence, iileur, cor-
dier, tisserand ; et non seulement comme l'insecte, l'arai-
gnée marche chargée des instruments de son industrie,
mais elle porte encore la boutique même où elle exerce son
art,
A voir ce ventre énorme, toujours gonflé, tendu, lors-
que les autres parties sont souvent retirées, amaigries, on
la croirait vouée invinciblement à la gourmandise; il n'en
est rien cependant. Ce ventre énorme, c'est sa boutique,
son atelier où .s'accumule et s'élabore la matière de son in-
dustrie. Voyez ces quatre mamelons qui souvent font
projection à l'extrémité de l'abdomen, ce sont ses filières
pour la production des fils de ses toiles. Ces mamelons
sont autant de sacs desquels s'échappent, au désir de l'ani-
mal, des centaines de fils sous forme de poussière, de
nuage imperceptible. Ces centaines de fils qui s'échap-
pent de chaque filière se réunissent pour ne former qu'un
seul brin pour le tissu des toiles qu'elle fabrique. C'est
donc de sa propre substance que l'araignée fabrique ses
instruments de chasse, si bien que la nature semble l'avoir
placée dans un cercle vicieux : Il lui faut manger pour
filer, et il lui faut filer pour pouvoir manger, c'e&t-à-dire,
pour saisir sa proie.
56 LE NATURALISTE CANADIEN
Mais revenons à notre Tarentule que nous avons par-
ticulièrement en vue dans cet article.
Qui n'a In quelque part de ces récits merveilleux qu'on
s'est plu à accumuler au sujet de la Tarentule, si commune
dans tout le midi de l'Europe et surtout en Italie? Sa
morsure produit un état d'insensibilité dont la musique
seule est capable de tirer le patient qui en a été atteint.
Malheur à lui, si l'artiste ne parvient pas à produire les
sons ou le rythme les plus propres à réveiller sa sensibi-
lité, la mort suivra bientôt cette anesthésie dans laquelle il
est plongé.
Ici c'est un jeune homme qui, faisant un pas en dehors
de la route pojr cueillir une fleur, reçoit la morsure de la
redoutable bête et expire bientôt après. Là c'est une jeune
fille dans un bal recevant d'un jeune cavalier un bouquet
dans lequel une Tarentule se trouvait cachée. En voulant
flairer les fleurs, elle irrite Tirascible bête qui la mord in-
continent et la plonge dans Tanesthésie que suit bientôt la
mort, par ce que les musiciens sont incapables de trouver
la note sympathique qui pourrait agir sur e'ie. 11 s'est
même trouvé des artistes qui ont noté les airs propres à
ramener à la sensibilité ceux qui avaient eu le malheur
d'être mordus par la Tarentule.
La science aujourd'hui mieux étudiée, et surtout con-
firmée par des observations et plus nombreuses et plus
précises, a l";nt giâi^e depuis longtemps de ces absurdités,
et le Venin de la redoutable araignée, quoique assez actif,
est reconnu pour être incapable de causer la mort. D'or-
dinaire l'inflammation et une tuméfaction de la seule partie
attaquée disparaissent au. bout d'un jour ou deux, sans que
le patient ait beaucoup à soufîrir. Il est rare même que
la morsure au bras, par exemple, produise la tuméfaction
dans le membre entier.
Quant à l'insensibilité et au réveil par le moyen de la
musique, on reconuait partout que la fable et i'imaginatiori
en ont seules fait les frais.
Disons au-si que, bien que la Tarentule soit naturelle-
ment très irritable et prompte à agir, ses habitudes soli-
LA TARENTULE. 57
m
taires font qu'on a rarement à redouter ses attaques, ou
plutôt sa défense, car ce n'est guère que dans ce cas qu'elle
fait usage de son arme.
Observons aussi que, contrairement à la plupart des
insectes, ce n'est pas une piqûre que produit la Tarentule,
mais une véritable morsure, infligée au moyen de ses
mâchoires, car pour d'aiguillon, elle n'en a pas.
Nous avons dit que la Tarentule était particulièrement
fréquente en Italie, mais l'Amérique aussi en possède, et
plus d'une espèce.
Le nom de Tarentule est un nom commun appliqué
au genre Mygale, Mygale, Walkenaer, dont le genre Ly-
cose, Lycosa, Latreille, n'est qu'une subdivision. Or l'Amé-
rique du Nord ne compte pas moins aujourd'hui de six
espèces de Mygales et de dix-huit espèces de Lycoses.
La fig. 1. ci jointe représente l'une de ces Mygales de
plus forte taille. Comme on peut facilement le voir, l'ani-
mal est de toute part héiissé de poils nombreux; de ses
pattes, les postérieures sont les i)lus longues ; les huit yeux
sont rangés sur deux rangs dont le postérieur est légère-
ment en arc. On voit à l'extrémité de son abdomen deux
des filières ou mamelons qui font saillie, les deux autres,
plus petits, étant repliés en dessous.
Les Mygales et les Lycoses ont des habitud'^s qui
diffèrent de celles des autres araignées en général Comme
elles, elles viventde proies, mais c'est en les poursuivant sur
le sol qu'elles les atteignent et les saisissent, et non en leur
tendant des filets tels que ceux qu'emploient les Epéires
et la plupart des autres espèces.
Les Mygales et les Lycoses, du moins celles que l'on
décorent du nom de Tarentule, sont les lions et les aigles
de leur classe. S'en reposant sur leur force, elles semblent
(mépriser les pièges et les stratagèmes qu'emploient les
autres araignées, attaquent d'ordinaire en face les ennemis
qu'elles poursuivent, et s'emparent souvent ainsi d'insectes
de forte taille et même redoutables par leur armure.
Mais ne tendant point de filets, à quoi, direz-vous, leur
servent leurs filières ?
58
LE NATURALISTE CANADIEN
Le voici; c'est à la construction de leur demeure. Et
elles déploient dans cette construction une habileté encore
plus étonnante que celles des araignées aériennes dans la
construction de leurs toiles.
Fig. 1.
Constamment sur le sol, il leur faut des retraites pour
se mettre à l'abri des orages et reposer en sûreté durant la
nuit. Or c'est dans le sol qu'elles se creusent ces retraites,
et c'est dans leur construction qu'elles déploient toutes les
ressources de leur génie.
Nous avions lu plus d'une fois des descriptions de
telles retraites de Tarentules, mais nous n'avions encore
jamais eu occasion d'en voir, lorsque, l'automne dernier,
un ami de Montréal nous en > ffiit un qu'un voyageur ve-
nait de lui apporter de Caliiornie, oiî il l'avait lui-même
Fig. l.— Une Tarentule d'Amérique.
LA TARENTTTLT:;.
5d
recueilli. Il va sans dire que l'offre fut acceptée avec em-
pressement, et ayant fait dessiner et graver la j>ièce, nous
en offrons la lig-ure à nos lecteurs ci-jointe, fig. 2.
Fi2. 2.
Les Tarentules creusent leurs nids dans le sol, quel-
ques unes en une espèce de pnits ou d'entonnoir qu'elles
creusent verticalement, et d'autres en une espèce de galerie
horizontale. Les unes et les autres en tapissent l'intérieur
d'une fine toile de soie très compacte, qu'elles filent, pour
ratermir les parois et prévenir toute dégradation. Ces
conduits ont quelquefois de 10 à 12 pouces de profondeur.
Certaines espèces laissent libre l'entrée de leur gale-
rie, se contentant de s'enfoncer rà l'intérieur pour s'y re-
poser. Mais d'autres ferment leur entrée d'une porte mo-
bile, suspendue en charnière par le haut et retombant de
son propre poids lorsque rien ne la retient. Le nid que nous
possédons est de cette dernière façon. La fig. 2 nous le
montre vu de face ; p est la porte en demi cercle avec sa
charnière au haut et qui est représentée close. La i\^. 2t
nous montre le même nid vu de côté ; p est la porte entre
ouverte pour laisser voir l'ouverture du conduit intérieur,
et c est le même conduit qui s'enionce horizontalement
dans le sol.
La porte, en se refermant par son propre poids, clot si
exactement la galerie, qu'oii a peitie à croire qu'il puisse y
avoir là une ouverture. L'araignée, au moyen de ses ché-
Fi"-. 2. — Vue d'un uid de Tarentule avec la porte close.
60
LE NATURALISTE CANADIEN
licères soulève la porte, s'enfonce dans l'intérieur et la laisse
retomber pour se clore d'eiir'-même.
Mais l'intrépide chasseur a aussi des ennemis, et il
pourrait arriver qu'une souris, un mulot, pénétrant le se-
cret de l'ouverture, irait l'attaquer au fond même de sa
retraite. L'ouverture d'ailleurs a besoin de protection
contre le vent qui pourrait soulever la porte? Et c'est ici
que l'animal montre une intelligence tout-à-fait étonnante.
Fig. 3.
L'orifice du conduit est un peu évasée, et la porte, qui
est assez épaisse, vient s'emboiter hermétiquement dans
cet évasement ; de plus, cette porte est aussi tapissée de
soie à l'intérieur, et deux petits trous dans ce tissu de soie,
vers la marge inférieure de la porte, permettent à l'animal,
lorsqu'il est à l'intérieur, d'y enfoncer ses serres pour la
retenir, et de fure ainsi l'office d'un véritable verrou vi-
vant. La lig. 4 nous montre la face interne de cette porte
avec les deux petits trous dans sa marge inférieure.
Chacun se demandera sans doute, comment s'y prend
l'araio-née pour construire cette porte ? Va-t-elle la tailler
■p\(r. 3. — Le même nid vu de côté avec la porte entr'ouverte, laissant
voir l'ouverture du conduit et sa coutinuation à gauche.
La tarentule. 6j
ailleurs sur le sol pour la suspendre ensuite, ou la con-
struit-elle sur place même ?
aiMïi^. ii,ii
Fig. 4.
Examinée attentivement, on roconnait que cette porte
est composée d'un grand nombre de toiles chargées de
grains de poussière ou de terre, superposées les unes aux
autres. L'industrieux animal commpuce donc par clore
d'une toile l'ouverture de sa galerie. A cette toile il fait
adhérer des grains de poussière, et en ajoute une seconde,
puis une troisième, etc., jusqu'à ce qu'il ait obtenu l'épais-
seur voulue. Rompant alors les fils du pourtour, il con-
serve ceux du haut pour servir de charnière.
Les figures ci-dessus représentent le nid de grandeur
naturelle, à l'exception du conduit qui est tronqué, mais
qui ne devait pas avoir moins de 8 à 10 pouces. Ce conduit
est un tissu de soie très compacte et très fort. Le diamètre
intérieur du conduit est d'un peu plus d'un pouce et l'é-
paisseur de la porte d'un bon quart de pouce, si bien qu'il
n'y a pas moins de 50 à 60 portes superposées et unies
entre elles»
La mère Mygale porte très souvent sur son dos le cocon
contenant ses œufs ; et soit qu'elle le porte ainsi sur son dos
ou qu'elle le dépose dans sa retraite, du moment que les pe-
tits sont éclos, ils lui grimpent sur le dos se cramponnent à
son abdomen. La mère les promène ainsi partout où elle va,
veillant sur eux avec une attention toute maternelle. Elle
ne craint nullement de braver les dangers et ne recule
devant aucune attaque pour défendre sa progéniture. On
en a vu, ainsi sur la défense, se laisser arracher les pattes
les unes après les autres plutôt que de fuir pour se mettre
à l'abri.
Fig. 4. — Face interne de la porte montrant les deux petits trous daas
lesquels l'araiguée enfonce ses serres pour la retenir close.
62 LE NATURALISTE CANADIEN
Les mères ainsi chargées de leurs petits ont l'appa-
rence la plus hideuse, on les dirait couvertes de verrues
vivantes
Lorsque les petits sont asssz âî^és pour pouvoir appré-
cier le danger qui les mer.ace, ont les voit se disperser et
disparaître à la moindre attaque, pour venir reprendre leur
position dès que le danger est disparu.
Les Mygales sont fort communes en Géorgie et en Flo-
ride. C'est le plus souvent ahiitées sous des cactus ou des
bois morts qu'on les trouve. Nous ne pensons pas que les
espèces de ces contrées se creusent des galeries dans le sol
avec porte mobile, comme colles de l'Europe et de la Cali-
fornie, du moins nous n'en avons jamais rencontré, et nous
ne les avons vues mentionnées nulle part. Les occur-,
rences de leur morsure sont aussi très rares ; c'est à peine
si les gens du pays peuvent on mentionner quelques cas.
Mous nous sommes plu, bien des fois, à exciter les My-,
gales de notre canne lorsque nous les trouvions tapies sous
les tiges de cactus que nous soulevions à la recherche d'in-
sectes. Elles ne manqu ieut jamais de répondre à l'attaque
en saisissant de suite de leurs mandibules le 1er de notre
canne, et en répétant les attaques, elles finissaient toujours
par grimper sur le bâton pour nous atteindre. Il nous est
arrivé une fois de ne pouvoir éviter la morsure qu'en lâchant
notre canne, tant la vilaine bête s'était approchée de nos
doigts.
Avons-nous des Mygales dans notre Province ?
Nous n'avons encore jusqu'à ce jour accordé que peu
d'attention à cette classe d'animaux, cependant, nous peu-
sons avoir rencontré une belle Mygale à Portneuf, et d'une-
espèce que nous pensons nouvelle,, du moins ses caractères,
ne répondent à aucune de celles décrites par Hentz, Elle
fut trouvée marchant sur l'eau pour traverser un petit
ruisseau. Celui qui la trouva lui donna un coup du plat
de son aviron pensant bien qut; du coup il l'avait réduite eu
charpie, et ne fut pas peu étonné de ne la trouver que para-
lysée, sans aucune mutilation^
BIBLIOGRAPHIE 63'
Le spécimon, par suite de manipulations diverses, est
aujourd'hui bien défectueux, mutilé et impropre pour une
description exacte.
BIBLIOGRAPHIE.
Nous serons prêt, dans quel([nes jours, à livrer aux sous-
cripteurs, le second volume de la Faune Entomologique du Cana-
da et particulièrement de ta Pi-ovince de Québec.
Ce second volume, qui contient plus de 800 pages in-8
comprend les OrlhopLères, les Nevroptères et les Hyménop-
tères.
Le contexte est à peu près le même que ce qui a paru
mensuellement dans le Naturaliste ; il s'y rencontre cependant
quelques additions et plusieurs corrections importantes. L'a-
vantage d'avoir une monographie complète de ces trois ordres,
sans être ohligé, pour se reconnaître, de feuilleter l(?s Hvrai-
sons mensuelles du Naturaliste durant plus de cinq années,,
rend ce livre indispensable pour tons les entomologistes pra-.
tiijues qui désireraient se mettie au fait de notre faune.
Nous ajouterons que ce volume devrait aussi se rencontrer,
dans les bibllothè(iues de toutes nos institutions d'édncation,.
afin d'y recourir au besoin. Dn moment qu'un nom d'insecte,
appartenant à l'un de ces trois ordres, appai'aîtra dans les jour-
naux ou une publication quelconque, il sera facile au premier
venu de se renseigner sûrement sur cet insecte, au moyen des
tables et clefs qui accompagnent ce volume.
On sait que le premier volume contient l'histoire complète
de nos Coléoptères.
Nous avons plus d'une fol'^ regretté de n'avoir pas adopté
pour ce premier volume, comme nous l'avons fait pour ï&
second, le format lu-8, qui tend de plus en pins à se généra-
liser pour toutes les publications sur i'iiistoire naturelle. Ce-
pendant, le seul Inconvenient qu'on [)Ourra y trouver, sera
pour le coup d'œll dans les bibiloihèques, car les m ilières.
étant complètement séparées, on n'aura jamais à courir d'un
volume à l'autre dans les recherches.
Le troisième volume que nous allons immédiatement
commencer, se composei-a des IIéini[)tèi-es ou |)nnaises. Il sera
bien moins considérable que les deux premiers.
61 LE NATURALISTE CANADIEN
Daigne le Seigneur nous accorder assez de force et de
santé pour que nous puissons atteindre la completion de la
série enloinologii|ue pour notre Province, et puissent tous les
amis des sciences soutenir notre courage en secondant nos
efforts.
LE NATURALISTE CANADIEN.
Nous lisons dans le Courrier du Canada du 18 Février :
" La livraison de Janvier du Naturaliste nous arrive ce
matin. Cette excellente revue d'histoire naturelle commence
sa quatorzième année. A cette occasion nous sommes heureux
de féléciter M. l'abbé Provancher des succès qu'il a obtenus
jusqu'à présent. Pour maintenir sur un aussi excellent pied
une œuvre de ce genre, il faut, en Canada du moins, compter
sur de grands sacrifices à faire, et nous savons que ceux du
rédacteur du Naturaliste n'ont pas été médiocres.
" Qu'il continue sou œuvre; elle est utile, non seulement
parce qu'elle développe le goût des sciences naturelles, mais
encore en ce qu'elle conduit nécessairement à des découvertes
utiles à Tagricultuie en général."
Nous nous permettons d'ajouter qu'en poursuivant notre
œuvre, nous faisons encore l'olRce de sentinelle pour suivre la
marche du progrès scientifique et donner à notre pays une voix,
quoique faible, dans le conseil des hommes d'étude qui mar-
chent à la conquête des victoires sur l'inconnu.
Cette considération seule pourrait suffire pour nous as-
surer l'appui de tous les amis véritables du progrès en notre
pays.
LISTES D'INSECTES.
Le gouvernement d'Ontario vient d'autoriser la Société
d'histoire naturelle de cette Province à faire les frais de la pu
blication d'une liste, aussi complète qne possible, des insectes
de leur territoire, c'est à-dire que ce ijue nous faisons ici de
notre propre mouvement, le gouvernement là se charge d'en
couvrir les frais.
Nous nous réjouissons de cette détermination du gouver-
nement d'Ontario. Ces listes d'insectes seront précieuses, môme
pour notre Province, pour pouvoir être corrigées chaque an-
née et servir de base pour les additions que i'etuie et l'obser-
vation permettront d'y faire.
LE
Vol. XIV— 3. CapRouge, Q., OCTOBRE, 1883. No. 159
m
Rédacteur: M. l'Abbé PROVAWCHER.
Ce numéro étant le dernier qui doit paraître, nous y joignons
la table des deux précédents.
A NOS LECTEURS.
Mort, ressuscité, et remort, comme aurait dit un 'célèbre
maire d'une commune de France, nous ne reparaissons aujourd'hui
devant nos lecteurs, que pour leur adresser nos adieux ; car nous
sommes cette fois-ci si bien mort, que nous sentons déjà toute la
pesanteur du tombeau qui nous étreint, qui nous écrase.
Nos lecteurs le croiront sans peine, puisqu'il y a déjà sept
longs mois que nous demeurons muet. Cependant n'ayant pas
encore rendu le dernier soupir, nous entendions autour de notre
couche funèbre certains chuchottements nous faisant entrevoir
notre rétablissement comme possible et très prochain ; mais en
vain nous sommes-nous tourné et retourné sur notre couche, en
vain avons-nous jeté autour de nous regards suppliants avec
éloquentes prières, tout est demeuré sans effet, si bien qu'au-
jourd'hui nous nous trouvons forcé de prendre définitivement
notre retraite.
Mais avant de faire le salut pour disparaître, si nos lecteura
veulent bien nous le permettre, nous ferons ensemble une petite
revue de notre existence.
Notre naissance remonte déjà à près de quinze années, car
c'est en décembre 1868, que de notre propre initiative, nous
avons surgi à l'existence.
66 LE NATURALISTE CANADIEN
Il n'en est point en ce pays pour les journaux comme pour
les individualités zoologiques qui, très faibles à leur début, se
fortifient à mesure qu'elles prennent de l'âge. On pourrait
dire avec beaucoup plus de raison que les publications suivent,
d'ordinaire, une marche contraire. Ce sont comme des pièces
d'artifice, des fusées qui prennent leur plus grand éclat en pa-
raissant, et qui s'en vont ensuite diminuant graduellement.
L'amour de la nouveauté, un certain esprit de patriotisme qui
porte à encourager les œuvres nationales, une certaine curiosité
de voir comment les auteurs poun-ont se tirer d'affaire, portent
la plupart de nos lettrés à encourager les publications nouvelles
quelles qu'elles soient ; et ces publications ont à peine perdu
l'attrait de la nouveauté, que, quelque soit leur mérite, on voit
de suite originer le défilé des patrons qui les abandonnent.
Tel il en fut pour notre Naturaliste.
Hélas ! nos hommes d'étude sont si clair-semés ; on aime si
peu la lecture chez nous, que même la littérature légère a peine
à se recruter des lecteurs. Que doit-il donc en être pour les
études sérieuses, pour les productions scientifiques ?
Aussi grâce à cet élan pour la nouveauté, notre Naturaliste
put d'abord se soutenir par lui-même ; deux ans, trois ans
s'écoulèrent ainsi. Mais le défilé des retraitants était déjà com-
mencé dès la deuxième année, et allant toujours en augmentant,
il nous fallut recourir au gouvernement pour en obtenir un
octroi suffisant pour compenser la perte des abonnements qu'on
retirait. M. Chauveau qui était alors premier ministre et Sur-
intendant de l'Education, comprit, en homme éclairé, qu'une
telle publication avait des droits à l'appui du gouvernement, et
lui fit voter une aide de $200. Deux ans plus tard, les abonne-
ments allant toujours diminuant, le même M. Chauveau porta
l'allocation à S400.
A M. Chauveau succéda M. G. Ouimet, le Surintendant
actuel de l'Education, qui nous accorda sans peine ses sympa-
thies et maintint l'allocation.
M. Ouimet fut remplacé par M. De Boucherville. Nous
étions sûr d'avance des dispositions de ce nouveau premier mi-
nistre et Surintendant de l'Education, car nous connaissions déjà
A NOS LECTEURS 67
M. DeBoucherville pour un homme d'étude, un amateur éclairé,
qui suit assidûment le progrès scientifique. Aussi M. De Bou-
cherviile, secondé par ses'collègues MM. Eoss, Garneau, Angers,
etc., non seulement ne nous marchanda pas l'allocation, m5is for-
ma le projet d'établir au département de l'agriculture un musée de
toutes les productions naturelles du pays. " Nous voulons,
nous dirent ces ministres, aussitôt que les nouvelles bâtisses
du gouvernement nous en fourniront le local, réunir dans un
musée, non seulement les produits agricoles de notre Province,
mais encore des échantillons de toutes ses productions naturelles ;
minéraux, minerais, bois, mammifères, oiseaux, reptiles, poissons,
insectes, mollusques, etc., comme la chose se pratique dans la
plupart des Etats de l'Union Américaine ". Et c'est dans ce but
qu'ils achetèrent de suite notre collection entomologique, comme
étant celle qui exigeait le moins d'espace.
Cependant certains nuages pohtiques qu'on voyait déjà à
l'horizon s'assombrirent tout à coup et éclatèrent soudainement
en orage. On sait comment M. Letellier, alors Lieutenant-Gou-
verneur, sut se défaire de M. De Boucherville pour le remplacer
par M. Joly.
M. Joly était souscripteur au Naturaliste depuis son ori-
gine, et s'était plu, plus d'une fois, à nous en faire des louanges.
Cependant nous n'étions pas sans crainte ; le patriotisme, l'hon-
nêteté politique sont choses si rares de nos jours, que l'avéne-
ment au pouvoir d'un autre parti politique sème souvent la
déception parmi les promoteurs d'entreprises même les plus
louables, lorsqu'eUes ne peuvent apporter de nouvelles forces
aux nouveaux venus. On exalte la liberté, et on restreint les
franchises; on proclame le progrès, et on étouffe les plus géné-
reux essors ; on prône l'économie, et sous un prétexte ou sous
un autre, on crée des sinécures, on invente des besoins pour
gorger ses amis, pour s'assurer des appuis; on déclare bien
hautement ne chercher que l'intérêt du pays, et on le sacrifie
sans scrupule à l'intérêt personnel, au triomphe momentané du
parti etc. Aussi, malgré les assurances du premier ministre, qui
avait pris le pouvoir en mars,' on vint nous dire en septembre que
l'aUocation au Naturaliste était supprimée.
On nous a assuré qu'en 1878 comme en 1883, c'est M.
68 LE NATURALISTE CANADIEN
Mercier qui a joué de la pelle pour creuser notre fosse. Nous
regrettons beaucoup que le grand prêtre ne fût pas encore le
même, et que se soit M. Mousseau qiii, cette année, ait pris le
goupillon.
A M. Joly succéda M, Chapleau. M. Chapleau est un
beau parleur, tout le monde l'admet, aussi préfère-t-il de beau-
coup la tribune au cabinet. Il n'est pas éloigné de prendre en
pitié ceux qui se laissent pâlir sur les bvrespour acquérir des con-
naissances, et le progrès des sciences est le dernier de ses soucis.
Nous étions mort ; il fallait nous ressusciter. Nous croyions
la chose des plus faciles; nous étions dans l'erreur. Si quelques
grosses têtes du parti ne lui eussent montré les dents, c'en était
fait de nous, nous étions condamné à pourir dans la tombe.
Cependant le premier ministre s'exécuta à la fin. Sans
trop remarquer la grimace que cet effort lui coûta, nous nous
remîmes courageusement à l'ouvrage, nous promettant encore de
longues années de vie. Nous conçûmes même le projet de faire
voir à tous que les faiblesses de la sénilité ne nous avaient en-
core nullement atteint. Nous voulions nous montrer avec plus
de vigueur que jamais. Nos lecteurs ont pu remarquer les il-
lustrations de notre dernier numéro qui, elles seules, nous ont
coûté $18. Nous avions donné des commandes pour de bien
plus nombreuses encore ; nous voulions même aller jusqu'aux
planches lithographiques. Les artistes allaient se mettre à
l'œuvre, lorsqu'on vint nous avertir que nos jours étaient me-
nacés de nouveau.
Nous avions bien vu M. Chapleau passer son sceptre entre
les mains de M. Mousseau ; mais nous ne voyions là aucun mo-
tif de crainte. Nous étions même parfaitement rassuré, lorsque
nous vîmes l'allocation au Naturaliste portée sur le budget du
nouveau gouvernement.
Mais nous comptions sans la faiblesse et l'indifférence pour
le progrès des sciences de ceux qui tenaient les rênes du pouvoir,
et sans aussi le mauvais vouloir de ceux qui à tout propos leur
suscitaient des entraves.
Ce budget que les ministres avaient arrêté entre eux après
discussion, ils n'ont pas même le courage de le défendre devant
A NOS LECTEURS 69
la chambre. On le lit item par item ; vient le suivant : "
pour aide au Naturaliste Canadien." — Dépense inutile, pro-
clame M. Mercier, qu'on retranche cet item. — ATïien, disent les
ministres ; amen, répètent tous les membres. Et l'affaire est
faite !
Sur 65 députés, qu'on doit supposer être la tête du pays,
sa partie la plus intelligente, il ne s'en trouve pas un seul pour
réclamer les droits de la science, soutenir le progrès intellectuel.
Et ministres et députés semblent oubHer que les progrès matériels
qu'ils veulent seuls avocasser, ne peuvent avoir de„base, que dans
les données de la science. On aurait fait longtemps des phrases
sonores, on aurait débité souvent de longs et beaux discours,
avant d'avoir des chemins de fer, des télégraphes, des téléphones
etc., s'il ne s'était trouvé des hommes qui, dans le secret de
leurs laboratoires et de leurs cabinets, étaient parvenus, après
de longues études et de nombreuses observations, à pénétrer la.
nature intime des corps, à découvrir leurs propriétés les moins .
apparentes pour en tirer parti ; étaient parvenus jusqu'à ravir
aux nuages mêmes la foudre qu'ils recèlent, pour l'assujétir à leur
volonté et l'utiliser pour leur service ; étaient parvenus en quel-
que sorte à se rendre maîtres des éléments, pour les soumettre
à la puissance de l'homme.
Ignore-t-on que toute victoire obtenue sur l'inconnu est un
capital dont tôt ou tard on pourra retirer les intérêts ? Lorsque
Galvani remarqua que les nerfs d'une cuisse de grenouille qu'il
avait mis à nu s'agitaient au contact d'une lame d'acier, il était
bien éloigné de penser qu'il tenait là une découverte qui pourrait
transporter la parole de l'homme presque instantanément d'un
bout du monde à l'autre. Et ainsi des autres découvertes.
On apprécie bien autrement les services que peut rendre la
science chez nos voisins des Etats-Unis, puisque presque chaque
Etat, témoins New- York, le Massachusetts, l'IlMnois, le Missouri
etc., a un entomologiste d'état avec appointements variant de
$2,000 à $4,000 par année ; tandis qu'ici on considère comme
dépense inutile la somme de $400 qu'on nous allouait.
Et qu'on n'aille pas prétexter l'économie ; on ne donnera le
change à personne sur cet article. Si nous voulions entrer ici
dans des détails, nous montrerions une foule de cas où l'on pro-
70 LE NATURALISTE CANADIEN
digue les piastres par milliers, pour des fins dont la Province
n'aura certainement à retirer aucun profit.
Nous regrettons beaucoup ce pas rétrograde de notre gou-
vernement, et nous sommes convaincu que ceux qui en ont assu-
mé la responsabilité le regretteront aussi plus tard, car c'est là
une mesure qui ne leur fera pas honneur à l'étranger, bien plus
qui sera généralement blâmée dans le pays ; témoins ces nom-
breuses expressions de regret que nous avons déjà reçues, et de
personnages haut placés, depuis que la mesure est décrétée.
Depuis quinze ans, notre humble Province avait une voix
dans le conseil des savants du monde entier qui marchent à la
conquête de nouvelles victoires sur l'inconnu. Québec, par
notre Naturaliste, se trouvait cité dans les comptes-rendus et
transactions de la plupart des sociétés savantes de l'Europe et
de l'Amérique. Nous échangions avec plus de trente pubhca-
tions scientifiques. Nos humbles travaux acquéraient tous les
jours une plus grande valeur. Nous avons nommé plus de 200
insectes jusqu'alors inconnus à la science, et ceux qui écrivent
sur le sujet sont obligés aujourd'hui de compter avec nous. Et
c'est au moment que nous nous sentons plus en moyens quQ
jamais de continuer notre rôle, qu'on vient y mettre fin. Noiis
faisions des échanges de publications ou de spécimens avec les
Etats-Unis, l'Angleterre, la France, la Belgique, l'Allemagne, la
Kussie, l'Autriche et l'Italie, et maintenant n'ayant plus rien à
offrir, nous n'aurons de même rien à attendre. Et ce qu'il y a
de plus regrettable, c'est que ces publications précieuses que nous
recevions ne se trouvent nulle part dans nos bibhothèques.
Nous nous proposons bien encore de poursuivre nos études, mais
ce sera pour nous seul, et nous ne pourrons le faire d'ailleurs
que bien imparfaitement, puisque les sources nous manqueront.
Chose assez singulière, et qui certainement ne plaide pas
en faveur de notre intelligence comme peuple, c'est au mo-
ment que nos œuvres sont le ï)lus appréciées